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Cédric Lachat enchaine Eagle-4 grâce à une enceinte portative ! – Cédric Lachat finally sends Eagle-4 thanks to a speaker!

1 avril 2022 à 12:49

ATTENTION : POUR CEUX QUI NE L’AURAIENT PAS COMPRIS, CET ARTICLE EST UN POISSON D’AVRIL

Vous en avez peut-être entendu parler, en janvier dernier Cédric Lachat avait eu un accrochage avec Pierre Le Cerf à propos d’une enceinte portative à la falaise de St-Léger. En effet, Cédric était tombé au dernier mouvement dur d’un 9a, déconcentré par la musique du jeune talent niçois qui avait poussé le son à fond pour encourager un pote en train de mettre un run dans un 8a mitoyen. Cédric, exaspéré autant par la musique que par ce comportement irrespectueux avait alors shooté dans l’enceinte, l’envoyant faire un vol plané dans la garrigue et le talus… L’histoire raconte que Pierre a eu du mal à retrouver son enceinte qui pourtant fonctionnait encore à plein régime, son son étant couvert par les aboiements de Linka, la chienne de Cédric, qui avait été excitée par les tensions du pied de falaise. Finalement l’enceinte a été retrouvée intacte, et depuis Pierre a eu sa revanche, enchainant le grand projet de Cédric “Eagle-4” et allant même à le décoter grâce à un raisonnement logique implacable et un astucieux coincement de genou entre les deux parties difficiles de la voie.

Dans une interview accordée à nos confrères de Grimper, Pierre Le Cerf avait légitimé la musique en bas des voies en falaise “si tout le monde est d’accord” (ce qui lui vaut le surnom de l’homme qui parlait à l’oreille des oiseaux), expliquant de manière très rationnelle que cet artifice lui permettait de gagner “5% de plus en niveau, et 5% c’est énorme”. Une déclaration qui a fait des émules, car depuis quelques semaines nous tendons de plus en plus fréquemment l’oreille au pied des falaises et des blocs, et au gré des générations nous avons la chance d’écouter du Jean-Michel Jarre, du Thunderdome, du Manu Le Malin ou encore du Skrillex, voire au mieux de la bonne techno d’auto-tamponneuse. Cédric, qui continuait de patiner dans “Eagle-4” a décidé finalement décidé de mettre de l’eau dans son vin, et fort de son expérience en entrainement a voulu vérifier si la musique lui faisait fermer le bras effectivement 5% plus fort.

Et là surprise. Cédric décrit : “Ce n’est pas 5% mais en réalité 13,6% de puissance en plus que j’ai gagné, basant mes statistiques sur un test de biomécanique réalisé au cabinet de Guillaume Levernier avec un son atteignant les 105 dB. Et en plus, quand je passe du Abba, ma chienne se couche immédiatement et arrête de faire la misère à toute la falaise, ce qui me permet de gagner en autorité et en confiance en moi. Je vais de ce pas inclure ce nouveau module dans mes formations ClepClimbing. J’ai même déjà commencé à travailler avec Vladimir Cellier et Sean Villanueva sur de nouveaux sons. Je tiens à remercier Pierre Le Cerf pour m’avoir ouvert les yeux et permis enfin de réaliser mon projet. Quant à la cotation, au regard du gain de performance considérable, d’autant plus si vous passez comme moi deux mois à bien sécher les prises au pq, vous pouvez pencher d’avantage pour un 8c+.” Toujours pas de premier 9b donc pour la légende suisse, tandis que Pierre est actuellement en train d’effectuer une levée de fonds pour s’acheter des écouteurs Bluetooth en titane comme ses biceps.

Revers de la médaille, alertée par le vacarme ces derniers jours au Secteur Praniania, la Ligue de Protections des Oiseaux a contacté la mairie de St-Léger du Ventoux afin d’interdire la falaise. Cela intervient au plus mauvais moment, réagit le comité FFME local, car “nous allions sortir une nouvelle réactualisation du topo de 2008 pourtant épuisé depuis des années, prévue pour horizon 2023/24 : un nouvel additif de l’additif de l’additif de 4 pages, avec les nouvelles voies par secteur présentées grâce à une petite photo prise au téléphone, un document référence avec une préface signée Jibé Tribout.”
Nous vous tiendrons informés des prochains développements ici, car on ne s’ennuie pas actuellement dans les gorges du Toulourenc.

Cédric Lachat Eagle-4

WARNING: FOR THOSE WHO DIDN’T UNDERSTAND IT, THIS ARTICLE IS AN APRIL FOOL

You may have heard that at the beginning of this year Cédric Lachat and Pierre Le Cerf had a violent altercation regarding the use of a portable speaker in St-Léger du Ventoux. Cédric fell off the last move of a 9a, according to himself, distracted by the music played through the speaker of Nice’s young talent. Cédric, exasperated, had then kicked the speaker, sending it flying in the bushes… The story goes that Pierre then had trouble finding his speaker, although still working at full volume, its sound being drowned in the barking of Linka, Cédric’s dog, who had been flustered by the brawl. Eventually, the speaker was found intact, and Pierre had his revenge, sending –and even downgrading- Cédric’s big project “Eagle-4”.

In an interview with our colleagues of Grimper, Pierre Le Cerf explained that “everyone at the cliff was ok with the speaker”. He also went on to argue, that music allows him “to gain 5% power, which is a lot!”. A statement that didn’t go unnoticed apparently. Cédric who’d kept struggling in “Eagle-4” decided to reconsider his stance and used his training experience to see if music did indeed yield a 5% improvement for him too.

To his greatest surprise Cédric exclaims “It’s not 5% but 13.6 % power I gained, according to biomecanical data from tests done with Guillaume Levernier in 105 dB-loud music. Even better, when I play Abba, my dog obeys better and stops bothering everyone around at the crag, which then boosts my self-confidence. I will definitely now include this in my ClepClimbing training classes. I even started working on some news songs with Sean Villanueva and Vladimir Cellier. I want to thank Pierre Le Cerf for opening my eyes (and ears) and thus helping me finish my project. Regarding the grade, considering this recent performance gain, and the fact I spent the last two months drying the holds with toilet paper, I think this route is only 8c+”. So the 9b quest remains for the top Swiss climber. Meanwhile Pierre is putting up a crowdfunding in order to purchase bluetooth titanium headphones.

On the downside, alerted by the recent rumbles at the Praniania Sector, the local League for the Protection of Birds contacted the mayor’s office of St-Léger to ban the crag to climbers. This comes with a terrible timing, reacts the local federal FFME
comitee, because “we were just about to release an update of the 2008 guidebook, which has been sold out for years, scheduled for 2023/24; including a new 4-page addition to the addition of the addition, with the new routes for each sector presented by a cell-phone picture. This was going to be the reference document with a preface signed Jibé Tribout.” We will keep you informed of the next developments, because there is currently a lot going on in the Toulourenc gorges.

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Film: Proof of Concept

31 mars 2022 à 10:51

“Proof of Concept” est un film consacré au grimpeur pro américain Sean Bailey. Ecarté de la participation aux Jeux Olympiques, Sean a rebondi dehors et en coupe du Monde ces deux dernières années. Et les croix se sont accumulées tès rapidement ! Découvrez-le en action dans “Ace of Spade” (9a+) dans l’Utah qu’il était très proche de flasher avec un flow impressionnant, ou encore ne faisant qu’une bouchée de certains blocs extrêmes des US “Box Therapy”, “Gran Illusion” (8C+) ou encore “Pegasus” à Joe’s Valley (8C). Sean monte encore en puissance le printemps dernier avec quelques victoires en coupe du Monde, une en bloc à Salt Lake, puis deux autres en diff’ à Villars et Chamonix en début d’été avant d’aller conquérir “Bibliographie” (9b+) à Céüse. Un beau film de Ben Neilson.

Introducing ‘Proof of Concept’, a new film about pro climber, Sean Bailey. Up against the toughest route he’d ever attempted, Sean pushed himself to new limits and completes the third ascent of “Bibliographie”, 5.15c. This film dives into Sean’s career as a pro climber, and how he uses both success and failure to fuel his climbing and push himself to new limits. Including too flash attempt of “Ace of Spade” 5.15a, quick sends of “Box Therapy”, “Gran Illusion” (both V16), “Pegasus” (V15) and documenting his victories in bouldering and lead world cups last summer (Salt Lake City, Villars, Chamonix). Filmed by Ben Neilson

Photo: Ben Neilson

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Video : Yuji Hirayama, Hanabi 8c+

24 mars 2022 à 19:58

Yuji Hirayama a trouvé la recette des lignes dures quand on a 53 ans : la banane et le croissant au chocolat en guise de petit-dej !

Juste avant Noël, la légende japonaise mettait fin à son projet qui l’aura occupé un an et lui donnait le nom de “Hanabi” (feu d’artifice) sur ce secteur de Futagoyama. La nouvelle était alors tombée, mais la vidéo vient de sortir et elle révèle toute la beauté de cette ligne à l’aide de belles images aériennes.

On notera un très esthétique pointe-contre-pointe pour clipper le premier point du dévers et une inversée retorse qui mène à une belle compression sous le relais en guise de crux.

Enfin, et c’est ce qui fait l’intérêt de vidéos culturellement autres, celle-ci finit avec un petit entretien à chaud où Yuji renseigne sur ses petit-dej de champion et ce qu’il apprend des jeunes générations. Son message final : aimez et profitez, n’attendez pas demain !

Yuji Hirayama found the recipe for hard lines when you’re 53: banana and chocolate croissant for breakfast!

A few days before Christmas last year, the Japanese legend clipped the chains of his year-long project and named it ‘Hanabi’ (fireworks) at this Futagoyama sector. The news had reached us then, but the video has just come out and it shows the ethereal beauty of this route thanks to beautiful aerial footage.

Of particular note are the very aesthetically-pleasing bicycle to clip the first bolt in the overhang, as well as the tricky-looking undercling leading to a power-hungry compression move just below the anchor.

Lastly, and that is often what is fascinating with videos made from a different cultural standpoint, this film ends with an interview with Yuji in which we learn about his breakfast habits of champion and what he learns from the younger generations. His final message: love and enjoy, and make the most of your passion!

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Ondra in Wonderland, 9b/+

24 mars 2022 à 07:25

Adam Ondra profite actuellement d’Arco et de ses voies dures sur un long séjour avant de bientôt tenir le biberon ! Un peu fâché par l’épée d’ “Excalibur” (possible 9c ?) qu’il n’a toujours pas vaincue, Adam se venge au fleuret avec la première ascension de “Wonderland” au secteur Terra promessa, un 9b “dur” qu’il hésite à affubler d’un +. Plus difficile pour les moins grands que lui, le Tchèque envisage même de sortir le slash pour la voie avec 9b/b+, ce qui en ferait la plus dure d’Arco (Ghisolfi ne lui en voudra pas pour la décote d'”Erebor”). “Wonderland” a été équipée par Alfredo Weber et à l’automne dernier Adam en a proposé un départ plus naturel (ainsi que rajouté quelques plaquettes). Bien que calé en novembre, il a dû attendre mars pour que la voie sèche et soit réalisable.

On en vient à se demander quelle partie de l’iceberg “Wonderland” donne à voir. Depuis l’assaut des trois mousquetaires (Ondra, Ghisolfi et Schubert) contre “Excalibur”, le Tchèque semble à nouveau monter en puissance. Des vidéos récentes le montrent dans un de ses exercices favoris, le à-vue (jusqu’à 8c au secteur Pizarra) et les voies dans le 9 tombent comme des mouches: “Sprengstoff” 9a (Lorüns), “Guerriero del Futuro” 9a (Covolo), “Bombardino” 9a+/b FA (hotel Olivo), “Bomba” 9b FA (hotel Olivo) et tutti quanti !

Si “Excalibur” ne lui convient pas, rien ne dit qu’un autre 9c potentiel n’occupe pas les véritables efforts d’Ondra, qui décidément enchaîne les voies dans le “ventre mou” du 9 avec une vitesse frôlant la précipitation !

Photos : Petr Chodura

Adam Ondra Wonderland 9b/+

Adam Ondra is currently enjoying Arco and its extremes lines, before holding the baby bottles! A little aggrieved by the ‘Excalibur’ sword (9c potential?) that dares resist him, Adam fences his way through the first ascent of ‘Wonderland’ at the Terra Promessa sector, a hard 9b for which the + is very close. Harder for the more vertically challenged than him, the Czech seems to have settled for 9b/b+, and that would made it the hardest in Arco (Ghisolfi won’t hold his downgrade of ‘Erebor’ against him, right?). ‘Wonderland’ was bolted by Alfredo Weber and last autumn, Ondra proposed a more natural beginning and added a few bolts.

What part of the iceberg is ‘Wonderland’ showing? Since the unsuccessful siege of ‘Excalibur’ by the three musketeers (Ghisolfi, Schubert and Ondra), the Czech seems to go from strength to strength. Recent videos show him in one of his favourite exercises, onsighting up to 8c and routes in the 9th grade are falling like flies: “Sprengstoff” 9a (Lorüns), “Guerriero del Futuro” 9a (Covolo), “Bombardino” 9a+/b FA (hotel Olivo), “Bomba” 9b FA (hotel Olivo) e tutti quanti!

If ‘Excalibur’ does not suit him, nothing says he’s not investing some valuable time and effort into another potential 9c…

Photos : Petr Chodura

Ondra et un nouveau 9b/b+

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The Other Way Around, un tour du monde grimpe à vélo – The Other Way Around, a climbing world tour by bike

22 mars 2022 à 10:51

Il y a quelques temps nous étions allés à la rencontre de Pablo Recourt, grimpeur belge effectuant un tour des 8a français en vélo, une aventure originale. Un couple de grimpeurs suisses, Arline Bernegger et Bertrand Gaudard, a lui décidé de voir plus grand et de réaliser un tour du monde des falaises à vélo débuté il y a presque un an. Vous pouvez les suivre via leur site internet The Other Way Around. Focus sur leurs motivations au milieu de leur périple.

– Pouvez décrire le concept de votre tour du monde The Other Way Around ?
Le concept est assez simple : découvrir les falaises autour du monde et les relier à vélo. Nous voulions vivre une aventure qui commence en fermant la porte de la maison et qui se termine en l’ouvrant à nouveau. Le but est bien évidemment de passer un maximum de temps en falaise, mais aussi de voir ce qui se trouve entre les destinations, de s’imprégner des paysages et des différentes cultures. Au total, nous avons prévu de relier une quarantaine de destinations sur un peu plus de 2 ans, pour un total d’environ 20’000 km à vélo.

The Other Way Around

– Comment avez-vous dessiné la boucle et choisi les sites ? Une idée directrice ?
Nous avons pris une grande carte du monde et noté tous les secteurs où nous voulons aller. Ensuite, nous avons regardé pour faire un itinéraire logique, tournant autour du monde et passant par le plus de secteurs possibles. Cela nécessite de faire attention aux saisons, au temps de déplacement nécessaire et au nombre de jours que nous voulons rester par endroit, tout en laissant suffisamment de marge pour la mauvaise météo ou tout imprévu ! Nous ne voulons pas nous retrouver en Turquie en été ou en Asie pendant la saison des pluies… Caler tout cela sur 2 ans n’a pas été facile, mais nous avons trouvé une solution, ou plutôt “avions” : avec la situation sanitaire et politique (en particulier l’impossibilité d’aller en Chine ou en Russie), nous devons beaucoup adapter notre itinéraire et faire des concessions. Pour donner un exemple, nous étions censés passer le premier hiver en Chine, avant de traverser en voilier aux Etats-Unis, et nous avons fini par tout inverser deux jours avant le départ, pour commencer par les Alpes, l’Europe de l’Est et passer le premier hiver en Grèce et en Turquie. N’ayant réussi à obtenir un entretien pour les visas USA que début avril 2022, nous devons également retarder notre arrivée en Amérique du Nord et ne pourrons pas traverser en voilier. Mais au final, nous finissons toujours par trouver des solutions, et même si la boucle devient de moins en moins logique, le plaisir est tout aussi grand !

– Comment vous est venue l’idée ? Pourquoi ? Depuis quand êtes-vous partis ?
On ne peut pas dire que l’idée est venue par passion pour le vélo (Bertrand n’ayant presque jamais pédalé auparavant). Mais en réfléchissant un peu, il nous est rapidement venu à l’esprit que le meilleur moyen de se déplacer pour un projet pareil… c’est bien le vélo. En été 2020, on a donc pris 2 semaines pour tester cette idée et on est parti de Genève grimper autour de Briançon. On avait déjà fait ce trajet à plusieurs reprises en voiture, mais il nous a paru tellement différent à vélo. On a découvert des paysages incroyables et surtout, pour une fois, on a eu le temps de s’en imprégner. Et oui, on en a beaucoup chié, mais on a vu que ça fonctionnait, et surtout que ce type de voyage nous plaisait. Du coup, on est parti pour TheOtherWayAround début avril 2021 et on a parcouru 5’500 km jusqu’à maintenant.

The Other Way Around

– Vous faites tous les trajets à vélo ? Pourquoi le vélo plutôt que le van, le train ou le stop ? Où dormez-vous ?
Si possible, tous les déplacements sur terre sont faits à vélo. La seule exception sont les paysages plats de plus de 1’000km (nous avons le vertige du plat), et nous devons quand même suivre les saisons. Le vélo nous permet d’avancer suffisamment vite (moyenne de 80 km / jour), tout en découvrant les paysages et en étant au plus proche de la nature et de l’environnement. Cette approche “slow travel” ne peut pas se faire en van ou en train, car tu te déplaces trop vite. S’il fait froid, tu vas plus au sud, s’il pleut, tu changes de spot… en fait, tu peux trop facilement fuir l’aventure dès qu’elle devient plus rude au profit de la meilleure option, et ce n’est pas ce que nous recherchions. Nous voulions vivre une aventure au rythme de la nature, et cela signifie sortir de son confort et vivre par toute météo, toute condition. Cela nous rend plus vivant.

Nous avons la chance d’avoir du bon matériel et de pouvoir dormir par tout temps sous tente, du coup, lorsqu’on se déplace, on bivouaque un peu partout. Parfois nous avons la chance d’être invité dans des jardins et lorsque nous n’avons pas le choix, nous prenons des campings. En revanche, lorsque nous arrivons à une destination de grimpe, nous restons la plupart du temps dans un camping ou, comme ce fut le cas dans les pays de l’est, dans de petits appartements qui s’avèrent presque plus avantageux que le camping… Cela nous permet de laisser notre matériel en sécurité pendant la journée.

