Lors de la Coupe d’Europe jeunes qui se tenait à Imst ce week-end, Meije Lerondel (U16) a remporté la première victoire de sa carrière, tandis que Victor Guillermin (U18) a décroché le bronze.
Décidément en ce moment, les week-ends sont chargés en compétition ! Entre étapes de Coupe du Monde, étapes de Coupe d’Europe et bientôt, Championnat de France (qui arrive ce week-end), les grimpeurs sont sollicités à travers le monde.
Ce week-end, en parallèle de la deuxième Coupe du Monde de Salt Lake City, se tenait la toute première étape de Coupe d’Europe jeunes de difficulté. Et quoi de mieux pour débuter la saison que le gigantesque mur d’Imst, en Autriche ? C’est là-bas que s’étaient donné rendez-vous des centaines de jeunes grimpeurs européens.
U16 : Meije Lerondel, pour la première fois au sommet du podium !
Après quatre podiums la saison dernière, tout laissait à penser que Meije Lerondel allait s’offrir une première victoire cette saison. Et la jeune grimpeuse de 15 ans l’a fait dès la première étape de difficulté de l’année. Troisième des qualifications, Meije bat les deux concurrentes devant elle en réalisant deux mouvements supplémentaires en finale. Elle remporte donc cette Coupe d’Europe, la première de sa carrière.
Louise Puech Yazid, deuxième grimpeuse Française engagée chez les U16, décrochait elle aussi sa place en finale. La jeune grimpeuse de 14 ans, qui dispute sa première saison internationale, avait brillamment remporté la Coupe d’Europe de bloc de Chambéry. Cette fois, elle prend la 8ème place de cette compétition de difficulté.
Chez les hommes, deux tricolores s’étaient également glissés en finale. Pendant que sa grande soeur, Oriane, disputait la Coupe du Monde de Salt Lake City, Max Bertone, lui, décrochait la 5ème place de cette Coupe d’Europe, chutant à seulement un mouvement du podium. Pierre Marzullo tombe au même endroit que Max, et sera départagé suite aux résultats des qualifications, prenant la 7ème place.
U18 : Victor Guillermin médaillé de bronze
Victor Guillermin est monté sur le deuxième de podium de sa carrière. Après avoir déjà décroché une médaille d’argent lors de sa dernière compétition internationale en date, la Coupe d’Europe de diff d’Augsburg en 2020, le jeune Français de 17 ans est monté sur la troisième marche du podium ce week-end à Imst. Il chute au sommet de la voie de finale, à une prise de la médaille d’argent et à cinq prises de la victoire.
Maho Normand, qui disputait sa première compétition sous les couleurs de l’équipe de France, prenait la 5ème place des qualifications et conservera sa position en finale.
Chez les femmes, Kaïna Viviand était la seule Française en finale. Toute la difficulté du tracé final se jouait au sommet, puisque les dix finalistes tombent toutes entre les prises 52 à 60. Notre jeune grimpeuse de 16 ans valorisera la prise 54 avant de chuter, décrochant la 8ème place de la compétition.
U20 : quatre Français dans le top 10
Chez les hommes, trois Français décrochaient leur ticket pour les finales : Jordi Poles, 4ème des qualifications, Tanguy Merard, 5ème des qualifications et Yannis Gautier, 10ème des qualifications. Malheureusement, ils manquent de réussite dans la voie de finale, se classant respectivement 8ème, 9ème et 10ème.
Chez les femmes, Kintana Iltis était la seule tricolore en finale. La grimpeuse de 19 ans, originaire de La Réunion, termine 6ème de cette Coupe d’Europe de difficulté.
Le week-end dernier, la Marseillaise n’a pas seulement retenti à Salt Lake City. Mejdi Schalck n’est en effet pas le seul grimpeur à avoir porté les couleurs de la France au sommet d’un podium international. Car en parallèle de la Coupe du Monde de Salt Lake City, se déroulait la dernière étape de la Coupe d’Europe de bloc, où deux Français se sont imposés.
Sam Avezou renoue avec l’or !
Privé de Coupe du Monde américaine suite aux critères de sélection trop stricts de la FFME, Sam Avezou décidait de s’aligner au départ de la Coupe d’Europe de Klagenfurt, en Autriche. Bien lui en a pris car il remporte la compétition d’une main de maître.
Dès le début de la compétition, nous sentions notre Français dans le coup : il était le seul à enchaîner les quatre blocs de qualification, décrochant la première place du classement. En demi-finale, il prenait la deuxième place, juste derrière Mathieu Ternant.
Bien décidé à récupérer sa première place, Sam Avezou part le couteau entre les dents en finale. Alors que le bloc 1 n’avait été enchaîné que par un seul grimpeur avant lui, voilà qu’il l’enchaîne dès son premier essai. Puis, il fait pareil dans le deuxième tracé, le réalisant à vue. Il ne lâche qu’un essai dans le bloc 3, avant de terminer en beauté en se hissant au sommet du dernier bloc à vue. Avec 4 blocs en seulement 5 essais, il remporte donc la compétition, devant le local de l’étape Jan-Luca Posch et l’Israélien Geva Levin. Une médaille d’or qui fait du bien à notre français, qui n’était plus monté sur la première marche d’un podium international depuis la Coupe d’Europe jeunes de Saint Pierre en Faucigny, en juin 2019.
Avec un circuit de finale quasi parfait, Sam Avezou s’offre l’or sur cette compétition
Mathieu Ternant, deuxième Français qualifié pour les finales termine au pied du podium, ne parvenant pas à enchaîner les deux premiers blocs des finales. Enfin, Léo Avezou, troisième tricolore engagé dans cette Coupe d’Europe, manquait de peu la demi-finale, prenant la 21ème place.
Les résultats de la finale homme
Agathe Calliet, inarrêtable cette saison !
Agathe Calliet aura été en progression tout au long de cette saison européenne. 4ème de la première étape à Prague, elle montait sur son premier podium international à Brixen, décrochant la troisième place, avant de terminer la saison en beauté par… Une médaille d’or à Klagenfurt !
Après sa médaille de bronze à Brixen, Agathe Calliet nous avait confié : « Je suis super contente de confirmer après l’étape de Prague. Ça n’était donc pas un « coup de chance » ! ». Eh bien non Agathe, ce n’était décidément pas un coup de chance ! Car ce week-end en Autriche, la jeune Française de 18 ans a confirmé de nouveau qu’elle faisait bel et bien partie des meilleures grimpeuses européennes.
Se glissant pour la troisième fois consécutive en finale, elle a littéralement dominé cet ultime circuit. Elle enchaînera le premier bloc à vue, puis fera déjà la différence dans le deuxième bloc, qu’elle sera la seule avec la Belge Chloé Caulier à topper. Elle prenait donc une sacrée longueur d’avance sur le reste des finalistes. Notre française s’offrait un troisième top dans le bloc 3. Mais c’est dans le tout dernier passage, le plus physique, qu’Agathe allait asseoir sa domination. Elle sera la seule finaliste à atteindre la prise finale, réussissant ainsi à valider tous les blocs du circuit. Un score qui la propulsait au sommet de la plus haute marche du podium, pour la première fois de sa carrière.
Après avoir décroché la première place des demi-finales, Zélia Avezou termine 5ème de la compétition. Elle devance Mailys Piazzalunga 16ème et Selma Elhadj Mimoune 34ème.
Un victoire « inattendue » pour Agathe Calliet, qui aura été en progression constante au fil de la saison
Agathe Calliet revient pour nous sur sa compétition
J’ai abordé cette compétition de manière assez détendue puisque j’avais déjà « fait le job » sur les deux autres. Pour moi, faire un podium était déjà un bel aboutissement et j’ai été déjà très surprise de monter sur la boîte à Brixen. Néanmoins, je savais que la victoire était possible car en bloc cela dépend vraiment des ouvertures, du scénario, et tout est plus aléatoire qu’en diff. Je savais que si j’arrivais à grimper sans pression, que je trouvais mon flow, je pouvais faire encore une bonne compète.
Pendant les qualifications, j’étais un peu stressée, mais pour une fois, cela s’est plutôt bien passé, je termine 3ème des qualifs en enchaînant tous les blocs avec Zelia et Chloé. Habituellement, j’étais plutôt dans les choux et je rentrais en qualif dans les dernières, ici ça s’est passé différemment.
Le matin de la demi-finale, à l’échauffement, je n’étais pas dans mon assiette, je me suis fait une contracture à l’épaule, je stressais, je réfléchissais un peu trop, je pensais aux résultats.. Malgré des demi-finales un peu chaotiques où je tombe en haut des blocs, un bloc me suffit pour passer et prendre la 6ème place. Après les demis, je me suis sentie heureuse d’avoir passé ce tour et je me suis dit que j’allais me faire plaisir en finale et que ça n’était plus que du bonus. Que j’avais déjà fait trois finales et que c’était une belle perf à mon échelle.
À l’échauffement, je me suis sentie bien mieux qu’en demi, j’étais vraiment heureuse de grimper et d’être là. En finale, la magie a opéré… Parfois il y a des tours qui se passent très bien, où l’on a plus de réussite que d’habitude, et c’était le cas ici. J’avais un super état d’esprit et j’étais juste là pour grimper, pour forcer et faire les blocs, et c’est ce qu’il s’est passé. Même si les blocs n’étaient pas vraiment dans mon style, que c’était assez tordu et complexe, j’ai réussi à m’en sortir et composer avec. Le bloc qui me permet de faire la différence est le dernier.
C’était un bloc physique avec un espèce de triple jeté en no-foot, je savais que c’était mon style et je l’ai fait en 2 essais. J’ai vraiment grimpé pour faire le bloc parce qu’il était classe, et sans penser au classement. Quand je suis sortie de l’isolement, j’avais juste à toucher du bois et attendre. Je pensais que j’allais faire un podium, mais gagner me paraissais difficile puisqu’il y avait Zelia et Chloé. Finalement, le bloc 4 s’avère être dur et personne d’autre ne l’enchaîne. J’ai été vraiment surprise par cette victoire assez inattendue. Je suis très heureuse d’avoir su m’exprimer encore une fois sur cette compétition. Les entraînements payent et ça fait du bien quand on arrive à donner le meilleur de soi sur une compétition. Même si l’ambiance était moins au rendez-vous qu’à Prague et Brixen au niveau du public, c’était aussi excitant et le fait d’être entre grimpeurs était cool. Maintenant je vais retourner à l’entraînement pour les prochaines échéances qui arrivent bientôt. »
“Arenauta” 9b, c’est fait pour Ghisolfi ! Le site de Sperlonga, sur la côte entre Rome et Naples, abrite une grotte connue pour ses lignes corsées que Stefano a déjà visitée plusieurs fois, la dernière il y a de ça huit ans pour “Grandi Gesti” 8c+.
