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L’Art de la décotation – Downgrading as an Art form

23 juillet 2022 à 10:57

Deux propositions de décotation de voies dures en falaise ont récemment été annoncées, par Seb Bouin et Malik Schirawski, ce qui nous a conduit à nous poser des questions sur le “pourquoi faut-il décoter” quand une voie est jugée facile pour le niveau. Tentative d’éclaircissement sur comment le grimpeur doit prendre des pincettes avec la gestion de la cotation quand il médiatise ou rend publiques ses performances.

Tout auréolé après l’ouverture de “DNA” dans le Verdon ce printemps – qu’il a annoncé à 9c -, Seb Bouin est de retour à Flatanger sans réel objectif particulier. Le grimpeur pro français vient tout de même de réaliser la première répétition de “Iron Curtain”, une ligne courte ouverte en 2013 par Adam Ondra que le tchèque avait proposée à 9b. Pour l’histoire, l’assureur d’Ondra sur l’essai victorieux n’était autre que Seb, qui depuis avait gardé la voie dans un coin de sa tête. En 14 montées et 5 jours, la croix est faite et le Français propose de décoter à 9a+ étant donné son recours, au contraire d’Adam, à une genouillère, laquelle rend à ses yeux la voie clairement plus facile.

Comme souvent quand il propose une cotation à la baisse, Seb est parfaitement transparent sur la raison de sa décote, et cette déclaration fait écho à plusieurs prises de position de forts grimpeurs, dont Megos, concernant l’augmentation croissante du nombre de dévaluations de voies et blocs en raison de l’utilisation d’innovations technologiques qui ne sont pas souvent communiquées.

La présence de coincements de genoux faisant baisser le niveau d’une voie semble aussi être la raison du rabotage de “Pornographie” à Céüse, devenue très à la mode et essayée alors que les autres 9a de Céüse sont délaissés. Le fort grimpeur allemand Malik Schirawski, qui vient de la répéter en 5 séances, nous a contacté récemment pour partager un message qui lui semblait primordial :
“L’année dernière à Céüse la voie était à la mode, du coup j’ai pensé l’essayer mais je n’avais pas assez de temps. Cette année j’espérais donc m’y atteler et la faire en quelques jours. Pour moi la voie ne vaut clairement pas 9a (Alex Megos, le premier ascensionniste, l’a d’ailleurs décotée après l’avoir refaite avec une genouillère). Elle les vaut complètement sans genouillère, mais aujourd’hui presque tout le monde en utilise ; il y a un endroit où je peux lâcher les deux mains, et pourtant même sans la genouillère le repos est bon. Or la difficulté de la voie vient de l’endurance requise, parce qu’aucun des mouvements n’est dur, ils sont tous de la même difficulté, et donc le repos au milieu aide énormément.

À mon sens, cela écorche un peu Ceüse parce que par le passé, si tu faisais une voie dure à Ceüse cela voulait dire que tu avais réalisé une voie référence dans cette cotation (par exemple “Dures Limites”, “Le cadre nouvelle version”). Pour moi, laisser ici une voie qui est facile pour sa cotation (et surtout le neuvième degré, si spécial) porte atteinte aux autres voies en 9a de la falaise (“Le cadre”, “Lülü”) parce qu’elles sont beaucoup plus difficiles et les gens doivent vraiment s’investir pour les cocher.”

Symon Welfringer Pornographie 9a
Pornographie 9a – Photo : Damien Largeron

Symon Welfringer, dernier répétiteur de la voie avant Malik, fier d’annoncer son premier 9a, se sent le premier concerné par ce crime de lèse-majesté et tient à tempérer :
“Certains jugent “Pornographie” plus dure que “le Cadre” et la voie me semble plus difficile que les 8c+ de la falaise. “Pornographie” est pour moi un 9a, je me base sur ce que j’ai pu voir dans les autres voies dans le neuvième degré que j’ai essayées, et surtout je prends en compte qu’au sein d’une seule et même cotation il y a forcément certaines voies plus dures que d’autres, suivant le style qu’on affectionne et le type d’effort que la voie propose. Ainsi, au sein de la case 9a, je pense que “Pornographie” a bien sa place, elle est pour moi légèrement plus facile que “Le Cadre” mais aussi plus dure que d’autres 9a que j’ai essayés. J’ai également discuté de cette difficulté avec beaucoup d’autres grimpeurs et ce chiffre me semble juste. Actuellement dès qu’on a le sentiment que c’est soft on pense décote alors qu’on pourrait juste accepter que les cotations sont des intervalles. Après, ce débat vaut pour toutes les voies de la planète, notamment certains 9a espagnols qui mériteraient une plus ample enquête (ndlr : ou d’autres faciles pour le niveau : “Sang Neuf”, “La Cabane au Canada”, “Era Vella”…).

Parfois aussi, les décotations sont proposées car de nouvelles séquences ou prises ont été utilisées, ou car le répétiteur juge l’effort moins ultime que les précédents ascensionnistes, répétant la voie très vite par rapport à d’autres itinéraires du même niveau, ce qui a poussé par exemple Stefano Ghisolfi à décoter “Bibliographie” l’été dernier, s’étant investi pour la faire à égale proportion que pour d’autres 9b+ comme “Change” ou “Perfecto Mundo”. On retiendra aussi les premières répétitions de “Akira”, qui ont remis en question le premier 9b mondial, Martinez, Bouin et Fourteau s’accordant sur le 9a. C’est le jeu quand on essaie seul une voie lors d’une première ascension : on n’est pas à l’abri de passer à côté de méthodes plus faciles. Et puis bien évidemment rentrent aussi en compte les conditions de réalisation, l’état de forme, le côté morpho de certains passages, le style proposé, autant de paramètres à appréhender afin de se poser la question du niveau objectif de ce qu’on a grimpé. Art difficile quand les cotations sont basées sur un consensus de ressentis subjectifs… et que l’on est grimpeur pro soumis à la pression de résultat par les sponsors, avec un intérêt à faire parler de soi régulièrement en matière de haute-difficulté, quitte à esquiver toute démarche intellectuelle logique sur le niveau réel des performances réalisées (même si, nous le reconnaissons sans mal, toutes les analyses du monde ne rendront pas totalement “objective” une proposition par nature individuelle).

