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Seb Bouin répète Change ! – Seb Bouin repeats Change!

8 août 2022 à 12:30

Après “Nordic Marathon” et de nombreuses coches dans le 9a/+ qu’on ne vous relaye même plus Seb Bouin vient de parachever avec panache son trip Norvégien avec la 3ème ascension de “Change” à Flatanger à son dernier essai du séjour ! Connu comme le premier 9b+ mondial en 2012 après la première ascension de Adam Ondra la décotation de “Chilam Balam”, la voie avait été répétée par l’italien Stefano Ghisolfi en 2020. Sans se prononcer pour l’instant sur le niveau de la voie, voici ses confidences laissées sur les réseaux.

“Après avoir réalisé indépendamment la première et seconde partie mon objectif était d’essayer la voie entière. Le problème était qu’il me restait 4 jours de grimpe avant de rentrer à la maison.
Je ne savais si ce serait assez pour réussir l’intégrale. Mon corps commençait à être fatigué par la grotte. Je me sentais fatigué du séjour, mais je voulais jouer le jeu jusqu’à la fin.
Le premier jour, les conditions étaient horribles, pas mal de prises clé étaient mouillées. j’ai décidé de ne pas grimper et d’attendre le jour suivant.
Le 2ème jour, c’était toujours humide, mais les prises clé étaient un peu plus sèches, mais l’humidité ne me donnait pas confiance. J’ai quand même décidé d’essayer la voie. C’était difficile d’attendre plus longtemps sachant que j’allais partir bientôt. J’ai réussi la première partie, je me suis beaucoup reposé au début de la seconde longueur, j’ai passé le crux en traversée, et je suis tombé juste après au second crux. Les prises étaient vraiment trempées.

Le 3ème jour, je me suis senti fatigué de ma tentative de la veille et je n’ai pas très bien dormi. Je ne pensais pas grimper, je voulais attendre d’être prêt. Je me suis rendu à la grotte pour voir les condis et assurer ma copine dans sa voie. Les conditions étaient exceptionnelles ! J’étais un peu timoré dans mon esprit. Dois-je essayer et tirer avantage des condis ? Ou dois-je attendre d’avoir récupéré pleinement ? J’ai finalement décidé d’essayer la voie. Je volais littéralement sur les prises grâce aux bonnes condis. C’était tellement différent de la veille. Je suis content de dire que je n’ai pas fait d’erreurs, avec la croyance que je pouvais le faire, et ça l’a fait ! Je ne suis pas un habitué du dernier essai, mais là cette fois c’est arrivé !
J’ai réalisé la voie avec des genouillères comme le précédent ascensionniste, Stefano Ghisolfi.
Plus d’infos à venir sur le trip en entier, et une comparaison entre “Change”, “Nordic Marathon” et “Move”.

Photo : Marco Müller

After “Nordic Marathon” and numerous sends in the 9a/+ that we didn’t mention anymore, Seb Bouin just finished his glorious stay here with the 3rd repeat of “Change” at his last try of the trip! Known as the first 9b+ of climbing history with the first ascent by Adam Ondra in 2012 and the downgrade of “Chilam Balam”, the route was repeated by Italian gun Stefano Ghisolfi in 2020. Without giving his opinion yeat regarding the grade, here is Seb’s comment left on social media.

“After sending pitch 1 and pitch 2 independently, my goal was for sure trying the entire route. The only problem was I only had four more days, before my departure to come back home.

I didn’t know if it would be enough for the entire route. My body started to feel crushed by this cave. I felt tired from the trip. But I wanted to play the game until the very end.

Day 1, the conditions were terrible. It was humid and wet. A lot of the key holds were wet. I decided to not climb and wait for the next day.

Day 2, it was still humid, and key holds were a bit dryer, but the humidity didn’t give me confidence. I decided to try the route anyway. It was difficult to wait much longer, knowing I had to leave soon. I passed the first pitch, rested a lot before pitch 2. Then passed the first traverse crux on Pitch 2, and fell straight after that on the second crux. The holds were really humid and almost wet.

Day 3 (August 5th), I still felt really tired from my attempt on the previous day, and I didn’t sleep well during the night. I wasn’t planning to climb – I wanted to wait until I felt ready. I went up to the cave to check out conditions and belay my girlfriend on her route. The conditions were exceptional! I was torn in my mind. Should I try it and take advantage of the conditions? or should I wait until I knew I was fully recovered? I finally decided to try the route. I was literaly flowing through the holds, due to the good conditions. It was so much different than the day before.

I am happy to say that I made no mistakes and felt the belief that I could make it to the end, and I did! I am not usually a ‘last day, last try’ kind of guy, but this time it happened.

I climbed the route with kneepads, like previous ascensionist Stefano Ghisolfi.

More posts to come regarding the global trip, and comparaison between Change, Nordic Marathon, and Move.”

Pic: Marco Müller

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Video: Victor Guillermin, Moksha, 9a

1 août 2022 à 20:28

Après “Estado critico” cet hiver, le jeune grimpeur Normand Victor Guillermin réalise son second 9a au Pic St-Loup cet été avec la king line de 50 mètres “Moksha” 9a. Retour en vidéo sur la voie.

After “Estado Critico” last winter, the young French gun Victor Guillermin ticked his second 9a with “Moksha” the famous 50 meters king line located at Pic St-Loup cave, France.

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Video: Lucien Martinez & Fabrice Landry, Memorial GS, 9a

14 juillet 2022 à 13:08

On avait évoqué le sujet il y a quelques semaines, Lucien Martinez et Fabrice Landry ont dépoussiéré et débarrassé la voie de St-Antonin “Memorial GS” de ses prises en sika pour proposer une base de rési physique de plus dans le mur de la mort de Supermanjoc, qui dispose maintenant d’une bonne tripotée de voies extrêmes naturelles. Illustration en images avec ce nouveau 9a !

A few weeks back, we published a dedicated article about how Lucien Martinez and Fabrice Landry gave a hard route called “Memorial GS” a refresh. They got rid of the sika-glued holds on the route located at Supermanjoc, St-Antonin Noble Val, France, and freed it anew. The result is a new 9a and a renewed extreme challenge on the crag’s wall of death. Check out the video below!

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Mattéo Soulé libère Sonawolf 9a – Mattéo Soulé frees Sonawolf 9a (+video)

9 juillet 2022 à 15:34

Un des jeunes prodiges du Sud-Ouest Mattéo Soulé (15 ans) vient encore de frapper à la maison sur le spot de la Verrière (Aveyron) en libérant “Sonawolf” 9a, une connexion entre le 8c de “Sonatine” et le projet extrême des lieux qu’il convoite sur le long terme, “Black Wolf”, qui pourrait avoisiner le 9b. Mattéo avait déjà réussi ce printemps une répétition de “La guerre des nerfs” (9a) sur le même site, et proposé une première ascension de niveau globalement similaire dans les gorges du Tarn avec “Dieu merci” à Tennessee en 2020. Mattéo donne des précisions sur “Sonawolf” et des détails sur l’ascension, avec en bonus la section finale de la voie en vidéo.

“Sonawolf” combine le 8c “Sonatine” et le projet “Black Wolf”. “Sonatine” c’est un début en 7b où tu arrives à un repos total avec un genou où tu peux lâcher les 2 mains. Ensuite il y a quelques mouvements un peu physiques mais pas très durs et là tu arrives au crux sur des inversées à remonter, une section très physique avec un mouvement sans retour pour dynamiser à un bon tri vertical. De là il faut continuer sur quelques mouvements moins durs pour rejoindre “Black wolf”, où il y a un gros mouvement pour aller chercher une grosse écaille inversée qui fait mal, complètement à l’horizontale. On trouve ensuite le “repos” de la voie pour arriver enfin au crux, le début n’est pas si dur, il faut juste trouver les bons placements, avec une magnifique pince lisse, une micro arquée mais bizarrement qui tient bien, un trou correct et c’est là que ça envoie. Ma méthode originale c’était prendre un plat moyen, ramener sur un tout petit mono d’une demie phalange, relancer à une petite colo qui a cassé (donc ça fait une réglette que tu peux pas trop arquer) et là faire un bon dynamique pour aller chercher une réglette plate à la lèvre du dévers. Normalement c’est fini mais tu fais encore 3 mouvements pour rétablir totalement sur des prises loin et plates. En gros ça consiste à faire un 8c d’approche, une légère décontraction physique et pour finir un gros 7C bloc.

Je connaissais déjà les sections, j’ai donc rapidement mis des essais et je suis arrivé à cette grosse écaille mais impossible de me reposer, j’étais mort et je suis tombé 1 mouvement après. Au fur et à mesure des essais j’ai réussi à transformer ce 8c d’approche en une base que je faisais à tous les coups et qui me coûtait de moins en moins, mais ça ne changeait pas grand chose, je n’arrivais toujours pas à me relâcher à cette écaille. J’ai donc travaillé le repos en partant de quelques mouvements avant et petit à petit j’ai réussi à imposer mon rythme à ce début de voie et au repos, et puis un jour mon essai arriva jusqu’au dynamique final. C’était incroyable de faire cette grosse avancée dans la voie et tous mes essais suivants remontaient jusque là-haut. Au bout d’une dizaine d’essais à tomber là-haut j’ai essayé une autre méthode : ne plus prendre le mono, relancer à la colonnette et dynamiser avec la main plus basse, chose qui était donc bien plus rapide. Avec cette nouvelle méthode il ne m’a fallu que 3 essais pour parvenir à faire ce dernier mouvement dur. Tout le début de la voie j’étais rando, le 8c ne m’avait pas beaucoup fatigué, je n’ai jamais été aussi bien au repos et quand je suis parti j’avais la hargne d’aller pour une fois plus haut. Tout le crux s’est déroulé à merveille et lorsque j’ai eu le plat du dynamique je n’avais pas la sensation d’avoir énormément forcé, mais j’ai paniqué et d’un coup j’ai senti la fatigue me tétaniser les bras et les 3 derniers mouvements m’ont parus extrêmes. Je n’arrivais pas à me placer, mon corps était en arrière, mes mains s’ouvraient toutes seules mais je ne voulais absolument pas tomber et de prise en prise en rampant j’ai réussi à me hisser jusqu’à la chaîne. Il y a longtemps que je n’avais pas fourni un effort aussi puissant et énergétique, j’étais au bout du bout ! Je pense donc que ça fait 9a car je n’ai jamais rien fait d’aussi dur. J’ai mis beaucoup d’essais, mon investissement a été long et un 8c suivi d’un 7C+ bloc avec pour repos une inversée pendu dans le dévers ça ne peut pas être que 8c+ de mon point de vue.”

Photo de couverture : Pierre Soulé

Mattéo Soulé Sonawolf
Photo: Pierre Soulé

One of prodigies from South-West of France, Mattéo Soulé (15 years old) just striked again in his home crag, La Verrière, Aveyron with the first ascent of “Sonawolf” 9a, a link between classic 8c “Sonatine” and extreme project “Black Wolf” which could be around 9b…Mattéo already ticked in the same crag “La guerre des nerfs” this Spring and also proposed a first ascent of this range with “Dieu merci”, Gorges du Tarn in 2020. Mattéo gives details about the route and his send, with a video of the final part of the route as extra.

“Sonawolf” is a link between “Sonatine” 8c and the “Black Wolf project”. “Sonatine” starts with an 7b, a total rest with one kneebar where you can leave both hands then there are some moves a bit physical but not very hard and there you arrive at the crux, very physical on underclings with a deadpoint move to a good trifingerpocket. From there you have to continue on a few less hard movements and finally to reach “Black wolf” there is a big movement to get a large undercling. This is the “rest” of the route and you finally arrive at the final crux, the beginning is not so hard you just have to find your right betas, with a magnificent thin pinch, a little crimp, a correct pocket and from there the business starts. My original method was to take a sloper, bring it back to a very small mono of a half phalanx, go again to a small tufa which broke so it makes now a kind of crimp and you ends with a good dyno to get a slopy rail at the lip of the overhang. Normally it’s over, you still do 3 large movements on slopy holds as mantle to the anchor.

I already knew the sections, so I quickly put some tries and I arrived at this big undercling but impossible to rest I was dead and I fell 1 move after. As the goes progressed I managed to make this 8c approach more easily. It cost me less and less but it didn’t change much : I still couldn’t relax myself at this rest. So I worked on the rest starting from a few moves before and little by little I managed to impose my rhythm on this beginning of the route and at rest, and then one day my try arrived until the final dyno, it was incredible this big step forward and all my following goes went all the way up there. After about ten tries to fall up there, I tried another beta: no longer taking the mono and going again on the tufa from the lower hand, which was therefore much faster. With this new beta it only took me 3 tries to achieve this last hard move. The whole start of the route I was very easy, the 8c hadn’t tired me much, I’ve never been so good at rest and when I left I had the anger to go higher for once. The whole crux went perfectly and when I sticked the sloper of the dyno I didn’t feel like I had forced a lot, but then I panicked and suddenly felt tired with flash pump and the last 3 movements seemed extreme to me. I couldn’t get into position, my body was shaking, my hands opened on its own but I absolutely didn’t want to fall and from hold to hold I managed to reach the anchor. It’s been a long time since I’ve made such a powerful and energetic effort, I was pushing away my limits.

So I think it’s 9a because I’ve never done anything hard like this and I tried a lot and my investment was long. An 8c followed by a 7C+ boulder with an hang- rest on underclings on the overhang can’t only be 8c+ in my opinion.”

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Nicolas Moineau, toujours à fond ! – Nicolas Moineau, always at full throttle!

7 juillet 2022 à 13:01

Nicolas Moineau, champion du Monde déficient visuel en 2012, s’est retiré des compétitions pour se consacrer à la falaise. Après plusieurs croix les années précédentes, Nicolas vient de concrétiser, une douzaine de séances, sur sa falaise fétiche de St-Géry dans le Lot, avec la réussite de “La société des loisirs”, un 7c de 40 mètres en léger dévers et bien rési. Voici son retour :

“12 séances c’est peu compte tenu de la cotation, c’est seulement ma 3ème voie dans le 7c/7c+. J’avais accès à la voie par le haut ce qui a grandement facilité et raccourci la phase de repérage et j’ai pu taper des essais assez rapidement… Le style me convenait bien en plus. J’ai dû passer au moins 5 ou 6 séances à trouver ma méthode pour passer en statique dans la section la plus dure. C’était une pure “méthode d’aveugle” à base de grand écart, d’ajout de mouvements etc. Tout cela afin d’éviter un mouvement dynamique et de prendre une porte. C’est assez typique de ce que je fais en général…. Par contre mes méthodes dans les 5 premiers mètres de la voie ont été pas mal changées au cours du processus, et c’est loin d’être le plus facile. J’ai encore cassé une prise clé après l’enchaînement en montant vite fait dans le début pour faire 4 photos. Du coup si j’y remonte la méthode du début changera encore !”

Nicolas Moineau

Nicolas Moineau is the 2012 visual impairment World champion and retired a few years ago from competition climbing in order to climb outside. After several notable sends in the past, Nicolas recently ticked another project at his home crag, St-Géry, Lot, France : “la société des loisirs” a 40-meter slightly overhanging 7c. 12 sessions were required. Here is his report.

“12 sessions is not much compared to the grade, it’s only my 3rd route in the 7c/+ range. I worked the route from the top (on top rope) so it went easier and I could do some lead tries very quickly. The style suited me well and I spent 5/6 sessions figuring out my betas in the crux, some “blind betas” with static and technical moves in order to skip a dynamic move and a swing. It’s quite typical of my climbing in general. I needed to change my methods a lot in the first 5 meters, which are far from easy. I broke a hold in this section after the send while re-climbing the route to get photos taken, so if I came back on the route I would need to change my beta again.”

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Video: Caroline Minvielle, Tête de Gondole

18 mai 2022 à 20:59

Filmé et monté par Fred Ripert, voici un petit court-métrage sur une des King Lines du Midi, “Tête de Gondole” (8b+) sur la falaise du Boffi, avec comme grimpeuse la forte falaisiste Caroline Minvielle. Cette voie équipée en 2000 par Ivan Sorro remonte une magnifique proue aérienne.

– Pourquoi avoir choisi de mettre en évidence “Tête de gondole” ?
“Tête de Gondole” c’était la voie proposée aux stars féminines de la grimpe pendant le RocTrip de 2008 au Boffi. J’y avais participé, je grimpais dans le 7c/+ à l’époque et voir toutes les machines se donner à fond pour essayer de faire cette ligne incroyable, ça m’a mis des étoiles dans les yeux. C’était bien trop dur pour moi à ce moment-là mais elle est restée dans un coin de ma tête et la petite graine du rêve était plantée !

– Comment s’est passé le travail de la voie ?
Je n’ai pas regrimpé au Boffi jusqu’en 2021 et en avril, quand j’y retourne enfin, c’est clairement pour aller mettre les doigts dans “Tête de Gondole”. Cette ligne impressionne et comme souvent, le plus dur est d’oser la rencontre ! Les premières montées sont compliquées. Visiblement la voie n’a pas été faite depuis des années. Du lichen recouvre les prises, il y a très peu de traces de passage qui pourraient indiquer quelle prise utiliser et l’itinéraire sur la proue n’est pas toujours évident à élucider entre passer à gauche ou à droite de celle-ci. Je bute deux dégaines sous le relais, là où la voie se corse réellement. Le lendemain, je passe par le haut, sur une stat’, pour brosser les prises, enlever le lichen et imaginer les séquences. Les mouvements que j’avais imaginés fonctionnent mais il m’en manque un. J’arrive mauvaise main sur une prise clef et je ne trouve pas la solution pour y être de l’autre main. Nouvelle journée et appel à un ami ! C’est Pierre Soulé qui débloquera mon problème en me donnant la clef : un coincement de mollet derrière l’arête en me disant que ce n’est pas ça le pas dur de la voie. Ouf ! Clairement, je n’y avais pas pensé ! Puis les essais commencent, je tombe rapidement dans les derniers mouvements qui sont finalement assez résistants et le quatrième jour de travail, avant de partir pour d’autres obligations, je tombe la main dans le bac final, une marmite énorme ! Je ne comprends pas comment j’ai pu ne pas tenir une prise aussi grosse et me dis qu’au prochain essai, quand je reviendrai fraîche, je ferai la voie, c’est certain… Une semaine plus tard, j’ai un créneau de trois jours pour y retourner malgré une météo mitigée. Je suis confiante et pourtant je chute encore 2 fois la main dans cette dernière prise, énorme. Je comprends alors qu’il me manque un petit quelque chose, ce n’est pas qu’une histoire de fraîcheur… Ce truc c’est de mettre 4 doigts dans l’avant dernière prise et non pas 3 et ce n’est finalement pas si évident : je bute encore plusieurs fois à cet endroit pour arriver à régler ce détail… Et le dernier jour, après être tombée trois nouvelles fois dans les derniers mouvements, je place bien les doigts et ma tête fait la fin du travail pour tenir le bac final.

