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Seb Bouin: « Je suis boosté à 100% pour Bibliographie »

Alors qu’hier l’Italien Stefano Ghisolfi signait la répétition de l’année en venant à bout de « Bibliographie », proposé à 9c par Alex Megos en Août 2020, figurez-vous que c’était notre falaisiste français Seb Bouin qui était à l’assurage pour le run victorieux. Ni une ni deux, nous lui avons passé un coup de fil pour recueillir ses impressions, sachant que lui aussi travaille la voie…

Franchement hier, rien ne laissait présager que « Bibliographie » allait tomber. Les conditions s’annonçaient franchement mauvaises, et nous tombions tous les deux dans le crux sur bi-doigt. Et puis il y a eu un créneau de 30 minutes avec de bonnes conditions, et Stefano en a profité pour faire LE run! Il a passé le crux sur le bi, et n’est plus tombé jusqu’au sommet. Il savait que si il n’enchaînait pas ce serait pour une autre fois car c’était son dernier essai et son dernier jour sur Céuse. Il y est allé au mental, il a l’habitude de gérer ce genre de pression ça se voit! Pour ma part ça m’a vraiment boosté. Jusqu’à présent je jonglais entre 2 projets, « DNA » dans le Verdun, et « Biblio », et là je vais m’attarder un peu plus sur Biblio pour mettre toutes les chances de mon côté! On verra… Pour la cotation de « biblio » Stefano ne s’est pas prononcé, il va prendre le recul nécessaire. Pour ma part tout ce que je peux dire pour le moment c’est que je pense que « Biblio » est plus abordable que « DNA »… Affaire à suivre si je parviens à enchaîner!

Marine Thévenet enchaîne deux nouveaux 8B bloc à Rocklands

La très forte bloqueuse française, Marine Thévenet, vient d’ajouter deux nouveaux blocs à sa déjà longue liste de croix dans le 8ème degré. C’est à Rocklands cette fois-ci qu’elle a oeuvré en sortant « Antidote » et «Quintessential », chacun cotés 8B.

Voici son commentaire:

Alors « Quintessential » m’a pris 2 séances : c’est un beau panneau avec deux grands mouvements. Lors de la première séance je n’ai pas un mouvement mais j’étais proche des 2! Je suis revenue et j’ai essayé un nouveau placement de talon pour le premier mouv et ça a fait assez vite finalement.

« Antidote » m’a demandé plus de temps et de persévérance ! J’ai rapidement débloqué la fin du bloc mais je n’ai réussi à faire le premier mouv qu’une seule fois (pour l’enchaînement!). Il s’agit d’un mouv d’épaule avec un pied pas très bon sur lequel il faut tourner pour tenir la prise d’arrivée ; j’ai eu du mal à doser la vitesse d’arrivée sur la prise et la tension exercée dans le pied. La fin du bloc me correspondait bien avec des mouvs sur des arquées, et au total il m’aura fallu 4 séances pour en venir à bout.

Pour la suite, ce sera un peu de repos pour Marine qui a quelques petites blessures à soigner (poignet / genou), avant de se remettre en forme pour le Tessin!

Bassa Mawem nous donne des nouvelles suite à son opération

Il y a une dizaine de jours, Bassa Mawem se rompait le tendon inférieur du biceps durant les qualifications de l’épreuve de difficulté des JO. Mardi dernier, il était attendu à Paris pour se faire opérer à l’hôpital Saint Antoine. Suite à son opération, il est revenu sur sa blessure et nous a donné quelques nouvelles.


Pour revenir sur ce qu’il s’est passé, lors de l’épreuve de difficulté j’ai eu une rupture totale de mon tendon inférieur du biceps, d’où le fait qu’il soit remonté dans le bras. Ce n’est pas simple d’expliquer pourquoi cette blessure est arrivée. Mais je pense que c’est lié au fait que je me suis beaucoup entraîné depuis un an et demi, et au delà ça, que je ne m’étais pas entraîné pour le combiné, je n’avais pas préparé mon corps pour ce type d’effort: moi l’objectif c’était de rentrer en finale en gagnant la vitesse, et aux JO l’intensité était très élevée, et mon corps n’a pas suivi.

Après la vitesse ça allait, j’étais bien, mais après le bloc j’étais exténué nerveusement et physiquement. Et en diff je n’ai même pas eu le temps de grimper, ça a pété très vite. J’ai eu la sensation d’une très grosse crampe, et j’ai regardé mon bras, j’ai vu mon biceps qui était tout en haut et j’ai flippé…

Après ça j’ai été pris en charge par les médecins sur place. 2 options: eux voulaient que j’aille à l’hôpital de Tokyo, mais j’ai préféré aller à la clinique du village olympique. J’ai vu le médecin de la délégation olympique qui m’a mis en contact avec un chirurgien sur Paris, et il m’a dit qu’il fallait que je me fasse opérer dans les 3 semaines suivant la rupture, c’est pour ça que je suis resté sur place pour être avec l’équipe de France pour les finales, être présent pour mon frère et pour Anouck.

Le soir, juste après a diff, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J’étais hyper déçu, j’étais en finale avec mon frère, on était hyper fiers après l’épreuve de bloc, alors j’ai été super triste de ne pas aller au bout avec lui, on s’était toujours dit qu’on irait au bout ensemble, alors ça à vraiment été dur, j’avais l’impression de l’abandonner en route.

Le lendemain, j’ai encore beaucoup pleuré à chaque fois que je repensais à la blessure, mais pour quelque chose de différent: je pensais à ma carrière sportive qui était remise en cause, tout était remis en question… Je me disais « J’en ai pour 6 mois là, j’ai 37 ans », je ne suis plus trop jeune alors je me posais beaucoup de questions: « Est-ce que j’en suis capable? ». Là concrètement j’ai 6 mois d’arrêt, je vais pouvoir reprendre en février 2022 et ensuite j’ai un an avant les premiers sélectifs pour les JO 2024, et j’aimerai finir ma carrière sur ces jeux. Alors oui j’ai beaucoup pleuré car je n’ai jamais abandonné de toute ma vie, et là pendant une journée j’avais dans la tête qu’il était possible que j’abandonne, je me disais que ma carrière allait se terminer comme ça. Et puis au final j’ai pris la décision de me battre, et quelque soit le résultat final, je veux arrêter sur un combat, ce sera mon ultime combat.

Pour parler un peu de l’opération…

Concernant l’opération, lundi j’étais à l’hôpital Saint Antoine pour voir le Dr Picard qui allait m’opérer, il m’a tout expliqué, il m’a rassuré en me disant que si je respectais le protocole à la lettre, dans 6 mois je pourrai m’entraîner comme avant. Je me suis fait opérer, il était accompagné par les Dr Boutroux et Dr Louis, et je leur dois beaucoup, j’ai été super bien pris en charge, ils se sont supers bien occupés de moi. Je les remercie vraiment, eux et toute leur équipe.

L’opération consistait à refixer mon tendon à un autre endroit sur l’os. Maintenant, en gros j’ai 3 semaines d’immobilisation complète, aucun effort, aucun mouvement et bras à 90°. Ensuite j’ai 2 mois et demi de rééducation pour retrouver ma mobilité (tendre le bras, fléchir, mais sans forcer), et ensuite pendant 3 mois du renforcement pour pouvoir récupérer ma force et faire en sorte que mon tendon soit bien solide. Et au bout de ces 6 mois je pourrai de nouveau chercher à grimper fort. Ça va durer 6 mois, ça va être dur c’est sur, et pendant ces 6 mois je vais faire quelque chose que je n’ai jamais fait, je vais chercher un bon préparateur physique, je me laisse deux semaines de repos et ensuite je reprends l’entraînement. Je vais passer autant de temps qu’avant à l’entraînement mais sans grimper. Je vais bosser les jambes, les abdos, je vais m’étirer, … Je vais faire bosser tout le bas du corps. Je vais changer ma manière de m’entraîner pour tenter de me qualifier en 2023 pour les JO de 2024.

Comment je me sens?

Je ne suis pas au top de ma forme physiquement mais dans la tête tout va bien, je sais quel combat je dois mener, je sais où je vais. J’ai vécu une aventure extraordinaire avec mon frère, je suis super fier d’avoir représenté la France, on était attendu par certains, d’autres pensaient qu’on ne serait pas prêts mais on a prouvé le contraire. Sur ces JO on était d’attaque et on a montré à la France entière qu’on avait toute notre place sur ces jeux.  Donc oui dans la tête ça va super bien!

Un petit mot quand même sur ces JO sans parler de la blessure…

Franchement c’était 3 semaines de folie, les deux premières dans le centre d’entraînement que Sylvain Chapelle avait réservé, puis une semaine sur le village olympique. On a été réçu comme des rois sur le centre d’entraînement, on était dans une bulle sanitaire, on ne pouvait pas sortir de l’hôtel, on restait à notre étage, pas le droit de prendre l’ascenseur, on ne devait avoir aucun contact avec des personnes extérieures. Même pour aller au mur qui était à 5min à pied, on prenait un bus spécial pour ne pas marcher dans la rue. Mais on était dans notre bulle, c’était top, loin de la pression des jeux. Tout était organisé pour que tout soit simple.

Une fois arrivé sur le village on en a pris plein les yeux. Franchement c’est incroyable. Quand tu vis des championnats de France, des coupes du monde, des championnats du monde, tu imagines meme pas à quel point les JO ça va au delà de tout ce que tu as pu vivre dans ta carrière de sportif, c’est démesuré, c’est de la folie. Il n’y a que des athlètes de fou sur le village, c’est une ambiance incroyable. Dans notre chambre on était avec l’équipe de France de pistolet vitesse et l’un des deux (Jean Quiquampoix) à remporté l’or avant nos épreuves, j’ai tenu une médaille dans mes mains, c’était fou, ça te motive tellement à donner le meilleur de toi.

Bassa et son frère Micka devant le mur d’échauffement des JO.

C’est vraiment un autre monde les JO, on ne peut pas se rendre compte tant qu’on ne les a pas vécu. Je n’ai que des choses positives à raconter, et ce que je peux dire à tous ceux qui rêvent des jeux: donnez-vous les moyens car si vous y arrivez vous allez vivre un truc de malade mental, je le souhaite à tout le monde! Quand on est athlète et qu’on donne sa vie pour réussir, c’est la seule compétition qui reflète l’investissement qu’on y met. C’est dingue à dire, mais depuis ces JO je sais pourquoi je me suis entraîné depuis toutes ces années, c’est pour ça, ce moment unique qui restera gravé en moi.

Pour finir, je tenais à remercier tout le monde, la Calédonie, la France, tous ceux qui nous ont suivi sur cette aventure, merci au staff de la FFME qui a été à la hauteur de l’événement, merci tout le monde vraiment, on a vécu un truc de dingue et c’est grâce à toutes ces personnes que cet événement aura été magique.

Retour sur les JO de Tokyo avec Sylvain Chapelle, responsable de la préparation olympique

Quelques jours après la fin des premiers JO de l’histoire de l’escalade, nous sommes allés à la rencontre de Sylvain Chapelle, responsable de la préparation olympique de l’équipe de France d’escalade, pour faire le bilan de la performance de nos grimpeurs tricolores.


Comment te sens-tu quelques jours après la fin de ces premiers JO pour l’escalade ?

