“You cannot understand” : tel est le nom de la dernière vidéo consacrée au falaisiste belge Seb Berthe aux prises avec le célèbre 9b de “Fight or flight”. Le réalisateur Simon Maurissen a suivi Seb à Oliana au printemps 2021 et documente le processus de travail de la voie qui malheureusement s’est avéré infructueux. Une vidéo rafraîchissante sur la recherche de la haute difficulté, faite de hauts et de bas.
“You cannot understand”: here is the name of the little movie dedicated to Belgian rockclimber Seb Berthe trying “Fight of flight” famous 9b. Filmmaker Simon Maurissen followed Seb in Oliana at Spring 2021 and documented the process in the route, unfortunately with no cigar. A funny video about the extreme difficulty quest with up and downs.
ll y a moins d’une semaine je mettais un essai dans mon projet à Oliana. A ce moment-là les températures étaient extrêmes, 41 degrés à l’ombre. Je tombais à 4 mouvements du relais et me disais que j’allais attendre la semaine suivante pour y regrimper, les températures étant censées se calmer. A ce moment-là, je ne savais pas que je serai la dernière personne à grimper sur la falaise que l’on a connue.
2 jours plus tard des incendies commençaient à se déclarer dans la région, les hélicoptères tournaient en permanence devant chez moi à Coll de Nargo ( à 10 min d’Oliana) pour puiser de l’eau dans le lac. Il a vite été interdit de se balader sur les pistes et de pratiquer toute activité outdoor à Coll de Nargo, Oliana, Abella de la Conca et Organya, grimpe y comprise.
Dimanche 19 juin, vers 14h30, un incendie s’est déclaré dans un champ au pied de la falaise d’Oliana, suite à l’utilisation d’une machine pour couper du foin. Ce jour-là les températures étaient encore très (trop) élevées et il y avait 50 km/h de vent. Cela fait plus d’un mois que l’on a des températures critiques dans la région, tout était très sec et le feu s’est donc propagé très rapidement dans la forêt, puis sur et au-dessus de la falaise. Pendant plusieurs heures la falaise s’est retrouvée sous les flammes et la fumée. Avec le vent l’incendie est ensuite passé de l’autre côté de la falaise, et n’a été contrôlé que bien plus tard dans la nuit / lendemain matin. Lundi soir, il y avait encore des arbres qui brûlaient sous la falaise.
Aujourd’hui, 2 jours après le début de l’incendie, nous avons pu monter au secteur de grimpe pour voir l’étendue des dégâts, avec Dan Forgeng (grimpeur américain vivant également à Coll de Nargo) et Paxti Usobiaga (vivant à Oliana). Nous passons notre temps à grimper ici, c’est un peu notre deuxième maison. Donc en arrivant à la falaise nous avions les larmes aux yeux, c’était une vision apocalyptique toute cette forêt brûlée. Heureusement il n’y a eu aucune victime et les pompiers de la région ont été extraordinaires. Un énorme merci à eux pour leur courage et travail acharné.
Concernant l’état de la falaise, c’est difficile à dire. Pour résumer : le mur de gauche est très très abimé à partir de la voie « Michi », les dégaines en place ont cramé et le rocher se délite de partout. La première couche de rocher se casse dès qu’on la touche, le sol est recouvert de prises. Il faudrait un énorme nettoyage et tout rééquiper. Mais, quoi qu’il arrive, les voies ne seront plus jamais celles qu’on a connues.
Le mur central et le mur de droite ne PARAISSENT pas si mal mais certaines prises ont cassé (parfois de gros morceaux) et sont au sol, et le rocher a forcément été endommagé à d’autres endroits avec la chaleur des flammes. Il est impossible de savoir ce qui est maintenant solide ou non. Il y a certainement des micro-fissures à plein d’endroits et ce qui n’est pas tombé aujourd’hui pourra tomber plus tard. Nous n’avons également aucune idée de la résistance des dégaines et des points. Visuellement ça a l’air d’aller, sur cette partie les dégaines n’ont pas brûlé, mais nous n’avons pas les connaissances techniques pour savoir si la résistance des équipements a été altérée ou non par la chaleur mais il paraît évident que oui. Il paraît plus prudent de tout remplacer. Si quelqu’un a des infos là-dessus merci de me contacter!
Dans tous les cas, il serait bien trop dangereux de grimper là-bas avant que l’on ait bien tout checké. Il faut attendre que les grosses chaleurs passent, les pluies également car elles risquent de faire tomber d’autres prises et tout ce qui a cramé au-dessus de la falaise. Il faut bien être conscient que pour le moment, même simplement se balader au pied des voies n’est pas safe.
A partir de Septembre nous prévoyons donc un gros effort de nettoyage et rééquipement. Si des personnes et marques sont prêtes à aider, vous êtes les bienvenus, il y aura beaucoup de travail. La première étape, et la plus importante, sera la sécurisation et nettoyage du site : chemin d’accès, pied des voies et voies. Le problème de reforestation se posera aussi. Ensuite nous pourrons passer à la partie escalade. Nous mettrons en place un crowdfunding pour ceux qui souhaiteraient contribuer. Tous ceux qui sont prêts à aider en septembre / octobre peuvent me contacter sur les réseaux sociaux ou via Planetgrimpe.
Il faut rappeler que ce qu’il s’est passé ces derniers jours à Oliana résulte d’un problème bien plus important que la simple destruction de nos terrains de jeu. Le réchauffement climatique détruit la planète et si nos gouvernements n’agissent pas, nous le pouvons à notre échelle. Il y a plein de petites actions à faire, tant dans notre pratique sportive que dans notre mode de vie. A commencer par éviter de laisser des traces de votre passage à la falaise, nous avons retrouvé des bouteilles en plastique carbonisées dans les buissons. Ne pas faire de feu quand il fait 40 degrés… Respecter l’environnement n’est plus une option. Dans le monde de la grimpe je vous invite vivement à suivre les actions des personnes telles que Eline Le Menestrel et Nolwen Berthier qui sont très impliquées à ce sujet, ou des associations comme Greenspits.
Confrontée à une intense vague de chaleur depuis plusieurs jours, l’Espagne étouffe. Si bien que plusieurs incendies se sont déclarés dans le pays, dont trois importants en Catalogne. La falaise d’Oliana, l’un des spots de grimpe les plus mythiques du monde, a été prise sous les flammes.
Hier, dimanche 19 juin, à 14h30, les secours ont reçu une alerte concernant un feu de végétation à Oliana. Un incendie est parti d’un champ situé en dessous de la falaise. Alors que le thermomètre affichait 43°C, les flammes se sont très vite propagées et ont gagné le rocher.
