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Il était une voie – Once upon a line: Surveiller et punir

3 février 2022 à 20:16

Derrière tout passage d'escalade, il y a d'abord une ligne, mais aussi des grimpeurs qui l'ont faite naître. Plongez au cœur de passages de légende avec la rubrique "Il était une voie", un état civil de ces itinéraires qui continuent de fasciner des générations et de façonner notre activité !

Behind every route there is a vision, and the climbers who made it reality. Dive into the history of legendary routes with the section “Once upon a line”, a sort of ‘Origins’ of these gems that keep on fascinating us generation after generation, and shaping our passion!


Surveiller et punir

   Verdon, Provence, France
    Escalès, Jardin des Suisses
  Marco Troussier, 1981
  Marco Troussier, 1981

On ne devient pas « ouvreur » par hasard, il faut un peu d’ambition, du temps libre et de la persévérance.
Avant le virage des années quatre-vingts, alors que le « libre » repoussait les frontières de l’escalade sportive, le Verdon fut un Eldorado.
Au fil de mes visites assidues, j’avais appréhendé l’étendue du domaine grimpable vierge et je songeais à quelques ouvertures.
Un jour, je sus qu’une voie nouvelle : Frimes et châtiments, avait été équipé depuis le haut (pour une partie), par un grimpeur. Claude Vigier avait eu du nez en colonisant une portion assez obscure et retirée de l’Escalès, plus modeste par sa taille, mais pas moins raide ni moins belle que certains murs idéalement placés aux abords des belvédères. Cette portion de calcaire fut aussitôt identifiée comme la dalle de : Frimes et châtiments (jeu de mot évident).
Le Verdon connaissait une notoriété retentissante. Y grimper était un « must ». Equiper une voie dans ce temple relevait du « nec plus ultra » de la distinction aristocratique grimpante. Ce faisant, on entrait dans un cénacle restreint propre à satisfaire l’ego que toute création, brillante et reconnue comme telle, procure.
Alors que la révolution de l’escalade sportive française faite de SPITS et de méthodes de « travail » des voies, avait « corrompue » l’éthique anglo-saxonne, les irréductibles américains tentaient d’endiguer les égarements français par des anathèmes et des condamnations qui nous laissaient froid.
L’aventure n’était plus de tracer de nouveaux itinéraires depuis le bas « by fair means », avec l’audace des pionniers inconscients, mais simplement de jeter une corde, repérer les prises, espacer les points et tenter d’enchainer la longueur (ou plusieurs) en « bon style » ce que l’on appelle même plus aujourd’hui : le « libre » et que l’on n’a jamais (sans doute à tort) appelé l’escalade gymnique.
John Bachar, ultime porteur du flambeau d’une lignée de « pionniers » américains du « free climbing » et auteur de solos étourdissant d’audace (impressionnant lors de son premier passage aux USA un certain Patrick Edlinger !), vint lui aussi tâter du calcaire, une matière presque inconnue de lui, avant de réaliser une tournée européenne, notamment avec Wolfgang Güllich à qui il avait démontré ses propres méthodes d’entrainement (mais pas uniquement à lui). Rarement un seul grimpeur aura tant marqué son époque, à l’instar d’un Alex Honnold aujourd’hui.
Bachar, même en France, ne pouvait se résoudre à pratiquer un jeu « décadent », et plutôt que de gravir les voies de haut en bas en utilisant les SPITS plantés d’une façon indigne à ses yeux, il prit le parti de grimper certaines voies (ou sortie de voies), depuis le haut en moulinette. La légende prétend qu’il gravit le Bombé de Pichenibulle de cette façon (premier 7b+, voire 7c !) et qu’il jeta un peu après, une corde dans ce qui deviendrait la même année « Surveiller et punir » sous les coups de mon tamponnoir. Que de bonheurs j’ai connu pendu sur ma corde à supputer un itinéraire dans un rocher si beau, si pur.
A peine quelques jours après son parcours depuis le haut des quarante derniers mètres de ma future voie (sans d’ailleurs savoir qu’il l’avait gravi ainsi), je jetais une corde, puis deux, puis trois, pour créer un bel itinéraire qui fut instantanément une référence par sa beauté et la qualité de sa grimpe sur un caillou parfait. Idéalement placée au milieu de la dalle, elle devint rapidement une des voies les plus photographiée et filmée du Verdon.
Pourtant, la dalle de « Frimes » connu un succès qui entraina sa chute. La patine de la plupart des itinéraires y est impressionnante, il faut s’écarter un peu sur sa droite pour rencontrer à nouveau du caillou agréable à grimper.
Surveiller et punir, c’est aussi (et surtout), un livre phare de Michel Foucault. Il documente la naissance de la prison au 18 èm siècle et les nombreux bâtiments (notamment inspiré par le panopticon) qui permettent à un geôlier, en plaçant le surveillant au centre d’un édifice en étoile, de surveiller en un clin d’œil la silhouette de nombreux détenus. Cette police du regard n’est pas sans rappelé les derniers développements de la reconnaissance faciale que les « big data » nous promettent, et déjà mis en œuvre par les dirigeants chinois.
Surveiller et punir (le livre), reste d’une totale actualité, on se plait à imaginer ce que Foucault aurait écrit sur les dérives sécuritaires actuelles et la constante dérive autoritaire de certaines « démocratie ».
Surveiller et punir (la voie), n’est plus la belle classique que nous avons connue, défigurée par de trop nombreuses moulinettes.
Le livre m’est resté en mémoire comme une référence (surtout en ces temps de pandémie et de contrôle social), la voie que j’ai tracée un peu moins, surtout à cause de son usure, c’est le sort de toutes les « classiques » que de mal vieillir.
Néanmoins, je ne peux revenir dans les gorges sans aller observer les grimpeurs dans cette voie (la plus photographiée et filmée des gorges ?), avec la satisfaction un peu égotiste d’avoir tracé une des plus belles voies du Verdon, qui sans aucun doute me survivra.

One doesn’t become a “bolter” by chance, some ambition is needed, free time and perseverance too.
Before the turn of the 80s, when climbing was pushing the limits of the ‘sport’ aspect, the Verdon was an eldorado.
In the course of my frequent visits, I had got an understanding of the extent of the climbable area, all virgin rock, and had thought about bolting some lines.
One day I found out that a new route, “Frimes et châtiments”, had been bolted from the top (a part of it) by someone. Claude Vigier had got it right by colonising a rather obscure and remote section of l’Escalès, more modest in sheer size, but no less steep or beautiful than some of the ideally positioned walls near the access points. Straight away, this portion of limestone was identified as the “Frimes et châtiments slab”.
The Verdon was going through its golden age. To climb there was a must. Bolting a line in this temple granted you the very top distinction among the climbing aristocracy. Thence, one entered into a small circle giving the satisfaction to one’s ego that all creation, brilliant and seen as such, provides.
Whereas the revolution of French sport climbing—with expansion bolts and the working of routes—had “corrupted” British ethics, unimpressed Americans were trying to thwart the spreading of the French folly with expletives and condemnations that left us cold.
Adventure did not consist in opening new lines from the ground up and by fair means anymore, endowed with the spirit of heedless pioneers, but simply in throwing a rope down, checking out the holds, hammering in the bolts and trying to send the pitch (or pitches) in style, that is, in today’s speak: to “free” it, instead of calling it gymnic climbing (as we should have).
John Bachar, the last heir in a long line of US pioneers and responsible for outstanding solos (who made a lasting impression on Patrick Edlinger when he first visited America), also came to get his hands on limestone, a rock rather unknown to him, at the beginning of his European tour—including with Wolfgang Güllich, with whom he had shared his training methods. Rarely has a single climber influenced his own era so much, like a Honnold today.
Even in France, Bachar would just not be drawn into playing a “decadent” game, and rather than climb using the in situ bolts, which hurt his sensibility, took it upon himself to top-rope the last pitch of some routes. Legend has it that he ascended the “Bombé de Pichenibulle” this way (first 7b+, or even 7c!) after which he then threw a rope down what would later that year become “Surveiller et punir” under my hammer. What untold joy I felt sitting in my harness, trying to fathom a line out of such beautiful and pure rock.
A few days only after his top-rope shenanigans in the top section of the 40m of my soon-to-be route (I was then unaware of his climbing in it) I threw a rope, then two, then three, to bolt a line that became an instant hit due to its beauty and the quality of its climbing on perfect rock. Ideally positioned in the middle of the face, it quickly turned into one of the most photographed routes in the Verdon.
Having said that, the “Frimes slab” got too popular. Most lines are incredibly polished, and you have to move to the right to find decently climbable rock again.
“Surveiller et punir” is also (mostly) a landmark book by philosopher Michel Foucault. In it, he documents the birth of the modern concept of prison in the 18th century, and all the buildings (inspired by the panopticon) that allow a supervisor, once he has placed a guard in the centre, to watch each and every prisoner in a flash. This watching police force may bring to mind the latest developments in facial recognition that the big data companies are promising, and which are already prevalent in China.
Surveiller et punir (the book) remains painfully contemporary, and one wonders what Foucault would have made of the current trends in “security measures” and the authoritarian slant taken by some “democracies”.
“Surveiller et punir” (the route) is no longer the beautiful classic that we have known, disfigured that she has become by endless top-roping.
The book has stayed with me as a reference (especially in our times of pandemic and social control), the line I bolted a bit less, due to its polish, but such is the fate of classics that they grow old disgracefully.
However, I cannot go back to the gorges without spending some time watching climbers in it, with the slightly selfish satisfaction of having bolted one of the prettiest Verdon lines, which no doubt will outlive its maker.