Seb Bouin dans Akira dans la grotte de Vilhonneur
“Akira”, premier 9b mondial, décoté à 9a 25 ans après

C’est justement le cheval de bataille de Lucien Martinez, rédacteur en chef chez Grimper, grimpeur passionné et grand amateur de débats concernant la haute-difficulté et les cotations.
C’est tout à fait logique qu’il y ait plus souvent des décotes que des recotes parce qu’en général c’est lié à des méthodes plus faciles qui sont trouvées. Dans l’autre sens ça ne marche pas : si tu fais une méthode plus dure que la méthode d’ouverture, c’est tant pis pour toi, ça va pas changer la cote. En gros, le seul moyen pour qu’il y ait une recotation à la hausse c’est que le premier ascensionniste ait sous-estimé le niveau (ou alors une prise qui casse mais c’est plus vraiment la même voie). Alors que pour une décote il peut suffire d’une nouvelle méthode ou d’un repos genou. Donc c’est logique et normal qu’il y ait beaucoup plus de décotes. Mais attention, une nouvelle méthode n’est pas synonyme de décote du tout, parfois cela rend le truc un poil plus facile mais ça change pas le niveau. Il faut jauger à chaque fois.
Il me semble important de signaler que dès lors qu’on communique sur nos performances ou que nos performances intéressent les gens, je pense qu’il y a un devoir éthique de s’imposer une petite réflexion sur la cotation. Par honnêteté envers tous ceux qui s’y intéressent de près ou de loin. J’ai remarqué aussi que même si on essaie de réfléchir là-dessus, le cerveau humain est tellement fort pour l’auto-persuasion qu’à de très très rares exceptions près, quand il y a des doutes, on trouve toujours le moyen de prendre la cotation qui nous arrange. Moi je me suis déjà surpris en train d’échafauder un raisonnement en sachant déjà à quelle cotation cet argumentaire devait me mener… Les cotations, c’est très imparfait comme système, il y a des dérives, ça détourne la pureté de la pratique et ça a plein de défauts. Mais à mon avis tout ça n’est pas très grave. En fait ça fait partie de notre culture et même ça contribue à sa richesse. Je pense qu’il ne faut pas renier les cotations, au contraire, mais il faut rester lucide sur leurs imperfections, relativiser et avoir du recul sur leur importance pour ne pas se faire manger le cerveau.

Les cotations d’antan, plus solides ?
Néanmoins, l’ancienne garde estime également que les cotations d’antan étaient plus serrées que celles proposées par la jeune génération, qui tourne peut-être moins régulièrement sur caillou en raison de l’omniprésence de salles et a du coup nettement moins d’expérience en milieu naturel, et de références pour proposer une cotation légitime. C’est par exemple ce que soulevait Alex Huber dans ce laïus consacré à “Action Directe” :
“Jusqu’en 1995, “Action directe” était considéré comme étant du 8c+ (ndlr : 11 UIAA, soit 8c+/9a) . Depuis, la cotation est devenue confuse, et cela a principalement été dû à la proposition de cotation 9b [i.e. pour Akira]. Ben Moon a essayé de convaincre la communauté que la proposition de cotation 9b était néfaste du fait qu’il n’existait pas alors de 9a confirmé dans le monde. Mais la rigueur s’est perdue de façon durable. À partir de 1995, la cotation est devenue de plus en plus facile… Cela a commencé doucement avec le changement de cotation de “Action directe” de 8c+ à 9a. Aujourd’hui, “Action directe” est la plus célèbre des voies en 9a, ce qui en fait la référence pour ce niveau. Le plus amusant est qu’aujourd’hui, “Action directe”, qui était initialement 8c+, est l’une des voies en 9a les plus dures du monde ! Cela montre juste à quel point la surcotation s’est développée au cours des années – je pense que 90 % des voies modernes de haut niveau sont largement surcotées si on les compare à la référence qu’est “Action directe”. En ce qui concerne mes réalisations personnelles, la surcotation a eu quelques effets : la plupart de mes ouvertures de ces années-là ont été recotées à la hausse, notamment “Weisse Rose”, de 8c+ à 9a/9a+, et “Open Air” de 9a à 9a+. Grâce à cela, “Open Air” (et peut-être même “Weisse Rose”) est devenue la première voie confirmée en 9a+. “

En effet, les standards actuels d’une cotation sont souvent les voies historiques, souvent délaissées par les jeunes pour leur style old-school et souvent retors comme les voies de Huber, “Hubble” (maintenant davantage refait après l’apparition d’un genou à l’entrée du crux), “Open Air”, “Weisse Rose”, “OM”… Mais cependant difficile de confirmer ou d’infirmer, car les voies old school étaient généralement plus à doigts et techniques mais moins exigeantes physiquement et longues. Il est cependant possible que de premières propositions extrêmes comme celles d’Alex Huber soient plus difficiles pour le niveau, car à l’époque annoncer une lettre ou un plus au-dessus des musts de l’époque ne se faisait pas, à en juger les polémiques qui ont entouré les réalisations d'”Akira” ou de “Chilam Balam” par exemple.
Il reste cependant aussi les voies iconiques comme les King Lines de Chris Sharma par exemple, rarement soumises à la décotation pour la plupart (peut-être hormis “Era Vella” et “El Bon combat”), auxquelles des cadors comme Seb Bouin font souvent référence comme étalon d’un niveau : “Biographie”, “Jumbo Love”, “Es Pontas”, “FRFM”, “Stoking the fire”… Des difficultés à prendre en compte quand on essaie d’y comparer des voies du même style.