Plus de trente-cinq équipes au sol et sept équipes aériennes ont été déployées sur place, pour tenter de maîtriser l’incendie. Malheureusement, la falaise d’Oliana a été prise durant de longues heures au coeur de l’incendie, et les flammes ont ravagé le rocher. Emmené par les vents, l’incendie a poursuivi sa course de l’autre côté de la montagne et semble être sur le point d’être maîtrisé par les secours.
En raison des températures élevées et du faible taux d’humidité dans l’air, le niveau 3 du plan Alfa, c’est-à-dire le niveau maximal, impliquant la suspension de toutes les activités présentant un risque d’incendie de forêt, a été déployé. Pour l’heure, la falaise est inaccessible et nous ne sommes pas encore en mesure de constater l’ampleur des dégâts dans les voies d’escalade.
Oliana est l’un des spots de grimpe les plus connus dans le monde. La plupart des voies sont situées dans le 8ème et 9ème degré et des grimpeurs du monde entier viennent passer l’hiver dans cet endroit de la Catalogne. Parmi la trentaine de voies présentes, Chris Sharma y a équipé les plus dures. On retrouve notamment trois 9b, « Fight or Flight » « Mamichula » et « Shaxi Raxi » ainsi que le célèbre 9b+ « La Dura Dura ».
Stupeur et consternation avec cette triste info en provenance de Catalogne. Les abords de la falaise mythique de Peramola (Contrafort de Rumbau, située juste au-dessus d’Oliana) ont complètement brûlé hier. La vallée du Segre a été soumise à de très fortes chaleurs en fin de semaine dernière avec des températures caniculaires (43° le jour et même 35° la nuit de vendredi à samedi !) et des incendies se sont déclarés un peu partout dans la région non loin de spots de grimpe : Coll de Nargo, Abella de La Conca,… D’après nos informations, l’incendie à Oliana s’est déclenché dans un champ situé sous la falaise et est remonté dans la végétation, a traversé la piste pour aller jusqu’en bas des voies. Les flammes ont réussi à gagner la vire sommitale de la falaise 50 mètres plus haut pour ensuite s’engager dans un couloir sur la gauche qui a fait effet de cheminée, l’incendie gagnant rapidement la haut de la crête pour ensuite redescendre en versant nord, escarpé et difficilement accessible… On ignore à l’heure actuelle les dégâts occasionnés par l’incendie sur le secteur mais il est probable au vu de l’ampleur du sinistre qu’ils soient très importants et que le rocher ait été altéré. Espérons que les voies célèbres qui ont fait la réputation des lieux comme “La Dura Dura”, “Papi Chulo”, “Mind Control” ou “Fish Eye” soient restées intactes…
Sad news coming from Catalunya. Due to high temperatures in Western Europe this week-end, Oliana’s crag burned yesterday. According to our informations, the fire started in a field below the crag then went up through the trees, crossed the track and went to the crag. Flames were huge and the ledge above the anchors burnt. Then the fire continued to climb until the top of the mountain (Roc de Rumbau) and went on the other side, the Nord face. We don’t know precisely the damages caused by the fire at the crag but considering the images the rock could be touched. Hope the famous classics like “La Dura dura”, “Papi Chulo”, “Mind Control”, “Fish Eye” are still doable…
Quatre semaines à Oliana pour travailler “La Dura Dura” (9b+, Nico Pelorson) et “Fight or flight” (9b, Lucien Martinez) tel est le mois de mars programmé par les deux compères en Catalogne. Lors des derniers jours du séjour, c’est Lucien qui se distingue avec la réalisation de son “projet secondaire”, la King line classique de “Papichulo”, 50 mètres d’un calcaire bleu magnifique. Après plusieurs réalisations dans le 9a et peut-être en point d’orgue “3 degrees of separation”, Lucien coche ici son potentiel premier 9a+.
– Bravo pour “Papichulo”. Tu as essayé longtemps ? Projet secondaire ? comment ça s’est passé en gros étape par étape ? Oui j’ai essayé longtemps, j’ai commencé à monter dedans il y a 4 ans. Et au final j’ai aucune idée du nombre de séances mais ça doit faire beaucoup. Par contre c’était toujours mon projet secondaire de fight or flight et j’essayais quand les condi étaient pas suffisamment bonnes (c’est à dire trop chaudes pour taper des essais dans fof). Avant cette année, c’était presque que des montées de travail irrégulières et j’avais jamais été en situation de taper des run d’enchaînement. Ce mois de mars idem, j’ai essayé les jours ou il faisait chaud et j’ai compris dès les premières montées que j’avais un coup à jouer. Il continuait de faire (relativement) chaud alors j’ai insisté dedans et ça a fini par faire.
– Cette voie fait partie d’une trilogie de King Lines en 9a+ avec “Biographie” et “La rambla”. Tient-elle son rang selon toi ? C’est vrai qu’au niveau historique Papichulo est un peu moins prestigieuse que les deux autres. Mais au niveau de la qualité aucun doute qu’elle tient sont rang. C’est une voie de 50m dans un mur impressionnant et sur un caillou de qualité exceptionnelle (à part le socle de départ). C’est une vraie King Line.
– Un mot sur le niveau. Est-ce ton premier 9a+ ? Épineuse question ! Cette voie, c’est une épreuve de continuité dans laquelle il faut empiler des sections de rési séparées par des repos plus ou moins bons. Après un socle bien violent de 8m en 8b et un repos total assis sur une vire, il faut faire une section très très rési en solide 8c qui débouche sur un repos vraiment pas bon du tout. Et toute la clef de la voie est de réussir à repartir de ce “repos” suffisamment frais pour faire un 7A bloc assez demandeur en influx. Et ça, c’est quand même dur, sachant qu’après il y a un repos un peu meilleur (mais pas très bon quand meme) et qu’il faut encore se frapper un 8a+ ou 8b de rési très daubant. Tout ça pour dire que c’est typiquement une voie que tu n’as aucune chance de faire si tu n’es pas très forme, mais que les gens très en forme peuvent faire assez facilement. Selon moi, pour la dimension de continuité et pour la dimension mentale (c’est super éprouvant de devoir empiler toutes ces sections sans faux pas) je pense que c’est un petit cran plus dur que toutes les voies que j’ai déjà faites, y compris “3 Degrees of Separation” (qui est un très gros 9a selon moi). Donc je pense que Papichulo est un minuscule 9a+, mais qu’elle ne mérite pas d’être décotée. Donc oui, mon premier 9a+.
– Comment t’entraines-tu spécifiquement pour ces voies extrêmes, toi qui résides relativement loin des falaises et des voies de haut niveau ? Je me suis entraîné très sérieusement ces derniers mois. Principalement à base de séances de doublettes à la salle de voie de Karma et de séances de rési sur le pan de la salle Blocage.
