Yuji Hirayama a trouvé la recette des lignes dures quand on a 53 ans : la banane et le croissant au chocolat en guise de petit-dej !
Juste avant Noël, la légende japonaise mettait fin à son projet qui l’aura occupé un an et lui donnait le nom de “Hanabi” (feu d’artifice) sur ce secteur de Futagoyama. La nouvelle était alors tombée, mais la vidéo vient de sortir et elle révèle toute la beauté de cette ligne à l’aide de belles images aériennes.
On notera un très esthétique pointe-contre-pointe pour clipper le premier point du dévers et une inversée retorse qui mène à une belle compression sous le relais en guise de crux.
Enfin, et c’est ce qui fait l’intérêt de vidéos culturellement autres, celle-ci finit avec un petit entretien à chaud où Yuji renseigne sur ses petit-dej de champion et ce qu’il apprend des jeunes générations. Son message final : aimez et profitez, n’attendez pas demain !
Yuji Hirayama found the recipe for hard lines when you’re 53: banana and chocolate croissant for breakfast!
A few daysbefore Christmas last year, the Japanese legend clipped the chains of his year-long project and named it ‘Hanabi’ (fireworks) at this Futagoyama sector. The news had reached us then, but the video has just come out and it shows the ethereal beauty of this route thanks to beautiful aerial footage.
Of particular note are the very aesthetically-pleasing bicycle to clip the first bolt in the overhang, as well as the tricky-looking undercling leading to a power-hungry compression move just below the anchor.
Lastly, and that is often what is fascinating with videos made from a different cultural standpoint, this film ends with an interview with Yuji in which we learn about his breakfast habits of champion and what he learns from the younger generations. His final message: love and enjoy, and make the most of your passion!
Adam Ondra profite actuellement d’Arco et de ses voies dures sur un long séjour avant de bientôt tenir le biberon ! Un peu fâché par l’épée d’ “Excalibur” (possible 9c ?) qu’il n’a toujours pas vaincue, Adam se venge au fleuret avec la première ascension de “Wonderland” au secteur Terra promessa, un 9b “dur” qu’il hésite à affubler d’un +. Plus difficile pour les moins grands que lui, le Tchèque envisage même de sortir le slash pour la voie avec 9b/b+, ce qui en ferait la plus dure d’Arco (Ghisolfi ne lui en voudra pas pour la décote d'”Erebor”). “Wonderland” a été équipée par Alfredo Weber et à l’automne dernier Adam en a proposé un départ plus naturel (ainsi que rajouté quelques plaquettes). Bien que calé en novembre, il a dû attendre mars pour que la voie sèche et soit réalisable.
On en vient à se demander quelle partie de l’iceberg “Wonderland” donne à voir. Depuis l’assaut des trois mousquetaires (Ondra, Ghisolfi et Schubert) contre “Excalibur”, le Tchèque semble à nouveau monter en puissance. Des vidéos récentes le montrent dans un de ses exercices favoris, le à-vue (jusqu’à 8c au secteur Pizarra) et les voies dans le 9 tombent comme des mouches: “Sprengstoff” 9a (Lorüns), “Guerriero del Futuro” 9a (Covolo), “Bombardino” 9a+/b FA (hotel Olivo), “Bomba” 9b FA (hotel Olivo) et tutti quanti !
Si “Excalibur” ne lui convient pas, rien ne dit qu’un autre 9c potentiel n’occupe pas les véritables efforts d’Ondra, qui décidément enchaîne les voies dans le “ventre mou” du 9 avec une vitesse frôlant la précipitation !
Adam Ondra is currently enjoying Arco and its extremes lines, before holding the baby bottles! A little aggrieved by the ‘Excalibur’ sword (9c potential?) that dares resist him, Adam fences his way through the first ascent of ‘Wonderland’ at the Terra Promessa sector, a hard 9b for which the + is very close. Harder for the more vertically challenged than him, the Czech seems to have settled for 9b/b+, and that would made it the hardest in Arco (Ghisolfi won’t hold his downgrade of ‘Erebor’ against him, right?). ‘Wonderland’ was bolted by Alfredo Weber and last autumn, Ondra proposed a more natural beginning and added a few bolts.
What part of the iceberg is ‘Wonderland’ showing? Since the unsuccessful siege of ‘Excalibur’ by the three musketeers (Ghisolfi, Schubert and Ondra), the Czech seems to go from strength to strength. Recent videos show him in one of his favourite exercises, onsighting up to 8c and routes in the 9th grade are falling like flies: “Sprengstoff” 9a (Lorüns), “Guerriero del Futuro” 9a (Covolo), “Bombardino” 9a+/b FA (hotel Olivo), “Bomba” 9b FA (hotel Olivo) e tutti quanti!
If ‘Excalibur’ does not suit him, nothing says he’s not investing some valuable time and effort into another potential 9c…
“Arenauta” 9b, c’est fait pour Ghisolfi ! Le site de Sperlonga, sur la côte entre Rome et Naples, abrite une grotte connue pour ses lignes corsées que Stefano a déjà visitée plusieurs fois, la dernière il y a de ça huit ans pour “Grandi Gesti” 8c+.
En ce début 2022, il est retourné dans la grotte pour travailler un vieux projet quasiment horizontal sur 20m, équipé par Giuliano Tarquini en 2002, que Laura Rogora aurait essayé en vain. Lors de sa première visite, Ghisolfi s’est rendu compte que ses mollets n’encaissaient pas la charge pour bloquer les genoux et délayer. Un problème qui rappelle Ondra dans “Silence”, tiens.
C’est lors de la deuxième fournée, les mollets dûment raffermis, que l’Italien est venu à bout de la voie, qu’il surnomme “Arenauta” et propose à 9b. On notera quand même que dans son échelle de cotations perso, Stefano en fait un “Tribolo ma passo” (je galère mais je passe?).
Si la cotation est confirmée, “Arenauta” deviendrait la voie la plus dure des sud et centre de la Botte.
Pour une idée de la voie, voici la vidéo d’un essai vieille de quelques jours en plus de la vidéo qu’on vous avait déjà relayé il y a une semaine. Après “Erebor” et “Lonely Planet” (sans oublier “One Slap”, “Queen line” ou “Lapsus”), Stefano continue de proposer des premières ascensions extrêmes en Italie, et de dessiner les contours du haut-niveau dans son pays.
“Arenauta” 9b, first ascent by Ghisolfi! The Sperlonga crag, on the coast between Rome and Naples, houses a famous cave known for its hard lines that Stefano has visited a few times, the last 8 years ago for ‘Grandi Gesti’ 8c+.
In early 2022, the Italian returned to the cave to check out an old project consisting of a virtually horizontal 20m-long roof, bolted by Giuliano Tarquini in 2002, that Laura Rogora has apparently tried, in vain. During his first visit, Ghisolfi realised his calves weren’t able to sustain the effort necessary to kneebar and shake out. An issue reminiscent of Ondra in ‘Silence’.
It is on his return, his calves duly prepared, that the Arco man freed the project, to which he gave the name ‘Arenauta’ and proposed as 9b. Let it be known that in his personal grading scale, Stefano gave it ‘Tribolo ma passo’ (I struggle but I send?).
If the grade is confirmed, ‘Arenauta’ would be the hardest line in central and southern Italy.
For an idea of the route, watch above a video of an attempt that is only a few days old, in addition to the one we shared last week. After ‘Erebor’ and ‘Lonely Planet’ (not to mention ‘One Slap’, ‘Queen line’ or ‘Lapsus’), Ghisolfi continues to churn out extreme first ascents in Italy, and to shape the top level in his home country.
