🔒
Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.
À partir d’avant-hierFlux principal

Seb Bouin répète Change ! – Seb Bouin repeats Change!

8 août 2022 à 12:30

Après “Nordic Marathon” et de nombreuses coches dans le 9a/+ qu’on ne vous relaye même plus Seb Bouin vient de parachever avec panache son trip Norvégien avec la 3ème ascension de “Change” à Flatanger à son dernier essai du séjour ! Connu comme le premier 9b+ mondial en 2012 après la première ascension de Adam Ondra la décotation de “Chilam Balam”, la voie avait été répétée par l’italien Stefano Ghisolfi en 2020. Sans se prononcer pour l’instant sur le niveau de la voie, voici ses confidences laissées sur les réseaux.

“Après avoir réalisé indépendamment la première et seconde partie mon objectif était d’essayer la voie entière. Le problème était qu’il me restait 4 jours de grimpe avant de rentrer à la maison.
Je ne savais si ce serait assez pour réussir l’intégrale. Mon corps commençait à être fatigué par la grotte. Je me sentais fatigué du séjour, mais je voulais jouer le jeu jusqu’à la fin.
Le premier jour, les conditions étaient horribles, pas mal de prises clé étaient mouillées. j’ai décidé de ne pas grimper et d’attendre le jour suivant.
Le 2ème jour, c’était toujours humide, mais les prises clé étaient un peu plus sèches, mais l’humidité ne me donnait pas confiance. J’ai quand même décidé d’essayer la voie. C’était difficile d’attendre plus longtemps sachant que j’allais partir bientôt. J’ai réussi la première partie, je me suis beaucoup reposé au début de la seconde longueur, j’ai passé le crux en traversée, et je suis tombé juste après au second crux. Les prises étaient vraiment trempées.

Le 3ème jour, je me suis senti fatigué de ma tentative de la veille et je n’ai pas très bien dormi. Je ne pensais pas grimper, je voulais attendre d’être prêt. Je me suis rendu à la grotte pour voir les condis et assurer ma copine dans sa voie. Les conditions étaient exceptionnelles ! J’étais un peu timoré dans mon esprit. Dois-je essayer et tirer avantage des condis ? Ou dois-je attendre d’avoir récupéré pleinement ? J’ai finalement décidé d’essayer la voie. Je volais littéralement sur les prises grâce aux bonnes condis. C’était tellement différent de la veille. Je suis content de dire que je n’ai pas fait d’erreurs, avec la croyance que je pouvais le faire, et ça l’a fait ! Je ne suis pas un habitué du dernier essai, mais là cette fois c’est arrivé !
J’ai réalisé la voie avec des genouillères comme le précédent ascensionniste, Stefano Ghisolfi.
Plus d’infos à venir sur le trip en entier, et une comparaison entre “Change”, “Nordic Marathon” et “Move”.

Photo : Marco Müller

After “Nordic Marathon” and numerous sends in the 9a/+ that we didn’t mention anymore, Seb Bouin just finished his glorious stay here with the 3rd repeat of “Change” at his last try of the trip! Known as the first 9b+ of climbing history with the first ascent by Adam Ondra in 2012 and the downgrade of “Chilam Balam”, the route was repeated by Italian gun Stefano Ghisolfi in 2020. Without giving his opinion yeat regarding the grade, here is Seb’s comment left on social media.

“After sending pitch 1 and pitch 2 independently, my goal was for sure trying the entire route. The only problem was I only had four more days, before my departure to come back home.

I didn’t know if it would be enough for the entire route. My body started to feel crushed by this cave. I felt tired from the trip. But I wanted to play the game until the very end.

Day 1, the conditions were terrible. It was humid and wet. A lot of the key holds were wet. I decided to not climb and wait for the next day.

Day 2, it was still humid, and key holds were a bit dryer, but the humidity didn’t give me confidence. I decided to try the route anyway. It was difficult to wait much longer, knowing I had to leave soon. I passed the first pitch, rested a lot before pitch 2. Then passed the first traverse crux on Pitch 2, and fell straight after that on the second crux. The holds were really humid and almost wet.

Day 3 (August 5th), I still felt really tired from my attempt on the previous day, and I didn’t sleep well during the night. I wasn’t planning to climb – I wanted to wait until I felt ready. I went up to the cave to check out conditions and belay my girlfriend on her route. The conditions were exceptional! I was torn in my mind. Should I try it and take advantage of the conditions? or should I wait until I knew I was fully recovered? I finally decided to try the route. I was literaly flowing through the holds, due to the good conditions. It was so much different than the day before.

I am happy to say that I made no mistakes and felt the belief that I could make it to the end, and I did! I am not usually a ‘last day, last try’ kind of guy, but this time it happened.

I climbed the route with kneepads, like previous ascensionist Stefano Ghisolfi.

More posts to come regarding the global trip, and comparaison between Change, Nordic Marathon, and Move.”

Pic: Marco Müller

L’article Seb Bouin répète Change ! – Seb Bouin repeats Change! est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Felipe Camargo libère Avenida Brasil, 8c, 280 mètres – Felipe Camargo frees Avenida Brasil, 8c, 280 meters

5 août 2022 à 17:58

Le grimpeur brésilien Felipe Camargo vient de réaliser la première ascension d’une grande-voie très dure au pays, “Avenida Brasil” 8c, 280 mètres. La grande-voie très déversante se situe dans une énorme grotte au Parque do Petar (Alto Ribeira, Sud de Sao Paulo). Après 21h d’escalade, Felipe a libéré l’affaire pour une des grande-voies les plus difficiles d’Amérique du Sud. Voici en avant-première quelques images en attendant le film complet. Felipe est un adepte du genre, lui qui avait déjà libéré en 2016 la grande voie en plafond de Getu (Chine) “Corazon de Ensueno”, 8c aussi !

Brazilian climber Felipe Camargo just completed the first ascent of a very hard multi-pitch in his country, “Avenida Brasil” 8c, 280 meters. The very overhanging line is located in a huge cave in Parque do Petar (Alto Ribeira, South of Sao Paulo). After 21 hours of climbing, Felipe sent one of the most difficult multi-pitch routes in South America. Here is below a preview of some images while waiting for the full film. Felipe is a fan of the style, who had previously climbed in 2016 the roof multi-pitch in Getu (China) “Corazon de Ensueno”, 8c too!

Photo: Gabriel Tarso

L’article Felipe Camargo libère Avenida Brasil, 8c, 280 mètres – Felipe Camargo frees Avenida Brasil, 8c, 280 meters est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Nao Monchois répète La Moustache qui fâche 9a+ – Nao Monchois repeats La Moustache qui fâche 9a+

4 août 2022 à 21:01

Privé de compétition internationale cet été en raison d’une contre-perf aux championnats de France, Le compétiteur français originaire de Besançon Nao Monchois rebondit et vient de réaliser son premier 9a+ à Entraygues, dans le Briançonnais, avec “La moustache qui fâche”. C’est la 6ème ascension de cette voie d’endurance de force sur une vingtaine de mouvements très puissants. Nao avait déjà réalisé du 9a avec “La cadre nouvelle version” il y a deux ans. Voici sa réaction avec en bonus une vidéo sympa dans la voie.

“J’ai effectué 3 petits trips pour la faire, un de 4 sessions pour bien repérer les méthodes, un de 3 jours où j’ai commencé à mettre de bons essais et enfin un dernier de 3 sessions pour finir le boulot ! Au début, je faisais à peu près tous les mouvements mais je subissais trop en doigts pour espérer tous les enchaîner. C’est pourquoi je me suis un peu entraîné dans ce domaine pour moins subir intrinsèquement. Sinon, j’ai continué à faire pas mal de bloc à côté pour garder la patate, et j’aimais bien faire des grosses journées pour maintenir un bon volume en me finissant dans “Sankukaï” (une voie à côté de la moustache).
La voie s’appelle ainsi en référence à une moustache de sika dans Sankukaï, le 8c+ connu de Entraygues. Pour la petite histoire, une arquée similaire avait cassé et ainsi Olivier Fourbet (un local) avait sculpté cette moustache de sika pour garder l’effort hyper homogène de cette voie. Il y a toujours un débat sur la possibilité de l’enlever pour que la voie soit entièrement naturelle (hormis les prises renforcées), cela rendrait l’effort beaucoup plus bloc mais apparemment cela marchera quand même. Bientôt un référendum au pied de la voie !

Photo : Arthur Ternant


Deprived of international competitions this summer due to a poor showing at the French nationals, the competitor from Besançon Nao Monchois is back on the rocks and just freed his first 9a+ at Entraygues in the Briançonnais with “La moustache qui fâche”. This is the 6th ascent of this short power endurance route (around 20 moves). Nao previously climbed a 9a with “Le cadre nouvelle version” two years ago at Céüse. Here are his thoughts and a cool video of the line as a bonus (click on the image .

“I made 3 short trips to do it, one of 4 sessions to check the betas, one of 3 days where I started to put some solid goes in and finally a last one of 3 sessions to finish the job! At the beginning, I was doing almost all the moves but suffered too much in terms of finger strength to hope to link them all. That’s what I focused on in training to suffer less. Otherwise, I kept doing a lot of bouldering to stay in shape, and I liked to do big days to maintain a good endurance base, ending my days up in “Sankukaï” (a route next to “La moustache”). The route is so called in reference to a sika mustache in Sankukaï, the 8c+ known to Entraygues. For the record, a small crimp had broken and Olivier Fourbet (a local) sculpted this sika mustache to keep the hyper homogeneous effort of this route. There is always a debate on the possibility of removing it in order to keep the route entirely natural (apart from the reinforced holds), it would make the effort much more bouldery, but apparently it would still work. Soon there’ll be a referendum at the crag!”

Photo: Arthur Ternant

L’article Nao Monchois répète La Moustache qui fâche 9a+ – Nao Monchois repeats La Moustache qui fâche 9a+ est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Video: Victor Guillermin, Moksha, 9a

1 août 2022 à 20:28

Après “Estado critico” cet hiver, le jeune grimpeur Normand Victor Guillermin réalise son second 9a au Pic St-Loup cet été avec la king line de 50 mètres “Moksha” 9a. Retour en vidéo sur la voie.

After “Estado Critico” last winter, the young French gun Victor Guillermin ticked his second 9a with “Moksha” the famous 50 meters king line located at Pic St-Loup cave, France.

L’article Video: Victor Guillermin, Moksha, 9a est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Céüse : Alex Megos libère Ratstaman Vibrations ! – Céüse: Alex Megos frees Ratstaman Vibrations!

31 juillet 2022 à 19:39

Deux années après la première ascension de “Bibliographie”, le mutant allemand continue de proposer des premières ascensions extrêmes sur la falaise mythique de Céüse ! Cette fois, Alex vient de réussir la première ascension d’un projet équipé par Chris Sharma en 2012 au secteur Face de Rat, “Ratstaman Vibrations”. Essayée entre autres par Lucien Martinez, Seb Bouin et Charles Albert, cette voie requiert une escalade particulièrement puissante au milieu du panneau très déversant quasi dépourvu de volumes.
Alex commente via Instagram :

“J’ai essayé un coup la voie la première fois que je suis venu à Céüse, en 2014. Puis en 2017 je suis investi dans “Bibliographie” qui m’a pris quelques saisons. En 2021 j’ai mis un autre essai dans “Ratstaman Vibrations” et je l’ai réalisée en 3 parties au 2ème jour, et je ne suis pas revenu jusqu’à il y a 3 semaines. Je suis arrivé juste après la coupe du monde de Chamonix, et après 5 jours dedans, j’étais proche de faire la voie, mais je n’ai pas pu concrétiser. La coupe du monde de Briançon a agi comme une pause bienvenue, et après une semaine de compète et d’entrainement sans faire la fameuse marche d’approche je suis revenu à Céüse. Le premier jour de mon retour je me suis senti très bien, et j’ai réalisé la voie à mon second jour ! “Ratstaman est une voie mythique pour moi. Équipée par Chris Sharma il y a longtemps sur une des meilleures falaises au Monde, essayée par pas mal de forts grimpeurs, mais toujours pas réalisée depuis ces années. Pour sûr une des meilleures voies que j’ai grimpées dans le niveau 9b.”

Two years after the first ascent of “Bibliographie”, Alex Megos is back in Céüse for some business with a new extreme first ascent. This time, Alex just freed an old project bolted by Chris Sharma (in 2012) in Face de Rat overhang, “Ratstaman Vibrations”. Tried by strong climbers like Lucien Martinez, Seb Bouin and Charles Albert, this route is offers a really powerful climbing in a massive overhang without volumes. ALex comments via his Instagram account :

Already the first time I came to Ceüse back in 2014 I had a look at this route, but never decided to actually try. I got busy with Bibliographie in 2017, which took me a few seasons to finish.
In 2021 I gave Ratstaman another go and climbed it in three parts on my second day, but didn’t go back for it until three weeks ago.