– Qu’en retiens-tu ?
Qu’il faut commencer par oser affronter ses rêves pour avoir une chance de les réaliser et souvent c’est ça le plus dur, en tout cas pour moi ! Qu’il faut penser autrement quand on bute sur un mouvement ou ne pas hésiter à se faire aider ! Et toujours se remettre en question, il y a souvent des petites choses à changer ou à améliorer pour avoir le déclic qui fait toute la différence !

Photo: Antoine Mesnages

Filmed and produced by Fred Ripert, this video documents one of King Line of South of France, “Tête de Gondole” (8b+) located in Boffi, climbed by strong rockclimber Caroline Minvielle. This line bolted in 2000 by Ivan Sorro is a magnicient and aerial prow.

– Why did you decide to show “Tête de gondole”?
“Tête de Gondole” was the route offered to female climbing stars during the 2008 Roc Trip at Boffi. I had participated in it, I was climbing in the 7c/+ at the time and seeing all the machines giving all to try to do this incredible line, it put stars in my eyes. It was far too hard for me at that time but it stayed in the back of my mind and the little seed of the dream was planted!

How was the process?
I didn’t climb in Boffi until 2021 and in April, when I finally returned here and put my fingers in “Tête de Gondole”. This line impresses and as often, the hardest thing is the discovering!

The first goes were complicated. Obviously the route has not been done for years. Lichen covers the holds, there are very few traces of passage which could indicate which hold to use and the route on the proow is not always easy to choose between passing to the left or to the right of it. I stopped two quickdraws under the anchor, where the route really gets harder.

The next day, I go over the top, on a stating rope, to brush the holds, remove the lichen and imagine the sequences. The movements I had imagined work but I’m missing one. I arrive with the wrong hand on a key hold and I can’t find the solution to be there with the other hand.

New day and call a friend! It’s Pierre Soulé who will unlock my problem by giving me the key: a calf jamming behind the edge, telling me that this’s not the hardest move of the route. Phew! Clearly, I hadn’t thought of that!

Then the tries began, I quickly fell into the last movements which are finally quite resistant and on the fourth day of work, before leaving for other obligations, I fall with my hand in the final jug, a huge hole! I don’t understand how I couldn’t hold such a big hold and tell myself that on the next try, when I will come back fresh, I’ll do the route, that was clear in my mind…
A week later, I had a three-day slot to go back despite mixed weather. I was confident and yet I still drop my hand twice in this last hold, huge. I then understand that I’m missing a little something, it wasn’t only a story of freshness… This thing is to put 4 fingers in the penultimate hold and not 3 and that’s not finally not so obvious: I still failed several times in this move to manage to solve this detail… And the last day, after falling three more times in the last movements, I place my fingers correctly and my head finishes the job to hold the final jug.

What do you remember?
That you have to start by daring to face your dreams to have a chance of realizing them and often that’s the hardest part, at least for me!
That you have to think differently when you struggle with a move or don’t hesitate to get help! And always questioning yourself, there are often little things to change or improve to have the click that makes all the difference!


Photo: Antoine Mesnages

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Fabrice Landry et Lucien Martinez re-naturalisent Supermanjoc – Fabrice Landry and Lucien Martinez climb without manufactured holds in Supermanjoc

21 avril 2022 à 09:43

Depuis un peu plus d’un an, une nouvelle pratique est apparue au secteur Supermanjoc de St-Antonin Noble Val grâce à l’impulsion de deux très forts grimpeurs, Fabrice Landry et Lucien Martinez. En effet, en concertation avec les équipeurs des voies concernées, les deux compères ont décidé de purger quelques voies dures peu fréquentées de la partie droite de la baume de certaines de leurs prises en sika, afin de rendre les challenges complètement naturels et encore plus difficiles. En effet, quelques voies de ce panneau déversant à 30° taillé au couteau de 25 mètres de développé comportaient des rebords en sika, offrant des oreilles ou des arquées à tenir pour résister à ce dévers continu sans relief. Avec l’avènement du bloc et des moyens d’entrainement, des pas de bloc jugés limite infaisables il y a 2 décennies sont maintenant réalisables, permettant l’avènement de challenges extrêmes. “Le mur de la mort” comme aiment à l’appeler Fabrice et Lucien est en train d’être petit à petit nettoyé, dans l’esprit de ce qui s’est passé il y a une décennie dans la classique niçoise de Déversé “Trip Tik Tonik”. Pour la petite histoire, dans la voie classique de ce mur, “No War More Love” 8b, équipée en 1993, Didier Raboutou avait pour sa part opté pour l’inverse, bouchant au sika une fissure dans le haut du dévers pour rendre l’enchainement plus continu et difficile. Décidément, ce mur restera ancré dans l’élitisme !
C’est donc “Memorial GS” (8b+ initialement) qui a été purgé de son sika et de nouveau libéré par Fabrice et Lucien qui proposent de réévaluer l’itinéraire à 9a, tandis que “Chicken deluxe” (8c+ initialement et non répété) a été aussi nettoyée pour devenir un projet ultime qui tournerait maintenant autour du 9a+/b. “Transpotting” (8a+), quant à lui, s’apprête à subir le même sort. Retour avec les intéressés.

– Comment vous est venue cette idée de travailler des voies dures sans les prises en sika ? Pourquoi ?
Fabrice : L’initiative vient avant tout de Lucien qui était aller rendre visite à « Chicken Deluxe » avec pour objectif initial de réaliser la voie avec les prises en sika. Heureusement, quelques prises ont cassé dès les premières montées. A partir de là, Lucien m’a contacté pour partager avec lui le processus de réalisation de voies sans leurs prises en sika. Très rapidement, notre regard s’est porté vers la ligne « Mémorial GS » qui était un 8b+ tout en sika. Mais dès le début, on s’est aperçu que des prises clefs en sika n’étaient plus présentes et ne permettaient plus de réaliser la voie telle que créée. Après quelques montées à prospecter à deux, nous nous sommes aperçus qu’il y avait une ligne naturelle 50cm à gauche de la ligne de points, alors que la ligne de sika se trouvait plutôt 50cm à droite des points. Tout naturellement, nous avons essayé de libérer tous les mouvements.
Lucien : Oui c’est ça, moi c’est justement les nouvelles voies de Fabrice au triangle qui m’ont donné envie de regrimper là, et puis c’est en voyant que certaines prises en sika ont naturellement cassé que l’idée a germé que ce serait possible sans.

– Que pensez-vous sincèrement de cette démarche initiale de sikatage de prises artificielles ?
Fabrice : Après avoir expérimenté le retrait des prises en sika, je trouve que c’est un compromis intéressant qui permet de ne pas priver l’équipeur initial d’une voie laissée à l’abandon…
Lucien : Pour la démarche initiale, je pense que ce serait absurde et anachronique de donner un avis voire un jugement sur ce qui s’est fait il y a plus de 20 ans dans un tout autre contexte. Ce qui est important, c’est qu’Eric (ndlr: Siguier, principal équipeur de ces lignes) nous encourage maintenant à enlever le sika dans les voies qu’il a équipées, ça c’est la classe. Et un autre point important, c’est que contrairement à l’époque, on a maintenant des genouillères qui nous permettent de casser un peu l’effort. Sans les genouillères on n’aurait probablement pas pu envisager de passer sans les prises taillées.

– Du coup “Memorial GS” nouvelle version (9a), c’est comment ?
Fabrice : C’est une pépite naturelle, une ligne explosive d’endurance de force très similaire dans l’effort à “A la limite de la rupture” (9a). Cela consiste en un 7c voie très à doigts de 5 mètres jusqu’à rejoindre un repos. A partir de ce moment, la partie difficile commence et ne s’arrête pas jusqu’au relais avec immédiatement un 7C bloc court, puis un 8c d’endurance de force avec une finish coquin, un jeté semi-dynamique depuis un bi doigts vers un plat qui dans l’enchainement se révèle déterminant.

Landry Martinez Supermanjoc

– “Chicken deluxe” et bientôt “Trainspotting” dans les “bacs” ? Où en sont les processus ?
Fabrice : “Chicken Deluxe” c’est une autre paire de manches, le niveau de cette voie donne l’impression que le 9a voisin est une balade de continuité.. c’est un projet dans lequel, avec Lucien, nous avons pourbut de nous investir très sérieusement cette année. Avant d’aborder la dernière voie avec deux prises en sika, “Trainspotting”, j’aimerais vous faire part du renouveau d’une partie du secteur de Super Manjoc, que nous aimons bien présenter comme « le mur de la mort ». Il faut s’imaginer, cinq voies successives dans un mur à 30° pour 25 mètres de haut avec “Chicken Deluxe” un projet en 9b, “A la limite de la rupture” et “Memorial GS”, deux 9a libérés par Lucien, “La boite de Pandore” un projet en 9a et “Trainspotting” un 8a+. Un mur avec une telle densité de voies dans ce niveau, toutes naturelles, relève du miracle.. Pour en revenir à “Trainspotting”, cette voie, cotée aujourd’hui 8a+, est presque toute naturelle, il reste cependant deux prises en sika dans la section crux. Le passage semble faisable, c’est un projet à court terme qui est à conclure pour libérer le mur de la mort de tout le sika présent ; ce serait un peu la conclusion de ce projet de renaturalisation des voies de Supermanjoc. Alors après, j’insiste, on est pas des ayatollah du dé-sikatage, on s’est permis de retirer ces prises surnaturelles pour deux raisons : des voies peu ou pas parcourues, et avec l’accord des équipeurs. J’ai pas l’intention de me balader avec un marteau et un burin ahah !
Lucien : “Chicken” rien à ajouter, c’est ultimement beau et dur. Je suis pas sur à 100% que ce soit 9b, peut-être gros gros 9a+. En résumé c’est trois 8A bloc (ou 7C+) à empiler avec un repos quasi nul entre les deux premiers et un bon entre le 2e et le troisième. Pour une prise dans “Memorial” et 2 dans “Chicken”, le sika venait au renfort de prises naturelles et on a décidé de le laisser sinon on aurait été obligés de casser les prises naturelles. Donc il restera encore 3 petites traces de sika dans le mur de la mort. Pour le reste c’est du caillou de face nord incroyable avec de petites prises totalement naturelles et super belles.

Plus d’infos sur ce sujet dans le Grimper Magazine n°219 “Dossier éthique sur les prises taillées”

Photos : Pierre Trolliet

Landry Martinez Supermanjoc

For about a year, a new practice has appeared at the Supermanjoc sector, St-Antonin, thanks to 2 strong climbers, Fabrice Landry and Lucien Martinez. With the agreement of the former bolters, they took off a number of sika holds on routes on the right of the cave in order to get harder-and natural-challenges. A few routes on this perfect 25-meter 30° overhang comprised sika holds. With the improvement in bouldering training, some boulder cruxes judged undoable 2 decades ago are now conceivable. “The wall of death”, as they name it, is cleaned up step by step, mimicking the story of “Trip Tik Tonik” in Déversé a decade ago.
“Memorial GS” was cleaned then freed by Fabrice and Lucien, receiving a 9a proposition (it was 8b+ before with the sika). Then “Chicken Deluxe” (8c+, one ascent in 20 years) was cleaned and is being worked as an ultimate 9a+/b project, and “Trainspotting” (8a+) will be the next route to be revamped. Here is a chat with Fabrice and Lucien.

Landry Martinez Supermanjoc

– How did this idea of freeing lines without sika come about?
Fabrice: The idea came after Lucien had a go at “Chicken Deluxe”, with the goal of climbing the route with the sika holds. Fortunately, some holds broke after the first attempts. So Lucien contacted me to know if I was ok to work the route with him without the artificial holds. Quickly, our attention turned to “Memorial GS” too, an 8b+ replete with sika holds. From the beginning, we noticed that some of the artificial holds had broken and the former betas were therefore not possible any longer. After a few check-out goes, we found a natural line 50cm to the left of the line of bolts, while the sika holds were 50cm to the right of it. So we tried to free all the moves.
Lucien: Yeah, it’s me, taking into account some sika holds had broken, I got the idea to get rid of them.

– What do you think about the original idea of manufacturing holds with sika?
Fabrice: After experiencing the removal of the sika holds, I think it’s an interesting compromise which doesn’t stop the bolter finishing a line…
Lucien: When it comes to the former idea, I think it would be weird and anachronistic to give an opinion or to judge acts done in another context 2 decades ago. The important thing in my opinion is that Eric (ndlr : Siguier, main bolter of these lines) now encourages us to rid the lines he bolted of all that sika, which is great! Another important point is the use of kneepads compared to the past; they allow us to rest and make the effort somewhat easier. Without kneepads we couldn’t imagine sending without the sika holds.

Landry Martinez Supermanjoc

– So, how is the new version of “Memorial GS” (9a)?
Fabrice : It’s a natural gem, an explosive power resistance line with an effort a little bit similar to “À la limite de la rupture”. It’s a very fingery 7c across the first 5 bolts until a rest. Then the difficult part starts up to the anchor, with a 7C boulder followed by a short resistance 8c and a tricky final, a dyno from a two-finger pocket into a sloper.

– What about “Chicken Deluxe” and “Trainspotting”?
Fabrice: “Chicken Deluxe” is on another level, the neighbouring 9a looks like a stamina walk when you compare the 2 routes. We will work on it seriously with Lucien this year. This wall is impressive, the ‘death wall’ with 5 routes in a 30° overhang with a potential 9b project, a 9a, another project in the 9a range called “La boite de Pandore”, “Memorial GS” now 9a and “Trainspotting”. About “Trainspotting”, it’s a nice natural 8a+ except 2 sika holds at the crux. It seems doable without them, it’s a short term project. The end of this project of turning this wall back to the mineral realm. I want to say we aren’t extremists, we kill the sika holds for 2 reasons. First these routes aren’t popular, and second it’s with the agreements of the original bolters. I don’t want to modify every route I’m trying!
Lucien: “Chicken deluxe” is a very beautiful and pure project. You need to climb 3 8A boulders, with no rest between the first and the second boulders, and a good one before the last boulder. In the case of one hold on “Memorial” and 2 on “Chicken deluxe”, sika was close to the natural hold so we left it
to not damage the natural crimp. So only 3 little sika leftovers will be left on the ‘death wall’. It’s an amazing north face cliff with some beautiful natural holds.

Photos: Pierre Trolliet

More infos on Grimper Magazine #2019 special ethic and chipped holds

Landry Martinez Supermanjoc

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Première ascension de Myr 9a+ par Seb Bouin – First ascent of Myr 9a+ by Seb Bouin (+ interview)

8 mars 2022 à 19:03

“Myr” comme paix en ukrainien, voici le nom de la dernière voie réalisée par Seb Bouin, une première ascension en 9a+ dans la région montpelliéraine. Équipée par ses soins il y a un an, il vient de libérer l’affaire, tout en précisant que tout cela n’est que secondaire compte tenu de la gravité de la situation internationale actuelle. Nous lui avons néanmoins posé quelques questions.

Où se trouve la voie ?
Secteur Canyon, dans les environs de Montpellier.

– Décris-nous la voie.
Il y a une marche d’approche en 8a+, un repos, le 7C bloc que tu vois en vidéo sur ma page Instagram, et tu rejoins toute la partie dure du 9a “A quelques mètres de la légalité”.

– Tu l’as essayée direct après l’équipement il y a un an ?
J’avais équipé le 9a et le 9a+. J’ai d’abord réalisé le 9a, et j’avais un peu mis les doigts dans ce pas de bloc, mais je n’y arrivais pas du tout.
C’est une voie super cool pour mixer avec l’entraînement, fun et ludique. C’était assez parfait pour la période d’entraînement actuel.

– Quel message par rapport à la guerre en Ukraine veux-tu faire passer en tant que grimpeur professionnel ?
Je crois que le message est simple, la paix.

C’est déjà la 8ème première ascension en 9a+ et plus dur de Seb, et parmi ses propositions, aucune n’a encore été répétée…

Myr 9a+ Seb Bouin

“Myr” for peace in Ukrainian, is the name of the latest route climbed by Seb Bouin, a first ascent in 9a+ in the Montpellier region. Bolted by himself a year ago, he has just sent it, while insisting that all this is only secondary given the gravity of the current international situation. However, we asked him a few questions.

– Where is this route?
Canyon sector, near Montpellier, France
.

– Describe the route.
There’s an 8a+ approach, a rest and the 7C boulder you can see in the video on my Instagram account, then you link with the hardest part of “A quelques mètres de la légalité”, a 9a I did last year.

– Did you try “Myr” last year directly after bolting it?
I bolted the 9a and the 9a+. I first climbed the 9a and tried the boulder a little, but couldn’t find the right sequence. It’s a super cool route to try while training, very fun and playful. It was perfect for me to try now, during the current training period.


– Which message do you want to spread with the name?
Very simple, peace
.