Créée et libérée en 2009, “Orbayu”, la grande-voie la plus célèbre et dure du massif des Picos de Europa (Cantabrie, Espagne) a en tout et pour tout vu 7 ascensions : par les équipeurs (les frères Pou), Nico Favresse, Cédric Lachat, Edu Marin, Gorka Karapeto et Siebe Vanhee.
Les frères Pou ont imaginé quatre nouvelles longueurs de départ pour ensuite rejoindre “Mediterraneo” pour une cotation globale donnée à 8c, puis recalée à 8b+ par le premier répétiteur, Nico Favresse.
Plusieurs des longueurs étaient déjà passées en A3, dont celle en 8c, avec des protections d’origine bien âgées, sans parler de la “mentalité Rätikon” adoptée par les frangins, qui distille des chutes de 20 à 25m.
Le grimpeur autrichien Mich Kemeter, passionné de grandes-voies, highline, base-jump et solo, a voulu ajouter son nom à la liste. Et c’est partie remise. 3 choses principales ressortent de cette vidéo, hormis la beauté des images de Xavier Coll. Primo, les décotes fréquentes des longueurs (L3 8a devient par exemple 7b). Deuzio, la critique de Mich sur la dégradation du rocher, assez floue : on ne sait pas s’il était au courant du passé A3 de certaines longueurs, ou si de nouvelles ascensions en artif ont aggravé sa qualité. Tertio, l’ouverture par l’Autrichien d’une sortie directe dure (non libérée) du 8c, sur rocher vierge, nommée “Natural Orbayu”.
Si certaines questions restent en suspens, nous saluons pour notre part le partage d’une vidéo sur un “échec”, face cachée de l’escalade sportive bien souvent mise dans l’ombre par les grimpeurs pros.
Bolted and freed in 2009, “Orbayu”, the most famous and hard multipitch route in Picos de Europa (Cantabria, Spain) has only seen 7 ascents: by its creators (the Pou brothers), Nico Favresse, Cédric Lachat, Edu Marin, Gorka Karapeto and Siebe Vanhee.
The Pou brothers imagined 4 pitches to start and meet “Mediterraneo” for an overall grade of 8c, which the first repeater Nico Favresse downgraded to 8b+.
Several of the pitches had gone down as A3 climbing before, including the 8c crux pitch, meaning old pro, before even mentioning the “Rätikon spirit” adopted by the brothers, with 20 to 25m falls.
Austrian climber Mich Kemeter, a fanatic of multipitch routes, highline, base jumping and free solo, wanted to add his name to the list. To no avail. 3 things particularly grabbed our attention in this video, beyond Xavier Coll‘s beautiful images. First, his frequent downgrades of the pitches, P3 going from 8a to 7b for instance. Second, Mich‘s criticism of the damage to the rock, rather unclear: did he not know of the A3 past of some of the pitches, or have new aid ascents deteriorated the face further in the recent past? Third, the opening of a new direct hard exit to the 8c pitch, on pristine rock, which he named “Natural Orbayu”.
If some questions remain unanswered, for our part we salute the release of a video telling the story of a “failure”, the hidden face of sport climbing that is too often pushed under the carpet.
Adam Ondra a décidé de passer un peu de temps à Arco, la ville où il s’est marié début septembre. Et à peine arrivé pour cette sorte de lune de miel, le voilà qui répète Erebor, la ligne équipée et enchainée par son ami Stefano Ghisolfi en janvier de cette année.
La voie, cotée 9b/+, a depuis été répétée par Laura Rogora le mois dernier, faisant d’elle la première femme à ce niveau. Malheureusement pour les deux Italiens, Adam Ondra se prononce pour 9b. Il explique aussitôt être un peu gêné d’ainsi dévaluer la performance de la jeune femme, mais opte pour l’honnêteté et assure que Rogora est capable de bien plus.
Le Tchèque explique avoir trouvé une méthode différente de celle de Ghisolfi (qu’il estime bien à 9b/+!) dans le crux du haut, un peu morphologique mais adaptable quand même. Il a passé un jour sur Erebor en avril, et trois de plus cette fois-ci.
“Un peu de temps”, “Ondra” et “Arco”? On se prend à rêver de quelques étincelles. Ghisolfi va-t-il lui ouvrir son projet actuel ? Le secteur de Laghel, avec son 9c potentiel, va-t-il rester fermé ? Le Tchèque va-t-il sortir le perfo ?
Adam Ondra decided to spend some time in Arco, the town where he got married in early September this year. And no sooner has he arrived on this sort of honeymoon that he clips the anchor of Erebor, the line bolted and FAed by his friend Stefano Ghisolfi in January this year.
The route, graded 9b/+, has since been repeated by Laura Rogora last month, which made her the first woman at that level. Sadly for both Italians, Ondra proposes 9b. He explains being embarrassed to downgrade the young woman’s performance, but goes for honesty and makes it clear that Laura is capable of rather more.
The Czech has found a different sequence to Ghisolfi’s (which he agrees is worth 9b/+) in the top crux: a bit morphology-dependent but with some leeway. He spent a day on it last April , and three this time round.
‘Some time’, ‘Ondra’ and ‘Arco’? One could be forgiven for thinking of fireworks. Will Ghisolfi open his current project to his friend? Will the Laghel sector, with its potential 9c, remain closed? Will Ondra draw his drill?
Après avoir exploré l’Islande en compagnie de son compatriote Stefano Ghisolfi et les autres athlètes de North Face, Jacopo Larcher a retrouvé son autre “tribe” à Valle dell’Orco, Italie. À la fin de ce rassemblement tout le monde est rentré au bercail, sauf Jacopo. Motivé par une météo automnale parfaite, l’Italien en a profité pour libérer deux projets, de trad of course. Voici pour votre plaisir le récit de ses ouvertures.
“Après un période d’ouvertures en salle éreintante, rien de mieux que deux semaines de van life et de granit dans une vallée bourrée de lignes et de potentiel! Lors de la deuxième semaine d’octobre, j’ai conduit à Valle dell’Orco pour participer au rassemblement des athlètes La Sportiva, avec dans l’idée de grimper un peu après. Quand tout le monde quitta la vallée, le temps était trop beau pour partir moi aussi et, après notre expédition au Pakistan, j’avais vraiment hâte de me remettre au trad. Pendant le rassemblement on nous donna un petit topo avec d’intéressants projets, de longue date et plus récents, et je me suis empressé d’aller les voir!
Babsi avait dû rentrer à la maison à cause du travail, donc je suis resté avec Olli (notre chien) et j’ai grimpé soit seul soit avec les locaux Andrea et Simone, qui m’ont très gentiment autorisé à garer le van chez eux et m’ont vraiment fait me sentir chez moi (encore merci!).
Je me suis mis à travailler deux lignes bien sympa mais totalement différentes. La première était un vieux projet d’Adriano Trombetta, courte et très “British”, la seconde une fissure raide et athlétique située dans un secteur récemment développé par Andrea, Simone et Marzio (Nardi). J’ai vraiment aimé que les voies soient si différentes, demandant des techniques opposées. L’une était moins dure au niveau technique mais comportait un risque de retour au sol vers les 10 mètres: l’autre était sans danger mais largement plus difficile, techniquement parlant. J’ai trouvé bien qu’elles demandent à peu près la même quantité de travail mais des approches différentes. Pour l’une j’ai dû comprendre comment la grimper et bien forcer pour la finir, alors que pour l’autre j’ai dû pas mal bosser en moulinette afin d’être sûr de ne pas chuter au mauvais endroit lors de l’enchainement: la beauté et la variété du trad!