Alex Huber – Open Air – crédit : Heinz Zack

L’intérêt du slash ?
Si on considère les cotations comme des intervalles, sur l’exemple de Symon Welfringer, le slash pour définir une borne inférieure et supérieure peut avoir son intérêt afin de se prononcer sur une difficulté en utilisant une échelle plus précise. Mais tous les acteurs ne sont pas d’accord, certains s’accordant à dire que le slash a été uniquement introduit historiquement pour désigner les passages morpho, comme par exemple 6c/7a pour une voie avec un grand mouvement, ce qui voulait dire plus proche du 6c pour les grands et du 7a pour les petits.
Lucien Martinez : “On a l’illusion que le slash va nous sauver dans l’indécision d’une zone de flou entre deux cotations, mais en fait, le seul truc que la généralisation du slash va faire, c’est introduire deux fois plus de zones de flou parce qu’il y aura alors deux fois plus de plages de cotations.”

Conclusion
Les cotations font partie intégrante de notre activité, le nier ou ne pas y accorder d’importance quand on s’intéresse à la haute-difficulté serait mentir, donc le fait de proposer des décotations (ou parfois des recotations), bien qu’impopulaire, n’est pas forcément un acte mesquin et malveillant. L’escalade extrême propose de belles voies et de grandes expériences, de belles leçons de vie et c’est peut-être la chose la plus importante à retenir, au-delà des polémiques et batailles d’égo autour d’un niveau de difficulté donné. Sonnie Trotter l’avait bien résumé, en parlant des cotations anglaises :
“Personnellement, j’ai déjà assez de mal à comprendre les vagues différences entre 5.12d et 5.13a ou entre R et X, sans parler de ce que “l’estimation globale” peut être pour quelqu’un que je ne connais pas enchainant telle voie à vue. Je commence à me dire que notre esprit d’analyse exacerbé étouffe la belle simplicité de l’escalade.”
Nous devons nous rappeler que la collecte d’expériences est plus importante que la collecte de chiffres, car en fin de compte, presque tout ce qui concerne l’escalade est de toute façon subjectif : la taille, le poids, la taille du pied, la taille des doigts, la capacité mentale, le niveau de force, l’allonge, la détermination, la condition physique, l’âge, la combativité, la ténacité et si vous avez ou non un emploi à temps plein ou une famille. Toutes ces choses jouent un rôle énorme dans notre vie quotidienne en escalade et il est facile de devenir obsédé.

La réalisation d’une ligne unique est ce qui compte, pas la façon dont vous combinez les lettres et les chiffres à la fin de celle-ci et certainement pas lorsque vous essayez de comparer les uns aux autres. N’oublions pas de célébrer la nature unique de chaque ascension.”

Photo de couverture : Seb Bouin à Flatanger dans “Iron Curtain – crédit: Marco Müller

Seb Bouin dans “Change” part 1 9a+ – Photo: Marco Muller

Recently, the downgrading of two hard lines has been suggested, by Seb Bouin and Malik Schirawski, and it got us wondering about the spicy question: ‘why downgrade?’ when a route is adjudged to be easy for a given grade. Here is an attempt to highlight how careful a climber should be when doing so, especially when s/he spreads the news on social media and publicises their performance.

After sending his big project ‘DNA’ in the Verdon in the spring-which he proposed at 9c- Seb Bouin is back in Flatanger without proper objective, it seems. Nonetheless, the French climber made quick work of two Adam Ondra until-then unrepeated lines, inlcuding that of ‘Iron Curtain’, a short route opened in 2013 by the Czech, for which he proposed 9b. Funnily enough, the belayer on Ondra’s successful try was none other then Bouin himself, and the line stayed with him all these years. In 14 tries and 5 days of work, the Frenchman sent it and suggests a downgrade to 9a+ due to his use-contrary to Ondra-of a kneepad, which for him renders the route a fair bit easier.

As is always the case when he puts forward a downgrade, Seb is very clear about the reason behind it, and his latest announcement echoes a number of calls by some strong climbers, including Alex Megos, to be explicit about the technological advances used when a devaluation of routes or boulders is concerned. The possibility of milking a kneebar seems for instance to be behind the recent downgrade of ‘Pornographie’ in Ceüse, which has since gained in popularity even as the other 9a’s of the cliff are rather collecting dust. The German climber Malik Schirawski has just repeated it in 5 sessions, and contacted us to share a message that he feels is essential:

For me the route is definitely not 9a (also Alex Megos, the first ascensionist, downgraded it with the use of a pad), it for sure is 9a when you do it without a pad but these days most of the people have a pad and with one I could release both hands (also taped to my leg) but even without that the rest is still really good. And the whole difficulty of the route comes from its endurancey nature because none of the moves are hard but they are all roughly the same difficulty, and clearly a rest in the middle helps a lot.
For me it ruins Ceüse a bit because in the past if you did one of the harder routes in Ceüse it meant that you truly climbed the grade (for example: “Dures Limites”, “Le Cadre Nouvelle”). And now having a route which is really soft for the grade (and also the special 9th grade) damages the other 9a routes (like: “Le cadre”, “Lulu”) because they are way harder and people have to invest more time into them.