Écoute, très fier d’avoir participé à cette première pour l’escalade aux JO. Content de là où on est arrivé et de tout le chemin parcouru. L’aventure a commencé il y a presque 5 ans avec beaucoup d’incertitudes sur le format, sur le processus de qualifications, sur les athlètes qu’on allait avoir, et au bout du compte j’ai l’impression qu’on s’en est plutôt bien sorti. Et du coup, pour répondre à la question : bien fatigué de cette aventure quand même.

Peux-tu nous présenter le staff qui accompagnait les athlètes à Tokyo ?

Alors pour te présenter le staff: il y avait Cécile Avezou qui est entraîneuse nationale sur la difficulté, Laurent Lagarrigue qui est entraîneur national sur le bloc, Pascal François notre kiné et moi-même en tant qu’entraîneur national de la vitesse mais également responsable de la préparation olympique.

Et puis on avait aussi un staff qui était resté en France et qui était scindé en deux : un côté qui était plutôt axé sur tout ce qui était jugement, avec des juges internationaux et d’un autre côté le pôle plus technique/entraînement avec des entraîneurs nationaux. Il y avait François Leonardon, Jérôme Chapelle, Vincent Caussé et Emilie Gheux qui étaient sur l’aspect jugement et organisation de compétition, et côté entraînement on avait Nico Januel qui est entraîneur national sur le bloc, Romain Desgranges qui est adjoint de Cécile sur la diff et Esther Bruckner qui est entraîneuse nationale de vitesse jeunes et qui bosse très souvent avec moi. Donc on était en liaison permanente avec eux, on pouvait leur poser des questions et de leur côté ils nous faisaient des retours dans leurs domaines respectifs.

Et bien entendu, en plus, il y avait Damien You, directeur des équipes de France et Pierre Henry Paillasson, DTN, qui nous ont rejoints quand on est arrivé sur le village olympique le 28 juillet.

L’équipe de France et le staff, au départ de Paris et en direction du Japon.

Première question classique, que penses-tu des résultats de notre équipe de France sans rentrer dans une analyse technique que nous verrons après ? Tu t’y attendais ?

Oui bien sûr ! Plutôt content des résultats qu’ont pu faire nos athlètes. Ce sont des résultats plutôt satisfaisants dans l’ensemble même si, forcément, on attend une médaille, surtout qu’on n’est pas passé très loin, à la fois chez les garçons et chez les filles. Mais ça fait partie du jeu. Si on veut y arriver, il faut que les choses se passent bien sur plusieurs domaines, surtout pour cette discipline du combiné où on ne maîtrise pas tout. Il y a des choses qui ne dépendent pas que de nous et du sportif, mais qui dépendent aussi de la physionomie de la compétition et notamment des résultats des autres.

Beaucoup pensaient qu’on ne ferait pas grand chose sur ces Jeux, je crois que les athlètes ont bien démontré le contraire. Et on est vraiment passé proche de faire des médailles. Il y a un côté frustrant, c’est sûr, on reste sur notre faim car j’attendais plus, forcément, mais je suis quand même très content de ce qui a été accompli. Après libre à chacun d’interpréter les résultats comme il l’entend.

Comment se sont passées les journées avant le début des qualifs ? Comment tu as géré ça en tant que responsable de la préparation olympique ? 

On est parti le 19 juillet direction Kurayohi, c’est là qu’on avait déjà fait des camps d’entraînement notamment en 2019 avant les Championnats du Monde. J’étais en relation depuis trois ans avec les personnes sur place pour organiser tout ça et je savais qu’on pourrait faire ce qu’on voulait ici et que l’on avait toutes les installations nécessaires.

Sur place, on s’est entraîné jusqu’au 28, l’idée c’était à la fois d’absorber le décalage horaire, mais aussi de s’acclimater à la chaleur, car même si c’était moins humide qu’à Tokyo, il faisait quand même très chaud. Et enfin, dernier objectif, monter en pression petit à petit en direction des Jeux sans arriver directement aux JO en passant du petit cocon qu’on a en France au village olympique. L’idée c’était donc de faire un petit sas de décompression qui permettait de tranquillement se préparer, et de pouvoir, pour nous, établir une connexion avec les athlètes au quotidien. Et ça c’est plutôt très bien passé.

Dernier jour à Kurayohi, avant de prendre la direction de Tokyo.

Le 28 on a donc pris le chemin du village olympique, et, là changement d’ambiance radicale ! Mais on le savait, c’est une expérience à part entière. Ça a bien fonctionné, ça nous a permis d’arriver au début des épreuves sans avoir accumulé une fatigue mentale trop importante.

Comment on gère les athlètes ? Ça a été très différent pour les uns et pour les autres, ils étaient quatre avec quatre profils différents. L’idée ça a été de rendre les choses les plus simples pour chacun donc on a essayé de s’adapter à ce dont ils avaient besoin pour faire en sorte qu’ils arrivent dans les meilleures dispositions, avec un bon capital confiance.

On va parler un peu analyse technique. Si en qualif, les frères Mawem et Anouck Jaubert font le job, Julia Chanourdie passe un peu à côté : quelle analyse en fais-tu pour Julia ?

En qualif, les frères Mawem et Anouck, ils ne font pas le job… ils font un super job ! Ce n’est pas simple de grimper à son meilleur niveau sur les JO. Anouck et Bassa ont battu leur record perso, donc c’est un super job ! Et puis Micka, il a juste été énorme sur ces qualifications, surtout en bloc, mais il a aussi été très bon en vitesse et plutôt bon en diff !

Tous les trois font quelque chose de magnifique, vraiment, ils étaient au-dessus de leur niveau. Effectivement, Julia passe un peu à côté, sauf en vitesse où elle a été performante puisqu’elle bat son record perso. En bloc c’était plus dur pour elle, c’étaient des blocs qui ne lui convenaient pas vraiment, elle a eu des difficultés à s’en sortir, et on le sait : le bloc, quand ça ne marche pas au début du circuit, ce n’est pas simple de se remobiliser, et la difficulté n’aura pas suffi à sauver son classement… Donc oui, c’étaient des qualifications compliquées pour résumer…

Un circuit de blocs qui n’aura pas convenu à Julia Chanourdie. © IFSC

En finale, même question, quelle analyse fais-tu des performances de Micka et Anouck ?

Deux choses un peu différentes. Pour Micka, on savait que le tableau de vitesse était un peu compliqué pour lui : il prend en deuxième run Tomoa, le meilleur performeur, Bassa n’étant pas là. Il se fait battre à pas grand chose et c’était à sa portée. Ensuite, on savait qu’il avait de la marge pour faire troisième sur son dernier run de vitesse et il a réussi à ne pas rater ça, même en faisant une erreur, il parvient à se remobiliser pour ne pas finir quatrième. En bloc, un peu déçu car on espérait mieux vu ce qu’il avait fait l’avant-veille où il nous avait fait halluciner. Il fait le premier bloc rapidement, et le deuxième il trouve la solution mais il n’arrive pas à concrétiser, et puis le troisième bloc ne servait à rien, donc ça s’est joué sur deux blocs, à l’avantage de l’américain Coleman.

Pour Anouck, sur la vitesse, ça se passe bien jusqu’en finale face à la polonaise Aleksandra Miroslaw, qui est une très forte compétitrice, on ne va pas se le cacher. Elle fait peu de compétition, mais par contre elle est très très forte, elle nous avait montré qu’elle était très rapide en qualif, en étant à un centième du record du monde. Anouck est revenue en force sur la vitesse ces dernières semaines, on savait que c’était jouable, mais ça ne l’a pas fait, il n’aura pas manqué grand chose ! Dans son run de finale, elle est devant la polonaise sur la mise en action au départ, elle est toujours devant au milieu de la voie sur la reprise du jump, mais elle perd du terrain sur la fin. Elle termine deuxième et on savait que ça allait être compliqué pour la suite de la compétition. Elle donne tout sur le bloc, elle s’en sort pas mal mais il manque la petite finition. Et puis en difficulté, elle tient sa place, les autres sont beaucoup plus fortes qu’elle, elle a fait le max pour aller chercher une place.

En finale, Anouck Jaubert prenait un meilleur départ qu’Aleksandra Miroslaw, avant de se faire rattraper par la polonaise sur la fin du tracé © IFSC

Suite à la blessure de Bassa, comment trouves-tu les mots pour que l’équipe reste soudée et focus ?

On ne fait rien d’extraordinaire, on explique clairement les choses à tout le monde, surtout à Micka, car on sait qu’ils ont une relation fusionnelle. On ne lui avait rien dit avant son run de qualif en diff, mais par contre tout de suite à la sortie, je le récupère pour aller voir son frère, pour lui expliquer et le rassurer, afin d’éviter que ça ne cogite trop.

Et puis pour le garder dans le game, on lui explique qu’il a super bien commencé le travail mais qu’il a un boulot à finir, donc récupération et remobilisation pour la finale du surlendemain. C’était important de bien rester dans ses baskets pour pouvoir continuer à perfer. Ce sont les mots qu’on a eus, mais ce sont aussi ceux de Bassa, qui croit en son frère. Donc on n’a pas eu trop de difficultés pour le garder bien mobilisé pour la suite.

Malgré le forfait de son frère, le staff français a tout fait pour que Micka reste concentré jusqu’au bout de la compétition © IFSC

Durant les quatre jours de compétition, as-tu réussi à dormir ou te refaisais-tu les journées en boucle dans ta tête ? Comment fais-tu pour gérer ça ?

(Rire), on ne dort pas beaucoup… La compétition commençait à 17h, ça se terminait à 22h30/23h00, on rentrait ensuite en bus pendant 20 minutes, on mangeait, ensuite petit débriefing avec le staff sur la journée qui s’était écoulée et sur la journée suivante, on prenait aussi des infos de nos collègues restés en France pour voir comment ils avaient vécu la compétition et avoir un max d’infos à donner à nos athlètes pour la suite de la compétition. Ensuite, moi, je n’arrivais pas à dormir donc j’allais courir un moment, j’étais un peu tout seul à courir dans le village à 1h00 du mat, mais au moins ça me permettait d’évacuer toute la charge mentale qu’on prenait la journée, ça faisait vraiment du bien.

Je ne me suis pas trop refait la compétition dans la tête après les qualifs, par contre après la finale de Micka c’était autre chose. Clairement je n’aime pas perdre, je suis un compétiteur comme nos athlètes et je n’ai pas la défaite très bonne en moi, donc il a fallu accepter, ça a été un peu long ce soir-là, mais il a fallu vite se remettre dedans car le lendemain il y avait Anouck qui avait besoin de nous. Il a fallu passer à autre chose, on s’est couché tard, mais une fois qu’on est couché on pense à la suite et on donne le max pour aider Anouck à perfer au mieux le lendemain.

On est obligé de te parler un peu de Janja Garnbret, quelles sont ses plus grosses qualités selon toi pour écraser la concurrence et notamment en bloc ? Comment lutter face à une athlète de cette envergure ?

Je crois que de toute façon elle est forte depuis un moment, elle a peu de domaines de faiblesse, c’est une athlète super complète sur cette épreuve, et ce n’est pas qu’en bloc. En vitesse, elle a beaucoup progressé et elle est très bonne, et en diff elle est excellente. Comment lutter ? Elle a été clairement plus forte là. Mais on a vu aussi qu’en qualif, la pression a été dure à tenir, donc ça fait peut-être partie des clés aussi.

Quelle est la suite pour toi maintenant ?