Le 24 octobre, après quelques jours passés à nettoyer les prises et trouver mes méthodes ainsi que les placements de protection, j’ai réussi à faire la première ascension de “Blood Diamond”, la fissure bien punchy au secteur Diamante (diamant). La protection y est toujours bonne, mais placer le matériel en tête ajoute clairement du piment au crux. Les mouvements sont tout simplement géants! Des pieds pourris, de gros blocages et de bonnes compressions en haut… un bijou je vous dis! À mon avis, c’est une des lignes les plus dures que j’ai faites à Orco jusqu’ici.
Le lendemain, ce fut le tour de l’autre projet. Comme je l’ai dit, Adriano Trombetta avait découvert cette ligne il y a des années et eut la belle idée de l’essayer sans l’équiper. Adriano était un vrai pionnier d’Orco (entre autres!), il y a établi de nombreuses voies et beaucoup de projets; malheureusement il a été emporté par une avalanche en 2017, mais son esprit habite toujours la vallée, ainsi que les souvenirs de ses proches!
La voie se trouve sur un gros bloc au pied de Sergent. Elle commence en suivant une rampe de plats sur une proue jusqu’à une bonne écaille, où on place des micro friends avant d’attaquer le crux. Après quelques prises on atteint une bonne réglette, sur laquelle j’ai décidé de placer une protection; le placement semble ok, mais la prise est une écaille un peu fragile, qui casserait probablement en cas de grosse chute dessus. Pendant l’enchainement j’ai essayé d’assurer le crochet avec un morceau de cordelette raccordé à un coinceur plus bas pour empêcher qu’il ne bouge. La section suivante est technique sur petites réglettes, et finit par des mouvements aléatoires jusqu’à une grosse écaille, sur laquelle on peut enfin placer du matériel supplémentaire avant la partie finale, plus facile. Pour cette ligne la grimpe n’est pas trop difficile (autour de 8a), mais l’association “mouvements aléatoires” et “risque de retour au sol” la rend pimentée! À titre personnel, j’aime beaucoup la forme du bloc et la ligne, c’est pourquoi je voulais vraiment la travailler.
Je n’aurais pas pu imaginer de meilleure conclusion pour ce trip à Orco! Je n’ai pas eu la chance de rencontrer Adriano, mais cette ligne est clairement un hommage à ce grimpeur et sa vision de l’escalade! J’ai décidé de l’appeler “Shikantaza” (“Le Projet Tromba”).
D’énormes remerciements à Andrea et Simone du refuge Le Fonti pour leur aide, l’assurage, le travail… mais surtout pour leur accueil chaleureux et les bons moments! J’ai déjà hâte de retourner à Orco, un endroit d’une beauté envoutante et au potentiel dément!”
After exploring Iceland with his fellow countryman Stefano Ghisolfi and other North Face athletes, Jacopo Larcher met with his other ‘tribe’ in Valle dell’Orco, Italy. At the end of this meet every one went home but Larcher. Psyched by perfect autumn weather, the Italian set out to free two trad projects. Here is Jacopo’s write-up for your reading pleasure.
‘After a busy route setting period there is nothing like 2 weeks of van life and granite climbing in a valley full of climbs and potential for new ones! The second week of October I drove to Valle dell’Orco to attend the La Sportiva athlete summit, with the idea of spending some more days there after the event. At the end of the meeting everyone left the valley, but the weather forecast looked too perfect for leaving too and, after our expedition to Pakistan, I was really looking forward to do some trad climbing. During the meeting we got a little topo with some interesting new and old projects, so I immediately went to check them out!
Babsi had to go home as she had some work to do, so I remained with Olli (our dog) and I climbed mostly on my own or with the locals Andrea and Simone, who warmly welcomed me to camp at their place and really made me feel at home (thanks again!).
I started woking on two cool, but completely different lines. The first one was an old project of Adriano Trombetta, a short and very “British” route, the second one a steep and powerful crack located in a crag freshly developed by Andrea, Simone and Marzio (Nardi). I particularly liked the fact that the routes were very different and required completely different skills. One was definitely not as hard technically, but quite dangerous and with a potential ground fall from about 10 meters; the other was safe but technically way harder. I liked how both routes required a similar amount of work, but yet a different approach. On one I had to understand how to climb and try hard for sending it, while I had to often practice and top rope the other one in order to be sure to avoid to fall to the ground while eventually leading it: the beauty and variety of trad climbing!
On the 24th of October, after a few days spent brushing and figuring out the moves and the gear, I managed to make the FA of the “Blood Diamond”, a steep and powerful crack situated at the Diamante (Diamond) crag. The gear on this one is always good, but placing it on lead definitely adds a little extra to the crux. The moves are simply amazing! Poor footholds, big lock offs and compression climbing on top… a real gem! Personally I think this is the hardest one I’ve done in Orco so far.
The following day was the turn of the other project. As I mentioned before, Adriano Trombetta discovered the line years ago and had the vision of tying to climb it without bolting it. Adriano was a real pioneer in Orco (and not only!) where he established a lot of routes and had a lot of projects; he tragically passed away in 2017 caught in an avalanche, but his spirit lives on in the valley and in the memories of his friends!
The route is located on a big boulder at the base of Sergent; it starts following a sloper rail on a prow until a good flake, where you place some micro cams before setting off for the crux section. After a few moves you reach a good crimp, on which I decided to place a cliff as protection; the placement looks good, but the hold is a loose flake, which would probably break in case of a big fall on it. I tensioned (on lead) the hook with a piece of cord to a lower cam for avoiding it to move. The next section involves some technical moves and small crimps and ends with some insecure moves to a big flake, where you can finally place some more gear before the easier top out. The climbing is definitely not so hard (8a-ish), but the combination of insecure moves and a possible groundfall make it spicy! I personally really liked the shape of the block and the line, that’s why I absolutely wanted to climb it; I couldn’t have wished for a better end of my trip to Orco! I’d never had the chance to meet Adriano, but this one is an obvious tribute to himself and his vision! I decided to call it “Shikantaza” (aka. “The Tromba project”).
A big thanks goes to Andrea and Simone from the hut “Le Fonti” for the help, the belay, the work… but most of all for the warm welcome and the good times! I already can’t wait to go back to Orco, the place is so beautiful and there is such big potential for new lines!’
En novembre 2020 une voie extrême “préhistorique” voyait ses premières répétitions: “Akira”, par Seb Bouin et Lucien Martinez, alors qu’elle prenait la poussière depuis un quart de siècle. Un an plus tard, de l’autre côté du Brexit l’Écossais Will Bosi sortait le plumeau pour une autre voie bien ridée, libérée par Steve McClure un peu avant sa naissance il y a 23 ans : “Mutation“.
Ce qui est vrai de l’une est, mutatis mutandis, vrai de l’autre : deux voies vraiment dures mais pour des raisons différentes, et surtout enfantées par des pères bien distincts. “Akira” connaîtra une décote sévère, de 9b à 9a, alors que Will Bosi propose 9a+ au lieu de 9a pour “Mutation”, avouant dans le même souffle que si d’aventure un répétiteur futur suggérait 9b, il ne s’en étoufferait pas.