Symon Welfringer, the last repeater of the route before Malik, and proud to have ticked his first 9a, is one of the first to feel raw about this proposition, and brings in some nuance:

‘Some think that ”Pornographie” is harder than “Le Cadre” and the route itself feels harder to me than the 8c+s of the crag. “Pornographie” is a 9a for me, and for this I draw on the other 9th grade lines I’ve tried, but I also especially take into consideration that within the same grade some routes are harder than others, depending on the style we like and the effort needed. That is why I think that “Pornographie” holds its place among 9a lines, for me it’s a bit easier than “Le Cadre” but harder than some other 9as. I’ve also spoken about this with a lot of other climbers and the grade feels right. These days, as soon as we believe it’s a bit soft we think to downgrade, whereas we could as easily understand grades as spectrums. But in the end, this debate is valid for all the routes in the world, most notably certain Spanish 9as that would merit further questioning (note: as well as other easy 9as such as “Sang Neuf”, “La Cabane au Canada”, “Era Vella” and so on).

Symon Welfringer Pornographie 9a
Pornographie – Symon Welfringer – credit : Damien Largeron

Sometimes, dowgrades are proposed because the next repeaters found an easier beta or found the effort easier than proposed, climbing it quickly compared to other routes of the same difficulty. For example, last summer Stefano Ghisolfi proposed a downgrade of “Bibiographie”, thinking his time investment on it was equal to the ones he put into the working of “Change” and “Perfecto Mundo”. The first repeats of “Akira” and the controversy about the world’s first 9b also come to mind, with Martinez, Bouin and Fourteau claiming they climbed a 9a instead. It’s the game when you’re trying a first ascent alone, you may climb in a sub-optimal way. And of course the conditions for the send are important, as well as the shape of the climber, the possible size-dependency of the line compared to the ape of the climber, a lot of elements to consider when the question of giving an objective grade arises. A difficult art when grades are based on subjective feelings… And when you’re a pro climber living with a lot of pressure from the expectation of your sponsors, with an interest in creating a buzz around yourself with extreme ascents even if it means skipping a methodical reasoning around the real level of the routes climbed (even if, we recognise it without difficulty, all the analyses in the world won’t render an individual proposition completely objective).

It’s precisely one of the hobbies of Lucien Martinez, editor-in-chief at Grimper Magazine, passionate top climber and adept of debates concerning high difficulty and grading.

It’s quite logical that there are more downgrades than upgrades because in general it’s related to easier betas found. The other way around is not true: if you do a harder beta compared to the opening one, it’s on you, it won’t change the grade. The only way to get an upgrade is if the first climber underestimated the level (or a broken hold but it’s not really the same route anymore). Whereas for a downgrade, a new beta or kneebar rest may be enough. So it’s logical and normal that there are a lot more downgrades. But be careful, a new beta is not synonymous with a downgrade at all, sometimes it makes the thing a little easier but it doesn’t change the grade. You have to juggle with these every time.
It seems important to me to point out that when we communicate about our performance or when our performance is made public, we have an ethical duty to do some serious thinking about the grade. Out of honesty towards all those who are interested in it from near or afar. I’ve also noticed that even when we try to think about it, the human brain is so good at self-deceit that with very, very rare exceptions, when there are doubts we always find a way to ‘choose’ the grade that suits us. I have already caught myself constructing a line of thinking, already knowing which grade this argument should lead me to… Gradings are very imperfect as a system, they distort the purity of the climbing and have a lot of flaws. But in my opinion these drawbacks do not matter that much. In fact, it’s part of our culture and even contributes to its richness. I think we shouldn’t deny the grades, but we have to remain lucid about their imperfections, put things in perspective and keep their importance in mind so as not to lose our brains.”

Seb Bouin de l'autre côté du ciel 9a
Seb Bouin – De l’autre côté du ciel – credit: Julien Nadiras

The grades of yesterday, more solid?
Nevertheless, the old guard also believes that the old grades were tighter than those offered by the younger generation, who may be playing less regularly on rock due to the omnipresence of gyms, and therefore have significantly less experience in actual rock climbing, therefore less references to propose a legitimate grade. This is, for example, what Alex Huber meant in this text, devoted to “Action Directe”:

“And it was up to 1995 that “Action Directe“ was considered to be 8c+. Since then grading became confuse and predominantly it had been created by the proposal of the grade 9b. Ben Moon still was there and he tried to convince the community that the proposal of the grade 9b is destructive as there hasn´t been even a confirmed 9a in the world. But the discipline was lost with a lasting effect. Beginning with 1995, the grading became softer, and softer, and softer… It slowly began with the change of the grade of “Action Directe” from 8c+ to 9a. Today, “Action Directe” is the most famous of all the 9a-routes and therefore it is the reference for that grade. The funny thing is that today “Action Directe”, which had been 8c+ originally, is one of the hardest 9a-routes in the world!!! It just shows, how far the overgrading went over the years – I guess that 90% of the modern high-end-routes are heavily overgraded if you compare these routes with the benchmark-route “Action Directe”. Regarding my personal climbing track record, the softening of the grading had some effects: most of my first ascents of the years got upgraded and amongst all the others “Weiße Rose” from 8c+ to 9a/9a+ and “Open Air” from 9a to 9a+. Thanks to today´s softer grading, “Open Air” or maybe even “Weiße Rose” became the first confirmed route of the grade 9a+.”