– Et “Fight or flight” dans tout cela ? Ça restait l’objectif principal de ce séjour à Oliana. Et ça a raté. Au moment où j’ai fait Papichulo, je me suis senti tellement en forme que j’ai cru que je pourrais la faire. D’autant qu’à la fin du trip on a eu un créneau de deux jours d’une collante exceptionnelle. Il faisait 6-7 degrés avec des rafales à 70km/h de vent du Nord. Je me suis dit cette fois c’est la bonne et en fait non. J’avais le niveau physique pour faire mais 0 marge. Ça me mettait dans la situation où je devais absolument sortir le run parfait et j’ai pas réussi (même si c’était vraiment proche). Je suis très déçu mais maintenant mon histoire avec cette voie va plus loin que l’escalade, je peux pas abandonner ! Il faut que je trouve la solution pour réussir un jour.
– D’autres coches à Oliana pendant ce mois ? Nico il a fait Joe Blau et Blanquita, les 2 8c+ classique de la falaise. Pour l’anecdote, avant nos run dans les voies, on s’amusait à donner nos pourcentages de chance de réussite. Eh bien avant d’enchaîner Joe Blau, il avait annoncé 2% et avant Blanquita, il avait annoncé 90%. Comme quoi il faut toujours y croire !
– Ton compère Nico Pelorson a-t-il ses chances dans “La Dura Dura” ? Clairement ! Il a tellement la marge dans les mouvement qu’il a une chance c’est sûr. Après, la première partie c’est un énorme défi d’endurance de force, et puis il faut être surafuté en récup/conti pour empiler la deuxième. Donc il va devoir entraîner très sérieusement ces filières pour concrétiser. Mais il n’y a aucun doute sur le fait qu’il peut la faire l’an prochain.
Four weeks to work “La Dura Dura” (9b+, Nico Pelorson) and “Fight of Flight” (9b, Lucien Martinez), here is the month of March of the 2 French guns in Catalunya. During the last days of the trip, Lucien could finish his second project with the 50 meters King Line “Papichulo” on a superb blue limestone. After a lot of sends in the 9a range under his belt and highlight with a rare repeat of “3 degrees of separation”, Lucien ticks here his first 9a+.
– Congrats for “Papichulo”. Have you tried it for a long time? Secondary project? How did it go step by step? Yes, I tried for a long time, I started to work it 4 years ago. And in the end I have no idea of the number of sessions but it must be a lot. On the other hand it was always my secondary project of “Fight or flight” and I tried when the conditions were not good enough (ie too hot to put tries in fof). Before this year, it was almost only irregular work and I had never been in a position to put tries for the send. This month of March ditto, I tried the days when it was hot and I understood during my first goes that I had something to do. It continued to be (relatively) hot so I insisted in it and it ended up with the send.
– This route is part of a trilogy of King lines in 9a+ with “Biographie” and “La Rambla”. Does it stand its rank according in your opinion? It’s true that acording to an historical side, Papichulo is a little less prestigious than the other two. But in terms of quality, there is no doubt that it holds its rank. It is a 50 meters route in an impressive wall and on a rock of exceptional quality (apart from the start). It’s a real King Line.
– A word about the grade. Is this your first 9a+? Tricky question! This route is a test of stamina in which you have to link some sections of resistance separated by moreor less good rests. After a very violent start of 8m in 8b and a total rest sitting on a ledge, you have to do a very very resistant section (solid 8c) which leads to a bad rest. The key to the route is to leave this “rest” fresh enough to do a 7A boulder that requires a lot of power. And that’s still hard, knowing that afterwards there is a little better rest (but not very good anyway) and that you still have to finish with an 8a+ or 8b of very resistant and pumpy. It’s typically a route that you have no chance of send if you are not very fit, but if they are fit people can do quite easily. In my opinion, for the stamina testpiece and for the mental dimension (it’s very demanding to have to link all these sections without mistakes) I think it’s a little bit harder than all the routes I’ve already done , including “3 degrees of separation” (which is a really big 9a in my opinion). So I think “Papichulo” is a low end 9a+, but it doesn’t deserve to be downgraded. So yes, my first 9a+.
– How do you train specifically for these extreme routes, you who live relatively far from crags and extreme routes? I’ve been training very seriously over the past few months. Mainly based on double routes sessions in a lead wall and resistance circuits in a bouldering gym.
– And Fight or flight in all this? That remained the main objective of this stay in Oliana. And I failed. When I did “Papichulo”, I felt so good I thought I could do it. Especially since at the end of the trip we had an exceptionally sticky two-day window. It was 6-7 degrees with gusts of 70km/h wind from the North. I said to myself this time it’s the good one and in fact not. I had the physical level to do but no margin. It put me in the situation where I absolutely had to make the perfect try and I didn’t succeed (even if it was really close). I’m very disappointed but now my story with this route goes beyond climbing, I can’t give up! I have to find the solution to succeed one day.
– Other ticks at Oliana during this month of climbing? Nico he did “Joe Blau” and “Blanquita”, the 2 classic 8c+ of the crag. For the record, before our goes in the routes, we had fun giving our percentages of chance of success. Well before sending “Joe Blau”, he had announced 2% and before “Blanquita”, he had announced 90%. You always have to believe in your chances!
– Does your friend Nico Pelorson have a chance in “La Dura Dura”? Sure! He has a lot of margin in the moves so he has a chance, that’s sure. Afterwards, the first part is a huge strength endurance challenge, and then you have to be super fit in resistance and stamina to send the second. So he will have to train these sectors very seriously in order to be close. But there’s no doubt that he can do it next year.
Expatriée depuis quelques temps en Espagne, la Franco-Islandaise se délecte des nombreuses falaises qui s’offrent à elle, et de nouveaux projets devraient voir le jour rapidement!
Voici son commentaire suite à cette belle croix:
Alors « Fish Eye » c’est un 8c de 50 m qui se découpe en 7 sections. aucune section n’est très dure mais aucune n’est facile non plus, c’est plutôt soutenu. Il y a une section crux assez physique au milieu et une à la fin sous le relais, dans du vertical sur petites prises.
J’ai été voir cette voie pour la première fois il y a des années (4-5 ans peut-être?), j’avais fait tous les mouvs à la première montée du coup je m’etais dit que je pourrais l’enchaîner un jour. Et depuis c’est devenu mon objectif principal en grimpe! D’une manière générale je me suis beaucoup investie dans ce projet ces dernières années, mais plus particulièrement cette annee. J’ai demandé à Mélissa Le Nevé de m’entraîner, ça fait maintenant un peu plus d’un an qu’on bosse ensemble.