“Mutation” consiste en une extension d'”Evolution”, un 8c ouvert par Jerry Moffat en 1995 et recoté 8c+ depuis. Loin du profil d'”Akira” ou des voies répétées ou libérées par Bosi en Espagne en début d’année, “Mutation” est peu déversante et sa difficulté première vient de la taille misérable des réglettes, entre 6 à 8mm, notamment dans la partie haute où leurs formes biscornues demandent une précision chirurgicale. On peut le constater ici:
Sharma, Megos et Ondra l’ont tous essayée, en vain. Certainement ces monstres de l’escalade n’y ont pas passé les 4 années investies par Bosi, mais le carnet de visite a tout de même de la gueule.
Face à cette engeance, Will Bosi pourrait sembler sorti de nulle part. Toutefois Bosi, compétiteur expérimenté, fait depuis plusieurs années parler la poudre en extérieur outre-Manche. “Rainshadow” en 8 sessions à 17 ans; “Hubble” en 6 pour ses 18 printemps ; plus jeune britannique dans le 9a et le 9b (avec “La Capella” en 2020), et ouvreur de “King Capella” qu’il soumet à 9b+. Le bloc naturel n’est pas en reste: Bosi vient d’enchainer “Foundation’s Edge” 8C en deux petites heures, et espère rapidement se tester sur un 8C+ de référence.
D’une réserve et d’une modestie toutes British, peu enclin au star system, sa cotation de “King Capella” reste naturellement à confirmer, tout comme celle de “Mutation”, mais il est fort à parier que si erreur il y a, elle aura au moins été honnête.
In November 2020 an ‘ancient’ extreme line saw its first repetitions: “Akira”, by Seb Bouin and Lucien Martinez, after gathering dust for 25 years. A year later, on the other side of Brexit the Scot Will Bosi got his own duster out for another tough oldie, freed just before his birth 23 years ago by Steve McClure: “Mutation“.
What is true of one is, mutatis mutandis, true of the other: two very hard routes but for different reasons, and also brought into this world by two very distinct fathers. “Akira” would meet with a very sharp downgrade, from 9b to 9a, whereas Will Bosi is suggesting 9a+ instead of the original 9a. He also admitted that if a repeater was to announce 9b, he wouldn’t be overly surprised.
“Mutation” is an extension of “Evolution”, a Jerry Moffat 8c opened in 1995, but upgraded to 8c+ since. Far from the profile of “Akira” or even the extreme routes repeated and opened by Will in Spain earlier this year, “Mutation” is not very overhanging and its primary difficulty consists in the thinness of the crimps, between 6 and 8mm, especially in the upper section where their broken-up shapes require surgical accuracy, as can be seen in the video above.
Sharma, Megos and Ondra have all tried it, in vain. Sure, these climbing demi-gods haven’t spent 4 years on it like Bosi, but the visitor’s book is not too shabby all the same.
Comparatively, Will Bosi could seem the odd-one-out. But Bosi, an experienced competitor already, has been tearing it up outdoors for a while across the Channel. “Rainshadow” in 8 sessions aged 17; “Hubble” in 6 a year later; youngest Brit at 9a and 9b (“La Capella” in 2020), and the first to propose 9b+ for his FA of “King Capella”. Not that Bosi shies away from outdoor bouldering either: he has just topped “Foundation’s Edge” 8C in two miserly hours, and hopes to quickly test himself on a reference 8C+.
With his all so British reserve and modesty, seemingly uninterested in the star system, his grading of “King Capella” is of course yet to be confirmed, as is his proposition for “Mutation”, but it’s safe to say that if he is mistaken, it will be an honest mistake.
Une news pour une 5ème ascension? Non, une news pour une jolie voie à l’histoire intéressante, Empath, à l’occasion de la sortie de la video de Keenan Takahashi. En octobre 2020, Carlo Traversi signait la première de cette ligne de granite inhabituelle de Tahoe, USA, et la cotait 5.15a (9a+). Quelques jours plus tard, le reste de l’équipe en faisait de même, Jimmy Webb (qui avait repéré la ligne) chipant la première répétition à Daniel Woods (3ème ascension).
Les colonnettes et fissures plus ou moins fuyantes de Empath ont ensuite attisé la curiosité des Wide Boyz (Pete Whittaker et Tom Randall) qui dans une vidéo se demandaient si des techniques de fissure ne permettraient pas de simplifier une méthode d’origine assez contraignante. On se souvient que Pete avait déjà essayé de sortir le crux de Silence (V15) avec des méthodes de fissure.
Alors que Nathaniel Coleman faisait le siège d’Empath en préparation des JO (4ème), au printemps de cette année Keenan se mit en tête d’apporter son nom à la liste des croiteurs, travaillant la voie avec Paige Claassen et Pablo Hammack, et empochait la cinquième ascension en mai. On peut les voir à l’oeuvre dans cette video juste sortie du four:
Empath a la cote, et elle a de quoi. Ethan Pringle s’y colle et clippe le relais la veille de la septième par un ado de 17 ans, Connor Herson, lequel partage les idées des Wide Boyz. Sortant l’arsenal des meilleurs trad-eurs, le jeunot plie la voie en 5 essais seulement, et sans genouillères, gants ni bande.
Herson ne s’est pas prononcé sur la difficulté de cette belle ligne, mais Pringle oui, qui propose une petite décote à 5.14+ (9a). Et apparemment personne n’a crié au scandale, ce qui est rafraichissant.
A piece of news for a 5th ascent? No, but for a lovely route with an interesting story, Empath, on the occasion of Keenan Takahashi‘s send video. In October 2020, Carlo Traversi claimed the first ascent of this line on unusual granite in Tahoe, USA, and graded it 5.15a (9a+). A few days later, the rest of the crew followed in his footsteps with Jimmy Webb (who had spotted the line) taking the first repetition off of Daniel Woods (3rd).
The tufas and flaring cracks of Empath then piqued the curiosity of the Wide Boyz (Pete Whittaker and Tom Randall) who in a video explicitly wondered if crack techniques could be used to simplify the rather taxing original beta. You will remember that Pete had already tried to complete the V15 crux of Silence this way.
While Nathaniel Coleman laid siege on Empath as training for the Olympics (4th), in the Spring of this year Keenan decided to add his name to the list of ascensionists, working it along with Paige Claassen and Pablo Hammack. He made the 5th ascent in May, and we can see them at work in the just-released video above.
Empath is in vogue, it’s understandable. Ethan Pringle is next in line and clips the chains (6th) the day before a 17 year-old teenager, Connor Herson, follows suit. Sharing the same ideas as the Wide Boyz, Connor used trad climbing techniques to send the route in 5 teeny attempts, without kneepads, cloves or tape at that.
Herson did not comment on the grade but Pringle did, and proposed a slight downgrade to 5.14+ (9a). Apparently no one has cried foul yet, which is refreshing.
Neil Gresham, du haut de ses jeunes 50 printemps, vient d’enchainer son projet, “Lexicon” E11 à Pavey Park, Angleterre. Ce grimpeur très complet (trad, escalade sportive, casacade de glace) et expérimenté est une référence en entrainement Outre-Manche. Il réalise ici son premier E11, après deux E10 (en 2001 il a réalisé la seconde ascension de “Equilibrium”, et en 2020 la première de “Final Score”). “Lexicon” est considéré d’une difficulté avoisinant le 8b+. Son crux sommital, environ 7C bloc, peut se solder par une chute de près de 30m et une réception “assez” violente sur le mur du départ…
Dans ce fascinant entretien sur UKC, Gresham décrit sa stratégie d’entrainement pour la voie (comparable à celle de Ondra pour “Silence” en ce qui concerne la multidisciplinarité), ses chutes de test dans la partie haute ainsi que la cotation, clairement pas prise à la légère.