En ce début 2022, il est retourné dans la grotte pour travailler un vieux projet quasiment horizontal sur 20m, équipé par Giuliano Tarquini en 2002, que Laura Rogora aurait essayé en vain. Lors de sa première visite, Ghisolfi s’est rendu compte que ses mollets n’encaissaient pas la charge pour bloquer les genoux et délayer. Un problème qui rappelle Ondra dans “Silence”, tiens.
C’est lors de la deuxième fournée, les mollets dûment raffermis, que l’Italien est venu à bout de la voie, qu’il surnomme “Arenauta” et propose à 9b. On notera quand même que dans son échelle de cotations perso, Stefano en fait un “Tribolo ma passo” (je galère mais je passe?).
Si la cotation est confirmée, “Arenauta” deviendrait la voie la plus dure des sud et centre de la Botte.
Pour une idée de la voie, voici la vidéo d’un essai vieille de quelques jours en plus de la vidéo qu’on vous avait déjà relayé il y a une semaine. Après “Erebor” et “Lonely Planet” (sans oublier “One Slap”, “Queen line” ou “Lapsus”), Stefano continue de proposer des premières ascensions extrêmes en Italie, et de dessiner les contours du haut-niveau dans son pays.
“Arenauta” 9b, first ascent by Ghisolfi! The Sperlonga crag, on the coast between Rome and Naples, houses a famous cave known for its hard lines that Stefano has visited a few times, the last 8 years ago for ‘Grandi Gesti’ 8c+.
In early 2022, the Italian returned to the cave to check out an old project consisting of a virtually horizontal 20m-long roof, bolted by Giuliano Tarquini in 2002, that Laura Rogora has apparently tried, in vain. During his first visit, Ghisolfi realised his calves weren’t able to sustain the effort necessary to kneebar and shake out. An issue reminiscent of Ondra in ‘Silence’.
It is on his return, his calves duly prepared, that the Arco man freed the project, to which he gave the name ‘Arenauta’ and proposed as 9b. Let it be known that in his personal grading scale, Stefano gave it ‘Tribolo ma passo’ (I struggle but I send?).
If the grade is confirmed, ‘Arenauta’ would be the hardest line in central and southern Italy.
For an idea of the route, watch above a video of an attempt that is only a few days old, in addition to the one we shared last week. After ‘Erebor’ and ‘Lonely Planet’ (not to mention ‘One Slap’, ‘Queen line’ or ‘Lapsus’), Ghisolfi continues to churn out extreme first ascents in Italy, and to shape the top level in his home country.
Dans la video ci-dessous, Adam Ondra réalise la première ascension d’un superbe 9a de 30 mètres à Beckov en Slovaquie, qui finit dans le premier 8b+ tchécoslovaque, “Absolutni vedomi”. Cette falaise était très à la mode à la fin des années 80/début des années 90. Vous pouvez admirer ce gigantesque morceau de caillou avec ce château en ruines au sommet. En 1994, Tomas Pilka alias Svist (marmotte) équipa ce grand dévers qui démarre depuis une vire à 20 mètres du sol. En Juin 2020, Adam Ondra est allé voir les mouvements de ce projet. Il a été émerveillé par la beauté mais n’a pu enchainer la voie. Il est retourné ici récemment, 17 mois plus tard. Pendant ce temps là Miso Makusiniec a investi du temps dans le projet. Grâce à lui, la voie était propre, avec de la magnésie, et prête à être grimpée. La voie se nomme “Absolutorium”, et est un des plus beaux 9a de l’ancienne Tchécoslovaquie (qui a été divisée en République tchèque et Slovaquie en 1993). Incroyable vision d’avoir équipé ce challenge il y a 27 ans !
Beckov (Slovakia) was a fashionable crag in the late 80’s and early 90’s. You can see this gigantic 50-meter high piece of rock with a well-preserved castle on top. In 1994, Tomas Pilka, nicknamed Svisť (means marmot), bolted the whole line of this overhanging feature, starting from the obvious ledge 20 meters above the ground. He gave it a provisional name, ‘Dlouhá trasa’ (Long way). Last year in June, Adam Ondra checked out the moves in the project. He was blown away by its beauty but could not send it. He returned recently after 17 months. In the meantime, Miso Makusiniec was putting some serious effort into the project. Thanks to Miso, the project was cleaned, chalked and ready. The route is now called “Absolutorium” 9a (first ascent), and it is definitely one of the nicest 9a’s in the former Czechoslovakia (Czechia and Slovakia have been separated since 1993). Incredible to envision bolting this thing 27 years ago.
Adam Ondra a réalisé une belle croix à la maison juste avant Noël la première ascension de “Taurus”, 9b, un projet très bloc qu’il avait sur la falaise de Byci Skala proche de Brno en République Tchèque. Les difficultés principales sont contenues dans les 9 premiers mouvements de la voie qu’Adam estime autour du 8C+ bloc (!) avant un 8b final qu’il l’aura fait tomber une fois deux jours auparavant à cause de l’onglée. Adam estime que ce pas de bloc de départ est le problème de bloc où il a passé le plus de temps en escalade… La falaise fermant temporairement pour nidification le 1er janvier, Adam parachève ce projet au bon moment !
Il commente sur les réseaux vidéo à l’appui : “La principale difficulté réside dans la tenue d’un plat main gauche incliné à 45° sur un calcaire zéro adhérence et sortir du talon-pointe. Ensuite tu choppes un rasoir teigneux main droite, une inver plate main gauche et un dynamique final sur une bonne prise. À la fois puissant et technique en même temps, très à conditions et très peu inspirant ? Je ne pense pas, j’ai apprécié le processus. Je suis content d’avoir fini les projets de la partie basse de Byci Skala, la prochaine saison l’heure est venue de faire un tour au niveau supérieur. Les lignes sont toutes aussi bloc mais plus longues et probablement plus dures !”
“Taurus” serait la seconde proposition extrême du pays, Adam ayant déjà libéré “Vasil Vasil” 9b+ à Sloup, fin 2013.
Adam Ondra just added a new tick at home just before Christmas with the first ascent of “Taurus”, 9b, a very boudery project at Byci Skala, Brno, Czech Republic. The main difficulties are located in the first 9 moves at around 8C+ boulder (!) before a final 8b where he fell once 2 days before due to numb fingers. Adam was happy to finish it by the end of the year, because the crag closes on January 1st due to bird nesting.
Adam comments the climb: “The first 9 moves are surely an 8C+ boulder problem and if I consider it a boulder problem, it is probably the one that took me the most time ever. The whole crag closes on January 1 due to the birds nesting, so the pressure was real! The whole climb revolves around an insane left-hand sloper, which is around 45 degrees with zero friction limestone and getting the left heel-toe-cam out. Then getting one of the most heinous razorblade right hand, flat undercling left hand and final dyno into a good hold. So powerful and technical at the same time, very condition-dependent and very uninspiring? Well, I do not think so, I enjoyed the process a lot. I am happy I finished most of the projects in the lower tier of Byci skala and next season it will be time to finally take a look at the upper tier. Those lines are equally bouldery, but just much longer and probably much harder!“
“Taurus” is the second hardest proposition in the country. You will recall that the Czech phenom freed “Vasil Vasil” (9b+) in 2013, unrepeated to this day.
Le grimpeur écossais Robbie Philips, grand amateur de trad, a quitté dernièrement ses coinceurs le temps d’un voyage en Albanie afin de découvrir le potentiel minéral du pays. On se rappelle naturellement du trip de Seb Bouin, établissant il y a pile 2 ans la ligne la plus dure du pays avec la king line de 55 mètres “The Dream” 9b dans le canyon de Brar, équipée par un certain Adam Ondra. Les falaises au caillou incroyable sont en effet légion ici, il y en a pour tous les niveaux… Voici un beau tour d’horizon dans la vidéo rétrospective ci-dessous avec aussi un appel pour sauver une vallée locale, Vjosa menacée de surexploitation. L’Albanie, la destination grimpe du futur ?
Scottish climber Robbie Philips left his friends the time to visit Albania in order to discover the potential here. We remember the first ascent of country’s first 9b by Seb Bouin, “The dream” in Brar Canyon, bolted by Adam Ondra. But amazing crags are around the corner…with a nice tour in the video below, and a call to save Vjosa valley, threaten by damming and exploitation. “Climbing in Albania is the most exciting development in Sport Climbing in the last decade! I’ve been climbing in Kalymnos, Ceuse, and all over Catalunya, and Albania is just as good, if not better! There is so much still to be climbed and bolted out there – the potential seems endless!!! This film is a glimpse into Albanian climbing in the hope to inspire some more climbers to make it their next climbing trip!”
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Suite à la réalisation à vue de “Fish Eye” et “American Hustle”, tous deux 8c, par Janja Garnbret la semaine passée à Oliana, nous sommes allés poser quelques questions à la championne olympique. En bonus sous l’interview, on vous offre la vidéo de Janja à vue dans les principales difficultés de “American Hustle”.
– Quel était l’objectif de ta venue à Oliana ? Je voulais essayer quelques voies et voir comment je me sentais en grimpant ici et je voulais aussi voir ce que je pouvais donner à vue.
– Comment t’es venue l’idée d’essayer “Fish Eye” ? Je ne pensais pas vraiment essayer un 8c à vue, mais plus tard ce jour là j’ai juste décidé de mettre un essai dans “Fish Eye”. Pas de pression, juste de l’escalade.
– Comment ça s’est passé pendant le à vue ? Peux-tu décrire ton escalade ? Je me sentais super bien, relâchée et concentrée. Je n’ai pas paniqué si je ne comprenais pas à une séquence tout de suite, je me sentais bien. Je pense que j’ai grimpé assez vite, et cela était assez approprié. J’ai pris du temps dans la dalle finale car il n’y avait pas trop de magnésie et je ne voulais vraiment pas me la coller.