Photo:  Marco Troussier
Témoignage/Account: Marco Troussier

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Il était une voie – Once upon a line: La rose et le vampire

30 décembre 2021 à 19:24

Derrière tout passage d'escalade, il y a d'abord une ligne, mais aussi des grimpeurs qui l'ont faite naître. Plongez au cœur de passages de légende avec la rubrique "Il était une voie", un état civil de ces itinéraires qui continuent de fasciner des générations et de façonner notre activité !

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La rose et le vampire

   Buoux, Provence, France
    Bout du Monde
  Antoine Le Menestrel, 1985
  Antoine Le Menestrel, 1985

Voie iconique de la falaise de Buoux et du secteur historique du Bout du Monde, théâtre du développement de l'escalade libre en France dans les 80's, "La rose et le vampire" est un véritable mythe, rendu célèbre par son photogénique derviche en guise de crux, mouvement qui aura fait rêver des générations de grimpeurs. Son ouvreur, Antoine Le Menestrel, témoigne.

"J'ai 20 ans, je suis dépressif, je ne suis pas fait pour mes études de biochimie. Mais je grimpe avec la bande des Parisiens, je vie pour grimper. Le soleil tombe au ralentit. Pour arriver à la Rose et le Vampire, j’emprunte un bloc incliné telle une rampe de lancement qui s’ouvre sur le Bout du monde, un lieu magique, théâtre de nombreux combats !

D'imposants blocs de rocher gorgés de soleil jonchent le pied de la voie, de leurs pores émane un parfum sableux aux couleurs désertiques. Sur un gros bloc posé en équilibre, je me prépare. Mon matériel est bien rangé afin qu’en aucune façon il puisse entraver le déroulement de l’ascension. Je m’encorde à mon assureur-complice qui tient ma vie entre ses mains. Au cours de mon élévation il me porte par son attention. D’un geste bleauesque je fais couiner la gomme de mes chaussons. Il me reste à lâcher tout ce brouhaha cérébral et faire le vide. Je rentre en symbiose avec la partition minérale et avec l’air qui alimente le feu de ma respiration.

Je m’élance. Chaque fois, je tombe à quelques mètres du sol. Je me demande ce qui me pousse à réessayer sans cesse. Suis-je là, sur Terre, pour réussir cette voie ? Une vie pourtant ne peut pas se résumer à un mouvement. Toute ma vivacité, toute mon énergie accumulée au cours de la journée se projettent dans cette voie. Je me sens petit. Je n’ai pas le choix, la voie est sculptée en moi.

Après les premiers blocages très physiques, j’atteins les prises du passage clé, un croisé de rêve qui se déroule sur une plaque de rocher ocre ayant la configuration d’un cadre tel d’un écran de cinéma. Je chute toujours les mains aux bords du cadre. Il me manque l’état de grâce que je ne cesse pourtant pas de convoquer.

Peu à peu les ombres s’étirent, il ne reste qu’un dernier rayon de soleil, le spectacle s'achève, les acteurs sont exténués, frustrés. Nous reviendrons demain ou un autre jour, car certains jours nous laissons la voie se reposer.

Cette merveilleuse voie est un vampire. Ses prises me lacèrent les doigts, elles me pèlent la peau et je perds mes empreintes, mon identité ! Ses prises, je les prends comme une tige pleine d’épines pour grimper au calice de la fleur, ma sueur l’arrose. Cette voie m’envahit et je ne pense qu’à elle, je ne désire plus qu’elle. Je suis vampirisé. Cette voie a soif de mon sang pour nourrir sa beauté, je n’existe plus que pour elle.

Ce croisé m’ouvre le visage au monde. Grâce à ce mouvement, je vous offre une rose. Avec vous qui me regardez, je créé une cordée émotionnelle, je deviens un artiste."

 Antoine Le Menestrel

An iconic line from the Bout du monde sector in Buoux, where French free climbing started in earnest in the 80s, "La rose et le vampire" is a route with a mythical status made famous by the photogenic cross involved, a move which gave wet dreams to more than one generations of climbers. The bolter, Antoine Le Menestrel, is here giving us more details. 

I’m 20, depressed, I’m not made for studying biochemistry. But I climb with a group of Parisians, I live for it. The sun is setting in slomo. To get to the Rose et le Vampire, I go up a leaning boulder looking like a launchpad opening onto the Bout du monde, a magical place, the stage of many a good fight!

Imposing sunlit boulders are scattered at the foot of the route, from their pores exudes a sandy fragrance, charged with desert colours. On a big rock sitting in perfect balance, I get ready. My gear is arranged in such a way that nothing can hinder my ascent. I rope up with my belayer-friend, who is holding my life in his hands. During my climb he will keep a close eye. With a Font-like gesture I make my climbing shoes squeak. One thing left to do: let go of the noise and welcome emptiness. I become one with the mineral score and the air that feeds the fire of my breathing.

Off I start. Everytime, I fall a few meters off the ground. I wonder what pushes me to try again and again. Am I here on Earth to send this route? But a life cannot be summed up in one move. All the energy built up throughout the day is projecting onto the rock face. I feel small. I have no choice, this line is etched in me.

After the first very physical lock-offs, I gain access to the holds of the key section, a dream-like cross-through staged on a deep red slab of rock with the semblance of a frame, like a cinema screen. I always fall with my hands on the sides of the frame. I am missing that state of grace that I am fervently calling for.

Little by little the shadows lengthen, only one ray of sunlight, the show is over, the actors are exhausted, frustrated. We will come back tomorrow or another day, for on some days we let the route grab a rest.

This wonderful line is a vampire. Her holds cut through my fingers, they skin them raw and I lose my fingerprints, my identity! Her holds, I grab them like a stem covered in thorns in order to climb up to the calyx of the flower, my sweat waters it. This line has taken me over and it’s all I can think of, all I want is her. I have been vampirised. This line is thirsty for my blood to feed her own beauty, I live solely for her.

This cross-through opens my face to the world. Thanks to it, I offer you a rose. With you who are watching me, I create an emotional team, I become an artist.

....

Photo:  Heinz Zack
Témoignage/Account: Antoine Le Menestrel

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Loic Zehani libère une nouvelle voie extrême à Buoux – Loic Zehani frees a new hard line in Buoux

12 décembre 2021 à 14:33

Il y a quelques jours, Loic Zehani a annoncé la première ascension d’un projet au secteur historique du bout du Monde de Buoux avec “Jusqu’au bout du monde” 8c+/9a. Cette ligne juste à gauche du 8a+ classique de “Tabou” avait été équipée par François Legrand et restait invaincue. Voici le ressenti de Loic, qui ne compte pas s’arrêter là concernant les chantiers invaincus de la célèbre falaise du Lubéron…

“Comme je suis allé 2-3 fois dans le “Bombé bleu” mais que je n’arrive toujours pas à faire le premier mouvement, j’ai voulu changer de secteur et je me souvenais que François m’avait dit qu’il y avait un projet au bout du monde. J’étais donc motivé pour voir comment était la voie. Cela m’a pris seulement 4 essais à ma grande surprise mais il faut dire que les conditions étaient très bonnes. C’est une très belle voie où François avait seulement sikaté quelques réglettes pour consolider. Les préhensions sont un peu atypiques pour du Buoux car c’est plus sur des petites réglettes et moins sur des trous. La principale difficulté est condensée sur 13 mouvements de la 3ème à la 6ème dégaine avec deux clippages durs. D’ailleurs juste à gauche de cette voie, j’essaye maintenant un autre projet (qui avait été partiellement équipé par Marc Lemenestrel) qui sera sûrement du même acabit que le “Bombé bleu”, moins aléatoire mais peut-être plus dur. Les mouvements font mais il y en a 23…”

Photo: coll. Zehani

Loic Zehani Buoux

Some days ago, Loic Zehani claimed the first ascent of an old project located at the Bout du monde, Buoux’s historical sector. “Jusqu’au bout du monde” (8c+/9a) is just left to “Tabou” and was bolted by François Legrand, remaining unclimbed. Here are below Loic’s comments, and French crusher doesn’t want to stop now concerning the projects of the famous crag of Lubéron, France…

“I went 2-3 times in “Le Bombé Bleu”, but couldn’t stick the first move, so I wanted to change the sector and I remembered that François told me there was a project in Bout du Monde. So I was curious to see how it was. It surprisingly took me only 4 tries, but the conditions were perfect. It’s a nice line with some edges, not typical here. The main difficulty is between 3rd and 6th bolt, with 2 hard clips and 13 hard moves. Now I’m trying the line just one the left, a project bolted by Marc Le Menestrel, for me the same level than “Bombé bleu”, may be with less low-purcentage moves but may be harder. I arrive to do the moves, but they are 23…”

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Video: Mathieu Bouyoud, Team Frisouille, 9a+

5 décembre 2021 à 11:34

En septembre dernier, Mathieu Bouyoud bouclait son super-projet de plusieurs années sur la falaise locale de La Balme de Yenne (Savoie) avec la première ascension de “Team Frisouille” 9a+. Après une ribambelle de voies dures à son actif, le falaisiste chambérien signait ici son second 9a+, perf rééditée il y a quelques semaines avec une répétition de “Papichulo” à Oliana. Avec ces deux réalisations majeures, Mathieu est assurément un des meilleurs performeurs français en milieu naturel en 2021. Voici une vidéo montrant les difficultés de “Team Frisouille”, qui offre 30 mètres hyper résistants et à doigts… Histoire d’appâter d’éventuels prétendants !

