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Rencontre avec Jean-Raymond Manent, fondateur de BOMA

Voici déjà quelques temps que nous avions entendu parler des produits BOMA au travers des storys Instagram d’un certain Romain Desgranges, et, plus récemment, directement par notre athlète PG, Camille Pouget. Et c’est finalement lors du salon de l’escalade à Lyon en novembre dernier que nous avons réellement fait la découverte de cette petite marque, BOMA, et de son fondateur, Jean-Raymond. Alors plutôt que de vous présenter la marque et les produits, on a préféré lui laisser la parole avec quelques questions auxquelles il a accepté de répondre… Rencontre. 


Qui es-tu ? 

Bonjour, je m’appelle Jean-Raymond MANENT, j’ai 36 ans et je suis le fondateur de la micro-entreprise BOMA Authentique Cosmétique qui a vu le jour en Mars 2020.

Je suis né dans le Val de Saône, près de Lyon où je vis encore actuellement.

J’ai fait mes études à l’Ecole d’Architecture de Lyon mais j’ai aussi été formé en Cuisine, en Menuiserie d’Agencement et plus récemment en Cosmétologie ; tout m’intéresse, en fait !

J’aime aussi à croire que rien n’est impossible, à condition de s’en donner les moyens !

J’ai découvert l’Escalade tardivement, il y a 5 ans, un peu par hasard même si de mon point de vue, rien n’arrive par hasard !

Présente nous la marque que tu as créée… et les différents produits ! 

BOMA, c’est un peu une utopie ; mais une utopie qui pourrait devenir réalité !

L’idée, c’était avant tout de vouloir faire sa part pour plus de partage et d’altruisme en offrant du soin à sa mesure ; d’arrêter de critiquer ce qui ne va pas et d’agir concrètement pour proposer des solutions à des problèmes simples et courants comme des mains et des pieds abîmés, entre autres.

L’Humanité est un système, une grande Famille ; dès lors qu’un de ces membres agit positivement, chacune de ses actions rejaillit inéluctablement sur les autres de façon vertueuse.

BOMA, c’est cela : faire de son mieux pour contribuer au bien-être de tous ; devenir exemplaire !

La gamme a été conçue en privilégiant la simplicité, l’efficacité et bien évidemment l’authenticité ; j’entends par là être vrai, transparent et rassurant pour l’usager.ère final.e.

Actuellement, 7 produits la constituent ; à savoir, 3 baumes hydratants pour la peau (Lavande, Romarin et Reine des Prés) ayant chacun des spécificités d’emploi.

Un déodorant crémeux aux 2 huiles essentielles ; produit leader de la gamme avec le BOM Lavande.

Un baume à lèvres et 2 savons surgras saponifiés à froid.

Prochainement arriveront un savon-shampoing, un baume visage contre l’acné et un baume visage jour/nuit.

Tous les ingrédients sont d’origine biologique et lors des formulations, les critères déterminants sont leur provenance (proximité géographique privilégiée) et leur qualité.

Comment en es-tu arrivé à créer BOMA ? 

C’est un aboutissement ou plutôt la concrétisation de nombreuses et difficiles années de reconstruction personnelle.

En 2012, je suis hospitalisé en urgence et l’on m’apprend alors brutalement qu’il va falloir désormais apprendre à vivre avec un trouble bipolaire ; une maladie mentale aux conséquences véritablement handicapantes.

Il aura fallu dix ans d’errance thérapeutique pour établir ce diagnostic ; dix ans seront également nécessaires pour se reconstruire.

Il faut dès lors tout recommencer ; apprendre à s’équilibrer, à gérer ses émotions, à aménager son travail, à reprendre confiance en soi, à apprivoiser son corps, à dompter son mental et surtout à oser retourner vers les autres.

Ensuite, le retour au Sport est devenu une priorité et une personne que j’admire profondément pour sa positivité, Philippe BERGER, co-fondateur avec Thierry BOURCIER du Club d’Anse, l’AL-Escalade ; mon club de cœur, devient le déclencheur de l’aventure : « Tu sais JR, les baumes que tu fabriques en mode DIY, je suis convaincu qu’ils plairaient aux grimpeurs ! »

Qu’est-ce qui te différencie des autres crèmes réparatrices qui existent déjà sur le marché ? 

Lors du Salon de l’Escalade de Lyon en Novembre 2021, j’ai pris un grand soin à étudier les offres de mes confrères.soeurs et je dirais que les produits qu’ils proposent sont très bons.

Cependant, ce qui me différencie, c’est tout simplement l’intention d’Amour et la Passion que je mets dans la fabrication de chacun de mes pots ; ils sont un peu comme chargés énergétiquement (influence de la Culture Amérindienne et de l’enseignement du Tai Chi).

Les ingrédients sont tous bio et leur provenance est la plus locale possible ; ce qui complique, je Vous l’assure, la recherche de fournisseurs engagés et responsables ; ces « courageux invisibles » !

L’objectif est d’utiliser à terme des ingrédients majoritairement d’origine française (ce qui est déjà presque le cas) ou issus des pays limitrophes ; bien que pour les savons cela reste cependant encore très compliqué.

En effet, pourquoi utiliser, même si elle est excellente l’huile essentielle de Tea tree (Afrique du Sud ou Australie) alors que l’huile essentielle de Thym (France ou Espagne) peut répondre à des problématiques tout à fait analogues.

Et sur ce plan-là, nos politiques divergent incontestablement.

Comment imagines-tu l’avenir ? As-tu des objectifs pour ta boite à court, moyen ou long terme ? 

J’aimerais répondre : « Sereinement ! » mais les défis sont nombreux et la quantité de travail à fournir est colossale ; on est tout seul chez BOMA !

Ce que j’ai cependant appris au fil des années ; c’est que tout long voyage, commence toujours par un premier pas.

Alors, plutôt que d’avoir le vertige en regardant tout ce qu’il reste à faire, je me concentre chaque jour sur cet unique petit pas à réaliser et je donne le meilleur de moi-même pour l’effectuer de mon mieux.

En Avril, Mai et Juin de cette année, j’accueille pour la première fois une stagiaire en Communication Digitale, Eva VINCENT.

J’espère pouvoir lui transmettre la passion de mes quelques expériences ; elle semble très motivée et en adéquation avec les valeurs humaines que lui inspirent BOMA ; j’ai hâte !

Participer aussi en tant qu’exposant à une étape de la Coupe du Monde 2022 à Chamonix en Juillet est une priorité ; de même que de renouveler notre présence au Salon de l’Escalade 2022 à Grenoble en Novembre.

Déménager pour des locaux plus adaptés au second semestre de l’année reste aussi un objectif important.

Pour finir, évidemment, à long terme ; créer de l’emploi sera évidemment un ultime aboutissement !

BOMA ne court pas après l’argent même si cette ressource reste nécessaire ; partager, transmettre, prendre soin, apprendre et se renouveler demeureront toujours les valeurs structurantes de l’entreprise.

Romain Desgranges semble apprécier tes produits, comment l’as-tu converti ? 

Alors ça, c’est un peu un miracle de la Vie !

Invité au club Vertige d’Arnas par Maciek KNUTELSKI et Serge VAUVERT, président à l’époque, pour ma première exposition test lors d’une étape de Coupe de France (il y a 2 ans environ) avec en guest-star Romain DESGRANGES ; je me retrouve aux côtés de Pauline CALANDOT, co-fondatrice de Redeem Equipement.

Hésitant, je sens pourtant bien en moi qu’il faudrait oser lui parler et lui offrir un pot de BOM Lavande pour qu’il puisse peut-être le tester ; mais comment faire pour accéder à lui parmi tous ses fans.

Je me motive (grâce à Pauline) et j’arrive à lui parler 1 minute ; je lui explique les vertus du produit et l’efficacité pour réparer la peau des mains mais je me dis que de toute façon, c’est peine perdue ; il ne l’utilisera jamais…

Quelques mois plus tard, Caroline BERTHIER, nouvelle présidente du Club d’Arnas, m’informe que Romain DESGRANGES souhaite faire une recommandation du BOM Lavande dans son nouveau livre SOLIDE ! (cf. p-169).

L’extase totale !

Depuis, nous avons appris à un peu mieux nous connaître et j’avoue être profondément admiratif de la personne en plus de l’athlète.

C’est une personne saine, juste, sensible, bienveillante, déterminée, instinctive, subtile, altruiste, en constante évolution, perfectionniste et extrêmement intelligente ; un exemple indéniable de ténacité… et de ma génération en plus !

Que peut-on te souhaiter pour 2022 ? 

Du courage !

« Les gens extraordinaires sont des gens ordinaires (mais) qui croient en leur rêve. »

Moi j’y crois, même si le doute frappe souvent à ma porte !

De la visibilité serait évidemment un plus, alors je compte un peu sur Vous !

J’en profite aussi pour remercier sincèrement Camille POUGET pour son soutien et pour son aide depuis le début et sans qui cette interview n’aurait pu voir le jour : une très, très belle personne et une très grande Championne en devenir !

Le mot de la fin ? 

« Le Courage croit en osant et la Peur en hésitant. »

Je pense que tout.e grimpeur.se comprendra ces mots car ce que j’aime dans l’Escalade (et même à mon tout petit niveau) ce sont ces rendez-Vous hebdomadaires avec celle-ci ; peut-être est-ce une manière pour moi de lui montrer que même si Elle a bien souvent gagné durant mon parcours de soin, désormais, je suis SOLIDE !

Pour finir, je citerai aussi Sœur Emmanuelle qui lors d’une interview a dit ceci : « Dans la vie, il faut trouver un but, et c’est une vielle femme qui vous le dit, et il faut s’acharner encore et encore et encore ; sinon, ça n’a pas de sens ! »

BOMA, ce n’est pas une fin mais un chemin ; celui de l’espoir et de l’envie de dire à ceux touchés par une quelconque forme de handicap que ce dernier peut paradoxalement nous connecter à quelque chose de grand, à notre propre puissance personnelle et nous rendre incroyablement fort et résilient.

Merci Planetgrimpe pour cet échange !

Thomas Ballet: « J’étais toujours grimpeur mais grimpeur de 7 et ce n’est pas une tare »

Alors qu’il participait à sa dernière étape de coupe du monde en 2016, Thomas Ballet s’était montré plus discret depuis quelques années. Après un petit break histoire de retrouver la motivation et l’énergie, il est de retour en force cette année avec notamment un 9a (« Le cadre » à Céuse) et un 9a+ (« supercrackinette » à Saint Leger) dans la poche. Il retrouve également le chemin de la compétition et compte bien ne pas en rester là. Rencontre.


Salut Thomas, comment vas-tu?

Je vais bien. J’ai eu une super année et je me sens apaisé.

Je n’ai pas beaucoup grimpé depuis la coupe d’Europe de Laval. J’avais des engagements à tenir sur des missions Ninja Box (société que j’ai créé en 2018).

Mais bon, je vais quand même broyer ma poutre « home made » entre deux bûches 😉

Cette année on a l’impression de voir renaître Thomas Ballet en tant que grimpeur, on se trompe? Fais nous un petit bilan de 2021.

Ma dernière coupe du Monde est en 2016 et je fais 58 ème.

J’ai décidé d’arrêter de grimper juste après. J’avais besoin de voir autre chose, travailler, faire la fête.

C’était bien cool mais les moments que je préférais c’était ma demie journée de falaise ou ma séance du soir avec mes potes à Mroc. (J’entrainais un petit groupe, les trainings beast) je ne grimpais même pas trop.

J’étais toujours grimpeur mais grimpeur de 7 et ce n’est pas une tare, j’étais même peut être plus heureux. Un jour vous regarderez à Céuse l’ambiance au secteur Biographie et l’ambiance à demi-Lune, ça fait réfléchir…

Petite retrospective:

2020 : année du réveil

Après trois ans de break (2 séances de bloc max par mois), j’ai recommencé en falaise dans le 7c+. Je croise la route de Nicolas Januel et un jour sur une vire, on en vient à parler de nos regrets, nos rêves, etc.

Je prends une décision, reprendre la grimpe, pour de vrai. Et je demande à Nico de m’entraîner. Il répond avec son franc parlé :

« Mec, la t’es pas capable de tenir n’importe quel entraînement, grimpe dans ton coin pendant 6 mois, remets toi en forme et tu reviens si vraiment tu es toujours motivé. »

Mais comme c’était le confinement je ne pouvais pas trop aller grimper alors j’ai construis un Gullich de l’enfer et j’ai fait du gullich, de la corde à sauter, de la muscu matin midi et soir pendant trois mois.

Je n’avais plus un physique de grimpeur mais je forçais comme un dingue, c’était dément. Je m’étais quand même mis un petit défi. Une pyramide de 6 8a, 5 8b, 4 8b+, 3 8c, 2 8c+, avec à chaque fois une voie qui change de style par rapport à la précédente. L’idée était d’arriver au 9 (j’avais lu le 9ème degré pendant le confinement, j’étais comme un dingue…).

J’ai mis un an pour finir la pyramide, j’étais une machine pysiquement et j’ai perdu 14 kilos à force de travail, sans frustration. C’est la période que j’ai le plus aimé car je m’entraînais pour moi, avec le seul objectif de devenir meilleur.

2021 : le cadre

Début 2021, j’ai commencé à m’entraîner avec Nico parce que je voulais encore progresser et je savais que tout seul j’allais stagner. Faire confiance à quelqu’un, avoir un cadre, c’était un grand changement pour moi qui suis plutôt Bestofly.

J’ai commencé à m’entraîner à Voiron, c’est  la solution la plus logique pour progresser en difficulté.

J’ai eu une année à 100 à l’heure. Je n’ai pas loupé un seul entraînement de notre programme avec Nicolas Januel. Du jour au lendemain je me suis mis à forcer comme un marteau, que j’arrive fatigué, en forme, confiant, énervé ou excité, j’ai mis exactement la même énergie dans ma séance. J’avais une motivation profonde.

A l’heure de faire le bilan, j’en tire énormément de fierté et j’ai beaucoup appris sur mes capacités à tenir une charge de travail.