– Côté escalade, quels sont vos objectifs ? Combien de temps vous vous arrêtez sur un site en moyenne ? Comment s’organise un séjour type sur un site ?
Quand nous arrivons à un spot, nous savons que nous n’aurons pas forcément la possibilité d’y revenir rapidement, donc nous voulons profiter de grimper un maximum de voies. Cela s’avère principalement dans le 7ème degré (7a – 7c+). L’objectif est d’être le plus polyvalent possible et surtout d’augmenter notre niveau à vue, du coup on ne peut pas dire qu’on se met des projets spécifiques (nous n’avons jamais passé plus de deux jours dans une voie).

Un séjour type dure en moyenne entre 1 et 3 semaines. Si nous faisons plus court, nous trouvons que nous n’avons pas assez de temps pour profiter de l’endroit par rapport à la durée de déplacement que nous avons dû faire à vélo. Et au bout d’un moment, il faut avancer si nous ne voulons pas nous retrouver à grimper sous 40° C en Turquie ! L’organisation sur place dépend de la facilité / rapidité d’accès aux secteurs ainsi que des possibilités de ravitaillement. Comme dit plus haut, le plus important est d’avoir un endroit où laisser nos affaires en sécurité, sans devoir démonter la tente chaque jour et cacher le matériel dans la forêt. Dans les endroits connus, comme à Leonidio, Kalymnos ou au Verdon, cela s’avère très facile car tout est adapté pour les grimpeurs et tout se trouve à proximité des falaises. En revanche, dans des endroits plus petits, plus isolés, le ravitaillement en nourriture et surtout en eau peut s’avérer plus difficile. A vélo, nous arrivons facilement à porter pour une semaine de nourriture, et nous avons deux bâches à eau de 10 litres chacune ainsi qu’un filtre, ce qui nous laisse une certaine autonomie. Nous avons aussi souvent trouvé des opportunités de faire du covoiturage pour le ravitaillement. En termes de nourriture, nous essayons d’éviter les supermarchés et d’acheter des produits locaux, si possible directement chez les paysans (il est important de faire vivre la communauté locale).

The Other Way Around

– Combien de sites visités ? Vos coups de cœur/recommandations ?
Si nous ne comptons pas certains petits secteurs où nous nous sommes arrêtés au passage, nous avons fait une vingtaine de sites. Des coups de cœur ? Il y en a plein, et à y réfléchir, toutes les destinations ont leur charme et nous ont fait vibrer. Inutile de vous parler du Verdon, de Kalymnos ou de Geyikbayiri (on sait que c’est de la balle !), donc on va plutôt vous parler des endroits moins connus ! Nous avons adoré le Repswand dans le massif du Karwendel, en Autriche. C’est un magnifique mur face nord avec une approche quasi-obligatoire à vélo (voiture interdites) dans une vallée sauvage. Les longues voies y sont superbes et l’ambiance assurée ! Dans les Balkans, nous avons découvert le paradis de la Bosnie- Herzégovine. La grimpe nécessite une approche différente que les secteurs bien équipés en Grèce (Balkan’s Style), mais l’ambiance avec les locaux est unique, et certaines falaises sont des petits bijoux loin de la foule : Pecka et sa grimpe sur pockets comme à Margalef, Amfiteatar dans le Canyon Tijesno où nous avons eu l’occasion d’équiper une longue voie ou encore Blagaj, proche de Mostar. La falaise de Brar en Albanie est peut-être la falaise la plus mutante que nous avons vue ! Pour finir, nous avons adoré la grotte de Can Baba à Datça ou le mur de Cennet à Olympos en Turquie. Ce sont des petits spots comparés à Geyikbayiri, mais avec une grimpe et une ambiance assez magique et où nous comprenons que la nature est l’artiste la plus talentueuse que le monde ait pu nous donner.

– Quel message voulez-vous apporter à la communauté grimpante à travers ce tour du monde ?
Le temps que l’on passe à se déplacer pour se rendre en falaise est souvent sous-estimé, voir oublié. On veut vite aller faire cela, vite faire ceci… Mais si on compare toutes ses heures de trajet par rapport au temps passé sur le rocher ou à rigoler avec ses amis, on se rend vite compte qu’il est énorme… donc pourquoi pas le transformer ? Si on décide de partir moins loin, nous aurons plus de temps pour grimper, mettre un essai supplémentaire dans notre projet et se retrouver pendu dans la corde après avoir lâché une fois de plus cette foutue arquée, ou alors simplement passer une soirée entre amis autour d’un feu… Et si on veut quand même partir plus loin, découvrir un nouvel endroit, pourquoi ne pas convertir ce temps de trajet en aventure, rajouter une dose de fun (et quelques galères, qui s’avèrent souvent aussi être fun après coup) et ainsi découvrir ce qui se trouve entre notre maison et la destination ? Croyez-nous, vous serez surpris des merveilles que vous allez rencontrer !

P.S. Il ne faut pas croire à l’idée que c’est trop lourd ou trop volumineux de transporter le matériel de grimpe tout en voyageant à vélo… De toute façon vous avancez lentement, donc 10 kg de plus ou de moins, ça ne fait pas une si grande différence… sauf si vous arrêtez de pédaler.

The Other Way Around

Some time ago we met Pablo Recourt, a Belgian climber doing a tour of the French 8a’s by bike, an interesting adventure. A pair of Swiss climbers, Arline Bernegger and Bertrand Gaudard, decided to think bigger and go on a world tour of climbing crags by bike-began a year ago. You can follow them via their website, The Other Way Around. Focus on their motivations in the middle of their trip.

– Can you describe the concept of “The Other Way Around”?
The concept is quite simple: discover the world’s crags and connect them by bike. We wanted to experience an adventure that begins by closing the door of the house and ends by opening it again. The goal is obviously to spend as much time as possible on the crags, but also to see what lies between the destinations, to soak up the landscapes and different cultures. In total, we have planned to connect around forty destinations in a little over 2 years, for a total of around 20,000 km by bike.

– How did you plan the trip and choose the areas?
We took a large map of the world and wrote down all the crags we want to go to. Then we tried to find a logical route, going around the world and through as many sectors as possible. This requires paying attention to the seasons, the travel time needed and the number of days we want to stay in each place, while leaving enough margin for bad weather or unforeseen events! We don’t want to find ourselves in Turkey in the summer or in Asia during the rainy season… Planning all of this over 2 years was not easy, but we found a solution, or rather “planned”: with the health and political situations (in particular the impossibility of going to China or Russia), we had to adapt our itinerary a lot and make concessions. To give an example, we were supposed to spend the first winter in China, before sailing across to the United States, and ended up reversing everything two days before departure, starting with the Alps, Eastern Europe and spend the first winter in Greece and Turkey. Having managed to obtain an interview for US visas only at the beginning of April 2022, we have also delayed our arrival in North America and will not be able to cross by sailboat. But in the end, we always end up finding solutions, and even if the loop becomes less and less logical, the pleasure is just as great!

The Other Way Around

– How did you come up with the idea? Why? When did you start the trip?
We cannot say that the idea came from a passion for cycling (Bertrand having hardly never pedalled before). But thinking a little, it quickly became clear that the best way to get around for such a project is… by bike. In the summer of 2020, we therefore took 2 weeks to test out our idea and left Geneva to climb around Briançon. We had already done this trip several times by car, but it seemed so different to us on a bike. We discovered incredible landscapes and above all, for once, we had time to immerse ourselves in them. And yes, we sucked, but we saw that it worked, and above all that we liked this type of trip. So we left for “The Other Way Around” in early April 2021 and we’ve covered 5,500 km so far.

– Do you link every crag by bike? Why bikes rather than a van, train or hitchhiking? Where do you sleep?
If possible, all travel is done by bicycle. The only exceptions are flat landscapes over 1,000km long (we have vertigo from the flat!) and we still have to follow the seasons. The bike allows us to move fast enough (on average 80 km per day) while discovering the landscapes and being closer to nature and the environment. This “slow travel” approach cannot be done by van or train, because you are moving too fast. If it’s cold, you go further south, if it rains, you change spot… In fact, it’s too easy to run away from the adventure as soon as the going gets tough in favor of the best option, and that’s not what we were looking for. We wanted to live an adventure in tune with nature, and that means getting out of your comfort zone and living in any weather, any condition. It makes us feel more alive.

We are lucky to have good quality equipment and be able to sleep in tents in all weather, so when we move, we bivouac everywhere. Sometimes we are lucky enough to be invited to gardens and when we have no option, we take campsites. On the other hand, when we get to a climbing destination, most of the time we stay in a campsite or, as was the case in the eastern countries, in small apartments which turn out to be almost more advantageous than camping… This allows us to keep our gear safe during the day.

– What about your climbing goals? How long do you stay in an area? What does a typical stay at a crag look like?
When we get somewhere, we know we won’t necessarily be able to get back there soon so we try to climb as many routes as possible. This happens mainly in the 7th degree (7a – 7c+). The objective is to be as versatile as possible and above all to increase our onsight level, so we can’t say that we are going into any projects (we have never spent more than two days on a route).

A typical stay lasts on average between 1 and 3 weeks. If we make it shorter, we find that we don’t have enough time to enjoy the place compared to the travel time we had to do by bike. And after a while, we have to move on if we don’t want to find ourselves climbing above 40°C in Turkey! The way we function depends on the ease/speed of access to the sectors as well as the possibilities of replenishing supplies. As said above, the most important thing is to have a safe place to leave our belongings, without having to take down the tent every day and hide the equipment in the forest. In popular places, such as Leonidio, Kalymnos or Verdon, it is very easy because everything is suited for climbers and everything is close to the cliffs. On the other hand in smaller, more isolated places, getting food and especially water can be more difficult. By bike, we can easily carry enough food for a week, and we have two water tanks of 10 litres each as well as a filter, which gives us a bit of autonomy. We also often found opportunities to carshare for refuelling. In terms of food, we try to avoid supermarkets and buy local products, if possible directly from farmers (it’s important to support local communities).

The Other Way Around

How many areas you visited? Your favorites/recommendations?
If we do not count the tiny sectors where we stopped on the way, we ticked about twenty crags. Favorites? There are plenty of them, and come to think of it, each destination has its own charm and delighted us. No need to tell you about the Verdon, Kalymnos or Geyikbayiri (we know they’re awesome!), so we’ll tell you about lesser-known places instead! We loved the Repswand in the Karwendel massif, Austria. It is a magnificent wall facing north with an almost obligatory approach by bike (cars are banned) in a wild valley. The long routes are superb and the atmosphere guaranteed! In the Balkans, we discovered the paradise of Bosnia and Herzegovina. Climbing requires a different approach to the well-equipped sectors of Greece (Balkan’s Style), but the atmosphere with the locals is unique, and some cliffs are little gems far from the crowd: Pecka and his pocket-climbing like in Margalef, Amfiteatar in the Tijesno Canyon where we had the opportunity to bolt a multipitch route or Blagaj, near Mostar. The Brar cliff in Albania is perhaps the most amazing crag we have seen! Finally, we loved the Can Baba cave in Datça or the Cennet wall in Olympos, Turkey. They are small areas compared to Geyikbayiri, but with quite a magical climbing and atmosphere and where we understand that nature is the most talented form of Art the world has given us.

– A message you want to bring to the climbing community through this world tour?
The time we spend traveling to get to the crags is often underestimated, even forgotten. We want to quickly go do this, quickly do that… But if we compare all our hours of travel with the time spent on the rock or laughing with our friends, we quickly realise that it is huge… So why not change? If we decide to go less far, we will have more time to climb, put an extra try on our project and find ourselves hanging in the rope after letting go of this damn crimp once again, or simply spending an evening with friends around a campfire… And if you still want to go further afield, discover a new place, why not convert this travel time into an adventure, add a dose of fun (and a few hassles, which often turn out to be fun afterwards) and thus find out what lies between our home and the destination? Believe us, you will be surprised at the wonders you will come across!

PS: Do not believe in the idea that it is too heavy or bulky to carry climbing equipment while traveling by bike… Anyway you are going slowly, so 10 kg more or less does not matter much… Unless you stop pedalling…

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Hazel Findlay réalise son premier 9a – Hazel Findlay climbs her first 9a

11 mars 2022 à 17:01

La grimpeuse britannique Hazel Findlay vient de réaliser son projet de l’hiver, la superbe proue déversante “Esclatamasters” 9a sur la falaise catalane de Perles. Cette voie de continuité à doigts est très prisée des femmes car Florence Pinet, Mar Alvarez, Laura Rogora et Anak Verhoeven avaient déjà clippé le relais. C’est donc la 5ème ascension féminine. Hazel avait commencé à travailler la voie en novembre dernier et est venue régulièrement s’y frotter cet hiver entre deux périodes d’entrainement. Elle se confie sur Instagram :

“Parallèlement à l’entraînement physique, je me suis vraiment concentrée sur le fait d’avoir un état d’esprit positif. Je n’ai pas réussi tous les jours et c’était difficile au début du voyage quand on ne grimpait pas bien. J’ai également eu du mal à apprendre à utiliser des genouillères pour la section basse de la voie, la “plus facile” car je n’en avais jamais utilisé auparavant et c’était frustrant. Mais hier, c’était vraiment une ascension sans craintes et c’est devenu mon mantra pour la dernière section de la voie. Un bac marque la fin du crux sommital, mais il reste après une petite section délicate à la fin où l’on peut déjouer si on n’est pas concentré ou si on ne grimpe pas bien. Je savais que si la peur de l’échec se révélait trop forte, j’aurais du mal à faire cette partie si fatiguée. Mais je me suis vraiment concentrée sur le fait d’être connectée à mon expérience et honnêtement, toute l’ascension s’est bien passé, dans un esprit joyeux.”

Avec cette belle croix, Hazel devient la seconde grimpeuse britannique à réaliser du 9a après Emma Twyford et “Big bang”. Cette nouvelle croix confirme la polyvalence d’Hazel, capable de briller en escalade sportive comme en trad (“Magic Line”, “Muy Caliente”) ou en grande-voie (“Salathé”).

Photo: Ezra Byrne

Hazel Findlay Esclatamasters 9a

British climber Hazel Findlay has just completed her winter project, the superb overhanging prow “Esclatamasters” 9a on the Catalan crag of Perles. This fingery stamina route is very popular with girls because already Florence Pinet, Mar Alvarez, Laura Rogora and Anak Verhoeven had also clipped the anchor. Hazel’s repeat is the 5th female ascent. Hazel had started to work the route last November and came regularly to try this winter between two training periods. She comments on Instagram:

“Alongside the physical training I really focused on having a positive mindset. I didn’t succeed everyday and it was difficult at the start of the trip when we weren’t climbing well. We also struggled to learn how to use knee pads for the lower ‘easy’ section as we have not used them before and this was frustrating. But yesterday really felt like a no-fear ascent and that became my mantra for the final section of the route. A jug marks the end of the hard climbing but you have a tricky little section at the end of the route which is totally dropable if you aren’t focused or climbing well. I knew that if fear of failure showed up too strong I’d struggle to do that part so tired. But I really focused on being connected to my experience and honestly the whole climb felt pretty joyful”

With this new feat, Hazel becomes the second Britain girl to climb 9a (Emma Twyford was the first with “Big bang”) and Hazel confirms her all-rounder skills with notable ascents in sportclimbing, tradclimbing (“Magic Line”, “Muy Caliente”) or multipitch climbing (“Salathé”, “Freerider”).

Photo: Ezra Byrne

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Première ascension de Myr 9a+ par Seb Bouin – First ascent of Myr 9a+ by Seb Bouin (+ interview)

8 mars 2022 à 19:03

“Myr” comme paix en ukrainien, voici le nom de la dernière voie réalisée par Seb Bouin, une première ascension en 9a+ dans la région montpelliéraine. Équipée par ses soins il y a un an, il vient de libérer l’affaire, tout en précisant que tout cela n’est que secondaire compte tenu de la gravité de la situation internationale actuelle. Nous lui avons néanmoins posé quelques questions.

Où se trouve la voie ?
Secteur Canyon, dans les environs de Montpellier.

– Décris-nous la voie.
Il y a une marche d’approche en 8a+, un repos, le 7C bloc que tu vois en vidéo sur ma page Instagram, et tu rejoins toute la partie dure du 9a “A quelques mètres de la légalité”.

– Tu l’as essayée direct après l’équipement il y a un an ?
J’avais équipé le 9a et le 9a+. J’ai d’abord réalisé le 9a, et j’avais un peu mis les doigts dans ce pas de bloc, mais je n’y arrivais pas du tout.
C’est une voie super cool pour mixer avec l’entraînement, fun et ludique. C’était assez parfait pour la période d’entraînement actuel.

– Quel message par rapport à la guerre en Ukraine veux-tu faire passer en tant que grimpeur professionnel ?
Je crois que le message est simple, la paix.

C’est déjà la 8ème première ascension en 9a+ et plus dur de Seb, et parmi ses propositions, aucune n’a encore été répétée…

Myr 9a+ Seb Bouin

“Myr” for peace in Ukrainian, is the name of the latest route climbed by Seb Bouin, a first ascent in 9a+ in the Montpellier region. Bolted by himself a year ago, he has just sent it, while insisting that all this is only secondary given the gravity of the current international situation. However, we asked him a few questions.

– Where is this route?
Canyon sector, near Montpellier, France
.

– Describe the route.
There’s an 8a+ approach, a rest and the 7C boulder you can see in the video on my Instagram account, then you link with the hardest part of “A quelques mètres de la légalité”, a 9a I did last year.

– Did you try “Myr” last year directly after bolting it?
I bolted the 9a and the 9a+. I first climbed the 9a and tried the boulder a little, but couldn’t find the right sequence. It’s a super cool route to try while training, very fun and playful. It was perfect for me to try now, during the current training period.


– Which message do you want to spread with the name?
Very simple, peace
.