It’s already Seb’s 8th first ascent in the 9a+ range and more, and of these routes none has been repeated yet…

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Mattéo Soulé s’offre La guerre des nerfs 9a – Mattéo Soulé climbs La guerre des nerfs 9a

3 mars 2022 à 11:27

Mattéo Soulé (15 ans) démarre fort 2022 en réussissant la voie qu’il travaillait en fil rouge depuis Noël entre deux semaines d’entrainement au pôle espoir de Toulouse, “La guerre des nerfs” 9a à La verrière (Aveyron), non loin de la maison familiale. La première de cette magnifique voie naturelle est à mettre à l’actif de son père Pierre en 2009. Gérome Pouvreau, Geoffray De Flaugergues, Said Belhaj et Mathieu Bouyoud avaient aussi cet enchainement qui connecte les 8c de “Beberechos” et “Sonatine”. Mattéo réalise ici un nouvelle belle croix dans le coin après notamment la première ascension de “Dieu Merci” (8c+/9a) dans les gorges du Tarn en mai dernier.

– Tu essayais depuis Noël ? Comment s’est passé le travail ?
En effet je me suis lancé dans cette voie juste avant Noël, je connaissais déjà une bonne partie des mouvements ce qui m’a permis de vite mettre des essais. J’ai d’ailleurs enchaîné la première partie rapidement mais faute de ne pas toujours être chez moi je ne pouvais mettre des essais qu’un week-end sur deux, de plus les prises étaient souvent mouillées ce qui rendait l’enchaînement impossible ; j’ai donc dû me contenter de faire des séries dans la partie basse de la voie. La Verrière est une falaise qui abîme fortement la peau, il est donc compliqué de mettre plus de deux essais par jour.

– Il me semble que cette voie combine les parties dures de deux 8c. Décris les difficultés et ce qui t’a posé problème.
“La guerre des nerfs” se décompose sous la forme d’un premier 8c en traversée avec une section très dure à doigts en porte d’entrée et d’une suite bien physique suivie d’un bon repos avec un genou. Juste après arrive un autre 8c physique sur des inversées (“Sonatine”). Je pense que l’on peut dire que vraiment tous les mouvements de cette voie m’ont posé des problèmes, selon mon état de forme, ma mentalité du jour, mes essais étaient tous différents les uns des autres, mais s’il y a bien des grosses difficultés je les placerais certainement au niveau des repos et du rythme de la voie à prendre. Alors bien sûr il s’agit d’un gros repos où il est possible de lâcher les mains mais les premières fois quand je suis arrivé à cet endroit j’étais totalement explosé et je n’arrivais pas à faire baisser mon rythme cardiaque. Par rapport au rythme de la voie j’ai mis pas mal de temps à trouver la bonne respiration au bon moment, c’est un effort assez long de 40 mouvements, trouver mon rythme a été une grosse difficulté. Puis, quand est arrivé le moment où tous mes essais parvenaient au crux de la deuxième partie ce n’était plus qu’une question de petits détails que je modifiais tous les jours. Lorsque tous ces aléas ont été réglés, la croix est passée !

Mattéo Soulé La Guerre des nerfs

– Maintenant que tu as répété une voie dans le 9ème degré, comment positionnerais-tu ta première de “Dieu Merci” ?
“Dieu merci” et “La guerre des nerfs” sont deux styles de voies totalement différents, il est donc difficile d’en faire une comparaison. En terme de niveau je trouve qu’elles sont à peu près équivalentes, bien sûr je manque encore d’expérience pour donner un avis concret. Je peux dire que ce sont deux lignes vraiment majeures qui valent d’y jeter un coup d’œil, alors j’attends avec impatience que des personnes viennent répéter “Dieu merci” pour me donner leurs avis dessus et pourquoi pas en changer la cotation.

– Tu es jeune et tu as pas mal écumé les voies dures autour de la maison familiale. L’équipement te motive ? Ou préfères-tu pour l’instant répéter des voies dures. Qu’aimerais tu essayer comme lignes cette année ? Tes autres objectifs cette année ?
Je n’ai encore jamais équipé mais c’est quelque chose que je ne manquerai pas de faire plus tard. Pour ce qui est des voies déjà libérées autour de chez moi j’en ai coché quelques une mais il m’en reste un peu, mais surtout il y en a plein qui n’ont pas été libérées. A la Verrière un projet extrême qui fera certainement 9b, “Black Wolf” attend d’être réalisé. “La guerre des nerfs” était pour moi un objectif intermédiaire, ce que j’aimerais faire c’est “la guerre des nerfs” et finir dans le projet, cela revient à faire un 9a d’approche suivi d’un repos ultra physique pendu sur une inversée (donc très très moyen) et pour finir une longue section d’une dizaine de mouvements avec les derniers mouvements aux alentours de 8A bloc. Après avoir enchaîné ce projet intermédiaire (“La guerre des nerfs”) je me rends compte qu’il y a encore beaucoup de travail à produire pour se lancer dans cet autre projet (pour l’instant j’en suis donc à tomber en essayant de délayer au moins une fois chaque bras sur cette inversée…) bien sûr d’autres lignes ou connexions sont encore possibles et n’attendent que d’être libérées.

Photos: Pierre Soulé

Mattéo Soulé (15 years old) is starting well 2022 with the send of route a projected since Christmas, “La guerre des nerfs” 9a à La Verrière (near Millau, France). The first ascent of this magnificient natural route has been done by her father Pierre in 2009. Gérome Pouvreau, Geoffray De Flaugergues, Said Belhaj and Mathieu Bouyoud have climbed this route which is linking “Beberechos” and “Sonatine”, both 8c. It’s a new feat for the French gun after the first ascent of “Dieu Merci” (8c+/9a) in Gorges du Tarn last year.

– Have you been trying since Christmas? How was it?
Indeed I started on this route just before Christmas, I already knew a good part of the moves which allowed me to put goes quickly. I also sent the first part quickly but it was slow because I’m not always being at home, I could only put some tries every other weekend, moreover the holds were often wet which made the sequence impossible, so I had to settle for doing series in the lower part of the route. La Verrière is a cliff that severely damages the skin, so it’s difficult to do more than two attempts per day.

– It seems that this route combines the hard parts of 2 8c. Describe the difficulties and what caused you troubles.
“La guerre des nerfs” starts with a 8c with a very fingery boulder entrance followed by a very physical traverse finishing with a good kneebar rest, just after comes a another physical 8c on underclings (“Sonatine”). I think we can say that all the moves of this route gave me troubles, depending on my shape, my mind of the day… My goes were all different from each other, but I think the main difficulties are in the rests and the rhythm to find. So of course it’s a big rest where you can let go of your hands but the first times when I climbed until here I was totally pumped and I couldn’t slow down my heart. Compared to the rhythm of the route, it took me a long time to find the right breath at the right time, it’s a fairly long effort of 40 movements, so for me finding your rhythm was a big problem. Then, when the moment arrived when all my goes reached the crux of the second part it was only a question of small details which I changed every day and when all these small tips were modified I climbed the route.

Mattéo Soulé La Guerre des nerfs

– Now, you have repeated a 9th grade route, how do you place your first ascent of “Dieu Merci” last year?
“Dieu Merci” and “La guerre des nerfs” are 2 different styles, hard to compare. I think the difficulty is the same, but It missed me some experience for having a proper opinion. I can say that the 2 lines are beautiful, people should try it, I’m waiting some climbers will come and repeat “Dieu Merci”, giving their opinion about the difficulty.

– You’re young and you already climbed a lot of hard routes around your family home. Is bolting a real motivation? What about your goals this year?
I never bolted a line but it’s something I want to do in the future. I ticked some routes around my home, but there is again a lot to free climb here, for example the project of La Varrière crag, “Black Wolf” (around 9b). “La guerre des nerfs” was an intermediar project for me, the goal is to climb “La guerre des nerfs” and to finish in the project; an 9a approach into a very physical rest on underclings and as finsih a crux around 10 moves around 8A boulder. After having climbed “La guerre des nerfs”, I can say I have a lot of work before being close on this one. But other projects are waiting to be freed too.

Photos: Pierre Soulé

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De nouvelles voies dures à Claret ! – Some new hard lines in Claret! (+ interviews)

28 janvier 2022 à 20:54

Des voies encore plus extrêmes, voici ce qu’il manquait à la falaise d’hiver mythique du Midi et ses 150 voies plein sud ! En effet, la falaise de Claret (arrière pays montpellierain) vient de connaître récemment un renouveau avec la libération des deux voies les plus dures de la barre, “Guère de bruit” 9a, et “Guerre future” 8c+. Ce sont les regrettés équipeurs de la première heure Pierre Rouzo, Hugues Beauzille et Lucien Bérardini qui seraient fiers de ces nouveaux challenges ! Équipées par Seb Bouin l’an dernier, les deux voies ont été libérées dernièrement par ce dernier. “Guerre future” vient d’ailleurs dans la foulée de connaître sa seconde ascension par le jeune local Théo Blass, 12 ans, qui réalise ici son premier 8c+. Retour avec les intéressés sur ces nouvelles additions.

Tout d’abord, Seb Bouin qui revient sur les ouvertures des deux voies.

– Comment as tu eu l’idée d’équiper ces 2 lignes à Claret l’an dernier ? 
J’avais des potes qui grimpaient à la falaise qui est bien sympa, et je n’avais plus rien à y faire, du coup je suis descendu avec la stat’ sur la proue pour voir. Il y avait des petites prises mais ça semblait passer. En plus cela semblait logique de grimper à gauche de cette proue. Mais je n’ai pas essayé l’an dernier.

– Si tu peux nous décrire le cheminement et les difficultés de “Guerre future” 8c+ ? 
C’est la ligne logique de “Guère d’usure”, une voie de résistance droit sur la proue. Cela m’a pris 2 séances. Pour la cotation j’ai longtemps hésité, mais si on considère “Guère d’usure” comme 8c, alors c’est un cran au-dessus et “Guère de bruit” idem.

– Si tu peux nous décrire également “Guère de bruit” 9a ?
Le 9a démarre dans “Guère d’usure” puis bifurque sur la gauche de la proue juste après le toit. Là vient le crux, avec un cachou dans la face qu’il est facile d’avoir main gauche mais qu’il faut absolument avoir main droite, du coup il y a un mouvement dur pour l’attraper bonne main depuis une petite inversée main gauche, avant de balancer sur la gauche et de rejoindre “Super Samson”. Après un genou, il reste le dernier pas autour de 7B+ bloc qui est assez physique. Cela m’a pris environ 5 séances.

Photo: Laurent Dormont

Ensuite, voici un retour avec Théo Blass à propos de “Guerre future”, son premier 8c+

– En quoi consiste le crux de “Guerre future” ?
On grimpe tout le temps sur la proue, donc c’est un gros effort de rési car on n’a pas les repos de “Guère d’usure” (le bon repos au début du dièdre et le petit repos sur les réglettes juste avant le crux). Quand on rejoint le crux de “Guère d’usure” on est déjà bien entamé !

– Depuis quand tu essayais ? Comment ça s’est passé ? Combien de séances ?
J’essayais depuis 2 mois une variante qui suit la proue et part à gauche juste avant le crux de “Guère d’usure” et qui rejoint “Super Samson” après son crux (ce qui était initialement la ligne que Seb avait en tête en équipant la variante) mais un mouvement “low percentage” que j’arrivais à faire une fois sur 10 m’empêchait de concrétiser. Il y a deux semaines environ Seb a enchaîné “Guerre future” en restant tout le temps sur la proue et en sortant dans “Guère d’usure” (donc une variante de la variante en quelque sorte). Je me suis rendu compte que c’était assez logique comme ligne et je me suis mis à l’essayer aussi. Au bout de 2-3 séances j’ai réussi à faire la connexion (les 2-3 mouvements durs entre le bas de la proue que je grimpais déjà dans la variante initiale et le haut de la proue qui est commun avec ma méthode dans “Guère d’usure”) et je tombais dans ce qui était pour moi le crux de “Guère d’usure” (sachant qu’il a une méthode différente de celle des grands – je traverse plus bas et grimpe un peu plus sur la proue). C’était un gros effort de rési pour moi (je fais à peu près deux fois plus de mouvs que Seb), mais j’étais motivé et je trouvais la ligne très esthétique. A chaque séance je montais un peu plus haut et hier, dans une chaleur presque estivale, j’ai littéralement marché dans la voie. En tout ça m’a pris 5-6 séances, mais je connaissais déjà la majorité des mouvements en raison de mes essais dans la variante initiale et aussi dans “Guère d’usure”.

– Et maintenant, “Guère de bruit” étant donné que tu a déjà réalisé “Super Samson”?
Oui j’ai envie d’essayer “Guère de bruit” – j’arrive à faire tous les mouvs sauf un qui est trop morpho. Il y a une autre possibilité pour les petits mais ca va être beaucoup plus dur (car ça m’empêche de prendre un repos quasi total que Seb prenait en mettant un gros genou dans un trou juste après le toit de “Super Samson”). A suivre !

Photo de couverture : Seb dans “Guère de bruit” (9a) – crédit : Thibaut Marot

Voies dures Claret
Photo: Thibaut Marot

Even more extreme routes, here is what was missing from the mythical winter cliff of the South and its 150 routes! Indeed, the Claret crag (around Montpellier, France) has recently experienced a revival with the first ascent of the two hardest routes of the wall, “Guère de bruit” 9a, and “Guerre future” 8c+. Pierre Rouzo, Hugues Beauzille and Lucien Bérardini former bolters now missing would be proud of these new challenges! Bolted by Seb Bouin last year, the two routes were recently freed up by the French Master. “Guerre future” immediately got a second ascent by the young local Théo Blass, 12, who climbs here his first 8c+. Talk with Seb and Théo about these 2 routes.

First Seb about the bolting and the first ascent of these 2 lines.

– How did you get the idea of ​​bolting these 2 lines at Claret last year?
I had friends who were climbing at the cliff which is very nice, and I had nothing more to do there, so I went down on a static prow in order to scope the prow. There were small holds but it seemed to be possible. In addition it seemed logical to climb to the left of the prow. But I didn’t try last year.

– Can you describe “Guerre future” 8c+?
This is the logical line of “Guère d’usure”, a line of resistance straight on the prow. It took me 2 sessions. For the grade I hesitated for a long time, but if we consider “Guère d’usure” as 8c, “Guerre future” is a little bit harder, and the same for “Guère de bruit”.

– Can you also describe “Guère de bruit” 9a?
The 9a starts in “Guère d’usure” then turns off left of the prow just after the roof. Here comes the crux, with a spike in the face that it is easy to have left hand but that’s absolutely necessary to have right hand, with an hard move to catch it from a small left hand undercling, before going to the left and joining “Super Samson”. After a kneebar rest, it remains the last boulder crux around 7B+ boulder which is quite physical. It took me around 5 sessions.

Voies dures Claret
Théo climbing “Guerre future” 8c+ (Photo Laurent Dormont)

Then it’s Théo’s turn about “Guerre future”, his first 8c+.

– How is the crux of “Guerre future”?
We climb all the time on the prow, so it’s a big effort of resistance because we don’t have the rests of “Guère d’usure” (the good rest at the beginning of the dihedral and the small rest on the crimps just before the crux). When we reach the crux of “Guère d’usure” you are already pumped!

– Since when did you try? How many sessions?
I had been trying for 2 months a variation that follows the proow and goes left just before the crux of “Guère d’usure” and joins “Super Samson” after its crux (which was initially the line Seb had in mind in bolting the variant) but a “low percentage” movement that I managed to do once time out of 10 prevented me from climbing it. About two weeks ago Seb did “Guerre future” staying on the prow all the time and finishing in “Guère d’usure” (so a kind of variation of the variation). I realized it was quite a logical line and started to try it too. After 2-3 sessions I managed to make the link (the hard 2-3 moves between the lower prow I was already climbing in the initial variation and the upper prow which is common with my beta in “Guère d’usure”) and I would fall into what for me was the crux of “Guère d’usure” (knowing that I got different beta compared to adult climbers – I traverse lower and climb a little more on the prow ). It was a big resistance effort for me (I do about twice as many moves as Seb), but I was motivated and I found the line very aesthetic. I climbed higher and higher everu session and yesterday, in almost summer heat, I literally walked throw the line. In all, it took me 5-6 sessions, but I already knew most of the movements due to my sessions in the initial variant and also in “Guère d’usure”.

– And now, “Guère de bruit” because you already climbed “Super Samson”?
Yes I want to try it. I manage to do all the moves except one which is too morpho. There is another possibility for the little ones but it will be much harder (because it prevents me from taking an almost total rest that Seb took by putting a big knee in a hole just after the roof of “Super Samson”). To be followed!

Cover Pic : Seb climbing “Guère de bruit” (9a) – credit : Thibaut Marot

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Interview: Lucien Martinez, irréductible acharné – Interview: Lucien Martinez, inveterate and tenacious

27 janvier 2022 à 11:19

(English below)

Tous ceux qui l’ont rencontré et côtoyé confirmeront, Lucien Martinez n’est pas un grimpeur qui laisse indifférent. Personnage sympathique et ouvert, assumant parfois des prises de position tranchées, ayant une approche très personnelle et originale de l’activité, à l’instar de ses potes Charles Albert ou Nico Pelorson, Lucien fait figure d’OVNI dans le paysage de la grimpe hexagonale. Longue interview avec l’intéressé.

– Tu viens du Sud-Ouest, précisément de Montauban, peux-tu te présenter et raconter tes débuts en escalade ?

