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Thomas Ballet: « J’étais toujours grimpeur mais grimpeur de 7 et ce n’est pas une tare »

Alors qu’il participait à sa dernière étape de coupe du monde en 2016, Thomas Ballet s’était montré plus discret depuis quelques années. Après un petit break histoire de retrouver la motivation et l’énergie, il est de retour en force cette année avec notamment un 9a (« Le cadre » à Céuse) et un 9a+ (« supercrackinette » à Saint Leger) dans la poche. Il retrouve également le chemin de la compétition et compte bien ne pas en rester là. Rencontre.


Salut Thomas, comment vas-tu?

Je vais bien. J’ai eu une super année et je me sens apaisé.

Je n’ai pas beaucoup grimpé depuis la coupe d’Europe de Laval. J’avais des engagements à tenir sur des missions Ninja Box (société que j’ai créé en 2018).

Mais bon, je vais quand même broyer ma poutre « home made » entre deux bûches 😉

Cette année on a l’impression de voir renaître Thomas Ballet en tant que grimpeur, on se trompe? Fais nous un petit bilan de 2021.

Ma dernière coupe du Monde est en 2016 et je fais 58 ème.

J’ai décidé d’arrêter de grimper juste après. J’avais besoin de voir autre chose, travailler, faire la fête.

C’était bien cool mais les moments que je préférais c’était ma demie journée de falaise ou ma séance du soir avec mes potes à Mroc. (J’entrainais un petit groupe, les trainings beast) je ne grimpais même pas trop.

J’étais toujours grimpeur mais grimpeur de 7 et ce n’est pas une tare, j’étais même peut être plus heureux. Un jour vous regarderez à Céuse l’ambiance au secteur Biographie et l’ambiance à demi-Lune, ça fait réfléchir…

Petite retrospective:

2020 : année du réveil

Après trois ans de break (2 séances de bloc max par mois), j’ai recommencé en falaise dans le 7c+. Je croise la route de Nicolas Januel et un jour sur une vire, on en vient à parler de nos regrets, nos rêves, etc.

Je prends une décision, reprendre la grimpe, pour de vrai. Et je demande à Nico de m’entraîner. Il répond avec son franc parlé :

« Mec, la t’es pas capable de tenir n’importe quel entraînement, grimpe dans ton coin pendant 6 mois, remets toi en forme et tu reviens si vraiment tu es toujours motivé. »

Mais comme c’était le confinement je ne pouvais pas trop aller grimper alors j’ai construis un Gullich de l’enfer et j’ai fait du gullich, de la corde à sauter, de la muscu matin midi et soir pendant trois mois.

Je n’avais plus un physique de grimpeur mais je forçais comme un dingue, c’était dément. Je m’étais quand même mis un petit défi. Une pyramide de 6 8a, 5 8b, 4 8b+, 3 8c, 2 8c+, avec à chaque fois une voie qui change de style par rapport à la précédente. L’idée était d’arriver au 9 (j’avais lu le 9ème degré pendant le confinement, j’étais comme un dingue…).

J’ai mis un an pour finir la pyramide, j’étais une machine pysiquement et j’ai perdu 14 kilos à force de travail, sans frustration. C’est la période que j’ai le plus aimé car je m’entraînais pour moi, avec le seul objectif de devenir meilleur.

2021 : le cadre

Début 2021, j’ai commencé à m’entraîner avec Nico parce que je voulais encore progresser et je savais que tout seul j’allais stagner. Faire confiance à quelqu’un, avoir un cadre, c’était un grand changement pour moi qui suis plutôt Bestofly.

J’ai commencé à m’entraîner à Voiron, c’est  la solution la plus logique pour progresser en difficulté.

J’ai eu une année à 100 à l’heure. Je n’ai pas loupé un seul entraînement de notre programme avec Nicolas Januel. Du jour au lendemain je me suis mis à forcer comme un marteau, que j’arrive fatigué, en forme, confiant, énervé ou excité, j’ai mis exactement la même énergie dans ma séance. J’avais une motivation profonde.

A l’heure de faire le bilan, j’en tire énormément de fierté et j’ai beaucoup appris sur mes capacités à tenir une charge de travail.