– Tu étais pétée ? Quand as-tu compris que tu pouvais la faire ? Dans la première partie difficile je n’étais pas si pétée. Jusqu’au dernier bac de la partie déversante j’ai grimpé très vite, je me suis reposée là où j’ai pu et à cette prise-là, j’ai compris que je pouvais la faire. Mais la dernière partie était assez piégeuse donc j’aurais pu tomber partout, j’ai réussi à rester calme et à trouver les séquences.
– Avais-tu essayé de réaliser un 8c à vue avant ? Tu penses comme moi que tes limites sont plus loin ? Je n’ai jamais essayé de réaliser un 8c à vue, avant j’avais fait des essais flashs dans les 8c, ou alors j’avais dû les travailler un petit peu avant de les enchainer. Mais maintenant je pense que si je trouve une voie qui me convient bien je peux essayer de réaliser à vue quelque chose de plus dur.
– Peux tu décrire ton à vue d'”American Hustle” ? Un gros combat ? Ma décision était globalement la même qu’avec “Fish Eye”. J’ai juste décidé d’y mettre un essai, sans pression. De mon point de vue c’est plus dur que “Fish Eye” et j’ai eu à batailler un peu plus. J’étais super relax et j’ai pu réussir les mouvements assez rapidement. Ce n’était pas si évident, et j’ai vraiment dû me battre dans certaines parties de la voie.
– Peux tu comparer “Fish Eye” et “American Hustle” ? Quelle voie as-tu trouvé la plus dure ? Aha j’ai déjà répondu dans la question précédente. Je dirai que “Fish Eye” est plus facile et aussi plus triviale dans la partie dure déversante, mais la partie du haut est piégeuse. D’un autre côté, “Amercan Hustle” est plus dure, plus puissante et intense mais la partie du haut est très belle et plus évidente. J’étais assez perdue dans certaines parties mais j’étais plus confiante dans le haut. Mais de mon point de vue “American Hustle” a été plus dure à faire à vue.
– Tu es allée repérer “La dura dura” et “Joe mama”. Reviendras-tu pour les essayer à fond ? Ou as-tu des projets à la maison ? Je vais vraiment devoir revenir ! Finir ce que j’ai commencé. J’adore essayer d’autres voies. J’ai des projets à la maison mais si j’ai l’opportunité de venir à Oliana je la saisirai.
– Quels sont tes rêves, les choses que tu aimerais accomplir en milieu naturel ? Ou préfères-tu te concentrer uniquement sur des objectifs en compétition ? Bien sûr que j’en ai ! J’aime les deux ! J’ai juste besoin de trouver les bonnes périodes pour le faire. J’ai encore des choses à faire en compétition mais j’ai aussi des projets en extérieur dans un coin de ma tête.
We asked a few questions to Janja Garnbret after her onsight of “Fish Eye” and “American Hustle”, both 8c in Oliana last week. In addition, you will find the video we shot of the main difficulties of her onsight send of “American Hutsle”. Enjoy!
– What was the plan for your stay in Oliana? I wanted to check out some routes to see how I feel, but mostly just climbing and I also wanted to see how far I can go with my onsight.
– How did the idea of trying to onsight “Fish Eye” come up? Actually I never thought of trying to onsight an 8c, but later that day I just decided that I would give “Fish eye” a go. No pressure, just climbing.
– How did you feel during the onsight? Can you describe your climbing? I felt super good, very relaxed and focused. I didn’t panic if I didn’t see a sequence right away, I was super chill. I think I was climbing pretty fast, resting where I thought was appropriate. I took some time in the last slabby part because there was no chalk anywhere and I really didn’t want to fall there.
– How was your pump? When did you understand that you would actually succeed? In the first “harder” part I wasn’t that pumped. Up to the last jug of the more overhanging part I climbed pretty fast, resting where I needed and there I realised that I could succeed. But the last part was very tricky so I could fall anywhere but I stayed calm and slowly figured out the sequence.
– Have you ever attempted to onsight an 8c before? Do you think-as many do-that you haven’t reached your limits yet? I have never attempted to onsight an 8c, before it was more flash attempt or I had to work a bit to send the thing. But now I think with the right route I could also try to onsight something harder.
– Can you describe your onsight of American Hustle? A big fight? My decision was pretty much the same as with “Fish eye”. I just decided to give it a go, no pressure to onsight it. In my opinion it’s harder than Fish eye so I also had to fight a bit more. But I was very relaxed and could solve the moves pretty fast. It was not so obvious so I had to really fight in a few sections of the route.
– Can you compare your ascents of “Fish Eye” and “American Hustle”? Which route did you find harder? I actually already answered in the previous answer but I would say “Fish eye” is easier and more obvious in the harder overhanging section, and the top part is very tricky. On the other hand “American Hustle” is harder, more powerful and intense and less obvious. I would say I was pretty lost on some parts of the route but the top part was very nice and obvious compared to the one in “Fish eye”. So in my opinion American Hustle was harder to onsight.
– You checked out “La dura dura” and “Joe mama”. Will you come back to redpoint them or other routes? Or are the plans you alluded to closer to home? I definitely need to come back! To finish what I started. I would also love to try other routes. I also have some projects at home but if I get a chance to go to Oliana I will take it.
– Have you got some dreams of rock climbing achievements, or you prefer to focus on competitions? Of course I do. I love both! I just need to find the right time when to do what. I still have some things to do in competitions, but I also have some outdoor projects in mind.
Adam Ondra a décidé de passer un peu de temps à Arco, la ville où il s’est marié début septembre. Et à peine arrivé pour cette sorte de lune de miel, le voilà qui répète Erebor, la ligne équipée et enchainée par son ami Stefano Ghisolfi en janvier de cette année.
La voie, cotée 9b/+, a depuis été répétée par Laura Rogora le mois dernier, faisant d’elle la première femme à ce niveau. Malheureusement pour les deux Italiens, Adam Ondra se prononce pour 9b. Il explique aussitôt être un peu gêné d’ainsi dévaluer la performance de la jeune femme, mais opte pour l’honnêteté et assure que Rogora est capable de bien plus.
Le Tchèque explique avoir trouvé une méthode différente de celle de Ghisolfi (qu’il estime bien à 9b/+!) dans le crux du haut, un peu morphologique mais adaptable quand même. Il a passé un jour sur Erebor en avril, et trois de plus cette fois-ci.
“Un peu de temps”, “Ondra” et “Arco”? On se prend à rêver de quelques étincelles. Ghisolfi va-t-il lui ouvrir son projet actuel ? Le secteur de Laghel, avec son 9c potentiel, va-t-il rester fermé ? Le Tchèque va-t-il sortir le perfo ?
Adam Ondra decided to spend some time in Arco, the town where he got married in early September this year. And no sooner has he arrived on this sort of honeymoon that he clips the anchor of Erebor, the line bolted and FAed by his friend Stefano Ghisolfi in January this year.
The route, graded 9b/+, has since been repeated by Laura Rogora last month, which made her the first woman at that level. Sadly for both Italians, Ondra proposes 9b. He explains being embarrassed to downgrade the young woman’s performance, but goes for honesty and makes it clear that Laura is capable of rather more.
The Czech has found a different sequence to Ghisolfi’s (which he agrees is worth 9b/+) in the top crux: a bit morphology-dependent but with some leeway. He spent a day on it last April , and three this time round.
‘Some time’, ‘Ondra’ and ‘Arco’? One could be forgiven for thinking of fireworks. Will Ghisolfi open his current project to his friend? Will the Laghel sector, with its potential 9c, remain closed? Will Ondra draw his drill?
Décidément, les compétitrices slovènes sont en forme cet automne ! Après les prouesses de Vita Lukan et Janja Garnbret en Espagne, voici que la jeune Sara Copar, 16 ans, championne du Monde cadette de difficulté, fait parler d’elle en falaise ! Sara vient de réussir son premier 8c+ au pays avec “Histerija”, une classique du mur central de Misja Pec ! La voie fait 32 mètres de long, avec un départ sur colos de 15 mètres et un repos, puis un furieux pas de bloc sur pinces, arquées et inversées avant un final résistant sur réglettes. C’est la 4ème féminine de la voie après Natalija Gros, Mina Markovic et Vita Lukan.
The Slovenian women are definitely in good shape this fall! After the feats of Vita Lukan and Janja Garnbret in Spain, now it’s the turn of young Sara Copar, 16, recently lead Youth A world champion to crush at the crag! Sara just completed her first 8c+ at home with “Histerija”, a classic route located in the central part of the Misja Pec crag! The route is 32 meters long, with a 15-meter start on tufas followed by a rest, then a furious bouldery section on pinches, crimps and underclings before a resistant final on crimps. It is the 4th female ascent of the route after Natalija Gros, Mina Markovic and Vita Lukan.
Après avoir exploré l’Islande en compagnie de son compatriote Stefano Ghisolfi et les autres athlètes de North Face, Jacopo Larcher a retrouvé son autre “tribe” à Valle dell’Orco, Italie. À la fin de ce rassemblement tout le monde est rentré au bercail, sauf Jacopo. Motivé par une météo automnale parfaite, l’Italien en a profité pour libérer deux projets, de trad of course. Voici pour votre plaisir le récit de ses ouvertures.
“Après un période d’ouvertures en salle éreintante, rien de mieux que deux semaines de van life et de granit dans une vallée bourrée de lignes et de potentiel! Lors de la deuxième semaine d’octobre, j’ai conduit à Valle dell’Orco pour participer au rassemblement des athlètes La Sportiva, avec dans l’idée de grimper un peu après. Quand tout le monde quitta la vallée, le temps était trop beau pour partir moi aussi et, après notre expédition au Pakistan, j’avais vraiment hâte de me remettre au trad. Pendant le rassemblement on nous donna un petit topo avec d’intéressants projets, de longue date et plus récents, et je me suis empressé d’aller les voir!
Babsi avait dû rentrer à la maison à cause du travail, donc je suis resté avec Olli (notre chien) et j’ai grimpé soit seul soit avec les locaux Andrea et Simone, qui m’ont très gentiment autorisé à garer le van chez eux et m’ont vraiment fait me sentir chez moi (encore merci!).