Indeed, the current standards for a given grade are often historical routes, often skipped by young people due to their old-school and often awkward style, like the routes of Huber or “Hubble” (now more often repeated after the discovery of a kneebar at the entrance to the crux), “Open Air”, “Weisse Rose”, “OM”… However it is difficult to confirm or deny, because old school routes were generally more fingery and technical but less demanding physically and long. It is however possible that the first extreme proposals like those of Alex Huber are more difficult for the level, because at the time announcing a letter or a plus above the last was not done, judging from the controversies that surrounded the first ascents of “Akira” or “Chilam balam” for example.
However, there are also iconic routes such as Chris Sharma’s king lines for example, which are for the most part rarely subjected to downgrading (maybe except “Era Vella” and “El Bon combat”), and to which top climbers like Seb Bouin often refer to as gold standards for a given level: “Biographie”, “Jumbo Love” , “Es Pontas”, “FRFM”, “Stoking the fire”… Issues to take into account when trying to compare routes of the same style.

The interest of slash grades?
If we consider the grades as intervals like Symon Welfringer, the use of slash grades to define a lower and upper limit can be interesting to decide on a difficulty via a more precise scale. But some climbers disagree, thinking that the slash was only introduced historically to cover morphological passages, such as 6c/7a for a route with a reachy move, which meant closer to 6c for tall climbers and 7a for small ones.
Lucien Martinez: “We have the illusion that the slash will save us from the indecision of a gray area between two grades, but in fact, the only thing that the generalization of the slash will do is introduce twice as many gray areas because then there will be twice as many dimension ranges.”

Conclusion
Grades are an integral part of climbing, to deny it or not to keep importance to it when one is interested in high level would be to lie, therefore to offer downgrades (or sometimes upgrades), although unpopular, is not not necessarily a malicious act. Extreme climbing offers beautiful routes and great experiences, beautiful life lessons and this is perhaps the most important thing to remember, beyond the controversies and ego battles around a level of difficulty given. Sonnie Trotter resumed this, speaking about E-grades:
Personally, I have a hard enough time trying to decipher the vague differences between 5.12d and 5.13a or R and X, let alone what the “combined effort” might be for someone I don’t know to get up the thing, onsight. I’m starting to feel that our over-analytical minds are what’s strangling the beautiful simplicity of climbing.

We need to remember that collecting experience is more important than collecting numbers, because at the end of the day, nearly everything about climbing is subjective anyway; height, weight, foot size, finger size, brain capacity, strength ratio, ape index, determination, fitness, age, survival skills, tenacity and whether or not you have a full time job or a family. All of these things play an enormous roll in our day-to-day climbing life and it’s easy to get obsessed.

The achievement of a unique line is what counts, not the way you combine the letters and numbers at the end of it and certainly not when you try to compare one to the other. Let us remember to celebrate each climb’s unique nature.

Cover pic: Seb Bouin – Flatanger climbing “Iron Curtain – credit: Marco Müller

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Escalade outdoor, quelles priorités dans nos valeurs ? -Outdoor climbing, which priorities in our values?

26 mai 2021 à 09:16

(English below)

L’été dernier, l’Access Fund publiait un article exposant 4 signaux d’alerte, signes de dégradation de l‘environnement autour des secteurs de grimpe. Un sujet important est ici abordé, souvent éludé : l’impact du grimpeur et de la fréquentation sur son environnement et, de manière plus générale, comment s’inscrit ce dernier dans son espace d’évolution. Notez qu’au Yosemite depuis ce vendredi, il faudra des permis d’accès au site pour les ascensions de plusieurs jours afin de restreindre l’affluence grandissante suite à la notoriété des lieux et ainsi de tenter de limiter la prolifération des déchets. Au-delà de la cause environnementale, la curiosité de la communauté envers l’histoire des sites naturels et des itinéraires, les acteurs et topos locaux ou autres éléments culturels représentent le ciment inhérent à la pratique de l’escalade en milieu naturel : on pourrait l’appeler « la culture falaise ».

Rabâchées depuis des années à travers différents organismes et actions, la préservation de l’environnement et la prise en compte du contexte lié à la pratique en milieu naturel ne devraient pas être une priorité de tout grimpeur porté sur l’outdoor, quelque chose inscrit dans son éducation, ses valeurs, son ADN ?
Nous constatons que les années passant, ce sujet primordial devient de plus en plus insignifiant alors qu’il devrait être une préoccupation majeure et centrale, un pré-requis à nos actions et à notre pratique. Sans nous exclure du lot, nous partageons un constat porteur d’inquiétudes.