It’s already Seb’s 8th first ascent in the 9a+ range and more, and of these routes none has been repeated yet…

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Mattéo Soulé s’offre La guerre des nerfs 9a – Mattéo Soulé climbs La guerre des nerfs 9a

3 mars 2022 à 11:27

Mattéo Soulé (15 ans) démarre fort 2022 en réussissant la voie qu’il travaillait en fil rouge depuis Noël entre deux semaines d’entrainement au pôle espoir de Toulouse, “La guerre des nerfs” 9a à La verrière (Aveyron), non loin de la maison familiale. La première de cette magnifique voie naturelle est à mettre à l’actif de son père Pierre en 2009. Gérome Pouvreau, Geoffray De Flaugergues, Said Belhaj et Mathieu Bouyoud avaient aussi cet enchainement qui connecte les 8c de “Beberechos” et “Sonatine”. Mattéo réalise ici un nouvelle belle croix dans le coin après notamment la première ascension de “Dieu Merci” (8c+/9a) dans les gorges du Tarn en mai dernier.

– Tu essayais depuis Noël ? Comment s’est passé le travail ?
En effet je me suis lancé dans cette voie juste avant Noël, je connaissais déjà une bonne partie des mouvements ce qui m’a permis de vite mettre des essais. J’ai d’ailleurs enchaîné la première partie rapidement mais faute de ne pas toujours être chez moi je ne pouvais mettre des essais qu’un week-end sur deux, de plus les prises étaient souvent mouillées ce qui rendait l’enchaînement impossible ; j’ai donc dû me contenter de faire des séries dans la partie basse de la voie. La Verrière est une falaise qui abîme fortement la peau, il est donc compliqué de mettre plus de deux essais par jour.

– Il me semble que cette voie combine les parties dures de deux 8c. Décris les difficultés et ce qui t’a posé problème.
“La guerre des nerfs” se décompose sous la forme d’un premier 8c en traversée avec une section très dure à doigts en porte d’entrée et d’une suite bien physique suivie d’un bon repos avec un genou. Juste après arrive un autre 8c physique sur des inversées (“Sonatine”). Je pense que l’on peut dire que vraiment tous les mouvements de cette voie m’ont posé des problèmes, selon mon état de forme, ma mentalité du jour, mes essais étaient tous différents les uns des autres, mais s’il y a bien des grosses difficultés je les placerais certainement au niveau des repos et du rythme de la voie à prendre. Alors bien sûr il s’agit d’un gros repos où il est possible de lâcher les mains mais les premières fois quand je suis arrivé à cet endroit j’étais totalement explosé et je n’arrivais pas à faire baisser mon rythme cardiaque. Par rapport au rythme de la voie j’ai mis pas mal de temps à trouver la bonne respiration au bon moment, c’est un effort assez long de 40 mouvements, trouver mon rythme a été une grosse difficulté. Puis, quand est arrivé le moment où tous mes essais parvenaient au crux de la deuxième partie ce n’était plus qu’une question de petits détails que je modifiais tous les jours. Lorsque tous ces aléas ont été réglés, la croix est passée !

Mattéo Soulé La Guerre des nerfs

– Maintenant que tu as répété une voie dans le 9ème degré, comment positionnerais-tu ta première de “Dieu Merci” ?
“Dieu merci” et “La guerre des nerfs” sont deux styles de voies totalement différents, il est donc difficile d’en faire une comparaison. En terme de niveau je trouve qu’elles sont à peu près équivalentes, bien sûr je manque encore d’expérience pour donner un avis concret. Je peux dire que ce sont deux lignes vraiment majeures qui valent d’y jeter un coup d’œil, alors j’attends avec impatience que des personnes viennent répéter “Dieu merci” pour me donner leurs avis dessus et pourquoi pas en changer la cotation.

– Tu es jeune et tu as pas mal écumé les voies dures autour de la maison familiale. L’équipement te motive ? Ou préfères-tu pour l’instant répéter des voies dures. Qu’aimerais tu essayer comme lignes cette année ? Tes autres objectifs cette année ?
Je n’ai encore jamais équipé mais c’est quelque chose que je ne manquerai pas de faire plus tard. Pour ce qui est des voies déjà libérées autour de chez moi j’en ai coché quelques une mais il m’en reste un peu, mais surtout il y en a plein qui n’ont pas été libérées. A la Verrière un projet extrême qui fera certainement 9b, “Black Wolf” attend d’être réalisé. “La guerre des nerfs” était pour moi un objectif intermédiaire, ce que j’aimerais faire c’est “la guerre des nerfs” et finir dans le projet, cela revient à faire un 9a d’approche suivi d’un repos ultra physique pendu sur une inversée (donc très très moyen) et pour finir une longue section d’une dizaine de mouvements avec les derniers mouvements aux alentours de 8A bloc. Après avoir enchaîné ce projet intermédiaire (“La guerre des nerfs”) je me rends compte qu’il y a encore beaucoup de travail à produire pour se lancer dans cet autre projet (pour l’instant j’en suis donc à tomber en essayant de délayer au moins une fois chaque bras sur cette inversée…) bien sûr d’autres lignes ou connexions sont encore possibles et n’attendent que d’être libérées.

Photos: Pierre Soulé

Mattéo Soulé (15 years old) is starting well 2022 with the send of route a projected since Christmas, “La guerre des nerfs” 9a à La Verrière (near Millau, France). The first ascent of this magnificient natural route has been done by her father Pierre in 2009. Gérome Pouvreau, Geoffray De Flaugergues, Said Belhaj and Mathieu Bouyoud have climbed this route which is linking “Beberechos” and “Sonatine”, both 8c. It’s a new feat for the French gun after the first ascent of “Dieu Merci” (8c+/9a) in Gorges du Tarn last year.

– Have you been trying since Christmas? How was it?
Indeed I started on this route just before Christmas, I already knew a good part of the moves which allowed me to put goes quickly. I also sent the first part quickly but it was slow because I’m not always being at home, I could only put some tries every other weekend, moreover the holds were often wet which made the sequence impossible, so I had to settle for doing series in the lower part of the route. La Verrière is a cliff that severely damages the skin, so it’s difficult to do more than two attempts per day.

– It seems that this route combines the hard parts of 2 8c. Describe the difficulties and what caused you troubles.
“La guerre des nerfs” starts with a 8c with a very fingery boulder entrance followed by a very physical traverse finishing with a good kneebar rest, just after comes a another physical 8c on underclings (“Sonatine”). I think we can say that all the moves of this route gave me troubles, depending on my shape, my mind of the day… My goes were all different from each other, but I think the main difficulties are in the rests and the rhythm to find. So of course it’s a big rest where you can let go of your hands but the first times when I climbed until here I was totally pumped and I couldn’t slow down my heart. Compared to the rhythm of the route, it took me a long time to find the right breath at the right time, it’s a fairly long effort of 40 movements, so for me finding your rhythm was a big problem. Then, when the moment arrived when all my goes reached the crux of the second part it was only a question of small details which I changed every day and when all these small tips were modified I climbed the route.

Mattéo Soulé La Guerre des nerfs

– Now, you have repeated a 9th grade route, how do you place your first ascent of “Dieu Merci” last year?
“Dieu Merci” and “La guerre des nerfs” are 2 different styles, hard to compare. I think the difficulty is the same, but It missed me some experience for having a proper opinion. I can say that the 2 lines are beautiful, people should try it, I’m waiting some climbers will come and repeat “Dieu Merci”, giving their opinion about the difficulty.

– You’re young and you already climbed a lot of hard routes around your family home. Is bolting a real motivation? What about your goals this year?
I never bolted a line but it’s something I want to do in the future. I ticked some routes around my home, but there is again a lot to free climb here, for example the project of La Varrière crag, “Black Wolf” (around 9b). “La guerre des nerfs” was an intermediar project for me, the goal is to climb “La guerre des nerfs” and to finish in the project; an 9a approach into a very physical rest on underclings and as finsih a crux around 10 moves around 8A boulder. After having climbed “La guerre des nerfs”, I can say I have a lot of work before being close on this one. But other projects are waiting to be freed too.

Photos: Pierre Soulé

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Video: Women on the wall, episode 1

25 février 2022 à 10:20

Dans le premier épisode de cette nouvelle série vidéo Epic TV “Women on the wall”, consacrée aux grimpeuses qui repoussent leurs limites en escalade sportive, voici un portrait de la grimpeuse espagnole Marta Palou, grimpeuse locale de Rodellar depuis déjà quelques années. Marta travaille désormais sur place pour être au plus près de ses projets et possède déjà de belles voies dures à son actif, notamment “Florida” 8c à la Surgencia. Depuis l’automne dernier, Marta tente de réaliser sa voie la plus difficile avec le coriace 8c de la Gran Boveda, “La Cascavell”. Un bras de fer qui reprendra sûrement ce printemps, une fois que les colos auront séché. Vidéo à visionner ci-dessous, avec de magnifiques images de la gorge en bonus !

In the first episode of new video series “Women on the wall” dedicated to women who push their limits in sportclimbing, here is a nice portrait of Spanish fanatic Marta Palou, who has been living in Rodellar for a few years. Marta decided to relocate there in order to be close of her super projects. She has plenty of hard routes under her belt with notable ascents like “Florida” in Surgencia. Since last fall, Marta is attempting what she describes as her hardest route, “La cascavell” in Gran Boveda. A process which will continue this spring, when the tufas dry up. Watch the video below, with some additional footage of the gorge’s unique scenery.

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Dylan Chuat libère un Bel été – Dylan Chuat frees Un Bel été

23 février 2022 à 23:01

“Un bel été” est un vieux projet de la falaise de St-Triphon en Suisse, une vieille carrière offrant des voies courtes et teigneuses. Deux voies en 9ème degré existaient déjà ici avec “Amazonie” et “Combinaison”. Equipée par Danone et rééquipée l’an dernier par Sam Ometz de manière plus logique, “Un bel été” attendait toujours d’être vaincu. C’est désormais chose faite grâce au jeune mutant Dylan Chuat (20 ans), qui après avoir réussi tous les mouvements, est tombé à tous ses essais au dernier mouvement, un jeté sommital… avant de réussir finalement la première ascension ce dimanche ! Après 8 séances dans la voie Dylan propose prudemment 9a, pensant que peut-être un petit + pourrait être de mise… Nous sommes allés à sa rencontre.

– Décris-nous la voie.
Alors la voie est vraiment hyper cool et variée ! Pour une voie très courte il y a une gestuelle vraiment dingue je trouve ! Surtout avec mes méthodes ! Environ 18 mètres, 25-30 mouvements selon les méthodes, sans repos.
On fait un départ pas simple et ensuite il y a un pas de bloc en bas avec une contre pointe très technique pour s’allonger sur une prise plate vraiment jolie, et là on saute sur une réglette dure à viser pour remettre presque un pied main, croiser sur une pince plate et finir une traversée pas facile et dure dans la tête parce qu’il faut éviter de tomber là vu qu’on saute la dégaine et que le pied est très bas et très glissant. Une section qui doit valoir 8A+ bloc environ je pense…
Après cette première partie il y aune suite de mouvements assez classes avec une grosse assise de talon pour prendre deux mini arquées dans une fissure, et là on attaque le dernier pas de bloc vraiment dur, je pense un gros 8A. C’est dur à coter mais en tout cas c’est bien plus dur que les mouvements des voies que j’ai essayés ou réalisés jusqu’à maintenant.
Depuis les deux mini arquées on fait un gros mouvement sur une bonne réglette et là il y a une horloge obligatoire à faire sur des prises pas très bonnes pour finir main droite sur la bonne arquée et main gauche sur une prise plate très fuyante que moi perso je préfère arquer !
Et là il y a le jump, on va bloquer loin sur un mini inverse vraiment pas bonne et pas positivée du tout avec un pied droit haut dans la fissure du dessous et aucun pied gauche et on doit tirer fort sur cette inter pas bonne en inverse avec le corps très bas pour se ruer dans un bac qu’il faut bien viser sinon on s’arrache toute la peau !

– Ce jeté final qui est le crux, pour pimenter l’affaire… Que penses-tu du niveau ?
Le jump final est méga spécifique à faire au début, je me suis dit que c’était une méthode pas terrible et j’essayais de jeter depuis plus bas encore mais impossible, alors j’ai appris à le faire et très vite je suis tombé ici en ayant plus aucune énergie avec le bas qui me pompait tout l’influx…
Mais ensuite je suis arrivé plus frais en haut et je suis encore tombé pas mal de fois avec le bac dans la main alors que dans ma tête c’était pas possible de le lâcher si je l’avais donc c’était devenu mental… J’ai fait une pause, je n’y suis plus retourné pendant un moment et le jour où j’ai fait j’ai réussi à regarder la prise d’arrivée dans la préparation du mouvement, quand j’avais l’inter. Je me suis dit que c’était impossible de tomber, et effectivement ça a marché ! Je commençais à me dire que c’était peut être plus dur que 9a vu que j’avais déjà mis beaucoup plus de séances que dans tout les 9a que j’ai réalisés jusqu’à maintenant, mais je ne suis pas du genre à tout surcoter pour rien… et je pense que j’ai failli mentalement dans ce mouvement de jeté. Les grimpeurs suivants affineront…

Photos: Lena Schenkel

“Un bel été” is an old project of the crag of St-Triphon in Switzerland, an old quarry offering short and powerful routes. Two routes in 9th degree already existed here with “Amazonie” and “Combinaison”. Bolted by Danone and rebolted last year by Sam Ometz last year in a more logical way, “Un bel été” was still waiting to be freed. It’s now done thanks to the young gun Dylan Chuat (20 years old), who after sticked all the movements, fell on all of his attempts on the last move, a tricky dyno…before finally succeeding with the first ascent this Sunday! For the grade, he cautiously gives 9a, thinking that perhaps a little + could be possible… Talk with him…

– Describe the route.
So the route is really super cool and varied! For a very short route there are some really crazy moves I think! Especially with my betas! Around 18 meters. 25-30 moves depending your betas, no rest.
You do a “not so easy” start and then there is a bouldering entrance with a very technical tooehook in order to grab a slopy edge, and there you jump on a crimp, after a cross on a slopy pinch it’s hard in the head because you have to avoid falling there since you skip the quickdraw and the foot is very low and slippery. A section that must be around 8A+ boulder I think…
After this first part there is a series of fairly classy movements with a big heelhook to take two mini crimps in a crack and there you attack the last boulder, I think around 8A, it’s hard to grade but in any case it’s much harder than the moves of the routes that I have tried or sent so far.
From the two mini crimps you do a big move on a good redge and there is a clock to do on not bad holds to end up with the right hand on the good one and the left hand on a very bad sloper that I personally I prefer to crimp!
And there is the jump, you have to go far with a small undercling intermediar and bad feet…

– This final jump which is the crux, adding spices to the affair… What do you think of the level?
The final jump is mega specific to do at the beginning, I thought it was a poor method and I tried to jump from lower holds but it was impossible, so I learned how to do it and very quickly I fell here having no more energy with the beginning which pumped me as hell…
But then I arrived more fresh at the top and I still fell quite a few times with the jug in my hand while in my head it was not possible to let go if I got it, so it became a little bit mental.. I took a break, didn’t go back to the route for a while and the day I did I managed to watch the final hold when I got the intermediar and I told to myself that it was impossible to fall, and indeed it worked, but I began to think that it was perhaps harder than 9a since it took me many more sessions than in all 9a’s what I’ve done so far…but I think I failed mentally on this jump move…Next climbers will see…

Photos: Lena Schenkel



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Pierre Le Cerf répète Eagle-4 et suggère une décotation – Pierre Le Cerf repeats Eagle-4 and suggests a downgrade

14 février 2022 à 09:56

Le grimpeur niçois Pierre Le Cerf (22 ans) n’avait jamais fait de voies en 9ème degré en dehors de ses terres en Riviera. Il vient de réussir un gros coup avec la 4ème ascension de “Eagle-4” à St-Léger du Ventoux (après Ondra, Parmentier et Chanourdie) pour laquelle il suggère une décotation à 9a+. Il s’en explique ci-dessous.

– Pourquoi être venu essayer “Eagle-4” en guise de première voie en 9ème degré en dehors de la région niçoise ?
Je vais pas mentir, c’est clairement pour la cotation, j’avais envie de faire un 9b ça fait toujours rêver ce genre de cotation, un gros menteur celui qui dit l’inverse ! Je m’étais mis ça comme objectif de l’année avec pleins d’autres objectifs hein, j’ai voulu commencer par le plus dur, et ça y est c’est fait, malheureusement je pense que ça penche pour 9a+ mais ça reste une belle expérience !

– Combien de séances as-tu mis ? comment ça s’est passé ?
J’ai mis 10-11 séances, sans trop m’acharner à chaque séance, en moyenne c’était deux montées, j’aime bien prendre mon temps…Premier trip découverte, trop chaud, le second section par section, mouillé le troisième trip, à deux doigts de faire et puis le petit dernier où je clippe le relais.

– Tu proposes une décotation de la voie, pourquoi ? Tu as trouvé de nouvelles méthodes ou astuces ?
Je décote car avant de trouver une nouvelle méthode, je me posais déjà la question du « est-ce 9b », forcément on se pose ce genre de question quand on essaye une voie dure… et en plus de ça on me dit “Pierrot y’a un genou là j’en suis sûr” je teste, j’aime bien, et je le garde, donc oui une belle nouvelle méthode !

– C’est une voie très bloc et spécifique, qu’en penses-tu ? Décris les principales difficultés selon toi.
Ouais carrément, ça se joue sur exactement 24 mouvements. Le passage dur, avec de mémoire 25 mouvements de pieds ! Puis ça se finit dans un 8a/8a+ facile physiquement par rapport à la première partie mais très dur mentalement ! Pour faire la voie faut être costaud en pince avec les doigts fléchis (en semi-arquée), en biceps droit (pour le premier mouvement) et en suspension de toute sorte de prise car y’a beaucoup de temps de pause pour bouger les pieds !

– Quels sont les prochains projets qui te tiennent à cœur en milieu naturel ?
Et bien du coup faire un 9b, j’aimerai vraiment vraiment tenter “First round First minute” en Espagne mais ça c’est pas pour demain, sinon essayer la voisine de “Eagle-4”, “Super crakinette”, j’aimerais beaucoup la faire ! Sinon maintenant c’est compétition…avec les championnats de France et tout et tout !

Photo: Adrien Boulon (dit la chignole)

Pierre Le Cerf Eagle-4

French climber from Nice, France Pierre Le Cerf (22 years old) never climbed 9th grade routes out of his home region. He just succeed with a big feat : the 4th repeat of “Eagle-4” located at Praniania, St-Léger du Ventoux (after Ondra, Parmentier and Chanourdie). Pierre suggests a downgrade to 9a+. He explains why below.