Je me suis mis à travailler deux lignes bien sympa mais totalement différentes. La première était un vieux projet d’Adriano Trombetta, courte et très “British”, la seconde une fissure raide et athlétique située dans un secteur récemment développé par Andrea, Simone et Marzio (Nardi). J’ai vraiment aimé que les voies soient si différentes, demandant des techniques opposées. L’une était moins dure au niveau technique mais comportait un risque de retour au sol vers les 10 mètres: l’autre était sans danger mais largement plus difficile, techniquement parlant. J’ai trouvé bien qu’elles demandent à peu près la même quantité de travail mais des approches différentes. Pour l’une j’ai dû comprendre comment la grimper et bien forcer pour la finir, alors que pour l’autre j’ai dû pas mal bosser en moulinette afin d’être sûr de ne pas chuter au mauvais endroit lors de l’enchainement: la beauté et la variété du trad!
Le 24 octobre, après quelques jours passés à nettoyer les prises et trouver mes méthodes ainsi que les placements de protection, j’ai réussi à faire la première ascension de “Blood Diamond”, la fissure bien punchy au secteur Diamante (diamant). La protection y est toujours bonne, mais placer le matériel en tête ajoute clairement du piment au crux. Les mouvements sont tout simplement géants! Des pieds pourris, de gros blocages et de bonnes compressions en haut… un bijou je vous dis! À mon avis, c’est une des lignes les plus dures que j’ai faites à Orco jusqu’ici.
Le lendemain, ce fut le tour de l’autre projet. Comme je l’ai dit, Adriano Trombetta avait découvert cette ligne il y a des années et eut la belle idée de l’essayer sans l’équiper. Adriano était un vrai pionnier d’Orco (entre autres!), il y a établi de nombreuses voies et beaucoup de projets; malheureusement il a été emporté par une avalanche en 2017, mais son esprit habite toujours la vallée, ainsi que les souvenirs de ses proches!
La voie se trouve sur un gros bloc au pied de Sergent. Elle commence en suivant une rampe de plats sur une proue jusqu’à une bonne écaille, où on place des micro friends avant d’attaquer le crux. Après quelques prises on atteint une bonne réglette, sur laquelle j’ai décidé de placer une protection; le placement semble ok, mais la prise est une écaille un peu fragile, qui casserait probablement en cas de grosse chute dessus. Pendant l’enchainement j’ai essayé d’assurer le crochet avec un morceau de cordelette raccordé à un coinceur plus bas pour empêcher qu’il ne bouge. La section suivante est technique sur petites réglettes, et finit par des mouvements aléatoires jusqu’à une grosse écaille, sur laquelle on peut enfin placer du matériel supplémentaire avant la partie finale, plus facile. Pour cette ligne la grimpe n’est pas trop difficile (autour de 8a), mais l’association “mouvements aléatoires” et “risque de retour au sol” la rend pimentée! À titre personnel, j’aime beaucoup la forme du bloc et la ligne, c’est pourquoi je voulais vraiment la travailler.
Je n’aurais pas pu imaginer de meilleure conclusion pour ce trip à Orco! Je n’ai pas eu la chance de rencontrer Adriano, mais cette ligne est clairement un hommage à ce grimpeur et sa vision de l’escalade! J’ai décidé de l’appeler “Shikantaza” (“Le Projet Tromba”).
D’énormes remerciements à Andrea et Simone du refuge Le Fonti pour leur aide, l’assurage, le travail… mais surtout pour leur accueil chaleureux et les bons moments! J’ai déjà hâte de retourner à Orco, un endroit d’une beauté envoutante et au potentiel dément!”
After exploring Iceland with his fellow countryman Stefano Ghisolfi and other North Face athletes, Jacopo Larcher met with his other ‘tribe’ in Valle dell’Orco, Italy. At the end of this meet every one went home but Larcher. Psyched by perfect autumn weather, the Italian set out to free two trad projects. Here is Jacopo’s write-up for your reading pleasure.
‘After a busy route setting period there is nothing like 2 weeks of van life and granite climbing in a valley full of climbs and potential for new ones! The second week of October I drove to Valle dell’Orco to attend the La Sportiva athlete summit, with the idea of spending some more days there after the event. At the end of the meeting everyone left the valley, but the weather forecast looked too perfect for leaving too and, after our expedition to Pakistan, I was really looking forward to do some trad climbing. During the meeting we got a little topo with some interesting new and old projects, so I immediately went to check them out!
Babsi had to go home as she had some work to do, so I remained with Olli (our dog) and I climbed mostly on my own or with the locals Andrea and Simone, who warmly welcomed me to camp at their place and really made me feel at home (thanks again!).
I started woking on two cool, but completely different lines. The first one was an old project of Adriano Trombetta, a short and very “British” route, the second one a steep and powerful crack located in a crag freshly developed by Andrea, Simone and Marzio (Nardi). I particularly liked the fact that the routes were very different and required completely different skills. One was definitely not as hard technically, but quite dangerous and with a potential ground fall from about 10 meters; the other was safe but technically way harder. I liked how both routes required a similar amount of work, but yet a different approach. On one I had to understand how to climb and try hard for sending it, while I had to often practice and top rope the other one in order to be sure to avoid to fall to the ground while eventually leading it: the beauty and variety of trad climbing!
On the 24th of October, after a few days spent brushing and figuring out the moves and the gear, I managed to make the FA of the “Blood Diamond”, a steep and powerful crack situated at the Diamante (Diamond) crag. The gear on this one is always good, but placing it on lead definitely adds a little extra to the crux. The moves are simply amazing! Poor footholds, big lock offs and compression climbing on top… a real gem! Personally I think this is the hardest one I’ve done in Orco so far.
The following day was the turn of the other project. As I mentioned before, Adriano Trombetta discovered the line years ago and had the vision of tying to climb it without bolting it. Adriano was a real pioneer in Orco (and not only!) where he established a lot of routes and had a lot of projects; he tragically passed away in 2017 caught in an avalanche, but his spirit lives on in the valley and in the memories of his friends!
The route is located on a big boulder at the base of Sergent; it starts following a sloper rail on a prow until a good flake, where you place some micro cams before setting off for the crux section. After a few moves you reach a good crimp, on which I decided to place a cliff as protection; the placement looks good, but the hold is a loose flake, which would probably break in case of a big fall on it. I tensioned (on lead) the hook with a piece of cord to a lower cam for avoiding it to move. The next section involves some technical moves and small crimps and ends with some insecure moves to a big flake, where you can finally place some more gear before the easier top out. The climbing is definitely not so hard (8a-ish), but the combination of insecure moves and a possible groundfall make it spicy! I personally really liked the shape of the block and the line, that’s why I absolutely wanted to climb it; I couldn’t have wished for a better end of my trip to Orco! I’d never had the chance to meet Adriano, but this one is an obvious tribute to himself and his vision! I decided to call it “Shikantaza” (aka. “The Tromba project”).
A big thanks goes to Andrea and Simone from the hut “Le Fonti” for the help, the belay, the work… but most of all for the warm welcome and the good times! I already can’t wait to go back to Orco, the place is so beautiful and there is such big potential for new lines!’
Sensation à Baile Herculane (sud de la Roumanie) où Darius Rapa devient le premier grimpeur roumain à réaliser du 9a avec “Black Cobra extension” ! Cette voie de 35 mètres du secteur Waterfall inclut une grosse section de résistance dans sa partie haute après un 8b d’approche. Elle avait été libérée par Adam Ondra en 2018. Originaire de Bucarest et âgé seulement de 15 ans (!), Darius a profité de conditions parfaites pour réaliser la 4ème ascension de la voie à la 5ème tentative seulement ! La nouvelle génération est en place ! Le polonais Wojtek Pelka et le bulgare Nicolay Rusev avaient aussi répété la ligne avant le jeune roumain. Mini-interview avec Darius.
– Combien de temps as-tu passé dans la voie ? Comment s’est passé le travail ? J’ai essayé la voie une fois il y a 3 mois mais je ne suis pas arrivé à faire tous les mouvements. Ce week-end je voulais y aller pour essayer une méthode et de manière assez inattendue j’étais super bien dans tous les mouvements. Les conditions étaient parfaites pour un essai, donc j’étais très motivé pour la faire car je ne savais pas si j’aurais pu réessayer après (entre les entrainements et la météo hivernale).
– Pourquoi avoir essayé cette ligne en particulier ? J’ai essayé cette voie car elle est située dans le meilleur spot et la meilleure falaise de Roumanie, et car elle a été réalisée par Adam Ondra, donc c’était bien d’essayer.
– Un prochain projet ? “Stone Butterfly” (ndlr : premier 9a+ sur le sol roumain) ? Pour les prochains projets je ne sais pas car je suis plutôt un compétiteur et je ne viens en falaise que sur des breaks de compétition. Mais je vais essayer de faire davantage de 8c et 8c+, peut-être la première partie de “Stone Butterfly” et pourquoi pas essayer l’intégrale…
Ci-dessous la vidéo de Darius Rapa dans “Black Cobra” 9a
Amazing news coming from Baile Herculane, Romania, where Darius Rapa just became the first Romanian climber to send a 9a with “Black Cobra”. This line located at Waterfall (Km12)offers 35 meters of resistance climbing followed by an intense top part after an 8b approach. The route was first ascended by Adam Ondra in 2018. Hailing from Bucarest and only 15 (!), Darius took advantage of perfect conditions to climb the route at his 5th attempt only, grabbing the 4th ascent. Before him, the Pole Wojtek Pelka and Bulgarian Nicolay Rusev also ticked “Black Cobra”. Here is a short talk with Darius. – How long did you project the route for? What was the process like? I’ve tried the route once like 3 months ago and couldn’t do all the moves. And this weekend I wanted to try a new beta, and very unexpectedly I was able to do all the moves. The conditions were perfect for a send, so I was pretty motivated to do it now because I dunno how soon I could have come back (because of training and winter). – Why did you try this route in particular? I tried this route because it is at the best crag and wall in Romania, and because it was done by Adam Ondra before. – Next Project? “Stone Butterfly”? As for the next project I don’t know because I’m more a competition climber and only go to the rocks when there’s a break. But I will try to do more 8c’s and 8c+’s (the first part of “Stone butterfly”) and surely will try stone butterfly sometime…
Depuis quelques jours, Rodellar, la mecque de la Sierra de Guarra, est visitée par une équipe slovène de compétiteurs (Lukan, Skofic, Krampl…), avec de belles performances à la clé !