L’escalade outdoor devenu produit de consommation, mais une consommation axée exclusivement sur du plaisir personnel.
Une publication et une image d’escalade en milieu naturel nous amènent à rêver. Les marques l’ont particulièrement bien intégré et l’utilisent abondamment dans leur communication, y compris dans des publicités de mass media. Dans le milieu de l’escalade, les pratiquants les plus doués sont endorsés et les exploits des grimpeurs pros soutenus. Le grand public dont nous faisons partie vit au rythme des réalisations de ses idoles du rocher. À notre tour de nous rendre en milieu naturel le week-end et de pratiquer, cherchant à imiter les démarches de nos champions, à rentabiliser une journée par une croix, une sortie, une course… à profiter un max à travers l’escalade, bref à consommer de la pratique souvent dans une vision très individualiste et égocentrée où seuls nos plaisirs singuliers et la satisfaction afférente priment. Il est désormais assez courant de croiser des cordées qui ne saluent pas les autres grimpeurs présents en arrivant à la falaise, qui n’ont pour connaissance des lieux que les passages qu’ils cherchent à gravir, voire qui grimpent uniquement sur les dégaines en place laissées dans les voies dures surplombantes. Quant aux problématiques inhérentes à l’espace de pratique comme l’état de l’équipement, la question de son subventionnement, la saleté ou le caractère bruyant du pied de voies, l’existence d’acteurs locaux qui ont œuvré pour notre bien-être, l’histoire et la construction de la renommée du site… On n’en a que faire! Est-ce un problème d’éducation ? Pas forcément… C’est aussi une question de mentalité : il s’agit de consommer coûte que coûte et de prendre du plaisir en pleine nature dans une logique hédoniste et assez individualiste. À chaque bonne fenêtre météo, nous sortons en horde sur les secteurs à la mode souvent mis sous le feu des projecteurs par des réalisations extrêmes et nous consommons du caillou sans nous poser de questions, comme certains poussent leur caddie dans les galeries des centres commerciaux le samedi après-midi. L’esprit de cordée et la fraternité au pied des sites tend à se perdre au profit d’une massification et d’une logique de consommation très insouciante autour de sa pratique. La notion de partage des années 80 s’est progressivement estompée. Alors soit, il est plus facile de voyager loin et nous sommes bien plus nombreux à grimper qu’avant, et aussi surement plus nombreux à vivre en zone urbaine où les codes du vivre ensemble en pleine nature sont moins intégrés, mais le côté grégaire de notre activité autour de valeurs communes et du respect de notre espace de pratique tend à s’effriter, même si le tableau n’est jamais si noir qu’on le pense.

Seynes au crépuscule

Une consommation escalade outdoor toujours tournée vers la culture du moins cher.
Pourquoi dormir à l’arrache et faire risquer une interdiction quand nous avons les moyens de prendre un hébergement ou d’aller au camping à côté de nos spots préférés ? Pourquoi gratter des infos parcellaires sur la falaise squattée sans en acheter le topo ? Pourquoi rarement donner un coup de pouce financier ou bénévole à des organismes qui s’impliquent dans la gestion de nos sites naturels préférés, nous permettant ainsi de pérenniser notre pratique dans le futur ? Pourquoi ne pas passer une journée de repos à ramasser des déchets et entretenir nos sites de pratique qu’on fréquente assidument tous les week-ends? La consommation escalade est résolument spéciale. D’un côté la plupart d’entre nous sommes capables de débourser des centaines d’euros pour des vêtements de grimpe dernier cri, le nec plus ultra du matos, des aliments bio, un abonnement en salle privée, le burger et la bière qui va avec, des outils d’entrainement parmi les plus pointus… D’un autre côté nous ne faisons pas réellement tourner l’économie locale lors de notre présence dans les milieux naturels, et de manière générale nous donnons très peu de nos pouvoir d’achat, temps libre et énergie pour protéger notre environnement et les endroits où nous aimons régulièrement nous rendre. Un paradoxe et un pied de nez aux acteurs locaux qui évoluent dans l’anonymat le plus complet, que ce soit collectivités ou grimpeurs locaux. Souvent livrés à eux-mêmes, ces acteurs se battent au quotidien pour faire perdurer notre activité, parfois menacée par les comportements irresponsables et égoïstes d’une frange de notre communauté. Difficile d’être fédéré et pris au sérieux ensuite : le grimpeur est souvent perçu comme un nuisible ou un fantôme, et non comme un touriste qui peut apporter une plus-value au niveau local. Partant de ce postulat, nous avons du mal à voir un avenir radieux pour le tourisme vertical.

dégaine Seynes

La culture de la performance et l’exploit personnel souvent au cœur des préoccupations. Est-ce une des limites de l’escalade sportive ?
L’escalade est un sport individuel avec une prestation destinée à être vue. Chaque pratiquant évolue avec un but bien précis, une voie ou un bloc à tenter, un projet à continuer ou à finir, un relais à clipper, un passage à franchir… Il est prêt à tout pour réussir dans son entreprise et tenter de repousser ses limites, viser plus haut. Il se fixe des objectifs personnels à atteindre. Outre quelques artifices déjà abordés dans le passé, nous voyons que la culture de la performance est désormais souvent primordiale dans notre milieu et que cela est en train de s’accentuer à travers l’apparition des réseaux sociaux et de la médiatisation immédiate et facile qui leur est propre. En tant que média qui relaye les performances en milieu naturel, il est indéniable que nous avons notre part de responsabilité dans cette tendance.
La pratique indoor, à travers l’explosion du bloc en salle et de la compétition, accentue aussi cette culture du champion et de l’exploit personnel à tout prix. Les trépieds et smartphones remplacent les pareurs derrière les crashpads, le ventilateur et la grimpe nocturne se substituent aux conditions à l’heure du réchauffement climatique, des live Instagram commentés sont établis pour réaliser des performances, chaque mouvement est photographié, filmé, diffusé : la recherche de reconnaissance suite à nos réalisations atteint son paroxysme… L’ère de la performance est de plus en plus marquée, estompant souvent complètement le contexte autour : la culture et l’histoire de notre activité, les informations sur le passage, les différentes méthodes ou variantes, les infos concernant la falaise fréquentée et toute l’éducation et les précautions à prendre autour des aspects environnementaux. Idem dans la pratique loisir où le pratiquant, sans forcément chercher la performance, recherche son bonheur personnel à travers un maximum de pratique dehors et de sorties, où avec insouciance il ne se pose pas réellement de questions autour de sa pratique et de comment apporter sa pierre à l’édifice. Et quid de notre bilan carbone ? Nous semblons avoir le doigt pris dans un engrenage, et même si certaines marques, associations ou grimpeurs célèbres s’investissent ça et là dans des projets environnementaux ou culturels particulièrement pertinents et novateurs autour de la préservation et de la promotion des espaces naturels, ces aspects nous semblent marginalisés de nos préoccupations actuelles.