J’ai vécu des moments magiques comme l’enchaînement de « supercrackinette » 9a+ à Saint-Léger-du-Ventoux,  qui était à la base ma voie d’entraînement rési à doigts. J’ai également pu terminer un projet de très longue date avec la réussite du « cadre nouvelle » 9a à Céuse . Je l’avais essayé pour la première fois en 2011. J’ai pris des buts en 2012, 2013, 2014, 2015. Quand j’ai remis les doigts dedans en 2020, cela me paraissait improbable mais… ça me titillait quand même, je me disais TB, sans déc, t’es devenu une m… faudrait peut-être aller au bout de ce truc. Et je l’ai fait, avec de l’organisation, de la rigueur et en étant  accompagné…

Alors j’ai remis encore plus d’entraînements, j’étais très fort, 6 doublettes voir triplettes dans du vrai 8b+ par séance, jamais je n’aurais imaginé avoir ce niveau physique un jour…

© coll. Thomas Ballet

Et pourtant je commence à sentir un poids, je me mets dans la tête de faire le sélectif alors que je n’étais pas prêt dans ma tête. Oui je pensais à refaire de la compétition, mais mon mental n’était pas assez entraîné.

Je manque le sélectif pour se qualifier sur les coupe du Monde en avril, je zippe en début de voie. Je le savais, je le sentais, j’étais allé trop vite dans mes envies. J’étais frustré dans mes entraînements, j’avais pour le coup commencé à me focus sur l’hygiène de vie et ce n’était pas la bonne manière, pas naturelle.

Je prends une semaine de vacances à une semaine du deuxième sélectif. C’est méga risqué de faire ça mais je pense que ça a été une très bonne décision parce que ça m’a redonné un peu de légèreté. Je réussi à décrocher une place pour les coupes d’Europe sur le deuxième sélectif.

Bilan de l’année :

1 9a, 1 9a+ et une finale de coupe d’Europe en 2021.

J’ai l’impression d’avoir eu beaucoup de chance. Ma famille a compris mes choix et m’a apporté du soutien. Mes binômes Nina, Mallo, Robin, Ju, Fafa m’ont accompagné dans les bons moments mais j’ai aussi pu partager mes doutes et trouver une présence, faire parfois une séance en falaise à -100 degrés.

C’est à leur tour maintenant 😉 et je serais là s’ils ont besoin, c’est le sang comme disent les jeunes du pôle.

Enfin, Nicolas Januel m’a donné les clefs pour me développer et pas qu’en escalade et il a toute ma confiance aujourd’hui. T’inquiètes Nico pour la dinde et le vin rouge, j’serais prêt le 1er janvier 2022 pour la suite !

Mon bilan pour résumer c’est que j’ai construis un physique puissant et résistant. Mon mental me limite principalement, j’ai un manque de confiance qui est assez ancré. J’ai eu une approche timide cette année, sur la réserve, j’ai gardé de la marge, manqué de lâcher prise. Et je le sentais quand je grimpais.

Comme tu le soulignais, on t’a vu enfiler le maillot de l’équipe de France sur la coupe d’Europe de Laval, explique nous ce retour à la compétition?

En fait ce n’est pas soudain du coup Haha. J’ai appris que j’avais ma qualif au deuxième sélectif fin août et je n’avais pas ralenti mes entraînements donc j’ai juste continué.

En plus, ma société était en pleine sortie du Covid, à Climb Up on avait des tonnes de chantiers, bref j’ai grimpé 3 jours en 15 jours avant la compète. Chargements, déchargements de camions, ouvertures, j’étais Ko. Mais j’adore ce que je fais alors je me sentais plutôt bien dans ma tête !

Les qualifs je savais que j’allais passer, je grimpais dans le contrôle et ça suffisait. En demi par contre j’avais une pression de dingue alors que je pensais que je n’avais plus rien à prouver et à me prouver. Bah non, boule au ventre, frein à main. Et puis dans l’isolement, une musique est passé dans mon lecteur, c’était une playlist que j’avais depuis 3 ans, quand j’ai repris à m’entraîner dans mon garage tout seul en plein hiver.

Alors j’ai repensé d’où je venais, ce que j’avais déjà fait et j’ai dit à mes genoux d’arrêter de trembler parce qu’il fallait grimper là, tout de suite, maintenant.

Faire une finale sur ma première compète, 4 ans après, c’était une belle récompense par rapport à mes investissements. Le style a beaucoup changé, la coordination prédomine sur la tenue de prise et la résistance. Je dois m’adapter.

Cependant je n’ai pas grimpé à mon niveau physique, je pouvais faire mieux. J’en ai profité pour bien observer ce que cela représente pour moi, la compétition, la performance.

Le but de cette année était aussi d’anticiper la suite financièrement. Même si j’ai quelques partenaires pour mes projets sportifs, si demain je veux me lancer dans un maxi projet, je veux être autonome au maximum.

Tu nous confiais que tu n’aimais pas trop parler de toi, pourquoi?

Je n’ai pas su gérer l’effet Ninja Warrior. Aujourd’hui c’est différent, je suis dans une optique plus professionnelle.

J’ai fait un contrat avec moi-même quand j’ai repris l’entraînement début 2021, je ne suis pas au bout de la durée que je m’étais fixée et je n’ai pas atteint mes objectifs donc oui il y aura des compètes en 2022. Cette année j’enclenche le Beast Mode.

Je vais essayer de m’entraîner plus souvent avec  Mejdi Schalck, Paul Jenft, Agathe Caillet (avec qui j’ai perdu un happy meal parce que j’ai parié qu’elle ne faisait pas deux tractions d’un bras…), ils sont super forts!

C’est un challenge à 32 ans d’apprendre à son corps à rebondir alors qu’il a eu l’habitude de bêtonner chaque mouvement. Pour changer de grimpe je dois changer d’état d’esprit.

On ne te demande pas tes prochains objectifs du coup… ?

En compétition, je serais au top de ma forme au championnat de France.

En falaise, je vais me concentrer sur « Biographie ».

J’ai la chance d’intégrer l’application « athlètes 360 » qui enregistre et propose du suivi en vue des JO 2024 mais dans ma tête je ne pense pas du tout à ça. Je suis toujours focus sur mon projet personnel et j’avance à mon rythme. Quand je vais grimper je veux réussir chaque bloc, chaque circuit, chaque mouv que j’essaye, c’est tout.

Un petit mot sur les premiers JO de l’escalade et sur le tournant que prend la grimpe?

Je n’ai pas d’avis sur les JO, c’est allé trop vite, la configuration était trop particulière. On verra à Paris.

Un dernier mot à ajouter?

Ce bilan m’a permis de réaliser ce que j’ai accompli mais aussi les erreurs que j’ai pu commettre. Quand on poursuit ses rêves on voyage souvent seul et même si je pense qu’il faut d’abord savoir voyager seul pour voyager avec d’autres, j’ai des remords. J’ai mis tellement d’énergie pour me retrouver que je me suis séparé de gens qui comptaient beaucoup pour moi. J’étais souvent à vif et j’ai pu avoir une mauvaise attitude avec eux. Il est extrêmement difficile de maintenir un équilibre entre le perso et la performance quelque soit le domaine. Aujourd’hui je fais de mon mieux tous les jours pour allier les deux.


Oriane Bertone: « L’année prochaine je veux être capable de tenir toute une saison »

Salut Oriane, on commence par le commencement, dis-nous comment tu vas et comment tu occupes tes journées en ce moment ?

En ce moment ça va super bien, ou en tout cas bien mieux. Cette fin d’année a été assez difficile, j’ai décidé de faire une pause et de retourner chez moi quelques temps (1 mois et demi à la Réunion), et je suis déjà de retour sur le continent ! En ce moment c’est très dirigé escalade, je travaille sur mes cours en simultané et je grimpe en forêt quand je peux.

Cette année tu as fait ton entrée chez les seniors alors que tu n’es que cadette, quel bilan en tires-tu ? Quelles difficultés as-tu rencontré ?

Cette année a été assez forte en émotions, dès la première coupe du monde je me suis retrouvée propulsée en finale puis sur le podium, c’était fou. Ça a bien marché sur les deux étapes à Salt Lake, puis chute libre. Je n’ai jamais vraiment réussi à comprendre pourquoi je me sentais comme ça, c’est comme si j’avais épuisé toutes mes ressources physiques et mentales. J’ai dû faire un gros travail sur moi-même, ça a été très dur pour moi de rester dedans et de continuer à m’entraîner, et le retour au bercail était nécessaire pour repartir à fond !

Comment s’est passée ton intégration au sein de l’équipe de France senior ? Tu n’y as pas vu trop de concurrence ou de « jalousie » envers toi ?

Mon intégration s’est faite plutôt rapidement, je connaissais déjà de près ou de loin les athlètes présentes en équipe donc ça s’est bien passé ! C’est une question assez complexe parce que je l’ai bien vécu, peut-être que d’autres l’ont un peu moins bien accepté.

Et concernant les athlètes internationaux, as-tu pu ressentir un bon accueil avec un œil bienveillant pour la « petite nouvelle » ?

Internationalement c’était avec des hauts et des bas. Meiringen a été l’étape la plus difficile pour moi, j’ai découvert le monde des seniors et durant toutes les vagues de compétition sur ma première étape, je me sentais comme « l’intrus » ou l’outsider. Mais j’ai rencontré du monde, et à partir de la deuxième CDM tout s’est mieux déroulé…

Maintenant que la saison est terminée, tu en profites pour aller dehors ? Tu as des projets ? Ou tu es déjà dans la préparation de la prochaine saison ?

J’ai repris l’entraînement et ma préparation compétition ! Après ma pause à la Réunion je n’avais qu’une envie: retourner m’entraîner. Évidemment, qui dit saison finie et condis à Bleau dis que ça grimpe dehors 🙂

Si je ne me trompe pas, c’est Nico Januel qui t’entraîne. Suite à ta saison, quels sont les nouveaux axes de travail qu’il a déterminé ?

On en a longuement parlé, et mon axe de travail principal est le basique physique: tenue de prise, blocs de force, compresses physiques… Tout ce qui fait mal quoi!

Comment se passe l’entraînement à ses côtés concrètement ? Est-ce que ça te change par rapport à tes années antérieures ?

Mon entraînement avec lui se passe bien, on se voit souvent et on forme un bon binôme avec beaucoup de suivi. Ça change beaucoup des dernières années, j’étais entraînée par mon papa jusqu’à très récemment alors c’est vrai que l’entraînement est très différent !

Avec mon père, on était sur un fonctionnement très ouvert avec la possibilité de rediscuter l’entraînement le moment même. C’était une façon de s’entraîner assez complexe puisque je rediscutais toutes les discussion sans être 100% en confiance. Avec Nico, c’est un programme fixe, qui s’adapte bien sûr, mais ça se base sur un planning qui ne bouge pas donc pas de négociations possibles 😉

L’année prochaine, tu te fixes quoi comme objectifs ?

L’année prochaine ça serait de revenir plus forte que cette année. Ça serait d’être capable de tenir toute une saison sans flancher à la fin, et de revivre l’expérience d’une finale et d’un podium !

Un peu de difficulté quand même ou seulement du bloc? 

Un peu de diff l’an prochain bien sûr. Je ne suis pas encore sure de l’importance de la discipline dans ma saison mais j’y serai.

Cet été, tu as dû suivre les JO de près… Qu’en as-tu pensé ?

Question assez complexe, j’ai adoré voir mon sport au jeux olympiques, ça fait bizarre ! Mais ça donne super envie, et ça a l’air d’être une expérience folle de pouvoir y participer, alors retour au boulot!

Es-tu officiellement dans un esprit de préparation pour les jeux de Paris 2024 ? Si oui, qu’est-ce que ça change pour toi ? Plus de pression ? Plus d’entraînement ? Plus de sacrifices ?

Honnêtement, pas totalement. Les JO pour moi c’est encore plus un rêve qu’un objectif. J’adorerais m’y rendre et grimper pour représenter mon pays, évidemment, mais je n’ai actuellement pas le niveau requis pour me permettre de penser aux JO comme un objectif.

Tu as un petit frère, Max Bertone qui cartonne bien également. Il n’y a pas trop de concurrence entre vous ? Ce n’est pas trop compliqué à gérer lorsque l’un des deux perf et pas l’autre ?

La relation que j’ai avec mon frère n’est pas plus spéciale qu’une relation fraternelle de base, on est frère et sœur, on se bat (souvent puisqu’on est tous les deux terriblement têtus) mais la concurrence qui s’est formée entre lui et moi reste l’une des choses qui m’ont faite progresser le plus (merci Max)

 

[Interview] Les secrets de fabrication des chaussons Ocún

7 décembre 2021 à 17:31
Par : franchise

♦ Ocún est le partenaire historique du groupe Vertical’Art. Pour en savoir plus sur la conception de vos chaussons d’escalade, on vous laisse découvrir notre interview avec Ocún. Echange très intéressant avec Stanislas Bican, responsable marketing de l’enseigne tchèque.

 

Bonjour Stanislas, peux-tu nous raconter en bref les origines de la marque Ocún ?

L’histoire d’Ocún remonte aux années 1980, lorsque son fondateur Pavel Hendrych a commencé à coudre des chaussettes sur sa grand-mère sur une machine à coudre à la maison. Comme matériel d’entrée, il a utilisé des parachutes de frein mis au rebut, qu’il a apportés du service militaire dans l’armée de l’air. Il a teint les sangles dans une grande marmite de cuisine.

Au cours des années 1990, la production est devenue beaucoup plus professionnelle, l’offre s’est élargie pour inclure des grimpeurs et d’autres articles, et Ocún est devenu un important fabricant d’équipements d’escalade. Pavel a trouvé le nom de sa marque en parcourant un guide d’escalade dans l’une des régions d’origine du paradis de Bohême. Ocún est le nom d’une belle et haute tour rocheuse en grès.

 

Quelles sont les étapes de fabrication de vos chaussons ? Y a-t-il une phase de « crashtest » réalisée avant la commercialisation du produit Ocun ?