Un peu de vacances, retrouver ma femme et mes filles qui ont bien besoin que je sois présent. Ensuite, il y aura le Championnat du Monde qui va arriver rapidement en septembre, puis les Coupes du Monde de vitesse qui seront sur le mois d’octobre. Pas mal de boulot en perspective donc… Et ensuite, il faudra aussi rapidement s’atteler à la tâche de Paris 2024. On a du travail, on veut qualifier des athlètes et on veut être performant à Paris, que ce soit en vitesse ou sur le futur combiné bloc/diff.

Les J.O de Tokyo sont terminés, place maintenant à Paris 2024.

Un dernier mot à ajouter ?

Un grand merci aux athlètes pour l’expérience qu’ils nous ont permis de vivre tous ensemble, on s’est vraiment éclaté pendant les trois semaines où on a été ensemble. Merci aussi à tous les athlètes qui ont joué le jeu de Tokyo avant, je pense notamment à Manu Cornu, Fanny Gibert, Alban Levier… Ils sont nombreux à avoir essayé de jouer le jeu des JO. Une petite pensée pour Luce aussi qui voulait tenter cette aventure. Un petit mot également pour l’ensemble du staff qui était présent à Tokyo et avec qui j’ai passé de super moments partagés avec les athlètes. Alors bien sûr, il y a toujours des difficultés à un moment, mais on a toujours été là pour nos athlètes et pour les amener le plus loin possible dans la performance, c’était le mot d’ordre ! Merci aux collègues restés en France qui nous ont vraiment aidés, merci à la FFME d’avoir soutenu ce projet olympique depuis cinq ans, et enfin merci à nos supporters qui nous ont beaucoup aidés et qui ont beaucoup aidé l’escalade dans son ensemble.

Camille Pouget: « l’équipe de France jeune m’a fait grandir »

Alors que les championnats du monde jeunes approchent à grand pas (du 21 au 31 Août à Voronezh en Russie), ce sera pour Camille Pouget sa dernière et ultime compétition chez les jeunes. De quoi être motivée, tout en ayant un petit goût de nostalgie de toutes ces années en équipe de France jeune. Elle nous raconte…


Wouaw… La semaine prochaine c’est déjà ma dernière compétition chez les jeunes… Je dois avouer que si j’avais le choix je resterai en équipe de France jeune pour les trois prochaines années, voire plus encore haha.

Je pense qu’avoir été membre de cette équipe a été l’une des plus belles expériences de ma vie.
Ce que je peux dire en premier lieu, c’est que l’équipe de France jeune a été la plus grande et la plus belle source de motivation qui m’a poussée à élever mon niveau et être plus forte. L’envie de briller pour rendre fière une équipe et l’envie de vivre de belles histoires tous ensemble ont rendu mes réussites plus intenses et plus savoureuses. Parce que, ce qui te fait progresser quand tu es membre de l’équipe de France jeune, ce n’est pas uniquement les stages, c’est surtout le groupe, la motivation des coachs, la passion commune et la détermination de chacun à aller au bout de ses rêves.

Aussi, l’équipe de France jeune m’a permis de voyager et de découvrir de nouveaux pays grâce aux compétitions internationales, bien plus que je ne l’aurais fait par moi même en étant si jeune.

Ensuite, ces années jeunes auront été un beau tremplin pour rentrer dans « la cour des grands » et arriver sur le circuit sénior déjà préparée aux compétitions internationales et à la pression qui va avec.

Et enfin, humainement, l’équipe de France jeune m’a fait grandir et a forgé une partie de ce que je suis aujourd’hui. Quand j’ai intégré l’équipe, je n’étais pas quelqu’un qui avait beaucoup de confiance en soi. Mais que ce soit les juniors de 2016 ou les minimes de 2021, tous m’ont inspiré par leur détermination et leur manière d’y croire jusqu’au bout alors forcément… Moi aussi je me suis mise à y croire et c’est comme ça que coachs et athlètes m’ont apporté l’assurance et la confiance qu’il me manquait pour profiter de la vie à 100%…

Alors je suis énormément reconnaissante envers cette sacrée équipe de France jeune pour tout ce que vous m’avez apporté durant ces 6 dernières années ! J’en garde des amis, des souvenirs et une belle aventure qui va me pousser à vivre chaque compétition et chaque instant avec passion.

MERCI !

Portrait: Natalia Grossman, nouvelle superstar Américaine

Après avoir suivi cette première moitié de saison internationale, il nous a semblé évident de partir à la rencontre de la nouvelle pépite Américaine, Natalia Grossman. Actuellement n°1 du classement mondial en bloc et en difficulté, Natalia Grossman, du haut de ses 20 ans, vient bousculer la hiérarchie mondiale, et notamment la reine Janja Garnbret. Alors oui, tout est relatif, et certains diront que nous sommes dans une année olympique, et que certaines des meilleures grimpeuses mondiales (dont Janja) se préparent pour ces JO et ne participent donc pas à toutes les étapes de coupe du monde, ou ne sont tout simplement pas dans leur pic de forme sur ces échéances. Oui, tout cela est exact, mais il suffisait de suivre toutes ces étapes et d’observer sa grimpe pour se rendre compte de l’énorme niveau de l’Américaine. C’est en bloc pour commencer, qu’elle fera forte impression: en 4 étapes, elle en remporte 2 et prend l’argent et le bronze sur les deux autres. Dans son élan, elle poursuivra avec les étapes de difficulté où elle excellera également avec 3 podiums sur 4 étapes (2 médailles d’argent et une de bronze). Vous avez dit polyvalence? Oui je crois qu’on peut le dire, Natalia Grossman s’affirme avec une énorme polyvalence et pourrait se projeter déjà loin avec en ligne de mire les JO de Paris 2024… Rencontre!


Pour commencer peux-tu te présenter à nos lecteurs? Qui es-tu, d’où viens-tu et que fais-tu dans la vie? 

Je m’appelle Natalia Grossman, je suis grimpeuse pro et étudiante à plein temps en psychologie. Je suis originaire de Santa Cruz en Californie. Ensuite, à 15 ans, j’ai déménagé à Boulder dans le Colorado pour m’entraîner avec la team ABC, et en janvier dernier, j’ai emménagé à Salt Lake City pour pouvoir m’entraîner sur le centre d’entraînement national.

Quand et comment as-tu commencé l’escalade, et pourquoi avoir choisi ce sport? 

Quand j’étais plus jeune, on se promenait beaucoup avec mes parents dans le quartier. Et puis un jour on est passé a côté d’un grand bâtiment, on est allé voir à l’intérieur ce qu’il y avait, et c’était une salle d’escalade! J’ai tout de suite voulu me mettre à ce sport, mais je n’avais que 4 ans, et les enfants en dessous de 6 ans n’étaient pas acceptés. J’ai donc dû attendre d’avoir 6 ans avant de toucher mes premières prises, et j’ai tout de suite adoré la grimpe. J’ai aimé le défi que ça m’apportait et j’ai apprécié de voir que je progressais très rapidement.

En 2019 tu étais 27ème mondiale, et cette année tu gagnes des étapes de coupe du monde, comment tu expliques cette progression fulgurante? 

Je pense qu’il y a de nombreux facteurs qui m’ont conduit à progresser autant ces deux dernières années, mais je pense que le travail sur mon mental a été l’une des principales sources de ma progression. J’ai aussi appris que parfois moins c’est plus: J’ai l’impression que je m’entraînais peut-être trop dans le passé et que je prenais l’escalade trop au sérieux. Aujourd’hui avec le recul, je prends beaucoup plus de plaisir à grimper, et quand je m’amuse je performe mieux…

On te voit à la fois sur les étapes de bloc et de difficulté, tu as une préférence? 

Jusqu’à cette année, je m’étais toujours considérée comme une bloqueuse, mais aujourd’hui, je ne sais pas trop… Avant je n’aimais pas du tout les compétitions de difficulté car je trouvais ça hyper stressant, mais après m’être fait plaisir sur quelques étapes de coupe du monde, j’ai définitivement changé d’avis! Pour le moment même si je préfère encore les compétitions de bloc, ça pourrait changer dans un avenir proche 🙂

Cette année, l’équipe Américaine est plus forte que jamais, penses-tu que ce soit l’effet JO?

Effectivement, je pense quelqu’il y a un effet JO. Depuis que l’escalade a intégré les jeux, nous avons un vrai centre d’entraînement, ça nous permet de nous entraîner ensemble dans de super conditions, avec des circuits de bloc ou des voies type coupe du monde. Ça change énormément de pouvoir s’entraîner plus efficacement dans de bonnes conditions, et les résultats sont là cette année.

Parle nous un peu de toi… comment s’organise ton entraînement? Qui t’entraîne? 

Et bien je n’ai pas d’entraîneur,  je m’entraîne seule avec mes propres routines. Durant l’année, je m’assure de toujours travailler  la force des doigts, quelle que soit la saison, même si c’est un peu plus compliqué quand les compétitions s’enchaînent. Sinon, classiquement je travaille sur des blocs type compétition, et je m’entraîne en résistance tout au long de l’année.

On a pu voir sur les dernières étapes de coupe du monde que tu étais très proche de ta compatriote Brooke Raboutou. D’où vous vient cette complicité?

Je pense que l’une des raisons est que nous sommes de très bonnes amies et jamais en compétition l’une contre l’autre. On souhaite toujours le meilleur à l’autre, et on est toujours super heureuse si l’autre performe.

Donc ce n’est pas amies dans la vie et rivales en compétition? 

Non pas du tout, c’est amie en compétition et en dehors 😉

© IFSC

Quels sont tes prochains projets/objectifs cette année?

Mes projets pour le reste de l’année c’est de continuer à voyager et de participer aux dernières étapes de coupe du monde. L’objectif c’est de me placer de le top 10 mondial en bloc et en difficulté afin de me qualifier automatiquement pour le circuit international l’année prochaine.

Et puis je n’en oublie pas mes études, j’adore apprendre et acquérir de nouvelles connaissances, et je continuerai à garder du temps pour ça.

Tu seras à Paris pour les JO de 2024?

2024 c’est encore loin pour moi, alors qui sait! Je pense que quand on se rapprochera de l’échéance, je verrai si le sport de haut niveau est encore compatible avec mes études. On verra si je veux/peux poursuivre ou pas l’aventure.

En dehors des compétitions, tu aimes grimper et te ressourcer dehors? 

J’adore grimper dehors quand je ne suis pas occupée par l’école ou les compétitions. L’année dernière, j’ai passé tout l’été à grimper à l’extérieur avec Brooke Raboutou et j’ai l’impression que cela a fait de moi une meilleure grimpeuse. Grimper en falaise ou en bloc extérieur m’apporte beaucoup de joie donc si j’en ai l’occasion, pendant la saison de compétition, j’irai dehors.

Aux États Unis, il y a de grands noms de l’escalade, qui ne font pas de compétition, comme par exemple Alex Honnold: ça reste un idole pour toi? Tu as d’autres grimpeuses/grimpeurs qui t’inspirent? 

Je ne dirais pas qu’Alex Honnold est l’une de mes plus grandes inspirations parce que le type d’escalade qu’il pratique est très différent de ce que je fais moi, mais j’ai eu beaucoup d’autres idoles en grandissant. La liste pourrait s’allonger indéfiniment, mais certaines de mes principales inspirations ont été Chris Sharma, Daniel Woods, Alex Puccio, Kyra Condie, Margo Hayes, et bien sûr, Brooke Raboutou !

