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Nailé Meignan: « C’est incroyable de remporter l’or après tant de sacrifices cette année »

Sacrée championne du monde jeunes 2021, Nailé Meignan est bel et bien de retour dans la cour des grands. Après avoir saturée du monde des compétitions et s’être octroyée une pause en 2019, c’est aux côtés de Kevin Arc qu’elle a repris l’entraînement en septembre 2020 en se fixant de nouveaux objectifs. Elle revient en exclusivité pour nous sur son titre de championne du monde de bloc et sur le chemin parcouru pour y parvenir…

Du coup pour revenir sur la pause que j’ai faite, c’était une pause d’un an de septembre 2019 à septembre 2020 parce que je ne ressentais plus de plaisir et plus d’envie pour aller sur les compétitions. Je fais de la compétition depuis que je dois avoir huit ans, et j’en avais perdu le goût et le plaisir.

Dans un premier temps j’avais décidé de faire une pause de grimpe en général, sauf qu’au bout de trois semaines je me suis rendu compte que je ne pouvais pas m’empêcher de grimper. Du coup pendant un an j’ai grimpé selon mes envies, en intérieur ou en extérieur, parfois quatre fois dans la semaine parfois pas du tout pendant deux semaines, vraiment comme je le sentais, comme j’en avais envie.

Puis en août 2020 j’ai appelé Kevin Arc pour lui demander si il serait d’accord pour travailler de nouveau avec moi. Il me semble qu’il a tout de suite été enthousiaste mais il m’a mise en garde et il m’a conseillé de prendre un temps pour mesurer la requête que je lui faisais: il m’a prévenu qu’après un an sans réel entraînement, reprendre le niveau que je voulais  allait être très difficile. Du coup on s’était donné rendez-vous trois semaines après ce premier appel pour que je vois si moi j’avais vraiment envie de m’y remettre et lui pour savoir s’il était prêt à retravailler avec moi. Je l’ai appelé avec l’envie de vouloir reprendre l’entraînement et avec des objectifs. Du coup, dès septembre, on s’est remis à travailler ensemble.

Les premiers mois ont été durs car il fallait remettre en route la machine, mais on a réussi et ça a bien marché. Du coup je me suis fixée des objectifs sur l’année et au début c’était dur de se rendre compte de ce que je serai capable de faire et à quel moment, mais j’ai quand même décidé de me fixer ces objectifs: participer à des coupes du monde senior et être sur le podium des championnats d’Europe et des championnats du monde jeunes. Mes objectifs ont donc été en partie atteints. Dans un premier temps, je n’ai pas réussi à me sélectionner pour les étapes de coupe du monde comme je l’espérais. Mon niveau n’était pas au rendez-vous lors des sélectifs seniors, je n’avais pas encore assez de préparation. Dans un deuxième temps mes objectifs ont été atteints puisque j’ai remporté deux médailles d’or: une au championnat d’Europe jeune de bloc et une au championnat du monde jeune de bloc.

Ce retour à la compétition n’a vraiment pas été facile: autant physiquement avec l’année de pause, que mentalement avec le départ de Luce (ndlr. Luce Douady). D’ailleurs au début, je pense que j’étais prête physiquement mais pas mentalement. Pour les championnats d’Europe et le championnat du monde j’ai fait un gros travail par rapport au décès de Luce et c’est ce qui m’a permis de performer sur ces deux compétitions. C’était incroyable de remporter l’or sur ces championnats du monde, je me suis beaucoup préparée et j’ai fait d’énormes sacrifices pour cette année de reprise. Je suis contente que que le travail acharné avec Kevin soit récompensé par cette belle médaille.

Cette médaille compte beaucoup pour moi car la dernière à l’avoir remporté c’était Luce et ça, ça n’est pas rien… Je suis sûre que de là-haut elle est fière de notre équipe de France. Pour la suite je vais commencer par prendre une petite pause d’escalade pour revenir à l’entraînement plus déterminée que jamais et remplir mes nouveaux objectifs.

Mathieu Ternant vainqueur de la Coupe d’Europe de Cracovie, Fanny Gibert deuxième !