La production de chaussons commence en développement. Au début, il y a toujours une idée, une mission précise, quels chaussons nous voulons concevoir et fabriquer, à qui ils sont destinés et ce qu’il doivent pouvoir accomplir. Il y a une différence entre les grimpeurs conçus pour les blocs, les grimpeurs de gros murs ou même les débutants. Et nos chaussons s’adaptent parfaitement à tous les profils de grimpeurs.

Une fois que le design du chausson est prêt, nous poursuivons la production de test. La production des chaussons, artisanale, est répartie entre deux ateliers voisins, situés en République Tchèque. Dans l’atelier de couture, les couturières cousent ce qu’on appelle une empeigne, c’est-à-dire toute la partie textile du chausson. Et dans l’atelier d’assemblage, les cordonniers adhèrent à l’empeigne une semelle adhésive. Il s’agit bien sûr d’une description très simplifiée. La conception et la production comprennent un certain nombre d’étapes partielles importantes, et chaque paire passe entre les mains de nombreux travailleurs.

Le prototype est maintenant terminé. Bien sûr, nous l’avons en plusieurs paires pour que plus de grimpeurs puissent le tester en même temps. Il se teste, bien sûr, en grimpant sur les murs, sur les rochers, partout et au maximum, jusqu’à destruction complète. Sur la base des résultats des tests, nous continuons à travailler sur le prototype : nous le modifions, l’améliorons et le retestons. Et ainsi de suite jusqu’à ce que nous ayons un chausson optimal et certifié apte à la commercialisation.

 

Ocun interview inédite décembre 2021

 

Comment définissez-vous le design de vos chaussons chez Ocún ?

La conception du chausson doit avant tout servir sa fonctionnalité. Rien sur un chausson n’est qu’une question d’apparence, tout aide à grimper. La partie en caoutchouc 3D au look moderne sur la pointe permet des mouvements techniques avancés, la flexion et l’asymétrie déterminent ses propriétés lors de l’escalade dans divers terrains en surplomb et sur différents types de prises… Nous concevons tout pour que le chausson travaille au mieux afin que le grimpeur en action puisse s’y fier autant que possible. Bien sûr, lors de la conception du design, nous pensons également à l’apparence finale du chausson et nous voulons qu’il soit aussi fonctionnel qu’esthétique. Nous pensons aux combinaisons de couleurs et à tous les détails fonctionnels de la coupe de la langue à la couleur des boucles de chaussons.

 

Qu’est-ce qui rend vos chaussons uniques ?

Notre solution brevetée 3-Force System est unique. Vous pouvez le trouver dans les plus hauts modèles de chaussons Ocún. Le système 3-Force est un type de construction de chaussons, qui se traduit par sa stabilité en torsion élevée et un soutien du pied inégalé. C’est pourquoi les chaussons avec le système 3-Force sont si bons lorsque les grimpeurs sont en équilibre sur de petites prises.

Aussi, nous avons été les premiers à tirer la semelle du grimpeur sur le talon. C’est une solution utilisée par la plupart des fabricants aujourd’hui. Et encore une fois sur le talon. La coupe de la semelle intérieure de nos chaussons d’escalade est sans couture sous le talon, afin qu’ils soient aussi confortables que possible et que rien ne vous raye.

 

Interview avec le directeur marketing d'Ocun, partenaire historique de Vertical'Art

 

Quelles sont les catégories de produits les plus emblématiques de votre marque en plus de vos chaussons ?

Nous produisons pratiquement tout ce dont un grimpeur a besoin pour sa vie sportive. Nous proposons des chaussons, des harnais, des cordes, des crashpads, des mousquetons, des dégaines, des boucles, des sacs à magnésie, des vêtements d’escalade, des gants… Simplement tout.

 

Peux-tu nous en dire plus sur votre engagement environnemental qui fait de vous une marque de matériel indoor et outdoor durable ?

Revenant à la conception de nos chaussons d’escalade, par exemple, nous remplaçons progressivement la peau de la plupart de nos modèles par de la microfibre – la plupart des chaussons d’Ocún sont désormais végétaliens.

La magnésite brute pour la production de notre magnésium est extraite en Slovaquie voisine, d’où le fait qu’elle parcourt le chemin le plus court jusqu’à nous, où la production et l’emballage ont lieu. Nous veillons à réduire l’empreinte carbone du produit final. Bien entendu, notre magnésium répond également aux exigences du règlement européen REACH, qui vise à améliorer la protection de la santé et de l’environnement.

L’écologie est un sujet qui devient de plus en plus important pour nous. Nous essayons progressivement de remplacer les emballages par des matériaux recyclés – nous emballons actuellement des crashpads dans des matériaux recyclés, qui sont nos plus gros produits. Nous allons inclure une plus grande part de matières biologiques et respectueuses de l’environnement dans les prochaines collections de vêtements.

➡ Notre gamme de chaussons d’escalade Ocún est disponible dans le shop Vertical’Art.

Nous tenons à remercier notre partenaire Ocún et en particulier Stanislas pour le temps qu’il nous a accordé pour cette interview.

⏩ Plus d’infos sur notre partenariat avec Ocún

⏩ Site web Ocún

 

N E V E R   S T O P   C L I M B I N G

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Où va Kilian Jornet ?

3 décembre 2021 à 09:56
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Janja Garnbret : Oliana interview + video

11 novembre 2021 à 19:38

Suite à la réalisation à vue de “Fish Eye” et “American Hustle”, tous deux 8c, par Janja Garnbret la semaine passée à Oliana, nous sommes allés poser quelques questions à la championne olympique. En bonus sous l’interview, on vous offre la vidéo de Janja à vue dans les principales difficultés de “American Hustle”.

– Quel était l’objectif de ta venue à Oliana ?
Je voulais essayer quelques voies et voir comment je me sentais en grimpant ici et je voulais aussi voir ce que je pouvais donner à vue.

– Comment t’es venue l’idée d’essayer “Fish Eye” ?
Je ne pensais pas vraiment essayer un 8c à vue, mais plus tard ce jour là j’ai juste décidé de mettre un essai dans “Fish Eye”. Pas de pression, juste de l’escalade.

– Comment ça s’est passé pendant le à vue ? Peux-tu décrire ton escalade ?
Je me sentais super bien, relâchée et concentrée. Je n’ai pas paniqué si je ne comprenais pas à une séquence tout de suite, je me sentais bien. Je pense que j’ai grimpé assez vite, et cela était assez approprié. J’ai pris du temps dans la dalle finale car il n’y avait pas trop de magnésie et je ne voulais vraiment pas me la coller.

– Tu étais pétée ? Quand as-tu compris que tu pouvais la faire ?
Dans la première partie difficile je n’étais pas si pétée. Jusqu’au dernier bac de la partie déversante j’ai grimpé très vite, je me suis reposée là où j’ai pu et à cette prise-là, j’ai compris que je pouvais la faire. Mais la dernière partie était assez piégeuse donc j’aurais pu tomber partout, j’ai réussi à rester calme et à trouver les séquences.

– Avais-tu essayé de réaliser un 8c à vue avant ? Tu penses comme moi que tes limites sont plus loin ?
Je n’ai jamais essayé de réaliser un 8c à vue, avant j’avais fait des essais flashs dans les 8c, ou alors j’avais dû les travailler un petit peu avant de les enchainer. Mais maintenant je pense que si je trouve une voie qui me convient bien je peux essayer de réaliser à vue quelque chose de plus dur.

– Peux tu décrire ton à vue d'”American Hustle” ? Un gros combat ?
Ma décision était globalement la même qu’avec “Fish Eye”. J’ai juste décidé d’y mettre un essai, sans pression. De mon point de vue c’est plus dur que “Fish Eye” et j’ai eu à batailler un peu plus. J’étais super relax et j’ai pu réussir les mouvements assez rapidement. Ce n’était pas si évident, et j’ai vraiment dû me battre dans certaines parties de la voie.

– Peux tu comparer “Fish Eye” et “American Hustle” ? Quelle voie as-tu trouvé la plus dure ?
Aha j’ai déjà répondu dans la question précédente. Je dirai que “Fish Eye” est plus facile et aussi plus triviale dans la partie dure déversante, mais la partie du haut est piégeuse. D’un autre côté, “Amercan Hustle” est plus dure, plus puissante et intense mais la partie du haut est très belle et plus évidente. J’étais assez perdue dans certaines parties mais j’étais plus confiante dans le haut. Mais de mon point de vue “American Hustle” a été plus dure à faire à vue.

– Tu es allée repérer “La dura dura” et “Joe mama”. Reviendras-tu pour les essayer à fond ? Ou as-tu des projets à la maison ?
Je vais vraiment devoir revenir ! Finir ce que j’ai commencé. J’adore essayer d’autres voies. J’ai des projets à la maison mais si j’ai l’opportunité de venir à Oliana je la saisirai.

– Quels sont tes rêves, les choses que tu aimerais accomplir en milieu naturel ? Ou préfères-tu te concentrer uniquement sur des objectifs en compétition ?
Bien sûr que j’en ai ! J’aime les deux ! J’ai juste besoin de trouver les bonnes périodes pour le faire. J’ai encore des choses à faire en compétition mais j’ai aussi des projets en extérieur dans un coin de ma tête.

Photo : Toni Mas Bucacha

Janja Garnbret – American Hustle 8c onsight

We asked a few questions to Janja Garnbret after her onsight of “Fish Eye” and “American Hustle”, both 8c in Oliana last week. In addition, you will find the video we shot of the main difficulties of her onsight send of “American Hutsle”. Enjoy!

– What was the plan for your stay in Oliana?
I wanted to check out some routes to see how I feel, but mostly just climbing and I also wanted to see how far I can go with my onsight.

– How did the idea of trying to onsight “Fish Eye” come up?
Actually I never thought of trying to onsight an 8c, but later that day I just decided that I would give “Fish eye” a go. No pressure, just climbing.

– How did you feel during the onsight? Can you describe your climbing?
I felt super good, very relaxed and focused. I didn’t panic if I didn’t see a sequence right away, I was super chill. I think I was climbing pretty fast, resting where I thought was appropriate. I took some time in the last slabby part because there was no chalk anywhere and I really didn’t want to fall there.

– How was your pump? When did you understand that you would actually succeed?
In the first “harder” part I wasn’t that pumped. Up to the last jug of the more overhanging part I climbed pretty fast, resting where I needed and there I realised that I could succeed. But the last part was very tricky so I could fall anywhere but I stayed calm and slowly figured out the sequence.

– Have you ever attempted to onsight an 8c before? Do you think-as many do-that you haven’t reached your limits yet?
I have never attempted to onsight an 8c, before it was more flash attempt or I had to work a bit to send the thing. But now I think with the right route I could also try to onsight something harder.


– Can you describe your onsight of American Hustle? A big fight?
My decision was pretty much the same as with “Fish eye”. I just decided to give it a go, no pressure to onsight it. In my opinion it’s harder than Fish eye so I also had to fight a bit more. But I was very relaxed and could solve the moves pretty fast. It was not so obvious so I had to really fight in a few sections of the route.

– Can you compare your ascents of “Fish Eye” and “American Hustle”? Which route did you find harder?
I actually already answered in the previous answer 😂 but I would say “Fish eye” is easier and more obvious in the harder overhanging section, and the top part is very tricky. On the other hand “American Hustle” is harder, more powerful and intense and less obvious. I would say I was pretty lost on some parts of the route but the top part was very nice and obvious compared to the one in “Fish eye”. So in my opinion American Hustle was harder to onsight.

– You checked out “La dura dura” and “Joe mama”. Will you come back to redpoint them or other routes? Or are the plans you alluded to closer to home?
I definitely need to come back! To finish what I started. I would also love to try other routes. I also have some projects at home but if I get a chance to go to Oliana I will take it.

– Have you got some dreams of rock climbing achievements, or you prefer to focus on competitions?
Of course I do. I love both! I just need to find the right time when to do what. I still have some things to do in competitions, but I also have some outdoor projects in mind.



Pic: Toni Mas Bucacha

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Interview: Dinara Fakhritdinova signe un beau comeback. Elle nous raconte…

Dinara Fakhritdinova, ça ne vous parle pas? Pourtant, souvenez-vous, en 2013, sur la place du Mont Blanc à Chamonix, elle remportait le titre de championne d’Europe! Toujours sur le circuit international, mais rarement dans le haut du classement, la « mini Rocket Russe », comme s’amusent à l’appeler les commentateurs, semble être plus motivée que jamais pour atteindre le top niveau mondial. D’ailleurs lors des tout récents championnats du monde qu’elle jouait à domicile, elle participait à sa première finale sur des mondiaux et avouait en vouloir encore plus… Alors avant de la retrouver la saison prochaine sur le circuit, voici son portrait histoire d’en connaître un peu plus sur elle.


On commence par les présentations? Qui es-tu?

Je m’appelle Dinara Fakhritdinova, j’ai 28 ans et je viens de Russie.

Comment as-tu commencé l’escalade, et pourquoi as-tu choisi ce sport?

À l’âge de 5 ans, je faisais des acrobaties partout, et j’ai commencé par faire de la gym. Je faisais souvent des galas lors d’événements, ou d’ouvertures de salles de sport. Et puis un jour, j’ai fait une représentation dans une salle où il y avait un mur d’escalade et des grimpeurs faisaient une démonstration de ce sport. J’avais 11 ans et je suis tombée amoureuse de la grimpe immédiatement.

Que fais-tu dans ta vie personnelle? Uniquement de l’escalade? 

Je fais énormément de choses, j’ai une vie bien remplie… Pour commencer, j’étudie, dans le domaine de la cosmétique. Peu de gens savent que je travaille dans la cosmétologie, et particulièrement dans les problèmes de peau qui peuvent être liés à certain produits cosmétiques. Sinon, je retape aussi mon appartement, là je suis en train de passer le permis moto, je participe aussi à beaucoup de projets et je m’implique notamment dans des oeuvres caricatives en envoyant du matériel d’escalade partout dans le pays pour ceux qui manquent de moyens pour s’équiper. Enfin voilà, je ne m’ennuis jamais !

Comment s’organise ton entraînement?