J’ai vécu des moments magiques comme l’enchaînement de « supercrackinette » 9a+ à Saint-Léger-du-Ventoux,  qui était à la base ma voie d’entraînement rési à doigts. J’ai également pu terminer un projet de très longue date avec la réussite du « cadre nouvelle » 9a à Céuse . Je l’avais essayé pour la première fois en 2011. J’ai pris des buts en 2012, 2013, 2014, 2015. Quand j’ai remis les doigts dedans en 2020, cela me paraissait improbable mais… ça me titillait quand même, je me disais TB, sans déc, t’es devenu une m… faudrait peut-être aller au bout de ce truc. Et je l’ai fait, avec de l’organisation, de la rigueur et en étant  accompagné…

Alors j’ai remis encore plus d’entraînements, j’étais très fort, 6 doublettes voir triplettes dans du vrai 8b+ par séance, jamais je n’aurais imaginé avoir ce niveau physique un jour…

© coll. Thomas Ballet

Et pourtant je commence à sentir un poids, je me mets dans la tête de faire le sélectif alors que je n’étais pas prêt dans ma tête. Oui je pensais à refaire de la compétition, mais mon mental n’était pas assez entraîné.

Je manque le sélectif pour se qualifier sur les coupe du Monde en avril, je zippe en début de voie. Je le savais, je le sentais, j’étais allé trop vite dans mes envies. J’étais frustré dans mes entraînements, j’avais pour le coup commencé à me focus sur l’hygiène de vie et ce n’était pas la bonne manière, pas naturelle.

Je prends une semaine de vacances à une semaine du deuxième sélectif. C’est méga risqué de faire ça mais je pense que ça a été une très bonne décision parce que ça m’a redonné un peu de légèreté. Je réussi à décrocher une place pour les coupes d’Europe sur le deuxième sélectif.

Bilan de l’année :

1 9a, 1 9a+ et une finale de coupe d’Europe en 2021.

J’ai l’impression d’avoir eu beaucoup de chance. Ma famille a compris mes choix et m’a apporté du soutien. Mes binômes Nina, Mallo, Robin, Ju, Fafa m’ont accompagné dans les bons moments mais j’ai aussi pu partager mes doutes et trouver une présence, faire parfois une séance en falaise à -100 degrés.

C’est à leur tour maintenant 😉 et je serais là s’ils ont besoin, c’est le sang comme disent les jeunes du pôle.

Enfin, Nicolas Januel m’a donné les clefs pour me développer et pas qu’en escalade et il a toute ma confiance aujourd’hui. T’inquiètes Nico pour la dinde et le vin rouge, j’serais prêt le 1er janvier 2022 pour la suite !

Mon bilan pour résumer c’est que j’ai construis un physique puissant et résistant. Mon mental me limite principalement, j’ai un manque de confiance qui est assez ancré. J’ai eu une approche timide cette année, sur la réserve, j’ai gardé de la marge, manqué de lâcher prise. Et je le sentais quand je grimpais.

Comme tu le soulignais, on t’a vu enfiler le maillot de l’équipe de France sur la coupe d’Europe de Laval, explique nous ce retour à la compétition?

En fait ce n’est pas soudain du coup Haha. J’ai appris que j’avais ma qualif au deuxième sélectif fin août et je n’avais pas ralenti mes entraînements donc j’ai juste continué.

En plus, ma société était en pleine sortie du Covid, à Climb Up on avait des tonnes de chantiers, bref j’ai grimpé 3 jours en 15 jours avant la compète. Chargements, déchargements de camions, ouvertures, j’étais Ko. Mais j’adore ce que je fais alors je me sentais plutôt bien dans ma tête !

Les qualifs je savais que j’allais passer, je grimpais dans le contrôle et ça suffisait. En demi par contre j’avais une pression de dingue alors que je pensais que je n’avais plus rien à prouver et à me prouver. Bah non, boule au ventre, frein à main. Et puis dans l’isolement, une musique est passé dans mon lecteur, c’était une playlist que j’avais depuis 3 ans, quand j’ai repris à m’entraîner dans mon garage tout seul en plein hiver.

Alors j’ai repensé d’où je venais, ce que j’avais déjà fait et j’ai dit à mes genoux d’arrêter de trembler parce qu’il fallait grimper là, tout de suite, maintenant.

Faire une finale sur ma première compète, 4 ans après, c’était une belle récompense par rapport à mes investissements. Le style a beaucoup changé, la coordination prédomine sur la tenue de prise et la résistance. Je dois m’adapter.

Cependant je n’ai pas grimpé à mon niveau physique, je pouvais faire mieux. J’en ai profité pour bien observer ce que cela représente pour moi, la compétition, la performance.

Le but de cette année était aussi d’anticiper la suite financièrement. Même si j’ai quelques partenaires pour mes projets sportifs, si demain je veux me lancer dans un maxi projet, je veux être autonome au maximum.