Avant Montauban, j’ai habité à Toulouse jusqu’à 8 ans et c’est là où j’ai commencé la grimpe. Ma mère nous avait inscrits, mon frère et moi, à un cours hebdomadaire avec Mathieu Gallot Lavallée. Il y avait des gens à la salle qui m’avaient dit que Mathieu était super fort et qu’il avait fait une voie en falaise incroyablement dure, que seuls trois grimpeurs avaient réussie, et que l’un d’entre eux avait dit que cette voie était 8c+. Sur le moment, cette histoire m’avait fasciné, et j’ai compris peut-être 10 ans plus tard qu’il s’agissait en fait de Baston à la Maison à Saint Géry (falaise lotoise) et que le grimpeur qui avait parlé de 8c+ n’était autre que Dave Graham.
Pour autant, je n’étais pas spécialement doué ni très motivé à cette époque. Ma passion, c’était le rugby. J’en ai fait pendant trois ans et j’étais super fort, bien plus qu’à l’escalade. Ceux qui me connaissaient à l’époque pourront en témoigner même si je reconnais que ça peut paraître dur à croire vu mon physique squelettique. En arrivant à Montauban, il n’y avait plus de place au club de rugby, et la salle de grimpe, en parallèle, était juste à côté de chez moi. Il y avait une formule accès libre qui nous permettait d’y aller tout seul le soir après l’école ce qui fait que je me suis mis à y aller plus ou moins tous les soirs. Je ne pensais plus qu’à ça. Je me morfondais toute la journée en attendant de retourner essayer les blocs qui m’avaient résisté la veille. Je ne cherchais qu’à m’amuser, pas du tout à m’entraîner, mais la progression venait d’elle-même et j’ai franchement muté en l’espace de 2 ou 3 ans. À ce moment, Hervé Peyre, notre moniteur, s’est mis à amener régulièrement les jeunes du club en falaise à Saint Antonin. Il nous montait des cordes, nous aidait à choisir des voies, nous donnait des méthodes aux petits oignons, nous racontais des histoires sur la réputation des lignes et les grimpeurs du coin… Et à force, peut-être aussi aidé par le fait que je n’arrivais jamais à battre mon pote François Kaiser (que je salue !!) en compétition, j’y ai pris goût et je me suis passionné de caillou. À 13 ou 14 ans, j’étais à peu près autonome. J’avais amassé une pile de numéros de téléphone de grimpeurs que je connaissais, et le samedi soir, je les faisais tous un par un jusqu’à trouver quelqu’un qui voulait bien m’amener en falaise.

– Un diplôme d’agronomie en poche, tu as tout plaqué pour l’escalade, pourquoi ?

En terminale, j’étais plus passionné de grimpe que jamais, plus ou moins obsédé. Mais après le Bac je suis rentré dans une prépa et je ne grimpais plus qu’une mini séance le samedi aprem en falaise. Ça a été terrible de frustration. Je voyais les gens faire des perf, progresser, se régaler et j’étais super jaloux. En école d’ingé, je me suis mis à grimper beaucoup plus et à retourner en falaise les deux jours du week-end, mais c’était pas si facile que ça de valider les semestres alors j’ai quand même dû faire des compromis sur l’escalade.
Une fois le diplôme en poche, en fait, je n’avais pas du tout l’intention de tout plaquer, je voulais juste faire une année sabbatique pour me concentrer à 100% sur deux voies qui me faisaient rêver, “Fight or Flight” et “3 Degrees of Separation”, pour essayer de les enchaîner avant de chercher un boulot d’ingénieur potentiellement très prenant. Le problème, c’est que malgré toute ma motivation, mon investissement et mes essais, je n’en ai réussi aucune des deux. J’ai pris conscience de deux choses. Premièrement, que pour réussir mes rêves il faudrait progresser et pas qu’un peu. Deuxièmement, que l’escalade était mon monde, que je ne pourrais jamais m’en lasser et qu’il serait bête de ne pas bosser là-dedans compte tenu de cela. J’ai beaucoup réfléchi à ce qu’il fallait que je fasse et finalement j’ai décidé de tenter le coup dans le journalisme, avec en tête la possibilité de revenir en arrière si ça ne fonctionnait pas. Finalement, je me sens à ma place, je fais vraiment quelque chose qui me passionne et je pense que je fais mieux dans mon travail à Grimper que ce que j’aurais pu faire comme ingé.

Interview Lucien Martinez
Dans la 2e répétition de “Three Degrees of Separation” (coll. Sam Bié)

– Tu t’es intéressé très tôt à la haute-difficulté en escalade ? Pourquoi ce sujet t’anime particulièrement ?

Tu me demandes de faire ma propre psychanalyse ma parole ! La haute difficulté sur le caillou a, je trouve, quelque chose de fascinant. Il y a des mystères, des ragots, des rivalités, des combats épiques de plusieurs années, des grimpeurs qui réussissent à faire des exploits incroyables en étant plus malins que les autres, des premières ascensions qui s’apparentent à des quêtes de Graal avec plusieurs protagonistes… Le tout, et c’est ça qui est incroyable, sans aucun cadre officiel !

– Tu t’intéresses beaucoup aux cotations, et tu estimes que le slash ne devrait pas exister, pourquoi ?

Je sais pas si je vais réussir à expliquer mais je vais essayer ! Les souvenirs de mes cours de prépas me permettent de dire que les cotations sont une discrétisation d’un ensemble continu. C’est-à-dire qu’une cotation n’est pas du tout une valeur précise de la difficulté d’une voie, mais une plage de difficulté. Si on reprend l’image d’une « échelle » de cotations, il faut donc bien comprendre qu’une cotation, le 7a par exemple, n’est pas un barreau mais l’espace entre deux barreaux, barreaux qui représentent les limites entre le 7a et le 7a+ en haut et le 7a et le 6c+ en bas.
Si on dit qu’une voie est un 8c+/9a, ça ne peut pas vouloir dire que la difficulté se situe pile au niveau du barreau séparant le 8c+ et le 9a car c’est mathématiquement impossible (la probabilité que la difficulté d’une voie tombe pile poil sur un barreau est nulle, cf mes cours de maths). Pour dire que la cotation d’une voie est 8c+/9a, il faut donc considérer qu’on a ajouté une nouvelle plage entre le 8c+ et le 9a dans l’échelle de cotations. Admettre les cotations slashées, c’est accepter de redisposer tous les barreaux de l’échelle de cotation (et d’en rajouter) pour dégager de la place et doubler le nombre de plages de cotations. Rien ne l’interdit, mais cela voudrait dire qu’il faudrait reconsidérer les cotations de toutes les voies. Les 8a solides deviendraient des 8a/+, les petits 8a+ idem et ainsi de suite pour toutes les lignes du monde.
En plus de ce problème, je trouve que le niveau de précision de l’actuelle échelle de cotation n’est pas si mal et qu’il n’est déjà pas facile de trouver des consensus. Il ne me paraît donc pas spécialement pertinent de tout chambouler en doublant le nombre de cotations sur l’échelle.
Mais, car il y a un mais, je ne suis pas spécialement contre les slashs dans leurs deux utilisations d’origine. À la base, ils ne servaient pas à rajouter une cotation dans l’échelle, mais à manifester une hésitation entre deux cotations, en laissant aux répétiteurs suivants la charge d’ajuster la difficulté. Il me semble que cet usage du slash est le bon, et c’est pour cela que lorsque je répète une voie dure slashée, je tente de donner mon avis avec le plus d’honnêteté possible entre les deux cotations concernées.
L’autre usage historique du slash, qui est intéressant aussi (je sais par exemple que c’était le cas pour le topo de Saint Antonin), concernait les voies morpho, et donnait une indication sur le fait que la voie n’a pas la même difficulté pour tout le monde.

– En tant que grimpeur, tu t’obstines particulièrement dans des projets extrêmes après-travail comme “Fight or Flight”. Pourquoi tout le temps repousser tes limites ?

Alalala, cette question met le doigt sur un énorme problème. Pour moi, ça fonctionne comme une quête avec des péripéties et une fin incertaine. Une voie dure qui me fait rêver, c’est un Graal que j’essaie d’atteindre. Je ne sais pas si je vais y arriver, mais j’en rêve, parfois même au sens propre. Et j’ai envie de donner le maximum pour réussir.
C’est bien beau sur le papier, mais à partir du moment où on assume le fait de vraiment vouloir faire des trucs très durs, on s’enferme un peu là-dedans…
On ne peut plus partir grimper n’importe où n’importe quand parce qu’on est asservi à nos objectifs et nos entraînements. On ne voit presque plus l’escalade que sous le prisme de notre quête, au point qu’on en oublie l’amusement, le même qui m’avait fait aimer l’escalade à mes débuts. Je n’aime pas être monomaniaque, pas du tout. Il y a plein d’autres sports que j’adore et que je ne pratique malheureusement plus, sans parler de sollicitations de copains que je décline… Mais on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Vouloir faire Fight or Flight tout en restant ouvert, disponible, en pratiquant plein d’autres sports et en prenant le temps de faire de beaux magazines Grimper, je sais très bien que ce n’est pas dans mes cordes. Donc pour le moment, je reste à fond sur la perf, mais je suis fortement tiraillé parce que je n’aime pas trop cet état de rigidité dans lequel elle m’enferme.

Un bon flight dans “Fight or flight” (coll. Pierre Trolliet)

– Depuis quelques années, au lieu d’aller répéter des voies dures emblématiques, tu t’es plutôt tourné vers des voies du terroir, avec des ouvertures ou des répétitions de voies peu classiques (“Beyond”, “3 degrees”, “FFF”, “Hugh”,…). C’est voulu ?

Ça aussi, c’est quelque chose de très important. Ce n’est pas une difficulté, qui me fait rêver, mais un contexte global dont la difficulté fait partie. C’est vraiment très important pour moi.
Si je m’investis dans une voie, il faut qu’elle ait un sens particulier, par son histoire, sa localisation où je ne sais quoi d’autre… Pour FFF, la voie n’est pas spécialement belle mais elle se situe à Supermanjoc, ma falaise de cœur, et je suis passé au pied pendant des années en levant la tête et en me disant que ça avait l’air impossible. Pour Hugh, c’était le mystère, j’étais extrêmement curieux d’aller y mettre les doigts et de voir en vrai comment c’était. Pour Beyond, c’était juste que la voie était très sympa à grimper et qu’elle me convenait bien. Pour “Three Degrees”, c’était un rêve depuis que j’avais vu la vidéo de Sharma, une des meilleures qui existent. Arriver à Céüse plus de 10 ans après avoir vu la vidéo pour la première fois, apercevoir les 3 colos jaunes du départ en montant le dernier raidillon de la marche d’approche, toucher les prises pour la première fois, essayer les mouvements en me demandant s’ils sont conformes à ce que j’imaginais, puis mettre des runs et encore des runs pour finalement réussir… Tout ça était une expérience incroyable et infiniment mieux que s’il y avait la même voie sans le contexte, sans la vidéo de Sharma et sans le dizaines de visionnages à 12 ans les yeux écarquillés devant l’ordi de mon père.
Pour résumer, je n’ai aucune volonté de ne pas répéter les voies emblématiques, au contraire, j’aime bien ça, mais d’autres éléments de contexte comme le mystère ou le terroir du Sud-Ouest ont aussi de l’importance dans les voies sur lesquelles je choisis de m’acharner, le plus important étant que cela ait du sens pour moi.

– Quelle est ta vision de l’escalade en France à l’horizon 2022 ?

J’imagine que cette question pourrait être abordée sous plein d’angles différents (salle, gestion des falaises, grimpeurs etc.) mais le seul pour lequel je crois avoir un truc intéressant à dire concerne le haut niveau en falaise : j’ai l’impression que la France est en train de redevenir le centre du monde, comme elle l’était fin 90 début 2000 avant que Sharma ne le déplace en allant s’installer en Catalogne. On a toutes les voies de Seb Bouin (à la Ramirole mais pas seulement) qui sont majeurissimes et pour lesquelles les Ondra, Megos, Schubert et Ghisolfi ne pourront pas s’échapper éternellement, et en plus on a Céuse et Saint Léger avec plein de nouvelles voies extrêmes et des projets majeurs un peu partout. On observe une nouvelle dynamique pour la France depuis 2-3 ans et je fais le pari que cette tendance va s’accentuer et que la décennie des années 2020 sera celle de la France comme celle des années 2010 (et fin 2000) a été celle de la Catalogne.

– Quel regard portes-tu sur la presse escalade en général, et particulièrement sur la presse web ?

Paradoxalement, je trouve que la presse web va assez mal parce qu’elle est vampirisée par Instagram. Avant, à l’époque où tu faisais les news Kairn, on attendait avidement les news des croix parce que c’était vraiment là où on apprenait ce qui se passait. Maintenant, c’est Instagram qui a volé la vedette et presque toutes les informations clef de notre petit monde y arrivent en premier. Et nous, pour les news web, on se retrouve obligés de reprendre en le reformulant comme on peut les « communiqués officiels » que font les athlètes sur Insta, ou alors de leur demander des précisions intéressantes, mais dans tous les cas c’est sur Instagram que l’info arrive en premier. L’utilité de la presse web devient alors d’être une sorte d’entonnoir des réseaux sociaux qui filtre les informations et performances d’importance pour le lectorat. Ça reste intéressant parce tout le monde ne suit pas à fond ce qui se passe sur Instagram, et donc il reste pas mal de gens qui apprennent quand même plein de choses sur la presse web, mais c’est plus tout à fait pareil.

– Les réseaux sociaux ont révolutionné et accéléré la communication des informations. Est-ce une bonne ou mauvaise chose ? Qu’en retiens-tu ? Comment les utilises-tu ?

Comme le laisse deviner ma réponse précédente, je suis d’accord avec le constat ! J’aurais tendance à dire que ce n’est ni une bonne ni une mauvaise chose, mais que c’est comme ça et qu’il faut faire avec. Je vais quand même me permettre une petite critique. Le système des réseaux sociaux est quand même fortement basé sur l’autopromotion. On a un compte et on raconte nous même nos exploits avec plus ou moins finesse et de subtilité. Je trouve qu’un système qui oblige les gens à chanter leur propre légende pour exister a quand même un problème. En tout cas moi ça me dérange, même s’il y a quelques comptes que je suis avec beaucoup de plaisir et que je serais triste de voir disparaître !
Pour ma part, je ne suis sur les réseaux sociaux que pour me tenir informé et voir ce que mettent les autres, je ne poste jamais rien. Mais j’ai bien conscience que si je n’étais pas salarié de Grimper et que je devais faire mon trou en journaliste indépendant, ou bien si j’essayais d’être grimpeur pro, je ne pourrais probablement pas faire l’économie de mon autopromotion sur les réseaux.

En plein run dans “Moksha” au Pic St-Loup (coll. Pierre Trolliet)

– On entend souvent que la presse papier va mal. Depuis que tu as démarré, quelles sont tes satisfactions, les écueils que tu as rencontrés, ou rencontres que tu as faites en tant que journaliste ?

Là, par contre, je ne suis pas d’accord avec le constat ! En ce qui concerne l’escalade, la presse papier a me semble-t-il tout ce qu’il faut pour aller plutôt bien. Je pense en particulier aux photos. La photo de grimpe, c’est quelque chose de riche et qui esthétiquement fonctionne très très bien. Il y a le grimpeur, son visage, sa position, ses préhensions, la sculpture et les couleurs du rocher, le paysage… En plus il y a pas mal de photographes qui sont passionnés et super bons. Ce serait trop dommage que toutes les belles photos de grimpe n’existent plus ou presque plus que sur les écrans. Au niveau des textes aussi, je crois que sur le papier on peut se démarquer du web en faisant, par exemple, des dossiers un peu complets comme ceux des Grimper Céüse et Fontainebleau, mais aussi apportant des analyses de fond assez complètes sur des thématiques historiques ou de progression.
Évidemment, en ce qui concerne les actualités brûlantes, ça arrive un mois après voire plus dans le magazine papier, donc la bataille est perdue d’avance, mais je crois qu’il reste et restera une grosse niche pour le papier, parce qu’en jouant sur le ressort de la qualité, le support papier apporte des choses que le web n’offre pas. Mais ça, c’est à nous de le prouver en produisant de beaux (et intéressants !) magazines.
En ce qui concerne les satisfactions et écueils, ça va bientôt faire 3 ans que je suis rédacteur de Grimper donc il y a forcément eu des choses qui ont plus ou moins bien marché. Il y a un truc en particulier dont les gens ne se rendent pas forcément compte, c’est la multiplicité des enjeux lorsqu’on sort un magazine. On veut que le lecteur soit content et faire rêver les gens, on veut que le numéro se vende bien, évidemment, mais il faut aussi éviter à tout prix de semer la zizanie sur les territoires dont on parle en oubliant par exemple d’impliquer tel équipeur ou tel grimpeur qui ont donné de leur passion et de leur temps sur les falaises concernées, ou bien en ne prenant pas de pincettes pour faire la promotion de secteurs menacés d’interdiction, etc. C’est presque impossible de cocher toutes les cases, mais c’est très satisfaisant quand, pour certains magazines, on arrive à s’en rapprocher. En revanche c’est décevant quand on n’y arrive pas.
Et sinon, j’aimerais bien qu’il y ait un peu plus d’humour et de dérision dans les magazines mais je n’ai toujours pas trouvé de formule adaptée… Gilles, si tu lis cet interview et que tu veux reprendre les fausses couvertures, la porte est ouverte !

– On sent dans tes écrits un certain intérêt pour la culture littéraire/philosophique, tu peux nous en dire plus ?

Oui, je peux en dire plus. En fait, c’est pas vraiment un intérêt particulier pour la culture littéraire ou philosophique mais beaucoup plus général que ça. Je suis tellement conditionné à penser grimpe que mon cerveau fait très souvent des parallèles entre l’escalade et des choses qui n’ont rien à voir. Je trouve ça amusant et j’aime bien partager ces parallèles dans des articles. Si c’est bien fait – j’avoue que ça ne marche pas à tous les coups – ça peut apporter de l’intérêt et de la profondeur aux textes ou bien servir d’accroche. Mais ça ne concerne pas du tout seulement la littérature ou la philosophie (disciplines dans lesquelles je précise que je n’ai aucune prétention), ça peut être des films, d’autres sports, d’autres disciplines… J’ai même fait une analogie entre la recherche de la bonne cotation et les diagrammes de phases qu’on étudiait en Chimie. J’espère qu’un de ces 4 j’aurais l’occasion de l’expliquer dans un article !