Entraînement à l’américaine: analyse de Nao Monchois

Nao Monchois a passé quelques temps avec des grimpeurs outre atlantique, avec comme objectif d’analyser leurs méthodes d’entraînement pour en garder le meilleur. Il nous raconte son histoire, et ce qu’il a retenu de cet « American style »


Il y a quelques mois, nous avions prévu avec un très bon ami, Victor Baudrand, d’aller nous entrainer 10 jours à la classique (et immense) salle d’Innsbruck afin qu’il termine son trip européen sur une belle note. En effet, canadien vivant aux USA, il est depuis janvier en France dans le but de prendre de l’expérience sur le circuit national français. La pandémie n’ayant pas permis cela, nous nous sommes malgré tout bien entraînés au Pôle de Voiron, avec une belle concrétisation à la clé puisqu’il participera à sa première finale de coupe du monde à Chamonix. Et puisque plus on est de fou plus on rit, Natalia Grossman, véritable révélation du circuit cette année, nous a également rejoint dans cette aventure autrichienne. 

Comme vous le savez, mon début de saison ne s’est pas passé comme je l’espérais, ce voyage était donc une excellente opportunité de rebondir.

Durant toute cette année, Victor étudiait et analysait scrupuleusement nos méthodes d’entraînement pour en garder ce qui lui correspondait. Et bien cette fois, changement de rôle ! C’était à mon tour d’ouvrir grand mes yeux et mes oreilles pour m’inspirer de « l’American style ». 

A noter que ce qui suit est ce que j’ai retenu d’une vision d’entraînement différente de la nôtre, ce n’est en aucun cas la sainte parole ! Les comparaisons des 2 modes d’entraînement sont sans jugement, chacun y prend ce qu’il veut 🙂 

1 – l’écoute de son corps

La première différence concerne la planification… nous avions toujours la même séquence type : 

J1 : force doigt le matin /  difficulté l’après-midi

J2 : bloc le matin : 30% tracés, 70% panneau de prises en bois / difficulté l’après-midi

J3 : repos

Et on recommence à l’infini ! 

Les contenus de séance diffèrent vraiment en fonction de nos sensations et nos besoins. Rien n’est défini, ils ont des séances types (par exemple de force doigts, force contact,…) et piochent dans cette boîte à outils, à l’inverse de la tendance française qui est de rester très proche des contenus. 

Cela nécessite par contre une très bonne connaissance de soi, de ses capacités, et d’arriver à avoir de l’objectivité sur son état  (différence entre flemme / mal de peau et réelle fatigue). Il n’y a également pas de frustration possible quand c’est toi-même qui pilote ton entraînement.   

Ce « check-up corporel » permet d’être au clair sur ce que tu veux que t’apporte la prochaine série, la prochaine voie,… c’est là le plus intéressant à mes yeux. Nos séances varient des fois de presque 1h en fonction de nos états. 

2 – l’entraînement, c’est TOUJOURS plaisant

Selon Natalia, le fait de se « forcer » à faire des séances qui entament notre corps sur le plus long terme est mentalement très éprouvant. Elle préfère la régularité, s’entraîner toujours beaucoup mais avec de l’efficacité et de l’envie; plutôt que de se baver dessus pour finir son cycle et de s’engouffrer ensuite dans un repos complet. Elle pense que cela permet d’avoir moins de fluctuations mentale et physique, ce qui est bénéfique à long terme. 

Encore une fois, cela ne veut pas dire une voie par jour, il y a un équilibre à trouver qui dépend de chacun. Et certains diront que de très gros entraînements “à muerte” sont plus bénéfiques à long terme,… peut – être 😉 

Voici un graphique grossièrement caricaturé de cette vision. 

En résumé, une superbe expérience où j’ai mis plein de nouvelles choses dans ma boîte à outils! J’espère que ce petit récit pourra inspirer d’autres personnes. N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions, j’essaierai d’y répondre par rapport au peu que j’ai vu.

Un grand merci à mes partenaires et à ma famille de me permettre de vivre des expériences comme celle-ci.

Ce qu’il faut retenir de ces premiers JO de l’escalade

Ça y est, les premiers jeux olympiques de l’escalade se sont terminés vendredi, et ce n’est pas sans un petit pincement au coeur! On aurait aimé que ça continue, car oui, c’était beau, c’était grand, c’était magique, c’était historique! Alors que fallait-il retenir de ce ces 4 journées qui ont marqué, sans aucun doute, l’histoire de notre sport?

Les français, au top lors des grands rendez-vous

Avouons-le, nous étions très fiers que 4 athlètes tricolores représentent la France sur ces premiers JO de l’escalade, mais nous avions peu d’espoirs de les voir en finale. C’était sans compter sur les énormes performances des frères Mawem et d’Anouck Jaubert en qualifications.

Qui aurait pu s’attendre à voir pointer Micka Mawem en tête des qualifications du combiné, notamment grâce à un circuit de bloc impérial où il surclassait tout le monde. Et bien il l’a fait, il a répondu présent et n’aura pas fait mentir son frère Bassa: « Micka, il y a des hauts et des bas, mais sur les grands rendez-vous il est toujours présent » . Au dessus des JO il n’y a rien, et Micka l’avait bien compris! De son côté, Bassa faisait le boulot, remportait les qualifications de la vitesse, posait un chrono à 5,45 secondes (établissant ainsi le record olympique) et se qualifiait en finale. On ne reviendra pas sur la blessure qui l’empêchera de concourir sur ces finales, mais nous retiendrons plutôt l’énorme engouement que les deux frères ont su créer autour de l’escalade.

Pour Anouck, c’était également une très belle surprise. Contrairement à Bassa qui avait fait le choix de tout miser sur la vitesse, Anouck avais pris le parti de la polyvalence en s’entraînant dans les deux disciplines dont elle n’est pas spécialiste (bloc et difficulté), et le moins que l’on puisse dire c’est que ça a payé! En effet, après avoir pris la seconde place de la vitesse en qualification, elle brillait sur le premier bloc en décrochant un top qui lui permettra par la suite d’obtenir son ticket pour les finales!

Julia Chanourdie sera la seule tricolore à ne pas se qualifier pour les phases finales. Elle n’aura pas réussi à se libérer et à se faire plaisir en grimpant, laissant place à la pression des jeux.

Résultats de nos français sur ce combiné olympique:

– Anouck Jaubert 6ème
– Julia Chanourdie 13ème
– Micka Mawem 5ème
– Bassa Mawem 8ème

© FFME

Alberto Gines Lopez défie tous les pronostics

Sur le papier, personne n’aurait imaginé le jeune Espagnol devenir le premier champion olympique de l’histoire de l’escalade. Spécialiste de difficulté, il n’avait jusqu’à présent pas fait mieux que quelques finales en coupe du monde (ce qui est déjà énorme me direz-vous…!), bien loin des cadors en piste sur ces jeux, entre autre Tomoa Narasaki, Adam Ondra, Jakob Schubert ou encore Alex Megos!

Bien que spécialiste de difficulté donc, c’est l’épreuve de vitesse qu’il remporte finalement avec un peu de chance, personne ne dira le contraire. Le jeune Espagnol élimine l’américain Duffy en quart, puis se retrouve face au moins rapide des finales, Adam Ondra, pour enfin affronter Tomoa Narasaki, ce dernier zippant au départ de la voie et laissant donc Gines remporter le classement avec un run à 6,42s! Pour comparer, Narasaki avait poser un 6,02 s au tour précédent, et le record olympique établit 2 jours avant par Bassa Mawem était de 5,45 s…

Cette victoire inattendue en vitesse permettra au jeune Espagnol de remporter la médaille d’or de ces premiers JO d’escalade après une 7ème place en bloc et une 4ème place en difficulté.

Janja Garnbret résiste à la pression et assume son statut d’ultra favorite

Qui n’imaginait pas Janja Garnbret en or sur ces jeux olympiques? Personne. Il faut dire que la machine slovène domine très largement le circuit international ces dernières années en affichant une grosse polyvalence en bloc et en difficulté, bien que dernièrement ce soit notamment en bloc qu’elle écrase littéralement la concurrence…

De la pression, il y en avait, c’est une certitude, preuve en est avec ses 2 zippettes en qualification sur ses 2 runs de vitesse… Mais rien ni personne n’aura ébranlé la championne Slovène en finale: un beau parcours en vitesse, complètement intouchable en bloc en étant la seule à toper, et n’1 de l’épreuve de difficulté, elle remporte ces premiers JO de l’histoire de l’escalade avec classe et sans bavure. Janja était déjà entrée dans l’histoire de l’escalade de par son incroyable palmarès à seulement 22 ans, la voici au sommet de l’olympe! Rendez-vous à Paris 2024, où, du haut de ses 25 ans, elle aura à coeur de doubler la mise…

© Coll. Garnbret

Adam Ondra: « la vitesse c’est terminé » !

Bien que chez les hommes il était plus difficile de déterminer des favoris, Adam Ondra en faisait incontestablement parti. Le meilleur grimpeur de la planète se consacrait depuis 2 ans maintenant à cet objectif des JO, malgré une dent contre la vitesse. Oui, si vous ne l’aviez pas encore compris, la vitesse ce n’est pas sa tasse de thé, et pourtant, il n’aura pas démérité, notamment sur le tour final où il bat son record personnel trois fois de suite, 7,44, 7,03 puis 6,86. 4ème de l’épreuve de vitesse grâce à la blessure de Bassa Mawem qui n’a pas pu prendre le départ,  il n’aurait pas pu espérer mieux, et les étoiles semblaient alignées pour que la finale se déroule au mieux. Hélas, le bloc aura laissé des traces: avec seulement 1 top et 2 zones, il termine 6ème de l’épreuve, loin, très loin de ses attentes… En difficulté, malgré un beau run, il ne prendra que la seconde position, ce qui le propulse à la 6ème place du général. Il sera sans doute difficile pour Adam d’avaler la pilule. Une chose est sure, vous ne le verrez plus sur un mur de vitesse! L’année prochaine, il sera également très peu présent sur le circuit de compétition, préférant retrouver sa passion première, la falaise. Quant à Paris 2024, c’est encore loin pour lui, et rien n’est pour le moment décidé!

Jakob Schubert, le maître dans l’art de ne rien lâcher

On imaginait bien l’Autrichien sur le podium, il faisait parti de ces grimpeurs capables de tout et pouvant résister à la pression. Et pourtant c’était bien mal parti: en affichant l’avant dernière place du combiné après l’épreuve de bloc, Schubert ne pouvait plus que compter sur la difficulté, certes sa discipline de prédilection. Mais en face, il y avait du lourd, et notamment une très belle perf d’Adam Ondra dans cette voie résistante. 7ème du provisoire, ce n’est pas ce qui aura fait vaciller Jakob Schubert… Il réalise un run magistral sur la voie de diff, en étant le seul à clipper la chaîne! Et cet exploit n’était pas sans incidence puisqu’il lui permet de monter sur le podium olympique avec une médaille de bronze! Jakob aura donc été à son image: un guerrier au mental de fer. Bravo!