Right after the World Cup in Chamonix I headed to Ceüse to properly try the route. After five days I got really close to doing it, but couldn’t quite piece it together in the end. The World Cup in Briançon came as a welcomed break from hiking up the hill and after a week of competing and training I returned to Ceüse. First day back on the route felt really good and already on the second day of this trip I had the perfect send go!
Ratstaman is one of those mythical routes for me. Bolted by Chris Sharma a while ago at one of the best crags in the world, tried by a few strong people, but not been done for many years.
For sure one of the best routes I’ve ever done or tried in the 9b range.

L’article Céüse : Alex Megos libère Ratstaman Vibrations ! – Céüse: Alex Megos frees Ratstaman Vibrations! est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Flatanger : Dylan Chuat répète Thorshammer – Flatanger: Dylan Chuat repeats Thorshammer

29 juillet 2022 à 09:04

Il n’y a pas que Seb Bouin qui est en forme dans la grotte de Flatanger ! Le mutant Suisse Dylan Chuat vient de réussir le test de conti classique de la grotte norvégienne, “Thor’s hammer” 9a/+ pour 50 mètres d’escalade ! Il nous livre son ressenti.

“C’est clairement la voie la plus longue que j’ai faite, notamment en toit comme ça, je manque d’expérience dans ce niveau. Je me suis particulièrement investi. C’est assez exigeant, notamment le haut dans le 8c de “Nordic Plumber” et sa rampe de plats tout en conti. Tu peux vraiment tomber partout, bien que je ne sois pas tombé après le bas. Pour le niveau, c’est dur à dire, c’est clair que c’est plus dur que les 9a que j’ai faits, mais Flatanger est une falaise un peu 3D et les méthodes ont évolué. Cependant pour le niveau de la voie, l’exigence, la longueur, j’ai trouvé ça difficile à négocier.
J’ai commencé à travailler la voie en mode touriste, j’ai fait les sections dès la première séance, et j’avais déjà fait le 8c de fin avant donc j’étais confiant. Quand j’ai été prêt à enchainer j’ai eu des soucis avec la partie basse qui était très mouillée et donc c’était dur à négocier, avec de la manutention à faire en séchant les prises au PQ juste avant de faire un run. J’ai donc commencé par mettre des essais sans les 2-3 premiers mouvements et j’ai enchainé la voie depuis la 2e dégaine. Ensuite, j’ai dû attendre un certain temps que ça sèche pour essayer du sol, ça me rendait fou, mais je viens enfin de concrétiser !
C’est certainement la plus belle voie difficile que j’aie jamais faite, et sans doute l’une des plus incroyables de Flatanger !”

Photo : Marco Müller

Dylan Chuat Thorshammer

Seb Bouin is not the only one to be in good shape in the Flatanger cave! The Swiss mutant Dylan Chuat has just ticked the classic Norwegian cave stamina test, “Thor’s hammer” 9a/+ for 50 meters of climbing! He shares his feelings with us.

“It’s clearly the longest route I’ve done, especially in a roof like that, I lack experience in this level. I’ve worked particularly hard for it. It’s quite demanding, especially the top part which is the 8c of “Nordic Plumber” and its pumpy flat rail. You can really fall anywhere, even if I never fell after the lower section. For the grade it’s hard to say, it’s clearly harder than the 9as I’ve done before, but Flatanger is a bit of 3D crag and the betas have evolved. However for the level of the route, the requirement, the length, I found it difficult to deal with.
I started working the route in tourist mode, I climbed the different sections of the route in the first session, and I had already sent the 8c finish before so I was confident. When I was ready to send I had problems with the lower part which was very wet and therefore it was hard to climb it, with wet holds I needed to dry with toilet paper just before an attempt. I sent the route from the 2nd quickdraw and then had to wait for it to dry to finally redpoint the route.”

Photo : Marco Müller

Dylan Chuat Thorshammer

L’article Flatanger : Dylan Chuat répète Thorshammer – Flatanger: Dylan Chuat repeats Thorshammer est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Seb Bouin ouvre Nordic Marathon 9b/+ – Seb Bouin frees Nordic Marathon 9b/+

25 juillet 2022 à 19:19

Après “Iron Curtain”, la seconde partie de “Thor’s hammer” et la première partie de “Change”, Seb Bouin semble inarrêtable à Flatanger (Norvège) avec la première ascension du “Nordic Marathon” pour pas moins de 130 mètres d’escalade ! La voie combine “Nordic Plumber” 8c avec la seconde partie de “Thor’s hammer” (9a+) et Seb annonce 9b/+. Voici son commentaire laissé sur les réseaux.

“Quand Adam m’a parlé de ce projet qui traverse la grotte du sol jusqu’au sommet, j’ai immédiatement été motivé par cette idée. Le but principal de ce séjour était d’aller voir ce monstre. Cette idée était vraiment énorme, c’est définitivement le type de challenge qui me parle. Comme je l’ai expliqué précédemment, il y avait 3 entrées possibles pour ce faire, avec différents niveaux : par “Nordic Plumber” 8c, “Thorshammer” 9a ou “Move” 9b/+. Quel que soit le départ, la suite propose un 9a+ très teigneux (la seconde partie de “Thorshammer”) avec un bon crux à la fin, à 80 mètres de haut. Mon but ultime est de réaliser l’enchainement avec la combinaison la plus difficile par “Move” (9b/+). Les précédentes années, j’ai déjà réalisé 4 trips pour faire “Move” 9b/+. Imaginez démarrer là-dedans et finir par un 9a+ bien teigneux. Je sais de toute façon que cet objectif sera trop dur sur ce trip, donc j’ai décidé de partir dans la voie la plus facile “Nordic Plumber” pour avoir une idée du challenge et être prêt psychologiquement pour la version dure. Après avoir réalisé la seconde partie en 9a+ en partant au jumar, j’ai essayé du sol en partant dans “Nordic Plumber”. Cela change énormément la fin, avec les avant-bras farcis pour le dernier bloc à doigts après 80 mètres d’escalade. Je suis tombé là plusieurs fois et je suis tombé aussi précédemment dans des pas avant.
La taille même de la voie la rend dure mentalement. Vous pouvez faire un essai tous les 2 jours. C’est tellement d’escalade dans un essai intense que tu peux pas mettre 2 runs par jour. Ensuite, si tu veux être le plus frais possible, tu dois faire un jour de repos entre. C’était donc assez difficile psychologiquement de ne mettre qu’un essai tous les 2 jours. La pression était si forte dans ce dernier crux.
Le tirage était aussi infernal. Même si j’avais changé de corde une fois dans la voie, j’ai du me décorder pour faire en solo les 5/10 derniers mètres très faciles. “Nordic Marathon” est mon pur style : endurance, gros mouvements… La ligne m’a attiré pour sa taille. Merci encore à Adam pour l’idée.”

Photo : Marco Müller

Seb Bouin Nordic Marathon

After “Iron curtain”, “Thorshammer L2” and “Change part 1”, Seb Bouin continues his rampage in Flatanger (Norway) with the first ascent of “Nordic Marathon” for 130 meters of hardcore climbing! The route combines “Nordic Plumber” 8c and “Thor’s hammer L2” 9a+. Here is his comment left on social media.

When Adam told me about his project to cross over the cave, and go from the ground to the summit, I was immediately amazed by this idea. The main goal of my trip was to check out this monster. The idea was big, really big. But it’s definitely the kind of challenge which attracts me. As I explained in my previous post, there are three possible starting routes, each offering a different grade. Starting with: “Nordic Plumber” 8c, “Thor’s Hammer” 9a et “Move” 9b/+. Whatever the start, it is then followed by a cruxy 9a+ (Pitch 2 of Thor’s Hammer), with a repoint crux at the end (at 80m). My ultimate goal would be to do it by the hardest possible combination: “Move”.

In the previous years, I already spent four travels to do Move (9b/+). Imagine starting from this one and finishing by a cruxy 9a+… However, I knew this would be too hard for a single trip. So first I decided to start from the easiest line (Nordic Plumber 8c) in order to get an idea of the challenge, and to be psychologically ready for the end when I start trying the harder version.

After first working and sending the second (9a+) section by jumarring into it, I then started trying from the ground, trying to link into it from “Nordic Plumber”.

It changed so much the end. Coming into the 9a+, with my arms already so pumped in the last crimpy crux after 80m of climbing was insane.

I was falling there a few times. And then falling on the previous cruxes as well.

The sheer size of the route makes it hard mentally. You can have one go every two days. It’s so much climbing, in one intense burst that you simply can’t give two goes in a day. Then if you want to be as fresh as possible, you need a rest day in between. So it was quite hard psychologically to only give it one burn every two days. The pressure felt so high in this last crux.

The rope drag was also insane. Even if I had already switched ropes once during the route – I had to untie my knot and free-solo the last 5/10 meters (really easy climbing). “Nordic Marathon” is my pure climbing style. Endurance, big moves,…

The line attracted me by its size. Thanks Adam Ondra for sharing this idea!”

Pic by Marco Müller

L’article Seb Bouin ouvre Nordic Marathon 9b/+ – Seb Bouin frees Nordic Marathon 9b/+ est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Killian Chabrier s’offre Condé de choc – Killian Chabrier climbs Condé de choc

24 juillet 2022 à 11:14

Malgré des conditions chaudes pour la saison, le grimpeur francilien Killian Chabrier a troqué son crashpad contre un harnais le temps de réaliser son premier 9a, “Condé de choc” à Entraygues (Briançonnais). Cette voie dure classique des lieux, dont la première ascension revient à Tony Lamiche (2006), combine un 8A/+ bloc au 8c de “Deltaplane man direct”. Réaction.

– C’est ta première voie dans le 9 ? Tu avais fait quoi avec un harnais en falaise avant ?
Oui c’est ma première voie dans le 9 et la seule que j’ai essayée ! Avant ça j’ai pas fait beaucoup de voies, seulement un 8c dans le Saussois, un 8b à Entraygues et 2-3 8a !

– Tu l’avais bossée l’été dernier il me semble ? 2 séjours ? Que retiens-tu de cette expérience ?
Je l’avais travaillé 4-5 séances l’année dernière et j’étais tombé au deuxième crux, en haut, 4 fois mais vraiment loin d’enchaîner; cette année j’ai très vite refait tout les mouvements et ça l’a fait lors de ma première séance d’enchaînement !

– La voie et son bloc d’entrée doivent bien te convenir. Te vois-tu faire des voies plus longues et rési ?
Oui c’est une voie qui me convient plutôt bien avec un début en 8A/+ bloc suivi d’un très bon repos puis d’un 7B+ bloc, donc une bonne voie en endurance de force parfaite pour un bloqueur. Non pas pour l’instant, j’ai un objectif qui est orienté bloc, mais dans un futur lointain c’est quelque chose qui me chaufferait vraiment !

– Tes objectifs pour cette fin d’été ?
Pour la fin d’été je vais rester une semaine encore à Briançon où je vais sûrement essayer “Le Pamphlet”, qui est un projet à Entraygues, et après je pars 2 semaines et demi à Magic Wood où j’ai repéré deux 8C qui me chauffent bien !

Killian Chabrier Condé de choc

Despite socrching conditions for the season, Killian Chabrier sent his first 9a, “Condé de choc” in Entraygues (Briançonnais). First ascended by Tony Lamiche in 2006, this classic hard line of the crag combines an 8A/+ boulder into “Deltaplane man direct”, 8c. Interview.

– It’s your first route of the grade? What’s your rockclimbing pedigree?
Yes, it’s my first route in the 9th grade, and the only one I have tried! Before that, I only climbed a few routes, an 8c in the Saussois, another 8b in Entraygues and 2-3 8a!

– You worked on it last summer. So you needed 2 trips? What will you take away from this experience?
I tried it 4-5 sessions last summer and fell in the second crux 4 times but I was far from the send. This year, I reclimbed the moves pretty quickly and sent it during my first session from the ground!

– The route and its bouldery start seem to suit you. Are you motivated by longer and more resistant routes in the future?
Yes, this route suits me well with an 8A/+ start followed by a good rest and a 7B+ boulder problem, so a perfect short power-endurance route for a boulderer. At the moment, my goals are bouldering-related but in the long term I’ll be more psyched about sport climbing for sure.

– Your main goals for the end of the summer?
I will stay one more week near Briançon, I want to try “Le Pamphlet” which is a project in Entraygues and then I will leave for Magic Wood in Switzerland, where I want to try a couple of 8C boulders.