– Que répondrais-tu aux gens qui jugent que tu possèdes un côté trop élitiste ?

Que j’en assume une partie. Par autodérision, je dis parfois que je n’arrive pas à trouver antipathiques des gens qui ont de la force dans les doigts ! L’excellence, quel que soit le domaine, est je trouve très intéressante, voire fascinante. Je ne serais pas capable de donner la source, mais je me souviens d’Adam Ondra disant que plus on monte en niveau, plus la pratique de l’escalade est intéressante parce qu’elle se complexifie. Je suis assez d’accord avec ça.
En ce qui concerne mes amitiés, par contre, je nie en bloc. Certes, vu que je passe tout mon temps à grimper, je suis forcément amené à fréquenter des gens passionnés et donc un peu forts, mais ce serait faire insulte à mes copains que de les apprécier pour leur niveau en grimpe. Je suis amis avec des gens parce que j’aime bien discuter avec eux, que je les trouve sympathiques, qu’ils me font marrer ou je ne sais quoi d’autre.
Autant l’excellence est assez fascinante, autant, quand on se met à bien connaître les gens, elle perd énormément en importance dans la relation jusqu’à finir par s’effacer presque complètement.

– Quelle est la plus grande démonstration d’escalade à laquelle tu aies assisté ?

De temps en temps, je vois des gens faire des trucs où je ne comprends même pas comment c’est possible. Allez, trois-quatre exemples pour le plaisir. L’échauffement d’Adam Ondra à Entraygues avant qu’il ne rate le flash dans “la Moustache qui Fâche”. Il faisait des 8a/b à vue (ou peut-être qu’il les avait déjà faits 10 ans avant) en randonnant tellement que je me suis dit sur le moment que même dans un 6c je me serais plus mis au taquet. C’était incroyable.
Autre exemple, la première fois ou j’ai mis les pieds à Oliana, Ramon a fait le 8c+ Joe Blau en randonnant complètement et en se reposant partout même dans les crux. Sur le moment il grimpait avec tellement peu de rythme qu’on a cru qu’il l’avait faite à vue, mais en fait on a appris qu’il avait mis une montée la semaine d’avant. Incroyable.
À Bleau, j’ai vu Charles à de multiples reprises faire des choses abracadabrantesques que j’aurais presque jugées impossibles si je ne les avais pas vues. Du genre des ouvertures flash ou en très peu d’essais de 8A sur 1 mouv dans lesquels personne d’autre ne bouge, ou bien des 7B dalle en basket en atomisant des grattons avec les ongles…
Un dernier pour la route. Dans le dévers à 65° de Blocage, le petit pan de Bleau, Nico Pelorson avait ouvert un bloc (prises rouges !) avec un mouvement de pure tenue et gainage qui me semblait ne pas marcher. Ce mouvement, Nico l’a réussi et même avec les 2 mouvs de mise en place. C’était vers le moment où il a fait Big Island assis et il était sacrément en forme. Les grimpeurs qui passaient à la salle et voyaient ce bloc pensaient même que c’était une blague tellement il avait l’air impossible.

“L”insoutenable” à Bleau (coll. Stephan Denys)

– Toutes choses étant égales par ailleurs, tu dois parier sur la personne qui décrochera la première du “Bombé bleu”: sur qui est ton argent ? Et la première répétition de “Silence”?

Les meilleurs profils pour faire cette voie sont à mon avis Alex Megos et Jakob Schubert parce qu’ils ont probablement le niveau de force de faire le premier pas de bloc, mais aussi suffisamment de consistance pour grimper le 9a qui suit avec de la sécurité. Adam Ondra, je sais que la voie lui fait peur parce qu’il a des gros doigts et que c’est un handicap dans ce style, mais je pense que s’il décide de s’investir il va la faire, d’autant qu’il a peut-être l’allonge pour faire la méthode de droite beaucoup plus facile. Dans les outsiders, les deux Nico, Pelorson et Januel, ont démontré qu’ils savent concrétiser de gros projets, et pourraient tirer leur épingle du jeu s’ils trouvent la solution du premier mouv. Je pense qu’un Simon Lorenzi s’il se motive peut avoir une chance, Charles aussi mais j’y crois pas trop…
Bref, je réponds maintenant à la question : si je dois en garder un, ce sera Megos, talonné par Ondra. Mais par contre, ça me ferait plus plaisir que ce soit un Français !
Pour “Silence”, pas facile non plus ! Je dirais Seb Bouin ou Stefano Ghisolfi, avec une petite option sur Seb.

– Tu essaies d’avoir une démarche écolo en privilégiant le vélo et le train pour te déplacements en falaise. Décris ton raisonnement.

Bigre, par où commencer ? En fait, il faut que je sois honnête : je ne fais quasiment aucun effort pour avoir un mode de vie écolo et je vais la plupart du temps grimper en voiture.
Je suis pourtant assez persuadé, comme pas mal de gens maintenant, qu’il faudrait que tout change pour des raisons écologiques. Mais je vois plutôt ça comme une transition politique, avec des centaines de milliers d’ingénieurs missionnés par l’état qui feraient des consultations populaires, réfléchiraient et aideraient à organiser la mise en œuvre d’une transition en urgence, pour essayer de diviser par 5 ou 10 la consommation générale d’énergie (fossile) tout en essayant de laisser aux gens la possibilité d’être à peu près libre et heureux. Par contre, je crois que c’est un énorme piège de penser que la solution viendrait des individus qui changeraient radicalement de mode de vie chacun dans leur coin. Ça n’a strictement aucun sens parce que la société est organisée de manière à ce qu’on doive choisir entre polluer et s’aliéner soi-même pour ne pas polluer. Il faut offrir un autre choix aux gens que ce dilemme affreux.
Cela étant dit, en attendant le tournant politique, je pense qu’il faut faire preuve de décence dans nos comportements individuels et ne pas se déresponsabiliser totalement non plus, d’autant que cela nous prépare à accepter l’idée d’un changement politique.
Quand la transition se fera, ça m’étonnerait beaucoup que notre modèle de grimpe en falaise puisse subsister tel quel. Plein de jeunes grimpeurs n’auront probablement plus de voiture individuelle, ou alors elles seront minuscules et rouleront à 50, ou alors on ne pourra plus faire autant de kilomètres mais je vois bien les trips train/vélo gagner en parts de marché dans les années à venir.
On en vient à ce pourquoi j’ai fait quelques trips de grimpe sans voiture : pour l’expérimentation. Je voulais voir si c’était bien, agréable, compatible avec la performance…
Je donne quelques résultats en vrac de ces expérimentations : le lendemain d’une journée de vélo, un corps pas trop entraîné n’est pas prêt du tout à perfer, le surlendemain ça va déjà mieux. Ça donne une dimension esthétique au trip (et aux performances si elles surviennent) qui est vraiment incroyable : ça augmente fortement la saveur de l’expérience. Ça demande un surplus de temps si c’est juste un trip vélo et d’argent si c’est train/vélo ce qui n’est pas compatible avec certains travails et certains budgets…
Bref, je trouve que c’est un sujet très intéressant, il y a plein de solutions à trouver et à mettre en œuvre, mais encore une fois, il faudrait vraiment un appui politique. Parce que même avec la meilleure volonté du monde, s’il n’y a pas de place dans les trains pour les vélos ou si la SNCF fait du pricing sur votre dos pour vous faire cracher le plus d’argent possible, eh bien vous ne pourrez rien faire d’autre que l’avoir dans l’os.

– Tu partages ta vie depuis quelques années avec Caroline Sinno, spécialiste de bloc. Comment s’organise votre équilibre de couple de grimpeurs ?

Caro, elle est au moins aussi fanatique que moi. Elle se met des énormes projets en bloc dans lesquels elle ne fait toujours pas les mouvs au bout de 10 séances, mais elle lâche rien et elle finit par réussir alors que personne n’aurait parié un centime sur elle au début. En fait, même si elle c’est en bloc et moi en voie, on a exactement la même approche de l’escalade : ce qui nous anime vraiment c’est le après travail très long. Du coup on se comprend. Moi je sais à quel point c’est important pour elle d’avoir de la parade dans ses projets donc je fais de gros efforts pour la soutenir. Elle, elle sait que j’ai besoins de faire souvent des trips falaise d’une ou deux semaines voire plus pour essayer du dur, du coup elle me laisse m’organiser comme je veux et ne me fait jamais culpabiliser même si parfois, pour elle comme pour moi, c’est pas facile de passer du temps sans se voir. Puis si elle n’a pas trop de travail avec Crimp Oil elle vient avec moi en falaise.

“A la limite de la rupture”, Supermanjoc (coll. Julia Cassou)

– Tu sembles davantage intéressé par la falaise et pourtant tu habites en forêt de Fontainebleau. Pourquoi ce choix ?

Bleau, c’est vraiment un choix de couple. Caro rêvait de rester habiter là, et moi, ça m’allait pas trop mal parce qu’à Bleau, quand tu as un emploi du temps un peu flexible, tu peux aller toucher le caillou même en semaine dès que tu as un petit créneau de 2 ou 3h. Et puis en habitant sur place, c’est très rare de prendre des buts météo en réalité. Et de toute façon, les salles sont bien pour s’entraîner.
En fait, c’est bête à dire, mais ce qui me manque en habitant là-haut c’est plus l’ambiance du Sud-Ouest. Les amis (même si j’en ai aussi à Bleau !), la famille, les départs groupés en falaise et les arrêts boulange du samedi matin…

– Les grimpeurs qui t’inspirent et pourquoi ? Qu’est-ce qui t’inspire chez un grimpeur ?

Il peut y avoir plein de choses qui m’inspirent chez des grimpeurs. Leur vision, leur mental, leurs qualités physiques, leur virtuosité… Du coup il y a plein de grimpeuses et de grimpeurs qui m’inspirent à leur manière. Mais il y en où ça va plus loin. Il y en a sans qui ma vision et mon approche de l’escalade auraient probablement été très différentes. Je vais citer en citer trois, les trois mêmes que lorsqu’Émilien m’avait posé la question pour l’interview d’Escalade9.
D’abord, Chris Sharma. Toujours imité, jamais égalé. Les first ascent de “Jumbo Love” et “Es Pontas”, avec en plus des films parfaits à la clef, sont à mon sens les trucs les plus cool qui ont jamais été fait en grimpe et j’ai l’impression que c’est, au moins inconsciemment, le modèle après lequel je cours…
Ensuite, il y a mon pote toulousain Pierre Trolliet. C’est lui qui m’a appris à réfléchir la grimpe à contre-courant, c’est-à-dire en ayant honte de réussir une voie facilement. C’est la leçon la plus précieuse qui m’a été donné en escalade.
Enfin, il y a Charles Albert. Je raconte déjà suffisamment cet ovni dans mes articles sur Grimper, mais ce qui est incroyablement inspirant chez lui, c’est sa capacité à se détacher complètement de la finalité d’une action pour se concentrer exclusivement sur la manière, sans jamais céder à la tentation de perdre en élégance pour un meilleur résultat. C’est vrai en grimpe, mais pour tout le reste aussi. S’il cuisine, par exemple, il va s’appliquer énormément pour le faire dans les règles de l’art, il va mettre toute son énergie à l’exécution parfaite de la recette. Et le résultat gustatif ne sera qu’une conséquence dont il ne se préoccupe qu’à la fin, au moment de manger.
Je n’ai pas du tout cette prétention à titre personnel, mais, grâce à Charles, c’est quelque chose sur laquelle j’aspire à progresser.

– Si il ne devait rester qu’une ligne en escalade (falaise/bloc/grande-voie/deep water), qu’est-ce que tu choisirais ?

Vue la réponse faite au-dessus, “Es Pontas” ou “Jumbo Love”, mais on va dire “Es Pontas”. Parmi les voies que j’ai enchaîné, je garderais Donkey Kong, 8c+ à Supermanjoc pour toute l’émotion qu’elle m’a procuré, autant dans le travail de la voie qu’au moment de clipper la chaîne. S’il ne fallait en garder qu’une, je garderais celle là.

– Quels sont les projets que tu aimerais mener dans le futur ?

Tout d’abord, il faut que je réussisse à finir “Fight or Flight”. Maintenant, après tout le temps que j’ai passé dedans et surtout après en avoir tellement rêvé, je ne peux plus abandonner ! Je pense que cette voie, en termes de difficulté, est probablement à la limite de ce que je serai capable de faire dans ma vie. Au moins dans ce style. Peut-être que dans une escalade un peu moins à condi je serai capable de faire un peu plus dur, mais là, j’ai vraiment l’impression de jouer à ma limite tellement l’effort est long, soutenu, et demande d’être très en forme dans toutes les filières en même temps. Je vais y aller en mars, j’espère que je serai suffisamment en forme et qu’il fera le plus froid possible avec le plus de vent du Nord possible (le vent du Nord, c’est presque un biscuit pour cette voie tellement ça aide).
Et sinon, avec le grimpeur toulousain Fabrice Landry, on a dessikaté (avec la bénédiction de l’équipeur Éric Siguier !) un vieux 8c+ de Supermanjoc, ce qui donne un nouveau projet dans ma falaise de cœur, naturel, exceptionnellement beau et je pense à peu près du même niveau que “Fight or Flight”, mais dans un style un tout petit peu plus haché qui me convient un poil mieux. Trouver une telle voie à Saint-Antonin, avec en plus un pote aussi motivé que moi pour l’essayer, c’est juste le rêve. Ce sera mon objectif principal cette année.

Photo de couverture : Arthur Delicque

Interview Lucien Martinez
Portrait (coll. Arthur Delicque)

ENGLISH VERSION

All those who have met and talked with him will confirm that Lucien Martinez is not a climber who leaves you indifferent. A friendly and open character, sometimes taking clear-cut positions, having a very personal and original approach of the sport, like his friends Charles Albert or Nico Pelorson, Lucien is an UFO in the French climbing scene. Long interview with him.

– You’re from the South-West of France, precisely Montauban. Can you introduce yourself and tell us about your beginnings in climbing?

Before Montauban, I lived in Toulouse until I was 8 years-old and that’s where I started climbing. My mother had enrolled my brother and me in a weekly class with Mathieu Gallot Lavallée. There were people at the gym who told me that Mathieu was super strong and that he had done an incredibly hard outdoor route that only three climbers had sent, and that one of them had said this route was an 8c+. At the time this story fascinated me, and I understood perhaps 10 years later that the route was in fact “Baston à la Maison” in Saint Géry (in the Lot), and that the climber who had suggested 8c+ was none other than Dave Graham.
However, I was not particularly gifted or even motivated at the time. My passion was rugby. I played rugby for three years and was super strong, much more than at climbing. Those who knew me at the time will be able to testify to this, even if I admit that it may seem hard to believe given my rather skinny physique now. Arriving in Montauban, there was no more spots at the rugby club, while at the same time the climbing gym was close to my house. There was a free access formula that allowed us to go alone in the evening after school, so I started going there more or less every evening. I started thinking only about that. I bid my time all day waiting to go back and try the boulders that had resisted me the day before. I was only looking to have fun, not to train at all, but I improved nonetheless and my level increased progressively in the next 2 or 3 years. At that time Hervé Peyre, our instructor, began to regularly take the club’s youngsters to the crag of Saint Antonin. He put top-ropes up for us, helped us choose routes, gave us advice and beta, told us stories about the lines and the climbers in the area… And by the by, perhaps helped by the fact that I never managed to beat my good friend François Kaiser (whom I hereby salute!!) in competition, I fell in love with rock climbing. At 13 or 14 I had become pretty much independent. I had a list of phone numbers of climbers I knew, and on Saturday evenings I would call them all one by one until I found someone to take me to the cliff.

– Once you graduated in agronomics, you dropped everything for climbing, why?

In my last high school year, I was more hungry for climbing than ever, more or less obsessed. But after my Bac (end of high school exam) I got into a Prépa (preparatory class) and could only squeeze in Saturday afternoons at the crag. I was extremely frustrated. I could see everyone grabbing hard ticks, improving, loving life and I was so envious. As soon as I got into my Engineering School I was able to climb more and spend the whole weekend outdoors, but it wasn’t that easy to juggle both so I still had to find some kind of compromise regarding climbing.

With my diploma in the bag, in actual fact, at first I had no desire to throw it all away, I just wanted to take a year off in order to focus 100% on the two lines that I was fantasising about, ‘Fight or Flight’ and ‘3 Degrees of Separation’. The idea was to send them before looking for a rather busy engineering job. The problem is that regardless of my motivation, my single mindedness and my attempts, I couldn’t send either. I realised two things. First, that to make my dreams come true I had to improve, and not just a little. Second, that climbing was my world, that I would never get bored of it and it’d be silly not to work in climbing given all the above. I thought long and hard about what to do and in the end decided to give journalism a go, with the safety net of going back to engineering if it didn’t work out. Overall I feel at home where I am now, I do something I’m passionate about and I think I bring more with my job at Grimper (main French climbing magazine) than I would have an engineer.

– You were interested in high level climbing very early on. Why does this subject particularly interest you?

Oh my God, you’re asking me to do my own psychoanalysis ! High difficulty in climbing has, I find, something fascinating. It has its mysteries, gossip, rivalries, epic fights lasting several years, climbers who manage to perform incredible feats by being very clever, first ascents that are akin to Grail quests with several protagonists… All of this, and that’s what’s incredible, without any official framework!

– You’re very interested by grades, and you think that the slash shouldn’t exist, why?

I don’t know if I’ll manage to explain myself but I’ll give it a shot! What little recollection I have of my preparatory class time is that grades are a discretisation of a continuous whole. Meaning that a grade is no way near a precise value for the difficulty of a route, rather a range. If we take the notion of a ‘grading scale’, we must understand that a grade, say 7a, is not a rung but the space between two rungs, where the rungs represent the limits between 7a and 7a+ at the top, and 7a and 6c+ at the bottom. If we say that a route is 8c+/9a, it cannot mean that its difficulty is located bang on the rung separating 8c+ from 9a, because it’s mathematically impossible (the probability that the difficulty of a route lies right on a rung is zero, cf. my math classes). To say that a route is 8c+/9a implies adding a new gap between 8c+ and 9a in the grading scale. To use slash grades is to accept the rejigging of all the rungs on that scale (as well as adding some) in order to make way for new ones and effectively double that number. Nothing forbids it, but it would entail a reassessment of the grade of each line. The hard 8a would become 8a/+, the easy 8a+ likewise and so on and so forth for all the routes in the world.