© OOC / GEPA

Un nouveau record du monde de vitesse féminin

SI chez les hommes Bassa Mawem a posé le nouveau temps de référence olympique (5,45) sans pour autant battre le record du monde, chez les femmes, la polonaise Aleksandra Miroslaw explose le record du monde en affichant un temps à 6,84! Ce sera également pendant les 3 prochaines années le record olympique en attendant l’ouverture des jeux de Paris en 2024. Et la vitesse étant pour l’occasion une discipline à part entière, autant vous dire que des records devraient tomber puisque tous les grands spécialistes seront de la partie.

Que penser de l’ouverture en bloc des finales hommes et femmes ?

Sur cette épreuve finale de bloc du combiné, la tâche des ouvreurs était loin d’être simple… Tout d’abord, il n’y a que 3 blocs pour départager les grimpeurs, donc attention à ne pas faire trop simple sous peine de voir des égalités. Ensuite, il ne s’agit pas d’une coupe du monde de bloc avec uniquement des spécialistes de bloc, le dosage du niveau doit donc être plus fin. Et c’est ce qui a manqué un peu, en finale, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

Certes, l’objectif de départager les grimpeurs a été respecté à la lettre, et il s’agissait surement d’un très gros impératif pour les jeux, éviter les égalités… En revanche côté spectacle, le compte n’y était pas. Chez les hommes, le bloc 1 semblait trop facile, avec 6 tops sur 7, tous à vue sauf pour Ondra… Le bloc 2 semblait beaucoup mieux ajusté, Nathaniel Coleman est le seul à toper, mais d’autres sont tout proche, et notamment Micka Mawem qui aurait pu faire la différence sur ce bloc. Quant au bloc 3, c’est un échec complet… Tous les grimpeurs valident la prise de zone à-vue, et…. c’est tout! personne ne bouge beaucoup plus loin dans ce bloc qui semblait très difficile à appréhender. Tout le monde se casse les dents sur le même passage, et à regarder, avouons que c’était un peu long…

Sur la finale bloc féminine, le niveau était extrême. D’ailleurs, une seule grimpeuse parvient à valider des blocs, Janja Garnbret bien évidemment, qui tope les 2 premiers blocs en 5 essais (ça annonce la couleur quand on a l’habitude de la voir faire des circuits entiers à vue…). Vous l’avez compris, il n’y aura en tout et pour tout que ces deux uniques top de Garnbret sur la finale. Aucune autre finaliste ne validera un bloc. Alors quoi en penser? Oui, clairement, les grimpeuses ont été départagées, Janja sur des tops, et les 7 autres finalistes sur des zones. On aurait franchement préféré que le classement se fasse avec quelques tops supplémentaires, du moins pour le spectacle! Alors oui, Brooke Raboutou n’était pas loin d’y parvenir, et elle a contribué elle aussi à nous faire vibrer. Mais soyons honnêtes, ces finales de bloc féminines étaient un échec pour les (télé)spectateurs, car ne l’oublions pas: comme le soulignait Christopher Hardy lors d’une récente interview, « même si beaucoup de grimpeurs préfèrent que ce soit dur plutôt que trop facile, là il ne faut pas oublier que c’était les JO, qu’on passait à la télé devant des millions de gens, et que ça aurait été plus fun pour le public que les grimpeuses s’épanouissent pour choper un peu plus de tops plutôt que voir des filles au tapis les ¾ du temps »

Mais n’oublions pas non plus que l’ouverture n’est pas une science exacte, que des ratés il y en a eu et il y en aura toujours, alors malgré tout un grand respect pour les ouvreurs qui ont fait le job, cette échéance olympique n’était pas des plus simples, nous en sommes bien conscients, et l’essentiel est là: dans la globalité des 4 journées, on a kiffé voir notre sport sur ces jeux!

Le combiné, des bons et des mauvais points…

Oui, l’épreuve du combiné est loin d’être parfaite, oui on a parfois l’impression que les résultats ressemblent à une loterie (notamment chez les hommes) avec les multiplications des scores qui font basculer dans un sens ou dans l’autre le classement. Tout le monde en a conscience, aussi bien nous que les instances sportives, IFSC et CIO compris.

Mais il ne faut pas oublier l’objectif premier qui était d’intégrer l’escalade aux jeux. Avec une seule médaille proposée par le CIO, il a été fait le choix du combiné plutôt que d’une seule discipline au détriment des autres. Ce choix du combiné est également un choix stratégique permettant de mettre en lumière toutes nos disciplines aux yeux du grand public, de plaire au plus grand nombre, et donc à terme de se voir attribuer d’autres médailles. Ce sera déjà le cas pour Paris 2024, avec une médaille pour la vitesse et une médaille pour le combiné bloc/difficulté. En 2028, sur les jeux de Los Angeles, tout le monde a bien compris l’objectif: avoir une médaille pour la vitesse, une pour le bloc, une pour la difficulté, et pourquoi pas une pour le combiné ou une médaille sur un tournoi pas équipe?

Concernant le choix qui a été fait de multiplier les scores pour établir un classement, la raison est toute simple: c’était la meilleur chance d’avoir des spécialistes de chaque discipline sur ces jeux, et notamment au moins un spécialiste de vitesse. Sans ce choix, aucun grimpeur de vitesse n’aurait pris sa place pour les JO, ce qui aurait été malvenu pour un combiné.

L’escalade aux JO, des dérives annoncées?

Oui aujourd’hui l’escalade est aux JO, oui il peut y avoir des dérives, il faut en être conscient, mais ne voyons pas tout en noir… L’escalade aux JO, c’est aussi plus de moyens pour le développement de notre sport, plus de médiatisation, plus de reconnaissance, plus de jeunes qui se lancent dans ce sport et qui en découvrent ses valeurs, etc…

Concernant les éventuelles dérives, nous avons tous un rôle à jouer pour que l’escalade reste ce qu’elle est. Continuons d’inculquer nos valeurs aux jeunes pratiquants, sans oublier d’aborder la pratique en milieu naturel et les conséquences que peuvent avoir une pratique non respectueuse de l’environnement. Nous pouvons être fiers de notre sport, de ce qu’il représente et de l’image qu’il véhicule, alors à nous (fédérations, médias, clubs, encadrants, …) de poursuivre l’aventure dans cette direction.

Et pour les quelques sceptiques qui voudraient avoir une salle ou une falaise rien que pour eux (parce que le monde c’est chiant!), il va falloir vous y faire! L’escalade n’est plus la pratique old school des années 80 réservées à une petite minorité élitiste de grimpeurs.

Christopher Hardy: « tout le monde est tombé amoureux de notre sport! « 

Les JO à peine terminés, nous sommes allés à la rencontre de Christopher Hardy, LE speaker de l’escalade en France depuis de nombreuses années. Pour cette première année olympique de l’escalade, Christopher était aux commandes d’Eurosport pour commenter le épreuves d’escalade, et c’est donc tout naturellement que nous avons souhaité recueillir ses impressions après 4 journées intenses en émotions. 


Alors remis de tes émotions après ces JO ?

Comment te dire, pas du tout ! Ça va être comme à Paris 2016, gros coup de blues derrière. Un petit gout amer que ça se termine, de voir encore les JO à la TV mais que la grimpe soit terminée, mais c’était fabuleux, trop d’émotions, on a vibré, tellement hâte qu’on retrouve la prochaine compétition…

Qu’en as-tu pensé ?

Ces premiers JO ont fait une entrée MAGISTRALE dans l’univers de l’olympisme, la devise olympique correspond vraiment à notre sport. Techniquement, le combiné, on a beau en dire ce qu’on veut, c’est super excitant, on voit les 3 disciplines, avec beaucoup de suspens. Tout le monde est tombé amoureux de ce sport, vraiment super entrée de l’escalade. Petit bémol sur les images de la première journée, c’était le temps que les cadreurs se fassent un peu la main, ça a été vite rectifié sur les journées suivantes !

Je tiens aussi à dire que pour cette première, l’escalade a été super bien traitée, avec des structures de dingues, une super organisation, une mise en avant comme la grimpe le méritait, vraiment chapeau !

Parle nous des résultats de ces JO… 

Sportivement parlant, grosses félicitations aux frères Mawem pendant les qualifs, ils ont grimpé au delà de leur niveau max, c’était dingue, surtout pour Micka ! Bassa a fait le boulot en vitesse, on le savait ! Pour Micka, le bloc il l’a survolé, rien à dire de plus, c’était fou…

Concernant Adam Ondra on va pas se leurrer, les JO, c’est le graal pour les athlètes, quand tu te fais accompagner à l’aéroport par le président de la république Tchèque tu as une pression monstrueuse sur tes épaules. On est déçu pour des Megos ou des Ondra, mais je ne suis pas surpris, les JO ça reste aussi la compétition des outsiders et pas toujours des favoris, et c’est dû à une pression incroyable sur place, il faut que les gens le comprennent.

En finale chez les mecs, Alberto a eu une grande chance que Bassa ne soit pas au départ de la vitesse. Et le seul run que Tomoa rate c’est face à Alberto! Il aurait raté ce run face à Micka, ça changeait tout…  ça se joue à rien, mais c’est aussi ça le charme de la grimpe, de l’olympisme et de ce combiné.

Coleman, comment dire… On a bien compris que l’équipe américaine était en place avec l’arrivée de l’olympisme, ils ont des jeunes mutants. Sur les coupes du monde ils vont changer le décor… Et encore sur ces JO, Duffy aurait pu faire encore mieux…

Et comment ne pas parler de Schubert qui nous fait une remontada de fou, il ne lâche rien jusqu’au bout comme il sait le faire et il démonte la voie de diff ! C’était énorme !

Côté fille, pour les qualifs, c’était top. Anouck elle réussit à prendre sa place en finale grâce à sa perf en bloc ! En finale, elle tombe face à la polonaise sur la vitesse, et là c’était compliqué d’aller la chercher, d’autant qu’elle explose le record du monde. En ce moment, c’est fou comme la vitesse progresse, ils s’entraînent tous comme des dingues, c’est mutant !

Janja ? Elle écrase la qualif bloc, mais on est tellement heureux qu’elle soit championne olympique, on aurait été super déçu qu’elle ne gagne pas, plus que pour Adam Ondra. Les Japonaises ont été solides aussi, content pour Akiyo pour la fin de sa carrière c’est une grande dame de l’escalade elle a fait beaucoup pour le sport. Et puis Brooke Raboutou, un peu déçu, elle méritait de ramener quelque chose, franchement sur cette finale de bloc qui n’était pas très belle à regarder elle n’a pas démérité, elle aurait pu changer le cours des choses.

Un petit mot pour Bassa suite à sa blessure ?

Un petit mot pour Bassa, bien sûr ! Bassa, tu es recordman olympique, ton temps va rester 3 ans dans les tablettes. Tu as été un grand monsieur, tu peux être fier de toi, les frères Mawem vous partez la tête haute, ce que vous avez fait c’est juste exceptionnel, et vous avez transformé le regard de la France sur notre discipline.

J’espère que tu ne souffriras pas trop avec ton bras. Je sais qu’il y a des moments difficiles à venir avec une grosse opération et tout ce qui va avec. Merci pour ce que tu es et tout ce que tu as fait depuis des années. 5s45 c’est l’ancien record du monde, la vitesse change mais tu es toujours là, à la pointe de ta discipline alors félicitations, et merci pour l’homme que tu es et la mentalité que tu as, tout ce que tu as fait pour ton frère. Bassa en un mot, juste MAGIQUE !