L’article Killian Chabrier s’offre Condé de choc – Killian Chabrier climbs Condé de choc est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

L’Art de la décotation – Downgrading as an Art form

23 juillet 2022 à 10:57

Deux propositions de décotation de voies dures en falaise ont récemment été annoncées, par Seb Bouin et Malik Schirawski, ce qui nous a conduit à nous poser des questions sur le “pourquoi faut-il décoter” quand une voie est jugée facile pour le niveau. Tentative d’éclaircissement sur comment le grimpeur doit prendre des pincettes avec la gestion de la cotation quand il médiatise ou rend publiques ses performances.

Tout auréolé après l’ouverture de “DNA” dans le Verdon ce printemps – qu’il a annoncé à 9c -, Seb Bouin est de retour à Flatanger sans réel objectif particulier. Le grimpeur pro français vient tout de même de réaliser la première répétition de “Iron Curtain”, une ligne courte ouverte en 2013 par Adam Ondra que le tchèque avait proposée à 9b. Pour l’histoire, l’assureur d’Ondra sur l’essai victorieux n’était autre que Seb, qui depuis avait gardé la voie dans un coin de sa tête. En 14 montées et 5 jours, la croix est faite et le Français propose de décoter à 9a+ étant donné son recours, au contraire d’Adam, à une genouillère, laquelle rend à ses yeux la voie clairement plus facile.

Comme souvent quand il propose une cotation à la baisse, Seb est parfaitement transparent sur la raison de sa décote, et cette déclaration fait écho à plusieurs prises de position de forts grimpeurs, dont Megos, concernant l’augmentation croissante du nombre de dévaluations de voies et blocs en raison de l’utilisation d’innovations technologiques qui ne sont pas souvent communiquées.

La présence de coincements de genoux faisant baisser le niveau d’une voie semble aussi être la raison du rabotage de “Pornographie” à Céüse, devenue très à la mode et essayée alors que les autres 9a de Céüse sont délaissés. Le fort grimpeur allemand Malik Schirawski, qui vient de la répéter en 5 séances, nous a contacté récemment pour partager un message qui lui semblait primordial :
“L’année dernière à Céüse la voie était à la mode, du coup j’ai pensé l’essayer mais je n’avais pas assez de temps. Cette année j’espérais donc m’y atteler et la faire en quelques jours. Pour moi la voie ne vaut clairement pas 9a (Alex Megos, le premier ascensionniste, l’a d’ailleurs décotée après l’avoir refaite avec une genouillère). Elle les vaut complètement sans genouillère, mais aujourd’hui presque tout le monde en utilise ; il y a un endroit où je peux lâcher les deux mains, et pourtant même sans la genouillère le repos est bon. Or la difficulté de la voie vient de l’endurance requise, parce qu’aucun des mouvements n’est dur, ils sont tous de la même difficulté, et donc le repos au milieu aide énormément.

À mon sens, cela écorche un peu Ceüse parce que par le passé, si tu faisais une voie dure à Ceüse cela voulait dire que tu avais réalisé une voie référence dans cette cotation (par exemple “Dures Limites”, “Le cadre nouvelle version”). Pour moi, laisser ici une voie qui est facile pour sa cotation (et surtout le neuvième degré, si spécial) porte atteinte aux autres voies en 9a de la falaise (“Le cadre”, “Lülü”) parce qu’elles sont beaucoup plus difficiles et les gens doivent vraiment s’investir pour les cocher.”

Symon Welfringer Pornographie 9a
Pornographie 9a – Photo : Damien Largeron

Symon Welfringer, dernier répétiteur de la voie avant Malik, fier d’annoncer son premier 9a, se sent le premier concerné par ce crime de lèse-majesté et tient à tempérer :
“Certains jugent “Pornographie” plus dure que “le Cadre” et la voie me semble plus difficile que les 8c+ de la falaise. “Pornographie” est pour moi un 9a, je me base sur ce que j’ai pu voir dans les autres voies dans le neuvième degré que j’ai essayées, et surtout je prends en compte qu’au sein d’une seule et même cotation il y a forcément certaines voies plus dures que d’autres, suivant le style qu’on affectionne et le type d’effort que la voie propose. Ainsi, au sein de la case 9a, je pense que “Pornographie” a bien sa place, elle est pour moi légèrement plus facile que “Le Cadre” mais aussi plus dure que d’autres 9a que j’ai essayés. J’ai également discuté de cette difficulté avec beaucoup d’autres grimpeurs et ce chiffre me semble juste. Actuellement dès qu’on a le sentiment que c’est soft on pense décote alors qu’on pourrait juste accepter que les cotations sont des intervalles. Après, ce débat vaut pour toutes les voies de la planète, notamment certains 9a espagnols qui mériteraient une plus ample enquête (ndlr : ou d’autres faciles pour le niveau : “Sang Neuf”, “La Cabane au Canada”, “Era Vella”…).

Parfois aussi, les décotations sont proposées car de nouvelles séquences ou prises ont été utilisées, ou car le répétiteur juge l’effort moins ultime que les précédents ascensionnistes, répétant la voie très vite par rapport à d’autres itinéraires du même niveau, ce qui a poussé par exemple Stefano Ghisolfi à décoter “Bibliographie” l’été dernier, s’étant investi pour la faire à égale proportion que pour d’autres 9b+ comme “Change” ou “Perfecto Mundo”. On retiendra aussi les premières répétitions de “Akira”, qui ont remis en question le premier 9b mondial, Martinez, Bouin et Fourteau s’accordant sur le 9a. C’est le jeu quand on essaie seul une voie lors d’une première ascension : on n’est pas à l’abri de passer à côté de méthodes plus faciles. Et puis bien évidemment rentrent aussi en compte les conditions de réalisation, l’état de forme, le côté morpho de certains passages, le style proposé, autant de paramètres à appréhender afin de se poser la question du niveau objectif de ce qu’on a grimpé. Art difficile quand les cotations sont basées sur un consensus de ressentis subjectifs… et que l’on est grimpeur pro soumis à la pression de résultat par les sponsors, avec un intérêt à faire parler de soi régulièrement en matière de haute-difficulté, quitte à esquiver toute démarche intellectuelle logique sur le niveau réel des performances réalisées (même si, nous le reconnaissons sans mal, toutes les analyses du monde ne rendront pas totalement “objective” une proposition par nature individuelle).

Seb Bouin dans Akira dans la grotte de Vilhonneur
“Akira”, premier 9b mondial, décoté à 9a 25 ans après

C’est justement le cheval de bataille de Lucien Martinez, rédacteur en chef chez Grimper, grimpeur passionné et grand amateur de débats concernant la haute-difficulté et les cotations.
C’est tout à fait logique qu’il y ait plus souvent des décotes que des recotes parce qu’en général c’est lié à des méthodes plus faciles qui sont trouvées. Dans l’autre sens ça ne marche pas : si tu fais une méthode plus dure que la méthode d’ouverture, c’est tant pis pour toi, ça va pas changer la cote. En gros, le seul moyen pour qu’il y ait une recotation à la hausse c’est que le premier ascensionniste ait sous-estimé le niveau (ou alors une prise qui casse mais c’est plus vraiment la même voie). Alors que pour une décote il peut suffire d’une nouvelle méthode ou d’un repos genou. Donc c’est logique et normal qu’il y ait beaucoup plus de décotes. Mais attention, une nouvelle méthode n’est pas synonyme de décote du tout, parfois cela rend le truc un poil plus facile mais ça change pas le niveau. Il faut jauger à chaque fois.
Il me semble important de signaler que dès lors qu’on communique sur nos performances ou que nos performances intéressent les gens, je pense qu’il y a un devoir éthique de s’imposer une petite réflexion sur la cotation. Par honnêteté envers tous ceux qui s’y intéressent de près ou de loin. J’ai remarqué aussi que même si on essaie de réfléchir là-dessus, le cerveau humain est tellement fort pour l’auto-persuasion qu’à de très très rares exceptions près, quand il y a des doutes, on trouve toujours le moyen de prendre la cotation qui nous arrange. Moi je me suis déjà surpris en train d’échafauder un raisonnement en sachant déjà à quelle cotation cet argumentaire devait me mener… Les cotations, c’est très imparfait comme système, il y a des dérives, ça détourne la pureté de la pratique et ça a plein de défauts. Mais à mon avis tout ça n’est pas très grave. En fait ça fait partie de notre culture et même ça contribue à sa richesse. Je pense qu’il ne faut pas renier les cotations, au contraire, mais il faut rester lucide sur leurs imperfections, relativiser et avoir du recul sur leur importance pour ne pas se faire manger le cerveau.

Les cotations d’antan, plus solides ?
Néanmoins, l’ancienne garde estime également que les cotations d’antan étaient plus serrées que celles proposées par la jeune génération, qui tourne peut-être moins régulièrement sur caillou en raison de l’omniprésence de salles et a du coup nettement moins d’expérience en milieu naturel, et de références pour proposer une cotation légitime. C’est par exemple ce que soulevait Alex Huber dans ce laïus consacré à “Action Directe” :
“Jusqu’en 1995, “Action directe” était considéré comme étant du 8c+ (ndlr : 11 UIAA, soit 8c+/9a) . Depuis, la cotation est devenue confuse, et cela a principalement été dû à la proposition de cotation 9b [i.e. pour Akira]. Ben Moon a essayé de convaincre la communauté que la proposition de cotation 9b était néfaste du fait qu’il n’existait pas alors de 9a confirmé dans le monde. Mais la rigueur s’est perdue de façon durable. À partir de 1995, la cotation est devenue de plus en plus facile… Cela a commencé doucement avec le changement de cotation de “Action directe” de 8c+ à 9a. Aujourd’hui, “Action directe” est la plus célèbre des voies en 9a, ce qui en fait la référence pour ce niveau. Le plus amusant est qu’aujourd’hui, “Action directe”, qui était initialement 8c+, est l’une des voies en 9a les plus dures du monde ! Cela montre juste à quel point la surcotation s’est développée au cours des années – je pense que 90 % des voies modernes de haut niveau sont largement surcotées si on les compare à la référence qu’est “Action directe”. En ce qui concerne mes réalisations personnelles, la surcotation a eu quelques effets : la plupart de mes ouvertures de ces années-là ont été recotées à la hausse, notamment “Weisse Rose”, de 8c+ à 9a/9a+, et “Open Air” de 9a à 9a+. Grâce à cela, “Open Air” (et peut-être même “Weisse Rose”) est devenue la première voie confirmée en 9a+. “

En effet, les standards actuels d’une cotation sont souvent les voies historiques, souvent délaissées par les jeunes pour leur style old-school et souvent retors comme les voies de Huber, “Hubble” (maintenant davantage refait après l’apparition d’un genou à l’entrée du crux), “Open Air”, “Weisse Rose”, “OM”… Mais cependant difficile de confirmer ou d’infirmer, car les voies old school étaient généralement plus à doigts et techniques mais moins exigeantes physiquement et longues. Il est cependant possible que de premières propositions extrêmes comme celles d’Alex Huber soient plus difficiles pour le niveau, car à l’époque annoncer une lettre ou un plus au-dessus des musts de l’époque ne se faisait pas, à en juger les polémiques qui ont entouré les réalisations d'”Akira” ou de “Chilam Balam” par exemple.
Il reste cependant aussi les voies iconiques comme les King Lines de Chris Sharma par exemple, rarement soumises à la décotation pour la plupart (peut-être hormis “Era Vella” et “El Bon combat”), auxquelles des cadors comme Seb Bouin font souvent référence comme étalon d’un niveau : “Biographie”, “Jumbo Love”, “Es Pontas”, “FRFM”, “Stoking the fire”… Des difficultés à prendre en compte quand on essaie d’y comparer des voies du même style.

Alex Huber – Open Air – crédit : Heinz Zack

L’intérêt du slash ?
Si on considère les cotations comme des intervalles, sur l’exemple de Symon Welfringer, le slash pour définir une borne inférieure et supérieure peut avoir son intérêt afin de se prononcer sur une difficulté en utilisant une échelle plus précise. Mais tous les acteurs ne sont pas d’accord, certains s’accordant à dire que le slash a été uniquement introduit historiquement pour désigner les passages morpho, comme par exemple 6c/7a pour une voie avec un grand mouvement, ce qui voulait dire plus proche du 6c pour les grands et du 7a pour les petits.
Lucien Martinez : “On a l’illusion que le slash va nous sauver dans l’indécision d’une zone de flou entre deux cotations, mais en fait, le seul truc que la généralisation du slash va faire, c’est introduire deux fois plus de zones de flou parce qu’il y aura alors deux fois plus de plages de cotations.”