On top of this issue, I think that the current level of accuracy in the grading scale is not that bad, and that it’s already tricky getting a consensus. It’s therefore not that pertinent to shuffle everything around by doubling the current number of grades.

But, for there is a but, I am not against slashes in their two original uses. At the beginning, they weren’t used to add a grade to the scale, but to express a doubt between two grades, thereby leaving repeaters to refine it. I think this is a good use of the slash, and that’s why when I repeat a slashed route I try to give my opinion with the most honesty and openness possible.

The other use of the slash, historically, and which is also interesting (I know it was for instance the case for the Saint Antonin topo) had to do with morphology-dependent routes: it gave an inkling that the route wasn’t the same difficulty for everyone.

Interview Lucien Martinez
Climbing in Font – Red Rocket (coll. Stephan Denys)

– As a climber, you are particularly stubborn on extreme redpoint projects such as “Fight or Flight”. Why try to push your limits all the time?

Well, this question points to a huge problem. For me, it works like a quest with twists and turns and an uncertain end. A hard route that makes me dream, it’s a Grail that I’m trying to reach. I dunno if I’ll get there, but I dream of it, sometimes even literally. And I want to give it my all to succeed.
It’s all very well on paper, but from the moment you accept the fact of really wanting to do very hard things, you tie yourself up to them…

We can no longer go climbing wherever, whenever because we are enslaved to our goals and our training. We no longer see climbing other than through the prism of our quest, to the point that we forget the fun, precisely what made me love climbing in the first place. I don’t like being a monomaniac, not at all. There are plenty of other sports that I love and that I unfortunately no longer practice, not to mention requests from friends that I decline… But you can’t have everything. Wanting to do “Fight or Flight” while remaining open, free, practicing lots of other sports and taking the time to make beautiful Climbing magazines, I know very well that it’s not possible for me. So for the moment, I’m staying fully focused on performance, but I’m very torn because I don’t really like this state of rigidity in which I find myself in.

– In the last few years, instead of repeating famous hard routes you’ve turned to local crags, with unusual first ascents and repetitions (“Beyond”, “3 degrees”, “FFF”, “Hugh”…). Is it planned?

If I invest myself in a route, it has to have a particular meaning, through its history, its location and whatever else… For ‘FFF’, it’s clearly not a beautiful line but it’s located in Supermanjoc, my childhood crag, and for years I walked past it, looking up, telling myself it would impossible. For ‘Hugh’ the mystery attracted me, I was very curious to get my fingers on it and see what was what. For ‘Beyond’, the route was nice and in my style. For ‘3 Degrees’ it had been a dream ever since watching Sharma’s video, one of the very best. Getting to Ceüse more than 10 years after watching it, catching a glimpse of the three yellow tufas at the start as you walk up the last steep part of the path, touching the holds for the first time, trying the moves wondering if they are like what I imagined, then throwing attempt after attempt before finally succeeding… All this was an incredible experience, and so much nicer than for a route without context, without Sharma’s video and the dozen viewings, aged 12, mouth agape in front of my dad’s computer screen.

For short, it’s not that I don’t want to repeat the more fashionable lines, on the contrary I like it, but other contextual elements such as the mystery or the South-West crags also matter in the routes I decide to focus on. For me, the most important is what has meaning for me.

What’s your vision of climbing in France for 2022?

I imagine that this question could be approached from many different angles (gyms, management of crags, climbers etc.) but the only one for which I think I have something interesting to say concerns the high level in rock climbing: in my opinion France is once again becoming the center of the world, as it was at the end of the 90s and the beginning of the 2000s, before Sharma moved it by living in Catalunya. We have all the routes by Seb Bouin (at La Ramirole but not only) which are extremely huge and from which Ondra, Megos, Schubert and Ghisolfi will not be able to avoid forever… And in addition we have Céüse and Saint-Léger with lots of new extreme routes and major projects everywhere. We have been witnessing a new dynamic in France in the last 2-3 years and I am betting that this trend will increase and the decade of the 2020s will be the one of France, like that of the 2010s (and the end of the 2000s) was for Catalunya.

– What do you think about the climbing press in general, and particularly the climbing websites?

Paradoxically, I find the web press is doing quite badly because it’s vampirized by Instagram. Before, when you were writing for Kairn.com some years ago, we were eagerly awaiting news of the new sends because that was really where we learned what was going on. Now, instagram has stolen the show and almost all the key information in our small world arrives there first. And we, the media, find ourselves forced to summarise by reformulating the “official press releases” that the athletes publish on Insta, or to ask them for interesting details, but in any case it’s on Instagram that the info comes first. The usefulness of the web press then becomes a kind of funnel of social networks that filters information and performances by importance to its readership. It’s still interesting because not everyone follows what’s happening on Instagram, and so there are a lot of people who still learn a lot of things from the web press, but it’s not quite the same anymore

– The advent of social media has revolutionised and sped up the sharing of information. Is it good or bad? What is your take? And how do you use them?

As my previous answer suggests, I am in complete agreement with your statement! I tend to say that it’s neither good nor bad, but that is it what it is and we have to make-do. Yet I’m going to allow myself a slight criticism. The social media logic is strongly biased towards self-promotion. You have an account and share your exploits with more or less subtlety. I think that a system forcing people to sing their own praises to exist has a problem. At any rate it does bother me, even if I follow a number of accounts with pleasure and would be sad to see them go!

As for me, I’m only on social media to keep up-to-date and see what others share, I never do. But I am aware that if I didn’t make a living with Grimper and had to find my feet as an independent journo, or if I’d tried to become a pro climber, I would probably not be able to skip the self-promotion on social networks.

Interview Lucien Martinez
FFF, Supermanjoc (coll. Sam Bié)

– We often hear that paper magazines are not doing very well. Since you started, what are your satisfactions and also the pitfalls that you have encountered or still encounter as a journalist?

Here, however, I don’t agree with this statement! As far as climbing is concerned, the paper press seems to me to have everything needed to do pretty well. I’m thinking in particular of photos. Climbing photography is something rich and aesthetic and is working very well. There is the climber, his/her face, position, the holds, the shape and the colors of the rock, the landscape… Besides, there are quite a few photographers who are passionate and super good. It would be too bad if all the beautiful climbing photos no longer or almost no longer existed except for screens. For the texts too, I believe that on paper we can stand out from the web by making, for example, somewhat complete topics like those of Grimper for Céüse and Fontainebleau, but also by providing fairly complete background analyses on historical themes.
Obviously, as far as fresh news are concerned, it happens a month later or even more with paper magazines, so the battle is lost in advance, but I believe that there remains and will remain a big opportunity for the paper, because by playing on the angle of quality, paper magazines bring things that the web doesn’t. But that’s up to us to prove it by producing beautiful (and interesting!) magazines.
Concerning satisfactions and pitfalls, it will soon be 3 years since I’ve made editor-in-chief of Grimper so there have necessarily been things that have worked more or less well. There is one thing in particular that people don’t necessarily realise, it is the multiplicity of issues when you release a magazine. We want the reader to be happy and make people dream, we want the issue to sell well, of course, but we must also avoid at all costs sowing discord in the territories we are talking about by forgetting, for example, to involve such bolter or climber who has given their passion and their time on the crags concerned, or by not raising the issue of sectors threatened with a ban, and so on. It’s almost impossible to tick all the boxes, but it’s very satisfying when, for certain issues, you can get close. At the same time, it’s disappointing when you can’t.
And if not, I would like there to be a little more humour and derision in magazines, but I still haven’t found a suitable formula… Gilles, if you’re reading this interview and you want to take up the fake covers, the door is wide open!

– In your writing, we can often feel something vaguely literary/philosophical, can you tell us more?

Yes I can. In fact, it’s not really out of a particular interest for literature or philosophy, it’s much more wide-ranging. I’m so conditioned to thinking about climbing that my brain often finds parallels between climbing and things that are completely foreign. I find it amusing and like to share them in my articles. If it’s well done-I’ll admit it doesn’t always work-it can add to the interest and the depth of my writing, or just serve as a hook. But it doesn’t only concern literature or philosophy (areas in which I want to stress I have zero ambitions), it can be movies, other sports or disciplines… I’ve even made a comparison between grades and the tables we used to study in Chemistry… I hope that one day I’ll have the opportunity to explain myself in an article!


– How would you answer people who think you have too elitist an approach?

That I take part of it. In self-mockery, I sometimes say that I can’t find people who have strong finger power unsympathetic! Excellence, whatever the field, is very interesting, even fascinating. I wouldn’t be able to give the source, but I remember Adam Ondra saying that the higher the level you reach, the more the practice of climbing is interesting because it becomes more complex. I pretty much agree with that.
As far as my friendships are concerned, on the other hand, I totally deny it. Honestly, since I spend all my time climbing, I’m used to associate with people who are passionate and therefore a bit strong, but it would be an insult to my friends to appreciate them for their level in climbing. I’m friend with people because I like talking to them, I find them friendly, they make me laugh or whatever.
As much as excellence is quite fascinating, when you get to know people well, it loses a lot of importance in the relationship until it ends up disappearing almost completely.

– What’s the most outrageous climbing feat you’ve been privy to?

From time to time, I see people do stuff that I don’t even understand are possible. Ok, so 3-4 examples for the fun of it. Adam Ondra’s warm-up at Entraygues before missing out on the flash of ‘La moustache qui fâche’. He was onsighting 8a and 8b (unless he’d climbed them 10 years previous) with such ease I thought I’d get more pumped climbing a 6c. It was incredible.

Another example, the first time I set foot in Oliana, Ramon chilled his way up Joe Blau (8c+) resting everywhere, even in the cruxes. Because the rhythm of his climb was so broken we thought at the time he was onsighting it, but we learnt that he’s gone up it once the week before. Insane.

In Font, many times I saw Charles Albert do things so out of this world I would have called them impossible without having been a witness. Like flash FAs or in a handful of runs of 8A on a move that no one else can get anywhere near, or 7B slabs in trainers by simply annihilating miserable grains of sand with his nails…

A last one for the road. In the 65° overhang of Blocage, the small ‘gym’ in Font, Nico Pelorson opened a boulder (red holds) with a move of pure crimping and core strength that seemed to me not to work. Yet Nico managed to do it, and even adding the two moves prior. It was around the time he made Big Island sit and he was a monster. The climbers who passed by the gym and saw his boulder thought it was so impossible as to be a joke.

– All other things being equal, you have to bet on the person who will free the “Bombé bleu” first: who is your favorite? And for the first repeat of “Silence”?

The best profiles to do “Bombé bleu” are in my opinion Alex Megos and Jakob Schubert because they probably have the level of strength necessary to solve the first boulder crux, but also enough resistance to climb the 9a that follows with safety. Adam Ondra, I know that the route scares him because he has large fingers and that’s a handicap in this style, but I think that if he decides to get involved he’ll do it, especially since he may have the ape index to be able to choose the easier starting beta to the right. For the outsiders, the two Nicos, Pelorson and Januel, have demonstrated that they know how to tick big projects, and could send it if they find the solution for the first move. I think that Simon Lorenzi, if he motivates himself, stands a chance, Charles too but I don’t really believe it.
In short, I’m now answering the question: if I have to keep one guy, it will be Megos, followed by Ondra. But on the other hand it would make me happier if it were a Frog!
As regards “Silence”, not easy either! I would say Seb Bouin or Stefano Ghisolfi, with a small advantage to Seb.

Interview Lucien Martinez
Brushing in Font (coll. Arthur Delicque)

– You’re trying to have a greener approach to climbing by favouring bicycles and trains to go cragging. Can you expand for us?

Phew, where should I start?! In fact, I have to be honest here: I make very little effort to be greener, and most of the time I drive to my crags.
Yet I am quite convinced, as many others now, that all this needs to change, for ecological purposes. But I see it mostly as a political transition, with hundreds of thousands of engineers tasked by the government to survey the people, to think and help organise the urgent transition in order to divide by 5 or 10 the overall consumption of fossil energy while giving people the opportunity to still be free and happy. On the other hand, I believe it’s an enormous trap to think that the solution will come from individuals who would radically change their modus operandi in isolation. It makes no sense because society is organised in such a way that people have to choose between pollute and deny themselves in order to stop polluting. What must be offered people is another choice than this awful dilemma. Having said that, as we wait for this political shift, I think that we must show decency in our personal behaviours and not think we can’t do anything either, if only because it prepares us to accept the idea of a political sea change.

When this transition will take place, I’d be surprised if our current outdoor climbing model could survive. A lot of young climbers probably won’t have a private car, or they’ll be tiny and only do 50 kph, or we won’t be able to drive as many kilometres; so I do see the train/bicycle trips gaining in popularity in years to come.

Which brings us back to why I tried a few trips without cars: for the sake of experimentation. I wanted to know if it was nice and compatible with performance… Let me give you a few personal conclusions: the day after a day on the saddle, a body that is not so trained for it is not at all ready to perform, but two days after it improves. It adds a certain aesthetical dimension to your trip (and to the sends if they happen) that is truly magical: it strongly increases the flavour of the experience. It also requires added time if it’s only by bike, and money if a combo train/bicycle that is just not compatible with certain budgets or jobs…

In short, I think it’s a great topic, there are a lot of solutions to be found and put in place, but again, what’s really needed is political support. Because even with the best will in the world, if there’s no room on trains for your bicycle or if the SNCF (train company) decides to make money out of you, well there’s nothing you can do can you!

– You’ve been in a relationship with Caroline Sinno, a bouldering addict, for a few years now. What does the life of a high flying climbing couple looks like?

Caro, she’s at least as fanatical as me. She invests herself a lot on huge bouldering projects in which she still does not move after 10 sessions, but she never gives up and often ends up succeeding when no one would have bet a penny on her at the beginning. In fact, even if she is only bouldering and I’m mostly rock climbing, we have exactly the same approach: what really drives us is the very long redpoint projects. So we understand each other. I know how important it’s for her to have a spot on her projects so I do my best to support her. And on the other hand she knows that I often need to do rock climbing trips of one or two weeks or more in order to try hard, so she lets me organise myself as I want and never makes me feel guilty even if sometimes, for her as for me, it’s not easy to spend time without the other. Then if she doesn’t have too much work with Crimp Oil she also comes with me at the crag.

– You seem more interested by rock climbing and yet you live in the forest of Fontainebleau, far from the crags. Why this choice ?

Font is really a couple’s choice. Caro was dreaming of living there, and me, it didn’t suit me too badly because in Font, when you have a somewhat flexible schedule, you can go and touch the rock even during the week as soon as you have a little time slot. 2 or 3 hours. And then by living there, it is actually quite rare to be turned down by the weather. And anyway, the gyms are good for training.
In fact, it may be silly but what I miss living up there is more the atmosphere of the Southwest. Friends (even if I also have some in Font!) family, group start for the cliff, and Saturday morning bakery stops…


– Which climbers inspire you and why? What inspires you in a climber?

There can be lots of things that inspire me in climbers. Their vision, their mind, their physical qualities, their virtuosity… So there are plenty of climbers who inspire me in their own way. But there are some where it goes further. There are some without whom my vision and my approach to climbing would probably have been very different. I am going to quote three of them, the same three as when Émilien asked me the question for the Escalade9 interview.
First, Chris Sharma. Always imitated, never equalled. The first ascents of “Jumbo Love” and “Es Pontas”, and perfect films, are in my opinion the coolest things that have ever been done in climbing and I have the impression that it’s, at least unconsciously, the model I go after…

Then there is my buddy from Toulouse Pierre Trolliet. It was him who taught me to think about climbing against the current hype, and to put my limits further, for example by being ashamed of succeeding in a route easily. This is the most valuable lesson that has been given to me in climbing.
Finally, there is also Charles Albert. I already tell enough about this UFO in my articles on Grimper Magazine, but what is incredibly inspiring about him is his ability to completely cut himself off from the finality of an action and focus exclusively on the move, without falling into the temptation to lose elegance for the sake of a better result. This is true in his climbing, but for everything else too. If he cooks, for example, he will apply himself enormously to do it according to the rules of the art, he will put all his energy into the perfect execution of the recipe. And the taste result will only be a consequence that he only cares about at the end, when eating.
I cannot claim any of this personally but, thanks to Charles, it is something on which I aim to improve.

– If there was only one climbing line left (route/boulder/multipitch/deep water), which one would you choose?

According to the answer made above, “Es Pontas” or “Jumbo Love”, but I will choose “Es Pontas”. Among the routes I have sent, I would keep “Donkey Kong”, 8c+ at Supermanjoc for all the emotion it gave me, both during the work on the route and when clipping the chain. If I had to keep only one line, I would keep this one.

– Which projects would you like to accomplish in the future?

First of all, I have to manage to finish “Fight or Flight”. Now, after all the time I’ve spent on it and especially after dreaming about it so much, I can’t give up! I think this route, in terms of difficulty, is probably at the limit of what I will be able to do in my lifetime. At least in this style. Maybe on a climb slightly less condition-dependent I’ll be able to do a little harder, but here, I really feel like I’m playing at my upper limit as the effort is so long, sustained, and requires me to be very fit in all aspects at the same time. I’m going to go back again on it in March, I hope I’ll be in good enough a shape and that it will be as cold as possible with as much North wind as possible (the North wind is almost a big help for this route).
And otherwise, with Fabrice Landry, we got rid of some sika holds (with the agreement of the bolter, Éric Siguier!) on an old 8c+ of Supermanjoc, which gives me a new project at my beloved crag, natural, exceptionally beautiful and I think pretty much of the level as “Fight or Flight”, but in a slightly more bouldery style which suits me a bit more. Finding such a route in Saint-Antonin, with a friend as motivated as me to try it, is just a dream. This will be my main goal this year. for sure!