Vita Lukan, 21 ans, en profite pour frapper fort et réaliser la classique de la Gran Boveda, “Geminis” 8b+ à vue ! Cette King line très athlétique de 40 mètres au milieu de la baume déversante offre un marathon de conti sur trous et colos.
Elle déclare sur son compte Instagram : “Cela a été un gros combat, pas uniquement contre les bouteilles mais aussi contre moi-même. C’était dur de rester calme dans la partie sommitale de la king line, là où mon mental commençait à flancher. J’ai toujours eu un rapport amour-haine avec ces longues voies déversantes de Rodellar. Et je ne suis pas habituée à grimper avec des genouillères. On est à la moitié du trip et la motivation est grande pour la suite du séjour.”
Avec cette belle croix, Vita rentre dans le club très fermé des femmes ayant réalisé du 8b+ à vue : Katie Brown (“Omaha Beach”), Josune Bereziartu (“Hidrofobia”), Charlotte Durif (“Les rois du pétrole”), Maja Vidmar (“Humildes pa casa”), Sacha DiGiulian (“Omaha Beach”), Kajsa Rosén (“T1 full-equip”), Laura Rogora (“L-mens”) Anak Verhoeven (“Gorillas en la niebla”) et Martina Demmel (“Humildes pa casa”).
Un peu plus bas sur la colline, Domen Skofic s’est adjugé une répétition de la combinaison “Ali Hulk extension total sit start” 9b dans la grotte d’Ali Baba, qu’il a réalisé sans genouillères pour son premier 9b.
“La dernière fois que je suis venu à Rodellar j’ai visité tous les secteurs sauf la grotte d’Ali Baba car je pensais que ça ne valait pas vraiment le coup d’y grimper. Cette fois-ci je voulais connaître l’endroit et au contraire j’ai trouvé la grotte très cool et j’étais très motivé à l’idée d’essayer les movements. Comme je savais que ma forme n’était pas au top, je n’attendais rien de spécial et j’ai juste joué dans la voie. Après 3 jours de travail j’ai assemblé ensemble tous les morceaux et je l’ai réalisé à mon premier vrai essai. Je ne pensais pas que cela irait aussi vite et du coup je suis un peu sceptique sur la cotation. 9b ou pas c’était sympa de reconstituer ce puzzle et de me motiver encore plus pour mes objectifs futurs.”
In the last few days, Rodellar, the climbing mecca from Sierra de Guarra is being visited by a team of strong Slovenian competitors (Lukan, Skofic, Krampl…), with some nice sends to boot!
Vita Lukan, 21, has struk and onsighted the classical king line of Gran Boveda, “Geminis” 8b+! This overhanging 40-meter line offers a stamina challenge on tufas and pockets. Vita described her send on Instagram :
“It was a huge fight not just against the pump but also against myself – it was hard to stay calm in the upper part of 40m long kingline where mind started playing tricks with me. Still have some kind of love-hate relationship with these long and overhanging routes in Rodellar…and I still haven’t gotten used to climb with knee bars. Halfway through our trip and psyche for the rest is high.”
Vita now belongs in the very private club of women who have onsighted 8b+: Katie Brown (“Omaha Beach”), Josune Bereziartu (“Hidrofobia”), Charlotte Durif (“Les rois du pétrole”), Maja Vidmar (Humildes pa casa”), Sacha DiGiulian (“Omaha Beach”), Kajsa Rosén (“T1 full-equip”), Laura Rogora (“L-mens”), Anak Verhoeven (“Gorillas en la niebla”) and Martina Demmel (“Humildes pa casa”).
Meanwhile, a little further down the hill, Domen Skofic has repeated “Ali Hulk extension total sit start” 9b, located in Ali Baba cave, without kneepads.
“The last time I visited almost all the sectors except Ali Baba cave because I thought it’s not worth to climb there. This time I said I will at least check the place before I judge and on the contrary I found the cave really cool and I got extremely psyched to try the moves. As I thought my shape is not the best I didn’t expect anything and I just played on the moves. After 3 days of work I brought all the pieces together and today I sent it on my first try. I didn’t expect it’s going to happen that fast and therefore I’m a little bit skeptical about the grade. 9b or not it felt great building this puzzle together and made me even more motivated for my future goals.“
Staša Gejo, compétitrice internationale Serbe spécialisée en bloc, aborde dans un article en deux parties sur le site 8a.nu (Partie 1 et Partie 2) la question récurrente des troubles alimentaires en escalade, un sujet tabou dont nous avions déjà souligné l’importance ce printemps à travers la sortie du documentaire Light. Staša revient sur ses régimes alimentaires où elle réduisait ses apports journaliers en calories dans le but de perdre du poids ; ils lui ont fait perdre jusqu’à 10kgs mais ont engendré sur le long terme des troubles hormonaux, une plus grande fatigabilité à l’entrainement, des blessures… “Une telle forme n’est généralement pas durable. Cela peut durer deux ans, mais ensuite quelque chose se brise – l’esprit ou le corps, littéralement.”
Cette question des troubles alimentaires en escalade nous semble particulièrement d’actualité et relativement pertinente au regard de récentes performances en compétition et en milieu naturel. Au-delà du côté sensationnel de la réalisation d’une difficulté inouïe, le morphotype de certains performeurs et compétiteurs interroge… Qu’importe le milieu, on cible les mêmes athlètes et les mêmes problèmes. Qu’en est il de la règle de l’IFSC imposant un suivi aux compétiteurs ayant un faible IMC ? Dans cette note en date du mois d’août, la fédération internationale réaffirme son rôle de recensement et d’information auprès des fédérations nationales et des athlètes concernés. Mais une fois la sensibilisation effectuée, certains athlètes dont la morphologie interpelle restent tout de même engagés sur les compétitions internationales… L’IFSC devrait étendre sa responsabilité au-delà des communiqués de presse, d’autant plus qu’avec l’essor de l’escalade et l’augmentation de sa visibilité auprès du grand public, les athlètes sont susceptibles d’être pris aveuglément comme modèles par de plus en plus de jeunes grimpeurs : quelle image veut-elle donner de notre sport ? Comme le déclare Staša dans la deuxième partie de son interview, “La plupart des athlètes très maigres qu’on continue de voir sur le circuit international doivent quelque part réussir à passer ces règles, je ne sais pas comment exactement.” Nous avons demandé une interview au président Scolaris à ce sujet, nous espérons pouvoir vous proposer prochainement des précisions à ce sujet qui nous paraît aussi épineux qu’essentiel dans notre sport.
Photos : Matthias Woidneck
In a long article on the 8a.nu site (Part 1 and Part 2), Staša Gejo, the Serbian world cup boulderer, tackles the recurring question of eating disorders in climbing, a rather taboo topic which we highlighted in the Spring through the release of the aptly-named documentary, Light. Staša recounts her own past eating disorders, when she would shrink her calorie intake (1200cal /day) in order to lose weight; she lost up to 10kg but caused long term hormonal issues, increased tiredness after training, made her more prone to injuries and more… She concludes by saying that “Such a shape is usually not sustainable. It may last for two years, but then something breaks – the psyche or the body, literally”.
The issue of eating disorders in the climbing world seems to us to be of heightened relevance in light of recent performances in competition and outdoors. Beyond the sensational achievements, the morphotype of some climbers begs the question of means and ends. Whichever the discipline, what we see is the same athletes with the same problems. What of the IFSC’s rule that competitors with a low BMI should be monitored? In a statement dated August 4th 2021, the International Federation reasserted its intention to keep tabs and provide information to national federations and the athletes concerned. Yet once a report has been produced, some athletes whose morphology seems to display the stigma of eating disorders are allowed to keep on competing… It is our view that the IFSC would be well advised to extend its responsibility beyond mere press releases especially since, with the boom on climbing and its increased visibility in the public sphere, athletes are liable to be seen as examples to be blindly followed by more and more young climbers. As declared by Staša in the second part of its interview, “Most of the super skinny cases we still see on the competitions somehow pass these regulations, not sure how exactly.” What image of our sport does the IFSC want to show the world? We asked IFSC president Scolaris for an interview on this, and hope to soon bring you more details on a topic that clearly is as tricky as it is essential in our passion.
Habituée des compétitions internationales, la grimpeuse russe Dinara Fakhritdinova (championne d’Europe 2013, agée de 28 ans) est de retour aux affaires et vient de réaliser son premier 9a avec “Max Factor” à Bakhchisarai en Crimée. Équipée par Alexey Vlasenko en 2017, cette voie déversante à doigts de 27 mètres (10 dégaines) avait été libérée par Vladislav Shevchenko il y a deux ans. Depuis, seul Dmitry Fakiryanov avait réussi à répéter la voie, c’est donc la 3ème ascension. Ci-dessous quelques images de “Max Factor” dans la fin de la vidéo (avec Serguey Shaferov aux essais).
Dinara a essayé la voie pour la première fois à l’automne dernier. Elle avait réussi à faire tous les mouvements de la voie en 3 montées et quelques jours sur place. Dinara aura eu besoin de 4 jours supplémentaires dans la voie pour concrétiser à sa 7ème tentative. Elle nous livre ses impressions : “Je mesure 1 mètre 51 donc il peut y avoir des problèmes d’allonge dans les voies pour moi. Le crux le plus dur pour moi ici a été celui du haut. J’étais déjà tombée 3 fois au dernier mouvement. C’était frustrant. Le jour de la croix, j’ai décidé de m’échauffer dans un 6b et d’essayer sans états d’âmes. Tout est venu simplement. J’étais calme. Je l’ai fait, mon premier 9a, “Max Factor” !”
Pour la petite histoire, après un break avec l’escalade et une reprise il y a un an, Dinara devient la première grimpeuse russe à réaliser du 9ème degré. En effet, alors que côté ukrainien Nika Potapova avait réussi “Fuck The system” à Santa Linya en 2019, il n’y a avait toujours pas de nonogradistes chez les filles russes. C’est désormais chose faite ! “J’ai commencé à grimper sérieusement le 15 juin dernier et cela fera bientôt un an que j’ai décidé de revenir au sport de haut niveau. Je rêve de réussir des belles choses en falaise, j’espère pouvoir à nouveau bien performer bientôt !”