Raconte-nous ton passage chez Eurosport pour commenter ces jeux…

Je suis arrivé un peu avec le stress. Je n’avais jamais vraiment commenté derrière les écrans. Le premier jour je devais faire un plateau et il a été annulé, je me suis levé tôt pour rien. Je suis arrivé et là j’ai compris qu’on allait faire les bouches trou car ils connaissaient pas notre sport. Le premier jour on a dû faire 40% de la vitesse, 20% du bloc et 10% de la diff. Donc là je me suis dit, si c’est comme ça, ça va pas me faire rire du tout. Et puis à la fin de cette première journée, tout le monde chez Eurosport a halluciné devant la grimpe : « c’est trop bien votre sport » « on adore » « tu le commentes trop bien », et le lendemain, ils m’ont donné une chaine sur eurosport.fr pour que je commente tout.

Donc dès le lendemain on a pu faire toutes les qualifs des filles, et là tout le monde a kiffé, les regards sur notre sport ont changé. Le 3eme jour, on a refait la même pour la finale des mecs, et puis j’ai fait quelques plateaux pour parler escalade, parler des grimpeurs, de leurs résultats, c’était vraiment top !

Le dernier jour on a eu des soucis techniques, mon casque ne marchait pas sur la vitesse, pas de retour sur le bloc, mais on a quand même limité la casse. En repartant d’Eurosport après ces JO de la grimpe, je leur ai dit « adieu », ils m’ont répondu « non non, à très bientôt tu veux dire ! » et surtout ils m’ont remercié, c’était leur coup de cœur de ces JO : « c’est le plus beau sport des sports entrants aux JO, coup de cœur des téléspectateurs, alors juste bravo pour votre sport et tout ce qu’il représente ».

Pendant ces 4 journées, j’ai eu deux journalistes avec moi, ils  ne connaissaient pas la grimpe, et ils sont devenus fous de ce sport, avec le suspens du combiné, ça a super bien marché !

Penses-tu qu’on va avoir un gros engouement pour la grimpe après ces jeux olympiques ?

Oh oui, c’est sûr ! J’étais en contact régulier avec le commentateurs sur les chaines en suisse, et il me disait aussi que c’était dingue les retours qu’il avait, que les gens sont tombés amoureux de ce sport. Beaucoup de gamins, si on a bien fait notre travail, vont se lancer ! La discipline qui a le plus bluffé les gens c’est la vitesse, on a beaucoup entendu « c’est incroyable la rapidité de ces grimpeurs », donc pour tous ceux qui dénigrent la vitesse, c’est grâce à la vitesse que la plus grosse pub retombera de ces JO. Donc oui au final je pense qu’il va y avoir beaucoup de monde dans les salles, et ça le futur le dira !

Paris 2024, tu as hâte ? tu y seras ?

Paris 2024, bien sûr que j’ai hâte !! J’aimerai terminer ma carrière sur les JO 2024 pour mettre tous ces grimpeurs en valeur, que ce soit sur place ou sur Eurosport. Quoiqu’il arrive, je ferai parti de l’aventure des JO, c’est une certitude !

Penses-tu qu’à terme nous aurons une médaille par discipline ? Venant du ski tu es bien placé pour nous en parler ?

Oui c’est sûr et certain vu l’engouement du CIO pour notre discipline après ces 4 jours. On ne les aura pas encore sur 2024, mais j’ai l’impression que ça va se dessiner pour Los Angeles 2028. Et puis pour faire entrer les para aux JO, il nous faut une médaille par discipline, ça va arriver, j’en suis sûr !

Alors oui, c’est vrai que j’ai déjà fait deux JO avec le ski alpin, et ce qu’il faut comprendre pour l’escalade, c’est que rien n’est simple, le CIO c’est un rouleau compresseur. Il faut qu’à l’international l’escalade prenne confiance, on a un sport à défendre, des valeurs à défendre, on sait ce qu’on vaut, et quand le CIO donne des décisions il faut aussi savoir leur tenir tête. Le ski, ils sont olympiques depuis 1924, et même à Sochi quand j’y étais, tout n’est encore pas simple, donc il ne faut rien lâcher ! Alors oui on est pris en compte, oui les gens sont tombés amoureux, et oui on a des choses à défendre !

Un dernier mot à ajouter ?

Oui, un grand merci à François Legrand pour les infos sur les voies de diff ça m’a aidé à fond, merci Manu Cornu qui a suivi le bloc avec moi, et puis merci à la FFME pour tout ce qu’ils ont fait pour l’escalade, on en serait jamais là sans tous ces gens, V. Caussé, F. Leonardon, Emilie Gheux, … Les plus gros shows ont été fait en France, avec Bercy entre autre, pour que tous les pays se calent sur nous pour réaliser des grosses productions et que l’escalade deviennent ce qu’elle est aujourd’hui.

Je voulais remercier aussi Romain Cabessut, quel honneur de t’avoir au niveau de l’olympisme, bravo pour le travail que tu as pu faire, même si bon, on ne va pas reparler de cette finale féminine en bloc (rire), je préfère qu’on ne garde que du positif de ces jeux !

Allez quand même, je ne peux pas me retenir (rire) je vais dire un mot sur le sujet. Beaucoup de grimpeurs ont dit qu’ils préféraient que ce soit plus dur plutôt que trop facile, mais là il ne faut pas oublier que c’était les JO, qu’on passait à la télé devant des millions de gens, et que ça aurait été plus fun pour les télé spectateurs que les grimpeuses s’épanouissent pour choper un peu plus de tops plutôt que voir des filles au tapis les ¾ du temps, mais ça reste mon avis personnel, en aucun cas je ne remets en question quoique ce soit ! Ce qui est important à retenir c’est que sur l’ensemble de ces JO, c’était une réussite exceptionnelle, alors bravo à tous les instigateurs, ouvreurs, organisateurs, grimpeurs, entraîneurs, et j’en passe  !

Ce qui change pour la finale olympique homme suite à la blessure de Bassa Mawem

Encore sous le coup de la déception et de la tristesse pour Bassa Mawem qui ne pourra pas grimper sur les finales olympiques de demain suite à sa blessure, nous nous sommes tout de même interrogés sur les conséquences que cela pouvait avoir sur l’épreuve de vitesse de demain, et plus globalement sur le classement général du combiné…

Pour rappel, lors des finales, sur l’épreuve de vitesse, le moins bon temps des qualifications affronte le meilleur temps. Demain, Bassa aurait donc dû affronter Adam Ondra. Bassa ne pouvant grimper, Adam grimpera seul et sera qualifié directement en demi-finale de la vitesse (selon l’IFSC). Il finira donc au pire, 4ème de l’épreuve, ce qui est plutôt un bon point pour lui qui n’est pas du tout spécialiste de la vitesse et qui aurait certainement pu terminer bon dernier de cette épreuve. Il passerait donc de la 8ème à la 4ème position (en supposant qu’il perde la demi finale et la petite finale), ce qui lui permettrait de diviser son score total sur les 3 disciplines par deux.

Pour donner un exemple, si Adam termine 8 en vitesse, 3 en bloc et 2 en diff, son score total est de 48.  En revanche, si il se positionne 4 en vitesse en gardant les mêmes places sur les autres disciplines, son score total sera de 24… Un bel avantage donc pour Adam qui n’aurait pas pu espérer une telle place en vitesse.

Un autre grimpeur qui pourrait également profiter de la blessure de Bassa n’est autre que l’Américain Colin Duffy. En 1/4 contre l’Espagnol Alberto Gines Lopez il ne devrait pas avoir trop de difficulté à atteindre les demis sauf erreur ou faux départ. Et en demi, au lieu de rencontrer Bassa, il se retrouverait face au moins bon performer de la vitesse, Adam Ondra! De belles chance donc pour l’Américain de se retrouver en finale!

Concernant Micka, il lui faudra d’abord affronter son côté de tableau avant de pouvoir espérer « profiter » de la non participation de son frère. En effet, si Micka gagne son quart de finale face à Coleman, il a de forte de chance de se retrouver en demi face à l’un des plus rapides du circuit, à savoir Tomoa Narasaki. En imaginant que Micka surmonte cet obstacle (et il en est capable au vu de ses performances d’hier), ce n’est qu’en finale qu’il se retrouverait avantagé en affrontant l’américain Duffy, avec, pour le coup, de bonnes chances de victoire. Et une première place en vitesse serait déjà un gros point de marqué pour la suite de la compétition!

Alors oui, tout n’est que supposition, mais une chose est sûre, la non participation de Bassa aux finales va rebattre les cartes. Pour mieux comprendre, voici le tableau des finales de vitesse demain.

On ne le répètera jamais assez, nous sommes là sur des prédictions, et au regard de la journée d’hier, les JO sont définitivement LA compétition où tout peut arriver! Alors rendez-vous demain pour le dénouement de ces premiers JO d’escalade…

Pourquoi Bassa Mawem ne déclare pas forfait?

Hier, lors de la voie de difficulté, Bassa Mawem se blessait gravement au biceps gauche (rupture totale du tendon inférieur), et depuis les rumeurs vont bon train. Nous vous l’annoncions un peu plus tôt ce matin, Bassa Mawem ne déclare pas forfait et se présentera aux finales demain même si il ne peut pas grimper. Il s’agit d’une volonté personnelle de Bassa d’être présent le jour J sur le site de la compétition, rien de plus.

Et pour répondre à certaines rumeurs:

Non, en se présentant en finale, Bassa n’enlève pas une chance de repêchage au 9ème grimpeur des qualifications, en l’occurence Alex Megos. En effet, selon le règlement de l’IFSC, aucun repêchage n’est prévu dans ce genre de situation, que Bassa déclare forfait ou non. Ils seront donc demain, quoiqu’il arrive, 7 grimpeurs à tenter de décrocher la première médaille olympique de l’histoire de l’escalade, Bassa se classera quant à lui 8ème, et aura réalisé l’un de ses rêves, entrer en finales des JO avec son frère Micka.

Il déclarait ce matin à la FFME:

C’est dur bien sûr, j’ai tout de suite senti que c’était une grosse blessure. Mais c’est comme ça, il faut l’accepter. Nous ressentions beaucoup de poids sur nos épaules, ce n’était pas évident à gérer. Ma famille, mon club, ma fédération et toute la communauté de l’escalade comptaient sur nous et je pense qu’on a fait une belle démonstration. Nous avions dit que nous donnerions tout et nous nous y sommes tenus. Avec, en prime, un résultat qui est à la hauteur de nos ambitions. Malheureusement, pour moi en tant qu’athlète, c’est fini pour ces Jeux, mais je vais maintenant porter Micka pour qu’il aille toucher notre rêve de médaille olympique et soutenir Anouck et Julia dans leur quête. On était à fond depuis le début du projet olympique, on le restera, à deux, jusqu’à la fin !

Et pour finir une vidéo postée par les frères sur les réseaux:

Blessé, Bassa Mawem ne participera pas à la finale olympique

C’est dans le début de voie de l’épreuve de difficulté que l’aîné de la fratrie Mawem a soudainement chuté après avoir ressenti une grosse douleur dans le biceps.

On l’entendait dire à son retour au sol « je crois que je me suis déchiré le biceps »

Pendant de longues heures tout le monde a tenté de rester positif, nous y compris, on ne voulait pas y croire, mais en regardant en boucle les images cela paraissait difficile d’imaginer que la blessure de Bassa soit superficielle et qu’il puisse participer à la finale olympique dans deux jours.