Conclusion
Les cotations font partie intégrante de notre activité, le nier ou ne pas y accorder d’importance quand on s’intéresse à la haute-difficulté serait mentir, donc le fait de proposer des décotations (ou parfois des recotations), bien qu’impopulaire, n’est pas forcément un acte mesquin et malveillant. L’escalade extrême propose de belles voies et de grandes expériences, de belles leçons de vie et c’est peut-être la chose la plus importante à retenir, au-delà des polémiques et batailles d’égo autour d’un niveau de difficulté donné. Sonnie Trotter l’avait bien résumé, en parlant des cotations anglaises :
“Personnellement, j’ai déjà assez de mal à comprendre les vagues différences entre 5.12d et 5.13a ou entre R et X, sans parler de ce que “l’estimation globale” peut être pour quelqu’un que je ne connais pas enchainant telle voie à vue. Je commence à me dire que notre esprit d’analyse exacerbé étouffe la belle simplicité de l’escalade.”
Nous devons nous rappeler que la collecte d’expériences est plus importante que la collecte de chiffres, car en fin de compte, presque tout ce qui concerne l’escalade est de toute façon subjectif : la taille, le poids, la taille du pied, la taille des doigts, la capacité mentale, le niveau de force, l’allonge, la détermination, la condition physique, l’âge, la combativité, la ténacité et si vous avez ou non un emploi à temps plein ou une famille. Toutes ces choses jouent un rôle énorme dans notre vie quotidienne en escalade et il est facile de devenir obsédé.

La réalisation d’une ligne unique est ce qui compte, pas la façon dont vous combinez les lettres et les chiffres à la fin de celle-ci et certainement pas lorsque vous essayez de comparer les uns aux autres. N’oublions pas de célébrer la nature unique de chaque ascension.”

Photo de couverture : Seb Bouin à Flatanger dans “Iron Curtain – crédit: Marco Müller

Seb Bouin dans “Change” part 1 9a+ – Photo: Marco Muller

Recently, the downgrading of two hard lines has been suggested, by Seb Bouin and Malik Schirawski, and it got us wondering about the spicy question: ‘why downgrade?’ when a route is adjudged to be easy for a given grade. Here is an attempt to highlight how careful a climber should be when doing so, especially when s/he spreads the news on social media and publicises their performance.

After sending his big project ‘DNA’ in the Verdon in the spring-which he proposed at 9c- Seb Bouin is back in Flatanger without proper objective, it seems. Nonetheless, the French climber made quick work of two Adam Ondra until-then unrepeated lines, inlcuding that of ‘Iron Curtain’, a short route opened in 2013 by the Czech, for which he proposed 9b. Funnily enough, the belayer on Ondra’s successful try was none other then Bouin himself, and the line stayed with him all these years. In 14 tries and 5 days of work, the Frenchman sent it and suggests a downgrade to 9a+ due to his use-contrary to Ondra-of a kneepad, which for him renders the route a fair bit easier.

As is always the case when he puts forward a downgrade, Seb is very clear about the reason behind it, and his latest announcement echoes a number of calls by some strong climbers, including Alex Megos, to be explicit about the technological advances used when a devaluation of routes or boulders is concerned. The possibility of milking a kneebar seems for instance to be behind the recent downgrade of ‘Pornographie’ in Ceüse, which has since gained in popularity even as the other 9a’s of the cliff are rather collecting dust. The German climber Malik Schirawski has just repeated it in 5 sessions, and contacted us to share a message that he feels is essential:

For me the route is definitely not 9a (also Alex Megos, the first ascensionist, downgraded it with the use of a pad), it for sure is 9a when you do it without a pad but these days most of the people have a pad and with one I could release both hands (also taped to my leg) but even without that the rest is still really good. And the whole difficulty of the route comes from its endurancey nature because none of the moves are hard but they are all roughly the same difficulty, and clearly a rest in the middle helps a lot.
For me it ruins Ceüse a bit because in the past if you did one of the harder routes in Ceüse it meant that you truly climbed the grade (for example: “Dures Limites”, “Le Cadre Nouvelle”). And now having a route which is really soft for the grade (and also the special 9th grade) damages the other 9a routes (like: “Le cadre”, “Lulu”) because they are way harder and people have to invest more time into them.

Symon Welfringer, the last repeater of the route before Malik, and proud to have ticked his first 9a, is one of the first to feel raw about this proposition, and brings in some nuance:

‘Some think that ”Pornographie” is harder than “Le Cadre” and the route itself feels harder to me than the 8c+s of the crag. “Pornographie” is a 9a for me, and for this I draw on the other 9th grade lines I’ve tried, but I also especially take into consideration that within the same grade some routes are harder than others, depending on the style we like and the effort needed. That is why I think that “Pornographie” holds its place among 9a lines, for me it’s a bit easier than “Le Cadre” but harder than some other 9as. I’ve also spoken about this with a lot of other climbers and the grade feels right. These days, as soon as we believe it’s a bit soft we think to downgrade, whereas we could as easily understand grades as spectrums. But in the end, this debate is valid for all the routes in the world, most notably certain Spanish 9as that would merit further questioning (note: as well as other easy 9as such as “Sang Neuf”, “La Cabane au Canada”, “Era Vella” and so on).

Symon Welfringer Pornographie 9a
Pornographie – Symon Welfringer – credit : Damien Largeron

Sometimes, dowgrades are proposed because the next repeaters found an easier beta or found the effort easier than proposed, climbing it quickly compared to other routes of the same difficulty. For example, last summer Stefano Ghisolfi proposed a downgrade of “Bibiographie”, thinking his time investment on it was equal to the ones he put into the working of “Change” and “Perfecto Mundo”. The first repeats of “Akira” and the controversy about the world’s first 9b also come to mind, with Martinez, Bouin and Fourteau claiming they climbed a 9a instead. It’s the game when you’re trying a first ascent alone, you may climb in a sub-optimal way. And of course the conditions for the send are important, as well as the shape of the climber, the possible size-dependency of the line compared to the ape of the climber, a lot of elements to consider when the question of giving an objective grade arises. A difficult art when grades are based on subjective feelings… And when you’re a pro climber living with a lot of pressure from the expectation of your sponsors, with an interest in creating a buzz around yourself with extreme ascents even if it means skipping a methodical reasoning around the real level of the routes climbed (even if, we recognise it without difficulty, all the analyses in the world won’t render an individual proposition completely objective).

It’s precisely one of the hobbies of Lucien Martinez, editor-in-chief at Grimper Magazine, passionate top climber and adept of debates concerning high difficulty and grading.

It’s quite logical that there are more downgrades than upgrades because in general it’s related to easier betas found. The other way around is not true: if you do a harder beta compared to the opening one, it’s on you, it won’t change the grade. The only way to get an upgrade is if the first climber underestimated the level (or a broken hold but it’s not really the same route anymore). Whereas for a downgrade, a new beta or kneebar rest may be enough. So it’s logical and normal that there are a lot more downgrades. But be careful, a new beta is not synonymous with a downgrade at all, sometimes it makes the thing a little easier but it doesn’t change the grade. You have to juggle with these every time.
It seems important to me to point out that when we communicate about our performance or when our performance is made public, we have an ethical duty to do some serious thinking about the grade. Out of honesty towards all those who are interested in it from near or afar. I’ve also noticed that even when we try to think about it, the human brain is so good at self-deceit that with very, very rare exceptions, when there are doubts we always find a way to ‘choose’ the grade that suits us. I have already caught myself constructing a line of thinking, already knowing which grade this argument should lead me to… Gradings are very imperfect as a system, they distort the purity of the climbing and have a lot of flaws. But in my opinion these drawbacks do not matter that much. In fact, it’s part of our culture and even contributes to its richness. I think we shouldn’t deny the grades, but we have to remain lucid about their imperfections, put things in perspective and keep their importance in mind so as not to lose our brains.”

Seb Bouin de l'autre côté du ciel 9a
Seb Bouin – De l’autre côté du ciel – credit: Julien Nadiras

The grades of yesterday, more solid?
Nevertheless, the old guard also believes that the old grades were tighter than those offered by the younger generation, who may be playing less regularly on rock due to the omnipresence of gyms, and therefore have significantly less experience in actual rock climbing, therefore less references to propose a legitimate grade. This is, for example, what Alex Huber meant in this text, devoted to “Action Directe”:

“And it was up to 1995 that “Action Directe“ was considered to be 8c+. Since then grading became confuse and predominantly it had been created by the proposal of the grade 9b. Ben Moon still was there and he tried to convince the community that the proposal of the grade 9b is destructive as there hasn´t been even a confirmed 9a in the world. But the discipline was lost with a lasting effect. Beginning with 1995, the grading became softer, and softer, and softer… It slowly began with the change of the grade of “Action Directe” from 8c+ to 9a. Today, “Action Directe” is the most famous of all the 9a-routes and therefore it is the reference for that grade. The funny thing is that today “Action Directe”, which had been 8c+ originally, is one of the hardest 9a-routes in the world!!! It just shows, how far the overgrading went over the years – I guess that 90% of the modern high-end-routes are heavily overgraded if you compare these routes with the benchmark-route “Action Directe”. Regarding my personal climbing track record, the softening of the grading had some effects: most of my first ascents of the years got upgraded and amongst all the others “Weiße Rose” from 8c+ to 9a/9a+ and “Open Air” from 9a to 9a+. Thanks to today´s softer grading, “Open Air” or maybe even “Weiße Rose” became the first confirmed route of the grade 9a+.”

Indeed, the current standards for a given grade are often historical routes, often skipped by young people due to their old-school and often awkward style, like the routes of Huber or “Hubble” (now more often repeated after the discovery of a kneebar at the entrance to the crux), “Open Air”, “Weisse Rose”, “OM”… However it is difficult to confirm or deny, because old school routes were generally more fingery and technical but less demanding physically and long. It is however possible that the first extreme proposals like those of Alex Huber are more difficult for the level, because at the time announcing a letter or a plus above the last was not done, judging from the controversies that surrounded the first ascents of “Akira” or “Chilam balam” for example.
However, there are also iconic routes such as Chris Sharma’s king lines for example, which are for the most part rarely subjected to downgrading (maybe except “Era Vella” and “El Bon combat”), and to which top climbers like Seb Bouin often refer to as gold standards for a given level: “Biographie”, “Jumbo Love” , “Es Pontas”, “FRFM”, “Stoking the fire”… Issues to take into account when trying to compare routes of the same style.

The interest of slash grades?
If we consider the grades as intervals like Symon Welfringer, the use of slash grades to define a lower and upper limit can be interesting to decide on a difficulty via a more precise scale. But some climbers disagree, thinking that the slash was only introduced historically to cover morphological passages, such as 6c/7a for a route with a reachy move, which meant closer to 6c for tall climbers and 7a for small ones.
Lucien Martinez: “We have the illusion that the slash will save us from the indecision of a gray area between two grades, but in fact, the only thing that the generalization of the slash will do is introduce twice as many gray areas because then there will be twice as many dimension ranges.”

Conclusion
Grades are an integral part of climbing, to deny it or not to keep importance to it when one is interested in high level would be to lie, therefore to offer downgrades (or sometimes upgrades), although unpopular, is not not necessarily a malicious act. Extreme climbing offers beautiful routes and great experiences, beautiful life lessons and this is perhaps the most important thing to remember, beyond the controversies and ego battles around a level of difficulty given. Sonnie Trotter resumed this, speaking about E-grades:
Personally, I have a hard enough time trying to decipher the vague differences between 5.12d and 5.13a or R and X, let alone what the “combined effort” might be for someone I don’t know to get up the thing, onsight. I’m starting to feel that our over-analytical minds are what’s strangling the beautiful simplicity of climbing.

We need to remember that collecting experience is more important than collecting numbers, because at the end of the day, nearly everything about climbing is subjective anyway; height, weight, foot size, finger size, brain capacity, strength ratio, ape index, determination, fitness, age, survival skills, tenacity and whether or not you have a full time job or a family. All of these things play an enormous roll in our day-to-day climbing life and it’s easy to get obsessed.

The achievement of a unique line is what counts, not the way you combine the letters and numbers at the end of it and certainly not when you try to compare one to the other. Let us remember to celebrate each climb’s unique nature.

Cover pic: Seb Bouin – Flatanger climbing “Iron Curtain – credit: Marco Müller

L’article L’Art de la décotation – Downgrading as an Art form est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Video: Seb Berthe, You cannot understand

20 juillet 2022 à 17:15

“You cannot understand” : tel est le nom de la dernière vidéo consacrée au falaisiste belge Seb Berthe aux prises avec le célèbre 9b de “Fight or flight”. Le réalisateur Simon Maurissen a suivi Seb à Oliana au printemps 2021 et documente le processus de travail de la voie qui malheureusement s’est avéré infructueux. Une vidéo rafraîchissante sur la recherche de la haute difficulté, faite de hauts et de bas.