Tu nous confiais que tu n’aimais pas trop parler de toi, pourquoi?

Je n’ai pas su gérer l’effet Ninja Warrior. Aujourd’hui c’est différent, je suis dans une optique plus professionnelle.

J’ai fait un contrat avec moi-même quand j’ai repris l’entraînement début 2021, je ne suis pas au bout de la durée que je m’étais fixée et je n’ai pas atteint mes objectifs donc oui il y aura des compètes en 2022. Cette année j’enclenche le Beast Mode.

Je vais essayer de m’entraîner plus souvent avec  Mejdi Schalck, Paul Jenft, Agathe Caillet (avec qui j’ai perdu un happy meal parce que j’ai parié qu’elle ne faisait pas deux tractions d’un bras…), ils sont super forts!

C’est un challenge à 32 ans d’apprendre à son corps à rebondir alors qu’il a eu l’habitude de bêtonner chaque mouvement. Pour changer de grimpe je dois changer d’état d’esprit.

On ne te demande pas tes prochains objectifs du coup… ?

En compétition, je serais au top de ma forme au championnat de France.

En falaise, je vais me concentrer sur « Biographie ».

J’ai la chance d’intégrer l’application « athlètes 360 » qui enregistre et propose du suivi en vue des JO 2024 mais dans ma tête je ne pense pas du tout à ça. Je suis toujours focus sur mon projet personnel et j’avance à mon rythme. Quand je vais grimper je veux réussir chaque bloc, chaque circuit, chaque mouv que j’essaye, c’est tout.

Un petit mot sur les premiers JO de l’escalade et sur le tournant que prend la grimpe?

Je n’ai pas d’avis sur les JO, c’est allé trop vite, la configuration était trop particulière. On verra à Paris.

Un dernier mot à ajouter?

Ce bilan m’a permis de réaliser ce que j’ai accompli mais aussi les erreurs que j’ai pu commettre. Quand on poursuit ses rêves on voyage souvent seul et même si je pense qu’il faut d’abord savoir voyager seul pour voyager avec d’autres, j’ai des remords. J’ai mis tellement d’énergie pour me retrouver que je me suis séparé de gens qui comptaient beaucoup pour moi. J’étais souvent à vif et j’ai pu avoir une mauvaise attitude avec eux. Il est extrêmement difficile de maintenir un équilibre entre le perso et la performance quelque soit le domaine. Aujourd’hui je fais de mon mieux tous les jours pour allier les deux.


Le cadre nouvelle version 9a pour Thomas Ballet – Thomas Ballet repeats Le cadre nouvelle version 9a

10 mai 2021 à 15:42

On n’arrête plus Thomas Ballet ! Il y a quelques semaines suite à sa répétition de “Supercrackinette”, ce dernier nous confiait qu’il était en mode entraînement pour son projet ultime “Le cadre nouvelle version” à Céüse, entamé il y a longtemps. Thomas nous raconte.

“J’ai essayé la voie il y a 6 ans quand j’ai arrêté la compétition, pendant deux étés avec une forme plus ou moins bonne. Ensuite j’ai arrêté 3 ans de grimper, et j’y suis retourné l’été dernier où je me suis investi. SAns doute que le nom « le cadre » m’a attiré, je manque clairement de cadre dans ce que je fais et c’était l’occasion de me donner une ligne directrice ! J’ai passé 6 fois le crux du bas, à tomber dans les bidoigts, mes doigts rentrent mal dedans… mais encore une fois, je ne voulais pas abandonner, juste m’entraîner et revenir.

Hier je suis remonté à Céüse pour la première fois de l’année pour être avec les amis. Je voulais me reposer car je me suis beaucoup entraîné ces derniers temps, la voie me narguait… J’ai fait juste une montée pour recaler les mouvements, et j’étais beaucoup plus solide sur les bis. Un ami a mis un run dans son projet, ça m’a motivé. Je tape un essai : je franchis le crux du bas, fais n’importe quoi dans la section sur les inversées, prends le repos ; je reste… mon assureur va me maudire ! Ultra-déterminé, je me mets en place sur le bi main gauche, je vise le bi main droite hyper fort. Je pense que j’ai du l’agrandir tellement j’ai tout donné pour le tenir ! Ça passe, je réalise que je peux enchaîner, mais comme d’habitude j’ai mal calé la fin. J’ai tremblé jusqu’en haut, mais la croix est là !”

La saison est lancée à Céüse ! Et il va falloir trouver un nouveau chantier ultime à Thomas… “Biographie” ?