– Why did you choose to try “Eagle-4” in St-Léger?
I’m not going to lie, it’s clearly for the grade, I wanted to do a 9b it always makes you dream of this kind of grade, a big liar the one who says the opposite! I set this as my goal of the year with lots of other goals, I wanted to start with the hardest, and that’s it, it’s done, unfortunately I think it’s more around 9a+, but it’s still a great experience!


– How many sessions? How was it?
I took 10-11 sessions, without trying too hard at each session, on average it was two goes per day, I like to take my time… First discovery trip, too hot, the second one I did it part by part,the third trip it was wet and I was close, and then the last one where I clipped the anchor.

– Why did you propose a downgrade of the route? Did you find any new plans or tricks?
I’m downgrading because before finding a new method, I was already asking myself the question of “is it 9b?”. Obviously we ask ourselves this kind of question when we try a hard route… and during the work a friend who was belaying me said “Pierrot here I think there is a kneebar, I’m sure” I tried the kneebar, I found it and liked it, and I used it, so yes it’s a great new plan!

– It’s a very bouldering and specific route, what do you think? Describe the main difficulties.
Yeah definitely, the route shares exactly 24 moves. The crux, with 25 foot moves from memory! Then it ends in an 8a/8a+ physically easy compared to the first part but very hard mentally! To do the route you have to be strong in small pinches, in biceps (for the first move) and in finger power because there is a lot of pause time to move your feet!

– What are your next projects outdoors?
Well, climb a real 9b, I would really really like to try “First round First minute” in Spain but that’s not for tomorrow, otherwise try the neighbor of “Eagle-4”, “Super crakinette”…Otherwise now it’s competition… with the French bouldering championships coming soon.

Photo: Adrien Boulon



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Nico Pelorson réalise Supercrackinette – Nico Pelorson climbs Supercrackinette (+ interview)

9 février 2022 à 13:14

“Supercrackinette”, voie équipée par Quentin Chastagnier au secteur Praniania de St-Léger du Ventoux, est devenue petit à petit le 9a+ référence du Sud de la France, notamment grâce à sa notoriété de premier 9a+ flash de l’histoire (Adam Ondra, 2018). Après Thomas Ballet qui était le dernier français à avoir clippé le relais l’an dernier, c’est au tour de Nico Pelorson de répéter la désormais célèbre voie de résistance.

– Qu’est-ce qui t’a motivé à venir essayer “Supercrackinette” ?
Ce qui m’a motivé, c’est cet effort assez radical : 30 mouvement difficiles sans repos. Ça donne des runs de 1 minute 30 en moyenne avec un effort vraiment sympa. Aussi, j’étais assez curieux de voir à quoi ressemble le premier 9a+ flash de l’histoire !

– Comment s’est passé le travail de la voie ? Qu’est-ce qui t’a posé problème ?
Nous étions pour 2 semaines à Saint-Léger. La première séance dans la voie, j’étais très bien alors je me suis dit que j’allais mettre un p’tit coup de collier pour l’enchainer rapidement. Au final j’ai pas pris assez de repos et je me suis trop fatigué la peau et les bras. À la fin des 2 semaines j’avais toujours pas réussi alors j’ai pris 5 jours de repos et je suis retourné une journée pour la faire.

– Niveau cotation, te valides-tu ton premier 9a+?
Pour la cotation, il s agit soit d’un 9a+ de bas de panier, soit d’un 9a très rude. Moi je ne me prononce pas, cela m’a valu bien trop de désagréments.

– Comment va la vie dans le Sud ? (ndlr : Nico a déménagé de Fontainebleau à Marseille l’an dernier) D’autres projets extrêmes en falaise ?
La vie dans le sud, c’est le paradis. Je profite de la mer, du soleil, des falaises, des Marseillais tout en travaillant un peu. Prochain projet, la dura dura en mars. Le bombé bleu, je vais y retourner, je suis assez bien dedans !

Pour en savoir plus sur le séjour de Nico, direction Grimper Magazine

Photo : coll. Lucien Martinez

Nico Pelorson Supercrackinette

“Supercrackinette”, a route bolted by Quentin Chastagnier in the Praniania sector of St-Léger du Ventoux, has gradually become the benchmark 9a+ of the South of France, in particular thanks to its notoriety as the first 9a+ flash in climbing history (Adam Ondra, 2018). After Thomas Ballet, who was the last French to clip the anchor last year, it’s Nico Pelorson’s turn to repeat the now famous route of resistance.

What motivated you to come and try “Supercrakinette”?
What motivated me was this rather radical effort: 30 difficult movements without rest. It gives goes of 1 minute 30 on average with a really nice effort. Also, I was quite curious to see what the first 9a+ flash of the history looks like!

– How did the work of the route go? What gave you troubles?
We were for 2 weeks in Saint Leger. The first session on the route, I was very well on the route so I told myself that I was going to put a little effort in order to send it quickly. In the end I didn’t take enough rest and I tired my skin and my arms too much. At the end of the 2 weeks I still hadn’t succeeded so I took 5 days off and went back a day to do it.

– About the level, do you confirm your first 9a+?
For the grade, it is either a low-end 9a+, or a very rough 9a. I don’t pronounce myself, this route costs me far too much inconvenience.

– How’s life in the South? (Editor’s note: Nico moved from Fontainebleau to Marseille last year) Other extreme projects on the crags around?
Life in the South is paradise. I take advantage of the sea, the sun, the cliffs, the people of Marseille while working a little bit. Next project is “La dura dura” in March. “Le bombé bleu”, I’ll go back, I’m pretty well in it!

Photo: Lucien Martinez

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Stefano Ghisolfi enchaine Arenauta 9b à Sperlonga – Stefano Ghisolfi frees Arenauta 9b in Sperlonga (+video)

9 février 2022 à 09:59

“Arenauta” 9b, c’est fait pour Ghisolfi ! Le site de Sperlonga, sur la côte entre Rome et Naples, abrite une grotte connue pour ses lignes corsées que Stefano a déjà visitée plusieurs fois, la dernière il y a de ça huit ans pour “Grandi Gesti” 8c+.

En ce début 2022, il est retourné dans la grotte pour travailler un vieux projet quasiment horizontal sur 20m, équipé par Giuliano Tarquini en 2002, que Laura Rogora aurait essayé en vain. Lors de sa première visite, Ghisolfi s’est rendu compte que ses mollets n’encaissaient pas la charge pour bloquer les genoux et délayer. Un problème qui rappelle Ondra dans “Silence”, tiens.

C’est lors de la deuxième fournée, les mollets dûment raffermis, que l’Italien est venu à bout de la voie, qu’il surnomme “Arenauta” et propose à 9b. On notera quand même que dans son échelle de cotations perso, Stefano en fait un “Tribolo ma passo” (je galère mais je passe?).

Si la cotation est confirmée, “Arenauta” deviendrait la voie la plus dure des sud et centre de la Botte.

Pour une idée de la voie, voici la vidéo d’un essai vieille de quelques jours en plus de la vidéo qu’on vous avait déjà relayé il y a une semaine. Après “Erebor” et “Lonely Planet” (sans oublier “One Slap”, “Queen line” ou “Lapsus”), Stefano continue de proposer des premières ascensions extrêmes en Italie, et de dessiner les contours du haut-niveau dans son pays.

Photo: Sara Grippo

“Arenauta” 9b, first ascent by Ghisolfi! The Sperlonga crag, on the coast between Rome and Naples, houses a famous cave known for its hard lines that Stefano has visited a few times, the last 8 years ago for ‘Grandi Gesti’ 8c+.

In early 2022, the Italian returned to the cave to check out an old project consisting of a virtually horizontal 20m-long roof, bolted by Giuliano Tarquini in 2002, that Laura Rogora has apparently tried, in vain. During his first visit, Ghisolfi realised his calves weren’t able to sustain the effort necessary to kneebar and shake out. An issue reminiscent of Ondra in ‘Silence’.

It is on his return, his calves duly prepared, that the Arco man freed the project, to which he gave the name ‘Arenauta’ and proposed as 9b. Let it be known that in his personal grading scale, Stefano gave it ‘Tribolo ma passo’ (I struggle but I send?).

If the grade is confirmed, ‘Arenauta’ would be the hardest line in central and southern Italy.

For an idea of the route, watch above a video of an attempt that is only a few days old, in addition to the one we shared last week. After ‘Erebor’ and ‘Lonely Planet’ (not to mention ‘One Slap’, ‘Queen line’ or ‘Lapsus’), Ghisolfi continues to churn out extreme first ascents in Italy, and to shape the top level in his home country.

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Pablo Recourt, un tour de France des 8a à vélo – Pablo Recourt, a tour of French 8a’s by bike

2 février 2022 à 11:52

En octobre, le grimpeur Belge Pablo Recourt est parti en trip en vélo depuis le plat pays, avec l’objectif de découvrir une bonne partie des 8a classiques et mythiques de France. “En quête du Saint 8a” est alors née, avec Gaspar, sa belle monture à deux roues en guise de compagnie. Nous avons questionné Pablo pour en savoir plus sur son voyage itinérant relativement original.

– Peux tu te présenter ?
Salut ! Je m’appelle Pablo, j’ai 24 ans et je suis un grimpeur belge. J’ai commencé à grimper quand j’avais 7 ans dans une petite salle Bruxelloise. Tu serais étonné de voir la grosse culture escalade qu’il y a au plat pays. Il y a une émulation de fou ! À côté de l’entraînement en salle, j’ai commencé à grimper dehors à Freyr (Belgique), connu comme l’épicentre de l’univers. J’ai vite compris que je préfère être dehors et du coup je fais principalement de la falaise. Accessoirement j’ai aussi fait des études d’ingénieur architecte, mais pour le moment je grimpe. J’aime beaucoup le rocher belge mais on ne va pas se mentir, on fuit souvent la pluie pour aller grimper plus dans le Sud (France et Espagne). Merci les voisins !

– Raconte-nous le concept de ton voyage.
Mon gros projet du moment, c’est un voyage de grimpe. Je fais un tour des falaises de France à vélo. Accompagné de mon fidèle destrier à deux roues, nommé Gaspar, j’ai une petite quête : je cherche le plus beau 8a français !

8a vélo France

– Comment t’est venue l’idée de ce tour de France des falaises en vélo et pourquoi ce trip ?
Après mes études, je voulais voyager. J’imaginais acheter un van et partir grimper. Mais avec cette mode du van, il y a quelque chose qui me dérange. Premièrement, ça reste une manière de voyager pas très respectueuse de l’environnement. Bof en accord avec mes valeurs et choix de vie. Et puis en van il y a un peu cette dynamique de “consommation” des falaises. Tu roules, tu arrives à un spot, tu grimpe, tu dors sur le parking, et puis tu t’en vas. Pour moi, ça ne colle pas avec ce que je voulais vivre en voyage. J’ai donc commencé à penser au slow travel, manière de voyager plus lente et proche de ton environnement. Prendre le temps, s’imprégner de l’énergie des endroits que tu visites et intégrer le déplacement dans la performance. Vivre le chemin plus que la destination. Et puis en parlant de destination, j’avais du mal à mettre le doigt sur une seule destination de grimpe. Après réflexion, j’ai arrêté de penser au lointain. Pourquoi partir loin si je ne connais pas les merveilles proches de chez moi? Ça reste des découvertes et des nouveautés à explorer. J’ai alors pensé à la France. Une des meilleures destination d’escalade du monde, à côté de chez moi. Et d’un coup, tout était connecté: le voyage à vélo, la destination de rêve pour l’escalade, et une furieuse envie de grimper dans tout ces beaux endroits! Ça ressemble bien à un tour des falaises de France à vélo. Presque comme un pèlerinage de la grimpe. Une quête. Tiens, et si j’essayais de trouver la plus belle voie de France? Ou mieux, le plus beau 8a de France? Pour ajouter un peu de challenge. Et c’est comme ça que quelques préparatifs plus tard, je donnais mon premier coup de pédale pour un voyage de 6 mois.

– Pourquoi la France?
Si tu demandes à un Américain quelle est sa destination de grimpe de rêve, il te répondra bien probablement la France : Céüse, Fontainebleau, le Verdon, Buoux, Chamonix, etc. Que de merveilles ! Une diversité de rochers, de styles, une richesse de paysages, sans compter l’historique ancré dans toutes ces falaises mythiques. Sous prétexte qu’on habite à côté, devrait-on s’en priver ? La destination reste tout autant savoureuse selon moi, si pas plus.

– Tu dors en tente ? (il doit faire un peu froid non ?), tu trouves facilement des gens pour grimper ?
Ça m’arrive de dormir sous tente oui. Mais je suis aussi parfois hébergé par des grimpeurs, des amis ou des inconnus. J’avoue que c’est un peu au jour le jour, et c’est ça qui me plait : être libre et prendre ce que le voyage m’offre. Être content quand les gens m’invitent chez eux, mais m’émerveiller de dormir sous les étoiles autrement. Au niveau du froid j’ai eu des conditions dures oui, mais en général je suis plutôt bien équipé et j’arrive à bien gérer les basses températures. Les mauvaises condis par contre c’est plus embêtant au niveau de la grimpe. Mis à part que c’est plus challengeant, c’est surtout plus difficile de motiver des gens à venir grimper avec moi. C’est un des problèmes les plus ennuyant avec la météo : elle affecte vite la motivation des grimpeurs locaux ! Mais à part ça, je trouve toujours quelqu’un content de me montrer les belles lignes de sa falaise. Et c’est ça que je cherchais en voyageant seul : être obligé de trouver des gens avec qui partager une cordée.

8a vélo France

– Où en es tu de ton trip, et quelle sera la suite ?
Cela fait presque 5 mois que je suis parti, et il m’en reste encore un pour clôturer mon tour. J’ai parcouru tout l’Est de la France, avec 2500km de vélo, 32 secteurs visités et 35 8a enchaînés. Actuellement je suis dans les Gorges du Tarn. Je vais ensuite dans le Lot et puis je remonte en Belgique en passant par les Eaux Claires et la Normandie. Moins d’escalade et plus de vélo prévu pour la suite donc, mais ça me tient à cœur de faire une vraie boucle.

– Ta falaise préférée, jusqu’à présent ?
Mmh difficile de répondre, j’ai vu tellement de merveilles… Si je devais vraiment choisir je dirai Buoux pour la grimpe et les Gorges du Tarn pour la beauté du paysage. Mais ça se joue à pas grand chose, je pourrai tout à fait te répondre autre chose si tu me reposes la question dans quelques jours !

– Si on comprend bien, l’idée est de réaliser un 8a sur chaque falaise visitée, alors que tu n’as souvent que très peu de temps sur place (2/3 jours), tu as réussi ce challenge à chaque fois ?
En vérité c’est plutôt 1 ou 2 jours par falaise. C’est sûr que c’est challengeant. Heureusement, j’ai un peu de marge et généralement j’arrive à faire 1 ou 2 classiques avant de repartir, souvent à la journée. Mais pour être honnête, le challenge ce n’est pas juste d’enchainer un 8a. C’est de faire la croix en étant fatigué de la nuit dehors, des 80km de vélo de la veille, et des 5 mois de voyage dans les pattes. C’est ça qui est dur et j’ai énormément appris en termes de gestion de fatigue et d’écoute de mon corps. Maintenant je fais quasiment tout le temps un 8a par secteur, mais ça n’a pas été toujours le cas notamment en début de voyage, quand j’avais encore tout à apprendre!

8a vélo France

– Comment as- tu choisi les voies que tu essaies ?
En laissant traîner mes oreilles, en discutant avec les locaux, en me renseignant sur les voies historiques. Généralement il y a toujours une conjecture qui détermine la ou les plus belles voies à essayer du secteur.

– Pourquoi 8a, et pas 7c+ par exemple ?
Clairement, c’est un choix personnel. C’est un niveau dans lequel je me sens à l’aise tout en étant challengé. Je fais généralement 8a à la séance, mais ça me demande de me battre et c’est ce que j’aime. Et puis pourquoi 8? Je sais pas vraiment, probablement la symbolique du niveau 8, c’est une porte vers le haut niveau. Et puis c’est classe le chiffre 8, c’est l’infini vertical !

– Ta voie préférée jusqu’à présent ?
Il y en a beaucoup, mais là comme ça j’ai envie de dire “Les Ailes du Désir” dans le Tarn.

– Tu restes peu de temps sur chaque falaise avant de reprendre la route, ce n’est pas trop fatiguant d’enchainer vélo + grimpe ? Tu te reposes de temps en temps ?
Je vais pas vous mentir, c’est épuisant. C’est ça qui est le plus dur à gérer dans ce voyage, la constante fatigue physique. Mais j’ai appris à m’écouter et il m’arrive de prendre des jours off. Mais pas trop, car ça veut dire moins de grimpe !

– On peut te suivre sur les réseaux sociaux ?
Bien sûr, venez rejoindre l’aventure et hésitez pas à m’inviter chez vous où à m’écrire, je suis très gentil et j’aime bien raconter des histoires !


Facebook : En Quête du Saint 8a
Instagram : pablorecourt

8a vélo France

In October, Belgian climber Pablo Recourt went on a cycling trip from the flat country with the main goal of discovering a good part of the French classic and legendary 8a’s. “En quête duSaint 8a” was born, with Gaspar, his beautiful two-wheeled bike as company. We asked Pablo about his original climbing trip.

– Can you introduce yourself?
My name is Pablo, I’m 24 years old and I’m a Belgian climber. I started climbing when I was 7 years old in a small gym in Brussels. You’d be surprised to see the huge climbing culture there is in the flat country. There’s a crazy emulation! Next to indoor training, I started climbing outdoors in Freyr (Belgium), known as the epicenter of the universe. I quickly understood that I prefer to be outdoors and so I mainly practice rockclimbing. Incidentally, I also studied architectural engineering, but for the moment I’m climbing. I really like the Belgian rock but I’m not going to lie to each other, we often flee the rain to go climb further in the South (France and Spain). Thank you neighbours!

– Tell us about the concept of your trip.
My big project at the moment is a climbing trip. I am cycling around the crags of France. With my faithful two-wheeled steed, named Gaspar, I have a little quest: I’m looking for the most beautiful French 8a!