“You cannot understand”: here is the name of the little movie dedicated to Belgian rockclimber Seb Berthe trying “Fight of flight” famous 9b. Filmmaker Simon Maurissen followed Seb in Oliana at Spring 2021 and documented the process in the route, unfortunately with no cigar. A funny video about the extreme difficulty quest with up and downs.

L’article Video: Seb Berthe, You cannot understand est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Hattori Hanzo, 8b+, 7 longueurs pour Kathy Choong et Jim Zimmermann – Hattori Hanzo, 8b+, 7 pitches by Kathy Choong and Jim Zimmermann

19 juillet 2022 à 19:58

Une nouvelle grande voie dure dans la poche de Kathy Choong et de son compagnon Jim Zimmermann avec “Hattori Hanzo” (8b+, une ligne de 7 longueurs nichée en face Nord du Titlis, Engelberg, Suisse) ! Voici le commentaire de Kathy laissé sur les réseaux.

“Trop contente de réaliser une ascension parfaite sans tomber de cette voie de 7 longueurs (5b, 6b, 7b, 6c, 8b+, 8a+, 7a) dans la journée. Et encore plus parfait, mon compagnon Jim Zimmermann a aussi réalisé la voie le même jour. Située en face Nord du Titlis, cette voie offre un vrai challenge mental et physique ! J’ai réalisé en tête toutes les longueurs, l’une après l’autre. Jim a réalisé en moul’ les 4 première longueurs “faciles” et je l’ai assuré pour les 3 dernières longueurs en tête.
La voie démarre avec 4 longueurs en dalle qui sont cotées faciles. Mais la première longueur ne possède qu’un point, à peine plus dans les suivantes, petites prises, l’approche est déjà coton mentalement avant d’arriver dans les longueurs clé qui remontent un impressionnant et long dévers. On a fait face à pas mal d’échecs, en tombant dans les crux engagés des longueurs dévers ; la première fois qu’on a essayé la voie on n’a pas vu le sommet ! Mais la magie a opéré et jour après jour, grâce à une entraide mutuelle, on a pu appréhender mieux les mouvements et finalement grimper toutes les longueurs.
Je voudrai remercier Mathias Trottmann qui a réalisé la première ascension en 2013, pour le travail titanesque qu’il a réalisé en équipant cette grande-voie dans cette face impressionnante, et aussi pour tout le soutien et les méthodes qu’il m’a apportés !”

Photos : Vladek Zumr

A new hard MP under the belt of Kathy Choong, joined by her boyfriend Jim Zimmermann : “Hattori Hanzo” 8b+, 7 pitches, located on the North face of Titlis, Switzerland. Here is her commentary.


So happy to complete in a perfect no-fall ascent Hattori Hanzo, 7 pitches, 8b+ max. (5b, 6b, 7b, 6c, 8b+, 8a+, 7a) in a day! And the best part is that my partner Jim Zimmermann also sent the route on the same day. 😃 Located on the north face of the Titlis 🇨🇭 this route was a great mental and physical challenge ! I led all the pitches, one after the other. Jim top-roped the four « easy » first pitches and I belayed him on lead for the 3 last.

The route starts with 4 vertical slab pitches which on paper are graded “easy”. Only one bolt on the first one, a few more in the following ones, very small holds, the approach is already quite tough mentally before arriving at the start of the crux pitches which follow in a long impressive overhang. We faced many failures, falling in the run-outs of the crux pitches 😨 and so unable, the first time we tried the route, to climb to the top ! But the magic happened and day after day, thanks to our mutual support, we could figure out the moves and finally climb all the pitches✌🏻

I would like to thank Matthias Trottmann who did the first ascent in 2013, for the massive work he did when he bolted this route on this impressive face and for all the information & advice he gave me!

Photos: Vladek Zumr

L’article Hattori Hanzo, 8b+, 7 longueurs pour Kathy Choong et Jim Zimmermann – Hattori Hanzo, 8b+, 7 pitches by Kathy Choong and Jim Zimmermann est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Video: Hotel Supramonte, Gorropu

15 juillet 2022 à 21:20

En novembre dernier, le groupe CAF Excellence s’est attelé au travail de la grande voie dure mythique de Sardaigne, “Hotel Supramonte”, 11 longueurs, 8b (400 m) nichée dans la gorge de Gorropu. Découverte des lieux pour les jeunes encadrés par les vieux briscards François Lombard, Yann Ghesquiers et Didier Angonin. Avec un beau à vue à la clé pour Tanguy Mérard !

Great video : In November 2021, the Excellence group from FFCAM (French Mountaineering Asssociation) paid a fighting visit to the mythical multipitch route of Sardinia, “Hotel Supramonte”, 11 pitches, 8b (400 meters) located in the Gorropu gorge. Reccie of the line led by old-hands French rock climbers François Lombard, Yann Ghesquiers and Didier Angonin… With a nice onsight ascent by Tanguy Mérard!

Photo: Jan Novak

L’article Video: Hotel Supramonte, Gorropu est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Video: Lucien Martinez & Fabrice Landry, Memorial GS, 9a

14 juillet 2022 à 13:08

On avait évoqué le sujet il y a quelques semaines, Lucien Martinez et Fabrice Landry ont dépoussiéré et débarrassé la voie de St-Antonin “Memorial GS” de ses prises en sika pour proposer une base de rési physique de plus dans le mur de la mort de Supermanjoc, qui dispose maintenant d’une bonne tripotée de voies extrêmes naturelles. Illustration en images avec ce nouveau 9a !

A few weeks back, we published a dedicated article about how Lucien Martinez and Fabrice Landry gave a hard route called “Memorial GS” a refresh. They got rid of the sika-glued holds on the route located at Supermanjoc, St-Antonin Noble Val, France, and freed it anew. The result is a new 9a and a renewed extreme challenge on the crag’s wall of death. Check out the video below!

L’article Video: Lucien Martinez & Fabrice Landry, Memorial GS, 9a est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Mattéo Soulé libère Sonawolf 9a – Mattéo Soulé frees Sonawolf 9a (+video)

9 juillet 2022 à 15:34

Un des jeunes prodiges du Sud-Ouest Mattéo Soulé (15 ans) vient encore de frapper à la maison sur le spot de la Verrière (Aveyron) en libérant “Sonawolf” 9a, une connexion entre le 8c de “Sonatine” et le projet extrême des lieux qu’il convoite sur le long terme, “Black Wolf”, qui pourrait avoisiner le 9b. Mattéo avait déjà réussi ce printemps une répétition de “La guerre des nerfs” (9a) sur le même site, et proposé une première ascension de niveau globalement similaire dans les gorges du Tarn avec “Dieu merci” à Tennessee en 2020. Mattéo donne des précisions sur “Sonawolf” et des détails sur l’ascension, avec en bonus la section finale de la voie en vidéo.

“Sonawolf” combine le 8c “Sonatine” et le projet “Black Wolf”. “Sonatine” c’est un début en 7b où tu arrives à un repos total avec un genou où tu peux lâcher les 2 mains. Ensuite il y a quelques mouvements un peu physiques mais pas très durs et là tu arrives au crux sur des inversées à remonter, une section très physique avec un mouvement sans retour pour dynamiser à un bon tri vertical. De là il faut continuer sur quelques mouvements moins durs pour rejoindre “Black wolf”, où il y a un gros mouvement pour aller chercher une grosse écaille inversée qui fait mal, complètement à l’horizontale. On trouve ensuite le “repos” de la voie pour arriver enfin au crux, le début n’est pas si dur, il faut juste trouver les bons placements, avec une magnifique pince lisse, une micro arquée mais bizarrement qui tient bien, un trou correct et c’est là que ça envoie. Ma méthode originale c’était prendre un plat moyen, ramener sur un tout petit mono d’une demie phalange, relancer à une petite colo qui a cassé (donc ça fait une réglette que tu peux pas trop arquer) et là faire un bon dynamique pour aller chercher une réglette plate à la lèvre du dévers. Normalement c’est fini mais tu fais encore 3 mouvements pour rétablir totalement sur des prises loin et plates. En gros ça consiste à faire un 8c d’approche, une légère décontraction physique et pour finir un gros 7C bloc.

Je connaissais déjà les sections, j’ai donc rapidement mis des essais et je suis arrivé à cette grosse écaille mais impossible de me reposer, j’étais mort et je suis tombé 1 mouvement après. Au fur et à mesure des essais j’ai réussi à transformer ce 8c d’approche en une base que je faisais à tous les coups et qui me coûtait de moins en moins, mais ça ne changeait pas grand chose, je n’arrivais toujours pas à me relâcher à cette écaille. J’ai donc travaillé le repos en partant de quelques mouvements avant et petit à petit j’ai réussi à imposer mon rythme à ce début de voie et au repos, et puis un jour mon essai arriva jusqu’au dynamique final. C’était incroyable de faire cette grosse avancée dans la voie et tous mes essais suivants remontaient jusque là-haut. Au bout d’une dizaine d’essais à tomber là-haut j’ai essayé une autre méthode : ne plus prendre le mono, relancer à la colonnette et dynamiser avec la main plus basse, chose qui était donc bien plus rapide. Avec cette nouvelle méthode il ne m’a fallu que 3 essais pour parvenir à faire ce dernier mouvement dur. Tout le début de la voie j’étais rando, le 8c ne m’avait pas beaucoup fatigué, je n’ai jamais été aussi bien au repos et quand je suis parti j’avais la hargne d’aller pour une fois plus haut. Tout le crux s’est déroulé à merveille et lorsque j’ai eu le plat du dynamique je n’avais pas la sensation d’avoir énormément forcé, mais j’ai paniqué et d’un coup j’ai senti la fatigue me tétaniser les bras et les 3 derniers mouvements m’ont parus extrêmes. Je n’arrivais pas à me placer, mon corps était en arrière, mes mains s’ouvraient toutes seules mais je ne voulais absolument pas tomber et de prise en prise en rampant j’ai réussi à me hisser jusqu’à la chaîne. Il y a longtemps que je n’avais pas fourni un effort aussi puissant et énergétique, j’étais au bout du bout ! Je pense donc que ça fait 9a car je n’ai jamais rien fait d’aussi dur. J’ai mis beaucoup d’essais, mon investissement a été long et un 8c suivi d’un 7C+ bloc avec pour repos une inversée pendu dans le dévers ça ne peut pas être que 8c+ de mon point de vue.”

Photo de couverture : Pierre Soulé

Mattéo Soulé Sonawolf
Photo: Pierre Soulé

One of prodigies from South-West of France, Mattéo Soulé (15 years old) just striked again in his home crag, La Verrière, Aveyron with the first ascent of “Sonawolf” 9a, a link between classic 8c “Sonatine” and extreme project “Black Wolf” which could be around 9b…Mattéo already ticked in the same crag “La guerre des nerfs” this Spring and also proposed a first ascent of this range with “Dieu merci”, Gorges du Tarn in 2020. Mattéo gives details about the route and his send, with a video of the final part of the route as extra.

“Sonawolf” is a link between “Sonatine” 8c and the “Black Wolf project”. “Sonatine” starts with an 7b, a total rest with one kneebar where you can leave both hands then there are some moves a bit physical but not very hard and there you arrive at the crux, very physical on underclings with a deadpoint move to a good trifingerpocket. From there you have to continue on a few less hard movements and finally to reach “Black wolf” there is a big movement to get a large undercling. This is the “rest” of the route and you finally arrive at the final crux, the beginning is not so hard you just have to find your right betas, with a magnificent thin pinch, a little crimp, a correct pocket and from there the business starts. My original method was to take a sloper, bring it back to a very small mono of a half phalanx, go again to a small tufa which broke so it makes now a kind of crimp and you ends with a good dyno to get a slopy rail at the lip of the overhang. Normally it’s over, you still do 3 large movements on slopy holds as mantle to the anchor.

I already knew the sections, so I quickly put some tries and I arrived at this big undercling but impossible to rest I was dead and I fell 1 move after. As the goes progressed I managed to make this 8c approach more easily. It cost me less and less but it didn’t change much : I still couldn’t relax myself at this rest. So I worked on the rest starting from a few moves before and little by little I managed to impose my rhythm on this beginning of the route and at rest, and then one day my try arrived until the final dyno, it was incredible this big step forward and all my following goes went all the way up there. After about ten tries to fall up there, I tried another beta: no longer taking the mono and going again on the tufa from the lower hand, which was therefore much faster. With this new beta it only took me 3 tries to achieve this last hard move. The whole start of the route I was very easy, the 8c hadn’t tired me much, I’ve never been so good at rest and when I left I had the anger to go higher for once. The whole crux went perfectly and when I sticked the sloper of the dyno I didn’t feel like I had forced a lot, but then I panicked and suddenly felt tired with flash pump and the last 3 movements seemed extreme to me. I couldn’t get into position, my body was shaking, my hands opened on its own but I absolutely didn’t want to fall and from hold to hold I managed to reach the anchor. It’s been a long time since I’ve made such a powerful and energetic effort, I was pushing away my limits.