Last September, Mathieu Bouyoud completed his big multi-year project at his local crag of La Balme de Yenne (Savoie, France), with the first ascent of “Team Frisouille” 9a+. After a bunch of hard routes to his credit, the rock climber from Chambéry ticked his second 9a+ here, followed a few weeks ago with a repeat of “Papichulo” in Oliana. With these two major achievements, Mathieu is undoubtedly one of the best French rock climbers in 2021. Here is a video showing the difficulties of this 30-meter route, which is extremely sustained and fingery. Enjoy!

Photo: coll. Bouyasse Prod

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Une jolie Fleur dans une Peau de Vache, 300m, 8b pour Kathy Choong – Une jolie Fleur dans une Peau de Vache, 300m, 8b by Kathy Choong

29 octobre 2021 à 10:29

La top grimpeuse Suisse enchaîne en réalisant une nouvelle grande-voie difficile ! En effet, Kathy Choong vient de répéter un des musts de la Paroi du Duc (Verdon, Point Sublime) “Une Jolie Fleur dans une Peau de Vache” (300m, 7 longueurs, 8b max.) accompagnée par son compagnon Jim Zimmermann. Kathy nous raconte en exclusivité son ascension.

“Après avoir passé des semaines engouffrée dans le brouillard à saucissonner sur chaque mouv’ de mon projet de l’été en Suisse (une longue voie nommée “6.4 Sekunden”, de style vertical dont chaque mouv’ m’a donné beaucoup de fil à retordre), mon copain Jim Zimmermann et moi étions bien motivés à nous trouver un beau projet dans un style qui déroule un peu plus, à travailler ensemble, quelque part dans les belles gorges du Verdon. Des amis m’avaient parlé de la voie “Une Jolie Fleur dans une Peau de Vache” dont le style devait apparemment bien me convenir, située dans l’impressionnante Paroi du Duc qui se dresse au-dessus des eaux turquoises du Verdon. Elle se compose de 7 longueurs (6b, 8b, 7b, 8a, 5c, 8a, 6b) pour un total de 300 mètres de grimpe (très) déversants parsemés d’incroyables colonnettes où l’on peut tordre des lolottes dans tous les sens et coincer des genoux pour ne pas finir les bras totalement rôtis et toastés. Pas étonnant que ça convienne à mon style d’escargot ça ! Si jusque là Jim m’a toujours accompagnée patiemment dans mes projets et que sa présence a été capitale dans leur aboutissement, j’ai rarement eu l’occasion de le soutenir dans une longue voie. Histoire de bien partager les moments de pression et de succès, on a décidé de tenter d’enchaîner chaque longueur les deux dans la même journée (le plan était que je grimpe chaque longueur en tête et que je redescende assurer Jim en tête dans les trois longueurs clefs dans le 8ème degré). Nous sommes montés deux jours jusqu’en haut défricher chaque longueur. La pluie ayant ensuite détrempé la paroi et pas mal de prises dans la 2ème longueur (8b), nous avons passé deux autres jours à juste travailler cette longueur sans monter plus haut, les conditions n’étant pas top pour tenter un enchaînement. Le 5ème jour, nous tentons l’enchaînement. Chaque longueur est un combat de résistance mais motivés par les ascensions successives de l’un et de l’autre, nous parvenons à grimper les cinq premières longueurs sans tomber. La dernière longueur (8a), la plus longue, qu’on n’avait pas bien très bien calée, reste à faire. Pas trop le temps de se reposer, le soleil pointe son nez. Jim se lance, tremble à peine dans le crux du bas de la voie avant de mener un combat mémorable jusqu’au relais ! Il redescend pour m’assurer et boostée par son ascension, je parviens également au relais, à la limite de me la coller quelque fois. Au sommet de la voie, une douce teinte dorée s’empare du ciel, les rayons de soleil s’échouent contre les dernières longueurs du rocher, le moment est magique. Encore une fois je suis incroyablement reconnaissante d’avoir pu vivre cette belle aventure et de l’avoir partagée avec mon compagnon de cordée et de vie.”

Photos : Tara Kerzhner

Kathy Choong Une Jolie Fleur

Top Swiss climber Kathy Choong has struck again with the send of another hard multipitch! With her boyfriend Jim Zimmermann, Kathy just repeated one of the must-dos of the Verdon gorge, “Une jolie Fleur dans une Peau de Vache” (300m, 7 pitches, 8b) located at Paroi du Duc. Kathy tells us more.
“After spending some weeks in the fog struggling on every move of my Swiss old-school project “6.4 Sekunden”, my boyfriend Jim Zimmermann and I were very motivated to find a nice project in a less complicated style, a route somewhere in the Verdon gorge. Some friends suggested “Une Jolie Fleur dans une Peau de Vache” for a style that would suit me well. It’s a route located at the impressive Paroi du Duc, just above the turquoise Verdon river. It’s 7 pitches-long (6b, 8b, 7b, 8a, 5c, 8a, 6b) for 300 meters of overhanging climbing on tufas, with insane drop knees and kneebar rests to try and get rid of the pump. Not surprisingly, it suits my snail-speed style! Even though Jim supports me all the time on my projects and his presence is a key, I only get a few occasions to return the favour on a multipitch project. It was time to share the pressure and successes, so we decided to try to free the line together on the same day. Here was the plan: I would lead all the pitches, and go down and belay him for his lead attempts of the 3 hardest pitches in the 8th range. We worked the line for 2 days to the top. The 2 days following, the crux pitch (L2, 8b) was wet due to the rain, so we worked the crux sections because the conditions were not the best for an attempt of the whole route. On the 5th day, we went for it. Every pitch is a power endurance fight, but helped by the success of each other we managed to climb the first 5 pitches without falling. The last pitch (8a), the longest one, is the one we had tried the least. No time to take a long rest due to the sun coming on the face, so Jim goes. After climbing the crux, he gave everything in a huge fight to the top. It was my turn and motivated by his send, I climbed this last pitch completely pumped too. At the top of the route it was the golden hour, a very magical atmosphere. I’m very glad to have this kind of adventures and share it with my teammate and boyfriend.”

Photos : Tara Kerzhner

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Deux voies extrêmes répétées et décotées – Two extreme lines repeated and downgraded

7 octobre 2021 à 14:46

Ces derniers jours deux voies extrêmes qui n’avaient connue jusqu’alors que peu d’ascensions ont été répétées et décotées.

Tout d’abord, après sa réussite dans “Salamandre” et récemment de “Mandallaz drive”, le haut-Savoyard Baptiste Dherbilly est allé défricher “Empreintes” à Double Cache, la dernière voie libérée par Fred Rouhling en Haute-Savoie (2008, annoncée 9a/b) qui n’avait encore jamais connu de répétition. Après une approche en 7c, le crux en toit comporte une section valant environ 8A+ bloc. Baptiste propose 8c+ pour cette dernière. Est-ce que Fred Rouhling va nous proposer une nouvelle métaphore du Roi Pêcheur afin de digérer au mieux cette nouvelle décote ?

Baptiste commente : “Après avoir usé de la brosse pour dépoussiérer cette ligne, je parviens à déchiffrer les mouvements. Certes le caillou n’est pas mirobolant mais la voie propose un effort très intéressant avec des mouvements aléatoires. On y trouve notamment un jeté au milieu avec un engagement certain ! Cette ligne m’a demandé beaucoup moins d’investissement que sa voisine Salamandre. Au-delà du détail de la cotation, qui selon moi est plus proche de 8c+, je tiens à remercier Fred pour “l’Empreinte” qu’il nous a laissée dans la réalisation de ces lignes atypiques.”

D’autre part, c’est sur le site de Charmey en Suisse qu’une autre voie extrême a été répétée dernièrement, cette fois par par le mutant allemand Alex Megos, avec la 3ème ascension de “Meiose”. Proposée à 9b par Pirmin Bertle, cette voie à doigts avait été décotée à petit 9a+ par Adam Ondra pour le compte de la seconde ascension, trouvant un repos avec un gros coincement de genou. Cette fois-ci Alex, qui a répété la voie sans se préoccuper des éliminantes, ne s’embarrasse pas :
“Je dois dire que la façon avec laquelle Pirmin a réalisé la voie est 9a+. Mais ce n’est pas le cheminement qui fait sens car il élimine des prises qui sont totalement dans la ligne. J’ai grimpé la voie avec ma vision et clippé la même ligne de dégaines, mais j’ai utilisé des méthodes bien différentes et aussi des prises différentes à certains endroits, dans une vision qui me semble logique de mon point de vue. Ma version doit valoir autour du 9a mais n’a rien à voir avec les méthodes originelles de Pirmin.”