Photos : Damien LargeronDamienLargeronPhotography.com

Thomas Ballet Le cadre Nouvelle version 9a

Unstoppable Thomas Ballet! Few weeks ago, he did a repeat of “Supercrackinette” and told us it was a training for his ultimate goal, “Le cadre nouvelle version” in Céüse, a long time project. Thomas gives us details.

“I tried the route for the first time 6 years ago when I stopped competing. I tried during 2 summers with an irregular shape. The I stopped climbing during 3 years and I was back last summer when I did some serious investment. The name of the route, “Le cadre” was clarly a source of motivation, it was a guiding line, a kind of frame. I arrived to climbed the crux at the beginning but was falling in the upper crux, a movement on twofingers pocket that I have troubles to stick. But I didn’t want to give up, juste train and go back.

Yesterday I was back in Céüse fort the first time of the year, just chilling with my friends. I wanted to take a rest due to hard training these days, but I was psyched when I saw the line. I just did a check go for scoping the moves, and felt strong on it. After an “a muerte” run of a friend, the motivation came. Even I was tired I decided to try it, climbed the first crux, did not very good betas in the undercling section, took the last rest before the last crux during a long time, and went throught the final boulder on the twofingers pocket. I was quite strong on it! I didn’t remember very well the end, so it was an epic fight until the top!

The Céüse season is now launched! and Thomas needs a new ultimate project… “Biographie”‘s next?

Pictures: Damien LargeronDamienLargeronPhotography.com

Thomas Ballet Le cadre Nouvelle version 9a

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Thomas Ballet entre dans le 9ème degré avec « Super Crackinette » à Saint Leger

C’est fait! Il nous en parlait depuis un moment, « je vise une voie dans le 9ème degré », et bien voilà un nouvel objectif rempli, avec l’enchaînement de « Super Crackinette », 9a+ à Saint Leger. Mais ne lui dite pas qu’il revient dans le haut niveau, il n’aime pas ça, du moins il pense ne pas le mériter au regard de la charge d’entraînement qu’ont certains sportifs pro. En réalité, il fait le modeste, car croyez nous sur parole, depuis 2 ans, Toto, comme on l’appelle dans le milieu, passe du temps en falaise, mais s’entraîne également énormément, et ça paye!

J’ai recommencé à grimper dehors depuis deux ans, des voies dans tous les styles et encore plus dans les styles que je n’aimais pas, dans des niveaux entre 7c et 8b+. En complément je faisais énormément de physique basique: footing, abdos, gainage, tractions, comme un ruscof! Mon moteur de tous les jours c’était de devenir un grimpeur plus complet.

Cette phase m’a permis de voir mes points faibles et mes points forts: je n ai pas de doigts mais j’ai des épaules, peu de résistance d’avant bras mais beaucoup de resi mentale, etc… Ensuite, j’ai donc pu structurer mon entraînement et j’ai fait appel a un entraineur.

« Super crackinette » est arrivée à point nommé pour « entrainer la rési courte ». Je n’avais pas forcément prévu de l’enchainer et puis c’est devenu un objectif. Je n’aime pas laisser des projets non terminés.

Et quand on lui parle de son statut d’ex compétiteur, il nous répond …

Je pense que ce qui est important c’est que je ne me vois pas comme un ex compétiteur, j’ai toujours été un compétiteur, je le serai toujours, dans l’âme, de manière passionnée dans tous mes projets. Et j’essaye toujours de l’assumer et d’être bienveillant dans mes rapports aux autres. Ces derniers temps je tenais à me remettre en forme pour éviter de vivre avec des pensées du style « je suis sûr que je serais capable de… si… » et me bouger le cul pour le faire… c’est pourquoi il est très probable que je veuille faire des compétitions cette année. (pour moi, la compétition c’est bien plus sain en intérieur que sur le caillou). J’ai déjà reçu plusieurs messages de personnes qui me demandent le nombre d’essais que j’ai mis dans « Super Crackinette », je ne comprends pas trop. En falaise ça me paraît être l’ascension qui compte, c’est un chemin personnel, j’adore ça. En parallele tu partages des moments forts avec les gens qui ont aussi leurs projets autour de toi, à la falaise, ça vibre c’est trop bien. Par contre Je ne pense pas qu’une voie en extérieur puisse devenir un support pour la comparaison avec d’autres grimpeurs. Ce n’est pas parceque j’ai mis moins d’essais dans cette voie que je suis plus fort qu’un autre. Et au delà de ça je n’ai pas envie de tenir des comptes, je l’ai fait, c’est tout.

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