Le verdict est finalement tombé, Bassa souffre d’une rupture totale du tendon inférieur du biceps et se fera opérer dans quelques jours à Paris. Son rêve de finale olympique s’envole, et il lui faudra ensuite patienter pendant plusieurs mois avant de reprendre le chemin de l’entraînement.

Nous lui adressons tout notre soutien et ne pouvons que le féliciter pour son parcours sur ces JO, car même si il ne prendra pas le départ des finales, la qualif était bien en poche, c’était un rêve, mission accomplie!

Edit: Bassa se présentera à la finale mais ne grimpera pas. Il n’est donc pas déclaré forfait. Précisons que cela ne joue en rien sur le repêchage du grimpeur 9ème des qualifications: en effet,  l’IFSC a rappelé que dans ce genre de situation aucun repêchage n’était prévu au règlement.

Découvrez les listes de départ des qualifications des JO de l’escalade

À quelques heures d’un moment historique pour l’escalade, découvrez les listes de départ pour les qualifications hommes et femmes…

Qualifications vitesse

Qualifications bloc

Qualifications difficulté

Rappel du programme de ces premiers JO de l’histoire pour l’escalade

Il y a sept heures de décalage horaire entre Paris et Tokyo. La grande majorité des épreuves sportives de ces Jeux Olympiques débutera à 1h du matin (heures françaises) pour se terminer vers 15h (toujours heures françaises). Par chance pour les téléspectateurs, les épreuves d’escalade auront toujours lieu en fin de journée à Tokyo, ce qui veut dire qu’elles débuteront en pleine matinée en France. Voici le programme complet heures françaises.

Mardi 3 août:
10h00 – 15h40: Qualifications hommes

Mercredi 4 août:
10h00 – 15h40: Qualifications femmes

Jeudi 5 août:
10h30 – 15h20: Finales hommes

Vendredi 6 août:
10h30 – 15h20: Finales femmes

Les Jeux Olympiques d’escalade pour les nuls

Demain débutent les premiers JO de l’histoire de l’escalade, et certains d’entre vous ne connaissent certainement pas grand chose à cette épreuve. Voici donc un petit condensé de toutes les choses à connaître pour bien comprendre ce qui vous attend à partir de demain.

L’épreuve: un combiné

L’escalade est composée de 3 disciplines bien distinctes: la vitesse, le bloc et la difficulté. Pour cette première apparition de l’escalade aux JO, plutôt que de choisir une seule discipline (le CIO imposant une seule médaille pour le moment), il a été fait le choix de proposer un combiné des 3 disciplines de l’escalade.

Mais alors, Kesako la vitesse, le bloc et la difficulté? Voici pour faire simple quelques éléments de réponses…

La vitesse se déroule sur un mur de 15 mètres de haut, avec 2 voies (2 tracés) identiques cote à cote. 2 grimpeurs s’affrontent, l’objectif pour les phases finales étant d’arriver le premier au sommet de la voie. Pour les qualifications, chaque grimpeur à 2 runs, et au terme des qualifications le classement est fait sur le meilleur temps de chaque grimpeur.

Pour information le record du monde Chez les femmes est établit à 6,96 s et détenu par la Russe Iuliia Kaplina. Chez les hommes c’est l’Indonésien Veddriq Leonardo qui détient le record du monde avec un chrono à 5,20 s.

Épreuve de vitesse © IFSC

Le bloc se déroule sur un mur haut de 4m50 environ, avec pour seule protection d’épais tapis de réception. L’objectif est simple: valider les différents tracés  (4 blocs en qualification, 3 en finale) avec le moins d’essais possibles. Le temps est limité à 4 minutes par bloc. Pour marquer des points, 2 possibilités: soit valider le tracé en atteignant la prise « Top » (qui correspond au haut du bloc), soit valider la prise « zone » qui est située plus ou moins au milieu du tracé, mais qui bien évidemment vaut moins de point que la prise « Top ». Attention, toutes les autres prises des tracés ne valent pas de point.

Pour classer les grimpeurs, on regarde en premier lieu le nombre de « Top » réalisé, puis le nombre de « zone », puis le nombre d’essais pour les « Top » et enfin le nombre d’essais pour les « zones ».

Exemple, sur un circuit de 5 blocs, si un grimpeur « A » réalise 4 tops en 8 essais et 5 zones en 12 essais, il sera mieux classé qu’un grimpeur « B » qui réalise 4 tops en 6 essais et 4 zones en 5 essais. En effet, même si le grimpeur B a mis moins d’essais pour réaliser 4 Tops, il ne coche que 4 zones, contrairement au grimpeur A qui coche 5 zones.

Épreuve de bloc © IFSC

La difficulté se déroule sur un mur d’une quinzaine de mètre, assuré par une corde. L’objectif n’est pas d’être le plus rapide, mais d’être celui à aller le plus haut, dans un temps limite de 6 minutes, avec un seul essai possible. Attention contrairement au bloc, toutes les prises de la voie comptent afin de départager les grimpeurs.

Vous comprendrez donc que le tracé de la voie de difficulté est bien plus dur que le tracé de vitesse puisque dans l’idéal un seul grimpeur parviendra au sommet de cette voie de difficulté. En cas d’égalité, on regardera les résultats sur les tours précédents (qualifications ou demi-finale selon les compétitions). Si l’égalité est parfaite, ce sera le temps réalisé en finale qui entrera en jeu en dernier recours.

Épreuve de difficulté © Planetgrimpe

Comment on compte les points du combiné?

Vous l’avez donc compris, les grimpeurs vont participer aux 3 disciplines du combiné à partir de demain. Pour classer les grimpeurs sur cette épreuve de combiné, c’est simple, on multipliera entre elles les positions obtenues (le classement) par un athlète sur chaque discipline.

Exemple, si un athlète termine 1er en vitesse, 8ème en bloc et 2ème en difficulté, il obtient le score total de 1 x 8 x 2 = 16. Au plus le score final est petit, au mieux les athlètes sont classés.

Enfin pour terminer, quelques liens utiles…

À 24h du lancement de l’escalade aux JO, les frères Mawem nous donnent des nouvelles

On y est! Demain débuteront les premiers JO de l’histoire de l’escalade, avec les qualifications hommes. Pour l’occasion, nous avons demandés aux frères Mawem comment se passait leur séjour sur le village olympique à quelques heures de ce grand moment tant attendu. 


Pour donner quelques news on est arrivé le 28 sur le village olympique, et c’est juste énorme. C’est dingue d’être dans cette ambiance; on se retrouve au milieu de milliers d’athlètes, chaque athlète que tu vois tu sais que c’est un monstre dans sa discipline, et tu te rends compte ce que c’est les JO, tu te dis que tu en fais parti et tu te sens à ta place. Avec Bassa on a été très sérieux dans nos entraînements, on donne tout pour l’escalade, et on se considère comme des athlètes, des sportifs de très haut niveau.

Aujourd’hui ça fait plaisir de se retrouver là avec tous ces athlètes qui ont bataillé pour arriver jusque là, comme nous, donc on se sent super bien.

Pour expliquer un peu nos journées, on se lève vers 8-9h, on prend un bon petit déjeuner, le matin on bosse pas mal sur notre projet, pour ouvrir notre salle d’escalade au premier septembre.  Ensuite en début d’aprem, on se fait un petit réveil musculaire dans l’énorme salle de muscu (truc de dingue!) du village avant de rentrer tranquillement.  On bosse de nouveau un peu sur notre projet, on se pose dans la chambre, on se repose. Les 3 premiers jours on avait accès au mur 2h pour les hommes et 2h pour les femmes. On repartait donc en fin d’aprem avec  le bus vers 16h pour arriver vers 16h30 au mur. On voulait grimper pour s’adapter un peu au mur, surtout au mur de vitesse avec quelques bons runs. Les structures sont démentes, tout est neuf, tout est beau, tout broute bien! En tout cas ça va être une compétition géniale, on a eu de très bonnes sensations lors des entraînements.

© Jess Talley | Jon Glassberg | Louder than 11

Le soir on rentrait après nos séances, récupération dans les bains froid, puis dodo et rebelote! En gros, les 29-30-31 juillet on a grimpé, le 1er aout c’était repos, et aujourd’hui on a le droit juste d’aller sur le mur d’échauffement, donc on va y aller pour une petite séance historie de rester actif, et demain c’est LA journée, c’est enfin la journée qu’on attend! On va attaquer demain la compétition en ayant passé 3 jours d’entraînement parfait.

Clairement ce n’est que le début de la compétition, mais ce qu’on a vécu ces dernières semaines c’est déjà une expérience de dingue. Il faut y être pour comprendre ce que sont les JO. Je pense que c’est quelque chose d’énorme pour notre sport, c’est une chance pour faire évoluer notre activité, et il faut la garder, ça va donner une visibilité énorme et de gros moyens. Ça va faire grandir le sport (inodoor) à fond et amener du professionnalisme dans tout ça, et surtout en France où l’escalade n’est pas sous le feu des projecteurs! Enfin bref, c’est fou de pouvoir vivre ça, et c’est pour ça aussi qu’on partage beaucoup sur les réseaux pour montrer l’envers du décors. On ne peut pas tout montrer car c’est difficile de communiquer, mais  j’ai filmé pas mal de choses, en rentrant je vous montrerai tout ça pour vous faire vivre de plus près ce qu’on a vécu.

En tout cas, là c’est notre dernier jour, demain ça commence, enfin, on attendait depuis un moment, on a envie que ça arrive car on s’entraîne depuis longtemps pour ça. On part déterminé pour y aller à fond, on mettra pas de retenue. On veut pouvoir se dire qu’on se sera donné à fond, on veut se dépasser, et se prouver à nous même qu’on peut tout donner.

Demain on fera un petit message avant de partir à la compétition, mais d’ores et déjà un grand merci pour tout le soutient que vous nous donnez sur nos réseaux, en message, en commentaire … On remercie vraiment tout le monde, tous ceux qui croient en nous, tous ceux qui nous suivent, merci infiniment. On va faire en sorte de vous montrer ce qu’on sait faire de mieux, grimper et se donner à fond.

Seb Berthe s’offre une grande voie d’ampleur: « Arco Iris », 8c+ max

Rappelez-vous, en octobre 2020, Edu Marin libérait une nouvelle grande voie extrême au doux nom de « Arco Iris »: une grande voie de 200 mètres, composée de six longueurs, avec un crux en 8c+, dans la face Nord du Montserrat en Espagne.

L’Espagnol déclarait alors « Ce n’est pas seulement une grande voie, c’est un véritable morceau d’histoire de l’escalade en Catalogne. »

Dimanche dernier, c’est au tour du grimpeur Belge Seb Berthe d’en venir à bout.

« Arci Iris » est certainement ma plus grosse performance en grande voie. La voie a été ré-équipée par Edu Marin qui a gardé l’esprit à l’ancienne, notamment dans la longueur clé où les points sont très espacés… J’ai d’ailleurs pris le plus gros plomb de ma vie, 25m!! Cet engagement rend les choses difficiles mentalement parlant, mais cette ligne est tellement géniale! Lors de l’enchaînement du 8c+ j’étais vraiment à ma limite, j’ai tout donné, c’était un des plus gros combat de ma vie! Ensuite, j’ai réussi à réaliser les 2 longueurs suivantes malgré la fatigue pour atteindre le sommet!