Used to take part in international competitions, Russian climber Dinara Fakhritdinova (European champion 2013, 28 years old) is back to business. She just climbed her first 9a with “Max Factor” in Bakhchisarai, Crimea. Bolted by Alexey Vlasenko in 2017, this overhanging and fingery route (27 meters, 10 quickdraws) was freed by Vladislav Shevchenko two years ago and Dmitry Fakiryanov did the first repeat. Check out the route in the video below with Serguey Shaferov attempting it. Dinara tried the route for the first time last fall. She had managed to do all the movements in 3 sessions and a few days at the crag. Dinara needed 4 more days on the route to send it, at her 7th attempt.
“I am 151 cm tall, for me, there may be some height problems on some routes. The hardest crux for me was in the upper section – I’ve alredy fallen there 3 times at the last hard move. It is frustrating. On a day of send, I decided to warm up on a 6b and go try the project without expectations. Everything went smooth. I was calm. I sent it, my first 9a “Max Factor”!”
For the story, after a break with climbing and a re-start a year ago, Dinara became the first Russian climber to reach the 9th degree. Indeed, while the Ukrainian side Nika Potapova had succeeded in “Fuck The system” in Santa Linya in 2019, there were still no nonogradists among Russian girls. It’s now done! “I started to climb consciously on June 15 and it will soon be a year since I decided to return to big sport. I dream to be successful in rock climbing, I hope I will be able to perform well again!”
Deux vidéos de bloc extrêmes ont retenu notre attention ce début de semaine dans des styles différents. Giuliano Cameroni nous propose de revivre le processus qui a conduit à la 3ème ascension du classique dur de Chironico, “Ephyra” 8C+, après Webb et Ceria. Retrouvez tous les essais dans ce bloc d’une difficulté inouïe en tenue de prises, un pan Güllich à ciel ouvert !
Revivez ensuite la première ascension de “Black panther” 8C par Martin Stranik sur le site de Liberec-Vesec en République tchèque avec une démo de puissance en endurance de force à gros muscles sur un rocher noir sculpté magnifique. Une bonne base tout en compression et fissure qui lui aura pris 5 jours de travail, ce qui commence à être beaucoup pour lui, habitué à tordre des blocs durs en un temps record !
Two extreme videos to start off the week! Giuliano Cameroni shares the process of his third ascent of Chironico’s “Ephyra” 8C+ (after Webb and Ceria). Follow his tries and his progression, step by step in this campus board boulder! Then, watch Martin Stranik in the first ascent of “Black panther” 8C in Liberec-Vesec, Czech Republic, on a superbly shaped black boulder. A show of power and compression which took him 5 days of work, a lot for him who is used to sending extreme lines a lot quicker!
Vous vous rappelez la vidéo de Reelrock où Adam Ondra écoute un vieil homme en blouse blanche lui expliquer comment marcher ? Bien sûr, les passages de visualisation “explosants” ont davantage marqué les esprits, mais la visualisation n’a rien de nouveau. Ce qui est novateur, par contre, est de découvrir que le meilleur grimpeur du monde a dû réapprendre à marcher pour enchainer le premier 9c de l’histoire. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?!Pour en savoir plus, un des nos rédacteurs, Denis Lejeune a approché Kuba Novotny.
“Kuba est très sympa et entraine un de mes amis mais, plus important pour nous ici, il a étudié avec Dr Čumpelík – l’homme à la blouse blanche de ReelRock – et travaille avec des sportifs professionnels dans différents sports. Et oui, il a aussi collaboré avec Adam Ondra.”
– Ahoj Kuba, merci de prendre le temps de me répondre. Avec plaisir.
– Avant toute chose, tu peux donner un nom à l’espèce de magie que tu pratiques ? Cela s’appelle “kinésiologie développementale’.
– Joli nom… De quoi s’agit-il au juste? C’est étroitement lié aux neurosciences parce que, quand tout est dit, le cerveau est l’outil qui gère nos mouvements, et joue donc un rôle crucial pour nous rendre plus fort, ou rendre nos entrainements plus efficaces. La différence principale entre notre vision de l’entrainement et l’idée classique est que l’objectif de cette dernière est de rendre les muscles plus forts. Cela dit, la force dans le mouvement de grimpe n’est pas la somme de la force de tous nos muscles. C’est le cerveau qui gère chaque mouvement, qui dit quel muscle doit être activé, avec quelle intensité et dans quelle direction, et on l’oublie trop souvent. Dans le mouvement “conscientisé”, le muscle travaille pour la chaine de soutien. Par exemple, certains grimpeurs “élite” renforcent les abdos qui travaillent quand on tire vers le haut. Malin, puisque c’est la direction générale en escalade. En voyant ça, d’autres grimpeurs pourraient se dire : “c’est bien ça, je vais aussi renforcer mes abdos.” Mais leur coordination n’est pas aussi bonne à cause d’une sollicitation moins efficace de l’ensemble de leurs soutiens, et ils finissent par renforcer les abdos qui tirent vers le bas, ce qui nuit justement au mouvement qu’ils veulent améliorer. Au final ils vont affaiblir leurs bras, ce qui signifie qu’ils ont plus de chances de blesser leurs épaules, leurs coudes et leurs doigts. Ainsi que l’a dit Alex Huber dans un entretien avec un magazine tchèque il y a quelque temps : “J’ai l’impression d’être fort après de la poutre, ce qui est cool, mais l’escalade ce n’est pas être suspendu. En gros, c’est une évolution sur des murs déversants, soutenue par les pieds et les orteils. Ce qui veut dire une coordination totalement différente. Aujourd’hui je constate que mon avis est le bon. Quand je me compare sur poutre aux grimpeurs actuels du Frankenjura, je n’ai aucun espoir. Mais je suis plus fort sur le rocher. Donc je continue à penser que la suspension ne veut rien dire. Il faut acquérir une coordination spécifique du corps. L’influence de la poutre s’arrête à la poitrine, alors que les system boards descendent jusqu’en bas.” À mon avis, on peut faire de la poutre ou des suspensions et engager le corps dans son ensemble, mais c’est très difficile. À part ça, tout à fait d’accord avec Huber.
– Je croyais que les neurosciences aidaient les sportifs à améliorer leurs prises de décision dans des situations rapidement changeantes, ou raccourcir leurs temps de réaction. Quel est le rapport, tu peux m’éclairer ? Bien sûr. Disons que tu veux devenir plus fort sur réglettes : tu vas commencer par te suspendre pendant 3-7 secondes sur des réglettes aussi petites que possible. Ça va envoyer des signaux à ton cerveau, qui vont le forcer à renvoyer des signaux encore plus forts à tes doigts. C’est le principe de base de l’entrainement classique. Mais on oublie les signaux que les doigts renvoient au cerveau, et si tes doigts, tes coudes, tes épaules ou omoplates ne sont pas bien placés (si mes omoplates sont dans la mauvaise position, ou si je suis voûté) cette information sera celle-ci : ne me renvoie jamais plus ces signaux, ou tu détruira tes articulations ou autres tendons. Par conséquent, les résultats de l’entrainement dépendent fortement d’une bonne posture de tout le corps. Par exemple, un kayakiste tchèque a amélioré son coup de pagaie de 100-110 watts à 130-140 après deux semaines de pratique au sol en position statique et un travail de rotation des côtes.
– Les côtes ?!? Tu n’as pas idée.
– On dirait de la bio-mécanique du futur… D’un point de vue évolutionniste, notre corps est fait pour courir, marcher et les génuflexions. Du coup, si on fait ça bien et qu’on ne tombe pas d’une falaise ou autre chose du genre, notre système musculo-squelettique (os, articulations, muscles, tendons connectés aux muscles) devrait s’en tirer sans gros problème jusqu’à nos 100 ans. On peut aussi faire bien d’autres mouvements de la bonne façon, mais pour ça il faut obéir aux “lois physiologiques”, qui sont communes à tous nos mouvements sains. La clef pour bien comprendre ce point est que le corps fonctionne à partir d’une paire contralatérale de membres de station debout et de marche, ainsi que la rotation de la colonne thoracique – qui est là pour basculer le centre de gravité sur la jambe en appui. Donc, au plus basique, la locomotion humaine (la marche en avant) est simple : se tenir debout sur une jambe. Mais plus la posture est bonne, moins on a besoin d’énergie pour faire basculer notre poids sur la jambe en appui. Et voilà, tu as la définition de l’efficacité du mouvement. Quand Adam Ondra a amélioré la rotation de ses côtes, ça a eu un énorme impact sur ses performances en poutre. C’est ça qu’il travaillait avec le Dr Čumpelík dans la vidéo que tu mentionnes : apprendre à connecter les mains, les pieds et les côtes dans la marche, pour qu’il puisse l’appliquer en escalade.
– Ok, donc si je comprends ce que tu dis c’est qu’on ne devient pas plus fort en faisant des tractions à un bras, mais en améliorant la technique de la traction ? Tu peux t’améliorer des deux façons. Tout dépend du niveau de ta technique sur tel ou tel exercice. Écoute, la plupart de ce qu’on sait de la technique en escalade vient des grimpeurs et de coaches “classiques”, donc sans une intelligence profonde du mouvement au niveau physiologique, ou des stratégies que le cerveau met en place pour gérer le mouvement. Par conséquent cette connaissance pratique marche plus ou moins. Parfois ça peut donner un gain de performance rapide, mais sur le long terme ça mène aussi souvent à des blessures, voire à des plateaux dans ta progression, qui t’empêchent d’atteindre le niveau que tu pourrais viser si tu te servais plus justement de ton corps.
– Si je te saisis, tu dis qu’en respectant la façon optimale d’utiliser son corps, en termes physiologiques, on peut améliorer sa conti, sa rési et sa force ? Complètement. Parce que le résultat de ton entraînement de toutes ces choses dépend de l’efficacité de tes mouvements.