En attendant une répétition, “Lexicon” se place comme une des propositions le plus difficiles en trad du Royaume-Uni au même titre que “Rhapsody” ! Pas mal pour un vétéran !
Neil Gresham, 50 years young, has just sent his project, “Lexicon” E11 at Pavey Park, England. It is his first E11, after two E10 (2001 for the second ascent of “Equilibrium”, and 2020 for the first ascent of “Final Score”). Lexicon consists in an 8b+ with a top crux, in the V9 range, that can lead to an 80 foot fall, added to a not so gentle slam into the starting wall.
In this fascinating interview for UKC, Gresham talks generously about his training strategies for the route (comparable to Ondra’s for “Silence” when it comes to multidisciplinarity) his test falls at the top as well as the grade, which he clearly thought a lot about.
Waiting for a repeat, “Lexicon” is one of the hardest trad climbing propositions of Great-Britain like “Rhapsdoy”! Not so bad for an old stager!
Vous vous rappelez la vidéo de Reelrock où Adam Ondra écoute un vieil homme en blouse blanche lui expliquer comment marcher ? Bien sûr, les passages de visualisation “explosants” ont davantage marqué les esprits, mais la visualisation n’a rien de nouveau. Ce qui est novateur, par contre, est de découvrir que le meilleur grimpeur du monde a dû réapprendre à marcher pour enchainer le premier 9c de l’histoire. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?!Pour en savoir plus, un des nos rédacteurs, Denis Lejeune a approché Kuba Novotny.
“Kuba est très sympa et entraine un de mes amis mais, plus important pour nous ici, il a étudié avec Dr Čumpelík – l’homme à la blouse blanche de ReelRock – et travaille avec des sportifs professionnels dans différents sports. Et oui, il a aussi collaboré avec Adam Ondra.”
– Ahoj Kuba, merci de prendre le temps de me répondre. Avec plaisir.
– Avant toute chose, tu peux donner un nom à l’espèce de magie que tu pratiques ? Cela s’appelle “kinésiologie développementale’.
– Joli nom… De quoi s’agit-il au juste? C’est étroitement lié aux neurosciences parce que, quand tout est dit, le cerveau est l’outil qui gère nos mouvements, et joue donc un rôle crucial pour nous rendre plus fort, ou rendre nos entrainements plus efficaces. La différence principale entre notre vision de l’entrainement et l’idée classique est que l’objectif de cette dernière est de rendre les muscles plus forts. Cela dit, la force dans le mouvement de grimpe n’est pas la somme de la force de tous nos muscles. C’est le cerveau qui gère chaque mouvement, qui dit quel muscle doit être activé, avec quelle intensité et dans quelle direction, et on l’oublie trop souvent. Dans le mouvement “conscientisé”, le muscle travaille pour la chaine de soutien. Par exemple, certains grimpeurs “élite” renforcent les abdos qui travaillent quand on tire vers le haut. Malin, puisque c’est la direction générale en escalade. En voyant ça, d’autres grimpeurs pourraient se dire : “c’est bien ça, je vais aussi renforcer mes abdos.” Mais leur coordination n’est pas aussi bonne à cause d’une sollicitation moins efficace de l’ensemble de leurs soutiens, et ils finissent par renforcer les abdos qui tirent vers le bas, ce qui nuit justement au mouvement qu’ils veulent améliorer. Au final ils vont affaiblir leurs bras, ce qui signifie qu’ils ont plus de chances de blesser leurs épaules, leurs coudes et leurs doigts. Ainsi que l’a dit Alex Huber dans un entretien avec un magazine tchèque il y a quelque temps : “J’ai l’impression d’être fort après de la poutre, ce qui est cool, mais l’escalade ce n’est pas être suspendu. En gros, c’est une évolution sur des murs déversants, soutenue par les pieds et les orteils. Ce qui veut dire une coordination totalement différente. Aujourd’hui je constate que mon avis est le bon. Quand je me compare sur poutre aux grimpeurs actuels du Frankenjura, je n’ai aucun espoir. Mais je suis plus fort sur le rocher. Donc je continue à penser que la suspension ne veut rien dire. Il faut acquérir une coordination spécifique du corps. L’influence de la poutre s’arrête à la poitrine, alors que les system boards descendent jusqu’en bas.” À mon avis, on peut faire de la poutre ou des suspensions et engager le corps dans son ensemble, mais c’est très difficile. À part ça, tout à fait d’accord avec Huber.
– Je croyais que les neurosciences aidaient les sportifs à améliorer leurs prises de décision dans des situations rapidement changeantes, ou raccourcir leurs temps de réaction. Quel est le rapport, tu peux m’éclairer ? Bien sûr. Disons que tu veux devenir plus fort sur réglettes : tu vas commencer par te suspendre pendant 3-7 secondes sur des réglettes aussi petites que possible. Ça va envoyer des signaux à ton cerveau, qui vont le forcer à renvoyer des signaux encore plus forts à tes doigts. C’est le principe de base de l’entrainement classique. Mais on oublie les signaux que les doigts renvoient au cerveau, et si tes doigts, tes coudes, tes épaules ou omoplates ne sont pas bien placés (si mes omoplates sont dans la mauvaise position, ou si je suis voûté) cette information sera celle-ci : ne me renvoie jamais plus ces signaux, ou tu détruira tes articulations ou autres tendons. Par conséquent, les résultats de l’entrainement dépendent fortement d’une bonne posture de tout le corps. Par exemple, un kayakiste tchèque a amélioré son coup de pagaie de 100-110 watts à 130-140 après deux semaines de pratique au sol en position statique et un travail de rotation des côtes.
– Les côtes ?!? Tu n’as pas idée.
– On dirait de la bio-mécanique du futur… D’un point de vue évolutionniste, notre corps est fait pour courir, marcher et les génuflexions. Du coup, si on fait ça bien et qu’on ne tombe pas d’une falaise ou autre chose du genre, notre système musculo-squelettique (os, articulations, muscles, tendons connectés aux muscles) devrait s’en tirer sans gros problème jusqu’à nos 100 ans. On peut aussi faire bien d’autres mouvements de la bonne façon, mais pour ça il faut obéir aux “lois physiologiques”, qui sont communes à tous nos mouvements sains. La clef pour bien comprendre ce point est que le corps fonctionne à partir d’une paire contralatérale de membres de station debout et de marche, ainsi que la rotation de la colonne thoracique – qui est là pour basculer le centre de gravité sur la jambe en appui. Donc, au plus basique, la locomotion humaine (la marche en avant) est simple : se tenir debout sur une jambe. Mais plus la posture est bonne, moins on a besoin d’énergie pour faire basculer notre poids sur la jambe en appui. Et voilà, tu as la définition de l’efficacité du mouvement. Quand Adam Ondra a amélioré la rotation de ses côtes, ça a eu un énorme impact sur ses performances en poutre. C’est ça qu’il travaillait avec le Dr Čumpelík dans la vidéo que tu mentionnes : apprendre à connecter les mains, les pieds et les côtes dans la marche, pour qu’il puisse l’appliquer en escalade.