L’année a été entrecoupée de blessures (opération de la cheville, entorse à l’épaule puis autre entorse à la meme cheville) et ça m’a énormément aidé d’avoir Mel. Elle a géré mes entraînements, le mental et la rééducation et on a fait un gros travail de fond pour Fish eye. Un énorme merci à elle!
Concernant le nombre d’essais je ne peux même pas compter tellement il y en a eu sur les années précédentes. Mais cette saison j’ai enchaîné à mon 15e jour dans la voie. 4 semaines intenses, avec 4 séances par semaine. À la base C’était censé être des séances d’entraînement pour être en forme en mars (pour le début des bonnes conditions à Oliana). Mais je me suis vite sentie bien dans la voie, donc j’ai commencé à penser que je pouvais enchaîner avant la fin de l’année. Ce qui était dur c’était de tomber toujours au même endroit dans la section du milieu, elle m’a posé pas mal de problèmes. La 2e semaine je savais que j’étais assez en forme pour enchaîner si je passais cette section mais je tombais tout le temps dedans. La 3e semaine je suis tombée 2 fois au crux du haut. Ensuite j’ai eu 3 sessions où je retombais au milieu donc mentalement je n’y croyais plus trop. Et puis le 30 décembre je suis partie pour faire un run de chauffe, en fin d’aprem mais encore au soleil pour pouvoir mettre un vrai run après, juste avant la nuit. Du coup je suis partie assez détendue et finalement j’ai enchaîné comme ça ! J’ai donc clippé le relais, pile poil à temps pour terminer l’année en beauté!
Pour la suite j’aimerais profiter d’être en forme pour essayer « Mind control », un autre 8c classique d’Oliana. Mais je crois que j’ai aussi besoin de faire une petite coupure de la grimpe et me remettre tranquillement de mes émotions. Un immense merci à tous ceux qui ont partagé cette aventure avec moi, pour moi c’est vraiment une croix collective car avoir de telles bonnes vibes à la falaise ça aide énormément.
Après avoir réalisé “Patxichulo” en plein cagnard en Septembre (et “Joe mama” il y a 2 ans) Anak Verhoeven est de retour aux affaires à Oliana, réalisant cette semaine la classique “Joe Blau” 8c+ ainsi que la variante plus dure de sortie par la gauche via “Morenita”, nommée “Joe Cita” 9a. Des performances inattendues après une blessure au petit doigt contractée il y a 2 mois.
“Je devais faire attention à l’entrainement avant de partir, donc je n’étais même pas sûre de pouvoir faire sur ce trip. Mon petit doigt me cause encore des ennuis sur certaines prises (tout comme dans la vie de tous les jours, pour attraper des objets par exemple) mais ça s’améliore et bizarrement dans cette voie cela s’est très bien passé. Ce n’est pas le 9a le plus dur, mais je ne pense pas que cela vaille une décote. Il y a un crux bien funky en haut: depuis un trou à chopper de l’index main gauche en semi inversée, j’enroule mes autres doigts autour de l’index, monte mon pied droit bien haut et je lance sur une arquée en tendu. Vraiment intéressant.”
Bien évidemment, Anak ne s’arrête pas ici à un 8c+ et un 9a et veut s’atteler à un projet bien plus dur de la falaise… Nous vous tiendrons bien sûr informés de l’issue !
After her success on “Patxichulo” in the scorching September sun (not to mention “Joe mama” 2 years ago), Anak Verhoeven is back in business at Contrafort de Rumbau, Peramola, Oliana. In the last few days, the Belgian woman climbed “Joe Blau” 8c+ as well as the harder left exit “Joe Cita” 9a, finishing with the bouldery top part of “Morenita”. Quite a feat after injuring a pinky finger 2 months ago.
“I’ve had to hold back in training and until right before leaving, I wasn’t sure if I would be able to go on this rock trip at all. The pinky is still not feeling great on some kinds of holds (and mostly in everyday life when grabbing things), but it has improved a lot and in this route if felt totally okay. About the grade: it’s not the hardest 9a, but I don’t think it needs a downgrade. And a little more about that last part: it is characterized by a funky crux move – left index finger into a sidepully/underclingy one-finger pocket, I then curl my other fingers around the index, place my right foot high and deadpoint to a crimp. Super interesting climbing.”
Of course, Anak isn’t here for a mere 8c+ and 9a. She is motivated to try a proper hard route here… So stay tuned for potential fresh news…
De nouveau un peu d’escalade sportive en Espagne, avec trois extrêmes répétitions en Catalogne !
*** Jorge Diaz-Rullo réalise la 3ème ascension de “Samfaina” à Margalef, qui n’est autre que son projet secondaire de Finestra après “Cafe Colombia”. La voie est plutôt continue avec deux mouvements très durs sur bidoigts. Libérée par Chris Sharma en 2010 et immédiatement répétée par Ramon Julian, cette voie est restée ensuite sans nouvelle ascension pendant plus d’une décennie. Jorge propose 9a+ pour “Samfaina”, la jugeant plus dure que les autres 9a qu’il a réalisés dans ce mur.
*** “PapiChulo” de nouveau répété : quelques semaines après Mathieu Bouyoud, c’est cette fois-ci le grimpeur autrichien Stefan Scherz qui clippe le relais. Un peu plus de 2 mois après s’être cassé le pied et s’être donné comme défi de revenir plus fort pour réussir son premier 9a+, Stefan Scherz a tenu son pari à Oliana ! Âgé de seulement 20 ans et avec déjà quelques voies en 9ème degré à son actif, le compétiteur habitant Innsbruck semble en pleine progression. Jakob Schubert va commencer à regarder dans ses rétroviseurs !
*** Quelques jours après “King Capella”, Alex Megos réalise la seconde ascension de l’autre voie extrême du secteur Capella de Siurana libérée ce printemps par Will Bosi, “Furia de Jabali” 9b. Toujours sans se prononcer sur le niveau, Alex annonce 7 jours de travail et 3 gros steaks notamment dus à des conditions très froides avant sa réussite.
*** Jorge Diaz-Rullo just did “Samfaina” ‘s third ascent, his second project of Finestra sector, Margalef after his big one, “Cafe Colombia”. “Samfaina” is a power resistance testpiece with 2 hars moves on twofinger pockets. Freed by Sharma in 2010 and immediately repeated by Ramon Julian, the route was still unclimbed since more than a decade. Jorge proposes 9a+ for this one, that he finds harder than the other 9a’s he climbed on this impressive wall.