Alex en a profité aussi pour flasher auparavant “Chromosome Y”, ramenant la cotation de la voie de 9a à 8c+. Adam Ondra avait aussi réalisé cette dernière flash en 2018.

Photo : Baptiste Dherbilly – Empreintes (crédit Léa Delacquis)

In these recent days, two extreme routes have received repeats and downgrades.

First of all, after his success in “Salamandre” and recently in “Mandallaz drive”, Haut-Savoyard Baptiste Dherbilly went to try “Empreintes” at Double Cache, the last route freed by Fred Rouhling in Haute-Savoie (2008, around 9a/b) who had never received a second second ascent before. After an 7c approach, the roof crux offers approximately a 8A+ boulder section. Baptiste proposes 8c+ for this one. Will Fred Rouhling offer us a new metaphor of the Fisher King in order to digest this new downgrade?

Baptiste comments: “After having used the brush to clean the dusk in the line, I succeed to understand the moves. The rock is not the best but the effort is interesting with some random moves. You find a dyno in the middle with a long run out! This line took me less troubles than “Salamandre”. Beyond the detail of the grade, I would like to thank Fred for the print he is living with these original lines.”

Second news, from Charmey, Switzerland, where Alex Megos did the 3rd ascent of “Meiose”. This 9b proposition by Pirmin Bertle received a first downgrade by Adam Ondra due to the find of a knee bar rest. Alex gave his opinion on social media:

“I have to say, the way Pirmin Bertle climbed it, it is 9a+. That’s not the way it makes sense though as it eliminates some holds that are totally in reach and in the line too. I did climb route (in my eyes) and clipped the same line of quickdraws, but I used very different beta and also different holds for some parts. I just did it the way it seemed logical to me. The way I did it was around 9a, but it has nothing to do with the original beta Pirmin used.”

Photo: Léa Delacquis


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Bibliographie de nouveau répété par Sean Bailey ! – Another repeat of Bibliographie by Sean Bailey!

30 septembre 2021 à 21:55

A peine un mois après le mutant italien Stefano Ghisolfi, c’est au tour de Sean Bailey de clipper ce samedi le relais de “Bibliographie”, la voie la plus dure de France, et une des voies les plus dures au Monde. Situé dans la spot estival à la mode, Céüse, “Bibliographie” a reçu de nombreuses visites cet été. Stefano Ghisolfi, qui a réussit la seconde ascension, Seb Bouin, Dave Graham,… Ouverte par Ethan Pringle en 2009, “Bibliographie” propose 35 mètres d’escalade déversante, avec un crux autour du 8A+ bloc après une approche en 8b+, et un 9a en guise de conti derrière… Annoncée à 9c par Alex Megos en août 2020, “Bibliographie” a été revue à la baisse par Ghisolfi. Il sera intéressant de savoir a posteriori ce qu’en pense Sean ! Connu pour ses performances en bloc de haut niveau comme “Box Therapy” ou “The Grand illusion” (8C+), le mutant américain n’avait jusqu’alors réussi aucune voie au-dessus du 9a+, avec “Biographie” ou encore “Joe mama” en guise de carte de visite. Une belle réalisation de plus à son actif ! Il commente via Instagram :

“De loin la bataille la plus difficile que j’aie menée avec moi-même. Je n’ai jamais été aussi obsédé par une voie. Je me suis réveillé en pensant à elle. Je me suis endormi en pensant à elle. C’était sans arrêt. J’ai eu la chance de passer le crux du milieu assez rapidement, mais j’ai commencé à tomber pété 12 fois ou quelque chose comme ça à la fin. Chaque fois j’étais tellement épuisé, j’avais besoin d’un jour de repos, donc j’essayais de faire un essai tous les deux jours. J’avais l’impression de me reposer plus que de grimper. J’ai passé beaucoup de temps à me demander pourquoi je me soumettais à ça. Je savais que je pouvais m’entraîner pour cela, revenir une autre année avec la caisse et un esprit plus frais, et probablement être plus à l’aise. En fin de compte, j’ai réalisé que je devais continuer sur ma lancée tant que j’avais envie d’enchainer, et je suis content de l’avoir fait ! Cela m’a beaucoup appris sur le processus. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de faire en sorte que les choses tournent en ma faveur, mais parfois il faut aussi laisser les choses arriver d’elles-mêmes.”

Photo : Ben Neilson

Sean Bailey Bibliographie

Barely a month after the Italian beast Stefano Ghisolfi, it’s Sean Bailey’s turn to clip the anchor this Satursday of “Bibliographie” , the hardest sportclimbing route in France and one of the hardest in the World. Located in the famous summer place, Céüse, “Bibliographie” received many visits this summer. Stefano Ghisolfi, who made the second ascent, Seb Bouin, Dave Graham, … Opened by Ethan Pringle in 2009, “Bibliographie” offers 35 meters of overhanging climbing, with a crux around 8A+ boulder after an 8b+ approach, and a 9a as a finish behind … Given 9c by Alex Megos in August 2020, “Bibliography” has been downgraded to 9b+ by Ghisolfi. It will be interesting to know what Sean thinks about it! Known for his high-level bouldering performances like “Box Therapy” or “The Grand illusion” (8C+), the American mutant had so far not succeeded in any route above 9a+, with “Biographie” or “Joe mama “as highlight. Another great achievement to his credit!

“Easily the hardest battle I’ve waged with myself. I’ve never been so obsessed. I woke up thinking about the route. I fell asleep thinking about the route. It was nonstop. I was lucky to get through the middle crux pretty quick but proceeded to pump off the final boulder 12 or something times. Every time I was so blown I needed a rest day, so essentially I was getting one try every two days. It felt like I was resting more than climbing. I spent a lot of time questioning why I was putting myself through it. I knew I could train for it, come back another year with the right fitness and a fresher mind and probably have an easier time at it. In the end I realized I needed to see this process through just as much as I needed to send, I’m glad I did! It taught me so much about the process. I spend a lot of time trying to make things happen, but sometimes you have to let things happen too.” 

Pic : Ben Neilson

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Interview : Nolwen Berthier, la grimpe dans la peau – Interview: Nolwen Berthier, climbing in the blood

28 septembre 2021 à 18:00

Extrêmement déterminée et particulièrement investie quand il s’agit de grimpe extrême en falaise, la grimpeuse aixoise Nolwen Berthier est une personnalité attachante qui ne laisse pas indifférent quand on la croise. Cette ancienne compétitrice dévoue désormais sa passion à repousser ses limites en falaise, avec une précision méticuleuse en matière d’entrainement et une vision assez progressiste et de notre activité, notamment concernant notre rapport au milieu naturel. Interview.

– Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?
Salut ! Moi c’est Nono, 28 ans, grande amatrice de chemises à fleurs, de chocolat et de petites prises. J’ai commencé l’escalade par la compétition il y a une quinzaine d’années… mais je n’y ai pas trouvé beaucoup d’arquées (question de génération peut-être). Après plusieurs années en Équipe de France, et de nombreux départs en coupe d’Europe et coupes du Monde, durant lesquelles j’ai troqué mes chemises contre une tenue officielle, je me consacre maintenant pleinement à la falaise, avec plus d’une dizaine de voies en 8c et + à mon actif.

En parallèle de la grimpe, j’ai suivi une formation d’ingénieure en énergie et environnement. Aujourd’hui, je mets ces compétences au service de la transition écologique et solidaire, en accompagnant les entreprises dans ces démarches.

Ta petite taille est-elle un atout ou un obstacle ?
Je ne sais pas si c’est un atout, mais je n’ai pas envie de penser que c’est un obstacle. D’une certaine manière, accepter que ce soit un frein, ce serait déjà renoncer… Alors au fil du temps, j’ai appris à faire avec mon mètre et demi. Le fameux « Nonomètre ». Certes, il m’a fallu sortir un peu des standards, notamment pour trouver les calages dans les voies. Bilan : les copains détestent mes (supers méthodes) flash… À mon sens, la seule condition est d’accepter de sortir des sentiers battus, tester des choses improbables, parfois absurdes et surtout, faire avec ses qualités. Tant qu’on se dit que c’est possible, on s’adapte, on compense, bref, on trouve des solutions ! Mais bon, je dois avouer que ça peut s’avérer être une bonne galère pour trouver des jeans (ou des chaussons) à ma taille…

Quels sont tes points faibles, qu’aimerais-tu améliorer ?
On m’a souvent conseillé de travailler ma taille… On m’a également dit que “quand la force ne suffit pas, il faut encore plus de force”…  Mais maintenant, je suis assez convaincue que la polyvalence est la clé. Être un bon grimpeur ou une bonne grimpeuse, c’est s’adapter à tout type d’escalade et être à l’aise sur tout type de support pour s’exprimer dans la diversité de notre activité.