C’est une questions vraiment difficile… Jusqu’à présent, je n’avais pas de planification précise, la plupart du temps je grimpe à l’instinct, je me base sur mon intuition et sur mon expérience. Je grimpe juste énormément et à côté je fais d’autres sports qui me permettent de m’entraîner également, de la gym par exemple. Mais depuis peu, j’essaye d’être plus sérieuse et de suivre un plan d’entraînement. On verra si ça fonctionne!

On voit rarement des russes sur les compétitions de bloc ou de difficulté, comment l’expliques-tu?

À vrai dire ça a toujours été très difficile pour les athlètes Russes d’obtenir un Visa pour voyager, et du coup nous n’avons pas l’autorisation de nous rendre dans certains pays. Et puis on ne va pas se mentir, l’aspect financier joue beaucoup aussi, nous avons peu d’aide de la fédération pour nous rendre sur les compétitions internationales. La plupart du temps, j’organise moi même le voyage, et c’est vrai que ça me prend beaucoup de temps et d’argent. Depuis peu, la fédération tente de nous aider un peu plus, on sent qu’il y a du mieux, que ça progresse.

En 2013 tu remportais le titre de championne d’Europe à Chamonix, que retiens-tu de cette journée? 

Je me rappelle que j’étais très calme et détendue, je me rappelle de la musique que j’écoutais en boucle en isolement, je me rappelle aussi de Mina Markovic en isolement, c’était l’une de mes idoles et j’appelais toujours de ce qu’elle faisait. Ce jour là, je ne grimpais pas pour la première place, je kiffais juste le moment et je me suis laissée porter.

© Lucie Thomas | Planetgrimpe.com

Après une terrible agression en 2015, comment t’es-tu relevée de tout ça? 

Pour être honnête je préfère ne pas me rappeler de cette période qui a été horrible pour moi. Encore aujourd’hui, ça me fait mal d’y penser et je préfère faire comme si rien n’était jamais arrivé.

Pendant longtemps j’ai essayé de faire abstraction de ce qui s’était passé, mais au final je ne faisais qu’accumuler de la peur et de la colère en moi, et ça a été une grosse erreur. J’ai continué à m’entraîner comme avant, à participer à des compétitions, mais au fond de moi j’ai compris que tout n’allait pas bien, je me sentais mal, mon coach l’a remarqué et nous avons décidé d’arrêter de faire semblant et de travailler avec psychologue jusqu’à ce que je me sente mieux.

En 2019, on ne t’a pas vu sur le circuit non plus, que s’est il passé? 

J’étais clairement en BurnOut, c’était très dur émotionnellement dans ma vie à ce moment là. Je me suis perdue et je ne voyais l’intérêt de rien, mon monde s’est effondré et j’ai perdu la force de me battre.

Est-ce que tu as imaginé arrêter l’escalade? 

Je n’ai pas grimpé pendant très longtemps, et ça m’a permis de réaliser que la grimpe était vraiment importante pour moi et qu’il était temps de faire mon comeback. Je sentais que je pouvais être encore plus forte qu’avant et que j’adorai les compétitions d’escalade. J’ai recommencé à m’entraîner réellement en juin 2020, et après 14 mois, je pense avoir obtenu de bons résultats et je ne compte pas m’arrêter là!

Cette année tu signes effectivement un très beau retour, comment tu te sens? 

À vrai dire c’est très étrange, je ressens un énorme pouvoir en moi, je sens que je peux être très forte, mais ma faible estime de moi me gêne encore, je continue de penser que je n’y arriverai pas mais j’y travaille, j’ai besoin de temps et je profite de chaque instant.

Tu as 28 ans aujourd’hui, tu t’imagines quand même sur les JO de Paris en 2024? 

Bien sur! Il n’y a pas d’âge pour moi, et maintenant que je sens que je suis sur la bonne pente, je sens que je peux être plus forte que jamais. C’est comme si j’avais 16 ans et que ma carrière sportive ne faisait que commencer. Tant que je me sentirai jeune je continuerai d’imaginer ma vie sportive comme ça, et ça ne m’intéresse pas qu’on me dise que je suis trop vieille (rire!).

Quels sont tes prochains projets en escalade? 

Je n’ai pas de projet précis en tête, pour le moment je grimpe énormément à l’instinct, si ne ligne me plaît j’y vais, quelque soit la cotation. Mais on ne va pas se mentir, j’aimerai un jour atteindre le 9b, ou plus, mais pour le moment je préfère me concentrer sur les compétitions.

Un dernier mot à ajouter? 

Je voudrai juste vous dire de ne pas écouter quelqu’un qui vous dit que vous ne pouvez pas ya arriver, faites vos propres choix, faites ce qui est important pour vous et n’écoutez que vous même!

8407 mètres en parapente : Antoine Girard raconte

5 octobre 2021 à 15:26
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Interview : Nolwen Berthier, la grimpe dans la peau – Interview: Nolwen Berthier, climbing in the blood

28 septembre 2021 à 18:00

Extrêmement déterminée et particulièrement investie quand il s’agit de grimpe extrême en falaise, la grimpeuse aixoise Nolwen Berthier est une personnalité attachante qui ne laisse pas indifférent quand on la croise. Cette ancienne compétitrice dévoue désormais sa passion à repousser ses limites en falaise, avec une précision méticuleuse en matière d’entrainement et une vision assez progressiste et de notre activité, notamment concernant notre rapport au milieu naturel. Interview.

– Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Salut ! Moi c’est Nono, 28 ans, grande amatrice de chemises à fleurs, de chocolat et de petites prises. J’ai commencé l’escalade par la compétition il y a une quinzaine d’années… mais je n’y ai pas trouvé beaucoup d’arquées (question de génération peut-être). Après plusieurs années en Équipe de France, et de nombreux départs en coupe d’Europe et coupes du Monde, durant lesquelles j’ai troqué mes chemises contre une tenue officielle, je me consacre maintenant pleinement à la falaise, avec plus d’une dizaine de voies en 8c et + à mon actif.

En parallèle de la grimpe, j’ai suivi une formation d’ingénieure en énergie et environnement. Aujourd’hui, je mets ces compétences au service de la transition écologique et solidaire, en accompagnant les entreprises dans ces démarches.

Ta petite taille est-elle un atout ou un obstacle ?
Je ne sais pas si c’est un atout, mais je n’ai pas envie de penser que c’est un obstacle. D’une certaine manière, accepter que ce soit un frein, ce serait déjà renoncer… Alors au fil du temps, j’ai appris à faire avec mon mètre et demi. Le fameux « Nonomètre ». Certes, il m’a fallu sortir un peu des standards, notamment pour trouver les calages dans les voies. Bilan : les copains détestent mes (supers méthodes) flash… À mon sens, la seule condition est d’accepter de sortir des sentiers battus, tester des choses improbables, parfois absurdes et surtout, faire avec ses qualités. Tant qu’on se dit que c’est possible, on s’adapte, on compense, bref, on trouve des solutions ! Mais bon, je dois avouer que ça peut s’avérer être une bonne galère pour trouver des jeans (ou des chaussons) à ma taille…

Quels sont tes points faibles, qu’aimerais-tu améliorer ?
On m’a souvent conseillé de travailler ma taille… On m’a également dit que “quand la force ne suffit pas, il faut encore plus de force”…  Mais maintenant, je suis assez convaincue que la polyvalence est la clé. Être un bon grimpeur ou une bonne grimpeuse, c’est s’adapter à tout type d’escalade et être à l’aise sur tout type de support pour s’exprimer dans la diversité de notre activité.

Tu sembles faire beaucoup plus de falaise ces dernières années tout en continuant à beaucoup t’entrainer. Qu’est-ce qui t’a poussée à te tourner vers l’extérieur ?
Contrairement à d’autres compétiteurs ou compétitrices, la falaise a toujours été présente dans mon approche de l’escalade comme un support d’entraînement, un refuge pour m’évader, mais aussi un espace d’expression, qui me permettait de concrétiser mes entraînements quand les résultats en compétition pouvaient parfois être un peu frustrants.

Aujourd’hui, la falaise me permet de découvrir l’activité sous un autre angle, avec de nouvelles sensations et toujours plus de défis à résoudre. Cela m’apporte également la flexibilité nécessaire pour concilier les contraintes d’entrainement avec mon rythme de travail, et un nouveau cadre : c’est toujours plus sympa de passer ses week-end dehors qu’enfermée dans un gymnase.

Trouves-tu que les supports mis à disposition des grimpeurs sont adaptés de manière générale à l’entraînement pour la falaise ?
Les grandes enseignes privées jouent un rôle crucial dans le développement du haut niveau. Quand on arrête la compétition mais qu’on s’investit en falaise, nous n’avons pas de statut officiel de sportif de haut niveau. Cela nous prive alors des aides associées (bourses, accès aux structures fédérales…) et les supports d’entrainement auxquels nous avons accès sont donc ceux ouverts à tous.

Aujourd’hui, la plupart des salles privées sont tournées vers le grand public et la massification de la pratique de l’escalade. Autour de chez moi, les supports proposés ne sont pas adaptés au haut niveau en falaise : les ouvertures sont majoritairement orientées vers le bloc moderne, le renouvellement des voies n’est pas assez fréquent, les outils d’entraînement sont peu aboutis et/ou développés… Globalement il faudrait être abonné dans toutes les salles de la région pour pouvoir s’entraîner correctement. On en vient à préférer se faire un pan chez soi pour s’entraîner plutôt que d’aller profiter de l’émulation à la salle… cherchez l’erreur !

Comment concilies-tu ta vie professionnelle et tes entraînements ?
En temps normal, je travaille 4 jours par semaine mais avec la crise sanitaire, je suis au chômage partiel : cette dernière année, mon temps de travail a fluctué entre 1 et 3 jours par semaine, ce qui m’a laissé pas mal de temps pour me consacrer à l’escalade… une belle opportunité sur le plan sportif !

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

Tu es rarement blessée, apportes-tu une attention particulière à ton hygiène de vie et ton alimentation ?
Comme beaucoup de sportifs, ma vie est rythmée par mes rêves et mes objectifs et il y a alors un temps pour chaque chose. Il faut savoir mettre les bonnes priorités au bon moment pour assurer un équilibre pertinent sur le long terme : parfois il est important d’être sérieux, parfois ça l’est tout autant de ne pas l’être, mais j’avoue que sur le plan de l’alimentation, je suis plutôt du style à ne pas l’être.

En falaise, quels sont tes critères pour choisir la ligne ou ton prochain projet ?
Ce qui m’attire naturellement ce sont les lignes visuelles et esthétiques… et les défis aussi. Dans le fond, je crois que je n’aime pas vraiment la facilité, j’ai besoin d’être poussée dans mes retranchements qu’ils soient physiques, techniques, mentaux… ou un peu tous à la fois. Je grimpe avec mes tripes : pour m’investir, j’ai besoin d’avoir des étoiles dans les yeux ! Les voies qui me marquent le plus ne sont pas toujours celles dont la cotation est la plus élevée, mais celles qui m’ont poussée à me dépasser. De toute façon, avec ma taille, les cotations ne sont qu’un ordre de grandeur (très) approximatif. Quand tu sors de la norme de par ton gabarit, ton allonge ou ta taille de doigts, quelle est la valeur d’une cotation ?

Pourquoi avoir choisi “Supercrackinette” comme projet ultime et quel a été ton plan d’entraînement pour l’aborder ?
Cette aventure a commencé – avant tout – grâce aux copains… Après avoir fait la “Ligne Claire”, j’hésitais à me lancer dans “Le Cadafist”, et Seb (Berthe) qui essayait “Supercrackinette” à l’époque, m’a dit « il faut absolument que tu ailles voir cette voie, ça te conviendrait bien mieux ! ». L’idée a fait son bonhomme de chemin (et peut être que la Supercrack’Danse a joué un rôle) mais j’ai fait une première montée… plutôt inspirante !

Puis Léo (de la Turnorgift Production) m’a incitée à y retourner… et j’ai refait quelques montées, qui m’ont sacrément motivée …

Pour me lancer dans un ultime projet, je voulais trouver une voie pas trop morpho, si possible dans mon style, pas trop loin de la maison … et avant tout qui me motive ! Et bien vous le croirez ou non, mais malgré les nombreuses falaises et belles voies du Sud de la France, ce n’est en réalité pas si facile de tout combiner ! “Supercrack” rassemble un peu de tout cela, et même si je n’ai jamais fait de 9a, pourquoi pas me lancer dans cette aventure ? Dès les premières montées, j’avais bien compris que c’était une de ces voies qui te laissent miroiter au premier abord que c’est jouable, mais que quand venait l’heure d’empiler tous les mouvs, ce n’était pas le même game… Peu importe, l’aventure était lancée !

– Où en es-tu du processus ?
J’ai passé beaucoup de temps dans la voie l’année dernière, et ça bougeait plutôt bien, mais les grosses chaleurs sont arrivées, m’obligeant à interrompre momentanément le processus… ce qui n’a pas été facile à accepter, mais qui est sûrement un mal pour un bien sur le long terme.

Après un été consacré au ressourcement physique et mental, il est l’heure de se remettre à l’entraînement pour retourner dans la voie au début de l’automne, quand les conditions seront plus clémentes !

Comment gardes-tu la motivation à essayer des projets à long terme de ce type ?
Spécialement pour “Supercrakinette”, j’ai essayé de prendre soin de cette motivation. Dès le commencement, je savais que ce serait un projet de longue haleine alors j’ai alterné périodes de travail de la voie et temps d’entraînement, pour ne pas tomber dans la routine des essais. Je me suis attachée à attiser cette envie profonde de mettre des runs gagnants.

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

Accordes-tu de l’importance à la réalisation d’une première féminine ?
Pourquoi valorisons-nous les premières féminines ? Parce que les femmes grimpent avec moins de force que les mecs ? Parce qu’elles sont plus petites ? Parce qu’elles ont besoin de reconnaissance ? C’est loin d’être toujours vrai ! Nous avons trop souvent dénigré les performances féminines dans notre sport, et si déjà nous valorisions ces performances à leur juste valeur, ce serait déjà une belle avancée ! (par exemple, en arrêtant de décoter les voies quand une femme enchaine…).