So I think it’s 9a because I’ve never done anything hard like this and I tried a lot and my investment was long. An 8c followed by a 7C+ boulder with an hang- rest on underclings on the overhang can’t only be 8c+ in my opinion.”

L’article Mattéo Soulé libère Sonawolf 9a – Mattéo Soulé frees Sonawolf 9a (+video) est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Nicolas Moineau, toujours à fond ! – Nicolas Moineau, always at full throttle!

7 juillet 2022 à 13:01

Nicolas Moineau, champion du Monde déficient visuel en 2012, s’est retiré des compétitions pour se consacrer à la falaise. Après plusieurs croix les années précédentes, Nicolas vient de concrétiser, une douzaine de séances, sur sa falaise fétiche de St-Géry dans le Lot, avec la réussite de “La société des loisirs”, un 7c de 40 mètres en léger dévers et bien rési. Voici son retour :

“12 séances c’est peu compte tenu de la cotation, c’est seulement ma 3ème voie dans le 7c/7c+. J’avais accès à la voie par le haut ce qui a grandement facilité et raccourci la phase de repérage et j’ai pu taper des essais assez rapidement… Le style me convenait bien en plus. J’ai dû passer au moins 5 ou 6 séances à trouver ma méthode pour passer en statique dans la section la plus dure. C’était une pure “méthode d’aveugle” à base de grand écart, d’ajout de mouvements etc. Tout cela afin d’éviter un mouvement dynamique et de prendre une porte. C’est assez typique de ce que je fais en général…. Par contre mes méthodes dans les 5 premiers mètres de la voie ont été pas mal changées au cours du processus, et c’est loin d’être le plus facile. J’ai encore cassé une prise clé après l’enchaînement en montant vite fait dans le début pour faire 4 photos. Du coup si j’y remonte la méthode du début changera encore !”

Nicolas Moineau

Nicolas Moineau is the 2012 visual impairment World champion and retired a few years ago from competition climbing in order to climb outside. After several notable sends in the past, Nicolas recently ticked another project at his home crag, St-Géry, Lot, France : “la société des loisirs” a 40-meter slightly overhanging 7c. 12 sessions were required. Here is his report.

“12 sessions is not much compared to the grade, it’s only my 3rd route in the 7c/+ range. I worked the route from the top (on top rope) so it went easier and I could do some lead tries very quickly. The style suited me well and I spent 5/6 sessions figuring out my betas in the crux, some “blind betas” with static and technical moves in order to skip a dynamic move and a swing. It’s quite typical of my climbing in general. I needed to change my methods a lot in the first 5 meters, which are far from easy. I broke a hold in this section after the send while re-climbing the route to get photos taken, so if I came back on the route I would need to change my beta again.”

L’article Nicolas Moineau, toujours à fond ! – Nicolas Moineau, always at full throttle! est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Anak Verhoeven répète Jungfraumarathon 9a – Anak Verhoeven repeats Jungfraumarathon 9a

6 juillet 2022 à 19:02

Anak Verhoeven continue de sillonner les falaises européennes, se rendant récemment sur le spot helvète de Gimmelwald (Eiger). En 3 coups de cuillère à pot, Anak a réalisé une nouvelle voie dans le 9ème degré, avec une répétition du résistant “Jungfraumarathon” 9a. C’est la seconde grimpeuse à réussir la voie, Kathy Choong l’ayant précédé en 2019. Nous lui avons demandé ses impressions sur la falaise et la voie.

“Gimmelwald est une falaise merveilleusement belle. Le paysage est à couper le souffle, avec des montagnes enneigées de l’autre côté de la vallée, une petite cascade venant du haut et une ambiance alpine avec l’herbe verte et les fleurs tout autour.
Il y a beaucoup de voies dures dans un style demandant beaucoup de gainage. Je suis super heureuse d’avoir pu visiter le lieu avec le local Alex Rohr comme guide, c’est un super endroit !

J’ai beaucoup aimé “Jungfraumarathon”. Cela commence par une section sur des prises plates suivie d’un bon repos. Vient ensuite le crux qui se termine par le mouvement le plus difficile de la voie. La partie supérieure est ensuite très sympa à grimper.

J’ai d’abord passé deux jours à grimper avec les locaux, à découvrir la voie et à travailler les mouvements.
Lors du troisième jour, j’ai cherché à enchainer. Je suis tombée deux fois au crux, à chaque fois je me sentais un peu mieux. A mon 3ème essai j’ai passé le crux et enchainé.”

Ci-dessous Kathy Choong dans la voie.
Photo de couverture : John Thornton

Anak Verhoeven continues to explore European crags with the discovering of Gimmelwald, Switzerland. She climbed a new 9th grade route after a very quick work, “Jungfraumarathon” 9a (video above). It’s the second female climber to clip the anchor, Kathy Choong also climbed it in 2019. Here are Anak’s comments about the crag and the route.

Gimmelwald is a wonderfully beautiful crag. The scenery is just breathtaking with snow-covered mountains on the other side of the valley, a little waterfall coming from above and an alpine feeling with the green grass and flowers all around.
There are lots of hard lines in a style for which quite some body tension is needed. I’m super glad that local climber Alex Rohr showed me around – it’s a great place!

I enjoyed Jungfrau Marathon very much. It starts off with a sequence on slopy holds, followed by a decent rest. Then comes the crux which ends with the hardest move of the route. The route ends with a very fun-to-climb top part.

I first spent two days climbing with local climbers, discovering the route and working the moves.
On my third climbing day I went for the redpoint. I fell twice at the crux move; every time feeling a little better. I climbed through the crux on my third redpoint try and topped the route.


Photo: John Thornton


L’article Anak Verhoeven répète Jungfraumarathon 9a – Anak Verhoeven repeats Jungfraumarathon 9a est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Video: Adam Ondra, Wonderland, 9b/+

29 juin 2022 à 19:53

En mars dernier, Adam Ondra a réalisé ce qu’il présente comme la voie la plus dure d’Italie, “Wonderland” 9b/+ sur le site de Terra Promessa (Arco), la jugeant donc d’un niveau supérieur à “Erebor”. Voici la vidéo et le commentaire de l’intéressé suite à cette croix qu’il estime être le point d’orgue de son année escalade 2022.

“Même si la falaise s’appelle Terra Promessa, je n’avais pas pensé auparavant qu’elle accueillerait la voie la plus difficile d’Arco et d’Italie. Les voies dures de niveau 8b/8c ont été développées principalement par Reini Scherer à la fin des années 90 et depuis le développement de cette falaise s’était quasiment arrêté.
Il y avait encore pas mal d’endroits où le rocher était vierge, mais la question était de savoir si ça grimperait en libre. Alfredo Webber, une fois de plus, a su déceler cette merveilleuse ligne, s’est motivé et a équipé la voie, mais le point d’interrogation concernait le tout début. J’ai trouvé une boucle légèrement à gauche en utilisant quelques pinces plates et de minuscules arquées, j’ai bougé 3 spits, et il est devenu évident que la ligne était possible !
Nous avons travaillé le projet quelques jours à l’automne avec Stefano Ghisolfi. Finalement, j’ai senti que j’étais assez proche de faire la voie, mais malgré cet hiver extrêmement sec, la falaise n’est pas vraiment un spot d’hiver et la colo du crux a de plus en plus mouillé. La voie a séché en mars et après quelques jours de travail, j’ai fait la première ascension en libre de “Wonderland”, une de mes premières ascensions dont je suis le plus fier.
En ce qui concerne la cotation, je sais que la voie est considérablement plus difficile que la plupart des 9b, mais c’est difficile de savoir si elle franchit vraiment la barrière du 9b+…”

Photo : Petr Chodura

In March, Adam Ondra did the first ascent of what he called the hardest route in Italy with “Wonderland” 9b/+ located in Terra Promessa, Arco. Here is the video of the send and his comment about his “biggest achievement this year so far”!

“Even though the crag is called Terra Promessa (Promised Land), I hadn’t thought that it would once host Arco’s and Italy’s hardest route. The hard routes around 8b and 8c were developed mainly by Reini Scherer in the late 90s and since the development of this crag has mostly stopped.

There were still quite a few spots where the rock was untouched, but the question was if it would go. Alfredo Webber, once again, saw this wonderful line, put the effort, and placed the bolts, but the question mark was about the very beginning. I found a detour slightly to the left using a few very slopy pinches and tiny crimps, replaced 3 bolts, and it was obvious that line was possible !

We worked on the route for a few days in the autumn with Stefano Ghisolfi. Eventually, I felt I was quite close to sending, but despite this winter being extremely dry, this crag is not exactly winter crag and the crucial tufa kept seeping. The route dried up in March and after a few days of work, I did the first free no-fall ascent through “Wonderland”, some of my proudest first ascents.

Regarding the grade, I know it is considerably harder than most of the 9b’s, but if it really breaks into the 9b+ barrier, it is really difficult to know…”

Photo: Petr Chodura

L’article Video: Adam Ondra, Wonderland, 9b/+ est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Luisa Deubzer réalise Speed intégrale 9a – Luisa Deubzer climbs Speed intégrale 9a (+ interview & video)

29 juin 2022 à 08:09

La très discrète mais néanmoins redoutable allemande Luisa Deubzer (aka”Lulu”) vient de réaliser “Speed intégrale” à Voralpsee en Suisse. La seconde ascension de la voie déjà cette année, quelques jours après Mel Janse Van Rensburg, talenteux franco-Sudafricain de 20 ans. Luisa est la seconde grimpeuse à gravir la voie 4 ans après Barbara Zangerl, une entrée dans le neuvième degré aussi iconique qu’esthétique ! Depuis le début de l’année Luisa est en forme : elle avait réalisé la voie trad “Prinzip Hoffnung’ 10/10+ (8b+) en mars, et ensuite deux 8c dans la région “assez vite pour ses standards”. On ne peut que croire qu’ils étaient annonciateurs d’une arrivée à maturité pour cocher une voie de ce niveau. La suite plus en détails dans cette interview et la vidéo de la fin de l’essai gagnant.

– Tu es très discrète, peux-tu nous en dire plus sur qui tu es, ce que tu fais dans la vie ?
J’ai 28 ans, je grimpe depuis presque 20 ans, j’ai fait des compétitions dans ma jeunesse, et ma passion pour l’escalade est, à ma grande surprise, toujours en train de grandir chaque année. Au cours de la dernière année, j’ai fait de l’escalade une priorité, travaillant à temps partiel dans une salle d’escalade en tant qu’instructeur et ouvreur afin d’avoir davantage de temps. Récemment, j’ai aussi commencé à travailler pour une fondation qui promeut la durabilité et la sécurité en montagne.

– Je sais que tu es très investie dans l’environnement, comment cela se traduit-il dans ta vie de tous les jours et dans ta vie de grimpeuse ?
Bonne question… D’abord et avant tout, ça se traduit par plein de complications dans les décisions de la vie de tous les jours. Dans l’ensemble, j’essaie de réduire mon impact, mais il y a beaucoup de place pour faire plus, et mes efforts vont et viennent. Les deux choses qui ont le plus reflété mes valeurs au fil du temps sont d’être végétalienne depuis 7 ans maintenant et ne pas avoir pris l’avion au cours des 6 dernières années.
Celles-ci donnent l’impression de ne pas exiger beaucoup de moi alors qu’elles ont un impact important sur mon empreinte personnelle. Je pense qu’il est important de commencer là où cela vous semble le plus facile personnellement et à partir de là, développez ses efforts. Il est facile de se laisser décourager si vous ne pouvez pas le faire parfaitement et que vous finissez par le faire n’importe comment.
Je peux encore beaucoup m’améliorer quand il s’agit d’aller en falaise à la maison. J’essaie de réfléchir si j’ai réellement besoin de la voiture ou si c’est facilement faisable en train (quand j’ai travaillé “Prinzip Hoffnung” par exemple, c’était facile de prendre le train, et comme j’y allais seule la plupart du temps c’était souvent une non-prise de tête). Mais maintenant, surtout à la phase finale de mon projet dans “Speed”, j’allais beaucoup en voiture, parfois même seule, tôt le matin, ce qui est, à tous égards, un sacré trajet pour une excursion d’une journée.
En tout cas, je pense que c’est toujours un équilibre délicat entre motiver les gens à changer leurs habitudes de vie et de trop se concentrer uniquement sur les actions individuelles. Pour réaliser réellement une transition, nous devons aborder des changements systémiques au niveau politique. Les actions individuelles sont importantes pour montrer notre engagement et forger de nouveaux récits, mais nous ne pouvons pas résoudre cette crise uniquement en changeant notre consommation individuelle en termes de comportement. Quand bien même cela ne nous rassurerait en termes de responsabilité individuelle, nous avons besoin de changement aux deux niveaux.