Tu sembles faire beaucoup plus de falaise ces dernières années tout en continuant à beaucoup t’entrainer. Qu’est-ce qui t’a poussée à te tourner vers l’extérieur ?
Contrairement à d’autres compétiteurs ou compétitrices, la falaise a toujours été présente dans mon approche de l’escalade comme un support d’entraînement, un refuge pour m’évader, mais aussi un espace d’expression, qui me permettait de concrétiser mes entraînements quand les résultats en compétition pouvaient parfois être un peu frustrants.

Aujourd’hui, la falaise me permet de découvrir l’activité sous un autre angle, avec de nouvelles sensations et toujours plus de défis à résoudre. Cela m’apporte également la flexibilité nécessaire pour concilier les contraintes d’entrainement avec mon rythme de travail, et un nouveau cadre : c’est toujours plus sympa de passer ses week-end dehors qu’enfermée dans un gymnase.

Trouves-tu que les supports mis à disposition des grimpeurs sont adaptés de manière générale à l’entraînement pour la falaise ?
Les grandes enseignes privées jouent un rôle crucial dans le développement du haut niveau. Quand on arrête la compétition mais qu’on s’investit en falaise, nous n’avons pas de statut officiel de sportif de haut niveau. Cela nous prive alors des aides associées (bourses, accès aux structures fédérales…) et les supports d’entrainement auxquels nous avons accès sont donc ceux ouverts à tous.

Aujourd’hui, la plupart des salles privées sont tournées vers le grand public et la massification de la pratique de l’escalade. Autour de chez moi, les supports proposés ne sont pas adaptés au haut niveau en falaise : les ouvertures sont majoritairement orientées vers le bloc moderne, le renouvellement des voies n’est pas assez fréquent, les outils d’entraînement sont peu aboutis et/ou développés… Globalement il faudrait être abonné dans toutes les salles de la région pour pouvoir s’entraîner correctement. On en vient à préférer se faire un pan chez soi pour s’entraîner plutôt que d’aller profiter de l’émulation à la salle… cherchez l’erreur !

Comment concilies-tu ta vie professionnelle et tes entraînements ?
En temps normal, je travaille 4 jours par semaine mais avec la crise sanitaire, je suis au chômage partiel : cette dernière année, mon temps de travail a fluctué entre 1 et 3 jours par semaine, ce qui m’a laissé pas mal de temps pour me consacrer à l’escalade… une belle opportunité sur le plan sportif !

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

Tu es rarement blessée, apportes-tu une attention particulière à ton hygiène de vie et ton alimentation ?
Comme beaucoup de sportifs, ma vie est rythmée par mes rêves et mes objectifs et il y a alors un temps pour chaque chose. Il faut savoir mettre les bonnes priorités au bon moment pour assurer un équilibre pertinent sur le long terme : parfois il est important d’être sérieux, parfois ça l’est tout autant de ne pas l’être, mais j’avoue que sur le plan de l’alimentation, je suis plutôt du style à ne pas l’être.

En falaise, quels sont tes critères pour choisir la ligne ou ton prochain projet ?
Ce qui m’attire naturellement ce sont les lignes visuelles et esthétiques… et les défis aussi. Dans le fond, je crois que je n’aime pas vraiment la facilité, j’ai besoin d’être poussée dans mes retranchements qu’ils soient physiques, techniques, mentaux… ou un peu tous à la fois. Je grimpe avec mes tripes : pour m’investir, j’ai besoin d’avoir des étoiles dans les yeux ! Les voies qui me marquent le plus ne sont pas toujours celles dont la cotation est la plus élevée, mais celles qui m’ont poussée à me dépasser. De toute façon, avec ma taille, les cotations ne sont qu’un ordre de grandeur (très) approximatif. Quand tu sors de la norme de par ton gabarit, ton allonge ou ta taille de doigts, quelle est la valeur d’une cotation ?

Pourquoi avoir choisi “Supercrackinette” comme projet ultime et quel a été ton plan d’entraînement pour l’aborder ?
Cette aventure a commencé – avant tout – grâce aux copains… Après avoir fait la “Ligne Claire”, j’hésitais à me lancer dans “Le Cadafist”, et Seb (Berthe) qui essayait “Supercrackinette” à l’époque, m’a dit « il faut absolument que tu ailles voir cette voie, ça te conviendrait bien mieux ! ». L’idée a fait son bonhomme de chemin (et peut être que la Supercrack’Danse a joué un rôle) mais j’ai fait une première montée… plutôt inspirante !

Puis Léo (de la Turnorgift Production) m’a incitée à y retourner… et j’ai refait quelques montées, qui m’ont sacrément motivée …

Pour me lancer dans un ultime projet, je voulais trouver une voie pas trop morpho, si possible dans mon style, pas trop loin de la maison … et avant tout qui me motive ! Et bien vous le croirez ou non, mais malgré les nombreuses falaises et belles voies du Sud de la France, ce n’est en réalité pas si facile de tout combiner ! “Supercrack” rassemble un peu de tout cela, et même si je n’ai jamais fait de 9a, pourquoi pas me lancer dans cette aventure ? Dès les premières montées, j’avais bien compris que c’était une de ces voies qui te laissent miroiter au premier abord que c’est jouable, mais que quand venait l’heure d’empiler tous les mouvs, ce n’était pas le même game… Peu importe, l’aventure était lancée !

– Où en es-tu du processus ?
J’ai passé beaucoup de temps dans la voie l’année dernière, et ça bougeait plutôt bien, mais les grosses chaleurs sont arrivées, m’obligeant à interrompre momentanément le processus… ce qui n’a pas été facile à accepter, mais qui est sûrement un mal pour un bien sur le long terme.

Après un été consacré au ressourcement physique et mental, il est l’heure de se remettre à l’entraînement pour retourner dans la voie au début de l’automne, quand les conditions seront plus clémentes !

Comment gardes-tu la motivation à essayer des projets à long terme de ce type ?
Spécialement pour “Supercrakinette”, j’ai essayé de prendre soin de cette motivation. Dès le commencement, je savais que ce serait un projet de longue haleine alors j’ai alterné périodes de travail de la voie et temps d’entraînement, pour ne pas tomber dans la routine des essais. Je me suis attachée à attiser cette envie profonde de mettre des runs gagnants.

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

Accordes-tu de l’importance à la réalisation d’une première féminine ?
Pourquoi valorisons-nous les premières féminines ? Parce que les femmes grimpent avec moins de force que les mecs ? Parce qu’elles sont plus petites ? Parce qu’elles ont besoin de reconnaissance ? C’est loin d’être toujours vrai ! Nous avons trop souvent dénigré les performances féminines dans notre sport, et si déjà nous valorisions ces performances à leur juste valeur, ce serait déjà une belle avancée ! (par exemple, en arrêtant de décoter les voies quand une femme enchaine…).

Au-delà de ça, valoriser une première (féminine) a selon moi beaucoup de sens quand la réalisation marque une avancée significative : il peut y avoir une dimension physique (franchir une nouvelle cotation par exemple), psychologique (enchaîner une voie mythique) ou technique (trouver des méthodes adaptées à un gabarit)… Mais parfois il n’y a rien de tout cela, et la première féminine n’est alors pas très représentative : est-ce que cela n’aurait pas plus de sens de parler du premier enchainement réalisé par les moins de 1m60 ou par les plus de 1m80 ?

Évoluer en falaise dans un milieu assez masculinisé est-il compliqué pour toi ? Quel est ton ressenti ?
Passer mes journées entourée de beaux mecs… je ne vois pas où est le problème… ! 😉 Dans mes études, au club… depuis mon plus jeune âge j’ai toujours évolué dans des milieux plutôt masculins, sans jamais me sentir particulièrement inférieure ou exclue.

Notre société connaît de véritables évolutions à l’heure actuelle sur le sujet de la parité. Malgré tout, on peut observer que le sexisme est toujours ancré dans certaines de nos habitudes, et ce même dans notre activité. Par défaut, dans une cordée mixte, qui va porter la corde à la falaise ? monter les dégaines ? poser des moulinettes ? trouver des méthodes dans les voies ?

Il n’y a pas forcément d’arrière-pensée négative dans ces habitudes, et cela part même souvent d’une bonne intention, mais ces actions – aussi insignifiantes soient-elles – perpétuent une position de subordination de la femme vis-à-vis de l’homme qui ne va pas dans le sens de la parité.

Et cela marche également dans l’autre sens : pourquoi les femmes seraient-elles plus souvent mises en avant dans certains médias ? sous prétexte que leur image est plus vendeuse ?

Y a-t-il une voie qui te fait rêver et dans laquelle tu n’as pas encore eu l’occasion d’aller ?
S’il y en avait qu’une ! Rien que dans le Sud-Est de la France, ça ne manque pas avec par exemple les deux proues taillées au couteau de la Carrière du Maupas, “Cannabis Directa” et ses cannelures incroyables typiques de Roquevaire ou encore “La trainée rousse” et sa monocolo qui a l’air bien trop déversante (comme souvent à la Ramirole)… Sans compter les projets que j’ai encore sur le feu à l’étranger, mais aussi toutes les autres formes d’escalade que je n’ai pas explorées comme certaines belles lignes de bloc, les grandes voies, le trad…

Bref, le plus dur, c’est de choisir !