Au-delà de ça, valoriser une première (féminine) a selon moi beaucoup de sens quand la réalisation marque une avancée significative : il peut y avoir une dimension physique (franchir une nouvelle cotation par exemple), psychologique (enchaîner une voie mythique) ou technique (trouver des méthodes adaptées à un gabarit)… Mais parfois il n’y a rien de tout cela, et la première féminine n’est alors pas très représentative : est-ce que cela n’aurait pas plus de sens de parler du premier enchainement réalisé par les moins de 1m60 ou par les plus de 1m80 ?

Évoluer en falaise dans un milieu assez masculinisé est-il compliqué pour toi ? Quel est ton ressenti ?
Passer mes journées entourée de beaux mecs… je ne vois pas où est le problème… ! 😉 Dans mes études, au club… depuis mon plus jeune âge j’ai toujours évolué dans des milieux plutôt masculins, sans jamais me sentir particulièrement inférieure ou exclue.

Notre société connaît de véritables évolutions à l’heure actuelle sur le sujet de la parité. Malgré tout, on peut observer que le sexisme est toujours ancré dans certaines de nos habitudes, et ce même dans notre activité. Par défaut, dans une cordée mixte, qui va porter la corde à la falaise ? monter les dégaines ? poser des moulinettes ? trouver des méthodes dans les voies ?

Il n’y a pas forcément d’arrière-pensée négative dans ces habitudes, et cela part même souvent d’une bonne intention, mais ces actions – aussi insignifiantes soient-elles – perpétuent une position de subordination de la femme vis-à-vis de l’homme qui ne va pas dans le sens de la parité.

Et cela marche également dans l’autre sens : pourquoi les femmes seraient-elles plus souvent mises en avant dans certains médias ? sous prétexte que leur image est plus vendeuse ?

Y a-t-il une voie qui te fait rêver et dans laquelle tu n’as pas encore eu l’occasion d’aller ?
S’il y en avait qu’une ! Rien que dans le Sud-Est de la France, ça ne manque pas avec par exemple les deux proues taillées au couteau de la Carrière du Maupas, “Cannabis Directa” et ses cannelures incroyables typiques de Roquevaire ou encore “La trainée rousse” et sa monocolo qui a l’air bien trop déversante (comme souvent à la Ramirole)… Sans compter les projets que j’ai encore sur le feu à l’étranger, mais aussi toutes les autres formes d’escalade que je n’ai pas explorées comme certaines belles lignes de bloc, les grandes voies, le trad…

Bref, le plus dur, c’est de choisir !

– Tu travailles dans le développement durable, intègres-tu aussi celui-ci dans ta pratique de l’escalade ? Si oui comment ?
La soutenabilité fait en effet partie intégrante de mon travail, mais surtout plus largement de mes valeurs personnelles.

Je suis convaincue que nous avons tous un rôle à jouer pour relever le défi des crises environnementales et sociales auxquelles nous faisons face, et que ce rôle est bien plus large que de trier nos déchets. Les organisations publiques et privées ont une responsabilité importante, mais nos métiers, nos achats, nos actions individuelles, bâtissent également la société dans laquelle nous vivons et ne sont donc pas négligeables (si le sujet vous intéresse, rendez-vous ici).

À titre personnel, il me tient à cœur de mettre mon énergie au service de projets qui permettent l’émergence d’une société différente, basée sur plus de sobriété et de respect du vivant.

À quoi bon entreprendre une démarche « zéro déchet » si vous prenez l’avion plusieurs fois par an pour des déplacements professionnels ? À quoi bon prendre le vélo pour aller travailler si vous bossez à temps plein sur un projet qui contribue au dérèglement climatique ?

En tant que sportive de haut niveau, je m’attache à collaborer avec des marques qui œuvrent dans ce sens : les vêtements Patagonia, le matériel Edelrid, les boissons Lökki Kombucha, la magnésie Myléore, les ressemeleurs de La Clinique du chausson et du matos. Toutes ne sont pas parfaites, mais toutes sont engagées sur ce chemin.

J’aime également partager des contenus qui m’ont inspirée pour en faire profiter le plus grand nombre (rdv sur instagram).

Interview Nolwen Berthier

On voit fleurir quelques beaux galets aux pieds de voies classiques du Sud-Est. Comment t’inspires-tu pour les concocter ?
L’inspiration pour ces petits galets vient en premier lieu du nom de la voie. Ce petit nom sur le topo qui titille notre imaginaire, nous fait rêver, sourire, nous pousse à essayer la voie ou même parfois que l’on ne comprend pas vraiment… Je ne suis pas grande dessinatrice mais je suis convaincue qu’un petit dessin vaut souvent mieux qu’un long discours. En creusant un peu, on se rend compte que derrière beaucoup de noms de voies se cache une anecdote, une dédicace, un trait d’esprit… À eux seuls, ils retracent tout un pan de l’histoire de notre activité, souvent liée aux équipeurs. Les mettre en image à travers des galets est une opportunité de les partager et les faire perdurer dans le temps, mais également de mettre en lumière une spécificité de notre activité : malgré les (trop) nombreux débats à ce sujet, une voie ne se résume pas à une cotation, et c’est aussi ce qui fait la beauté de notre sport. Ces petits galets, c’est une manière d’apporter une pierre à notre communauté.

Quel est ton regard sur la situation de nos sites naturels ? Quelles directions pourrait-on envisager ?
Qui va s’occuper de l’entretien des points existants ? Qui va dialoguer avec les propriétaires des terrains ? Qui va assurer les problèmes de responsabilités ? Bien que je grimpe depuis de nombreuses années, ce sont des problématiques que je découvre. En toute transparence, je ne me sens en rien légitime pour émettre un avis ou des conseils en la matière.

Le mot de la fin ?

Pour remercier ceux qui m’ont lu jusque-là, voici une “punchline tranchante comme des réglettes aiguisées” :
Avec mes drago LV, le niveau est élevé (…) Talon contre-pointe, talon contre-pointe (…) J’serre les arquées ils serrent les dents. Talon contre-pointe, talon contre-pointe. ” #FLDDB

Merci pour cet échange en dehors des sentiers battus, que le “fighting spirit” soit avec vous !

Photo de couverture : Antonin Rhodes

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

Extremely determined and particularly invested when it comes to extreme rockclimbing, Nolwen Berthier from AIx, France is an endearing personality who does not leave indifferent when you meet her. This former competitor now devotes her passion to pushing her limits on rockclimbing, with meticulous precision in terms of training and a vision of our activity fairly progressive, especially concerning our relationship to the natural environment. Interview.

– Can you introduce yourself to those who don’t know you?
Hi ! Me is Nono, 28, a big fan of flower shirts, chocolate and small holds. I started climbing with competition about fifteen years ago … but I haven’t found many crimp there (maybe a generation question). After several years in the French team, and many starts in the European Cups and World Cups, during which I exchanged my shirts for an official outfit, I now devote myself fully to rockclimbing, with more than ten of 8c and + routes to my credit.

Along with climbing, I followed an engineer in energy and environment formation. Today, I put these skills at the service of the ecological and inclusive transition, by supporting companies in these steps.

– Is your small size an asset or an obstacle?
I don’t know if it’s an asset, but I don’t want to think of it as a problem. In a way, accepting that it was a drag would already be giving up … So over time, I learned to do with my meter and a half. The famous “Nonometer”. Of course, I had to go a little outside the standards, especially to find my betas in the routes. Conclusion: my friends hate my (great betas) flashes… In my opinion, the only condition is to agree to think outside the box, test improbable, sometimes absurd things and above all, make do with my own qualities. As long as we say to ourselves that it’s possible, we adapt, we compensate, in short, we find solutions! But hey, I must admit that it can be a hassle to find blue jeans (or climbing shoes) in my size…

– What are your weaknesses, which you would like to improve?
I’ve often been advised to work on my height… I’ve also been told that “when strength isn’t enough, you need even more strength” … But now I’m pretty much convinced that versatility is key. Being a good climber means adapting to any type of climbing and being comfortable on any type of support to express yourself in the diversity of our activity.

– You seem to be doing a lot more rockclimbing in recent years while still training a lot. What made you turn outward?
Unlike other competitors, rockclimbing has always been present in my approach to climbing as a training medium, a refuge to escape, but also a space of expression, which allowed me to achieve my goals. training when the results in competition could be a little frustrating at times.
Today, rockclimbing allows me to discover the activity from a different perspective, with new sensations and always more challenges to solve. It also gives me the flexibility to reconcile the constraints of training with my pace of work, and a new setting: it’s always fun to spend your weekends outside than locked in a gym.

– Do you find that the supports made available to climbers are generally suitable for training for rockclimbing?
Large private brands play an important role in the development of high level. When we stop competing but invest time in rockclimbing, we don’t have the official status of a top athlete. This then deprives us of associated aid (scholarships, access to federal structures, etc.) and the training materials to which we have access are therefore those open to everyone.
Today, most private rooms are geared towards the general public and the massification of rock climbing. Around my home, the supports offered are not suited to the high level in rockclimbing: the openings are mainly oriented towards the modern bouldering style, the renewal of the routes is not frequent enough, the training tools are not very successful and/or developed… Globally, it would be necessary to be a subscriber in all the gyms of the region to be able to train properly. We come to prefer to make a training wall at home rather than going to enjoy the emulation in the gym … find the mistake!


– How do you mix your professional life and your training?
Normally, I work 4 days a week but with the Covid crisis, I’m on partial unemployment: this last year, my working time fluctuated between 1 and 3 days a week, which left me a lot of time to devote myself to climbing … a great opportunity in sporting terms!

– You’re rarely injured, do you pay particular attention to your lifestyle and your diet?
Like many athletes, my life is punctuated by my dreams and goals and there is a time for everything. You have to know how to put the right priorities at the right time to ensure a relevant balance in the long term: sometimes it’s important to be serious, sometimes it’s just as important not to be, but I admit that on the diet plan, I’m more of the style not to be!

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

– In rockclimbing, what are your criteria for choosing the line or your projects?
What naturally attracts me are the visual and aesthetic lines … and the challenges too. Basically, I think I don’t really like the easy, I need to be pushed to my limits whether they are physical, technical, mental… or a little all at the same time. I always climb a muerte: to invest myself, I need to have stars in my eyes! The routes that mark me the most are not always the ones with the highest grade, but the ones that have pushed me to surpass myself. Anyway, with my height, grades remain a very unclar question. When you deviate from the norm because of your size, your ape or your finger size, what’s the value of a grade?

– Why did you choose “Supercrackinette” as your ultimate project and how was your training plan to tackle it?
This adventure began – above all – thanks to my friends … After doing “La Ligne Claire” (8c+), I hesitated to go into “Le Cadafist”, and Seb (Berthe) who was trying “Supercrackinette” at the time, told me “you absolutely have to go see this route, it would suit you much better!”… The idea caught me (and maybe the “Supercrack’Dance” played a role) but I made a first check… pretty inspiring!
Then Leo (from Turnorgift Production) encouraged me to go back … and I did a few goes again, which really motivated me…
To embark on a big project, I wanted to find a route that was not too morpho, if possible in my style, not too far from home… and above all that motivates me! Well you believe it or not, but despite the many crags and beautiful routes in the South of France, it’s actually not that easy to combine everything! “Supercrack” brings together a bit of it all, and even though I’ve never done 9a, why not go and try seriously? From the first days, I understood that it was one of those routes that at first glance you think it’s doable, but when the time came to add some moves, it was not the same game… It doesn’t matter, the adventure was launched!

– How are you in the process?
I spent a lot of time on the route last year, and it was moving pretty well, but the hot weather came, forcing me to temporarily stop the process… which was not easy to accept, but which is surely a bad for good in a long-term approach.
After a summer devoted to physical and mental rest, it’s time to get back to training to return in the route at the start of the fall, when conditions will be better!


– How do you keep the motivation to try long term projects like this?
Especially for “Supercrakinette”, I tried to take care of this motivation. From the start, I knew this would be a long-term project so I alternated between routes working and training time, so as not to fall into a trying routine. I tried to keep this deep desire to always put burning goes on the route.

Photo : Théo cartier

Do you attach importance to achieving a female first ascent?
Why do we value the first female? Because women climb with less force than guys? Because they are smaller? Because they need recognition? This is far from always true! We have too often denigrated female performance in our sport, and if we already value these performances at their fair value, that would already be a great step forward! (for example, by stopping downgrading the routes when a woman is sending…).

Beyond that, valuing a first female has in my opinion a lot of sense when the realization marks a significant advance: there can be a physical dimension (to reach a new grade for example), psychological (to link a mythical route) or technical (find betas adapted to a small size)… But sometimes there is none of this, and the first female is not very representative: wouldn’t it make more sense to talk about first sequence carried out by those under 1m60 or by those over 1m80?

– Evolving on a crag in a fairly masculine environment is complicated for you? How do you feel?
Spending my days surrounded by handsome guys… I don’t see where the problem is…! 😉 In my studies, at the club … from a young age I have always worked in more masculine circles, without ever feeling particularly inferior or excluded.

Our society is currently experiencing real developments on the subject of parity. Despite everything, we can observe that sexism is still rooted in some of our habits, even in our activity. By default, in a mixed rope team, who will carry the rope to the cliff? Put the quickdraws? Put down ropes? Find betas in the routes?

There is not necessarily a negative motive in these habits, and this often even comes from a good intention, but these actions – as insignificant as they are – perpetuate a position of subordination of the woman which doesn’t go in the direction of parity.

And it also works the other way: why would women be featured more often in some media? On the pretext that their image is more selling?

– Is there a route that makes you dream and you have not yet had the opportunity to try?
If there was only one! In the South-East of France, it’s not a problem with for example the two knife-cut prows of the Carrière du Maupas, “Cannabis Directa” and its incredible rock typical of Roquevaire or even “La trainée rousse” and its long tufa which seems too overhanging (as often at La Ramirole) … Not to mention the projects that I still have on the go abroad, but also all the other forms of climbing that I haven’t experienced, like some beautiful boulders, multi-pitch routes, trad…
The hardest is to choose!