– Ok, donc si je comprends ce que tu dis c’est qu’on ne devient pas plus fort en faisant des tractions à un bras, mais en améliorant la technique de la traction ? Tu peux t’améliorer des deux façons. Tout dépend du niveau de ta technique sur tel ou tel exercice. Écoute, la plupart de ce qu’on sait de la technique en escalade vient des grimpeurs et de coaches “classiques”, donc sans une intelligence profonde du mouvement au niveau physiologique, ou des stratégies que le cerveau met en place pour gérer le mouvement. Par conséquent cette connaissance pratique marche plus ou moins. Parfois ça peut donner un gain de performance rapide, mais sur le long terme ça mène aussi souvent à des blessures, voire à des plateaux dans ta progression, qui t’empêchent d’atteindre le niveau que tu pourrais viser si tu te servais plus justement de ton corps.
– Si je te saisis, tu dis qu’en respectant la façon optimale d’utiliser son corps, en termes physiologiques, on peut améliorer sa conti, sa rési et sa force ? Complètement. Parce que le résultat de ton entraînement de toutes ces choses dépend de l’efficacité de tes mouvements.
– Est-ce qu’on parle au moins un peu de gainage ici ? Il y a souvent beaucoup de muscles faibles dans le gainage des sportifs, et ils doivent les travailler. Donc dans ce sens de “gainage”, je suis d’accord. Mais dans notre façon de voir les choses, un gainage déficient correspond à l’output. Si les muscles de ton gainage sont faibles, c’est parce que tu ne les utilises pas dans ton mouvement. Si tu changes ton mouvement dans le bon sens, ces muscles vont commencer à travailler et donc se renforcer. Traditionnellement, on pense que si on renforce ces muscles (séparément du mouvement) le cerveau commencera à les utiliser. Mais ça n’est pas comme ça que fonctionne le cerveau. Le cerveau, voici comme il fonctionne : il rassemble des informations sur la tenue du corps dans son entier, et à partir de là créé un “patron de mouvement” qui correspond à la situation actuelle, après quoi il envoie des instructions aux muscles pour exécuter les mouvements. Par conséquent, si tu veux ajouter des muscles à ce “patron de mouvement”, il te faut changer l’input de l’information sensorielle, c’est-à-dire changer l’idée-même du mouvement. La majorité de l’input de cette information sensorielle vient des paumes et des pieds, du coup la façon dont tu les utilises est cruciale pour le mouvement. Si tu essaies de changer la façon dont les muscles de ton gainage travaillent en les renforçant isolément, du point de vue neurologique tu es en retard, parce que le patron que suivent tes mouvements est déjà gravé dans ton cerveau. Pour être plus précis : si tu te concentres sur le bout de tes petits doigts, dans un monde parfait tes épaules devraient enclencher un mouvement de rotation externe et ta respiration monter dans ta poitrine, ce qui signifie que le travail des muscles de ton gainage a changé. Si par contre tu te concentres sur le bout de tes pouces, tes épaules devraient enclencher un mouvement de rotation interne et ta respiration se déplacer vers ton ventre. Bien sûr tu peux obtenir des gains en renforçant ton gainage pour lui-même, mais ce n’est pas le plus efficace. Je sais parfaitement que ce n’est pas facile à comprendre avec des mots, mais dès que les mesures de confinement changent je te montrerai tout ça sur ton corps en une minute. J’aime montrer aux gens comment atteindre leurs objectifs de performance, tout en leur évitant des années de douleur au niveau musculo-squelettique.
– À ce sujet, j’ai remarqué que ton site, KubaNovotny.cz insiste beaucoup sur la notion de prévention de blessure. Oui, pour la simple raison que la performance et la prévention de blessure vont main dans la main en kinésiologie développementale. Ce ne sont pas deux choses distinctes, mais bien la même. Par exemple, le kayakiste tchèque avec lequel je travaille : lors du premier mois de notre collaboration, sa performance s’est améliorée de 20%, mais sa douleur au dos a aussi disparu. Ceci étant, ça va encore plus loin : ce n’est pas juste que tu deviens meilleur et que tu évites de te blesser ; si tu améliores ton “patron de mouvement”, tu vas aussi améliorer ta récupération, puisque de nouvelles hormones sont envoyées à ton cerveau et permettent à ton corps de récupérer plus vite après tes entrainements.
À ce moment de notre entretien, je suis abasourdi. À une époque où tout le monde semble obnubilé par les plus minuscules marges de progression, je me gratte la tête en me demandant pourquoi la kinésiologie développementale n’est pas encore un sujet de discussion chez tous les entraineurs. Si on peut améliorer 1) notre performance, 2) notre récup et 3) le temps qu’on passe sans blessure, comment se fait-ce qu’elle ne fait pas partie intégrante des recettes de base de chaque entrainement possible et imaginable ?! Est-ce le futur de l’entrainement, du coaching ? Est-ce que le Dr. Čumpelík et ses étudiants, dont Kuba, sont simplement trop en avance sur leur temps ? Tout ça me rappelle un autre athlète tchèque, qui révolutionna l’entrainement à son époque : Emil Zatopek, le coureur de fond et demi-fond, a en effet mis les intervalles en vogue.
– La question se pose donc : la kinésiologie développementale est-elle l’avenir ? Je n’ai pas de boule de cristal. Mais je peux confirmer que ça ne fait pas partie du mainstream, et ça ne sera d’ailleurs probablement jamais le cas. J’ai passé 500 heures à étudier cette discipline avec Dr. Čumpelík, et quatre fois plus à m’y intéresser par moi-même, et je suis encore loin de tout comprendre. Le mouvement complexe est… très compliqué! Le problème principal tient au fait que, comme on le voit dans cet entretien, il s’agit d’une connaissance qui passe mal en texte et même en vidéo. Tant que ton corps ne fait pas concrètement pour lui-même l’expérience d’un nouveau niveau de qualité dans le mouvement, tu ne peux pas réaliser ce que ça change, et combien c’est utile. Cela dit, 41 coachs, docteurs et physiothérapeutes prennent part à mon programme annuel (2 heures hebdomadaires), donc il y a de l’intérêt pour la discipline.
– Je peux voir un léger problème pour les grimpeurs (et autres sportifs), c’est que ta discipline ne ressemble pas à ce qu’ils ont l’habitude de considérer comme un “entrainement”. Plutôt comme du yoga ou de la physio, mais la physio est rarement prise pour de l’entrainement. C’est aussi la raison pour laquelle la technique est souvent délaissée, parce que ça ne fait pas suer et souffrir. Et pourtant, on sait aussi que ça apporte son lot de récompenses plus tard… Oui, c’est en effet un point faible. Mais de notre point de vue, soit tu veux t’améliorer et faire ce qu’il faut, soit tu veux juste t’exploser et être courbaturé le lendemain. Ce qui est tout aussi valide, certains veulent juste s’amuser et se changer les idées après une journée de bureau. Mais si tu veux continuer à progresser et que tu es prêt à y mettre ce qu’il faut, je me ferai un plaisir de te montrer comment hisser ta grimpe au niveau supérieur. Et au fait, je ne l’ai pas mentionné mais une fois que tu améliores ton mouvement, tu peux travailler encore plus dur. Exemple : après 2h d’entrainement, mon kayakiste n’en pouvait plus, la pagaie lui tombait des mains, il était détruit. Après notre travail sur la rotation de ses côtes il pouvait en faire 40 minutes de plus, et donc fatiguer son corps en entier, pas simplement ses avant-bras.