Luisa Deubzer Speed intégrale 9a
Photo: José Cabrita

– Fais-tu seulement de la falaise ou t’intéresses-tu aussi aux autres facettes de notre activité ?
J’aime me faire botter les fesses et élargir ma zone de confort, c’est pourquoi j’aime le côté varié de l’escalade dans le sens large du terme. J’ai pas mal élargi mes compétences dans les autres formes d’escalade au cours des dernières années en tant que membre de l’actuel “Groupe des jeunes alpinistes” entièrement féminin de l’Alpine Club (même si je suis toujours nulle dans différentes formes d’alpinisme). Selon la saison, la météo et motivation, j’ai des périodes où je fais plus de glace et de mixte, je fais des grandes voies ou une montagne ici et là. En fin de compte, cependant, mes points forts résident dans l’escalade sportive.
Le lendemain de la réussite de “Speed”, je suis partie sur une grande-voie de difficulté modérée, pour la première fois cette saison sur du granite, et j’ai littéralement dû passer en artif les 5 derniers mètres d’une longueur en 6c +, parce que j’étais complètement épuisée et ne pouvais plus faire un seul mouvement. J’adore les jours comme celui-ci, ils t’invitent à rester humble et à garder la passion car ils sont stimulants et amusants, avec une vision différente de l’escalade sportive.

– Qu’est ce qui t’a amené à essayer cette voie, as-tu dû t’entraîner spécifiquement pour y arriver ?
Peux- tu nous en dire plus, sur comment ça s’est passé et ce que tu as dû mettre en place pour y arriver ?

Je suis allée régulièrement à Voralpsee ces dernières années car je n’habite pas très loin. J’ai toujours su que s’il y avait un endroit où je pouvais grimper fort, ce serait ici. Je pense qu’il est juste de dire que le style me convient très bien et en plus je m’y suis assez adaptée au fil des années. “Speed intégrale” m’a impressionnée dès le début, pour des raisons évidentes : elle remonte la barre sur la partie la moins prisue du mur et quand je regardais des gens essayer, ça avait l’air incroyablement dur.
Il y a 3 ou 4 ans, j’avais déjà essayé les mouvements de “Speed” ​​​​une journée et j’étais très surprise de pouvoir réaliser la plupart d’entre eux tout de suite, celà me semblait si loin de mon niveau à l’époque ! Depuis, c’était devenu un rêve de gravir cette voie un jour, mais j’étais assez convaincue que j’étais encore loin de mon but ultime en escalade sportive.

Cette année, c’était la première fois que je voulais l’essayer sérieusement à nouveau. Je savais d’avance que je devais m’y préparer cet hiver, je venais de commencer à bosser à la salle d’escalade et je me suis concoctée un plan d’entraînement de fou avec l’espoir d’amener mon escalade à un nouveau niveau.
Mais je me suis blessée à un doigt et à l’épaule avant même de pouvoir vraiment commencer mon entraînement… Tous mes projets se sont évaporés… J’étais convaincue que maintenant la chose que j’attendais tant, projeter “Speed”, était devenu totalement irréaliste.
Au cours de l’hiver, j’ai donc changé d’orientation et je suis devenue très motivée pour la glace et le mixte. Quand la saison s’est clôturée mon doigt allait mieux mais c’était pas encore parfait ; je pouvais quand même en faire plus et j’ai été motivée par “Prinzip Hoffnung”, qui s’est avéré non-traumatisant pour mes doigts et mon épaule : le projet parfait, n’exigeant pas un physique fou, mais étant assez exigeant en termes de mouvement, d’engagement au-dessus du point et de technique de coinceurs.
Quand j’ai recommencé à essayer “Speed intégrale” fin avril/début mai, mes deux épaules étaient enflammées car j’avais trop bourriné dans les dévers et mon doigt me causait encore des douleurs sur certaines prises, mais je je me sentais incroyablement bien dans mon escalade grâce à deux mois presque exclusivement en falaise. À ma grande surprise, au fil des séances de travail, mes douleurs aux épaules se sont estompées, tandis qu’avec le doigt je devais encore faire attention : pas surprenant, la voie assez sollicitante pour les phalanges n’est pas propice à la cicatrisation du doigt, et finalement, mon majeur, d’un autre côté, a commencé à me faire mal aussi… Mais en voyant un kiné (merci à Kathrin Dettling pour son incroyable soutien et à Klaus Isele pour avoir développé le traitement qui vraiment aidé mes doigts !) j’ai pu continuer de gérer et empêcher l’inflammation de se propager et devenir trop handicapante. Pourtant, c’était une inquiétude majeure car je devenais plus solide dans la voie et je me posais sans cesse la question de peut-être arrêter si mes douleurs dans les doigts s’aggravaient encore.
À mon grand étonnement, je continuais de progresser lors du travail de la voie. Je faisais des progrès lents mais réguliers de semaine en semaine. Je suis passée du travail dégaine par dégaine en me battant à des enchaînements de sections jusqu’en haut. Finalement, la section bloc avant la 3ème dégaine est devenue moins faible en pourcentage de réussite et après quelques séances supplémentaires, je me suis retrouvée soudainement au dernier crux de la première partie et je suis tombée.
Les températures devenaient vraiment très chaudes et je commençais à me demander si je n’avais pas raté le coche. Puis le lendemain j’y suis allée, comme ça, sans zipper des pieds ou tâtonner, j’ai de nouveau passé la partie dure du bas, j’ai fait le le mouvement où j’étais tombée la veille d’une manière assez solide, et, après avoir recaké et m’être refaite comme jamais, j’ai réussi à rester compacte dans l’extension et je me suis retrouvée au relais.
C’était vraiment spécial, et il m’a fallu du temps pour comprendre que tout s’était bien passé !
Les blessures lancinantes m’ont empêché de faire un entraînement spécifique pour la voie tel que je l’avais envisagé et m’ont forcée à me reposer beaucoup plus que je ne l’aurais fait autrement. Mais d’un autre côté, cela pouvait correspondre exactement à ce dont j’avais besoin pour devenir plus forte : davantage de repos. Et puisque faire du gainage était fondamentalement le seul entraînement que je pouvais faire régulièrement, j’en ai fait beaucoup et je suis absolument sûre que cela m’a fait beaucoup progresser. Même si l’entraînement n’était pas ce que j’avais prévu, ce n’est pas comme si j’avais fait “Speed intégrale” ​​depuis mon canapé, bien sûr. J’ai beaucoup grimpé en falaise ces derniers mois car je ne travaillais pas à plein temps. De plus, je pense que cela a aidé principalement à me libérer mentalement pour penser escalade et diminuer beaucoup d’autres stress. J’ai passé aussi pas mal de temps à faire de la visualisation quand je ne grimpais, il s’agissait de surmonter mes appréhensinos face à cette voie qui m’intimidait et aussi atténuer certaines limites autour de mes capacités.

Video: José Cabrita

– Tu es la deuxième femme a faire cette voie, pas piquée des hannetons, accordes-tu de l’importance au premières féminines ou, penses tu que c’est dépassé ?
Mhm, je ne suis pas sûre d’avoir une opinion tranchée là-dessus (ce qui est plutôt rare pour moi). Je pense que dans de nombreux cas, cela reflète encore les progrès réalisés par l’escalade féminine. Dans ce cas, relater les premières féminines a du sens à mon avis, du moins tant qu’il y a une différence générale de cotation entre les filles et les garçons en escalade.
Il y a beaucoup de premières féminines qui m’inspirent, donc je suppose que tu peux dire que je les estime, même si cela n’est évidemment pas la même chose qu’une première ascension. Mais en tout cas, cela ne s’applique pas vraiment aux secondes. 😉

– Je sais que tu aimes voyager. Où aimerais-tu aller prochainement pour pouvoir grimper et comment y intégrerais-tu la question climatique ?
Je ne dirais pas que j’aime particulièrement voyager. J’aime ce qui va avec, dormir dans la voiture/tente, être dehors toute la journée, pouvoir grimper tous les jours. Mais je n’ai pas besoin de voyager dans des endroits lointains pour cela, cette notion de voyage me suffit. Ces dernières années, j’ai séjourné principalement dans les Alpes, car c’est près et il y a encore tellement d’endroits où je veux aller (retourner). Mais la prochaine grande chose à venir l’année prochaine est l’expédition que nous prévoyons avec le Groupe de jeunes alpinistes. On s’est longtemps demandés où aller, surtout à cause de l’impact de l’avion. En fin de compte, il semble que nous nous soyons mis d’accord sur le Groenland, car même si vous voyagez un bon moment, les émissions sont la moitié de celles pour aller au Pakistan. Et vous avez la possibilité de faire potentiellement un grande partie du voyage sans voler, alors on verra…

– Qu’est-ce qui, pour toi, fait que tu as passé une bonne journée en falaise/à l’extérieur ?
Une journée en falaise peut être agréable de bien des façons. Certains jours, c’est parce que l’escalade donne une impression incroyable, vous avez fait des progrès inattendus, le rocher est stellaire, l’endroit est spécial ou la vue est belle. D’autres journées, vous avez fait beaucoup de blagues avec votre partenaire d’escalade ou avez eu une bonne conversation.
Parfois, il neige, le temps est maussade, c’était un peu tendu toute la journée, mais à la fin tu ressors avec un super feeling. Après, concrétiser aide toujours à passer une bonne journée ! 😉

– Tu es toujours super motivée et positive, d’où vient cette motivation ?
Je ne pense pas que tout un chacun reste éternellement toujours motivé et positif. Du moins personnellement je ne le suis certainement pas. je pense que nous voyons souvent les gens sous leur meilleur jour et on a tendance à oublier qu’on passe parfois par des moments plus compliqués… Cet automne par exemple j’étais assez déprimée et pas positive du tout quand je me suis blessée. Mais en général, quand ça va bien, c’est vrai que la motivation n’est pas un problème. J’avais comme habitude de me réserver une période avec moins de grimpe à la fin de chacune de mes années d’études et je pense que ce temps libre m’a beaucoup aidé à comprendre la valeur que l’escalade avait pour moi. Depuis, quand je n’ai pas été blessée, tout ce que je voulais faire, c’était grimper. De plus, je pense que cela maintient vraiment mon enthousiasme pour l’escalade, afin de pouvoir jongler avec d’autres disciplines comme la glace/l’alpin tout au long de l’année. Lorsque je ne fais que de l’escalade sportive que pendant une longue période, mes attentes augmentent généralement et le risque de frustration et donc de faible motivation est plus élevé.

Luisa Deubzer ice climbing
Photo: Dörte Pietron

– Tu n’es pas sur les réseaux sociaux et ça n’a pas l’air de te poser beaucoup de soucis.
Quelle influence cela a pour toi et comment cela t’influence ou pas ?

En fait, j’ai quand même Facebook et Twitter si cela compte toujours comme un réseau social ! 😉
Instagram, j’ai arrêté de consommer et de publier il y a un moment quand j’ai remarqué que ça me faisait me comparer à d’autres et me rendait anxieuse de rater un truc.
J’ai trouvé que beaucoup de gens que je respecte sont très discrets sur ce qu’ils font, ils ne sont pas sur les réseaux sociaux et semblent faire les choses principalement pour eux-mêmes. C’est pourquoi j’ai commencé à me demander pourquoi je publiais un certain contenu, et même s’il y avait aussi d’autres raisons, il m’a semblé que c’était de l’auto-promotion et que cela n’avait pas grand intérêt. Mais c’est bien sûr quelque chose de très personnel et qui peut être différent pour d’autres personnes.

– Qui te motive . As-tu des exemples chez les grimpeurs/grimpeuses qui t’inspirent ou te poussent à faire des voies dures ou ce n’est qu’une question de ligne qui t’inspire ?
C’est un peu cliché, mais je dirais mes partenaires de grimpe. Ils grimpent fort et ont toujours un tempérament agréable, une attitude décontractée en falaise. Aussi, j’ai grimpé plus avec des gens plus forts que moi toute l’année dernière et cela a probablement amélioré mon état d’esprit quand j’essaie des voies dures, car cela redistribue ta perception des standards de ce qui est vraiment dur. Du coup, des voies que je pensais trop dures pour moi dans ma tête depuis des années m’inspirent aujourd’hui.