Dans l’ombre des Jeux Olympiques se tenait une Coupe d’Europe de bloc la semaine dernière, à Cracovie, en Pologne. Après l’étape autrichienne de Klagenfurt, il s’agissait de la deuxième manche européenne de la saison.

L’équipe de France avait fait le déplacement et était composée de huit grimpeurs : Fanny Gibert, Naïlé Meignan, Mailys Piazzalunga, Flavy Cohaut, Mathieu Ternant, Nathan Martin, Emilien Casado et Pierre Le Cerf. Très belle performance de nos athlètes, puisque six se classent dans le top 11, dont deux décrochent une médaille.

Fanny Gibert en argent

Chez les femmes, Fanny Gibert est montée sur le podium de cette étape polonaise. Sixième des qualifications, quatrième des demi-finales, elle améliore encore en finale et termine deuxième de cette compétition. Pourtant, la victoire était à portée de doigts de notre française. En effet, Fanny Gibert et l’allemande Anna Lechner étaient au coude-à-coude. Si Fanny prend de l’avance dès le début en enchaînant le premier bloc que ne réussira pas Anna, le classement est bouleversé à l’issue du dernier bloc, que la jeune allemande de 18 ans enchaînera, à l’inverse de notre française.

Ainsi, au jeu des essais, Anna Lechner remporte sa première Coupe d’Europe, devant Fanny Gibert deuxième et l’italienne Giulia Medici troisième.

D’abord j’ai pensé : 2ème = j’ai perdu, puisque je n’ai pas gagné et que c’était mon unique objectif

Mais cet ultime combat reste incroyable. Malgré toute la pression, j’ai finalement réussi à trouver la solution sur ce dernier run et j’étais à rien de transformer l’essai magique.

Je finis ce weekend avec une médaille d’argent autour du cou de la Coupe d’Europe de bloc 2021. Et vous ne savez pas quoi ?! Cette compet m’a rappelé que je suis forte. »

Fanny Gibert

La vidéo du dernier run de Fanny en finale :

Naïlé Meignan était également en finale de cette étape. 21ème de la première Coupe d’Europe de la saison, la jeune chambérienne impressionne dès le début de la compétition : elle s’emparait de la première place des qualifications et confirmait en demi-finale, en conservant la pole position après avoir été la seule grimpeuse à enchaîner les quatre blocs du circuit. Malheureusement en finale, Naïlé ne parvient pas à s’exprimer. Elle n’enchaîne que le deuxième passage mais termine tout de même 6ème de cette compétition.

Mailys Piazzalunga, qui remportait l’étape de Klagenfurt en avril dernier, se classe 9ème de cette compétition, manquant un peu de réussite en demi-finale. Enfin, Flavy Cohaut prend la 11ème place.

Une première médaille d’or pour Mathieu Ternant !

La Marseillaise a résonné à Cracovie ! Chez les hommes, la victoire est française et nous vient de Mathieu Ternant. Après avoir pris de justesse sa place en demi-finale en décrochant la 16ème place des qualifications, notre français se remobilisait et remportait le tour de demi-finale. Alors grand favori de la finale, il parvient à décrocher l’or en étant le seul compétiteur à venir à bout de la dalle du bloc 2. Il remporte ainsi sa première compétition sous le maillot de l’équipe de France, décrochant au passage sa sélection pour les Championnats du Monde de Moscou qui auront lieu en septembre.

Enfin, Nathan Martin passe à quelques essais d’une qualification en finale et prend la 8ème place. Il devance Emilien Casado 14ème et Pierre Le Cerf 31ème.

Mathieu Ternant a accepté de nous raconter en détails sa compétition. Voici son commentaire :

Alors j’ai appris que j’étais sélectionné pour cette coupe d’Europe mi-juin et qu’il y avait une place à prendre pour les Championnats du Monde à Moscou, mais il fallait gagner pour ça. L’objectif était donc plutôt clair : je devais gagner.

Un gros mois d’entraînement et hop, me voilà en Pologne. J’arrive plutôt en forme, plutôt confiant (peut-être trop) mais surtout très stressé. La compétition ne commence pas de la meilleure des manières, je tombe sur tous les tops des blocs de qualif, et jusqu’à 20 secondes de la fin, j’étais dans les choux. Au tout dernier moment, je décide d’arrêter les bêtises et je top en assurant ma place en demi-finale.