Cover Pic: Arthur Delicque

Interview Lucien Martinez
Portrait (coll. Arthur Delicque)





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Deux françaises à bloc ! – Two French women crushing the boulders!

13 janvier 2022 à 20:17

Deux françaises à bloc aujourd’hui !

*** Oriane Bertone répète “Karma”, un des blocs iconiques de Fontainebleau :
La jeune étoile Réunionnaise Oriane Bertone, 16 ans, vient de s’établir à Fontainebleau pour pouvoir s’entrainer au pôle France. Bien lui en a pris car se dessine depuis quelques jours une fenêtre de collante qui lui a permis de rétablir au sommet d’un des classiques de la forêt, le célèbre “Karma” à Franchard Cuisinière, à son premier essai de la journée ! Ouvert par Fred Nicole en 1995, “Karma” propose 3 mouvements très purs de compression sur des plats précaires, un bloc fort esthétique et court qui peut résumer à lui seul l’essence de l’escalade bellifontaine. Démonstration de puissance et de facilité (“le fameux Bertone flow” si caractéristique) dans la vidéo ci-dessous pour la première féminine de ce passage mythique, et une nouvelle jolie croix pour Oriane ! Quelque chose nous dit que ce n’est pas fini, Oriane étant très proche dans un gros projet à Franchard… A suivre !

*** Premier 8A+ bloc pour Amandine Loury :
On connaissait les qualités d’Amandine en falaise avec de nombreuses réalisations difficiles à son actif, mais depuis quelques temps cette dernière se met à faire du bloc en milieu naturel très régulièrement. Et force et de constater que ça paye, avec la première féminine de “Tumult’Asie” à La Capelle (Gard) pour son premier 8A+. Il lui aura fallu 5 séances et là aussi des conditions de collante parfaites. Bravo les filles !

Photo de couverture : coll. Jean-Luc Jeunet

Two French women crushing the boulders!

*** Oriane Bertone climbs one of Font’s most iconic lines:

The young star from Reunion island Oriane Bertone (16 years old) just moved near Font in order to train at the French national centre. She was lucky to arrive this week, as the cold and dry weather spell means one thing only: sticky conditions in the forest, allowing her to climb “Karma” today on her first go of the session! Opened by Fred Nicole in 1995, “Karma” serves up 3 pure compression moves on desperate slopers, an aesthetic and short line which perfectly embodies the famed Font style and spirit. Watch the video above, displaying her customary ease and the power (aka “the Bertone flow”) for the first female ascent of this classic. And that’s another nice tick under Oriane’s belt! And its seems it’s not finished yet, Oriane having another project in Franchard… To be followed…

*** First 8A+ by Amandine Loury:
We know Amandine’s ability to score big in the rock climbing game with several extreme sends, but in the last few months Amandine has been bouldering more often too. And her work has paid off as she just claimed the first female ascent of “Tumult’Asie” in La Capelle (South of France) for her first 8A+. It took her 5 sessions and with good conditions today, success was awaiting. Congrats girls!

Cover Pic: coll. Jean-Luc Jeunet

Orian en plein crux dans “Karma” (coll. Stefano Bertone)

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Video: Les Emmerdeurs

17 novembre 2021 à 17:30

Dans un long article ce printemps, nous tentions de mettre en exergue l’importance de la préservation en escalade en milieu naturel. Le court-métrage “Les Emmerdeurs” traite de la cause écologique à travers du cas de l’emblématique falaise de Claret dans l’Hérault. Haut lieu de l’escalade sportive dans le Sud de la France dans les 90’s sous l’impulsion de grimpeurs locaux iconiques comme Lucien Berardini, Pierre Rouzo ou Hugues Beauzille, Claret n’en demeure pas moins, comme beaucoup d’autres sites, un refuge ornithologique et un havre de biodiversité. C’est à l’issue d’une concertation entre équipeurs locaux et naturalistes qu’il a été décidé de déséquiper tout un secteur situé à gauche de la falaise afin de permettre le survie de certaines espèces. Vidéo ci-dessous.

In a long article this Spring, we tried to highlight the importance of environment preservation in rockclimbing. The short film “Les Emmerdeurs” deals with the ecological cause through the case of the emblematic crag of Claret in Hérault. High place of sportclimbing in the South of France in the 90’s with iconic local climbers like Lucien Berardini, Pierre Rouzo or Hugues Beauzille, Claret is like many other climbing places a refuge for birds and a haven of biodiversity. After a consultation between local climbers and naturalists the decision was taken to take off the bolts in an entire sector located to the left of the cliff in order to allow the survival of certain species. Video below.

Photo: Raph Fourau

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Video: Théo Blass, Super Samson 8c

10 novembre 2021 à 09:32

Le jeune crack Montpellierain Théo Blass, 11 ans nous présente sa dernière croix en video, “Super Samson” 8c sur la falaise de Claret (Hérault), une voie plutôt typée bloc et à doigts. C’est déjà le 3ème 8c de Théo après “Souvenirs du pic” (St-Guilhem) et la voisine “Guère d’usure”.

Theo Blass is quickly becoming one of the most exciting young climbers on the scene. At only 11 years old he’s already climbed three 8c and has his sights set on harder objectives. We take a look at his ascent of the committing Super Samson, a difficult 8c in France…

Photo : Jan Virt

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Rouhling et Martinez relancent le débat sur les décotations – Rouhling and Martinez exchange views on downgrading

14 septembre 2021 à 17:29

Le sujet des décotations abordé par Fred Rouhling et Lucien Martinez ! Dans une vidéo interview en deux parties accordée à Relais Vertical, un des grimpeurs phares des années 90, Fred Rouhling, revient sur plusieurs aspects éthiques de notre activité.
D’une part, Fred Rouhling aborde dans un premier volet la polémique autour de la taille des prises et sa vision de l’époque, puisqu’il a ouvert des itinéraires références de la haute-difficulté comme “Hugh” ou “De l’autre côté de ciel” intégralement taillés dans les 90s.

Dans une seconde vidéo, Fred revient sur sa proposition de premier 9b mondial, “Akira” (1995). De manière fort intéressante, Fred explique pourquoi il a proposé 9b et revient sur les controverses qui ont suivi avec d’autres top grimpeurs du moment comme Jibé Tribout ou Dani Andrada. Fin 2020, Seb Bouin, Lucien Martinez puis Joshua Fourteau enchainent la voie et proposent 9a. Une décotation que Fred trouve un peu rude et qu’il ne semble pas digérer, malgré l’évolution du matériel et des méthodes d’entrainement depuis 15 ans, qui expliquent que les séquences difficiles collent davantage avec le style moderne des top grimpeurs actuels. Fred avoue que si d’un côté il a peut-être été naïf et orgueilleux en proposant 9b, d’un autre côté il émet le postulat très personnel que les autres grimpeurs qui ont essayé et répété n’ont pas eu une histoire très claire et sincère quand ils sont venus essayer ou répéter “Akira”. En particulier, Seb Bouin et Lucien Martinez ont pour lui décoté la voie sans véritable sincérité, dans l’esprit de se faire mousser et de le rabaisser. L’interview se termine par une longue et dernière tirade sur le système de cotations qui ne laissera pas indifférent, où Fred explique le côté dangereux de la décote systématique d’itinéraires par certains forts grimpeurs, remettant en question le consensus d’une cotation. Interpellés par ces propos, car sur les 4 répétitions d'”Akira” nous rappelons que 3 grimpeurs ont proposé 9a, ce qui nous semble être une majorité et un consensus, nous avons demandé à Lucien Martinez de réagir aux propos de Fred dans sa dernière vidéo. Lucien a accepté et voici sous la vidéo le droit de réponse de ce dernier.

Lucien Martinez :
“Tu m’as demandé de réagir à la deuxième partie de l’interview vidéo de Fred Rouhling. Alors premièrement je voudrais dire que j’ai vraiment bien aimé les deux parties, je les ai écoutées sans m’ennuyer une seule seconde ! Fred n’a pas essayé de faire du politiquement correct et vraiment c’est tout à son honneur. J’ai aussi beaucoup aimé la métaphore du Roi Pêcheur. Pour le reste, je ne vais pas avoir la grossièreté de me justifier bêtement sur ce qui m’est reproché. Par contre, je pense que c’est intéressant de dire un mot sur ce que Fred explique à la fin sur les décotations. En résumé, il dit que la mode est à décoter les voies pour faire parler de soi, que c’est dommageable à la pratique et que ça met en péril le système global des cotations parce que ça empêche de trouver des consensus. Je suis en désaccord total avec ça. Quand on trouve de nouvelles méthodes qui changent franchement la difficulté, quand on s’est posé des questions, qu’on a comparé aux voies de référence qu’on connaît et si on pense que c’est plus facile, c’est normal de décoter, justement pour préserver le système de cotations et ses références du grand n’importe quoi. Malheureusement, ce n’est absolument pas la mode, bien au contraire, la mode est à la prise sans vergogne les cotations les plus hautes car les grimpeurs savent trop bien que, contrairement à ce que dit Fred, décoter revient avant tout minimiser les répercussions de sa propre performance. Il est complètement aberrant et injuste de critiquer les rares grimpeurs (j’insiste bien, ces grimpeurs sont rares !) qui osent décoter les voies et font l’effort de se poser des questions sur ce qu’ils accomplissent, car ils se battent justement pour que le haut niveau en falaise reste crédible ! Pour ma part, quand je fais une perf et que j’ai le sentiment d’avoir fait moins dur que la cotation officielle, si je ne dis rien, j’ai un syndrome de l’imposteur et j’ai la sensation (très justifiée selon moi) d’avoir des honneurs que je ne mérite pas. Quand je ferai mon premier 9a+ ou mon premier 9b, je veux en être fier et ne pas être considéré comme un grimpeur de 9a+ sans en être un réellement. Pour finir, je voudrais quand même préciser que je ne suis pas naïf et que je sais très bien que toutes les décotations ne sont pas faites à des fins louables ; l’histoire a montré qu’elles sont assez souvent des attaques personnelles pour nuire au premier ascensionniste ou à un grimpeur dont ça serait la meilleure perf … De ce fait, je comprends très bien la réaction de Fred sur Akira. Personnellement, je ne décote JAMAIS des voies pour nuire à des gens. C’est même plutôt le contraire : ça m’est déjà arrivé de ne pas oser décoter justement par peur que certaines personnes ne comprennent pas et se vexent.”

En tout cas l’éternel débat sur les cotations à travers l’expérience “Akira” est ici relancé, et en tant que média qui accordons de l’importance aux performances en escalade et donc du crédit aux cotations, il nous semblait intéressant de revenir sur ce sujet. Qu’on y accorde de l’importance ou pas, la cotation est une partie inhérente de notre activité et même si nous sommes convaincus que grimper une voie pour le chiffre n’est pas la meilleure solution pour rester passionné, préférant relater des expériences au travers des performances, il serait quand même naïf de croire qu’on peut grimper à haut niveau en esquivant ce rapport au chiffre.

Seb Bouin Akira
Seb Bouin dans Akira – Photo: Julien Nadiras

In a two-part video interview with Relais Vertical, one of the famous climbers of the 90s, Fred Rouhling discusses several ethical aspects of our activity.
On the one hand Rouhling addresses in a first part the controversy around the chipping of holds and his vision at the time, since he opened routes of the highest difficulty, such as “Hugh” or “De l ‘autre côté du ciel”, entirely manufactured in the 90s.

In a second video, Fred talks about his grade proposition for the world’s first 9b, “Akira” (1995). In a very interesting way, Fred explains why he proposed 9b and discusses the controversies that followed with other top climbers of the moment such as Jibé Tribout or Dani Andrada. At the end of 2020, Seb Bouin, Lucien Martinez then Joshua Fourteau repeated the route and proposed 9a. A downgrade that Fred finds a little harsh and that he does not seem to digest, despite the evolution of climbing gear and training regimes over the past 15 years, which explains why the difficult sequences are more in keeping with the modern style currently mastered by top climbers. On the one hand Fred admits that if he may have been naive and overzealous in proposing 9b, on the othe he makes the very personal postulate that the climbers who have tried and repeated the route have not had a very clear and sincere story when it came to trying or repeating “Akira”, in particular Seb Bouin and Lucien Martinez, who for him downgraded the route without real sincerity and in the spirit of being recognised for this. The interview ends with a long and final tirade on the grading system that will not leave you indifferent, where Fred explains the dangerous side of the systematic downgrading of routes by strong climbers, questioning the consensus of a grade. Interested in his words, because out on the 4 repetitions of “Akira” 3 climbers proposed 9a, which to us seems like a consensus, we asked Lucien Martinez for his take on Fred’s words. Lucien accepted and here is his right of reply.

Lucien Martinez:
“You have asked for my reaction to Part 2 of the video interview of Fred Rhouling (by Relais Vertical). First off, I’d like to say that I’ve really enjoyed the two parts, and I wasn’t bored a second listening to them! Fred didn’t go for PC speech and he should be praised for it. I also really liked the analogy with the King Fisher. As for the rest, I will not be so uncouth as to try and justify what I am accused of. However, I think it would be interesting to say something about what Fred develops at the end regarding downgrading. In short, he says that the prevalent trend consists in downgrading routes in order to garner publicity, that it’s damaging climbing and that it threatens the global grading system since it prevents a consensus to be found. I could not disagree more. When a climber finds new methods, which frankly change the difficulty of a route, when they’ve thought about it a lot, that they have compared that route to the gold standards of that given grade (that they have climbed) and that they think the last one is easier, it’s normal to downgrade. In fact this downgrade is there to actively preserve the grading system and protect its yardsticks from utter chaos. Sadly, what is clearly the current trend is the total opposite: what is fashionable is to pick the higher grade because climbers know all too well – contrary to what Fred says – that downgrading implies, above all, a lessening of one’s performance. It is absolutely unfair and nonsensical to blame the rare climbers (I insist: those climbers are few and far between!) who dare downgrade and really ask themselves hard questions about what they do and achieve, because it is they who fight to keep a smidgen of credibility at the top level! As for me, when I send a hard route that I feel is less hard than the official grade, if I don’t say anything I suffer from the impostor syndrome, and I have the impression (totally justified in my books) of receiving congratulations I do not deserve. The day I send my first 9a+ or 9b, I want to be able to be proud of it, and not be seen as a fake 9a+ climber. Lastly, I’d like to emphasise that I am not naive enough to think that all downgrades are done in all honesty. History has shown that they can sometimes be used as personal attacks in order to discredit the first ascensionist or a climber for whom it is the hardest climb… In this light, I totally understand Fred’s reaction when it comes to Akira. But personally, I NEVER downgrade routes to discredit anyone. It’s in fact rather the contrary: I have sometimes chosen not to downgrade a route fearing that some people would not understand and sulk.”

In any case, the eternal debate on grading system through the “Akira” experience is relaunched here, and as a media which attaches importance to climbing performances and therefore credit to grades, it seemed interesting to us to come back to this topic. Whether we give it importance or not, grades is an inherent part of our activity and although we are convinced that climbing a route for the number is not the best solution to remain passionate, preferring to relate experiences to the through performances; on the other hand, it would be naive to believe that one can climb to a high level in climbing by avoiding this relation to numbers.

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Gorges du Tarn : dolomie et nature – Gorges du Tarn: dolomite and nature

3 septembre 2021 à 16:52

Nichés dans les contreforts des Cévennes, les méandres du Tarn offrent une escalade dans des murs sculptés magnifiques. Un must indémodable !

Descriptif général : Une base de l’escalade sportive en France, et un must concernant l’escalade sur trous en Europe, à l’instar du Franken ou de Margalef ! Les gorges du Tarn et sa célèbre dolomie, calcaire ocre à feuillets truffés de trous évasés, proposent une escalade très ludique pour tous les niveaux et toutes les orientations avec des marches d’approche dérisoires dans un cadre grandiose ! Des grandes envolées de conti (voire des voies abus de De Que fas Aqui) aux voies très courtes de Güllich, vous trouverez votre bonheur quel que soit votre style de prédilection, à condition d’aimer la grimpe sur trous !

Saisons : On peut grimper à peu près toute l’année dans les gorges au jeu des orientations. L’hiver est généralement très venté et froid, donc préférez les périodes de mars à novembre. On peut y grimper en été en alliant baignade et farniente mais attention à la peau des doigts les journées chaudes et à l’affluence touristiques dans les gorges (flâneurs, canoës, baigneurs, …). Les meilleurs saisons sont résolument les inter saisons à condition de bénéficier de bonnes fenêtres météo, typiquement en automne autour de la Toussaint ou à Pâques puis en mai-juin.

secteur Tennessee – Photo: Mélanie Cannac

Meilleurs secteurs :

  • Tennessee reste un must avec ses grandes envolées dans ce mur impressionnant truffé de prises
  • L’Oasif pour le côté original de sa configuration en forme de combe avec cette mare à son pied, et ses voies déversantes ludiques.
  • Noir désir, beau secteur suspendu pour les 6èmes et 7èmes degrés avec des voies plus techniques mais fort intéressantes.
  • Le Navire, secteur très sympa proposant de belles envolées déversantes dans le 7ème degré
  • Planète Causse, une marche d’approche dérisoire, et un mur assez condensé dans l’escalade en 7ème degré avec de l’escalade typique des lieux.