– You’re working on sustainable development, do you also integrate it into your climbing practice? How?
Sustainability is indeed part of my job, but especially more broadly my personal values.

I’m convinced that we all have a role to play in meeting the challenge of the environmental and social crises we face, and that this role is much broader than sorting our waste. Public and private organizations have an important responsibility, but our businesses, our purchases, our individual actions, also build the society in which we live and are therefore important.

In my opinion it’s important to me to put my energy at the service of projects that allow the emergence of a different society, based on more sobriety and respect for living things.
What is the point of taking a “zero waste” approach if you take the plane several times a year for business trips? What is the point of taking the bike to work if you are working full time on a project that contributes to climate change?

As top climber, I’m committed to collaborating with brands that work in this direction: Patagonia clothing, Edelrid equipment, Lökki Kombucha drinks, Myléore chalk, the resiners of La Clinique du Chausson et du Matos . Not all are perfect, but all are on this way.

I also like to share content that inspired me to share it with as many people as possible.

– We can see some beautiful pebbles blooming at the foot of classic routes in the South-East of France. How do you get inspired to paint them?
The inspiration for these small pebbles comes primarily from the name of the route. This little name on the topo which is taking our imagination, makes us dream, smile, pushes us to try the route or even sometimes that we don’t really understand… I am not a great designer but I’m convinced that a small drawing is often better than a long speech. By digging a little bit, we realize that behind many names of routes hides an anecdote, a dedication, a wit … By themselves, they retrace a whole part of the history of our activity, often linked to bolters. Putting them in images through pebbles is an opportunity to share them and make them last over time, but also to highlight a specificity of our activity: despite the (too) many debates on this subject, one route can’t be summed up not to a grade, and that’s also what makes the beauty of our sport. These little pebbles are a way of bringing a stone to our community.



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Interview : Manu Cornu revient sur sa médaille aux Championnats du Monde 2021

En 2016, Manu Cornu était propulsé sur le devant de la scène internationale : à Bercy, devant des milliers de spectateurs, il se hissait sur la troisième marche du podium des Championnats du Monde de bloc.

Cinq ans plus tard, notre français réitère son incroyable performance, quasiment jour pour jour. Après une saison 2021 en demi-teinte, rythmée par des hauts et des bas, Manu Cornu a réussi à exprimer tout son potentiel. Après avoir pris la 4ème place de son groupe en qualification, puis la seconde des demi-finales, il parvenait dimanche à monter sur la troisième marche du podium des Championnats du Monde 2021. « J’ai réalisé la prestation la plus consistante de ma vie sur une compétition internationale » déclare-t-il.

En exclusivité pour nous, Manu a accepté de revenir sur cette compétition.


Dans quel état d’esprit as-tu abordé ce Championnat du Monde 

Je suis allé sur ces Championnats du Monde en étant prêt, j’étais focus à 100% sur cette compétition, sur ce que je faisais. Je me sentais capable de faire une belle perf. J’étais venu pour gagner mais je suis très content de ce podium.

Tu as connu des hauts et des bas tout au long de cette saison, décrochant ton ticket pour les Championnats du Monde de justesse. Qu’avais-tu mis en place à l’entraînement durant ces deux derniers mois pour arriver en forme à Moscou ?

Cette saison j’étais un peu sur un courant alternatif : soit c’était bien, soit ça n’allait pas du tout… Une compétition sur deux, je n’atteignais pas les demi-finales, mais quand j’y étais ça ne passait pas loin… Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui entrent en compte pour expliquer cette défaillance : parfois le niveau physique, parfois l’excès de confiance, et j’en passe… Pour être fort en compétition et pouvoir s’exprimer, il faut trouver la bonne recette. Cette année je n’ai pas toujours su la trouver.

Mais la Coupe du Monde d’Innsbruck a été la contre perf de trop pour moi. Ça m’a touché, j’ai fini la compet en étant incapable de faire un bloc, j’avais prévu de prendre quelques jours de repos juste après la compet et ça m’a aidé à prendre du recul.

Quand je suis rentré à Paris, j’ai dit à Nico que je me sentais prêt à en faire beaucoup plus, mon mental avait changé, j’étais encore plus appliqué à l’entraînement, prêt à avoir une meilleure hygiène de vie, etc etc. Je ne me forçais pas à faire les choses, tout était un plaisir, j’étais en mission !

Le week-end dernier, la magie de Bercy se réitérait : comme en 2016, tu montes sur le podium des Championnats du Monde, au terme d’une belle finale. Qu’est-ce que ça fait de décrocher une nouvelle médaille de bronze sur l’une des plus prestigieuses compétitions d’escalade ?

C’est une fierté de réussir à s’exprimer sur ce genre d’événement ! C’est une revanche aussi sur l’événement de la qualif aux JO, dans le sens où, en général, quand je cible un moment où je veux perfer, il faut compter sur moi. À Toulouse lors du tournoi de qualification olympique, je n’avais pas su le faire… Ça m’avait apporté beaucoup d’interrogations, mais aujourd’hui je peux me dire que ce jour-là, c’était un jour sans et que je n’ai pas perdu ma Grinta!

C’est ma troisième médaille sur des Championnats du monde, j’en suis vraiment content.

Justement, comme tu le dis, tu prouves une nouvelle fois que tu arrives à être présent sur des grands rendez-vous comme celui-ci. Comment expliques-tu cela ?

Si c’était facile à expliquer… Bon là ça fait 15 minutes que je cherche une réponse à cette question, mais je ne sais pas réellement. Je pense juste que j’arrive à ne pas être mangé par l’enjeu et qu’au contraire il me fait du bien. Il y a aussi une partie de préparation mentale plus poussée, vu que c’est l’objectif dont on parle depuis septembre, c’est peut-être une des raisons…

© IFSC

Comment as-tu vécu les finales de ces Championnats du Monde à Moscou ?

À la lecture, je me suis dit « le bloc 1, ça va être la guerre ! Une coordination de bras sur des mauvaises prises en départ no foot… C’est vraiment pas là où je vais pouvoir faire la différence ». Et ma réussite dans cette finale, c’est qu’à part Fujii, personne n’a réussi à faire ce bloc. Les autres blocs m’inspiraient bien plus et à la lecture je ne me sentais pas très bien, je n’arrivais pas à oublier ce bloc 1, j’avais l’impression que les autres blocs étaient plus accessibles et n’allaient pas m’aider à revenir dans la course si j’avais un bloc de retard.

Mais très vite, la finale a commencé et ma peur du bloc 1 s’est vite effacée quand personne n’a eu la zone.

Après chaque bloc, l’entente avec les autres finalistes derrière le mur était vraiment amicale. On se montrait tous nos doigts en sang, ça rigolait bien, personne n’avait l’air stressé de l’enjeu, j’ai toujours eu mon destin entre les mains pour rester sur le podium, j’étais serein. J’ai abordé les blocs en étant sûr de mes méthodes, je n’avais pas trop d’interrogation à la lecture. J’étais prêt à grimper en finale des Championnats du Monde.

Comme je l’ai dit plus haut j’étais en mission, mais j’étais vraiment tranquille, je n’avais aucune nervosité, je savais où j’étais, ce que je faisais, bref, mentalement j’étais vraiment bien. Il a juste fallu gérer la pression qu’Alexey m’a mise sur le dernier bloc, mais je l’ai mise dans un coin de ma tête, j’ai essayé de rester focalisé le plus possible sur ma grimpe.

Tu as été très régulier tout au long de la compétition : tu prenais la quatrième place de ton groupe en qualification, avant de frapper fort en demi-finale en te classant deuxième du circuit, pour finir par une troisième place en finale. Comment expliques-tu cette régularité ?

Je l’explique par tous les efforts et les progrès qu’on a vu au cours des derniers mois. C’est sûr que ce week-end, j’ai réalisé la prestation la plus consistante de ma vie sur une compétition internationale : j’ai tenu le rythme pendant toute la compétition, sans avoir peur de me faire sortir, comme souvent. C’est une chose que l’on doit réussir à reproduire l’année prochaine.

Quel est le moment le plus fort de cette compétition ?

Ça ne va pas être très original mais je pense que c’est l’enchaînement du dernier bloc. C’est le moment où tu sais que tu viens de faire le job, que tu as réussi à concrétiser ton année, que tous tes choix ont été bons, que le coach et l’équipe ont le sourire, que tu sais qu’une boîte de Ferrero Rocher t’attend pour fêter ça :p … C’est un moment de joie qui passe au-dessus de tout.

© IFSC

Kokoro Fujii, qui rafle le titre en étant le seul grimpeur à enchaîner les quatre blocs de finale, était-il atteignable selon toi ?

Franchement, pour moi, non. Il mérite ce titre, il a été solide toute l’année et sur toute la compétition. En qualification, il était déjà le seul à faire un bloc dans mon groupe et en plus à vue. Sur un autre style de finale, il aurait peut-être été atteignable, mais sur ce tour, il aurait été très très dur de le battre.

Comment envisages-tu la suite maintenant ? 

Pour l’instant, je me repose un peu, mais je vais reprendre l’entraînement bientôt. C’est sûr que je serai en forêt cet hiver, mais je ne sais pas encore où, pas forcément dans du très dur d’ailleurs, l’idée est de se faire plaisir.

Un dernier mot à passer ?

Des remerciements à tous les gens qui m’ont écrit, à mes partenaires, à la fédération, à l’armée de terre, à Arnaud, Manu et toute la team que je n’oublie pas, tous les gens proches de moi et à Nico Januel évidemment.

Voilà l’aventure continue 🙂

Interview : Anouck Jaubert revient sur les Jeux Olympiques, dernière compétition de sa carrière !

Anouck Jaubert était l’une des quatre françaises à prendre part à l’aventure olympique à Tokyo le mois dernier. Au terme d’une belle compétition, elle terminait 6ème des premiers Jeux Olympiques de l’Histoire de l’escalade. Mais à l’issue de cette compétition, la grimpeuse de 27 ans a décidé que les J.O étaient la dernière compétition de sa carrière. Anouck tire ainsi un trait sur sa vie de compétitrice pour se consacrer à la fin de ses études et découvrir la vie sous une autre facette.

Après plus de dix ans de compétition à haut niveau et de nombreuses victoires en Coupe du Monde, Anouck Jaubert a marqué le monde de la vitesse.

La stéphanoise a accepté de revenir en détails sur la dernière compétition de sa carrière et de nous parler de la suite de sa vie.


Salut Anouck, comment te sens-tu après ces Jeux Olympiques ?

Super bien, je suis en vacances depuis mon retour et j’en profite pour passer de bons moments avec mes proches !

Comment était l’ambiance sur place à Tokyo ?

L’ambiance était globalement très bonne. Nous avons passé une super semaine d’entraînement à Kurayoshi avant de rejoindre le village olympique. Chacun a ses propres besoins et sa propre manière de gérer les jours qui précèdent une compétition importante. On était parfois en décalé mais tout était mis en place pour qu’on puisse choisir le rythme qui nous convenait le mieux.

Sur la compétition, on se connaît tous des Coupes du Monde, donc c’est forcément sympa. Mais sur le format de compétition combiné tout va très vite alors on n’a pas vraiment le temps de papoter ! Chacun est un peu dans sa concentration…

© Jon Glassberg/Louder Than 11

Avant d’arriver à Tokyo, ton aventure olympique a été mouvementée : tu apprenais ta qualification en plein confinement, grâce à l’attribution de la place de la commission tripartite, puis tu étais contrainte de te faire opérer suite à une blessure à la cheville, quasiment un an jour pour jour avant les J.O. Te rends-tu compte de ce parcours incroyable que tu as vécu avant d’arriver à Tokyo ?

C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de rebondissements dans cette aventure olympique. J’ai eu la chance d’être très bien entourée avec la petite équipe que j’avais formée autour de moi (Mike Fuselier, Thibault Leroux Mallouf et Simon Giraud). C’est ensemble que nous avons pris toutes les décisions (stratégie d’entraînement, opération, rééducation, choix des compétitions…) et mes performances sur ces Jeux montrent qu’elles ont été bonnes. Je n’ai jamais cessé d’y croire (pour ma sélection dans un premier temps, puis pour ma rééducation) et ça a payé !

Lors du premier jour, après avoir assuré la deuxième place en vitesse, c’est notamment en enchaînant le bloc 1 des qualifications que tu empochais ton ticket pour les finales olympiques. Qu’as-tu ressenti en apprenant la nouvelle ?

J’ai fondu en larmes en voyant que j’étais officiellement 8ème et donc en finale. Car ma 2ème place en vitesse réduisait sacrément la probabilité que je sois en finale. Mais j’ai su faire mentir les statistiques en allant chercher deux belles places en bloc et en difficulté. Je suis ravie que les trois disciplines soient entrées en compte pour mon passage en finale. Là encore, un exemple qui valide les choix stratégiques à l’entraînement !

Comment as-tu géré la journée de repos entre les qualifications et la finale ?

Le retour après la soirée de qualification a été tardif. Et avec les messages et l’excitation, la nuit a été plutôt courte… L’objectif principal de cette journée était bien sûr de récupérer ! Car oui les qualifications avaient laissé des traces (notamment mes combats en bloc et diff). J’ai passé un moment en soin avec Pascal (le kiné) pour me détendre ; j’ai utilisé les bains froids pour améliorer la récupération cutanée ; je me suis reposée… J’ai planifié ma journée de finale avec tous les détails comme j’aime le faire. Je me suis ressourcée avec mes proches. Il y avait la finale des hommes avec Micka en fin de journée ; j’ai fait le choix de la regarder depuis le village (à la TV) pour garder un maximum d’énergie… Frustrant mais nécessaire pour ma propre compétition.

Tu t’étais préparée pendant de longs mois pour arriver dans la forme de ta vie physiquement et mentalement, afin d’être prête le jour J de la compétition. Penses-tu que c’était le cas ?