Des valeurs à réaffirmer ?
Les traits de magnésie fleurissent, les bouts de Strappal et les bouteilles s’accumulent, les chemins se creusent, les prises se patinent, la végétation s’estompe, les pieds de secteurs deviennent régulièrement bruyants et bondés, les ancrages vieillissent et sont parfois dangereux, tout cela dans la quasi-indifférence de notre communauté. Les équipeurs sont souvent critiqués pour un point mal placé mais jamais remerciés et reconnus pour leurs chefs d’œuvre, les topos locaux—source de financement local—ne font plus recette et sont épuisés ou désuets, les acteurs locaux sont rarement mis en avant, les histoires des sites et les enjeux autour des terrains de jeux sont méconnus ou ignorés, l’éthique autour des performances et les manières de réaliser un passage passent à la trappe au profit de la réussite à tout prix et de la médiatisation de la croix, quitte à gravir une séquence qui n’a rien à voir avec l’esprit et la difficulté originels. Un sentiment d’impuissance se dégage. A ce rythme là, quel avenir et patrimoine allons-nous léguer aux prochaines générations ?
Notre sport, qui à l’origine était très largement communautaire, où chacun était respectueux du terrain, curieux de comment évoluait l’autre, tend de plus en plus à se massifier et s’individualiser. L’esprit de cordée se traduit parfois juste par trouver un assureur pour aller pratiquer là où on en a envie, un partage d’intérêt communs. On peut certes replacer cette évolution dans le contexte plus général d’individualisme contemporain ou de conception de l’individu comme auto-entrepreneur de lui-même, dont l’unique but serait la maximisation de ses performances et non sa participation à la construction d’une histoire collective. Cet aspect communautaire de l’escalade outdoor qui tend doucement à disparaître est pourtant sans doute l’unique force qui pourrait nous permettre d’aborder sérieusement les problématiques environnementales mais aussi juridiques, avec le déconventionnement des falaises en France et le flou juridique actuel en cas d’accident, mais aussi de continuer à construire l’histoire de notre activité à travers des valeurs communes.
Nous devons également tous repenser à l’importance de notre impact environnemental à travers notre pratique et placer ce facteur au centre de nos préoccupations, en parallèle de notre plaisir personnel. Une implication de tous dans ce domaine est nécessaire, d’autant plus avec la massification des pratiquants et l’arrivée prochaine des Jeux Olympiques. On pourrait envisager des actions de sensibilisation aux bonnes pratiques, une journée nationale de nettoyage des sites naturels comme le Yosemite Facelift, des actions de rééquipement et d’entretien des sites, des actions de promotion d’une éthique et d’une culture commune autour de festival des grimpe. On vous invite d’ailleurs à y réagir et à nous insuffler des idées d’initiative si vous en voyez ! L’importance de la préservation et de la gestion des sites naturels nous semble impérative en cette période de popularisation de l’activité, et si le tableau dressé dans cet article peut paraître relativement sombre et pessimiste ou sans réelle alternative et force de proposition nous espérons qu’il incitera a minima à la réflexion et à la prise de conscience.

Photo de couverture : Hadrien Perrot

Last summer, Access Fund published an article outlining 4 warning signs of environmental degradation of and around climbing areas. An important subject is at stake here, often overlooked: the impact of the climber on and attendance to his environment. Note that since Friday this week, access permits to the Yosemite national park will be needed for climbs lasting several days, in order to limit the growing affluence following the area’s fame, and thus limit – among other things – the proliferation of waste. Beyond the environmental cause, the community’s curiosity for the history of crags and routes, local actors and guidebooks as well as other cultural elements are quintessential aspects of outdoor climbing: we may even call it “the rock climbing culture”.

Rehashed for years by different organizations and actions, the preservation of the environment and the taking into account of the context linked to the practice of climbing in natural environments, should these not be a priority of any climber focused on the outdoor, something about their values, even DNA?
It is easy to see that as the years go by, this crucial subject loses its significance in the eyes of many when it should be a major concern, a prerequisite to our actions and practices. Without excluding ourselves from the lot, we hereby share a few observations and worries.

EL cap
Photo: Marie Pebble

Outdoor climbing has become a consumer product, an activity focused exclusively on personal pleasure.
An image of climbing in a natural setting makes us all dream. Brands have realised it and use those extensively in their communication, including in mass media advertisements. In the climbing world, the most talented athletes are endorsed and the exploits of professional climbers supported. The general public, to which we belong, lives to the rhythm of the achievements of its rock idols. When it’s our turn to go into the natural environment at weekends, we try to imitate our champions, to make the most of the day with a tick or two… In short, to practice often in a very individualistic and egocentric way, where only our own pleasures and the related satisfaction prevail. It is now quite common to find that some climbers do not greet others when arriving at a cliff, who only have informations about the lines they want to climb, or who even climb only on the quickdraws left in place in the overhanging hard lines, forgetting about anything else.

As for the problems inherent to our practice such as the state of bolts, the question of maintenance funding, the dirt or the music at the foot of the crags, the local actors who have worked their socks off for our delight, the history of the cliff and so on: we don’t care! Is it an educational problem? Not necessarily… It’s also a question of mentality: a question of consuming for consuming’s sake and taking pleasure in nature through an hedonistic and quite individualistic prism. At every good weather window we go in troves to fashionable sectors often put in the spotlight by extreme achievements, and we consume the rock without asking anything, as others push their trollies in serpentine shopping centers on Saturday afternoons. The spirit of the rope team and the fraternity at the crags tend to be lost in favor of massification and a logic of very carefree consumption. The notion of sharing prevalent not so long ago has gradually faded from the climbing community. Sure, it is easier to travel far and wide, and there are many more climbers than before. Besides, climbers are more likely to live in urban areas where the codes of living together in nature are less present and less known, therefore the gregarious aspect of our activity around common values ​​and respect for our crags tends to crumble, even if the picture may not be as dark as ones thinks.