– Est-ce qu’on parle au moins un peu de gainage ici ? Il y a souvent beaucoup de muscles faibles dans le gainage des sportifs, et ils doivent les travailler. Donc dans ce sens de “gainage”, je suis d’accord. Mais dans notre façon de voir les choses, un gainage déficient correspond à l’output. Si les muscles de ton gainage sont faibles, c’est parce que tu ne les utilises pas dans ton mouvement. Si tu changes ton mouvement dans le bon sens, ces muscles vont commencer à travailler et donc se renforcer. Traditionnellement, on pense que si on renforce ces muscles (séparément du mouvement) le cerveau commencera à les utiliser. Mais ça n’est pas comme ça que fonctionne le cerveau. Le cerveau, voici comme il fonctionne : il rassemble des informations sur la tenue du corps dans son entier, et à partir de là créé un “patron de mouvement” qui correspond à la situation actuelle, après quoi il envoie des instructions aux muscles pour exécuter les mouvements. Par conséquent, si tu veux ajouter des muscles à ce “patron de mouvement”, il te faut changer l’input de l’information sensorielle, c’est-à-dire changer l’idée-même du mouvement. La majorité de l’input de cette information sensorielle vient des paumes et des pieds, du coup la façon dont tu les utilises est cruciale pour le mouvement. Si tu essaies de changer la façon dont les muscles de ton gainage travaillent en les renforçant isolément, du point de vue neurologique tu es en retard, parce que le patron que suivent tes mouvements est déjà gravé dans ton cerveau. Pour être plus précis : si tu te concentres sur le bout de tes petits doigts, dans un monde parfait tes épaules devraient enclencher un mouvement de rotation externe et ta respiration monter dans ta poitrine, ce qui signifie que le travail des muscles de ton gainage a changé. Si par contre tu te concentres sur le bout de tes pouces, tes épaules devraient enclencher un mouvement de rotation interne et ta respiration se déplacer vers ton ventre. Bien sûr tu peux obtenir des gains en renforçant ton gainage pour lui-même, mais ce n’est pas le plus efficace. Je sais parfaitement que ce n’est pas facile à comprendre avec des mots, mais dès que les mesures de confinement changent je te montrerai tout ça sur ton corps en une minute. J’aime montrer aux gens comment atteindre leurs objectifs de performance, tout en leur évitant des années de douleur au niveau musculo-squelettique.
– À ce sujet, j’ai remarqué que ton site, KubaNovotny.cz insiste beaucoup sur la notion de prévention de blessure. Oui, pour la simple raison que la performance et la prévention de blessure vont main dans la main en kinésiologie développementale. Ce ne sont pas deux choses distinctes, mais bien la même. Par exemple, le kayakiste tchèque avec lequel je travaille : lors du premier mois de notre collaboration, sa performance s’est améliorée de 20%, mais sa douleur au dos a aussi disparu. Ceci étant, ça va encore plus loin : ce n’est pas juste que tu deviens meilleur et que tu évites de te blesser ; si tu améliores ton “patron de mouvement”, tu vas aussi améliorer ta récupération, puisque de nouvelles hormones sont envoyées à ton cerveau et permettent à ton corps de récupérer plus vite après tes entrainements.
À ce moment de notre entretien, je suis abasourdi. À une époque où tout le monde semble obnubilé par les plus minuscules marges de progression, je me gratte la tête en me demandant pourquoi la kinésiologie développementale n’est pas encore un sujet de discussion chez tous les entraineurs. Si on peut améliorer 1) notre performance, 2) notre récup et 3) le temps qu’on passe sans blessure, comment se fait-ce qu’elle ne fait pas partie intégrante des recettes de base de chaque entrainement possible et imaginable ?! Est-ce le futur de l’entrainement, du coaching ? Est-ce que le Dr. Čumpelík et ses étudiants, dont Kuba, sont simplement trop en avance sur leur temps ? Tout ça me rappelle un autre athlète tchèque, qui révolutionna l’entrainement à son époque : Emil Zatopek, le coureur de fond et demi-fond, a en effet mis les intervalles en vogue.
– La question se pose donc : la kinésiologie développementale est-elle l’avenir ? Je n’ai pas de boule de cristal. Mais je peux confirmer que ça ne fait pas partie du mainstream, et ça ne sera d’ailleurs probablement jamais le cas. J’ai passé 500 heures à étudier cette discipline avec Dr. Čumpelík, et quatre fois plus à m’y intéresser par moi-même, et je suis encore loin de tout comprendre. Le mouvement complexe est… très compliqué! Le problème principal tient au fait que, comme on le voit dans cet entretien, il s’agit d’une connaissance qui passe mal en texte et même en vidéo. Tant que ton corps ne fait pas concrètement pour lui-même l’expérience d’un nouveau niveau de qualité dans le mouvement, tu ne peux pas réaliser ce que ça change, et combien c’est utile. Cela dit, 41 coachs, docteurs et physiothérapeutes prennent part à mon programme annuel (2 heures hebdomadaires), donc il y a de l’intérêt pour la discipline.
– Je peux voir un léger problème pour les grimpeurs (et autres sportifs), c’est que ta discipline ne ressemble pas à ce qu’ils ont l’habitude de considérer comme un “entrainement”. Plutôt comme du yoga ou de la physio, mais la physio est rarement prise pour de l’entrainement. C’est aussi la raison pour laquelle la technique est souvent délaissée, parce que ça ne fait pas suer et souffrir. Et pourtant, on sait aussi que ça apporte son lot de récompenses plus tard… Oui, c’est en effet un point faible. Mais de notre point de vue, soit tu veux t’améliorer et faire ce qu’il faut, soit tu veux juste t’exploser et être courbaturé le lendemain. Ce qui est tout aussi valide, certains veulent juste s’amuser et se changer les idées après une journée de bureau. Mais si tu veux continuer à progresser et que tu es prêt à y mettre ce qu’il faut, je me ferai un plaisir de te montrer comment hisser ta grimpe au niveau supérieur. Et au fait, je ne l’ai pas mentionné mais une fois que tu améliores ton mouvement, tu peux travailler encore plus dur. Exemple : après 2h d’entrainement, mon kayakiste n’en pouvait plus, la pagaie lui tombait des mains, il était détruit. Après notre travail sur la rotation de ses côtes il pouvait en faire 40 minutes de plus, et donc fatiguer son corps en entier, pas simplement ses avant-bras.
– Hallucinant ! Encore une chose. Il y a deux zones d’apprentissage : celle d’apprentissage justement, et celle de la performance. Avec les jeunes, il est important de développer la première, pour qu’ils puissent plus tard en bénéficier dans leurs performances. Pour les athlètes à leur pic, il faut trouver le bon équilibre entre apprentissage et performance dans leur entrainement. Ce qui est unique dans cette approche est qu’on peut ajouter davantage de qualité dans la zone d’apprentissage, pour que ça soit encore plus bénéfique.
– Pfiou, tellement de choses à intégrer… Ça m’en met plein la vue. Mais bref. Tu n’entraines pas que les athlètes pro cela dit, donc quelles sont les différences principales entre eux et nous ? Comme je le disais plus tôt, les sportifs de haut niveau sont capables d’intégrer la nouveauté beaucoup plus rapidement que nous, donc le temps nécessaire à l’absorption de l’information est une de ces différences. Ils n’ont souvent besoin que de quelques répétitions pour les faire leurs, alors que nous on a plutôt besoin de plusieurs semaines voire mois.
– Et pour ce qui est des blessures, il en va de même pour eux et nous ? Bien sûr, les blessures sont individuelles, mais en même temps on peut dire qu’il existe à peu près 90% de blessures communes chez les gens qui viennent me voir.
La conclusionde Denis Ah ah, tout ceci me rappelle Dave McLeod et son livre “9 grimpeurs sur 10 font les mêmes erreurs”. Les grands esprits etc… Ainsi que le dit Kuba, il est difficile de saisir combien la kinésiologie développementale peut apporter à la performance. Pourquoi ? Parce que, en partie, elle nous force à sortir de nos habitudes de faire et de penser. J’allais dire “nous, en Occident”… Et c’est vrai que de par la façon dont cette discipline considère le corps comme un vrai tout et pas juste des membres collés ensemble par accident, elle se rapproche d’une perspective plus orientale, plus totalisante. C’est pourquoi je n’ai pas été surpris d’apprendre que le Dr. Čumpelík fait du yoga depuis plus de 40 ans.
Le meilleur moyen d’aider le lecteur à visualiser ce qu’est la kinésiologie développementale est peut-être de revenir à une de mes premières rencontres avec lui. Il assurait un ami et, sachant qu’il avait plusieurs autres séances de coaching après, je lui ai demandé pourquoi il ne portait pas de lunettes d’assurage. Il m’a répondu qu’il n’en avait pas besoin, à quoi je rétorquai en rigolant “c’est parce que tu es encore jeune”. Non. Il m’expliqua ensuite que lever la tête n’est pas nécessairement synonyme de mal de cervicales, mais pour ça il faut comprendre comment engager la chaine musculaire qui soutient la tête. Et pour ça, la meilleure solution consiste à écarter les coudes du tronc. De cette façon vous engagerez les muscles du dos, qui à leur tour contracteront les muscles à l’arrière de votre cou. Maintenant, quand vous levez la tête vous ne vous appuyez pas seulement sur les vertèbres de votre cou – ce qui met tout le stress d’une position tout sauf naturelle sur une petite partie fragile de votre corps – vous utilisez votre haut du corps dans son entier pour soutenir votre position. Résultat: moins de traumatismes du cou, pas de douleur, et renforcement musculaire.
Ça peut sembler trivial, il s’agit “juste” d’assurage. Mais imaginez ce que cette façon de penser/comprendre/faire peut apporter à la grimpe elle-même! Si vous arrivez à relier tous les points physiologiques et squelettiques ensemble de la plus façon le efficace, donc cohérente, donc naturelle possible ? À mes yeux, c’est de l’or en barre !
Do you remember the ReelRock short where Adam Ondra is listening to an old white-coated man telling him how to walk? Sure, the ‘very pumpy’ visualisation episodes grabbed the limelight, but to be fair visualisation is nothing new. What is fairly new is that the best climber in the world should relearn to walk in order to send the first 9c in history. What was that about?To find out more, one redactor of our editorial team, Denis Lejeune got in touch with one Kuba Novotny.
“Kuba is a nice chap who coaches a friend of mine, but more importantly he is a student of Dr. Čumpelík, of ReelRock fame, and works with top athletes in various sports and has collaborated with Ondra too.”
– Ahoj Kuba, thanks for taking the time. With pleasure.
– First, what is the name of the kind of magic you do with climbers? It’s called ‘developmental kinesiology’.