Je bats deux fois (presque trois…) mon record personnel en vitesse et je bats quelques-unes des meilleures mondiales dans leur discipline de prédilection. Donc on peut dire que oui ! Que ce soit sur le plan physique, technique, tactique ou mental, j’étais au maximum que je pouvais atteindre pour ces J.O.

© IFSC

En finale de la vitesse, tu faisais face à Aleksandra Miroslaw, qui semblait particulièrement en forme. Or, une première place en vitesse pouvait tout changer pour toi. Qu’as-tu pensé quelques secondes avant de te lancer dans ce duel ?

Je pensais simplement à voler sur le mur, à tout lâcher pour aller toucher ce buzzer le plus vite possible !

Peux-tu nous faire revivre avec tes mots ton impressionnant run de finale face à la polonaise ?

Difficile justement de décrire le run car en étant à fond je n’ai pas le temps de savoir ce qui se passe ! Je sentais que j’allais vite et j’avais pour seule intention d’accélérer ! Je savais évidemment qu’on était côte à côte… Sur le dernier mouvement, il fallait vite lâcher la main gauche pour aller au buzzer et je n’ai malheureusement pas eu le temps de saisir la prise correctement pour déclencher le mouvement…

© IFSC

À la sortie du bloc 1 des finales, tu étais en deuxième position de cette épreuve, devant des grimpeuses de renom comme Akiyo Noguchi ou Miho Nonaka, spécialistes de cette discipline. À ce moment-là, à quoi penses-tu ?

Incroyable !!!! Je crois que c’était un des meilleurs moments de ces J.O ! Je n’en revenais pas de voir les filles revenir derrière le mur en ayant fait moins bien que moi (on avait un écran avec le classement qui s’actualisait au fur et à mesure). Jessica « yes cool », Miho « waouh », Chaehyun « oh la la c’est fou », Akiyo « mais noooon », Brooke « incroyable », et … non pas Janja faut pas abuser quand même !!! Ha ha

Évidemment j’étais à fond et je me préparais à aller casser les blocs 2 et 3 !! Bon, on connaît la suite de l’histoire maintenant et le classement a repris un ordre plus « attendu »… Mais je suis super fière d’avoir devancé ces filles sur un bloc ; tout le monde ne peut pas s’en vanter 😉

As-tu une anecdote à nous raconter sur ces J.O ?

Étant en permanence avec du monde pendant 15 jours, j’étais super frustrée de ne pas pouvoir chanter et danser sur les musiques que j’aime… Le matin des qualifications j’ai enfin pu profiter de l’absence de mes colocs de l’appart pour me faire une petite chorégraphie improvisée ; ça m’a fait un bien fou !

Quel est ton plus beau souvenir de cette compétition ?

Je garderai simplement en mémoire le plaisir que j’ai pris à chaque instant sur cette compétition !

© IFSC

Si tu devais tirer un bilan de tes Jeux Olympiques, que retiendrais-tu ?

Un record personnel en vitesse, un top incroyable en bloc, un repos en grand écart en diff, des gros combats, bref le fait de me surpasser dans tous les domaines ! Mais aussi tout le chemin qui m’a menée à cette compétition, le travail, les émotions décuplées, les sourires, les larmes et le soutien incroyable venant de France !

Ressort-on grandi en tant que sportif en repartant des Jeux Olympiques ?

Bien sûr, ça a été une aventure incroyable. C’est la compétition que j’avais la plus préparée de toute ma vie. J’ai aussi constaté tout l’engouement que cet événement a créé autour de moi. On sentait que c’était une compétition « différente ». J’ai beaucoup travaillé, beaucoup appris pendant ma préparation et ça m’a permis de m’exprimer au mieux le jour J. C’est très satisfaisant de voir ses efforts récompensés !

À Paris en 2024, la vitesse sera une discipline olympique à part entière, or, on a lu que les J.O de Tokyo pourraient être la dernière compétition de ta carrière. Peux-tu nous en dire plus sur ta façon d’envisager l’avenir ?

Eh oui, pour le plaisir de tous, l’escalade de vitesse aura sa propre médaille et ça promet une magnifique compétition !! Je ne me lance pas sur ce projet mais je suivrai ça de près et si mon expérience peut apporter aux futurs olympiens, je la partagerai avec plaisir. Après 10 ans de sport de haut niveau je vais me tourner vers toutes les autres belles choses de la vie qui m’attendent : découvrir de nouvelles activités, avancer dans mes projets avec ma chérie, finir mes études…

© Jon Glassberg/Louder Than 11

Ces Jeux Olympiques ont propulsé l’escalade sur le devant de la scène médiatique et beaucoup de téléspectateurs ont été notamment impressionnés par l’épreuve de vitesse. En tant que spécialiste de cette discipline, qu’en penses-tu ?

Ce n’est pas étonnant ; notre discipline est palpitante puisqu’il peut y avoir de nombreux rebondissements dans un temps très court ! Le principe des duels se comprend très facilement et la dimension « verticale » impressionne. Il y a parfois aussi l’aspect esthétique qui ressort : avec la fluidité de mouvement, certains parlent même de chorégraphie…

As-tu un dernier mot à passer ?

Je vais profiter de l’occasion pour remercier tous ceux qui ont apporté leur pierre à l’édifice !

Je commence par le trio d’enfer qui m’a accompagné dans cette aventure olympique : Mike (Fuselier), Simon (Giraud) et Thibault (Leroux Mallouf) ; ils m’ont poussée à dépasser mes limites avec rigueur, détermination, joie et bienveillance ; c’était du pur bonheur de travailler avec eux ! MERCI

Merci au staff présent à Tokyo : Cécile (Avezou), Sylvain (Chapelle), Laurent (Lagarrigue), Pascal (François) ; ils ont tout fait pour répondre à mes besoins et me permettre de m’exprimer au mieux !

Merci à ceux qui ont organisé notre séjour à Kurayoshi : Farid, Satoshi, Keiko, Fumiko… ; nous avons été accueillis comme des rois, dans les meilleures conditions pour s’entraîner et avec un soutien sans faille !

Merci à la FFME qui a cru en moi et m’a soutenue pendant de nombreuses années.

Merci à tous les copains pour le soutien et merci spécial à Victoire (Andrier) qui a largement participé à égayer mon séjour japonais avec tous nos échanges !

Merci à mon club, Escapilade, qui m’a fait découvrir l’escalade puis qui m’a suivie et soutenue dans tous mes projets.

Petit clin d’œil au club Albanais Vertical qui m’a permis d’accéder au mur pour de nombreux entraînements ; merci pour l’accueil chaleureux.

Merci à la ville de Saint-Etienne, au comité départemental et au département de la Loire ainsi qu’à la région Rhône-Alpes pour l’aide qu’ils m’ont apportée durant toutes ces années !

Merci à ma famille qui m’a laissé vivre mes aventures et toujours encouragée !

Merci à Climb up pour leur soutien cette année.

Merci à la Caisse d’Epargne Loire Drôme Ardèche ; leur accompagnement ces deux dernières années a fait la différence.

Merci à tous les entraîneurs du pôle France, aux entraîneurs nationaux et à tous ceux qui ont pu me glisser un conseil à un moment ou à un autre ! Je me suis nourrie de chaque petit élément pour grandir.

Merci à TSF (Tremplin Sport Formation) pour les superbes infrastructures et le dynamisme sur le site d’entraînement à Voiron !

Merci aux collègues d’entraînement pour tous les bons moments passés ensemble et pour toutes les galères surmontées !

Merci à l’école de kinésithérapie de Grenoble qui m’a permis d’aménager au mieux mon double projet ; merci en particulier à ma tutrice Sophie Barth qui a toujours trouvé les solutions pour moi.

Merci à ma chérie, Marion, qui a vécu cette aventure (et toutes les contraintes que cela implique) avec moi et a été un vrai pilier.

Enfin merci à tous ceux qui m’ont encouragée, soutenue et qui ont vibré avec moi pendant ces JO et pendant ces 10 ans de compétition. Ça fait chaud au cœur !

Nailé Meignan: « C’est incroyable de remporter l’or après tant de sacrifices cette année »

Sacrée championne du monde jeunes 2021, Nailé Meignan est bel et bien de retour dans la cour des grands. Après avoir saturée du monde des compétitions et s’être octroyée une pause en 2019, c’est aux côtés de Kevin Arc qu’elle a repris l’entraînement en septembre 2020 en se fixant de nouveaux objectifs. Elle revient en exclusivité pour nous sur son titre de championne du monde de bloc et sur le chemin parcouru pour y parvenir…

Du coup pour revenir sur la pause que j’ai faite, c’était une pause d’un an de septembre 2019 à septembre 2020 parce que je ne ressentais plus de plaisir et plus d’envie pour aller sur les compétitions. Je fais de la compétition depuis que je dois avoir huit ans, et j’en avais perdu le goût et le plaisir.

Dans un premier temps j’avais décidé de faire une pause de grimpe en général, sauf qu’au bout de trois semaines je me suis rendu compte que je ne pouvais pas m’empêcher de grimper. Du coup pendant un an j’ai grimpé selon mes envies, en intérieur ou en extérieur, parfois quatre fois dans la semaine parfois pas du tout pendant deux semaines, vraiment comme je le sentais, comme j’en avais envie.

Puis en août 2020 j’ai appelé Kevin Arc pour lui demander si il serait d’accord pour travailler de nouveau avec moi. Il me semble qu’il a tout de suite été enthousiaste mais il m’a mise en garde et il m’a conseillé de prendre un temps pour mesurer la requête que je lui faisais: il m’a prévenu qu’après un an sans réel entraînement, reprendre le niveau que je voulais  allait être très difficile. Du coup on s’était donné rendez-vous trois semaines après ce premier appel pour que je vois si moi j’avais vraiment envie de m’y remettre et lui pour savoir s’il était prêt à retravailler avec moi. Je l’ai appelé avec l’envie de vouloir reprendre l’entraînement et avec des objectifs. Du coup, dès septembre, on s’est remis à travailler ensemble.

Les premiers mois ont été durs car il fallait remettre en route la machine, mais on a réussi et ça a bien marché. Du coup je me suis fixée des objectifs sur l’année et au début c’était dur de se rendre compte de ce que je serai capable de faire et à quel moment, mais j’ai quand même décidé de me fixer ces objectifs: participer à des coupes du monde senior et être sur le podium des championnats d’Europe et des championnats du monde jeunes. Mes objectifs ont donc été en partie atteints. Dans un premier temps, je n’ai pas réussi à me sélectionner pour les étapes de coupe du monde comme je l’espérais. Mon niveau n’était pas au rendez-vous lors des sélectifs seniors, je n’avais pas encore assez de préparation. Dans un deuxième temps mes objectifs ont été atteints puisque j’ai remporté deux médailles d’or: une au championnat d’Europe jeune de bloc et une au championnat du monde jeune de bloc.

Ce retour à la compétition n’a vraiment pas été facile: autant physiquement avec l’année de pause, que mentalement avec le départ de Luce (ndlr. Luce Douady). D’ailleurs au début, je pense que j’étais prête physiquement mais pas mentalement. Pour les championnats d’Europe et le championnat du monde j’ai fait un gros travail par rapport au décès de Luce et c’est ce qui m’a permis de performer sur ces deux compétitions. C’était incroyable de remporter l’or sur ces championnats du monde, je me suis beaucoup préparée et j’ai fait d’énormes sacrifices pour cette année de reprise. Je suis contente que que le travail acharné avec Kevin soit récompensé par cette belle médaille.

Cette médaille compte beaucoup pour moi car la dernière à l’avoir remporté c’était Luce et ça, ça n’est pas rien… Je suis sûre que de là-haut elle est fière de notre équipe de France. Pour la suite je vais commencer par prendre une petite pause d’escalade pour revenir à l’entraînement plus déterminée que jamais et remplir mes nouveaux objectifs.

Pourquoi Oriane Bertone n’a pas participé aux championnats du monde jeunes?

Alors que les championnats du monde jeunes s’achèvent en Russie, vous êtes nombreux à avoir remarqué que notre cadette superstar Oriane Bertone n’était pas de la partie. Elle nous explique son choix…

Cette année j’ai décidé de laisser de côté les championnats du monde jeunes. Ça a été une décision assez difficile, d’autant que je n’ai participé à aucune compétition jeune en 2021; Ce n’est pas simple de se détacher des championnats du monde, ils n’ont pas eu lieu depuis 2019, année incroyable pour moi d’ailleurs!

Pour en revenir à mon choix, nous avons décidé en début d’année avec mon coach, Nicolas Januel, de prioriser le gain d’expérience en catégorie senior: ce choix de faire l’impasse sur les championnats du monde jeunes est donc dans la continuité. Mais je participerai au championnat du monde seniors, et qui n’en rêve pas? J’aurais effectivement pu me rendre aux championnats du monde jeunes, mais la fatigue du voyage et le stress total de la compétition m’auraient anesthésiés pendant quelques semaines et mes mondes seniors auraient possiblement été compromis. Alors maintenant, concentration sur l’entraînement pour y arriver à fond et me battre comme jamais 🙂

Seb Bouin: « Je suis boosté à 100% pour Bibliographie »

Alors qu’hier l’Italien Stefano Ghisolfi signait la répétition de l’année en venant à bout de « Bibliographie », proposé à 9c par Alex Megos en Août 2020, figurez-vous que c’était notre falaisiste français Seb Bouin qui était à l’assurage pour le run victorieux. Ni une ni deux, nous lui avons passé un coup de fil pour recueillir ses impressions, sachant que lui aussi travaille la voie…

Franchement hier, rien ne laissait présager que « Bibliographie » allait tomber. Les conditions s’annonçaient franchement mauvaises, et nous tombions tous les deux dans le crux sur bi-doigt. Et puis il y a eu un créneau de 30 minutes avec de bonnes conditions, et Stefano en a profité pour faire LE run! Il a passé le crux sur le bi, et n’est plus tombé jusqu’au sommet. Il savait que si il n’enchaînait pas ce serait pour une autre fois car c’était son dernier essai et son dernier jour sur Céuse. Il y est allé au mental, il a l’habitude de gérer ce genre de pression ça se voit! Pour ma part ça m’a vraiment boosté. Jusqu’à présent je jonglais entre 2 projets, « DNA » dans le Verdun, et « Biblio », et là je vais m’attarder un peu plus sur Biblio pour mettre toutes les chances de mon côté! On verra… Pour la cotation de « biblio » Stefano ne s’est pas prononcé, il va prendre le recul nécessaire. Pour ma part tout ce que je peux dire pour le moment c’est que je pense que « Biblio » est plus abordable que « DNA »… Affaire à suivre si je parviens à enchaîner!