– Hallucinant ! Encore une chose. Il y a deux zones d’apprentissage : celle d’apprentissage justement, et celle de la performance. Avec les jeunes, il est important de développer la première, pour qu’ils puissent plus tard en bénéficier dans leurs performances. Pour les athlètes à leur pic, il faut trouver le bon équilibre entre apprentissage et performance dans leur entrainement. Ce qui est unique dans cette approche est qu’on peut ajouter davantage de qualité dans la zone d’apprentissage, pour que ça soit encore plus bénéfique.
– Pfiou, tellement de choses à intégrer… Ça m’en met plein la vue. Mais bref. Tu n’entraines pas que les athlètes pro cela dit, donc quelles sont les différences principales entre eux et nous ? Comme je le disais plus tôt, les sportifs de haut niveau sont capables d’intégrer la nouveauté beaucoup plus rapidement que nous, donc le temps nécessaire à l’absorption de l’information est une de ces différences. Ils n’ont souvent besoin que de quelques répétitions pour les faire leurs, alors que nous on a plutôt besoin de plusieurs semaines voire mois.
– Et pour ce qui est des blessures, il en va de même pour eux et nous ? Bien sûr, les blessures sont individuelles, mais en même temps on peut dire qu’il existe à peu près 90% de blessures communes chez les gens qui viennent me voir.
La conclusionde Denis Ah ah, tout ceci me rappelle Dave McLeod et son livre “9 grimpeurs sur 10 font les mêmes erreurs”. Les grands esprits etc… Ainsi que le dit Kuba, il est difficile de saisir combien la kinésiologie développementale peut apporter à la performance. Pourquoi ? Parce que, en partie, elle nous force à sortir de nos habitudes de faire et de penser. J’allais dire “nous, en Occident”… Et c’est vrai que de par la façon dont cette discipline considère le corps comme un vrai tout et pas juste des membres collés ensemble par accident, elle se rapproche d’une perspective plus orientale, plus totalisante. C’est pourquoi je n’ai pas été surpris d’apprendre que le Dr. Čumpelík fait du yoga depuis plus de 40 ans.
Le meilleur moyen d’aider le lecteur à visualiser ce qu’est la kinésiologie développementale est peut-être de revenir à une de mes premières rencontres avec lui. Il assurait un ami et, sachant qu’il avait plusieurs autres séances de coaching après, je lui ai demandé pourquoi il ne portait pas de lunettes d’assurage. Il m’a répondu qu’il n’en avait pas besoin, à quoi je rétorquai en rigolant “c’est parce que tu es encore jeune”. Non. Il m’expliqua ensuite que lever la tête n’est pas nécessairement synonyme de mal de cervicales, mais pour ça il faut comprendre comment engager la chaine musculaire qui soutient la tête. Et pour ça, la meilleure solution consiste à écarter les coudes du tronc. De cette façon vous engagerez les muscles du dos, qui à leur tour contracteront les muscles à l’arrière de votre cou. Maintenant, quand vous levez la tête vous ne vous appuyez pas seulement sur les vertèbres de votre cou – ce qui met tout le stress d’une position tout sauf naturelle sur une petite partie fragile de votre corps – vous utilisez votre haut du corps dans son entier pour soutenir votre position. Résultat: moins de traumatismes du cou, pas de douleur, et renforcement musculaire.
Ça peut sembler trivial, il s’agit “juste” d’assurage. Mais imaginez ce que cette façon de penser/comprendre/faire peut apporter à la grimpe elle-même! Si vous arrivez à relier tous les points physiologiques et squelettiques ensemble de la plus façon le efficace, donc cohérente, donc naturelle possible ? À mes yeux, c’est de l’or en barre !
Do you remember the ReelRock short where Adam Ondra is listening to an old white-coated man telling him how to walk? Sure, the ‘very pumpy’ visualisation episodes grabbed the limelight, but to be fair visualisation is nothing new. What is fairly new is that the best climber in the world should relearn to walk in order to send the first 9c in history. What was that about?To find out more, one redactor of our editorial team, Denis Lejeune got in touch with one Kuba Novotny.
“Kuba is a nice chap who coaches a friend of mine, but more importantly he is a student of Dr. Čumpelík, of ReelRock fame, and works with top athletes in various sports and has collaborated with Ondra too.”
– Ahoj Kuba, thanks for taking the time. With pleasure.
– First, what is the name of the kind of magic you do with climbers? It’s called ‘developmental kinesiology’.
– Sounds… poetic. What is it? It is closely related to neuroscience because, after all, the brain is the tool that manages our movements, and it plays a key role in getting us stronger, or making our training more efficient. The basic difference between this understanding of sport training and the classic ‘fitness’ one is that the objective of fitness is to make muscles stronger. But power in the climbing movement is not the sum of the power in our muscles. It is the brain that manages every movement, saying which muscle will join, how much it will pull and in which direction, and that is often forgotten. In the conscious movement, muscle works towards the support. For instance, some elite climbers are strengthening the abs which work upwards. That is convenient, as it is direction we move while climbing (up). Some other climbers may see that and think : ‘That is cool, I will strengthen my abs as well’. But their coordination is worse due to a less efficient use of their set of supports and they end up strengthening abs downwards, in opposition to the movement we want to be good at. Which in the end will weaken their arms, meaning they are more likely to injure their shoulders, elbows or fingers. As Alex Huber said in an interview with a Czech climbing magazine a while ago: “I have the impression that I am strong after campusing, which is good, but climbing is not hanging. It is mainly a movement in overhanging terrain, fixed by feet and toes. That means a different kind of coordination. Today I see that my opinion was correct. When I want to compare myself to the current Frankenjura climbers on campusboard, I have no chance at all. But I’m stronger on the rocks. So I don’t think hanging alone means anything. You have to get that specific coordination into your body. The influence of the campus ends at the chest, while the systemboard system goes all the way down.” In my opinion you can campus or deadhang and engage your whole body, but it is super hard. Otherwise I have to agree with everything he said.
– I thought neuroscience helped sportspeople improve decision-making in fast-paced environments for instance, or shorten reaction times. How does it relate here, can you develop a bit more? Sure. So say I want to get stronger on a crimp: I start to hang for 3-7 seconds on as small a crimp as I can. It will send signals to my brain that will force it to send stronger signals back to my fingers. That is the basic principle of sport training. But there is also feedback coming from the fingers and if my fingers, elbows, shoulders, scapulas and back are not set well (if my scapula is in the wrong position, or I am hunched) the feedback to my brain will be: don’t send those strong signals ever again, or you will destroy your joints or soft tissues. Therefore, the outcome of the training will depend on the right setting of our whole body. For instance, a top Czech speed kayaker improved his paddling power from 100-110 watts on Monday to 130-140 watts on Saturday after a couple weeks of practicing static positions on the ground and trying to rotate his ribs. Positions that are very close to actual kayak paddling.
– The ribs!? You’d be surprised.
– It sounds like next level bio-mechanics to me… From an evolutionary point of view, our body is designed for running, walking and squats. So if we do that right and do not injure ourselves falling off a cliff or whatsoever, our musculoskeletal system (bones, joints, muscles, soft tissues connected with muscles) will probably be alright till we die a hundred years-old. We can also do lots of other movements right but for that we have to obey the ‘physiological rules’, which are common to all our healthy movements. The main key to understand this is that the body works around a contralateral pair of standing and walking limbs, as well as rotation of the thoracic spine – which is there to shift the body center on the standing leg. So, basically, human locomotion (forward motion) is simple: stand on one leg. But the better your posture, the less power you need to shift weight on the standing leg. And that basically describes movement efficiency. When Adam Ondra improved rotation of his ribs, it had a huge impact on his campusing. And that is actually what Adam was doing with Dr. Čumpelík in the ReelRock video you mentioned: learning to connect hands, feet and ribs in the walking so he can do the same in climbing.