*** A new repeat of “papichulo” : few weeks after Mathieu Bouyoud, Austrian climber Stefan Scherz just clipped the anchor of Oliana’s kingline, “Papichulo”. 20 years old and few 9a’s under his belt, the competitor from Inssbruck seems to be in huge progression. Jakob Schubert will start to have a look in the mirror…
*** Few days after “King Capella”, Alex Megos is finishing the business in Capella sector of Siurana with “Furia de Jabali”, second ascent. Freed this spring by British climber Will Bosi, this short and sharp line took to Alex 7 days of projecting and 3 splits of his fingers due to very cold weather.
Suite à la réalisation à vue de “Fish Eye” et “American Hustle”, tous deux 8c, par Janja Garnbret la semaine passée à Oliana, nous sommes allés poser quelques questions à la championne olympique. En bonus sous l’interview, on vous offre la vidéo de Janja à vue dans les principales difficultés de “American Hustle”.
– Quel était l’objectif de ta venue à Oliana ? Je voulais essayer quelques voies et voir comment je me sentais en grimpant ici et je voulais aussi voir ce que je pouvais donner à vue.
– Comment t’es venue l’idée d’essayer “Fish Eye” ? Je ne pensais pas vraiment essayer un 8c à vue, mais plus tard ce jour là j’ai juste décidé de mettre un essai dans “Fish Eye”. Pas de pression, juste de l’escalade.
– Comment ça s’est passé pendant le à vue ? Peux-tu décrire ton escalade ? Je me sentais super bien, relâchée et concentrée. Je n’ai pas paniqué si je ne comprenais pas à une séquence tout de suite, je me sentais bien. Je pense que j’ai grimpé assez vite, et cela était assez approprié. J’ai pris du temps dans la dalle finale car il n’y avait pas trop de magnésie et je ne voulais vraiment pas me la coller.
– Tu étais pétée ? Quand as-tu compris que tu pouvais la faire ? Dans la première partie difficile je n’étais pas si pétée. Jusqu’au dernier bac de la partie déversante j’ai grimpé très vite, je me suis reposée là où j’ai pu et à cette prise-là, j’ai compris que je pouvais la faire. Mais la dernière partie était assez piégeuse donc j’aurais pu tomber partout, j’ai réussi à rester calme et à trouver les séquences.
– Avais-tu essayé de réaliser un 8c à vue avant ? Tu penses comme moi que tes limites sont plus loin ? Je n’ai jamais essayé de réaliser un 8c à vue, avant j’avais fait des essais flashs dans les 8c, ou alors j’avais dû les travailler un petit peu avant de les enchainer. Mais maintenant je pense que si je trouve une voie qui me convient bien je peux essayer de réaliser à vue quelque chose de plus dur.
– Peux tu décrire ton à vue d'”American Hustle” ? Un gros combat ? Ma décision était globalement la même qu’avec “Fish Eye”. J’ai juste décidé d’y mettre un essai, sans pression. De mon point de vue c’est plus dur que “Fish Eye” et j’ai eu à batailler un peu plus. J’étais super relax et j’ai pu réussir les mouvements assez rapidement. Ce n’était pas si évident, et j’ai vraiment dû me battre dans certaines parties de la voie.
– Peux tu comparer “Fish Eye” et “American Hustle” ? Quelle voie as-tu trouvé la plus dure ? Aha j’ai déjà répondu dans la question précédente. Je dirai que “Fish Eye” est plus facile et aussi plus triviale dans la partie dure déversante, mais la partie du haut est piégeuse. D’un autre côté, “Amercan Hustle” est plus dure, plus puissante et intense mais la partie du haut est très belle et plus évidente. J’étais assez perdue dans certaines parties mais j’étais plus confiante dans le haut. Mais de mon point de vue “American Hustle” a été plus dure à faire à vue.
– Tu es allée repérer “La dura dura” et “Joe mama”. Reviendras-tu pour les essayer à fond ? Ou as-tu des projets à la maison ? Je vais vraiment devoir revenir ! Finir ce que j’ai commencé. J’adore essayer d’autres voies. J’ai des projets à la maison mais si j’ai l’opportunité de venir à Oliana je la saisirai.
– Quels sont tes rêves, les choses que tu aimerais accomplir en milieu naturel ? Ou préfères-tu te concentrer uniquement sur des objectifs en compétition ? Bien sûr que j’en ai ! J’aime les deux ! J’ai juste besoin de trouver les bonnes périodes pour le faire. J’ai encore des choses à faire en compétition mais j’ai aussi des projets en extérieur dans un coin de ma tête.
We asked a few questions to Janja Garnbret after her onsight of “Fish Eye” and “American Hustle”, both 8c in Oliana last week. In addition, you will find the video we shot of the main difficulties of her onsight send of “American Hutsle”. Enjoy!
– What was the plan for your stay in Oliana? I wanted to check out some routes to see how I feel, but mostly just climbing and I also wanted to see how far I can go with my onsight.
– How did the idea of trying to onsight “Fish Eye” come up? Actually I never thought of trying to onsight an 8c, but later that day I just decided that I would give “Fish eye” a go. No pressure, just climbing.
– How did you feel during the onsight? Can you describe your climbing? I felt super good, very relaxed and focused. I didn’t panic if I didn’t see a sequence right away, I was super chill. I think I was climbing pretty fast, resting where I thought was appropriate. I took some time in the last slabby part because there was no chalk anywhere and I really didn’t want to fall there.
– How was your pump? When did you understand that you would actually succeed? In the first “harder” part I wasn’t that pumped. Up to the last jug of the more overhanging part I climbed pretty fast, resting where I needed and there I realised that I could succeed. But the last part was very tricky so I could fall anywhere but I stayed calm and slowly figured out the sequence.
– Have you ever attempted to onsight an 8c before? Do you think-as many do-that you haven’t reached your limits yet? I have never attempted to onsight an 8c, before it was more flash attempt or I had to work a bit to send the thing. But now I think with the right route I could also try to onsight something harder.
– Can you describe your onsight of American Hustle? A big fight? My decision was pretty much the same as with “Fish eye”. I just decided to give it a go, no pressure to onsight it. In my opinion it’s harder than Fish eye so I also had to fight a bit more. But I was very relaxed and could solve the moves pretty fast. It was not so obvious so I had to really fight in a few sections of the route.
– Can you compare your ascents of “Fish Eye” and “American Hustle”? Which route did you find harder? I actually already answered in the previous answer but I would say “Fish eye” is easier and more obvious in the harder overhanging section, and the top part is very tricky. On the other hand “American Hustle” is harder, more powerful and intense and less obvious. I would say I was pretty lost on some parts of the route but the top part was very nice and obvious compared to the one in “Fish eye”. So in my opinion American Hustle was harder to onsight.