Remise en question et petit débriefing avec le coach Kentin. Je me concentre sur le positif : j’étais largement dans le game physiquement. Je rectifie le négatif : hyperactif, tendu, crispé, stressé… peur de perdre. De cette manière, j’arrive à redresser la barre en demi-finale et à grimper à mon niveau, en restant calme et positif. C’est le soulagement… Let’s go pour la finale !

Plus qu’un round à passer. J’essaie de me détacher au maximum de la qualification pour Moscou. Le premier bloc ne marche pas, ça se jouera donc sur trois blocs.

Le deuxième bloc est une petite dallouse, suivie d’un jeté sur arquée. J’étais assez confiant pour celui-ci et, bien relâché, je suis finalement le seul à l’enchaîner prenant ainsi une bonne option pour la suite.

Le troisième bloc, c’était du « soulever de frigo ». Plutôt excitant à la lecture, j’arrive au bout de mes forces dans ce bloc… Je repars juste avec la zone. Ça se joue à un zip mais j’étais au rupteur niveau physique. Toujours en tête avant d’attaquer le dernier bloc.

Une petite coordo physique, suivie d’une fin plutôt à doigts avec un gros derviche. En iso, j’entends bien que les deux gars toppent à vue et après un rapide calcul pas bien compliqué… La bataille va être serrée ! Il faut que je top si je veux gagner. Et ça me plaît. Je me dis que la victoire sera d’autant plus belle. Alors c’est parti… J’arrive vite dans les derniers mouvements, je ne sens pas la méthode prévue, alors je me réadapte, je force comme une brute, je me tortille, je démolis l’arquée, ça vibre de partout, ça tient et boum je m’envole vers le top ! Là c’est un soulagement énorme, qui fait réellement plaisir.

J’étais venu chercher une sélection, j’y croyais vraiment très fort et ça a marché. Je suis juste très heureux. C’est une chouette récompense qui fait énormément de bien après des heures et des heures d’entraînement, des déceptions, de la frustration… Gagner c’est génial, mais avec un t-shirt de l’équipe de France, c’est incroyable.

Un ptit mot pour remercier toute l’équipe, c’était vraiment une belle expérience qui va me permettre d’avancer. Alors merci pour ça. »

Les résultats complets

Femmes

Hommes

Quelques mots avec Nailé Meignan qui signe son retour sur la scène des compétitions

Après 2 ans d’absence, la jeune compétitrice Chambérienne semble plus motivée que jamais pour enfiler à nouveau ses chaussons de compétitions, avec en ligne de mire la perspective des jeux 2024 à Paris… 


Salut Naïlé, pour commencer, comment vas-tu ?

Salut ça va super merci beaucoup j’espère que toi aussi ! J’ai la chance, même en cette période très complexe de pouvoir continuer à grimper et m’entrainer et j’en suis très reconnaissante.

Peux-tu revenir avec nous quand et pourquoi tu as eu le besoin / l’envie de marquer une pause avec les compétitions ?

Je m’entraîne et je fais de la compète depuis que je suis toute petite et à force, j’ai perdu cette motivation pour l’entraînement, tout comme les compétitions que je faisais par habitude: je n’y trouvais plus de plaisir ni d’envie.  J’ai donc voulu faire une pause pour me remettre les idées en place et réussir à trouver ce qui me motive vraiment en réfléchissant à mes objectifs.

Cette pause a débuté en septembre 2019 et et ça a duré environ un an. J’ai finalement repris le chemin de l’entraînement en septembre 2020.

Y’a-t-il eu un ou des éléments déclencheurs ?

Je pense que c’était un tout, ce n’était pas la première fois que je pensais à faire un break. Je pense aussi que le fait que je n’ai pas réussi à m’exprimer sur les coupes du monde Sénior m’a motivé à dire « stop ».

Qu’en as-tu tiré ?