– Sounds… poetic. What is it? It is closely related to neuroscience because, after all, the brain is the tool that manages our movements, and it plays a key role in getting us stronger, or making our training more efficient. The basic difference between this understanding of sport training and the classic ‘fitness’ one is that the objective of fitness is to make muscles stronger. But power in the climbing movement is not the sum of the power in our muscles. It is the brain that manages every movement, saying which muscle will join, how much it will pull and in which direction, and that is often forgotten. In the conscious movement, muscle works towards the support. For instance, some elite climbers are strengthening the abs which work upwards. That is convenient, as it is direction we move while climbing (up). Some other climbers may see that and think : ‘That is cool, I will strengthen my abs as well’. But their coordination is worse due to a less efficient use of their set of supports and they end up strengthening abs downwards, in opposition to the movement we want to be good at. Which in the end will weaken their arms, meaning they are more likely to injure their shoulders, elbows or fingers. As Alex Huber said in an interview with a Czech climbing magazine a while ago: “I have the impression that I am strong after campusing, which is good, but climbing is not hanging. It is mainly a movement in overhanging terrain, fixed by feet and toes. That means a different kind of coordination. Today I see that my opinion was correct. When I want to compare myself to the current Frankenjura climbers on campusboard, I have no chance at all. But I’m stronger on the rocks. So I don’t think hanging alone means anything. You have to get that specific coordination into your body. The influence of the campus ends at the chest, while the systemboard system goes all the way down.” In my opinion you can campus or deadhang and engage your whole body, but it is super hard. Otherwise I have to agree with everything he said.
– I thought neuroscience helped sportspeople improve decision-making in fast-paced environments for instance, or shorten reaction times. How does it relate here, can you develop a bit more? Sure. So say I want to get stronger on a crimp: I start to hang for 3-7 seconds on as small a crimp as I can. It will send signals to my brain that will force it to send stronger signals back to my fingers. That is the basic principle of sport training. But there is also feedback coming from the fingers and if my fingers, elbows, shoulders, scapulas and back are not set well (if my scapula is in the wrong position, or I am hunched) the feedback to my brain will be: don’t send those strong signals ever again, or you will destroy your joints or soft tissues. Therefore, the outcome of the training will depend on the right setting of our whole body. For instance, a top Czech speed kayaker improved his paddling power from 100-110 watts on Monday to 130-140 watts on Saturday after a couple weeks of practicing static positions on the ground and trying to rotate his ribs. Positions that are very close to actual kayak paddling.
– The ribs!? You’d be surprised.
– It sounds like next level bio-mechanics to me… From an evolutionary point of view, our body is designed for running, walking and squats. So if we do that right and do not injure ourselves falling off a cliff or whatsoever, our musculoskeletal system (bones, joints, muscles, soft tissues connected with muscles) will probably be alright till we die a hundred years-old. We can also do lots of other movements right but for that we have to obey the ‘physiological rules’, which are common to all our healthy movements. The main key to understand this is that the body works around a contralateral pair of standing and walking limbs, as well as rotation of the thoracic spine – which is there to shift the body center on the standing leg. So, basically, human locomotion (forward motion) is simple: stand on one leg. But the better your posture, the less power you need to shift weight on the standing leg. And that basically describes movement efficiency. When Adam Ondra improved rotation of his ribs, it had a huge impact on his campusing. And that is actually what Adam was doing with Dr. Čumpelík in the ReelRock video you mentioned: learning to connect hands, feet and ribs in the walking so he can do the same in climbing.
– So in effect, what you’re saying is: you don’t get stronger by doing more one-armers, but by improving, basically, one-arm pull-up technique? You can improve both ways. It always depends on the level of your technique in a given exercise. Look, a lot of the knowledge we have about climbing technique was accrued by climbers and coaches without a proper understanding of physiological movements or of the strategies the brain uses to manage movement. As a result, this practical knowledge works more or less. Sometimes it will give you fast performance improvement, but in the long term it often leads to injuries, or may even get your performance development to plateau at a level that is (way) lower than where you could get to otherwise.
– If I understand correctly, you’re saying that by respecting the best, most optimal way our body works, physiologically, we can improve our endurance/power endurance/power performance? Exactly. the outcome of power/endurance training depends on your movement efficiency.
– Has it got to do with core as well? There is often a lot of weak muscles in the trunk of sportsmen, and that needs to be changed. So up to that point I agree with the ‘core’ you mention. But from our point of view the weak trunk muscles are ‘output’. If your core muscles are weak it is because you don’t use them in your movement pattern. If you change your movement pattern right, they will start working and therefore get stronger. Usually, we think that if we strengthen those muscles the brain will start to use them. But this is not the way the brain works. The brain works like this: collect input information about the setting of whole body, then create an idea of movement that fits the current situation, and then send information to the muscles so they execute the movement. So if you want to add more muscles to your movement pattern, you have to change the sensory information input, i-e change the idea of movement. Most sensory information is coming from the palms and feet, so the way you work with those areas is crucial for your movement. If you are trying to change the way your trunk muscles work by strengthening those muscles, you are neurologically late, because the image according to which the movement is done has already been made in your brain. To be more specific: if you focus on the tip of your pinky, your shoulder should set into external rotation and your breath move upwards in the chest, which means the work of your core muscles has been changed. If you on the other hand focus on the tip of your thumb, your shoulder should go into internal rotation and your breath move more towards your belly. Obviously you can get some results even just by strengthening your core muscles, but it is not so efficient. All of that is hard to grasp in words, I know full well, but when the public health regulations allow I could show you on your body in a minute. I am happy to show people how they can help themselves achieve their performance goals, all the while avoiding years of lasting pain in their musculoskeletal system.
– On that, I have noticed that your website, KubaNovotny.cz puts a lot of emphasis on injury prevention. Yes, for the simple reason that performance and injury prevention go hand in hand in developmental kinesiology. It’s not two discrete things, it’s one and the same. For instance, the Czech kayaker I work with: in our first month together his performance improved by 20%, while his back pain disappeared. Having said that, it’s even more complex: Not only do you get better and avoid injury, but the better your movement, the better also your ability to recover, insofar as different hormones will get to your brain and allow your body to start recovering sooner after training (than if your movement is not optimal).
At this point I am utterly stunned. In an era that is so keen on making the most of the marginalest gains, I wonder why on earth developmental kinesiology has not become the talk of the town in coaching circles the world over. If you can improve 1) your performance, 2) your recovery and 3) the length of your injury-freeness, just why isn’t it a staple of training?!? Is it the future of training, of coaching? Are Dr. Čumpelík and his student Kuba ahead of their time? I cannot help but recall how another Czech sportsman revolutionised training in his own era: indeed Emil Zatopek, the famous long-distance runner, put interval training on the map.
– So, is developmental kinesiology the next big thing? I don’t have a crystal ball. But I can safely say it is definitely not mainstream and may never be. I spent around 500 hours studying and four times more practicing for myself, and I am nowhere near the end. Complex movement is… really complicated! The issue I see is that this knowledge can’t be passed on by text or by video. Until you actually experience, for yourself, a new level of quality in your movement, you just cannot get an idea of how good this thing is and how useful. Having said that, there are now 41 coaches, doctors and physiotherapists attending my yearly program (weekly 2-hour classes) so there is some interest.
– One thing I could see being a slight issue with climbers (and other sporty people) is that it may not look or feel like ‘training’. More like yoga or physio, but physio is not seen as training by many. That’s also why climbing technique is sometimes overlooked, because it doesn’t make you sweat and hurt. Yet it brings massive rewards down the line… Yes, that is another weak spot obviously. But from my point of view, you either want to get better and then do whatever it takes, or you just want to get tired and soar to feel good. Which is alright, some people just want to have fun and clean their heads after a day at work. But if you want to keep improving and are willing to focus, I will be happy to show you how to get your climbing to the next level. And by the way, after you improve your movement you can work even harder. For example, that kayaker I was talking about, after 2 hours of training his paddle would usually fall off his hands: he was pumped. Yet after we worked on the rotation of his ribs he could train 40 minutes more, hence get his whole body tired, not just his forearms.
– Pretty mind-boggling. And there is one more thing. There are two zones for learning: the learning and performance zones. With young athletes it is important to work hard on their learning zone, so they can later benefit in their performance. For athletes at their peak you have to find the right balance between the learning and performance zones in their training. What is unique in this attitude is that we can add more quality in the learning zone training, so it is even more beneficial.
– Phew, that is so much to take in… But anyway. You don’t just coach top athletes, so what are the differences between us normal people and them? Well, I mentioned earlier how fast top athletes are able to make something new their own, so the time required to master new skills is one massive difference. Top athletes often need only a couple of repetitions to ‘get’ something, whereas we usually need a couple of weeks or months.
– And on the injury side of things, is it the same for all of us? Obviously it is very individual, but at the same time there are some usual issues 90% of climbers who seek my help are suffering from.
Conclusion by Denis : Ah ah, that reminds of Dave McLeod’s 9 out of 10 Climbers Make the Same Mistakes. Great minds etc…
As Kuba says, it is pretty difficult to realise just how helpful to a sportsperson developmental kinesiology really is. Why? Because it forces us to think in a way we are not used to. I was going to say ‘we, in the West’… Indeed, in the way it regards the body as a whole, and not just parts put together by dint of necessity, it bears a resemblance to a more Eastern perspective on things. Which is why I was not surprised to learn that Dr. Čumpelík has been a yoga devotee for 40-odd years.
Maybe the best way to help the reader visualise it harks back to one of my first encounters with Kuba. He was belaying my friend Dave and, knowing he had quite a few coaching sessions that day, I asked him why he wasn’t wearing belay glasses. He replied he didn’t need any. ‘That’s because you’re young’ I joked. Then he explained that lifting your head up doesn’t need to hurt your neck, but for that you need to understand how to engage the whole muscle chain that supports the head. For that, the best way is, when you belay, to try and push your elbows away from your trunk. This will activate muscles in your back, which in turn will tense up the muscles in the back on your neck. Now when you lift your head up you are not relying solely on your neck vertebrae, i-e putting all the stress of the un-natural position on one small and fragile part of your body, you are relying on its whole upper half to support your position. So: less stress on the neck, no pains, and muscle reinforcement.
It may sound trivial for belaying. But imagine what this way of thinking/understanding can do for climbing itself? If you connect the physiological and skeletal dots together in the most efficient way? In my eyes, it is pure gold.