– You checked out “La dura dura” and “Joe mama”. Will you come back to redpoint them or other routes? Or are the plans you alluded to closer to home? I definitely need to come back! To finish what I started. I would also love to try other routes. I also have some projects at home but if I get a chance to go to Oliana I will take it.
– Have you got some dreams of rock climbing achievements, or you prefer to focus on competitions? Of course I do. I love both! I just need to find the right time when to do what. I still have some things to do in competitions, but I also have some outdoor projects in mind.
Une King Line de plus dans la besace de Mathieu Bouyoud ! En effet, l’expérimenté falaisiste chambérien a coché hier lors d’un combat titanesque une des voies majeures de la falaise d’Oliana, “Papichulo” 9a+. Mathieu a fait jouer toute sa science de la grimpe pour faire un run qui se rapproche de la perfection, et c’est une rare fois où nous avons entendu Mathieu crier dans une voie d’escalade, lui qui nous a habitué à dérouler les voies dures presque en sifflotant !
“Papichulo” remonte le mur central d’Oliana sur près de 50 mètres dans des coulées bleues sculptées, à coup sûr une des voies les plus belles d’Europe dans ce niveau, souvent associée par les grimpeurs forts à “La Rambla” et “Biographie” pour constituer une trilogie de rêve de voies sportives majeures. Après un départ très bloc environ 8b/+ et un repos total sur une vire où on peut s’asseoir, les hostilités commencent avec 15 mètres de 8c/+ très résistants jusqu’à un semi-repos, avant un pas de bloc constitué d’un derviche et d’un mouvement dynamique difficile à négocier car demandant de la précision et un travail chirurgical de préhensions (environ 7A bloc). S’en suit une boucle résistante puis un final conti qui alterne pas de bloc et repos, où il ne vaut mieux pas mollir…
“Ma première montée dans “Papichulo” remonte à juin 2019 juste après avoir enchaîné “Esclatamasters”. J’ai ensuite réalisé 10 jours en novembre 2019, une semaine fin décembre et 10 jours en février 2020, où j’étais assez proche, tombant dans la boucle. Malheureusement l’épidémie de Covid ne m’a pas permis de terminer ce chantier immédiatement, alors j’ai collé une photo de la falaise sur mon frigo histoire de me remémorer chaque jour ce projet et entretenir ma motivation ! Juste de reparler de ce projet avec Axel Ballay me redonnait envie de revenir finir le travail. “Papichulo” est un des plus beaux 9a+ à faire, l’endroit est incroyable, le bombé bleu est parfait. Une voie qui me convient bien, à doigts et continue. J’ai sorti le run parfait pour dompter la bête.”
Au 3ème jour de travail cette semaine et au 4ème séjour, Mathieu réussit donc son rêve du moment et coche son 2ème 9a+ de l’année après sa proposition à La Balme en septembre dernier, “Team Frisouille”. Comme le signale Toni Mas Buchaca, photographe local non-grimpeur de Peramola mais passionné par la falaise, cela faisait quelque temps que personne n’avait clippé le relais. Le dernier était David Firnenburg en janvier 2020. Mathieu signe la 24ème ascension de cette voie mythique, son 3ème 9a+ et sa 25ème voie en 9ème degré. Une année 2021 pleine pour lui !
Another King Line under Mathieu Bouyoud’s belt! Experimented rockclimber from Chambéry, France just ticked yesterday one of the must of Oliana, “Papichulo” 9a+ after a huge fight. Mathieu has used all his climbing science to make a try close to perfection and finally clip the anchor. It’s rare to heard him screaming in a climbing route, usually used to make easy some hard stuff…
“Papichulo” is located in the center of the crag, 50 meters long in a blue scarved wall, for sure one of the best sportclimbing routes in this range in Europe! This route is often considered by pro climbers like a part of a dream sportclimbing trilogy with “La Rambla” and “Biographie”. After a bouldery 15 meters start in the 8b/+ range and a complete rest on a ledge where you can sit, the business is starting with another 15 meters of powerful and fingery 8c/+ until a little rest. Then the main difficulties arrive with a 7A boulder whith a big cross and a deadpoint move, a resistant loop and a stamina finish, where you should stay determined.
“My first check in Papichulo” was in June 2019, just after my send of “Esclatamasters”. I did a second trip in november 2019, a week for Christmas 2019 and 10 days in Fébruary 2020, where I was close, falling in the loop. Unfortunately Covid pandemia didn’t allowed me to finish this project, so I stick a postcard of the crag on my fridge as reminder, to keep the motivation high! Just have a talk about the projects with friends who where trying too like Axel Ballay gives me a lot of hope. “Papichulo” is one of the best 9a+ to climb, the place is incredible, this blue line perfect. A route which suits my style, fingery and sustained. I did the perfect try to conquer it.”
At his 3rd day back on the route , and during his 4th trip, Mathieu’s dream came true, and he climbs his second 9a+ this year. Remember he did the first ascent of “Team Frisouille” in La Balme last September. Toni Mas Bucacha, passionated local photographer from Peramola keeps our attention: it was long time the anchor of this gem have not been clipped. Last time was German David Firnenburg in January 2020. Mathieu signs here the 24th ascent of this mythical route, his 3rd 9a+ and his 25th 9th grade route. A full 2021 year for him! Photos: Toni Mas Bucacha
Actuellement à Oliana, et profitant de l’émulation actuelle avec les à-vue monstrueux de Janja Garnbret, Camille Pouget n’aura pas chômé en cochant son premier 8c avec « T1 Full Equip », une ligne de 35m avec des sections soutenues sur petites prises entrecoupées par quelques points de décontraction.
Certes, « T1 full Equip » est considéré comme un 8c soft, mais la perf n’en reste pas moins belle pour notre jeune Camille Pouget qui devrait, sans aucun doute, faire parler d’elle dans les années futures. En attendant, elle nous raconte son séjour à Oliana et son enchaînement de ce premier 8c:
« Full Equip », c’est 35m de placement et de petites prises dans une ligne grise claire, très légèrement déversante. Dit comme ça, c’est vrai que ce n’est pas forcément la plus représentative du secteur qui lui, présente de nombreuses voies mythiques dans du caillou orange.
On passait seulement 4 jours à Oliana avec la famille, et je venais dans l’idée de tester mon niveau dans du 8c pour la première fois. Je dois avouer que mon choix ne s’est pas vraiment porté sur la beauté de la ligne, mais un peu « par défaut » car les kinglines faisaient toutes 50m et nous, on avait oublié la corde de 100m à la maison (grave erreur si vous allez à Oliana).