Cette pause était choisie et volontaire, elle m’a donc fait beaucoup de bien et m’a permis de faire le point correctement. Bilan : j’adore l’escalade. Je ne vais donc pas arrêter tout de suite! D’ailleurs durant cette année j’ai continué à grimper pas mal en falaise mais sans aucune contrainte. J’ai ensuite réfléchi à mes envies par rapport aux entrainements et aux compétitions, et me revoilà motivée plus que jamais!

Aujourd’hui, tu sembles donc avoir la volonté de revenir sur le terrain du haut niveau et de la compétition, qu’est-ce qui motive ce choix ? Qu’est-ce qui a changé pour toi ?

Après avoir beaucoup réfléchi, je me suis rendu compte que quoiqu’il arrive j’aimais l’entraînement, et que si je continuais ce serait aux côtés de mon entraîneur Kevin Arc.  J’ai décidé de m’entrainer différemment avec Kevin et de me laisser aussi des projets pour l’extérieur, avec un entrainement peut-être un peu plus diversifié, un entrainement qui me correspondrait parfaitement.

Pourquoi le choix de Kevin Arc ?

Car ça faisait un bon bout de temps que je m’entrainais déjà avec lui et on avait construit de belles choses ensemble, sur tous les plans. Pour moi c’était donc une évidence de continuer avec lui.

Tu nous confiais d’ailleurs à ce sujet vouloir t’engager dans une préparation olympique pour Paris 2024, comment imagines-tu les 4 prochaines années ?

Oui bien sur que je pense aux JO de Paris 2024 ! Les 4 prochaines années vont être rythmées par les entraînements, après c’est un peu dur de se projeter avec la situation actuelle… Mais j’espère que ce seront des années pleines de progression pour 2024.

En attendant 2024, quels sont tes objectifs intermédiaires ?

J’aimerais retrouver le niveau sur la scène nationale et internationale et j’aimerais aussi beaucoup refaire des perfs en extérieur et découvrir un peu plus le bloc dehors aussi.

Durant ta pause, tu t’es pas mal évadée en falaise, vas-tu y renoncer pour les JO ?

Oui effectivement comme je l’ai dit j’ai continué à grimper et surtout en falaise. Et cela m’as fait beaucoup de bien et m’as ramené à la pratique que je faisais le plus quand j’étais petite. Je pense que la falaise, en tout cas pour moi, est complémentaire à l’entrainement. Je ne vais donc pas y renoncer pour les JO: avec un peu d’organisation je couplerai entraînement et grimpe dehors.

Parle nous un peu de tes entraînements : comment t’entraînes-tu aujourd’hui ? et comment articules-tu tout ça avec la vie quotidienne ?

Je m’entraine sur Chambéry principalement dans la salle Ambroise Croizat avec comme entraineur Kévin Arc qui lui se trouve à Nantes. Je suis donc entrainée à distance. Je suis en terminale dans un lycée à horaires aménagés ce qui me permet d’avoir un très bon emploi du temps et donc des plages horaires pour pouvoir m’entrainer correctement.

L’entraînement à distance te convient ? Ce n’est pas trop dur de ne pas avoir la présence de ton entraîneur lorsque tu t’entraînes ? Comment tu te motives lorsque tu as un coup de mou pendant une séance ?

Oui ça me convient complètement, la première année avait été un peu dure car on est passé de tout à rien et on ne l’avait jamais fait. Mais maintenant ça se passe super bien, on s’est tous les deux amélioré.

Et puis je ne suis pas non plus tout le temps toute seule du coup ça va. Ça m’arrive rarement les petits coups de mou, mais quand c’est le cas je demande si quelqu’un veut faire la séance avec moi ou alors carrément j’appelle Kevin pour voir s’il ne peut pas me proposer un autre exo qui me motiverait.

Avec cette nouvelle ère des JO, comment cela se passe-t-il au sein de l’équipe de France, y’a-t-il plus de rivalités ?

Non je dirais au contraire que tout le monde est « excité » par cette nouvelle forme de compétition qui s’offre à l’escalade, et selon moi l’émulation et d’autant plus grande !

Le mot de la fin ?

Vite que cette épidémie cesse et que tout le monde puisse retrouver toutes ses activités… En attendant essayons de garder le sourire et de faire du mieux que l’on peut !

  • Fin des articles
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