Pour rappel, les 200 mètres de « Arco Iris » se décomposent en six longueurs:

  • L1: 6a+
  • L2: 6c+
  • L3: 8b+
  • L4: 8c+
  • L5: 8b
  • L6: 8a+

Photo by Julia Cassou

14 blocs dans le 8ème degré dont 3 8C pour Vadim Timonov en 22 jours à Rocklands

Le russe Vadim Timonov vient de réaliser un trip de 22 jours à Rocklands, dont 13 d’escalade, et le moins que l’on puisse dire c’est que son voyage a été rentabilisé… Au total, il vient à bout de 14 blocs dans le 8ème degré, dont trois 8C…!

Voyez plutôt son carnet de croix du séjour:

  • « The Finnish line » 8C
  • « Spray of light » 8C
  • « Petrichor » 8C
  • « Amandla » 8B+
  • « Oliphants dawn » 8B+
  • « Shaky warrior » 8B+
  • « The Guest list » 8B (flash)
  • « Moon shadow » 8B
  • « Monkey business » 8B
  • « Gogoan » 8B
  • « Strategic balance » 8A
  • « Dave tongue degresser » 8A
  • « Purple Nipple clan » 8A (flash)
  • « In between dreams » 8A

Ne vous y trompez pas, le Russe n’est pas un amateur… D’ailleurs en 2019, nous titrions un article « Vadim Timonov, le russe le plus en forme du moment ! » Rien d’étonnant aujourd’hui de le voir ratisser les blocs extrêmes de Rocklands en quelques essais…

CAMP annonce son rebranding

A travers un changement radical, visuel et de fond, C.A.M.P. se donne une nouvelle image pour éclairer son avenir. Fondée en 1889, forte de 132 ans d’histoire, l’entreprise basée à Premana, leader mondial dans la construction de produits techniques pour la sécurité dans les activités de plein air et les travaux en hauteur, est fière d’annoncer et de partager le résultat d’un travail de fond – pas un simple exercice de style – élaboré par l’ensemble de son personnel et un groupe de professionnels expérimentés du marketing et de la communication.


« Le plaisir de présenter le fruit de ce long travail vient de la réflexion sur le chemin parcouru », explique Eddy Codega, président de C.A.M.P. «Ce fut un voyage d’« introspection corporative » au cours duquel nous avons regardé à l’intérieur de nous-mêmes, nous avons retracé notre histoire, nous nous sommes demandé ce qui est important pour nous, ce que nous voulons être et ce que nous voulons faire. Nous avons identifié les mots- clés qui nous représentent, nous avons réaffirmé les valeurs auxquelles nous nous identifions et nous les avons projetées dans le futur. Nous avons donc regroupé tout ce travail dans un tout nouvel habillage visuel qui se révéle clairement à travers notre nouveau logo : un symbole qui résume notre identité. En d’autres termes, nous avons préparé le terrain pour un changement de perspective d’entreprise et nous y sommes parvenus en nous engageant sur une nouvelle voie. Le meilleur, cependant, vient maintenant : nous sommes comme si nous attaquions une nouvelle voie, face à l’avenir, et nous avons toutes les atouts pour atteindre le sommet », explique le président, précisant que « les difficultés et les interrogations des 18 derniers mois n’ont pas arrêté un processus qui avait déjà commencé, dont la conclusion est enfin sous les yeux de tous et résume une identité précise, forte d’une tradition sans égale et pour cette raison capable d’aller au-delà de toute incertitude ».

UNE SEULE MARQUE : UN CHOIX DE CLARTÉ, D’EFFICACITÉ ET DE VISIBILITÉ.

Des évaluations minutieuses ont conduit à la décision de se concentrer sur une seule marque. A la base de ce choix se trouve la nécessité de véhiculer l’identité de l’entreprise avec plus de clarté et de simplicité, d’augmenter l’efficacité de la communication et d’assurer une plus grande visibilité, en évitant les dispersions et les incohérences. Les passionnés et les professionnels auront un point de référence unique, pour vivre une expérience renouvelée et plus profonde de C.A.M.P. : un lien basé sur l’identification aux valeurs de la marque. « Les bénéfices de cette opération seront tangibles pour tous nos clients, avec des effets à la fois à court et – surtout – à long terme, puisque des changements de cette ampleur projettent leur validité, leur force et leur éclat dans le temps », poursuit Eddy Codega. « Le processus a été long et complexe, et l’objectif de créer une nouvelle marque unique et distinctive – composée d’un pictogramme, d’un logo et d’un slogan – à la fois pour l’alpinisme, la montagne et pour la sécurité au travail, a été pleinement atteint ».

LE PICTOGRAMME : UN DON DE LA NATURE.

Le pictogramme, moteur graphique du rebranding a été un véritable cadeau de la nature, il est né du l’arrière plan sur lequel se détachent Premana et sa vallée : un élément original et très représentatif de C.A.M.P., une image familière et quotidienne – les montagnes culminantes du Val Varrone – interprété et représenté avec un design moderne et en même temps respectueux de l’histoire. Le pictogramme est un exercice graphique de haute école qui suggère d’emblée à chacun le dénominateur commun des deux divisions de C.A.M.P. : la verticalité. «Parce que la verticalité est la perspective que nous regardons et dans laquelle nous agissons », explique le président Codega. « Tout ce que nous concevons et construisons est confronté à cette dimension. La verticalité est un contexte qui nous apprend à viser haut mais en même temps nous incite à « garder les pieds sur terre », en termes pratiques et d’idéaux ».

LE LOGO : DERRIÈRE CHAQUE LETTRE UN MONDE À DÉCOUVRIR.

En alternance et en harmonie avec le pictogramme, le nouveau logo est linéaire, épuré et immédiatement reconnaissable. Son lettrage clair, fluide et continu offre assurément une sensation de mouvement et de fraîcheur. Il suggère également la continuité qui distingue toute l’histoire de C.A.M.P., de la première à la quatrième génération de la famille Codega, s’intégrant parfaitement dans le processus de redéfinition de la marque. Une nouveauté importante est l’introduction de la ponctuation le long du lettrage, pour souligner sans équivoque que C.A.M.P. est un acronyme et que derrière chaque lettre il y a un mot et un monde à découvrir : celui de « Costruzione Articoli Montagna Premana » (Construction Articles Montagne Premana).

LE SLOGAN : “EVOLUTIONARY”, POUR RACONTER UNE ENTREPRISE QUI CHANGE.

« Evolutionary » a été choisi car il incarne C.A.M.P., puisqu’il représente l’évolution passée de l’entreprise et l’esprit avec lequel l’avenir sera affronté, tant au niveau des produits que du marché et de la gestion.  » Evolutionary » est un mot plein de sens qui renvoie à l’image d’une transformation lente mais inéluctable, continue et constante telle qu’elle a été et telle qu’est l’histoire de C.A.M.P. C’est un mot international, facile et intuitif pour tous, qui accompagnera cette phase de lancement.

EN RÉSUMÉ

C.A.M.P. s’ouvre donc sur l’avenir avec une marque unique pour se donner une image unique, distinctive et indubitable. Avec un logo où le pictogramme est un don de la nature, qui rappelle les racines de l’entreprise et renvoie à sa dimension verticale. Avec un lettrage clair et ponctué pour souligner une fois de plus la dimension historique et la mission, qui réside précisément dans l’acronyme « Costruzione Articoli Montagna Premana ». Avec un slogan qui embrasse le passé, le présent et surtout l’avenir. Et avec deux divisions, Outdoor et Work, qui définissent l’horizon dans lequel opère une réalité qui n’a pas eu peur d’affronter un changement radical, et est pleinement illustrée dans la publication de la « C.A.M.P. Corporate Identity ».

CALENDRIER

Les produits avec le nouveau logo seront disponibles à partir de début 2022. Le rebranding n’impliquera aucune modification technique des articles déjà dans le catalogue, à la fois Outdoor et Work, qui maintiendront toutes leurs caractéristiques inchangées.

POUR EN SAVOIR PLUS

« Il est vraiment difficile de condenser en quelques paragraphes tout ce que représente et implique le rebranding de C.A.M.P. », conclut Eddy Codega. « J’invite donc tous ceux qui veulent en savoir plus, qui veulent découvrir les détails de cette aventure entrepreneuriale, à nous contacter sans hésiter : nous sommes prêts à répondre à toute question et à satisfaire, avec divers outils créés spécialement, tous les besoins des professionnels de l’information ».

Reprendre l’escalade après une longue pause, nos astuces!  

Ça y est, vous êtes prêt à reprendre la grimpe après une pause plus ou moins volontaire ? Sachez que ce moment est essentiel : votre reprise va donner votre rythme pour la suite, pour beaucoup de raisons. C’est d’autant plus le cas si vous venez de vous rétablir d’une blessure ou d’un traumatisme, car votre corps et votre esprit risquent de ne pas réagir de la même manière. On vous explique tout et on vous prodigue des conseils dans cet article.  

 Prendre le temps est essentiel  

Avant toute chose, gardez en tête qu’il ne s’agit pas d’une compétition. Reprendre la grimpe après une longue pause, notamment de plusieurs semaines ou plusieurs mois, nécessite toute votre attention. Il faut donc prendre votre temps pour arriver progressivement à vos objectifs. Commencez donc petit : de petits objectifs, de petits pas, une reprise en douceur en d’autres termes. Cela est essentiel pour permettre cet ajustement entre votre corps et votre esprit, qui vont vous dicter deux choses différentes.  

Par exemple, la peur du vide ou la peur de tomber peut revenir au galop, et vous paralyser dans des situations pour lesquelles vous n’auriez eu aucun souci auparavant. Ne négligez pas l’impact de cette pause sur votre mental, et prenez le temps de vous ré apprivoiser en cours de grimpe.  

Armez-vous des bons outils  

Si votre mental sera sans doute votre meilleure arme pour lutter contre ces nouvelles peurs, ce sera aussi votre allié pour reprendre en douceur. Il faudra également vous réhabituer à votre matériel de grimpe indispensable, et à votre environnement. Pour cela, partez grimper en groupe : c’est toujours mieux pour réussir à se « remettre dans le bain ». Vous pourriez vouloir recommencer seul, afin d’éviter le regard des autres et aussi vous tester, mais ce n’est pas une bonne option.  

En parallèle, prenez avec vous du matériel en cas de blessures. Pour les blessures superficielles ou les douleurs par suite d’un choc, vous pouvez utiliser des produits à base de CBD, désormais très populaires chez les grands sportifs, comme l’huile de CBD. Cette dernière, appliquée localement, permet de soulager les douleurs musculaires. N’oubliez pas votre trousse de secours habituelle pour traiter d’éventuelles plaies ouvertes ou bosses.   

Mettez la préparation au cœur de vos préoccupations  

Toute reprise nécessite du temps, mais aussi de la préparation, notamment physique. Même si vous avez continué à vous entraîner, il n’est pas impossible que vous ressentiez d’importantes courbatures après votre premier jour : c’est normal, mais c’est à surveiller. Par conséquent, un entraînement sportif en amont, et en aval, de votre séance, est conseillé. Alliez musculation pour dynamiser votre tronc ainsi que vos bras et natation pour un travail du corps en douceur.  

Aussi, ne négligez pas l’importance de l’échauffement pour votre reprise, ainsi que les étirements en fin de séance. Avec le ramassage des cordes et du matériel, c’est une étape qui s’oublie facilement, mais restez attentif à cela, surtout pour une reprise.  

Patience et persévérance seront vos meilleurs alliés pour votre reprise !  

 

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