Il a fallu alors la déchiffrer, la découvrir. Au fur et à mesure que j’avançais, je me disais que les mouvements étaient faisables, et qu’en fait, les sections étaient très jolies (mais aussi assez complexes).
Plus je connaissais la voie, plus elle me restait dans la tête. À la fin du premier jour, avant de dormir je me demandais si j’allais continuer de travailler cette voie parce que ce n’était pas forcément la plus belle, elle faisait un peu mal aux doigts et c’était possible de me débrouiller avec une corde de 80m pour aller faire Fish Eye ou Mind Control (50m toutes les deux). Mais bizarrement, les mouvs me revenaient en tête, les sections aussi et je me disais… Non quand même tu dois aller voir si là ou là t’aurais pas manqué un repos, si tu peux pas améliorer cette section etc… En fait elle m’intriguait de par sa technicité et la qualité de grimpe qu’elle exigeait.
Chaque soir je me suis posé cette question. Et pourtant chaque jour j’y suis retourné pour découvrir encore un peu plus les détails qui me permettraient de sortir la voie.
Au bout de 2 runs de travail et 4 runs pour tenter l’enchaînement, j’arrivais déjà au dernier crux, à ce mouvement clé de la voie où tu te dis : si je fais ce mouv, après je ne peux plus tomber (c’est pas toujours vrai d’ailleurs, il faut faire attention). Par contre, les essais me demandaient énormément d’énergie, au point que je ne pouvais en faire que 2 par jour, après je manquerais de jus de toute façon sur le haut de la voie.
Lors du 3ème jour, je me mets deux gros combats et tombe deux fois sur ce dernier crux. Ça m’a pompé énormément d’énergie et en plus je commençais à avoir de sérieuses courbatures aux avant-bras parce que j’avais décidé de ne pas faire de pause entre la compétition du week-end et ces 4j de falaises pour passer un maximum de temps sur le caillou (petite erreur encore).
Le lendemain, c’était donc le dernier jour. Je savais que je ne pourrais mettre qu’un run puisqu’on devait partir à 14h. Tout l’essai a été un fight perpétuel haha. Finalement, j’avais un peu plus de jus que mes 2 essais de la veille. Je passe le dernier crux et j’enchaîne la voie…
J’étais super contente, et encore plus parce que ma sœur enchaîne aussi son projet dans la voie voisine quasi dans la même minute. On peut dire qu’il a eu un petit vent de croix à ce moment là
Pour finir, Oliana m’a fait pensé à une mini Ceüse en terme de rocher et de grimpe. Les prises et les mouvements sont très variés, le point de vue est magnifique. C’est vraiment une très très jolie falaise ! En plus, j’ai eu la chance d’y aller en même temps que Janja Garnbret qui a topé deux 8c à vue sous mes yeux. Je suis heureuse d’avoir pu discuter avec elle, la connaître plus personnellement. Et j’ai découvert une personne adorable et bienveillante en plus d’être une grimpeuse exceptionnelle !! Merci à ma famille de m’avoir fait découvrir ce spot qui m’a permis de réaliser mon premier 8c !!
Il me tarde de revenir (avec la 100m cette fois-ci)
Deux jours après avoir réalisé “Fish Eye” à vue, news que nous vous relations cet après-midi, nous avons été témoins d’un autre exploit de la part de la championne olympique Janja Garnbret à Oliana aujourd’hui. En forme olympique, Janja réalise cette fois le 8c “American Hustle” à vue, au prix d’un gros combat ! En guise d’échauffement, Janja était allée visiter le bas de “La Dura dura” le 9b+ mythique de la falaise et s’est payée le luxe de faire le fameux crux avec le jeté explosif vers un bidoigt fuyant en épaule !
Janja en pleine tentative dans “La dura dura” – coll. Toni Mas Buchaca
Après cette fin d’échauffement plutôt bloc, la championne slovène se rabat sur nos conseils sur “American Hustle” 8c de conti de 50 mètres équipé par Sam Elias en 2014 en plein milieu du mur central de la falaise, juste à gauche de “Fish Eye”.
La voie se décompose en un 8a+ d’approche à doigts puis physique, avant un semi-repos sur une écaille et une section très résistante d’une quinzaine de mouvements au milieu qui constitue le crux. Elle se finit par une section plus conti de 20 mètres, environ 8a/+, qui alterne pas de blocs bien toniques avec des mouvements à prise de risques et bonnes décontractions. Après un bon combat dans la section du milieu, grimpant sans faire d’erreurs majeures de lecture et ayant la marge de délayer partout, Janja a eu une hésitation ensuite sur un mouvement puissant sur inversées nécessitant de l’engagement. Mais une fois cette difficulté passée, elle s’est hissée sans encombre vers le relais pour réaliser son 2ème 8c à vue du séjour ! Nous avons filmé une partie du run du sol, et il reste encore un jour de grimpe à Janja, d’autres infos à venir bientôt !
Janja dans “American Hustle” 8c à vue – Photo : Toni Mas Buchaca
Two days after her onsight of “Fish Eye”, we witnessed another feat by Olympic Gold Medalist Janja Garnbret in Oliana today. Janja was at it again and sent “American Hustle” 8c onsight after a huge fight! To finish her warm-up, Janja visited the lower part of mythical “La Dura dura” 9b+ and managed to stick the dyno to the 2-finger gaston! Crazy!
After this somewhat bouldery end to her warm-up, the Slovenian champion decided to try “American Hustle”, a 50-meter stamina 8c bolted by Sam Elias in 2014, in the center of the crag.
The route could be described as a fingery then pumpy 8a+ start before a little rest on a flake, leading to a physical resistance section in the middle by way of crux. Then comes the stamina 8a+ finish with some powerful and risky moves, separated by good rests.
After a good fight in the middle, climbing without mistakes and being able to shake out on every move, Janja hesitated at the deadpoint move on underclings. But once she climbed this section, Janja looked comfortable in the crimpy finish to the anchor and bagged her second 8c onsight of the trip! We filmed most of her fight from the ground (soon to be uploaded to our Youtube channel) and don’t forget, Janja still has one climbing day here, so more to come soon we hope!
Incroyable performance à la falaise d’Oliana en Catalogne, où la mutante slovène Janja Garnbret vient de réaliser la classique de continuité de 50 mètres “Fish Eye” 8c à vue ! Et cela tombe bien, car nous étions sur place et nous avons pu profiter du spectacle !
Photo: Pierre Délas – Fanatic Climbing
Pourtant la championne olympique n’était pas en réussite depuis le début de son séjour catalan… La veille, pour sa première journée sur place, Janja a subi des échecs cuisants à vue dans “Humildes pa casa” et “Gorilas en la Niebla”, toutes deux 8b+, en tombant bien bas dans ses tentatives. Ce midi, pour son 2ème jour, Janja retombe encore en fin d’échauffement dans “Humildes pa casa”, déclarant manquer de volume. Un bon repos plus tard la voilà remobilisée pour tenter “Fish Eye”.