– How went the idea of ​​this tour of French crags by bike?
After my studies, I wanted to travel. I imagined buying a van and going climbing. But with this fashion of the van, there’s something that bothers me. First, it remains a way of traveling that is not very respectful of the environment. Ok in accordance with my values ​​and life choices. And then in a van there is a bit of this dynamic of “consumption” of the crags. You ride, you get to a spot, you climb, you sleep in the parking lot, and then you leave. For me, it doesn’t fit with what I wanted to experience while traveling. So I started thinking about slow travel, a way to travel slower and closer to your environment. Take the time, imprint the energy of the places you visit and integrate movement into the performance. Live the journey more than the destination. And then speaking of destination, I had trouble putting my finger on a single climbing destination. After reflection, I stopped thinking about the distant. Why go far away if I don’t know the wonders close to home? There are still discoveries and novelties to explore. I then thought of France. One of the best climbing destination in the world, near my home. And suddenly, everything was connected: the bike trip, the dream destination for climbing, and a furious desire to climb in all these beautiful places! It looks like a tour of the cliffs of France by bike. Almost like a climbing pilgrimage. A quest. Here, what if I tried to find the most beautiful route in France? Or better, the most beautiful 8a in France? To add a little challenge. And that’s how some preparations later, I gave my first pedal stroke for a 6 month trip.

8a vélo France

– Why France?
If you ask an American what his dream climbing destination is, he will probably answer France: Céüse, Fontainebleau, Verdon, Buoux, Chamonix, etc. How wonderful! A diversity of rocks, styles, a variety of landscapes, not to mention the history anchored in all these mythical cliffs. Under the pretext that we live next door, should we deprive ourselves of it? The destination remains just as tasty in my opinion, if not more.

Do you sleep in a tent? (it must be a bit cold, right?), do you easily find people to climb?
I sometimes sleep in a tent yes. But I am also sometimes hosted by climbers, friends or strangers. I admit that it’s a bit day-to-day, and that’s what I like: being free and taking what travel offers me. Being happy when people invite me to their homes, but marveling at sleeping under the stars otherwise. In terms of the cold, I had some tough conditions, yes, but in general I have a good equipment and I manage to manage stay quite good in the low temperatures. Bad conditions, on the other hand, are more annoying when it comes to climbing. Apart from the fact that it’s more challenging, it’s especially more difficult to motivate people to come and climb with me. This is one of the most annoying problems with the weather: it quickly affects the motivation of local climbers! But other than that, I always find someone happy to show me the beautiful lines of their home crag. And that’s what I was looking for when traveling alone: ​​to have to find people to share a climbing day.

– Where are you in your trip, and which destination will be next?
It’s been almost 5 months since I left, and I still have one month to close my tour. I traveled all over Eastern France, with 2500km of cycling, 32 sectors visited and 35 8a sent. Currently I’m in the Gorges du Tarn. I then go to the Lot and then I go back to Belgium via the Eaux Claires and Normandy. Less climbing and more cycling planned for the future, but it’s my wish to do a real loop.

– Your favourite cliff so far?
Mmh difficult to answer, I saw so many gems… If I really had to choose I would say Buoux for the climbing and the Gorges du Tarn for the beauty of the landscape. But malking a choice is hard, I could quite answer you something else if you ask me the question again in a few days!

– If we understand correctly, the idea is to send an 8a on each crag visited, when you often have very little time at the crag (2/3 days), have you succeeded in this challenge each time?
In truth it’s rather 1 or 2 days per cliff. It sure is challenging. Fortunately, I have a little margin and generally I manage to do 1 or 2 classics before leaving, often during a day. But to be honest, the challenge is not just to send an 8a. It’s to send the route while being tired from the night outside, from the 80km of cycling the day before, and from the 5 months of travel. That’s why it’s hard and I learned a lot in terms of tiredness management and listening to my body. Now I always do an 8a per sector all the time, but that wasn’t always the case, especially at the start of the trip, when I still had everything to learn!

– How did you choose the routes you try?
By opening my ears, talking with the locals, learning about historical routes. Generally there is always a conjecture which determines the most beautiful route(s) to try in the sector.

8a vélo France
photo: Mathieu Pisaniello

– Why 8a, and not 7c+ for example?
Clearly, this is a personal choice. It’s a level in which I feel comfortable while being challenged. I usually do 8a in the session, but it asks me to fight and that’s what I like. And then why 8? I don’t really know, probably the symbolism of level 8 is a door to the top level. And then it’s class the number 8, it’s vertical infinity!

– Your favourite route so far?
There are many, but here like that I want to say “Les ailes du désir” in the Gorges du Tarn.

– You stay on each cliff for a short time before hitting the road again, isn’t it too tiring to cycle + climb? Do you sometimes rest?
I’m not going to lie to you, it’s exhausting. That’s what’s hardest to manage on this trip, the constant physical fatigue. But I learned to listen to myself and sometimes I take days off. But not too much, because that means less climbing!

– Can we follow you on social networks?
Of course, come and join the adventure and don’t hesitate to invite me to your home or to write to me, I’m very kind and I like to tell stories!
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8a vélo France



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Le nouveau projet de Stefano Ghisolfi à Sperlonga – Stefano Ghisolfi’s new project in Sperlonga

31 janvier 2022 à 14:29

Après avoir proposé de nouvelles voies extrêmes à Arco l’an dernier avec entre autres “Erebor” et “The Lonely Mountain“, le mutant italien Stefano Ghisolfi a changé d’endroit en ce début 2022 et s’est trouvé un projet à la grotte dell’Arenauta à Sperlonga.
Cette grotte connue située sur la côte d’Italie centrale entre Naples et Rome est connue pour ses concrétions et son dévers généreux en bord de plage et mer Tyrrhénienne, non sans rappeler Kalymnos ou les Baléares, avec le 8c+ de conti “Grandi Gesti” en voie phare. Stefano a déjà fait 8 jours sur place et se frotte à un projet empilant le plafond sommital de 20 mètres d’avancée, avec un pas de bloc final sur mono des plus coriaces. Il lui en manque encore un petit peu, mais il reviendra sûrement très rapidement tenter de conclure l’affaire, qui s’annonce une nouvelle fois corsée !
A découvrir dans la vidéo ci-dessous.

After his extreme propositions last year in Arco with “Erebor” and “The lonely mountain”, Stefano Ghisolfi moved to Sperlonga this beginning of 2022 in order to try a project in the amazing Grotta Dell’Arenauta.
This famous cave remembering Kalymnos or Mallorca is located in the center of Italy, between Roma and Napoli. Grotta Dell’Arenauta is known for its huge tufas, its steepness and its not so bad landscape close to the beach and the Tyrrhenian sea. The famous route here is stamina monster “Grandi Gesti”, 8c+. Stefano already spent 8 days here and projected a route finishing in the huge 20 meters final roof of the cave with a final top crux on monos. He was quite close but no cigar, so needs to come back to free this beast. Discover the project in the video below!

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Video: The Big Bang, The Emma Twyford story

29 janvier 2022 à 15:45

En Septembre 2019, Emma Twyford devient la première femme Britannique dans le 9ème degré avec “Big Bang” à Lowen Pen Trwyn. Une lutte acharnée qui lui a coûté pas moins de 3 ans de travail. Le documentaire de 30 minutes de David Petts lui est dédié, avec en bonus des répétitions de “The Big Issue” (E9) à Pembroke, “Mind Control” (8c) à Oliana, ou encore du big wall dans les Dolomites.

In September 2019, Emma Twyford became the first woman to climb 9a in the UK with “Big Bang” located at Lowen Pen Trwyn. A very long process witth a 3 year battle. David Petts’ 30-minute documentary is dedicated to her quest, with bonus repeats of “The Big Issue” (E9) in Pembroke, “Mind Control” (8c) in Oliana or big wall climbs in the Dolomites.

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De nouvelles voies dures à Claret ! – Some new hard lines in Claret! (+ interviews)

28 janvier 2022 à 20:54

Des voies encore plus extrêmes, voici ce qu’il manquait à la falaise d’hiver mythique du Midi et ses 150 voies plein sud ! En effet, la falaise de Claret (arrière pays montpellierain) vient de connaître récemment un renouveau avec la libération des deux voies les plus dures de la barre, “Guère de bruit” 9a, et “Guerre future” 8c+. Ce sont les regrettés équipeurs de la première heure Pierre Rouzo, Hugues Beauzille et Lucien Bérardini qui seraient fiers de ces nouveaux challenges ! Équipées par Seb Bouin l’an dernier, les deux voies ont été libérées dernièrement par ce dernier. “Guerre future” vient d’ailleurs dans la foulée de connaître sa seconde ascension par le jeune local Théo Blass, 12 ans, qui réalise ici son premier 8c+. Retour avec les intéressés sur ces nouvelles additions.

Tout d’abord, Seb Bouin qui revient sur les ouvertures des deux voies.

– Comment as tu eu l’idée d’équiper ces 2 lignes à Claret l’an dernier ? 
J’avais des potes qui grimpaient à la falaise qui est bien sympa, et je n’avais plus rien à y faire, du coup je suis descendu avec la stat’ sur la proue pour voir. Il y avait des petites prises mais ça semblait passer. En plus cela semblait logique de grimper à gauche de cette proue. Mais je n’ai pas essayé l’an dernier.

– Si tu peux nous décrire le cheminement et les difficultés de “Guerre future” 8c+ ? 
C’est la ligne logique de “Guère d’usure”, une voie de résistance droit sur la proue. Cela m’a pris 2 séances. Pour la cotation j’ai longtemps hésité, mais si on considère “Guère d’usure” comme 8c, alors c’est un cran au-dessus et “Guère de bruit” idem.

– Si tu peux nous décrire également “Guère de bruit” 9a ?
Le 9a démarre dans “Guère d’usure” puis bifurque sur la gauche de la proue juste après le toit. Là vient le crux, avec un cachou dans la face qu’il est facile d’avoir main gauche mais qu’il faut absolument avoir main droite, du coup il y a un mouvement dur pour l’attraper bonne main depuis une petite inversée main gauche, avant de balancer sur la gauche et de rejoindre “Super Samson”. Après un genou, il reste le dernier pas autour de 7B+ bloc qui est assez physique. Cela m’a pris environ 5 séances.

Photo: Laurent Dormont

Ensuite, voici un retour avec Théo Blass à propos de “Guerre future”, son premier 8c+

– En quoi consiste le crux de “Guerre future” ?
On grimpe tout le temps sur la proue, donc c’est un gros effort de rési car on n’a pas les repos de “Guère d’usure” (le bon repos au début du dièdre et le petit repos sur les réglettes juste avant le crux). Quand on rejoint le crux de “Guère d’usure” on est déjà bien entamé !

– Depuis quand tu essayais ? Comment ça s’est passé ? Combien de séances ?
J’essayais depuis 2 mois une variante qui suit la proue et part à gauche juste avant le crux de “Guère d’usure” et qui rejoint “Super Samson” après son crux (ce qui était initialement la ligne que Seb avait en tête en équipant la variante) mais un mouvement “low percentage” que j’arrivais à faire une fois sur 10 m’empêchait de concrétiser. Il y a deux semaines environ Seb a enchaîné “Guerre future” en restant tout le temps sur la proue et en sortant dans “Guère d’usure” (donc une variante de la variante en quelque sorte). Je me suis rendu compte que c’était assez logique comme ligne et je me suis mis à l’essayer aussi. Au bout de 2-3 séances j’ai réussi à faire la connexion (les 2-3 mouvements durs entre le bas de la proue que je grimpais déjà dans la variante initiale et le haut de la proue qui est commun avec ma méthode dans “Guère d’usure”) et je tombais dans ce qui était pour moi le crux de “Guère d’usure” (sachant qu’il a une méthode différente de celle des grands – je traverse plus bas et grimpe un peu plus sur la proue). C’était un gros effort de rési pour moi (je fais à peu près deux fois plus de mouvs que Seb), mais j’étais motivé et je trouvais la ligne très esthétique. A chaque séance je montais un peu plus haut et hier, dans une chaleur presque estivale, j’ai littéralement marché dans la voie. En tout ça m’a pris 5-6 séances, mais je connaissais déjà la majorité des mouvements en raison de mes essais dans la variante initiale et aussi dans “Guère d’usure”.

– Et maintenant, “Guère de bruit” étant donné que tu a déjà réalisé “Super Samson”?
Oui j’ai envie d’essayer “Guère de bruit” – j’arrive à faire tous les mouvs sauf un qui est trop morpho. Il y a une autre possibilité pour les petits mais ca va être beaucoup plus dur (car ça m’empêche de prendre un repos quasi total que Seb prenait en mettant un gros genou dans un trou juste après le toit de “Super Samson”). A suivre !

Photo de couverture : Seb dans “Guère de bruit” (9a) – crédit : Thibaut Marot

Voies dures Claret
Photo: Thibaut Marot

Even more extreme routes, here is what was missing from the mythical winter cliff of the South and its 150 routes! Indeed, the Claret crag (around Montpellier, France) has recently experienced a revival with the first ascent of the two hardest routes of the wall, “Guère de bruit” 9a, and “Guerre future” 8c+. Pierre Rouzo, Hugues Beauzille and Lucien Bérardini former bolters now missing would be proud of these new challenges! Bolted by Seb Bouin last year, the two routes were recently freed up by the French Master. “Guerre future” immediately got a second ascent by the young local Théo Blass, 12, who climbs here his first 8c+. Talk with Seb and Théo about these 2 routes.

First Seb about the bolting and the first ascent of these 2 lines.

– How did you get the idea of ​​bolting these 2 lines at Claret last year?
I had friends who were climbing at the cliff which is very nice, and I had nothing more to do there, so I went down on a static prow in order to scope the prow. There were small holds but it seemed to be possible. In addition it seemed logical to climb to the left of the prow. But I didn’t try last year.

– Can you describe “Guerre future” 8c+?
This is the logical line of “Guère d’usure”, a line of resistance straight on the prow. It took me 2 sessions. For the grade I hesitated for a long time, but if we consider “Guère d’usure” as 8c, “Guerre future” is a little bit harder, and the same for “Guère de bruit”.

– Can you also describe “Guère de bruit” 9a?
The 9a starts in “Guère d’usure” then turns off left of the prow just after the roof. Here comes the crux, with a spike in the face that it is easy to have left hand but that’s absolutely necessary to have right hand, with an hard move to catch it from a small left hand undercling, before going to the left and joining “Super Samson”. After a kneebar rest, it remains the last boulder crux around 7B+ boulder which is quite physical. It took me around 5 sessions.

Voies dures Claret
Théo climbing “Guerre future” 8c+ (Photo Laurent Dormont)

Then it’s Théo’s turn about “Guerre future”, his first 8c+.

– How is the crux of “Guerre future”?
We climb all the time on the prow, so it’s a big effort of resistance because we don’t have the rests of “Guère d’usure” (the good rest at the beginning of the dihedral and the small rest on the crimps just before the crux). When we reach the crux of “Guère d’usure” you are already pumped!

– Since when did you try? How many sessions?
I had been trying for 2 months a variation that follows the proow and goes left just before the crux of “Guère d’usure” and joins “Super Samson” after its crux (which was initially the line Seb had in mind in bolting the variant) but a “low percentage” movement that I managed to do once time out of 10 prevented me from climbing it. About two weeks ago Seb did “Guerre future” staying on the prow all the time and finishing in “Guère d’usure” (so a kind of variation of the variation). I realized it was quite a logical line and started to try it too. After 2-3 sessions I managed to make the link (the hard 2-3 moves between the lower prow I was already climbing in the initial variation and the upper prow which is common with my beta in “Guère d’usure”) and I would fall into what for me was the crux of “Guère d’usure” (knowing that I got different beta compared to adult climbers – I traverse lower and climb a little more on the prow ). It was a big resistance effort for me (I do about twice as many moves as Seb), but I was motivated and I found the line very aesthetic. I climbed higher and higher everu session and yesterday, in almost summer heat, I literally walked throw the line. In all, it took me 5-6 sessions, but I already knew most of the movements due to my sessions in the initial variant and also in “Guère d’usure”.

– And now, “Guère de bruit” because you already climbed “Super Samson”?
Yes I want to try it. I manage to do all the moves except one which is too morpho. There is another possibility for the little ones but it will be much harder (because it prevents me from taking an almost total rest that Seb took by putting a big knee in a hole just after the roof of “Super Samson”). To be followed!

Cover Pic : Seb climbing “Guère de bruit” (9a) – credit : Thibaut Marot

L’article De nouvelles voies dures à Claret ! – Some new hard lines in Claret! (+ interviews) est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Interview: Lucien Martinez, irréductible acharné – Interview: Lucien Martinez, inveterate and tenacious

27 janvier 2022 à 11:19

(English below)

Tous ceux qui l’ont rencontré et côtoyé confirmeront, Lucien Martinez n’est pas un grimpeur qui laisse indifférent. Personnage sympathique et ouvert, assumant parfois des prises de position tranchées, ayant une approche très personnelle et originale de l’activité, à l’instar de ses potes Charles Albert ou Nico Pelorson, Lucien fait figure d’OVNI dans le paysage de la grimpe hexagonale. Longue interview avec l’intéressé.

– Tu viens du Sud-Ouest, précisément de Montauban, peux-tu te présenter et raconter tes débuts en escalade ?