– So in effect, what you’re saying is: you don’t get stronger by doing more one-armers, but by improving, basically, one-arm pull-up technique? You can improve both ways. It always depends on the level of your technique in a given exercise. Look, a lot of the knowledge we have about climbing technique was accrued by climbers and coaches without a proper understanding of physiological movements or of the strategies the brain uses to manage movement. As a result, this practical knowledge works more or less. Sometimes it will give you fast performance improvement, but in the long term it often leads to injuries, or may even get your performance development to plateau at a level that is (way) lower than where you could get to otherwise.
– If I understand correctly, you’re saying that by respecting the best, most optimal way our body works, physiologically, we can improve our endurance/power endurance/power performance? Exactly. the outcome of power/endurance training depends on your movement efficiency.
– Has it got to do with core as well? There is often a lot of weak muscles in the trunk of sportsmen, and that needs to be changed. So up to that point I agree with the ‘core’ you mention. But from our point of view the weak trunk muscles are ‘output’. If your core muscles are weak it is because you don’t use them in your movement pattern. If you change your movement pattern right, they will start working and therefore get stronger. Usually, we think that if we strengthen those muscles the brain will start to use them. But this is not the way the brain works. The brain works like this: collect input information about the setting of whole body, then create an idea of movement that fits the current situation, and then send information to the muscles so they execute the movement. So if you want to add more muscles to your movement pattern, you have to change the sensory information input, i-e change the idea of movement. Most sensory information is coming from the palms and feet, so the way you work with those areas is crucial for your movement. If you are trying to change the way your trunk muscles work by strengthening those muscles, you are neurologically late, because the image according to which the movement is done has already been made in your brain. To be more specific: if you focus on the tip of your pinky, your shoulder should set into external rotation and your breath move upwards in the chest, which means the work of your core muscles has been changed. If you on the other hand focus on the tip of your thumb, your shoulder should go into internal rotation and your breath move more towards your belly. Obviously you can get some results even just by strengthening your core muscles, but it is not so efficient. All of that is hard to grasp in words, I know full well, but when the public health regulations allow I could show you on your body in a minute. I am happy to show people how they can help themselves achieve their performance goals, all the while avoiding years of lasting pain in their musculoskeletal system.
– On that, I have noticed that your website, KubaNovotny.cz puts a lot of emphasis on injury prevention. Yes, for the simple reason that performance and injury prevention go hand in hand in developmental kinesiology. It’s not two discrete things, it’s one and the same. For instance, the Czech kayaker I work with: in our first month together his performance improved by 20%, while his back pain disappeared. Having said that, it’s even more complex: Not only do you get better and avoid injury, but the better your movement, the better also your ability to recover, insofar as different hormones will get to your brain and allow your body to start recovering sooner after training (than if your movement is not optimal).
At this point I am utterly stunned. In an era that is so keen on making the most of the marginalest gains, I wonder why on earth developmental kinesiology has not become the talk of the town in coaching circles the world over. If you can improve 1) your performance, 2) your recovery and 3) the length of your injury-freeness, just why isn’t it a staple of training?!? Is it the future of training, of coaching? Are Dr. Čumpelík and his student Kuba ahead of their time? I cannot help but recall how another Czech sportsman revolutionised training in his own era: indeed Emil Zatopek, the famous long-distance runner, put interval training on the map.
– So, is developmental kinesiology the next big thing? I don’t have a crystal ball. But I can safely say it is definitely not mainstream and may never be. I spent around 500 hours studying and four times more practicing for myself, and I am nowhere near the end. Complex movement is… really complicated! The issue I see is that this knowledge can’t be passed on by text or by video. Until you actually experience, for yourself, a new level of quality in your movement, you just cannot get an idea of how good this thing is and how useful. Having said that, there are now 41 coaches, doctors and physiotherapists attending my yearly program (weekly 2-hour classes) so there is some interest.
– One thing I could see being a slight issue with climbers (and other sporty people) is that it may not look or feel like ‘training’. More like yoga or physio, but physio is not seen as training by many. That’s also why climbing technique is sometimes overlooked, because it doesn’t make you sweat and hurt. Yet it brings massive rewards down the line… Yes, that is another weak spot obviously. But from my point of view, you either want to get better and then do whatever it takes, or you just want to get tired and soar to feel good. Which is alright, some people just want to have fun and clean their heads after a day at work. But if you want to keep improving and are willing to focus, I will be happy to show you how to get your climbing to the next level. And by the way, after you improve your movement you can work even harder. For example, that kayaker I was talking about, after 2 hours of training his paddle would usually fall off his hands: he was pumped. Yet after we worked on the rotation of his ribs he could train 40 minutes more, hence get his whole body tired, not just his forearms.
– Pretty mind-boggling. And there is one more thing. There are two zones for learning: the learning and performance zones. With young athletes it is important to work hard on their learning zone, so they can later benefit in their performance. For athletes at their peak you have to find the right balance between the learning and performance zones in their training. What is unique in this attitude is that we can add more quality in the learning zone training, so it is even more beneficial.
– Phew, that is so much to take in… But anyway. You don’t just coach top athletes, so what are the differences between us normal people and them? Well, I mentioned earlier how fast top athletes are able to make something new their own, so the time required to master new skills is one massive difference. Top athletes often need only a couple of repetitions to ‘get’ something, whereas we usually need a couple of weeks or months.
– And on the injury side of things, is it the same for all of us? Obviously it is very individual, but at the same time there are some usual issues 90% of climbers who seek my help are suffering from.
Conclusion by Denis : Ah ah, that reminds of Dave McLeod’s 9 out of 10 Climbers Make the Same Mistakes. Great minds etc…
As Kuba says, it is pretty difficult to realise just how helpful to a sportsperson developmental kinesiology really is. Why? Because it forces us to think in a way we are not used to. I was going to say ‘we, in the West’… Indeed, in the way it regards the body as a whole, and not just parts put together by dint of necessity, it bears a resemblance to a more Eastern perspective on things. Which is why I was not surprised to learn that Dr. Čumpelík has been a yoga devotee for 40-odd years.
Maybe the best way to help the reader visualise it harks back to one of my first encounters with Kuba. He was belaying my friend Dave and, knowing he had quite a few coaching sessions that day, I asked him why he wasn’t wearing belay glasses. He replied he didn’t need any. ‘That’s because you’re young’ I joked. Then he explained that lifting your head up doesn’t need to hurt your neck, but for that you need to understand how to engage the whole muscle chain that supports the head. For that, the best way is, when you belay, to try and push your elbows away from your trunk. This will activate muscles in your back, which in turn will tense up the muscles in the back on your neck. Now when you lift your head up you are not relying solely on your neck vertebrae, i-e putting all the stress of the un-natural position on one small and fragile part of your body, you are relying on its whole upper half to support your position. So: less stress on the neck, no pains, and muscle reinforcement.
It may sound trivial for belaying. But imagine what this way of thinking/understanding can do for climbing itself? If you connect the physiological and skeletal dots together in the most efficient way? In my eyes, it is pure gold.