– Tu travailles dans le développement durable, intègres-tu aussi celui-ci dans ta pratique de l’escalade ? Si oui comment ?
La soutenabilité fait en effet partie intégrante de mon travail, mais surtout plus largement de mes valeurs personnelles.

Je suis convaincue que nous avons tous un rôle à jouer pour relever le défi des crises environnementales et sociales auxquelles nous faisons face, et que ce rôle est bien plus large que de trier nos déchets. Les organisations publiques et privées ont une responsabilité importante, mais nos métiers, nos achats, nos actions individuelles, bâtissent également la société dans laquelle nous vivons et ne sont donc pas négligeables (si le sujet vous intéresse, rendez-vous ici).

À titre personnel, il me tient à cœur de mettre mon énergie au service de projets qui permettent l’émergence d’une société différente, basée sur plus de sobriété et de respect du vivant.

À quoi bon entreprendre une démarche « zéro déchet » si vous prenez l’avion plusieurs fois par an pour des déplacements professionnels ? À quoi bon prendre le vélo pour aller travailler si vous bossez à temps plein sur un projet qui contribue au dérèglement climatique ?

En tant que sportive de haut niveau, je m’attache à collaborer avec des marques qui œuvrent dans ce sens : les vêtements Patagonia, le matériel Edelrid, les boissons Lökki Kombucha, la magnésie Myléore, les ressemeleurs de La Clinique du chausson et du matos. Toutes ne sont pas parfaites, mais toutes sont engagées sur ce chemin.

J’aime également partager des contenus qui m’ont inspirée pour en faire profiter le plus grand nombre (rdv sur instagram).

Interview Nolwen Berthier

On voit fleurir quelques beaux galets aux pieds de voies classiques du Sud-Est. Comment t’inspires-tu pour les concocter ?
L’inspiration pour ces petits galets vient en premier lieu du nom de la voie. Ce petit nom sur le topo qui titille notre imaginaire, nous fait rêver, sourire, nous pousse à essayer la voie ou même parfois que l’on ne comprend pas vraiment… Je ne suis pas grande dessinatrice mais je suis convaincue qu’un petit dessin vaut souvent mieux qu’un long discours. En creusant un peu, on se rend compte que derrière beaucoup de noms de voies se cache une anecdote, une dédicace, un trait d’esprit… À eux seuls, ils retracent tout un pan de l’histoire de notre activité, souvent liée aux équipeurs. Les mettre en image à travers des galets est une opportunité de les partager et les faire perdurer dans le temps, mais également de mettre en lumière une spécificité de notre activité : malgré les (trop) nombreux débats à ce sujet, une voie ne se résume pas à une cotation, et c’est aussi ce qui fait la beauté de notre sport. Ces petits galets, c’est une manière d’apporter une pierre à notre communauté.

Quel est ton regard sur la situation de nos sites naturels ? Quelles directions pourrait-on envisager ?
Qui va s’occuper de l’entretien des points existants ? Qui va dialoguer avec les propriétaires des terrains ? Qui va assurer les problèmes de responsabilités ? Bien que je grimpe depuis de nombreuses années, ce sont des problématiques que je découvre. En toute transparence, je ne me sens en rien légitime pour émettre un avis ou des conseils en la matière.

Le mot de la fin ?

Pour remercier ceux qui m’ont lu jusque-là, voici une “punchline tranchante comme des réglettes aiguisées” :
Avec mes drago LV, le niveau est élevé (…) Talon contre-pointe, talon contre-pointe (…) J’serre les arquées ils serrent les dents. Talon contre-pointe, talon contre-pointe. ” #FLDDB

Merci pour cet échange en dehors des sentiers battus, que le “fighting spirit” soit avec vous !

Photo de couverture : Antonin Rhodes

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

Extremely determined and particularly invested when it comes to extreme rockclimbing, Nolwen Berthier from AIx, France is an endearing personality who does not leave indifferent when you meet her. This former competitor now devotes her passion to pushing her limits on rockclimbing, with meticulous precision in terms of training and a vision of our activity fairly progressive, especially concerning our relationship to the natural environment. Interview.

– Can you introduce yourself to those who don’t know you?
Hi ! Me is Nono, 28, a big fan of flower shirts, chocolate and small holds. I started climbing with competition about fifteen years ago … but I haven’t found many crimp there (maybe a generation question). After several years in the French team, and many starts in the European Cups and World Cups, during which I exchanged my shirts for an official outfit, I now devote myself fully to rockclimbing, with more than ten of 8c and + routes to my credit.

Along with climbing, I followed an engineer in energy and environment formation. Today, I put these skills at the service of the ecological and inclusive transition, by supporting companies in these steps.

– Is your small size an asset or an obstacle?
I don’t know if it’s an asset, but I don’t want to think of it as a problem. In a way, accepting that it was a drag would already be giving up … So over time, I learned to do with my meter and a half. The famous “Nonometer”. Of course, I had to go a little outside the standards, especially to find my betas in the routes. Conclusion: my friends hate my (great betas) flashes… In my opinion, the only condition is to agree to think outside the box, test improbable, sometimes absurd things and above all, make do with my own qualities. As long as we say to ourselves that it’s possible, we adapt, we compensate, in short, we find solutions! But hey, I must admit that it can be a hassle to find blue jeans (or climbing shoes) in my size…

– What are your weaknesses, which you would like to improve?
I’ve often been advised to work on my height… I’ve also been told that “when strength isn’t enough, you need even more strength” … But now I’m pretty much convinced that versatility is key. Being a good climber means adapting to any type of climbing and being comfortable on any type of support to express yourself in the diversity of our activity.

– You seem to be doing a lot more rockclimbing in recent years while still training a lot. What made you turn outward?
Unlike other competitors, rockclimbing has always been present in my approach to climbing as a training medium, a refuge to escape, but also a space of expression, which allowed me to achieve my goals. training when the results in competition could be a little frustrating at times.
Today, rockclimbing allows me to discover the activity from a different perspective, with new sensations and always more challenges to solve. It also gives me the flexibility to reconcile the constraints of training with my pace of work, and a new setting: it’s always fun to spend your weekends outside than locked in a gym.

– Do you find that the supports made available to climbers are generally suitable for training for rockclimbing?
Large private brands play an important role in the development of high level. When we stop competing but invest time in rockclimbing, we don’t have the official status of a top athlete. This then deprives us of associated aid (scholarships, access to federal structures, etc.) and the training materials to which we have access are therefore those open to everyone.
Today, most private rooms are geared towards the general public and the massification of rock climbing. Around my home, the supports offered are not suited to the high level in rockclimbing: the openings are mainly oriented towards the modern bouldering style, the renewal of the routes is not frequent enough, the training tools are not very successful and/or developed… Globally, it would be necessary to be a subscriber in all the gyms of the region to be able to train properly. We come to prefer to make a training wall at home rather than going to enjoy the emulation in the gym … find the mistake!


– How do you mix your professional life and your training?
Normally, I work 4 days a week but with the Covid crisis, I’m on partial unemployment: this last year, my working time fluctuated between 1 and 3 days a week, which left me a lot of time to devote myself to climbing … a great opportunity in sporting terms!

– You’re rarely injured, do you pay particular attention to your lifestyle and your diet?
Like many athletes, my life is punctuated by my dreams and goals and there is a time for everything. You have to know how to put the right priorities at the right time to ensure a relevant balance in the long term: sometimes it’s important to be serious, sometimes it’s just as important not to be, but I admit that on the diet plan, I’m more of the style not to be!

Interview Nolwen Berthier
Photo : Théo Cartier

– In rockclimbing, what are your criteria for choosing the line or your projects?
What naturally attracts me are the visual and aesthetic lines … and the challenges too. Basically, I think I don’t really like the easy, I need to be pushed to my limits whether they are physical, technical, mental… or a little all at the same time. I always climb a muerte: to invest myself, I need to have stars in my eyes! The routes that mark me the most are not always the ones with the highest grade, but the ones that have pushed me to surpass myself. Anyway, with my height, grades remain a very unclar question. When you deviate from the norm because of your size, your ape or your finger size, what’s the value of a grade?

– Why did you choose “Supercrackinette” as your ultimate project and how was your training plan to tackle it?
This adventure began – above all – thanks to my friends … After doing “La Ligne Claire” (8c+), I hesitated to go into “Le Cadafist”, and Seb (Berthe) who was trying “Supercrackinette” at the time, told me “you absolutely have to go see this route, it would suit you much better!”… The idea caught me (and maybe the “Supercrack’Dance” played a role) but I made a first check… pretty inspiring!
Then Leo (from Turnorgift Production) encouraged me to go back … and I did a few goes again, which really motivated me…
To embark on a big project, I wanted to find a route that was not too morpho, if possible in my style, not too far from home… and above all that motivates me! Well you believe it or not, but despite the many crags and beautiful routes in the South of France, it’s actually not that easy to combine everything! “Supercrack” brings together a bit of it all, and even though I’ve never done 9a, why not go and try seriously? From the first days, I understood that it was one of those routes that at first glance you think it’s doable, but when the time came to add some moves, it was not the same game… It doesn’t matter, the adventure was launched!