Avant Montauban, j’ai habité à Toulouse jusqu’à 8 ans et c’est là où j’ai commencé la grimpe. Ma mère nous avait inscrits, mon frère et moi, à un cours hebdomadaire avec Mathieu Gallot Lavallée. Il y avait des gens à la salle qui m’avaient dit que Mathieu était super fort et qu’il avait fait une voie en falaise incroyablement dure, que seuls trois grimpeurs avaient réussie, et que l’un d’entre eux avait dit que cette voie était 8c+. Sur le moment, cette histoire m’avait fasciné, et j’ai compris peut-être 10 ans plus tard qu’il s’agissait en fait de Baston à la Maison à Saint Géry (falaise lotoise) et que le grimpeur qui avait parlé de 8c+ n’était autre que Dave Graham.
Pour autant, je n’étais pas spécialement doué ni très motivé à cette époque. Ma passion, c’était le rugby. J’en ai fait pendant trois ans et j’étais super fort, bien plus qu’à l’escalade. Ceux qui me connaissaient à l’époque pourront en témoigner même si je reconnais que ça peut paraître dur à croire vu mon physique squelettique. En arrivant à Montauban, il n’y avait plus de place au club de rugby, et la salle de grimpe, en parallèle, était juste à côté de chez moi. Il y avait une formule accès libre qui nous permettait d’y aller tout seul le soir après l’école ce qui fait que je me suis mis à y aller plus ou moins tous les soirs. Je ne pensais plus qu’à ça. Je me morfondais toute la journée en attendant de retourner essayer les blocs qui m’avaient résisté la veille. Je ne cherchais qu’à m’amuser, pas du tout à m’entraîner, mais la progression venait d’elle-même et j’ai franchement muté en l’espace de 2 ou 3 ans. À ce moment, Hervé Peyre, notre moniteur, s’est mis à amener régulièrement les jeunes du club en falaise à Saint Antonin. Il nous montait des cordes, nous aidait à choisir des voies, nous donnait des méthodes aux petits oignons, nous racontais des histoires sur la réputation des lignes et les grimpeurs du coin… Et à force, peut-être aussi aidé par le fait que je n’arrivais jamais à battre mon pote François Kaiser (que je salue !!) en compétition, j’y ai pris goût et je me suis passionné de caillou. À 13 ou 14 ans, j’étais à peu près autonome. J’avais amassé une pile de numéros de téléphone de grimpeurs que je connaissais, et le samedi soir, je les faisais tous un par un jusqu’à trouver quelqu’un qui voulait bien m’amener en falaise.

– Un diplôme d’agronomie en poche, tu as tout plaqué pour l’escalade, pourquoi ?

En terminale, j’étais plus passionné de grimpe que jamais, plus ou moins obsédé. Mais après le Bac je suis rentré dans une prépa et je ne grimpais plus qu’une mini séance le samedi aprem en falaise. Ça a été terrible de frustration. Je voyais les gens faire des perf, progresser, se régaler et j’étais super jaloux. En école d’ingé, je me suis mis à grimper beaucoup plus et à retourner en falaise les deux jours du week-end, mais c’était pas si facile que ça de valider les semestres alors j’ai quand même dû faire des compromis sur l’escalade.
Une fois le diplôme en poche, en fait, je n’avais pas du tout l’intention de tout plaquer, je voulais juste faire une année sabbatique pour me concentrer à 100% sur deux voies qui me faisaient rêver, “Fight or Flight” et “3 Degrees of Separation”, pour essayer de les enchaîner avant de chercher un boulot d’ingénieur potentiellement très prenant. Le problème, c’est que malgré toute ma motivation, mon investissement et mes essais, je n’en ai réussi aucune des deux. J’ai pris conscience de deux choses. Premièrement, que pour réussir mes rêves il faudrait progresser et pas qu’un peu. Deuxièmement, que l’escalade était mon monde, que je ne pourrais jamais m’en lasser et qu’il serait bête de ne pas bosser là-dedans compte tenu de cela. J’ai beaucoup réfléchi à ce qu’il fallait que je fasse et finalement j’ai décidé de tenter le coup dans le journalisme, avec en tête la possibilité de revenir en arrière si ça ne fonctionnait pas. Finalement, je me sens à ma place, je fais vraiment quelque chose qui me passionne et je pense que je fais mieux dans mon travail à Grimper que ce que j’aurais pu faire comme ingé.

Interview Lucien Martinez
Dans la 2e répétition de “Three Degrees of Separation” (coll. Sam Bié)

– Tu t’es intéressé très tôt à la haute-difficulté en escalade ? Pourquoi ce sujet t’anime particulièrement ?

Tu me demandes de faire ma propre psychanalyse ma parole ! La haute difficulté sur le caillou a, je trouve, quelque chose de fascinant. Il y a des mystères, des ragots, des rivalités, des combats épiques de plusieurs années, des grimpeurs qui réussissent à faire des exploits incroyables en étant plus malins que les autres, des premières ascensions qui s’apparentent à des quêtes de Graal avec plusieurs protagonistes… Le tout, et c’est ça qui est incroyable, sans aucun cadre officiel !

– Tu t’intéresses beaucoup aux cotations, et tu estimes que le slash ne devrait pas exister, pourquoi ?

Je sais pas si je vais réussir à expliquer mais je vais essayer ! Les souvenirs de mes cours de prépas me permettent de dire que les cotations sont une discrétisation d’un ensemble continu. C’est-à-dire qu’une cotation n’est pas du tout une valeur précise de la difficulté d’une voie, mais une plage de difficulté. Si on reprend l’image d’une « échelle » de cotations, il faut donc bien comprendre qu’une cotation, le 7a par exemple, n’est pas un barreau mais l’espace entre deux barreaux, barreaux qui représentent les limites entre le 7a et le 7a+ en haut et le 7a et le 6c+ en bas.
Si on dit qu’une voie est un 8c+/9a, ça ne peut pas vouloir dire que la difficulté se situe pile au niveau du barreau séparant le 8c+ et le 9a car c’est mathématiquement impossible (la probabilité que la difficulté d’une voie tombe pile poil sur un barreau est nulle, cf mes cours de maths). Pour dire que la cotation d’une voie est 8c+/9a, il faut donc considérer qu’on a ajouté une nouvelle plage entre le 8c+ et le 9a dans l’échelle de cotations. Admettre les cotations slashées, c’est accepter de redisposer tous les barreaux de l’échelle de cotation (et d’en rajouter) pour dégager de la place et doubler le nombre de plages de cotations. Rien ne l’interdit, mais cela voudrait dire qu’il faudrait reconsidérer les cotations de toutes les voies. Les 8a solides deviendraient des 8a/+, les petits 8a+ idem et ainsi de suite pour toutes les lignes du monde.
En plus de ce problème, je trouve que le niveau de précision de l’actuelle échelle de cotation n’est pas si mal et qu’il n’est déjà pas facile de trouver des consensus. Il ne me paraît donc pas spécialement pertinent de tout chambouler en doublant le nombre de cotations sur l’échelle.
Mais, car il y a un mais, je ne suis pas spécialement contre les slashs dans leurs deux utilisations d’origine. À la base, ils ne servaient pas à rajouter une cotation dans l’échelle, mais à manifester une hésitation entre deux cotations, en laissant aux répétiteurs suivants la charge d’ajuster la difficulté. Il me semble que cet usage du slash est le bon, et c’est pour cela que lorsque je répète une voie dure slashée, je tente de donner mon avis avec le plus d’honnêteté possible entre les deux cotations concernées.
L’autre usage historique du slash, qui est intéressant aussi (je sais par exemple que c’était le cas pour le topo de Saint Antonin), concernait les voies morpho, et donnait une indication sur le fait que la voie n’a pas la même difficulté pour tout le monde.

– En tant que grimpeur, tu t’obstines particulièrement dans des projets extrêmes après-travail comme “Fight or Flight”. Pourquoi tout le temps repousser tes limites ?

Alalala, cette question met le doigt sur un énorme problème. Pour moi, ça fonctionne comme une quête avec des péripéties et une fin incertaine. Une voie dure qui me fait rêver, c’est un Graal que j’essaie d’atteindre. Je ne sais pas si je vais y arriver, mais j’en rêve, parfois même au sens propre. Et j’ai envie de donner le maximum pour réussir.
C’est bien beau sur le papier, mais à partir du moment où on assume le fait de vraiment vouloir faire des trucs très durs, on s’enferme un peu là-dedans…
On ne peut plus partir grimper n’importe où n’importe quand parce qu’on est asservi à nos objectifs et nos entraînements. On ne voit presque plus l’escalade que sous le prisme de notre quête, au point qu’on en oublie l’amusement, le même qui m’avait fait aimer l’escalade à mes débuts. Je n’aime pas être monomaniaque, pas du tout. Il y a plein d’autres sports que j’adore et que je ne pratique malheureusement plus, sans parler de sollicitations de copains que je décline… Mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Vouloir faire Fight or Flight tout en restant ouvert, disponible, en pratiquant plein d’autres sports et en prenant le temps de faire de beaux magazines Grimper, je sais très bien que ce n’est pas dans mes cordes. Donc pour le moment, je reste à fond sur la perf, mais je suis fortement tiraillé parce que je n’aime pas trop cet état de rigidité dans lequel elle m’enferme.

Un bon flight dans “Fight or flight” (coll. Pierre Trolliet)

– Depuis quelques années, au lieu d’aller répéter des voies dures emblématiques, tu t’es plutôt tourné vers des voies du terroir, avec des ouvertures ou des répétitions de voies peu classiques (“Beyond”, “3 degrees”, “FFF”, “Hugh”,…). C’est voulu ?

Ça aussi, c’est quelque chose de très important. Ce n’est pas une difficulté, qui me fait rêver, mais un contexte global dont la difficulté fait partie. C’est vraiment très important pour moi.
Si je m’investis dans une voie, il faut qu’elle ait un sens particulier, par son histoire, sa localisation où je ne sais quoi d’autre… Pour FFF, la voie n’est pas spécialement belle mais elle se situe à Supermanjoc, ma falaise de cœur, et je suis passé au pied pendant des années en levant la tête et en me disant que ça avait l’air impossible. Pour Hugh, c’était le mystère, j’étais extrêmement curieux d’aller y mettre les doigts et de voir en vrai comment c’était. Pour Beyond, c’était juste que la voie était très sympa à grimper et qu’elle me convenait bien. Pour “Three Degrees”, c’était un rêve depuis que j’avais vu la vidéo de Sharma, une des meilleures qui existent. Arriver à Céüse plus de 10 ans après avoir vu la vidéo pour la première fois, apercevoir les 3 colos jaunes du départ en montant le dernier raidillon de la marche d’approche, toucher les prises pour la première fois, essayer les mouvements en me demandant s’ils sont conformes à ce que j’imaginais, puis mettre des runs et encore des runs pour finalement réussir… Tout ça était une expérience incroyable et infiniment mieux que s’il y avait la même voie sans le contexte, sans la vidéo de Sharma et sans le dizaines de visionnages à 12 ans les yeux écarquillés devant l’ordi de mon père.
Pour résumer, je n’ai aucune volonté de ne pas répéter les voies emblématiques, au contraire, j’aime bien ça, mais d’autres éléments de contexte comme le mystère ou le terroir du Sud-Ouest ont aussi de l’importance dans les voies sur lesquelles je choisis de m’acharner, le plus important étant que cela ait du sens pour moi.

– Quelle est ta vision de l’escalade en France à l’horizon 2022 ?

J’imagine que cette question pourrait être abordée sous plein d’angles différents (salle, gestion des falaises, grimpeurs etc.) mais le seul pour lequel je crois avoir un truc intéressant à dire concerne le haut niveau en falaise : j’ai l’impression que la France est en train de redevenir le centre du monde, comme elle l’était fin 90 début 2000 avant que Sharma ne le déplace en allant s’installer en Catalogne. On a toutes les voies de Seb Bouin (à la Ramirole mais pas seulement) qui sont majeurissimes et pour lesquelles les Ondra, Megos, Schubert et Ghisolfi ne pourront pas s’échapper éternellement, et en plus on a Céuse et Saint Léger avec plein de nouvelles voies extrêmes et des projets majeurs un peu partout. On observe une nouvelle dynamique pour la France depuis 2-3 ans et je fais le pari que cette tendance va s’accentuer et que la décennie des années 2020 sera celle de la France comme celle des années 2010 (et fin 2000) a été celle de la Catalogne.

– Quel regard portes-tu sur la presse escalade en général, et particulièrement sur la presse web ?

Paradoxalement, je trouve que la presse web va assez mal parce qu’elle est vampirisée par Instagram. Avant, à l’époque où tu faisais les news Kairn, on attendait avidement les news des croix parce que c’était vraiment là où on apprenait ce qui se passait. Maintenant, c’est Instagram qui a volé la vedette et presque toutes les informations clef de notre petit monde y arrivent en premier. Et nous, pour les news web, on se retrouve obligés de reprendre en le reformulant comme on peut les « communiqués officiels » que font les athlètes sur Insta, ou alors de leur demander des précisions intéressantes, mais dans tous les cas c’est sur Instagram que l’info arrive en premier. L’utilité de la presse web devient alors d’être une sorte d’entonnoir des réseaux sociaux qui filtre les informations et performances d’importance pour le lectorat. Ça reste intéressant parce tout le monde ne suit pas à fond ce qui se passe sur Instagram, et donc il reste pas mal de gens qui apprennent quand même plein de choses sur la presse web, mais c’est plus tout à fait pareil.

– Les réseaux sociaux ont révolutionné et accéléré la communication des informations. Est-ce une bonne ou mauvaise chose ? Qu’en retiens-tu ? Comment les utilises-tu ?

Comme le laisse deviner ma réponse précédente, je suis d’accord avec le constat ! J’aurais tendance à dire que ce n’est ni une bonne ni une mauvaise chose, mais que c’est comme ça et qu’il faut faire avec. Je vais quand même me permettre une petite critique. Le système des réseaux sociaux est quand même fortement basé sur l’autopromotion. On a un compte et on raconte nous même nos exploits avec plus ou moins finesse et de subtilité. Je trouve qu’un système qui oblige les gens à chanter leur propre légende pour exister a quand même un problème. En tout cas moi ça me dérange, même s’il y a quelques comptes que je suis avec beaucoup de plaisir et que je serais triste de voir disparaître !
Pour ma part, je ne suis sur les réseaux sociaux que pour me tenir informé et voir ce que mettent les autres, je ne poste jamais rien. Mais j’ai bien conscience que si je n’étais pas salarié de Grimper et que je devais faire mon trou en journaliste indépendant, ou bien si j’essayais d’être grimpeur pro, je ne pourrais probablement pas faire l’économie de mon autopromotion sur les réseaux.

En plein run dans “Moksha” au Pic St-Loup (coll. Pierre Trolliet)

– On entend souvent que la presse papier va mal. Depuis que tu as démarré, quelles sont tes satisfactions, les écueils que tu as rencontrés, ou rencontres que tu as faites en tant que journaliste ?

Là, par contre, je ne suis pas d’accord avec le constat ! En ce qui concerne l’escalade, la presse papier a me semble-t-il tout ce qu’il faut pour aller plutôt bien. Je pense en particulier aux photos. La photo de grimpe, c’est quelque chose de riche et qui esthétiquement fonctionne très très bien. Il y a le grimpeur, son visage, sa position, ses préhensions, la sculpture et les couleurs du rocher, le paysage… En plus il y a pas mal de photographes qui sont passionnés et super bons. Ce serait trop dommage que toutes les belles photos de grimpe n’existent plus ou presque plus que sur les écrans. Au niveau des textes aussi, je crois que sur le papier on peut se démarquer du web en faisant, par exemple, des dossiers un peu complets comme ceux des Grimper Céüse et Fontainebleau, mais aussi apportant des analyses de fond assez complètes sur des thématiques historiques ou de progression.
Évidemment, en ce qui concerne les actualités brûlantes, ça arrive un mois après voire plus dans le magazine papier, donc la bataille est perdue d’avance, mais je crois qu’il reste et restera une grosse niche pour le papier, parce qu’en jouant sur le ressort de la qualité, le support papier apporte des choses que le web n’offre pas. Mais ça, c’est à nous de le prouver en produisant de beaux (et intéressants !) magazines.
En ce qui concerne les satisfactions et écueils, ça va bientôt faire 3 ans que je suis rédacteur de Grimper donc il y a forcément eu des choses qui ont plus ou moins bien marché. Il y a un truc en particulier dont les gens ne se rendent pas forcément compte, c’est la multiplicité des enjeux lorsqu’on sort un magazine. On veut que le lecteur soit content et faire rêver les gens, on veut que le numéro se vende bien, évidemment, mais il faut aussi éviter à tout prix de semer la zizanie sur les territoires dont on parle en oubliant par exemple d’impliquer tel équipeur ou tel grimpeur qui ont donné de leur passion et de leur temps sur les falaises concernées, ou bien en ne prenant pas de pincettes pour faire la promotion de secteurs menacés d’interdiction, etc. C’est presque impossible de cocher toutes les cases, mais c’est très satisfaisant quand, pour certains magazines, on arrive à s’en rapprocher. En revanche c’est décevant quand on n’y arrive pas.
Et sinon, j’aimerais bien qu’il y ait un peu plus d’humour et de dérision dans les magazines mais je n’ai toujours pas trouvé de formule adaptée… Gilles, si tu lis cet interview et que tu veux reprendre les fausses couvertures, la porte est ouverte !

– On sent dans tes écrits un certain intérêt pour la culture littéraire/philosophique, tu peux nous en dire plus ?

Oui, je peux en dire plus. En fait, c’est pas vraiment un intérêt particulier pour la culture littéraire ou philosophique mais beaucoup plus général que ça. Je suis tellement conditionné à penser grimpe que mon cerveau fait très souvent des parallèles entre l’escalade et des choses qui n’ont rien à voir. Je trouve ça amusant et j’aime bien partager ces parallèles dans des articles. Si c’est bien fait – j’avoue que ça ne marche pas à tous les coups – ça peut apporter de l’intérêt et de la profondeur aux textes ou bien servir d’accroche. Mais ça ne concerne pas du tout seulement la littérature ou la philosophie (disciplines dans lesquelles je précise que je n’ai aucune prétention), ça peut être des films, d’autres sports, d’autres disciplines… J’ai même fait une analogie entre la recherche de la bonne cotation et les diagrammes de phases qu’on étudiait en Chimie. J’espère qu’un de ces 4 j’aurais l’occasion de l’expliquer dans un article !

– Que répondrais-tu aux gens qui jugent que tu possèdes un côté trop élitiste ?

Que j’en assume une partie. Par autodérision, je dis parfois que je n’arrive pas à trouver antipathiques des gens qui ont de la force dans les doigts ! L’excellence, quel que soit le domaine, est je trouve très intéressante, voire fascinante. Je ne serais pas capable de donner la source, mais je me souviens d’Adam Ondra disant que plus on monte en niveau, plus la pratique de l’escalade est intéressante parce qu’elle se complexifie. Je suis assez d’accord avec ça.
En ce qui concerne mes amitiés, par contre, je nie en bloc. Certes, vu que je passe tout mon temps à grimper, je suis forcément amené à fréquenter des gens passionnés et donc un peu forts, mais ce serait faire insulte à mes copains que de les apprécier pour leur niveau en grimpe. Je suis amis avec des gens parce que j’aime bien discuter avec eux, que je les trouve sympathiques, qu’ils me font marrer ou je ne sais quoi d’autre.
Autant l’excellence est assez fascinante, autant, quand on se met à bien connaître les gens, elle perd énormément en importance dans la relation jusqu’à finir par s’effacer presque complètement.