Retour sur les JO de Tokyo avec Sylvain Chapelle, responsable de la préparation olympique

Quelques jours après la fin des premiers JO de l’histoire de l’escalade, nous sommes allés à la rencontre de Sylvain Chapelle, responsable de la préparation olympique de l’équipe de France d’escalade, pour faire le bilan de la performance de nos grimpeurs tricolores.


Comment te sens-tu quelques jours après la fin de ces premiers JO pour l’escalade ?

Écoute, très fier d’avoir participé à cette première pour l’escalade aux JO. Content de là où on est arrivé et de tout le chemin parcouru. L’aventure a commencé il y a presque 5 ans avec beaucoup d’incertitudes sur le format, sur le processus de qualifications, sur les athlètes qu’on allait avoir, et au bout du compte j’ai l’impression qu’on s’en est plutôt bien sorti. Et du coup, pour répondre à la question : bien fatigué de cette aventure quand même.

Peux-tu nous présenter le staff qui accompagnait les athlètes à Tokyo ?

Alors pour te présenter le staff: il y avait Cécile Avezou qui est entraîneuse nationale sur la difficulté, Laurent Lagarrigue qui est entraîneur national sur le bloc, Pascal François notre kiné et moi-même en tant qu’entraîneur national de la vitesse mais également responsable de la préparation olympique.

Et puis on avait aussi un staff qui était resté en France et qui était scindé en deux : un côté qui était plutôt axé sur tout ce qui était jugement, avec des juges internationaux et d’un autre côté le pôle plus technique/entraînement avec des entraîneurs nationaux. Il y avait François Leonardon, Jérôme Chapelle, Vincent Caussé et Emilie Gheux qui étaient sur l’aspect jugement et organisation de compétition, et côté entraînement on avait Nico Januel qui est entraîneur national sur le bloc, Romain Desgranges qui est adjoint de Cécile sur la diff et Esther Bruckner qui est entraîneuse nationale de vitesse jeunes et qui bosse très souvent avec moi. Donc on était en liaison permanente avec eux, on pouvait leur poser des questions et de leur côté ils nous faisaient des retours dans leurs domaines respectifs.

Et bien entendu, en plus, il y avait Damien You, directeur des équipes de France et Pierre Henry Paillasson, DTN, qui nous ont rejoints quand on est arrivé sur le village olympique le 28 juillet.

L’équipe de France et le staff, au départ de Paris et en direction du Japon.

Première question classique, que penses-tu des résultats de notre équipe de France sans rentrer dans une analyse technique que nous verrons après ? Tu t’y attendais ?

Oui bien sûr ! Plutôt content des résultats qu’ont pu faire nos athlètes. Ce sont des résultats plutôt satisfaisants dans l’ensemble même si, forcément, on attend une médaille, surtout qu’on n’est pas passé très loin, à la fois chez les garçons et chez les filles. Mais ça fait partie du jeu. Si on veut y arriver, il faut que les choses se passent bien sur plusieurs domaines, surtout pour cette discipline du combiné où on ne maîtrise pas tout. Il y a des choses qui ne dépendent pas que de nous et du sportif, mais qui dépendent aussi de la physionomie de la compétition et notamment des résultats des autres.

Beaucoup pensaient qu’on ne ferait pas grand chose sur ces Jeux, je crois que les athlètes ont bien démontré le contraire. Et on est vraiment passé proche de faire des médailles. Il y a un côté frustrant, c’est sûr, on reste sur notre faim car j’attendais plus, forcément, mais je suis quand même très content de ce qui a été accompli. Après libre à chacun d’interpréter les résultats comme il l’entend.

Comment se sont passées les journées avant le début des qualifs ? Comment tu as géré ça en tant que responsable de la préparation olympique ? 

On est parti le 19 juillet direction Kurayohi, c’est là qu’on avait déjà fait des camps d’entraînement notamment en 2019 avant les Championnats du Monde. J’étais en relation depuis trois ans avec les personnes sur place pour organiser tout ça et je savais qu’on pourrait faire ce qu’on voulait ici et que l’on avait toutes les installations nécessaires.

Sur place, on s’est entraîné jusqu’au 28, l’idée c’était à la fois d’absorber le décalage horaire, mais aussi de s’acclimater à la chaleur, car même si c’était moins humide qu’à Tokyo, il faisait quand même très chaud. Et enfin, dernier objectif, monter en pression petit à petit en direction des Jeux sans arriver directement aux JO en passant du petit cocon qu’on a en France au village olympique. L’idée c’était donc de faire un petit sas de décompression qui permettait de tranquillement se préparer, et de pouvoir, pour nous, établir une connexion avec les athlètes au quotidien. Et ça c’est plutôt très bien passé.

Dernier jour à Kurayohi, avant de prendre la direction de Tokyo.

Le 28 on a donc pris le chemin du village olympique, et, là changement d’ambiance radicale ! Mais on le savait, c’est une expérience à part entière. Ça a bien fonctionné, ça nous a permis d’arriver au début des épreuves sans avoir accumulé une fatigue mentale trop importante.

Comment on gère les athlètes ? Ça a été très différent pour les uns et pour les autres, ils étaient quatre avec quatre profils différents. L’idée ça a été de rendre les choses les plus simples pour chacun donc on a essayé de s’adapter à ce dont ils avaient besoin pour faire en sorte qu’ils arrivent dans les meilleures dispositions, avec un bon capital confiance.

On va parler un peu analyse technique. Si en qualif, les frères Mawem et Anouck Jaubert font le job, Julia Chanourdie passe un peu à côté : quelle analyse en fais-tu pour Julia ?

En qualif, les frères Mawem et Anouck, ils ne font pas le job… ils font un super job ! Ce n’est pas simple de grimper à son meilleur niveau sur les JO. Anouck et Bassa ont battu leur record perso, donc c’est un super job ! Et puis Micka, il a juste été énorme sur ces qualifications, surtout en bloc, mais il a aussi été très bon en vitesse et plutôt bon en diff !

Tous les trois font quelque chose de magnifique, vraiment, ils étaient au-dessus de leur niveau. Effectivement, Julia passe un peu à côté, sauf en vitesse où elle a été performante puisqu’elle bat son record perso. En bloc c’était plus dur pour elle, c’étaient des blocs qui ne lui convenaient pas vraiment, elle a eu des difficultés à s’en sortir, et on le sait : le bloc, quand ça ne marche pas au début du circuit, ce n’est pas simple de se remobiliser, et la difficulté n’aura pas suffi à sauver son classement… Donc oui, c’étaient des qualifications compliquées pour résumer…

Un circuit de blocs qui n’aura pas convenu à Julia Chanourdie. © IFSC

En finale, même question, quelle analyse fais-tu des performances de Micka et Anouck ?

Deux choses un peu différentes. Pour Micka, on savait que le tableau de vitesse était un peu compliqué pour lui : il prend en deuxième run Tomoa, le meilleur performeur, Bassa n’étant pas là. Il se fait battre à pas grand chose et c’était à sa portée. Ensuite, on savait qu’il avait de la marge pour faire troisième sur son dernier run de vitesse et il a réussi à ne pas rater ça, même en faisant une erreur, il parvient à se remobiliser pour ne pas finir quatrième. En bloc, un peu déçu car on espérait mieux vu ce qu’il avait fait l’avant-veille où il nous avait fait halluciner. Il fait le premier bloc rapidement, et le deuxième il trouve la solution mais il n’arrive pas à concrétiser, et puis le troisième bloc ne servait à rien, donc ça s’est joué sur deux blocs, à l’avantage de l’américain Coleman.

Pour Anouck, sur la vitesse, ça se passe bien jusqu’en finale face à la polonaise Aleksandra Miroslaw, qui est une très forte compétitrice, on ne va pas se le cacher. Elle fait peu de compétition, mais par contre elle est très très forte, elle nous avait montré qu’elle était très rapide en qualif, en étant à un centième du record du monde. Anouck est revenue en force sur la vitesse ces dernières semaines, on savait que c’était jouable, mais ça ne l’a pas fait, il n’aura pas manqué grand chose ! Dans son run de finale, elle est devant la polonaise sur la mise en action au départ, elle est toujours devant au milieu de la voie sur la reprise du jump, mais elle perd du terrain sur la fin. Elle termine deuxième et on savait que ça allait être compliqué pour la suite de la compétition. Elle donne tout sur le bloc, elle s’en sort pas mal mais il manque la petite finition. Et puis en difficulté, elle tient sa place, les autres sont beaucoup plus fortes qu’elle, elle a fait le max pour aller chercher une place.

En finale, Anouck Jaubert prenait un meilleur départ qu’Aleksandra Miroslaw, avant de se faire rattraper par la polonaise sur la fin du tracé © IFSC

Suite à la blessure de Bassa, comment trouves-tu les mots pour que l’équipe reste soudée et focus ?

On ne fait rien d’extraordinaire, on explique clairement les choses à tout le monde, surtout à Micka, car on sait qu’ils ont une relation fusionnelle. On ne lui avait rien dit avant son run de qualif en diff, mais par contre tout de suite à la sortie, je le récupère pour aller voir son frère, pour lui expliquer et le rassurer, afin d’éviter que ça ne cogite trop.

Et puis pour le garder dans le game, on lui explique qu’il a super bien commencé le travail mais qu’il a un boulot à finir, donc récupération et remobilisation pour la finale du surlendemain. C’était important de bien rester dans ses baskets pour pouvoir continuer à perfer. Ce sont les mots qu’on a eus, mais ce sont aussi ceux de Bassa, qui croit en son frère. Donc on n’a pas eu trop de difficultés pour le garder bien mobilisé pour la suite.

Malgré le forfait de son frère, le staff français a tout fait pour que Micka reste concentré jusqu’au bout de la compétition © IFSC

Durant les quatre jours de compétition, as-tu réussi à dormir ou te refaisais-tu les journées en boucle dans ta tête ? Comment fais-tu pour gérer ça ?

(Rire), on ne dort pas beaucoup… La compétition commençait à 17h, ça se terminait à 22h30/23h00, on rentrait ensuite en bus pendant 20 minutes, on mangeait, ensuite petit débriefing avec le staff sur la journée qui s’était écoulée et sur la journée suivante, on prenait aussi des infos de nos collègues restés en France pour voir comment ils avaient vécu la compétition et avoir un max d’infos à donner à nos athlètes pour la suite de la compétition. Ensuite, moi, je n’arrivais pas à dormir donc j’allais courir un moment, j’étais un peu tout seul à courir dans le village à 1h00 du mat, mais au moins ça me permettait d’évacuer toute la charge mentale qu’on prenait la journée, ça faisait vraiment du bien.

Je ne me suis pas trop refait la compétition dans la tête après les qualifs, par contre après la finale de Micka c’était autre chose. Clairement je n’aime pas perdre, je suis un compétiteur comme nos athlètes et je n’ai pas la défaite très bonne en moi, donc il a fallu accepter, ça a été un peu long ce soir-là, mais il a fallu vite se remettre dedans car le lendemain il y avait Anouck qui avait besoin de nous. Il a fallu passer à autre chose, on s’est couché tard, mais une fois qu’on est couché on pense à la suite et on donne le max pour aider Anouck à perfer au mieux le lendemain.

On est obligé de te parler un peu de Janja Garnbret, quelles sont ses plus grosses qualités selon toi pour écraser la concurrence et notamment en bloc ? Comment lutter face à une athlète de cette envergure ?

Je crois que de toute façon elle est forte depuis un moment, elle a peu de domaines de faiblesse, c’est une athlète super complète sur cette épreuve, et ce n’est pas qu’en bloc. En vitesse, elle a beaucoup progressé et elle est très bonne, et en diff elle est excellente. Comment lutter ? Elle a été clairement plus forte là. Mais on a vu aussi qu’en qualif, la pression a été dure à tenir, donc ça fait peut-être partie des clés aussi.

Quelle est la suite pour toi maintenant ?

Un peu de vacances, retrouver ma femme et mes filles qui ont bien besoin que je sois présent. Ensuite, il y aura le Championnat du Monde qui va arriver rapidement en septembre, puis les Coupes du Monde de vitesse qui seront sur le mois d’octobre. Pas mal de boulot en perspective donc… Et ensuite, il faudra aussi rapidement s’atteler à la tâche de Paris 2024. On a du travail, on veut qualifier des athlètes et on veut être performant à Paris, que ce soit en vitesse ou sur le futur combiné bloc/diff.

Les J.O de Tokyo sont terminés, place maintenant à Paris 2024.

Un dernier mot à ajouter ?

Un grand merci aux athlètes pour l’expérience qu’ils nous ont permis de vivre tous ensemble, on s’est vraiment éclaté pendant les trois semaines où on a été ensemble. Merci aussi à tous les athlètes qui ont joué le jeu de Tokyo avant, je pense notamment à Manu Cornu, Fanny Gibert, Alban Levier… Ils sont nombreux à avoir essayé de jouer le jeu des JO. Une petite pensée pour Luce aussi qui voulait tenter cette aventure. Un petit mot également pour l’ensemble du staff qui était présent à Tokyo et avec qui j’ai passé de super moments partagés avec les athlètes. Alors bien sûr, il y a toujours des difficultés à un moment, mais on a toujours été là pour nos athlètes et pour les amener le plus loin possible dans la performance, c’était le mot d’ordre ! Merci aux collègues restés en France qui nous ont vraiment aidés, merci à la FFME d’avoir soutenu ce projet olympique depuis cinq ans, et enfin merci à nos supporters qui nous ont beaucoup aidés et qui ont beaucoup aidé l’escalade dans son ensemble.

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