– How are you in the process?
I spent a lot of time on the route last year, and it was moving pretty well, but the hot weather came, forcing me to temporarily stop the process… which was not easy to accept, but which is surely a bad for good in a long-term approach.
After a summer devoted to physical and mental rest, it’s time to get back to training to return in the route at the start of the fall, when conditions will be better!


– How do you keep the motivation to try long term projects like this?
Especially for “Supercrakinette”, I tried to take care of this motivation. From the start, I knew this would be a long-term project so I alternated between routes working and training time, so as not to fall into a trying routine. I tried to keep this deep desire to always put burning goes on the route.

Photo : Théo cartier

Do you attach importance to achieving a female first ascent?
Why do we value the first female? Because women climb with less force than guys? Because they are smaller? Because they need recognition? This is far from always true! We have too often denigrated female performance in our sport, and if we already value these performances at their fair value, that would already be a great step forward! (for example, by stopping downgrading the routes when a woman is sending…).

Beyond that, valuing a first female has in my opinion a lot of sense when the realization marks a significant advance: there can be a physical dimension (to reach a new grade for example), psychological (to link a mythical route) or technical (find betas adapted to a small size)… But sometimes there is none of this, and the first female is not very representative: wouldn’t it make more sense to talk about first sequence carried out by those under 1m60 or by those over 1m80?

– Evolving on a crag in a fairly masculine environment is complicated for you? How do you feel?
Spending my days surrounded by handsome guys… I don’t see where the problem is…! 😉 In my studies, at the club … from a young age I have always worked in more masculine circles, without ever feeling particularly inferior or excluded.

Our society is currently experiencing real developments on the subject of parity. Despite everything, we can observe that sexism is still rooted in some of our habits, even in our activity. By default, in a mixed rope team, who will carry the rope to the cliff? Put the quickdraws? Put down ropes? Find betas in the routes?

There is not necessarily a negative motive in these habits, and this often even comes from a good intention, but these actions – as insignificant as they are – perpetuate a position of subordination of the woman which doesn’t go in the direction of parity.

And it also works the other way: why would women be featured more often in some media? On the pretext that their image is more selling?

– Is there a route that makes you dream and you have not yet had the opportunity to try?
If there was only one! In the South-East of France, it’s not a problem with for example the two knife-cut prows of the Carrière du Maupas, “Cannabis Directa” and its incredible rock typical of Roquevaire or even “La trainée rousse” and its long tufa which seems too overhanging (as often at La Ramirole) … Not to mention the projects that I still have on the go abroad, but also all the other forms of climbing that I haven’t experienced, like some beautiful boulders, multi-pitch routes, trad…
The hardest is to choose!

– You’re working on sustainable development, do you also integrate it into your climbing practice? How?
Sustainability is indeed part of my job, but especially more broadly my personal values.

I’m convinced that we all have a role to play in meeting the challenge of the environmental and social crises we face, and that this role is much broader than sorting our waste. Public and private organizations have an important responsibility, but our businesses, our purchases, our individual actions, also build the society in which we live and are therefore important.

In my opinion it’s important to me to put my energy at the service of projects that allow the emergence of a different society, based on more sobriety and respect for living things.
What is the point of taking a “zero waste” approach if you take the plane several times a year for business trips? What is the point of taking the bike to work if you are working full time on a project that contributes to climate change?

As top climber, I’m committed to collaborating with brands that work in this direction: Patagonia clothing, Edelrid equipment, Lökki Kombucha drinks, Myléore chalk, the resiners of La Clinique du Chausson et du Matos . Not all are perfect, but all are on this way.

I also like to share content that inspired me to share it with as many people as possible.

– We can see some beautiful pebbles blooming at the foot of classic routes in the South-East of France. How do you get inspired to paint them?
The inspiration for these small pebbles comes primarily from the name of the route. This little name on the topo which is taking our imagination, makes us dream, smile, pushes us to try the route or even sometimes that we don’t really understand… I am not a great designer but I’m convinced that a small drawing is often better than a long speech. By digging a little bit, we realize that behind many names of routes hides an anecdote, a dedication, a wit … By themselves, they retrace a whole part of the history of our activity, often linked to bolters. Putting them in images through pebbles is an opportunity to share them and make them last over time, but also to highlight a specificity of our activity: despite the (too) many debates on this subject, one route can’t be summed up not to a grade, and that’s also what makes the beauty of our sport. These little pebbles are a way of bringing a stone to our community.



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Mathieu Bouyoud libère Team Frisouille 9a+ – Mathieu Bouyoud frees Team Frisouille 9a+

19 septembre 2021 à 19:34

L’expérimenté falaisiste chambérien Mathieu Bouyoud (31 ans) vient de réaliser un chantier de longue date non loin de chez lui, à La Balme de Yenne en Savoie. Après environ 50/60 séances dans la voie réparties sur 8 années (!), Mathieu propose “Team Frisouille” 9a+. C’est le second 9a+ proposé par Mathieu ici, lui qui avait déjà libéré en 2015 “Deep spot“, toujours non-répété. “Team Frisouille fait 30 mètres de long et devient la voie la plus dure que Mathieu a réalisé selon ses dires, après pas moins de 28 réalisations dans le 9ème degré… Voici sa réaction !

“Enfin ! La voie qui m’aura demandé le plus de temps à la Balme est passée hier. Un soulagement de clipper enfin la chaîne de cette voie à doigts et ultra rési.
“Team Frisouille” c’est une grosse épine que j’avais dans le pied depuis très longtemps. Dixit l’ouvreur ! J’essaye cette voie depuis 2013 ! Le temps passe vite… Une routine s’est installée chaque année au mois de septembre lorsque les conditions sont bonnes. Essayer encore et encore.
Cette voie a été équipée par Cyrille Bouchard, c’est une sortie différente de la voie “Laisse tomber le délire” un gros 8c que j’ai équipé et qui attend toujours une répétition.
9a ou 9a+… Je donne un + cette fois ci. On verra bien si les jeunes l’apprécieront dans ce niveau. La place est libre !”

Photos: Amandine Lonchambon

Mathieu Bouyoud Team Frisouille

Experienced rockclimber from Chambéry, France, Mathieu Bouyoud (31 years old) just completed an old, long-standing project not far from his home, at La Balme de Yenne in Savoie. After about 50-60 sessions in the route spread over 8 years (!), Mathieu freed “Team Frisouille” 9a +. This is the second 9a+ proposition by Mathieu here, he already first ascended “Deep spot”, still unrepeated, in 2015. “Team Frisouille is 30 meters long and becomes, according to him, the hardest route he has completed, after no less than 28 routes in the 9th degree… Here is his reaction!

“Finally! The route that took me the most time at La Balme went down yesterday. A relief to finally clip the chain of this fingery and ultra resistant route.
“Team Frisouille” has been a big nemesis of mine for a very long time – trust the first ascender! I’ve been trying this route since 2013! Time flies … A routine has set in every year in September when conditions are good. Try again and again.
This route was bolted by Cyrille Bouchard, it is a different exit of “Laisse tomber le délire”, a hard 8c that I have bolted and is still waiting for a repeat.
9a or 9a +… I’m give it a + this time. We will see if the young generation will agree. All yours, people !”


Photos: Amandine Lonchambon

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Seconde ascension de Mandallaz Drive par Baptiste Dherbilly – Mandallaz Drive second ascent by Baptiste Dherbilly

16 septembre 2021 à 10:36

Le falaisiste Haut-Savoyard Baptiste Dherbilly aime bien s’attaquer aux voies extrêmes oubliées, depuis quelques temps il en a fait sa marque de fabrique. “Mandallaz Drive ” 9a à Allonzier la Caille (une dizaine de kilomètres au nord d’Annecy) fait partie de ces lignes. Libérée en 2004 par Fred Rouhling, la voie offre une escalade soutenue sur prises minuscules, et n’avait jamais été répétée. On rappelle que Baptiste avait déjà signé la première répétition d’une autre voie extrême ouverte par Fred Rouhling, “Salamandre”. Dorénavant, parmi les premières ascensions de Fred Rouhling, seule “Empreintes” attend encore une répétition, peut-être la prochaine cible de Baptiste !

Voici les mots de l’intéressé.

“Ce fut tellement riche et intense, 3 ans d’investissement et de préparation pour vivre un moment unique. “Drive “, tout est dans le nom. Le chemin ne fut pas de tout repos. Je suis passé par toutes les étapes d’un voyage : de la joie, de la découverte, de la colère, de la tristesse, des déceptions mais surtout de l’apprentissage. J’ai tracé ma route au fil des saisons, des journées et des essais, je me suis trompé de cap puis je me suis adapté. Enfin j’ai réglé la mire afin de gravir cette voie aux micro-prises exigeantes. C’est aussi une satisfaction personnelle d’avoir persévéré et de connaître le goût de la réussite, si rare et si précieux à la fois.