La première partie de la voie, un 8a+ athlétique, ne sera qu’une formalité, et c’est fraîche que Janja exécute le premier pas de bloc du milieu de voie, gravi parfaitement, sans erreur de lecture et avec pile la bonne intensité. Quelques délayages plus tard et la voici déjà dans la partie haute plus conti de la voie, à presque 40 mètres de haut juste sous le pas de bloc à doigts qui en aura fait tomber plus d’un. C’est d’ailleurs la forme de la prise de ce crux, un bidoigt évasé et rond, qui donne son nom à la voie.
Après une hésitation dans le pas où Janja, à l’envers, s’est payée le luxe de revenir quelques secondes au semi-repos précédent, la slovène franchit cette dernière difficulté sous les encouragements et s’en va clipper le relais ! D’une impressionnante facilité, elle avouera quand même avoir pris les bouteilles !
Janja dans le pas de bloc sommital
Abordable à vue car dans la filière continuité mais jamais remise en question malgré les (très) nombreux ascensionnistes, “Fish Eye”, équipée et libérée par Chris Sharma en 2009 nous semble une référence dans le niveau. Il pourrait donc s’agir du premier 8c à vue féminin de l’histoire, puisqu’avant Charlotte Durif avait annoncé “Les rois du pétrole” en 2010, voie désormais décotée à 8b+. 10 femmes avaient jusqu’alors réalisé du 8b+ à vue : Katie Brown (“Omaha Beach”), Josune Bereziartu (“Hidrofobia”), Charlotte Durif (“Les rois du pétrole”), Maja Vidmar (“Humildes pa casa”), Sacha DiGiulian (“Omaha Beach”), Kajsa Rosén (“T1 full-equip”), Laura Rogora (“L-mens”), Anak Verhoeven (“Gorillas en la niebla”), Martina Demmel (“Humildes pa casa”) et Vita Lukan (“Geminis”), mais personne n’avait réalisé un 8c.
Il y a quelques années, la championne Slovène avait déjà réalisé de belles croix à Santa Linya avec “Rollito Sharma extension” et “La Fabelita” 8c flash mais n’avait jamais réalisé ce niveau à vue. Janja restant encore quelques jours sur place, il se peut qu’on assiste à d’autres exploits. Comme on reste aussi, on vous tiendra bien évidemment informés !
Photos: Pierre Délas- Fanatic Climbing
Photo : Pierre Délas – Fanatic Climbing
Incredible! Two days ago in Oliana, Catalonia, Spain, Janja Garnbret has just onsighted the 50m-long endurance classic that is “Fish Eye” 8c! And as luck would have it, we were there too and relished in the Janja show!
And yet, the Slovenian Olympic champion wasn’t quite firing since getting in Catalonia… Yesterday, on her first day at the crag, Janja fared relatively badly in her onsight attempts of ‘Humildes pa casa’ and ‘Gorillas en la Nieba’, both 8b+, as she fell low down. At lunchtime today, for her second day, Janja falls again in ‘Humildes pa casa’, saying she’s short on endurance. A good rest later though, she’s got the bit between her teeth again and walks to ‘Fish eye’.
The first part of the route, a punchy 8a+, poses no problems, and when the time comes to tackle the first boulder crux in the middle of the line, Janja is perfect: she ascends flawlessly, without mistakes and just the right intensity. A few shake-outs later and she finds herself in the upper part of the route, 40 meters off the deck, just under the last, fingery, boulder, which has caused many a dispiriting heartache with this slopy twofingerpocket which inspired the name of the route.
Janja at the top of “Fish Eye” – Photo : Pierre Délas – Fanatic Climbing
After hesitating in the said boulder where she misreads a sequence, the Slovenian climbs back down to the half-rest below, then, helped by the cheers, finally powers through the last section and clips the chains! Despite her impressive ease, Janja admitted being failry pumped!
Feasible since the route is endurance-based, its grade has never been put in doubt by its many repeaters and “Fish Eye” (bolted and freed by Chris Sharma in 2009) seems to us to be a benchmark in that difficulty. This could therefore turn out to be the first female 8c onsight in history, since Charlotte Durif’s ‘Les rois du pétrole’ (2010), although proposed at 8c, has long since been downgraded to 8b+. 10 women have so far onsighted 8b+: Katie Brown (‘Omaha Beach’), Josune Bereziartu (‘Hidrofobia’), Charlotte Durif (‘Les rois du pétrole’), Maja Vidmar (‘Humildes pa casa’), Sacha DiGiulian (‘Omaha Beach’), Kajsa Rosén (‘T1 full-equip’), Laura Rogora (‘L-mens’) Anak Verhoeven (‘Gorillas en la niebla’), Martina Demmel (‘Humildes pa casa’) and Vita Lukan (‘Geminis’). But no woman had done so at 8c.
Some years ago, Slovenian champion flashed some 8c’s in Santa Linya with “Rollito Sharma extension” and “La Fabelita” but never onsighted 8c. As Janja is set to be here for another few days, it is possible some more feats are on the cards. Since we’re staying too, we will keep you updated if and when!
De retour aux affaires après une blessure au doigt, la top grimpeuse Belge Anak Verhoeven revient d’un séjour en Catalogne où elle a réalisé la seconde ascension connue de la voie “Patxichulo” 9a/+ à Oliana. Cette connexion pensée et libérée en 2017 par Patxi Usobiaga démarre dans le 8c+ classique de “Joe Blau” avant de connecter sous le crux de “Papichulo” et de finir dans ce dernier. Agée de 25 ans, Anak rajoute une croix de plus à son carnet de voies dures déjà bien rempli, elle qui avait déjà réalisé à Oliana “Joe mama” (9a+), ou encore d’autres voies extrêmes comme “Sweet neuf” (9a+) ou “Ciudad de dios” (9a/+).
It’s back to business for top Belgian climber Anak Verhoevenwho,after a finger injury, has just come back from a trip in Catalunya where she claimed the second known ascent of “Patxichulo” 9a/+ at Oliana. This link was freed in 2017 by Patxi Usobiaga. The route starts with the classic “Joe Blau” (8c+) and continues in the crux and the finish of “Papichulo” (9a+). The 25-year old star adds one more route to her ticklist of extreme routes. Last year, she also sent “Joe mama” (9a+) and other difficult sport climbs like “Sweet neuf” (9a+) or “Ciudad de dios (9a/+).