Photo de couverture : DAV – Silvan Metz

Luisa Deubzer Speed intégrale 9a
Photo: José Cabrita

Very discreet but nevertheless fearsome German Luisa Deubze aka “Lulu'” has just done her first 9a, 2nd women 4 years after Barbara Zangerl, to climb “Speed intégrale” in Voralpsee, Switzerland. It’s the second ascent this year of the route after talented French-South African Mel Janse Van Rensburg (20 years old). “Speed intégrale” is also an iconic but also aesthetic route as an entry into the ninth degree. Since the beginning of the year Lulu sent the trad route “Prinzip Hoffnung” 10/10+ (8b+) in March, and then two 8c’s in the area climbed “rather fast for her standards” she said. We can only believe that they were a sign of maturity to achieve a route of this standard. More details in this interview and the video of the upper part of the route during the send.

– You are very discreet, can you tell us more about who you are, what you do in life?
I’m 28, I’ve been climbing for almost 20 years, doing comps in my youth, and my passion for
climbing is, to my own surprise, still growing every year. In the last year I have made climbing more of a priority, working part time in a climbing gym as instructor and setter in order to have more time. Recently now, I additionally started to work for a foundation that promotes sustainability and safety in the mountains.


I know that you are very invested in the environment, how does that translate into your everyday life and your climbing life?
Good question… First and foremost, it translates in the form of a lot of mindfucks about everyday life
decisions. Overall, I am trying to lessen my impact, yet there is a lot of room to do more, and my
efforts always ebb and flow.

The two things that have reflected my values the most consistently over time are being vegan for 7
years now and not taking the plane in the last 6 years.
These feel like they don’t demand a lot off me while they have a big impact on my personal footprint.
I think it is important to start where it feels the easiest for you personally and from there expand
your efforts. It is easy to let oneself be discouraged if you can’t do it perfectly and end up not do
anything.

I still can improve a lot when it comes to getting to the crag at home. I do try to think of whether I
need the car or whether it is easily feasible by train (when I projected “Prinzip Hoffnung” for example,
it was easy to take the train, and as a I was going there alone most of the time it often was a no
brainer). But now especially at the later phase of my projecting in Speed, I went a lot by car,
sometimes even alone, to be there early in the morning which is by any standards quite a drive for a
day trip.

In any case, I think it is always a tricky balance between motivating people to change the habits in
their life and to focus too much on individual actions only. To actually achieve a transition, we need
systemic changes on a political level. Individual actions are important to show commitment and to
forge new narratives, but we can’t solve this crisis only by changing our individual consumer
behaviour. Nevertheless, this does not let us off the hook in terms of individual responsibility, we
need change on both levels.

Luisa Deubzer
Photo: Daniel Benz

– Do you only do sportclimbing or are you also interested in other aspects of our activity?
I like getting my ass kicked and expanding my comfort zone, that’s why I really enjoy that climbing in
the wider sense is so varied. I have broadened my skills in the other forms of climbing quite a bit over
the last years as a member of the current all-female ‘Young Alpinist Group’ of the German Alpine
Club (although I still suck at these various forms of Alpinism). Depending on the season, weather and
motivation, I have periods where I ice and mixed climb more, do multipitches or a mountain here and
there. At the end of the day, however, my strengths do lie in sport climbing.
The day after sending Speed I went on a moderate multipitch, for the first time that season on granit,
and I literally had to aid up the entire last 5 meters of the the initial 6c+ pitch, because I was
completely spent and couldn’t do a single move anymore. I love days like this, they make it easy to
stay humble and keep the fire because they are challenging and fun in a very different way than sport
climbing.

– What led you to try this route, did you have to train specifically to achieve it?
Can you tell us more about how it happened and what you had to put in place to achieve it?

I have been to Voralp regularly over the last years because I live not too far away. I always knew that
if there was one place I can climb hard, it is here. I think it is fair to say that the style fits me very well
for some reason and in addition I have gotten quite adapted to it over the years.
Speed impressed me right from the beginning, for obvious reasons: it follows the white streak
through the blankest section of the wall and when I saw people on it, it looked incredibly hard.
3 or 4 years ago I had already tried the moves on Speed once and was very surprised that I could do
most of them right away since that was so far off my level back then. Since then, it had basically been
a lifetime dream of mine to climb this route someday, but I was pretty convinced this was far away,
my ultimate goal in sport climbing.

This year then was the first time I actually tried it again. I knew beforehand that that was the thing I
wanted to prepare myself for this winter, I had just started at the climbing gym and had big plans for
a crazy training regimen with the hopes of getting my climbing to a new level.
But I injured a finger and my shoulder even before I could really start with my plan. All my plans
evaporated. I was convinced that now the thing I had been looking forward so much, projecting
speed, had become totally unrealistic.

Over the winter I shifted focus therefore, and got very motivated for ice and mixed. When the season
was over my finger was still far from perfect, but I could do more again and got sucked into Prinzip
Hoffnung, which turned out to be very good for my fingers and shoulder and was the perfect project,
not demanding a crazy physique, but being quite demanding in terms of movement, the required
head space and gear beta.

When I started trying Speed end of April/beginning of May now both of my shoulders were inflamed
from too much steep climbing and my finger was still causing me trouble on some holds, but my
climbing felt amazing thanks to two months of almost exclusively climbing on rock.
To my surprise throughout the projecting process the shoulders became better, while with the finger
it remained a balance act: less surprising, the route was not conductive to healing the finger, and
eventually my middle finger on the other hand started hurting as well, but by seeing a Physio (Shout-
out to Kathrin Dettling for her amazing support and Klaus Isele for developing the treatment that really helped my fingers!) I was able to keep it manageable and prevent the inflammation from
spiraling out of control. Still, it was a major worry as I was getting more solid and solid on the route
that I might have to stop if my fingers got even worse.

To my amazement the projecting itself progressed quite well. I was making slow but steady progress
from week to week. From being maxed out climbing from draw to draw, soon I was making good
links to the top. Eventually the boulder section before the third draw became less low percentage
and after a few more sessions I found myself suddenly at the last crux of the first pitch and fell.
Temperatures were now actually getting really hot and I was starting to wonder whether I had
missed my shot. Then the next day I went, just like this, without further slipping of the feet or
fumbling I got through the hard bottom part again, did the move I had previously fallen on quite
solidly and, after shaking forever, managed to keep it together in the extension and found myself at
the anchor.

That was really special, and it took a while to understand that everything had actually worked out.

The nagging injuries prevented me from doing specific training for the route as I had envisioned it
and forced me to rest a lot more than I otherwise would have. But on the flip side that might have
been exactly what I needed to get stronger: more rest. And since doing core was basically the only
workout I could do regularly, I did a lot of it and I am absolutely sure this made me progress heaps.
Even though the training wasn’t what I had planned, it’s not like I did Speed off the couch, of course.
I did climb a lot on rock in the last months since I didn’t work full time. Furthermore, I think it helped
majorly that this freed me a lot of mental space to think about climbing and removed a lot of other
stress. I also spent quite a bit of time with visualization and mediation when I wasn’t climbing,
because so much was about overcoming the giant respect I had for this route and some limiting
beliefs around my capabilities.

Luisa Deubzer
Photo: Janina Reichstein

– You are the second woman to do this route, do you value female firsts or do you think it’s outdated?Mhm, I’m not sure I have a strong opinion on this (which is rather rare for me ). I do think that in
many cases it still reflects the progress female climbing is making. In this case they have their place in
my opinion, at least as long as there is a general difference in grade between the female and male
climbing population.

There are a lot of female firsts that inspire me, so I guess you could say I value them, even though it
is obviously not the same as an FA. But in any case, this doesn’t really apply to female seconds 😉.


– I know you like to travel. Where would you like to go in the near future to be able to climb and how do you integrate it the climate issue?
I wouldn’t say I like traveling particularly. I like what comes with it, the sleeping in the car/tent, being
outside the whole day, being able to climb every day. But I don’t need to travel to far away places for this, a notion traveling still has to me. The last years I have stayed mainly in the Alps, because it is
close and has still so many places I want to go (back) to.

But the next bigger thing that is coming up next year is the expedition we are planning with the
Young Alpinist Group. We pondered a long time where to go, especially because of the impact flying
has. In the end it looks like we agreed on Greenland, because even if you fly all the way, the
emissions are still half in comparison to Pakistan. And you do have the option to potentially do a
large part without flying, so let’s see…

– What, for you, makes a good day on a cliff/outside?
There are many ways in which a day at the crag can be good. Some days it is because climbing feels
amazing, you made unexpected progress, the rock is stellar, the place is special, or the view is good.
On other days you made a lot of jokes with your climbing partner or had a good conversation.
Sometimes, it is snowing, miserable weather, it was a bit tense the whole day, but at the end you
have a good feeling. Sending surely always helps. 😉

Photo: DAV- Silvan Metz

– You are always super motivated and positive, where does this motivation come from?
I don’t think anyone is always motivated and positive. At least I am certainly not. I think we just
often see people at their best and forget that that everybody struggles sometimes… This autumn for
example I was pretty down and not positive at all when I got injured.
But in general, when things are good, it is true that motivation is not an issue. I used to have a period
where I climbed a lot less after finishing school and I think this time off helped a lot to see the value
climbing had for me. Since then, when I wasn’t injured, all I wanted to do was climb.
Also, I think it really keeps my excitement for climbing alive to be able to shift the focus to different
disciplines like ice/alpine/sport throughout the year. When I only sport climb for a longer period my
expectations usually grow, and the danger of frustration and hence low motivation is higher.


– You are not on social networks and it doesn’t seem to be a big deal to you. What influence does it have on you and how does it influence you or it doesn’t?
Actually, I do have Facebook and Twitter if that still counts as social media 😉
Instagram, I stopped consuming and posting a while ago when I noticed it made me compare myself
a lot and caused constant FOMO.
I found that many of the people I respect are very low-key about what they do, they are not on social
media and seem to do things primarily for themselves. That’s why I started questioning why I was
actually posting what I was posting and even though there were other reasons as well, for me it came
down to self-presentation and didn’t add any value.
But that is of course something very personal and can be different for other people.

– Who motivates you, or do you have examples from other climbers that inspire you or push you to do hard routes or is it just a matter of the line that inspires you?
It’s a bit cliché, but I would say my rope partners. They try hard on the wall and still have a pleasant,
chilled attitude at the crag. Also, I have climbed more with people that are stronger than me in the
last year and that probably helped my attitude towards hard climbs, because it shifts your standard
of what is hard. In general, routes that years ago I had in my head as too hard inspire me.


Cover pic: DAV – Silvan Metz

L’article Luisa Deubzer réalise Speed intégrale 9a – Luisa Deubzer climbs Speed intégrale 9a (+ interview & video) est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

Premières ascensions en 8C+ – V16 first ascents

28 juin 2022 à 09:49

Deux infos sur deux premières ascensions en bloc en 8C+ :

*** Nomura Shinishiro nous présente “Gakido” en vidéo :
Le japonais avait résolu ce printemps ce projet de longue date de Chigobutai qui présente une escalade assez courte et explosive pour un bloc de cette difficulté, à l’instar du très pur “Floatin” ouvert par Ruichi Murai plus tôt dans la saison hivernale.

*** Nomura Shinichiro presents Gakido V16 (first ascent) in a video:
Japanese solved this Spring this long time project located in Chigobutai, Fukushima. An intense and powerful climbing for a boulder of this grade, as “Floatin” opened by Ruichi Murai at the beginning of winter season.

*** Matt Fultz ouvre “Brace for the Cure” V16 au Colorado sur le bloc de “Jade” :
Le bloqueur américain annonce vidéo à la clé sur son compte Instagram la première ascension de ce 8C+ : un nouvel enchainement en gros dévers qu’il décrit comme sa première ascension la plus dure et son 2e problème le plus dur qu’il a réalisé. Il commence dans “Jade” pour traverser à gauche et remonter l’impressionnant panneau juste à côté du 8B+ classique. Un passage qui demande une précision au millimètre pour attraper des prises minuscules impossibles à ré-armer.

*** Matt Fultz opens “Brace for the Cure” V16 at “Jade” boulder, Colorado:
American boulderer announces on his Instagram account with a video the first ascent of this V16: his hardest first ascent and his second hardest problem ever done. It starts in “Jade” then traversing left and going straight the big overhang juste close from the 8B+ classic. A problem which requires a lot of precision in order to stick the hands correctly on the rasor crimps.

L’article Premières ascensions en 8C+ – V16 first ascents est apparu en premier sur Fanatic Climbing.

❌