Voies recommandées :

6a – “Jeux de plage ” au Trésor du zèbre, “En piste les ninis” à De Que Fas Aqui
6b – “Mets de l’huile” au Moulin à huile
6c – “Tarn is business” au Trésor du zèbre, “Souvenir de Bleau” à Tennessee
7a – “Trésor du zèbre” au Trésor du zèbre, “Butinage aliénique” à l’Oasif
7a+ – “Motoneuronnes” à Cancer, “Planète Causse”au secteur du même nom, “L’équipeur désagrégé” au Navire, “Calmez-vous” au secteur du même nom, “La veuve noire” à l’ampithéâtre
7b – “Mon dide” à Planète Causse, “El diablo perverso” au Navire, “Les couilles au cul” à Figues au cul ; “Noir désir” au secteur du même nom, “Mosaïk Man” à l’amphithéâtre
7b+ – « La poule aux œufs d’or » au Navire, « Putain de papiers » à l’Oasif,
7c – “Salvador dali” à l’amphithéâtre, ” Théorème de Thalès” au Trésor du zèbre, “La bohème” à l’amphithéâtre
7c+ – “Pyromania” à Tennessee, “La banda del roulos” à l’Oasif
8a – “Les ailes du désir” à Tennessee, “Hoy me voy” à Planète Causse
8a+ – “Les bons coups sont éternels” à l’amphithéâtre, “Le plaisir qui démonte” à Tennessee
8b – “Tennessee” 8b, “Le spectre de l’ottokar” à Güllich, “Freak Out” alias la voie du Schpounze à l’Oasif
8b+ – “Carry Poulet” à Figues au cul 
8c – “Déssèchement planétaire” à l’Oasif, “3 pattes dans le plâtre” à l’amphithéâtre, le sévère “Adieu Wolfang” à Güllich
9a – “Dieu merci” à Tennessee qui attend toujours une répétition !

Topo : La nouvelle édition du topo (2021) édité par le CAF Causses Cévennes vient de voir le jour. Toutes les infos sur le site dédié

Où dormir : Nombreux gîtes et campings aux Vignes, au Rozier ou à la Malène. Petite préférence pour le camping Terrados, très calme et ombragé, quasi sur place avec un bon rapport qualité-prix. Le village de gîtes municipaux Castel de La Peyre à la sortie des Vignes est aussi top.

Manger et boire : Le bar Le Grillon aux Vignes, ses soirées festives et sa bière de la Jonte. Pour manger avec de bonnes tables du Terroir et fêter les croix , on apprécie le restaurant de l’hotel Doussière au Rozier ou le très bon resto “Le jeu de paume” à Millau où il vaut mieux réserver avant.

A côtés :

  • canoës et baignade dans les gorges
  • proximité de via-ferratas, de grottes pour sortie spéléo, …
  • balades dans les alentours, notamment la montée au point sublime depuis Tennessee
  • visite de villages médiévaux tels que Ste Enimie ou Meyrueis
  • proximité des Gorges de la Jonte pour les grandes voies
La ratatouille humaine, Trésor du Zèbre – Photo: Mélanie Cannac

A éviter :

  • Taper un run après la baignade, pas top pour la peau ! Ici plus qu’ailleurs le capital peau est primordial, bichonnez vos phalanges, poncez vos irrégularités pour prévenir des steaks, mettez de la crème tous les soirs sans attendre d’avoir des trous monstrueux sur les paluches pour agir !
  • Avoir le manque de bol de taper un run quand un mirage de l’armée de l’air frôle le mur du son en passant très proche du sol au milieu de la gorge. Quand on pense que des secteurs entiers sont interdits d’équipement pour cause de nidifications ou d’arrêté Natura 2000 et que les militaires ont tous les droits pour nous éclater les tympans et terroriser la faune pour leur pur plaisir…
  • Mal se garer : respectez bien les parkings, sans dépasser sur la route qui est par endroits assez étroite. Préférez une place de stationnement un peu plus loin mais correcte, ce n’est pas comme si on avait des approches très longues par la suite. Ne gênez pas les sorties de minibus de canoës à remorque qui remontent de la rivière, notamment au Soulio ou au parking du Roc Aiguille. Les loueurs de canoë roulant à tombeau ouvert sans concession, si vous dépassez vous risquez de vous faire arracher la portière ou le rétro à chaque passage ! Respectez l’interdiction de stationner côté fontaine en bas de Figues au cul, la gendarmerie aligne.
  • Dormir en camion ou en camping sauvage dans les gorges. C’est strictement interdit et la gendarmerie passe fréquemment au crépuscule ériger des contraventions.
  • Laisser des traits dans les voies que vous grimpez. Munissez-vous de votre plus belle brosse et effacez toutes les marques à la descente quand vous déséquipez de manière à laisser aux suivants le plaisir de la découverte. Brosser c’est aussi entretenir les itinéraires et éviter l’encrassage des prises. N’hésitez pas à brosser à l’eau des préhensions techniques qui ne voient jamais la pluie, vous verrez elles adhéreront beaucoup mieux le lendemain !

    Les magnifiques clichés qui accompagnent cet article sont signés Mélanie Cannac, merci à elle ! Suivez Mélanie sur ses pages sur Facebook et Instagram !
De que Fas Aqui sector – Photo: Mélanie Cannac

Gorges du Tarn: dolomite and nature

Nestled on the foothills of the Cévennes, the meanders of the Tarn offer climbing in magnificently sculpted walls. A timeless must!


General description: A staple of sport climbing in France, and a must for pocket climbing in Europe, like the Frankenjura or Margalef! The Gorges du Tarn and its famous dolomite, an ocher limestone with flared pockets, offer very playful climbing for all levels and all orientations with short approaches in a grandiose setting. From the great stamina efforts (even the ridiculously long routes of De Que fas Aqui) to the very short and powerful routes of the Güllich sector, you are sure to find whatever your favorite style, as long as you like pulling on pockets!

Best time to visit You can climb all year round in the gorges while playing with orientations. Winter is generally very windy and cold, so prefer the periods from March to November. You can climb there in the summer by combining swimming in the river and chilling but beware of the skin of your fingers on hot days and the tourist crowds. The best seasons are undoubtedly the inter-seasons when you get good weather windows, in autumn around All Saints’ Day or Easter, and the May-June period.

Les voies abus de De Que Fas Aqui – Photo: Mélanie Cannac

Best crags

  • Tennessee remains a must with great lines on this impressive wall full of pockets
  • The Oasif for the originality of its cave-shaped configuration with a pond at its foot, and its playful overhanging routes.
  • Noir Désir, beautiful suspended sector in the 6th and 7th degrees with more technical and interesting routes.
  • Le Navire, a very nice area offering beautiful overhanging routes in the 7th degree.
  • Planète Causse, a ridiculous approach walk, and a wall with a lot of good lines in 7th degree: classic gorges climbing.
Dieu Merci 9a – Photo: Mélanie Cannac

Must-do routes
6a “Jeux de plage” at Trésor du zèbre, “En piste les ninis” at De Que Fas Aqui
6b “Mets de l’huile” at Moulin à huile
6c “Tarn is business” at Trésor du zèbre, “Souvenir de Bleau” at Tennessee
7a “Trésor du zèbre” in the same sector , “Butinage aliénique” at l’Oasif
7a+ “Motoneuronnes” at Cancer, “Planète Causse” at the same sector, “L’équipeur désagrégé” at Navire, “Calmez-vous” at the same sector, “La veuve noire” at l’Amphithéâtre
7b “Mon dide” at Planète Causse, “El diablo perverso” at Navire, “Les couilles au cul” at Figues au cul ; “Noir désir” at the same sector, “Mosaïk Man” at l’Amphithéâtre

7b+ “La poule aux œufs d’or” at Navire, “Putain de papiers” at l’Oasif,
7c “Salvador dali” at l’amphithéâtre, “Théorème de Thalès” at Trésor du zèbre, “La bohème” at l’amphithéâtre
7c+ “Pyromania” at Tennessee, “La banda del roulos” at l’Oasif
8a “Les ailes du désir” at Tennessee, “Hoy me voy” at Planète Causse
8a+ “Les bons coups sont éternels” at l’amphithéâtre, “Le plaisir qui démonte” at Tennessee
8b “Tennessee” 8b, “Le spectre de l’ottokar” at Güllich, “Freak Out” at l’Oasif
8b+ “Carry Poulet” at Figues au cul 
8c “Déssèchement planétaire” at l’Oasif, “3 pattes dans le plâtre” at l’amphithéâtre, the hard one “Adieu Wolfang” at Güllich
9a “Dieu merci ” at Tennessee, still awaiting a 2nd ascent…

Le plaisir qui démonte 8a+ – Photo: Mélanie Cannac

Guidebook: The 2021 edition of the topo published by local association CAF Causses Cévennes is now available. Information on the dedicated website

Sleeping: Numerous gites and campsites around at Les Vignes, Le Rozier, La Malène,… Our favourite place to stay is Camping Terrados at Les Vignes, quiet with shade, fairly cheap. For the gites, you have a good one at Castel de La Peyre (Les Vignes) .

Eating, drinking: Le Grillon at Le Vignes is a good bar for evenings after the crag with a nice local beer, “Bière de la Jonte”. In terms of restaurants, there are good tables with typical meals like hôtel Doussière in Le Rozier or the famous “Le jeu de paume” in Millau, where it’s better to book.

Rest days:

  • canoeing and swimming in the gorges
  • via ferrata and caving possibilities nearby…
  • walks in the surrounding country, including to the sublime point of view from Tennessee
  • medieval villages: Ste Enimie, Meyrueis
  • proximity to the Gorges de la Jonte for multi-pitch routes
Déssèchement planétaire 8c – Photo: Mélanie Cannac

Avoid:

  • Try a route after swimming, not great for the skin! Here more than elsewhere a good skin is essential, so be careful with your phalanxes, sand your fingers irregularities to prevent flappers, use cream every night from the beginning without waiting for big damages to act!
  • Give a serious attempt while an Air Force mirage is crossing the sound barrier as it flies very close to the ground in the middle of the gorge. Give a thought to the notion that in entire sectors bolting is prohibited due to nesting or the Natura 2000 decree, while the military can burst our eardrums and terrorize the local fauna as they please…
  • Poor parking: respect the parking lots and keep off the roads as they are quite narrow in some places. Prefer a parking space a little further, it’s not as if you have very long approaches to do. Don’t obstruct the exit of minibuses with trailers full of canoes, in particular at Soulio house or at the Roc Aiguille carpark. The canoe rental companies drive as they please, and if you’re not careful you risk having a scraped door or one side mirror less! Respect the parking ban on the fountain side at the bottom of Figues au cul, fines await. Don’t ask how we know.
  • Sleep in your van or wild camping in the gorges. This is strictly forbidden and the police is ‘on the money’.
  • Leave tick marks behind. Take your best brush and erase any marks when you’re done, think of the pleasure of discovery for the coming climbers. Brushing also means maintaining the routes and preventing build-up of dirt, and the subsequent polish. Don’t hesitate to brush with water technical holds that never see the rain, you’ll see, they will grip much better the next day!

All pics courtesy of Mélanie Cannac, a very talented local photographer, follow Mélanie on her Instagram account.


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Kathy Choong réalise Helix 8c+ – Kathy Choong climbs Helix 8c+

24 août 2021 à 10:41

La suissesse Kathy Choong vient de réaliser son projet de l’été en clippant le relais de la superbe voie “Helix au pays des merveilles” 8c+ au Pic St-Loup. C’est la seconde ascension féminine de la voie après sa compatriote Nina Caprez 7 ans plus tôt. Voici son commentaire :

“Il s’agit d’une super belle et longue voie très déversante, avec un mouv’ difficile dans le bas, suivi d’une partie résistante avec un deuxième crux au 3/4 de la voie qui m’a donné finalement du fil à retordre. Ensuite la voie se termine sur d’incroyables colonnettes (où tu peux encore bien te la coller). Je suis venue en juillet et j’ai tout de suis adoré la voie ! Mais au début je n’avais pas du tout le physique nécessaire pour aligner les mouv’ et je m’arrêtais à chaque dégaine. Il m’a fallu aussi du temps pour comprendre le mouv’ bloc du bas de la voie et caler une bonne méthode dans la section du haut, n’arrivant pas à utiliser la méthode normale avec ma taille de naine aux bras de T-Rex ! Après être tombée au dernier mouvement difficile le dernier jour de mon premier séjour, j’ai donc du revenir en août quelques jours pour terminer la voie. Des températures toujours aux alentours des 30 degrés, j’ai bien sûr attendu le dernier jour de mon second séjour pour finalement passer ce deuxième crux, me battre à chaque mouvement et finalement réussir la voie grâce à un petit vent salvateur. Comme à chaque fois, la pression de la dernière chance m’a permise de tout donner ! A propos de la cotation, j’ai entendu que certains grimpeurs la décotaient. Je dirais que c’est une voie de mon style (endurance) et pourtant j’ai quand même mis pas mal d’essais (en partie en raison du mouv’ très bloc dans la première partie et de la méthode de nain qui ajoute un mouv’ dans le crux du haut). Difficile à dire mais je dirais que la cotation est juste (si je compare par exemple à “La Ligne Claire” ou “Southern Smoke” que j’ai aussi réalisé). A noter que je n’ai pas utilisé de genouillères, n’étant pas indispensable avec mes méthodes. Bref, comme d’habitude une discussion qui n’est pas si importante pour moi au vue de la beauté de la ligne, du plaisir d’avoir fait un grand combat physique et mentale et des super moments passés à la falaise avec une belle équipe ! Merci à eux pour les encouragements et les bons moments, ça aide tellement dans un projet difficile d’avoir la chance d’être entourée d’une belle équipe.”

Photo : Pierre Délas – Fanatic Climbing

Photo : Laurie Matthews

Swiss top climber Kathy Choong just completed her summer project with a repeat of one of Pic St-Loup’s gem “Helix au pays des merveilles” 8c+. Kathy is the second woman to climb the route, 7 years after her compatriot and friend Nina Caprez. Kathy’s comment below:

Yeah, finally manage to send “Hélix au pays des Merveilles” 8c+. What a beautiful line! I was desperate for the temperature not to drop below 30 degrees as I had only one more day left before leaving, but as always last chance pressure and a little wind gave me just enough to make an intense fight until the last move!
I’ve heard that some climbers downgraded it. I’d say it’s a route that suits my style (endurance) but I still needed a lot of attempts to clip the chains (partly due to a very bouldery move in the first part and a slightly more difficult method for short people in the top crux 🦖😅)! It’s always difficult to give a grade of a route close to your max level, my perception is maybe also distorted by the current heat 🥵 or I’m just not strong enough 😅 but I don’t think I would down grade it 🤷🏻‍♀️I didn’t use a knee pad, not being essential with my betas. Anyway a discussion that is not so important for me in comparison with the beauty of the line, the feelings to have surpassed myself again physically and mentally and the great moments spent at the crag with a great team! Thanks to them for the support and the good times, it’s so important and means so much to me !”

Photo : Pierre Délas – Fanatic Climbing

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Moisson de 9a dans le Sud de la France – 9a galore in the South of France

18 juillet 2021 à 15:38

*** Premier 9a pour Pierre Trolliet :
Le falaisiste toulousain vient de réussir la 3ème ascension de “Descente en terre inconnue” 9a à la grotte de Sabart en Ariège. Une ligne qui lui a demandé d’innombrables séances de travail. La première ascension avait été réalisée par Lucien Martinez et la seconde par le local Josef Savarino. La ligne remonte un plafond sur près de 25 mètres. Retrouvez une interview de Pierre sur Grimper Magazine

*** Première ascension en 9a pour Pierre Le Cerf :
Le jeune falaisiste niçois continue sa moisson de voies dures à la maison. Après “Just two fix” en juin, c’est cette fois “Alone” 9a qui est libérée, toujours dans les gorges du Loup. La voie demande une conti de titan : 45 mètres de long, 85 mouvements, avec une longue approche en 8b+/c avant 20 mouvements intenses jusqu’au relais. Plus d’infos

*** Mathieu Bouyoud en forme :
Le mutant chambérien a réalisé début juillet une rare répétition du très résistant “La guerre des nerfs” 8c+/9a à la Verrière (Dourbie). Cette semaine au Supermarché (Lubéron), Mathieu réalise la seconde ascension de “Dur sexe et le grand moutchyki” 9a. C’est Loïc Zehani qui avait réalisé la première ascension de cette connexion quelques jours plus tôt.

Photo: Loic Athenon

Photo: Loic Athenon

*** First 9a by Pierre Trolliet:
Pierre is a rockclimber from Toulouse. He just did the 3rd ascent of his super project “Descente en terre inconnue” 9a in Sabart cave, Ariège, France. This line took him numerous sessions. The first ascent of this 25-meter roof line was done by Lucien Martinez and the second ascent by local Josef Savarino. More details in French with an interview on Grimper Magazine


*** 9a first ascent by Pierre Le Cerf:

The young talented rockclimber from Nice continues to strike at home. After “Just two fix” last June, Pierre proposes a new first ascent, “Alone” in gorges du Loup, France. A monster stamina line : 45 meters, 85 moves, an 8b+/c approach into an intense 20-move section at the top. More informations


*** Mathieu Bouyoud in shape:
The strong rockclimber from Chambéry, France, did at the beginning of this month a rare repeat of “La guerre des nerfs” 8c+/9a in la Verrière (Dourbie). This week Mathieu just claimed the second ascent of “Dur sexe et le grand moutchyki” 9a in Supermarché (Lubéron). It’s Loic Zehani who freed this link some days ago.

Photo: Loic Athenon

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Video: Seb Bouin, Beyond Integral 9b/+

28 juin 2021 à 16:58

L’automne dernier, Seb Bouin frappait très fort avec la première ascension d’une nouvelle voie extrême dans le Sud de la France : “Beyond Integral” 9b/+ au Pic St-Loup qui n’est autre que l’extension du 9a que Seb avait libéré quelques temps auparavant. Cette extension de sortie propose un furieux pas de bloc autour du 8B après la première partie de la voie en 9a. A découvrir grâce aux magnifiques images de Raph Fourau et de Yucca Films.

Last fall, Seb Bouin struck with the first ascent of a new extreme route in the South of France: “Beyond Integral” at Pic St-Loup, which is none other than the extension of a 9a Seb freed some years ago. This extension offers a furious boulder problem around 8B after the 9a part. Watch this amazing video produced by Raph Fourau and Yucca Films.

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