– Quelle est la plus grande démonstration d’escalade à laquelle tu aies assisté ?

De temps en temps, je vois des gens faire des trucs où je ne comprends même pas comment c’est possible. Allez, trois-quatre exemples pour le plaisir. L’échauffement d’Adam Ondra à Entraygues avant qu’il ne rate le flash dans “la Moustache qui Fâche”. Il faisait des 8a/b à vue (ou peut-être qu’il les avait déjà faits 10 ans avant) en randonnant tellement que je me suis dit sur le moment que même dans un 6c je me serais plus mis au taquet. C’était incroyable.
Autre exemple, la première fois ou j’ai mis les pieds à Oliana, Ramon a fait le 8c+ Joe Blau en randonnant complètement et en se reposant partout même dans les crux. Sur le moment il grimpait avec tellement peu de rythme qu’on a cru qu’il l’avait faite à vue, mais en fait on a appris qu’il avait mis une montée la semaine d’avant. Incroyable.
À Bleau, j’ai vu Charles à de multiples reprises faire des choses abracadabrantesques que j’aurais presque jugées impossibles si je ne les avais pas vues. Du genre des ouvertures flash ou en très peu d’essais de 8A sur 1 mouv dans lesquels personne d’autre ne bouge, ou bien des 7B dalle en basket en atomisant des grattons avec les ongles…
Un dernier pour la route. Dans le dévers à 65° de Blocage, le petit pan de Bleau, Nico Pelorson avait ouvert un bloc (prises rouges !) avec un mouvement de pure tenue et gainage qui me semblait ne pas marcher. Ce mouvement, Nico l’a réussi et même avec les 2 mouvs de mise en place. C’était vers le moment où il a fait Big Island assis et il était sacrément en forme. Les grimpeurs qui passaient à la salle et voyaient ce bloc pensaient même que c’était une blague tellement il avait l’air impossible.

“L”insoutenable” à Bleau (coll. Stephan Denys)

– Toutes choses étant égales par ailleurs, tu dois parier sur la personne qui décrochera la première du “Bombé bleu”: sur qui est ton argent ? Et la première répétition de “Silence”?

Les meilleurs profils pour faire cette voie sont à mon avis Alex Megos et Jakob Schubert parce qu’ils ont probablement le niveau de force de faire le premier pas de bloc, mais aussi suffisamment de consistance pour grimper le 9a qui suit avec de la sécurité. Adam Ondra, je sais que la voie lui fait peur parce qu’il a des gros doigts et que c’est un handicap dans ce style, mais je pense que s’il décide de s’investir il va la faire, d’autant qu’il a peut-être l’allonge pour faire la méthode de droite beaucoup plus facile. Dans les outsiders, les deux Nico, Pelorson et Januel, ont démontré qu’ils savent concrétiser de gros projets, et pourraient tirer leur épingle du jeu s’ils trouvent la solution du premier mouv. Je pense qu’un Simon Lorenzi s’il se motive peut avoir une chance, Charles aussi mais j’y crois pas trop…
Bref, je réponds maintenant à la question : si je dois en garder un, ce sera Megos, talonné par Ondra. Mais par contre, ça me ferait plus plaisir que ce soit un Français !
Pour “Silence”, pas facile non plus ! Je dirais Seb Bouin ou Stefano Ghisolfi, avec une petite option sur Seb.

– Tu essaies d’avoir une démarche écolo en privilégiant le vélo et le train pour te déplacements en falaise. Décris ton raisonnement.

Bigre, par où commencer ? En fait, il faut que je sois honnête : je ne fais quasiment aucun effort pour avoir un mode de vie écolo et je vais la plupart du temps grimper en voiture.
Je suis pourtant assez persuadé, comme pas mal de gens maintenant, qu’il faudrait que tout change pour des raisons écologiques. Mais je vois plutôt ça comme une transition politique, avec des centaines de milliers d’ingénieurs missionnés par l’état qui feraient des consultations populaires, réfléchiraient et aideraient à organiser la mise en œuvre d’une transition en urgence, pour essayer de diviser par 5 ou 10 la consommation générale d’énergie (fossile) tout en essayant de laisser aux gens la possibilité d’être à peu près libre et heureux. Par contre, je crois que c’est un énorme piège de penser que la solution viendrait des individus qui changeraient radicalement de mode de vie chacun dans leur coin. Ça n’a strictement aucun sens parce que la société est organisée de manière à ce qu’on doive choisir entre polluer et s’aliéner soi-même pour ne pas polluer. Il faut offrir un autre choix aux gens que ce dilemme affreux.
Cela étant dit, en attendant le tournant politique, je pense qu’il faut faire preuve de décence dans nos comportements individuels et ne pas se déresponsabiliser totalement non plus, d’autant que cela nous prépare à accepter l’idée d’un changement politique.
Quand la transition se fera, ça m’étonnerait beaucoup que notre modèle de grimpe en falaise puisse subsister tel quel. Plein de jeunes grimpeurs n’auront probablement plus de voiture individuelle, ou alors elles seront minuscules et rouleront à 50, ou alors on ne pourra plus faire autant de kilomètres mais je vois bien les trips train/vélo gagner en parts de marché dans les années à venir.
On en vient à ce pourquoi j’ai fait quelques trips de grimpe sans voiture : pour l’expérimentation. Je voulais voir si c’était bien, agréable, compatible avec la performance…
Je donne quelques résultats en vrac de ces expérimentations : le lendemain d’une journée de vélo, un corps pas trop entraîné n’est pas prêt du tout à perfer, le surlendemain ça va déjà mieux. Ça donne une dimension esthétique au trip (et aux performances si elles surviennent) qui est vraiment incroyable : ça augmente fortement la saveur de l’expérience. Ça demande un surplus de temps si c’est juste un trip vélo et d’argent si c’est train/vélo ce qui n’est pas compatible avec certains travails et certains budgets…
Bref, je trouve que c’est un sujet très intéressant, il y a plein de solutions à trouver et à mettre en œuvre, mais encore une fois, il faudrait vraiment un appui politique. Parce que même avec la meilleure volonté du monde, s’il n’y a pas de place dans les trains pour les vélos ou si la SNCF fait du pricing sur votre dos pour vous faire cracher le plus d’argent possible, eh bien vous ne pourrez rien faire d’autre que l’avoir dans l’os.

– Tu partages ta vie depuis quelques années avec Caroline Sinno, spécialiste de bloc. Comment s’organise votre équilibre de couple de grimpeurs ?

Caro, elle est au moins aussi fanatique que moi. Elle se met des énormes projets en bloc dans lesquels elle ne fait toujours pas les mouvs au bout de 10 séances, mais elle lâche rien et elle finit par réussir alors que personne n’aurait parié un centime sur elle au début. En fait, même si elle c’est en bloc et moi en voie, on a exactement la même approche de l’escalade : ce qui nous anime vraiment c’est le après travail très long. Du coup on se comprend. Moi je sais à quel point c’est important pour elle d’avoir de la parade dans ses projets donc je fais de gros efforts pour la soutenir. Elle, elle sait que j’ai besoins de faire souvent des trips falaise d’une ou deux semaines voire plus pour essayer du dur, du coup elle me laisse m’organiser comme je veux et ne me fait jamais culpabiliser même si parfois, pour elle comme pour moi, c’est pas facile de passer du temps sans se voir. Puis si elle n’a pas trop de travail avec Crimp Oil elle vient avec moi en falaise.

“A la limite de la rupture”, Supermanjoc (coll. Julia Cassou)

– Tu sembles davantage intéressé par la falaise et pourtant tu habites en forêt de Fontainebleau. Pourquoi ce choix ?

Bleau, c’est vraiment un choix de couple. Caro rêvait de rester habiter là, et moi, ça m’allait pas trop mal parce qu’à Bleau, quand tu as un emploi du temps un peu flexible, tu peux aller toucher le caillou même en semaine dès que tu as un petit créneau de 2 ou 3h. Et puis en habitant sur place, c’est très rare de prendre des buts météo en réalité. Et de toute façon, les salles sont bien pour s’entraîner.
En fait, c’est bête à dire, mais ce qui me manque en habitant là-haut c’est plus l’ambiance du Sud-Ouest. Les amis (même si j’en ai aussi à Bleau !), la famille, les départs groupés en falaise et les arrêts boulange du samedi matin…

– Les grimpeurs qui t’inspirent et pourquoi ? Qu’est-ce qui t’inspire chez un grimpeur ?

Il peut y avoir plein de choses qui m’inspirent chez des grimpeurs. Leur vision, leur mental, leurs qualités physiques, leur virtuosité… Du coup il y a plein de grimpeuses et de grimpeurs qui m’inspirent à leur manière. Mais il y en où ça va plus loin. Il y en a sans qui ma vision et mon approche de l’escalade auraient probablement été très différentes. Je vais citer en citer trois, les trois mêmes que lorsqu’Émilien m’avait posé la question pour l’interview d’Escalade9.
D’abord, Chris Sharma. Toujours imité, jamais égalé. Les first ascent de “Jumbo Love” et “Es Pontas”, avec en plus des films parfaits à la clef, sont à mon sens les trucs les plus cool qui ont jamais été fait en grimpe et j’ai l’impression que c’est, au moins inconsciemment, le modèle après lequel je cours…
Ensuite, il y a mon pote toulousain Pierre Trolliet. C’est lui qui m’a appris à réfléchir la grimpe à contre-courant, c’est-à-dire en ayant honte de réussir une voie facilement. C’est la leçon la plus précieuse qui m’a été donné en escalade.
Enfin, il y a Charles Albert. Je raconte déjà suffisamment cet ovni dans mes articles sur Grimper, mais ce qui est incroyablement inspirant chez lui, c’est sa capacité à se détacher complètement de la finalité d’une action pour se concentrer exclusivement sur la manière, sans jamais céder à la tentation de perdre en élégance pour un meilleur résultat. C’est vrai en grimpe, mais pour tout le reste aussi. S’il cuisine, par exemple, il va s’appliquer énormément pour le faire dans les règles de l’art, il va mettre toute son énergie à l’exécution parfaite de la recette. Et le résultat gustatif ne sera qu’une conséquence dont il ne se préoccupe qu’à la fin, au moment de manger.
Je n’ai pas du tout cette prétention à titre personnel, mais, grâce à Charles, c’est quelque chose sur laquelle j’aspire à progresser.

– Si il ne devait rester qu’une ligne en escalade (falaise/bloc/grande-voie/deep water), qu’est-ce que tu choisirais ?

Vue la réponse faite au-dessus, “Es Pontas” ou “Jumbo Love”, mais on va dire “Es Pontas”. Parmi les voies que j’ai enchaîné, je garderais Donkey Kong, 8c+ à Supermanjoc pour toute l’émotion qu’elle m’a procuré, autant dans le travail de la voie qu’au moment de clipper la chaîne. S’il ne fallait en garder qu’une, je garderais celle là.

– Quels sont les projets que tu aimerais mener dans le futur ?

Tout d’abord, il faut que je réussisse à finir “Fight or Flight”. Maintenant, après tout le temps que j’ai passé dedans et surtout après en avoir tellement rêvé, je ne peux plus abandonner ! Je pense que cette voie, en termes de difficulté, est probablement à la limite de ce que je serai capable de faire dans ma vie. Au moins dans ce style. Peut-être que dans une escalade un peu moins à condi je serai capable de faire un peu plus dur, mais là, j’ai vraiment l’impression de jouer à ma limite tellement l’effort est long, soutenu, et demande d’être très en forme dans toutes les filières en même temps. Je vais y aller en mars, j’espère que je serai suffisamment en forme et qu’il fera le plus froid possible avec le plus de vent du Nord possible (le vent du Nord, c’est presque un biscuit pour cette voie tellement ça aide).
Et sinon, avec le grimpeur toulousain Fabrice Landry, on a dessikaté (avec la bénédiction de l’équipeur Éric Siguier !) un vieux 8c+ de Supermanjoc, ce qui donne un nouveau projet dans ma falaise de cœur, naturel, exceptionnellement beau et je pense à peu près du même niveau que “Fight or Flight”, mais dans un style un tout petit peu plus haché qui me convient un poil mieux. Trouver une telle voie à Saint-Antonin, avec en plus un pote aussi motivé que moi pour l’essayer, c’est juste le rêve. Ce sera mon objectif principal cette année.

Photo de couverture : Arthur Delicque

Interview Lucien Martinez
Portrait (coll. Arthur Delicque)

ENGLISH VERSION

All those who have met and talked with him will confirm that Lucien Martinez is not a climber who leaves you indifferent. A friendly and open character, sometimes taking clear-cut positions, having a very personal and original approach of the sport, like his friends Charles Albert or Nico Pelorson, Lucien is an UFO in the French climbing scene. Long interview with him.

– You’re from the South-West of France, precisely Montauban. Can you introduce yourself and tell us about your beginnings in climbing?

Before Montauban, I lived in Toulouse until I was 8 years-old and that’s where I started climbing. My mother had enrolled my brother and me in a weekly class with Mathieu Gallot Lavallée. There were people at the gym who told me that Mathieu was super strong and that he had done an incredibly hard outdoor route that only three climbers had sent, and that one of them had said this route was an 8c+. At the time this story fascinated me, and I understood perhaps 10 years later that the route was in fact “Baston à la Maison” in Saint Géry (in the Lot), and that the climber who had suggested 8c+ was none other than Dave Graham.
However, I was not particularly gifted or even motivated at the time. My passion was rugby. I played rugby for three years and was super strong, much more than at climbing. Those who knew me at the time will be able to testify to this, even if I admit that it may seem hard to believe given my rather skinny physique now. Arriving in Montauban, there was no more spots at the rugby club, while at the same time the climbing gym was close to my house. There was a free access formula that allowed us to go alone in the evening after school, so I started going there more or less every evening. I started thinking only about that. I bid my time all day waiting to go back and try the boulders that had resisted me the day before. I was only looking to have fun, not to train at all, but I improved nonetheless and my level increased progressively in the next 2 or 3 years. At that time Hervé Peyre, our instructor, began to regularly take the club’s youngsters to the crag of Saint Antonin. He put top-ropes up for us, helped us choose routes, gave us advice and beta, told us stories about the lines and the climbers in the area… And by the by, perhaps helped by the fact that I never managed to beat my good friend François Kaiser (whom I hereby salute!!) in competition, I fell in love with rock climbing. At 13 or 14 I had become pretty much independent. I had a list of phone numbers of climbers I knew, and on Saturday evenings I would call them all one by one until I found someone to take me to the cliff.

– Once you graduated in agronomics, you dropped everything for climbing, why?

In my last high school year, I was more hungry for climbing than ever, more or less obsessed. But after my Bac (end of high school exam) I got into a Prépa (preparatory class) and could only squeeze in Saturday afternoons at the crag. I was extremely frustrated. I could see everyone grabbing hard ticks, improving, loving life and I was so envious. As soon as I got into my Engineering School I was able to climb more and spend the whole weekend outdoors, but it wasn’t that easy to juggle both so I still had to find some kind of compromise regarding climbing.

With my diploma in the bag, in actual fact, at first I had no desire to throw it all away, I just wanted to take a year off in order to focus 100% on the two lines that I was fantasising about, ‘Fight or Flight’ and ‘3 Degrees of Separation’. The idea was to send them before looking for a rather busy engineering job. The problem is that regardless of my motivation, my single mindedness and my attempts, I couldn’t send either. I realised two things. First, that to make my dreams come true I had to improve, and not just a little. Second, that climbing was my world, that I would never get bored of it and it’d be silly not to work in climbing given all the above. I thought long and hard about what to do and in the end decided to give journalism a go, with the safety net of going back to engineering if it didn’t work out. Overall I feel at home where I am now, I do something I’m passionate about and I think I bring more with my job at Grimper (main French climbing magazine) than I would have an engineer.

– You were interested in high level climbing very early on. Why does this subject particularly interest you?

Oh my God, you’re asking me to do my own psychoanalysis ! High difficulty in climbing has, I find, something fascinating. It has its mysteries, gossip, rivalries, epic fights lasting several years, climbers who manage to perform incredible feats by being very clever, first ascents that are akin to Grail quests with several protagonists… All of this, and that’s what’s incredible, without any official framework!

– You’re very interested by grades, and you think that the slash shouldn’t exist, why?

I don’t know if I’ll manage to explain myself but I’ll give it a shot! What little recollection I have of my preparatory class time is that grades are a discretisation of a continuous whole. Meaning that a grade is no way near a precise value for the difficulty of a route, rather a range. If we take the notion of a ‘grading scale’, we must understand that a grade, say 7a, is not a rung but the space between two rungs, where the rungs represent the limits between 7a and 7a+ at the top, and 7a and 6c+ at the bottom. If we say that a route is 8c+/9a, it cannot mean that its difficulty is located bang on the rung separating 8c+ from 9a, because it’s mathematically impossible (the probability that the difficulty of a route lies right on a rung is zero, cf. my math classes). To say that a route is 8c+/9a implies adding a new gap between 8c+ and 9a in the grading scale. To use slash grades is to accept the rejigging of all the rungs on that scale (as well as adding some) in order to make way for new ones and effectively double that number. Nothing forbids it, but it would entail a reassessment of the grade of each line. The hard 8a would become 8a/+, the easy 8a+ likewise and so on and so forth for all the routes in the world.

On top of this issue, I think that the current level of accuracy in the grading scale is not that bad, and that it’s already tricky getting a consensus. It’s therefore not that pertinent to shuffle everything around by doubling the current number of grades.

But, for there is a but, I am not against slashes in their two original uses. At the beginning, they weren’t used to add a grade to the scale, but to express a doubt between two grades, thereby leaving repeaters to refine it. I think this is a good use of the slash, and that’s why when I repeat a slashed route I try to give my opinion with the most honesty and openness possible.

The other use of the slash, historically, and which is also interesting (I know it was for instance the case for the Saint Antonin topo) had to do with morphology-dependent routes: it gave an inkling that the route wasn’t the same difficulty for everyone.

Interview Lucien Martinez
Climbing in Font – Red Rocket (coll. Stephan Denys)

– As a climber, you are particularly stubborn on extreme redpoint projects such as “Fight or Flight”. Why try to push your limits all the time?