Antoine Le Menestrel - Buoux
Photo: Benoit Regord – AIR libre

Outdoor climbing consumption often angled towards the culture of the “less expensive”.
Why sleep everywhere and risk a ban when we can afford to find accommodation or go camping next to our favorite spots? Why try to find free information about the crags without buying the topo? Why rarely give a financial boost or helping hand to organisations that are involved in the management of our favorite places, and who allow us to perpetuate climbing for the future? Why not spend a day-off picking litter up and cleaning the climbing areas where we go every weekend? Climbing consumption is something particular. On the one hand most of us are able to shell out hundreds of dollars for the latest climbing clothes, the ultimate gear, organic food, a private gym subscription, the burger and beer that go with a session, even some of the most advanced training tools… While on the other, we easily forget to ‘invest’ in the local economy around our chosen crags, and in general give very little of our purchasing power, free time and energy to protect our environment and the places we regularly like to go to. A paradox and a snub to local actors who operate in complete anonymity, whether communities or local climbers. Often left to their own devices, these actors fight every day to help our activity continue on, sometimes threatened by the irresponsible and selfish behavior of a part of our community. Difficult, then, to be federated and taken seriously: the climber is often perceived as a pest or a ghost, not as a tourist who can bring real added value at the local level. Based on this premise, we find it difficult to see a bright future for climbing tourism.

Dave Graham 9b Ali baba cave Rodellar

The culture of performance and personal achievement often at the heart of concerns. Is this the one limit of sport climbing?
Climbing is oftentimes conceived of as an individual sport with performance meant to be seen. Each climber has a specific goal, route or boulder in mind, a project to keep working on or finish, an anchor to clip… They are ready to do anything to succeed in their endeavour and try to push their limits, aim higher. They set personal goals. In addition to some of the tricks already discussed in the past, we notice that the culture of performance is now often essential in our community and that this is becoming more pronounced with the appearance of social networks and the immediate and easy media coverage now available to them. As a website that mostly covers performance in natural areas, it is undeniable that we have our part of responsibility in this trend.
Indoor climbing, through the explosion of indoor gyms and competitions, also promotes this ‘champion’ culture and personal achievement whatever the cost. Tripods and smartphones replace the spotters behind the crashpads, the fan and night climbs compensating for weather systems at a time of global warming, Instagram lives are set up to broadcast the performances of a growing number… Each movement is photographed, filmed, shared: the search for recognition is forever reaching its highpoint… The era of performance is more and more marked, often completely skipping the surrounding context: the culture and history of our activity, information about the climb, the different existing betas or variants, infos about the cliff and all the education about and precautions to be taken surrounding the environment. It’s actually the same way when the climber doesn’t care about his/her performance, when s/he seeks personal happiness through a maximum of outdoor practice and days out. And what about our carbon footprint? We seem to be moving forward heedlessly, and even if certain brands, associations or famous climbers are investing here and there in particularly relevant and innovative environmental or cultural projects around the preservation of natural areas, these aspects seem far away from our concerns.

Saussois Vintage

Values ​​to be reaffirmed?
The tickmarks are legion, pieces of strap, paper and bottles accumulate, the paths widen, the holds are more and more damaged, vegetation disappear, the foot of sectors regularly become noisy and crowded, bolts get old and sometimes prove dangerous, and our community seems not to care. The bolters are often criticised for a misplaced a bolt, but never thanked and recognized for their test pieces; local topos — a source of local funding — no longer make money and become obsolete; local actors are rarely put forward; the history of the crags and the issues surrounding our playgrounds are little known or ignored; the ethics around performance and the ways of achieving a line get lost in the background compared to ethos of ‘success at all costs’ and the media coverage of the send, even if it means climbing a sequence which has nothing to do with the original spirit and/or difficulty. A feeling of helplessness takes hold. At this rate, what kind of future will we leave to the next generations?
Our sport, which originally was very largely community-based, where everyone was respectful of the terrain, curious about how others were doing, tends to become more individualistic. The spirit of the ‘team climb’ sometimes just translates into finding a belayer, any belayer, in order to climb where you want. We can certainly place this evolution in the general context of contemporary individualism and the conception of the individual as a self-made individual, whose own goal consists in the optimisation of his performances and not his participation in the construction of a collective story. This community aspect of outdoor climbing, which is slowly disappearing, is however the only force that could allow us to seriously tackle environmental but also legal issues, with the debacle of the ‘crag question’ in France for example, but also to continue to build the history of our activity through common values.
We must also all think again about the importance of our environmental impact through our practice, and put this aspect at the forefront of our concerns, at least on a par with our personal enjoyment. The involvement of all in this area is necessary, all the more so with the massification of climbing and the imminent arrival of the Olympic Games. We could consider actions to raise awareness of good practices, a national day for cleaning up climbing areas like Yosemite Facelift, actions to re-bolt and maintain crags, to promote ethics and a common culture with climbing festival, so on and so forth. We invite you to let us know about your ideas, and to inspire us with your own initiatives! The importance of the preservation and management of natural areas seem imperative in this time of intense popularisation of the activity, and if the picture depicted in this article may seem relatively gloomy and pessimistic, or without real alternative and force of proposal, we hope that it will at least encourage you to reflect on your practice and impact, and raise your awareness.

Cover pic: Hardien Perrot

El cap by night
Photo: Marie Peeble

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