Well, this question points to a huge problem. For me, it works like a quest with twists and turns and an uncertain end. A hard route that makes me dream, it’s a Grail that I’m trying to reach. I dunno if I’ll get there, but I dream of it, sometimes even literally. And I want to give it my all to succeed.
It’s all very well on paper, but from the moment you accept the fact of really wanting to do very hard things, you tie yourself up to them…

We can no longer go climbing wherever, whenever because we are enslaved to our goals and our training. We no longer see climbing other than through the prism of our quest, to the point that we forget the fun, precisely what made me love climbing in the first place. I don’t like being a monomaniac, not at all. There are plenty of other sports that I love and that I unfortunately no longer practice, not to mention requests from friends that I decline… But you can’t have everything. Wanting to do “Fight or Flight” while remaining open, free, practicing lots of other sports and taking the time to make beautiful Climbing magazines, I know very well that it’s not possible for me. So for the moment, I’m staying fully focused on performance, but I’m very torn because I don’t really like this state of rigidity in which I find myself in.

– In the last few years, instead of repeating famous hard routes you’ve turned to local crags, with unusual first ascents and repetitions (“Beyond”, “3 degrees”, “FFF”, “Hugh”…). Is it planned?

If I invest myself in a route, it has to have a particular meaning, through its history, its location and whatever else… For ‘FFF’, it’s clearly not a beautiful line but it’s located in Supermanjoc, my childhood crag, and for years I walked past it, looking up, telling myself it would impossible. For ‘Hugh’ the mystery attracted me, I was very curious to get my fingers on it and see what was what. For ‘Beyond’, the route was nice and in my style. For ‘3 Degrees’ it had been a dream ever since watching Sharma’s video, one of the very best. Getting to Ceüse more than 10 years after watching it, catching a glimpse of the three yellow tufas at the start as you walk up the last steep part of the path, touching the holds for the first time, trying the moves wondering if they are like what I imagined, then throwing attempt after attempt before finally succeeding… All this was an incredible experience, and so much nicer than for a route without context, without Sharma’s video and the dozen viewings, aged 12, mouth agape in front of my dad’s computer screen.

For short, it’s not that I don’t want to repeat the more fashionable lines, on the contrary I like it, but other contextual elements such as the mystery or the South-West crags also matter in the routes I decide to focus on. For me, the most important is what has meaning for me.

What’s your vision of climbing in France for 2022?

I imagine that this question could be approached from many different angles (gyms, management of crags, climbers etc.) but the only one for which I think I have something interesting to say concerns the high level in rock climbing: in my opinion France is once again becoming the center of the world, as it was at the end of the 90s and the beginning of the 2000s, before Sharma moved it by living in Catalunya. We have all the routes by Seb Bouin (at La Ramirole but not only) which are extremely huge and from which Ondra, Megos, Schubert and Ghisolfi will not be able to avoid forever… And in addition we have Céüse and Saint-Léger with lots of new extreme routes and major projects everywhere. We have been witnessing a new dynamic in France in the last 2-3 years and I am betting that this trend will increase and the decade of the 2020s will be the one of France, like that of the 2010s (and the end of the 2000s) was for Catalunya.

– What do you think about the climbing press in general, and particularly the climbing websites?

Paradoxically, I find the web press is doing quite badly because it’s vampirized by Instagram. Before, when you were writing for Kairn.com some years ago, we were eagerly awaiting news of the new sends because that was really where we learned what was going on. Now, instagram has stolen the show and almost all the key information in our small world arrives there first. And we, the media, find ourselves forced to summarise by reformulating the “official press releases” that the athletes publish on Insta, or to ask them for interesting details, but in any case it’s on Instagram that the info comes first. The usefulness of the web press then becomes a kind of funnel of social networks that filters information and performances by importance to its readership. It’s still interesting because not everyone follows what’s happening on Instagram, and so there are a lot of people who still learn a lot of things from the web press, but it’s not quite the same anymore

– The advent of social media has revolutionised and sped up the sharing of information. Is it good or bad? What is your take? And how do you use them?

As my previous answer suggests, I am in complete agreement with your statement! I tend to say that it’s neither good nor bad, but that is it what it is and we have to make-do. Yet I’m going to allow myself a slight criticism. The social media logic is strongly biased towards self-promotion. You have an account and share your exploits with more or less subtlety. I think that a system forcing people to sing their own praises to exist has a problem. At any rate it does bother me, even if I follow a number of accounts with pleasure and would be sad to see them go!

As for me, I’m only on social media to keep up-to-date and see what others share, I never do. But I am aware that if I didn’t make a living with Grimper and had to find my feet as an independent journo, or if I’d tried to become a pro climber, I would probably not be able to skip the self-promotion on social networks.

Interview Lucien Martinez
FFF, Supermanjoc (coll. Sam Bié)

– We often hear that paper magazines are not doing very well. Since you started, what are your satisfactions and also the pitfalls that you have encountered or still encounter as a journalist?

Here, however, I don’t agree with this statement! As far as climbing is concerned, the paper press seems to me to have everything needed to do pretty well. I’m thinking in particular of photos. Climbing photography is something rich and aesthetic and is working very well. There is the climber, his/her face, position, the holds, the shape and the colors of the rock, the landscape… Besides, there are quite a few photographers who are passionate and super good. It would be too bad if all the beautiful climbing photos no longer or almost no longer existed except for screens. For the texts too, I believe that on paper we can stand out from the web by making, for example, somewhat complete topics like those of Grimper for Céüse and Fontainebleau, but also by providing fairly complete background analyses on historical themes.
Obviously, as far as fresh news are concerned, it happens a month later or even more with paper magazines, so the battle is lost in advance, but I believe that there remains and will remain a big opportunity for the paper, because by playing on the angle of quality, paper magazines bring things that the web doesn’t. But that’s up to us to prove it by producing beautiful (and interesting!) magazines.
Concerning satisfactions and pitfalls, it will soon be 3 years since I’ve made editor-in-chief of Grimper so there have necessarily been things that have worked more or less well. There is one thing in particular that people don’t necessarily realise, it is the multiplicity of issues when you release a magazine. We want the reader to be happy and make people dream, we want the issue to sell well, of course, but we must also avoid at all costs sowing discord in the territories we are talking about by forgetting, for example, to involve such bolter or climber who has given their passion and their time on the crags concerned, or by not raising the issue of sectors threatened with a ban, and so on. It’s almost impossible to tick all the boxes, but it’s very satisfying when, for certain issues, you can get close. At the same time, it’s disappointing when you can’t.
And if not, I would like there to be a little more humour and derision in magazines, but I still haven’t found a suitable formula… Gilles, if you’re reading this interview and you want to take up the fake covers, the door is wide open!

– In your writing, we can often feel something vaguely literary/philosophical, can you tell us more?

Yes I can. In fact, it’s not really out of a particular interest for literature or philosophy, it’s much more wide-ranging. I’m so conditioned to thinking about climbing that my brain often finds parallels between climbing and things that are completely foreign. I find it amusing and like to share them in my articles. If it’s well done-I’ll admit it doesn’t always work-it can add to the interest and the depth of my writing, or just serve as a hook. But it doesn’t only concern literature or philosophy (areas in which I want to stress I have zero ambitions), it can be movies, other sports or disciplines… I’ve even made a comparison between grades and the tables we used to study in Chemistry… I hope that one day I’ll have the opportunity to explain myself in an article!


– How would you answer people who think you have too elitist an approach?

That I take part of it. In self-mockery, I sometimes say that I can’t find people who have strong finger power unsympathetic! Excellence, whatever the field, is very interesting, even fascinating. I wouldn’t be able to give the source, but I remember Adam Ondra saying that the higher the level you reach, the more the practice of climbing is interesting because it becomes more complex. I pretty much agree with that.
As far as my friendships are concerned, on the other hand, I totally deny it. Honestly, since I spend all my time climbing, I’m used to associate with people who are passionate and therefore a bit strong, but it would be an insult to my friends to appreciate them for their level in climbing. I’m friend with people because I like talking to them, I find them friendly, they make me laugh or whatever.
As much as excellence is quite fascinating, when you get to know people well, it loses a lot of importance in the relationship until it ends up disappearing almost completely.

– What’s the most outrageous climbing feat you’ve been privy to?

From time to time, I see people do stuff that I don’t even understand are possible. Ok, so 3-4 examples for the fun of it. Adam Ondra’s warm-up at Entraygues before missing out on the flash of ‘La moustache qui fâche’. He was onsighting 8a and 8b (unless he’d climbed them 10 years previous) with such ease I thought I’d get more pumped climbing a 6c. It was incredible.

Another example, the first time I set foot in Oliana, Ramon chilled his way up Joe Blau (8c+) resting everywhere, even in the cruxes. Because the rhythm of his climb was so broken we thought at the time he was onsighting it, but we learnt that he’s gone up it once the week before. Insane.

In Font, many times I saw Charles Albert do things so out of this world I would have called them impossible without having been a witness. Like flash FAs or in a handful of runs of 8A on a move that no one else can get anywhere near, or 7B slabs in trainers by simply annihilating miserable grains of sand with his nails…

A last one for the road. In the 65° overhang of Blocage, the small ‘gym’ in Font, Nico Pelorson opened a boulder (red holds) with a move of pure crimping and core strength that seemed to me not to work. Yet Nico managed to do it, and even adding the two moves prior. It was around the time he made Big Island sit and he was a monster. The climbers who passed by the gym and saw his boulder thought it was so impossible as to be a joke.

– All other things being equal, you have to bet on the person who will free the “Bombé bleu” first: who is your favorite? And for the first repeat of “Silence”?

The best profiles to do “Bombé bleu” are in my opinion Alex Megos and Jakob Schubert because they probably have the level of strength necessary to solve the first boulder crux, but also enough resistance to climb the 9a that follows with safety. Adam Ondra, I know that the route scares him because he has large fingers and that’s a handicap in this style, but I think that if he decides to get involved he’ll do it, especially since he may have the ape index to be able to choose the easier starting beta to the right. For the outsiders, the two Nicos, Pelorson and Januel, have demonstrated that they know how to tick big projects, and could send it if they find the solution for the first move. I think that Simon Lorenzi, if he motivates himself, stands a chance, Charles too but I don’t really believe it.
In short, I’m now answering the question: if I have to keep one guy, it will be Megos, followed by Ondra. But on the other hand it would make me happier if it were a Frog!
As regards “Silence”, not easy either! I would say Seb Bouin or Stefano Ghisolfi, with a small advantage to Seb.

Interview Lucien Martinez
Brushing in Font (coll. Arthur Delicque)

– You’re trying to have a greener approach to climbing by favouring bicycles and trains to go cragging. Can you expand for us?

Phew, where should I start?! In fact, I have to be honest here: I make very little effort to be greener, and most of the time I drive to my crags.
Yet I am quite convinced, as many others now, that all this needs to change, for ecological purposes. But I see it mostly as a political transition, with hundreds of thousands of engineers tasked by the government to survey the people, to think and help organise the urgent transition in order to divide by 5 or 10 the overall consumption of fossil energy while giving people the opportunity to still be free and happy. On the other hand, I believe it’s an enormous trap to think that the solution will come from individuals who would radically change their modus operandi in isolation. It makes no sense because society is organised in such a way that people have to choose between pollute and deny themselves in order to stop polluting. What must be offered people is another choice than this awful dilemma. Having said that, as we wait for this political shift, I think that we must show decency in our personal behaviours and not think we can’t do anything either, if only because it prepares us to accept the idea of a political sea change.

When this transition will take place, I’d be surprised if our current outdoor climbing model could survive. A lot of young climbers probably won’t have a private car, or they’ll be tiny and only do 50 kph, or we won’t be able to drive as many kilometres; so I do see the train/bicycle trips gaining in popularity in years to come.

Which brings us back to why I tried a few trips without cars: for the sake of experimentation. I wanted to know if it was nice and compatible with performance… Let me give you a few personal conclusions: the day after a day on the saddle, a body that is not so trained for it is not at all ready to perform, but two days after it improves. It adds a certain aesthetical dimension to your trip (and to the sends if they happen) that is truly magical: it strongly increases the flavour of the experience. It also requires added time if it’s only by bike, and money if a combo train/bicycle that is just not compatible with certain budgets or jobs…

In short, I think it’s a great topic, there are a lot of solutions to be found and put in place, but again, what’s really needed is political support. Because even with the best will in the world, if there’s no room on trains for your bicycle or if the SNCF (train company) decides to make money out of you, well there’s nothing you can do can you!

– You’ve been in a relationship with Caroline Sinno, a bouldering addict, for a few years now. What does the life of a high flying climbing couple looks like?

Caro, she’s at least as fanatical as me. She invests herself a lot on huge bouldering projects in which she still does not move after 10 sessions, but she never gives up and often ends up succeeding when no one would have bet a penny on her at the beginning. In fact, even if she is only bouldering and I’m mostly rock climbing, we have exactly the same approach: what really drives us is the very long redpoint projects. So we understand each other. I know how important it’s for her to have a spot on her projects so I do my best to support her. And on the other hand she knows that I often need to do rock climbing trips of one or two weeks or more in order to try hard, so she lets me organise myself as I want and never makes me feel guilty even if sometimes, for her as for me, it’s not easy to spend time without the other. Then if she doesn’t have too much work with Crimp Oil she also comes with me at the crag.

– You seem more interested by rock climbing and yet you live in the forest of Fontainebleau, far from the crags. Why this choice ?

Font is really a couple’s choice. Caro was dreaming of living there, and me, it didn’t suit me too badly because in Font, when you have a somewhat flexible schedule, you can go and touch the rock even during the week as soon as you have a little time slot. 2 or 3 hours. And then by living there, it is actually quite rare to be turned down by the weather. And anyway, the gyms are good for training.
In fact, it may be silly but what I miss living up there is more the atmosphere of the Southwest. Friends (even if I also have some in Font!) family, group start for the cliff, and Saturday morning bakery stops…


– Which climbers inspire you and why? What inspires you in a climber?

There can be lots of things that inspire me in climbers. Their vision, their mind, their physical qualities, their virtuosity… So there are plenty of climbers who inspire me in their own way. But there are some where it goes further. There are some without whom my vision and my approach to climbing would probably have been very different. I am going to quote three of them, the same three as when Émilien asked me the question for the Escalade9 interview.
First, Chris Sharma. Always imitated, never equalled. The first ascents of “Jumbo Love” and “Es Pontas”, and perfect films, are in my opinion the coolest things that have ever been done in climbing and I have the impression that it’s, at least unconsciously, the model I go after…

Then there is my buddy from Toulouse Pierre Trolliet. It was him who taught me to think about climbing against the current hype, and to put my limits further, for example by being ashamed of succeeding in a route easily. This is the most valuable lesson that has been given to me in climbing.
Finally, there is also Charles Albert. I already tell enough about this UFO in my articles on Grimper Magazine, but what is incredibly inspiring about him is his ability to completely cut himself off from the finality of an action and focus exclusively on the move, without falling into the temptation to lose elegance for the sake of a better result. This is true in his climbing, but for everything else too. If he cooks, for example, he will apply himself enormously to do it according to the rules of the art, he will put all his energy into the perfect execution of the recipe. And the taste result will only be a consequence that he only cares about at the end, when eating.
I cannot claim any of this personally but, thanks to Charles, it is something on which I aim to improve.

– If there was only one climbing line left (route/boulder/multipitch/deep water), which one would you choose?

According to the answer made above, “Es Pontas” or “Jumbo Love”, but I will choose “Es Pontas”. Among the routes I have sent, I would keep “Donkey Kong”, 8c+ at Supermanjoc for all the emotion it gave me, both during the work on the route and when clipping the chain. If I had to keep only one line, I would keep this one.

– Which projects would you like to accomplish in the future?

First of all, I have to manage to finish “Fight or Flight”. Now, after all the time I’ve spent on it and especially after dreaming about it so much, I can’t give up! I think this route, in terms of difficulty, is probably at the limit of what I will be able to do in my lifetime. At least in this style. Maybe on a climb slightly less condition-dependent I’ll be able to do a little harder, but here, I really feel like I’m playing at my upper limit as the effort is so long, sustained, and requires me to be very fit in all aspects at the same time. I’m going to go back again on it in March, I hope I’ll be in good enough a shape and that it will be as cold as possible with as much North wind as possible (the North wind is almost a big help for this route).
And otherwise, with Fabrice Landry, we got rid of some sika holds (with the agreement of the bolter, Éric Siguier!) on an old 8c+ of Supermanjoc, which gives me a new project at my beloved crag, natural, exceptionally beautiful and I think pretty much of the level as “Fight or Flight”, but in a slightly more bouldery style which suits me a bit more. Finding such a route in Saint-Antonin, with a friend as motivated as me to try it, is just a dream. This will be my main goal this year. for sure!

Cover Pic: Arthur Delicque

Interview Lucien Martinez
Portrait (coll. Arthur Delicque)





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Video: Ciudad de Roca, Cuenca

25 janvier 2022 à 17:50

Video Ciudad de Roca : plus d’une heure d’escalade à Cuenca, un des spots historiques et particulièrement majeurs de l’escalade en Espagne, en compagnie d’Alex Garriga et de ses amis. Le potentiel est particulièrement important ici, et la vidéo montre quelques classiques dures dans le 8ème degré de la falaise, avec entre autres l’incroyable casquette d'”El Cavario del sicario”, ou encore les 8a+ de “Moloko Mix” ou “Public Enemy”. Nous avons aussi droit aux dernières horreurs du coin avec le très à doigts “Malleus Maleficarum” (9a+, première ascension par Alex Garriga en 2021) et sa variante de départ “Cordia Maleficarum” (9a) et enfin l’impressionnant plafond de “Marillion” (9a).
Amateurs de trous et de fermetures de forains, vous voilà comblés !

Video Ciudad de Roca : more than an hour of climbing in Cuenca, one of the historic and major sportclimbing places in Spain with Alex Garriga and his friends. Potential here is huge, and the video shows some hard classics in the 8th degree of the crag, with among others the incredible “El Cavario del sicario”, or even the 8a+’s “Moloko Mix”, “Public Enemy”, but also the latest horrors of the crag with the very fingery ” Malleus Maleficarum” (9a+, first ascent by Alex in 2021) and its right start variant “Cordia Maleficarum” (9a) or the impressive roof of “Marillion” (9a).
Lovers of pocket climbing and overhang, you would be happy!

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