Concernant le descriptif de la voie c’est assez court, 15 mètres. En gros tu as 12 mouvements autour de 8b bloc avec deux monos, des micros réglettes, ensuite tu arrives à une inversée mais pas trop de pied donc tu peux simplement délayer un coup chaque main et ensuite tu fais quelque chose comme 8b+/8c voie. Le fait que ce soit besogneux est assez facile à comprendre quand tu as vu la voie ! C’est très difficile d’entrée, les 12 premiers mouvements sont les plus durs. Donc tu es pendu dans le baudrier à 2 mètres du sol à essayer de trouver des solutions ! Comme si tu faisais du bloc mais tu es encordé.

Étant vraiment passionné d’escalade je voulais toujours en faire plus, essayer encore et encore, c’est dans ce sens que je me suis trompé de cap. Tu le sais tout comme moi que lorsque tu es à un niveau supra max il faut une stratégie, que tout s’aligne pour avoir une chance de réussite. Au départ j’en faisait beaucoup trop, j’allais 3 fois par semaine dans la voie comme on pourrait faire avec n’importe quelle voie. Mais avec celle-ci cela ne marche pas étant donné sa spécificité. Donc au fil des saisons je me suis adapté, j’ai mis ma fougue et ma volonté de grimper toujours plus un peu de côté pour faire plus de qualitatif spécifique. J’ai fait des séances où je ne faisais que du bloc dans le bas ! Puis après des séances de rési dans le haut pour essayer d’enchaîner le plus de fois possibles.”

Photo de couverture : Mathieu Pisaniello

Mandallaz Drive first ascent

The rock climber from Haute-Savoie, France, Baptiste Dherbilly likes to tackle forgotten extreme routes, to the point that it has become a trademark of sorts. “Mandallaz Drive” 9a in Allonzier la Caille is one of these lines. Freed in 2004 by Fred Rouhling, the route offers sustained climbing on seemingly non -extant holds, and had never been repeated. Remember that Baptiste had already claimed the first repeat of another of Fred Rouhling’s extreme route, “Salamandre”. As of today, among the first ascents by Fred Rouhling, only “Empreintes” is still awaiting a repeat, perhaps Baptiste’s next target!

Here, Baptiste breaks down the route and the fight for us.

“It was so enriching and full-on, 3 years of investment and preparation to experience a unique moment. It’s really all in the name, ‘Drive’.
The road was not easy. I went through all the stages of a process: joy, discovery, anger, sadness, disappointment but most of all learning. I mapped out my course through the seasons, the days and the attempts, I took the wrong course then adapted. Finally I set my sights right in order to climb this route with demanding micro holds. It’s also a personal satisfaction to have kept going regardless and to have experienced a taste of success so rare and so precious at the same time.

As regards a description of the route, it’s a fairly short one, 15m. And to summarise, you start with 12 moves around 8B with two one-finger pockets and minute crimps, then you get to an undercling but the feet are rather poor so you can only shake out very quickly before having to tackle the rest, which is around 8b+/8c. Its difficulty is pretty self-explanatory once you’ve seen the route! It’s really tough right off the bat: the first 12 moves are the hardest. As a result you’re hanging from the rope 2 meters off the ground, trying to find solutions! As if you were bouldering but on a rope.

Being passionate about climbing, I always wanted to do more, try and try again, and that’s how I went at it the wrong way. You know as well as I do that when you try something at the utmost limit of your game, you need a strategy, that all the planets align and then maybe you can send. At first I was overdoing it, I was going on it three times a week like you can on any other route. But for this one it doesn’t work due to its specificity. So, as time went by I adapted, I put all my energy and desire to ascend it to the side to focus on a specific training where effort quality was paramount. I did sessions where I only worked the bottom crux! And then other sessions where I only trained power endurance in the top, in order to be able to send the top over and over.”

Photo de couverture : Mathieu Pisaniello

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Miho Nonaka réalise Mr Hyde 8c+ – Miho Nonaka climbs Mr Hyde 8c+

15 septembre 2021 à 19:53

Médaillée d’argent aux JO de Tokyo début août, la compétitrice japonaise Miho Nonaka a passé la suite de son été à Céüse auprès de son copain, le top grimpeur américain Sean Bailey. Miho a profité de son séjour pour prendre de l’expérience en milieu naturel, passant du niveau 7c+ à 8c+ en l’espace de quelques semaines, avec la réussite récente de “Mr Hyde” (8c+) !

Miho commente son séjour via son compte Instagram :
“Pendant longtemps, depuis que j’ai décidé de me concentrer sur les compétitions, je n’ai jamais pensé pouvoir trouver un projet en escalade sportive qui me passionne autant et que j’aurais l’opportunité d’essayer.
D’aussi loin que je me souvienne, 7c+ était la cotation la plus difficile que j’avais réalisé dehors. Donc je suppose que j’ai sauté un chiffre ! J’ai le sentiment du devoir accompli. Merci à Sean Bailey pour tout ce que tu m’as appris. J’ai appris un large éventail de choses de ce voyage ! “

A noter que les croix ne sont peut-être pas finies à Céüse, Sean Bailey étant tombé tout en haut de “Bibliographie” cette semaine. Peut-être une troisième ascension à venir très bientôt…

Photos : Ben Neilson

Photo: Ben Neilson

Olympic silver medalist in Tokyo this August, Japanese competitor Miho Nonaka spent the rest of her summer in Céüse with her boyfriend, the top American climber Sean Bailey. Miho took advantage of their stay to gain experience in a natural environment, going from 7c+ to 8c+ in the space of a few weeks, with the recent success of “Mr Hyde” (8c +)!

Here is what she said on her Instagram account:
For a long time since I decided to focus on competitions, I never thought that I would find a project in sport climbing that excites me so much and would actually get a chance to try.
As far as I can remember, 7c+ was the hardest grade I’ve done in outdoor sport climbing. So I guess I skipped a number grade? Huge accomplishment I feel like.
Thanks Sean Bailey for all that you taught me. I’ve learned a wide range of things from this trip.”


Note that the sends are perhaps not over in Céüse, Sean Bailey having fallen at the top of “Bibliography” this week. Perhaps a third ascent very soon…

Photos: Ben Neilson

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Video: Vintage Rock Tour Cimaï

2 septembre 2021 à 17:03

Embarquez dans les classiques à doigts et exigeantes en 8ème degré d’un des hauts lieux de l’escalade sportive des 80’s en France, le Cimaï grâce à la dernière video du Vintage Rock Tour de Seb Bouin ! Dans ce mur à couper au couteau comportant des voies sur rasoirs et adhérences précaires, s’est construit un pan de notre escalade libre il y a 3 décennies avec “Samizdat” premier 8a à vue par Antoine Le Menestrel (1987), “Sortilège” premier 8b féminin par Isabelle Patissier (1988), “Masse critique” premier 8b+ féminin par Lynn Hill (1990) ou encore des classiques comme la fissure d'”Orange mécanique” 8a ou l’aléatoire “Treblinka direct” 8b+. C’est aussi un moment de partage avec certains équipeurs locaux qui ont contribué à la renommée du site comme Denis Garnier ou Jean-Jacques Perrier.

Here is a nice vid about the demanding and fingery classics in the 8th grade of one of the most important places of 80’s sportclimbing in France, the Cimaï, thanks to Seb Bouin’s Vintage Rock Tour! In this perfect slighty overhanging wall on razors and precarious feet holds, a part of sport climbing was written there 3 decades ago with “Samizdat” first 8a onsight by Antoine Le Menestrel (1987), “Sortilège” first female 8b by Isabelle Patissier (1988), “Masse critique” first female 8b + by Lynn Hill (1990) or other classics like the aesthetic crack of “Orange mécanique” 8a or the impressive “Treblinka direct” 8b+. It is also a moment for Seb to share some experiences and memories with local legends like Denis Garnier or Jean-Jacques Perrier. Watch it below!

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Bibliographie : Ghisolfi décote – Bibliographie: Ghisolfi downgrades

27 août 2021 à 13:32

On s’en doutait un peu après un court été seulement à bosser la voie avant de clipper le relais, l’italien Stefano Ghisolfi a pris quelques heures de réflexion et rend son verdict concernant le niveau de “Bibliographie”. Il décote et suggère 9b+. Voici ses mots :

“Hier et la jour avant j’ai voulu me focaliser sur ma journée, l’escalade et les gens autour de l’histoire de “Bibliographie”. J’ai volontairement évité de parler cotation, mais il semblait inévitable d’aborder le sujet. J’ai passé une journée à trouver les mots justes. Quand j’ai commencé à bosser “Bibliographie”, je ne pouvais imaginer y arriver en une saison. Je regardais les videos d’Alex Megos dans la voie et la voie me semblait impossible, et je me disais que si cela lui avait pris 60 jours, je pensais revenir ici pendant des années… A la fin, j’ai réussi à me sentir bien dans la voie dès le début du processus, j’ai trouvé une nouvelle méthode dans le crux (en changeant de main comparé à Alex) et j’ai trouvé aussi une nouvelle méthode dans le second crux. Je l’ai grimpé en 25 jours de grimpe répartis sur 3 mois, et j’ai comparé l’effort à “Change” ou “Perfecto Mundo” en changeant d’avis tous les 2 jours. “Change” m’a pris autant de temps et “Perfecto Mundo” encore un peu plus, mais je pense que ces 3 routes pourraient valoir le même niveau. Je sais que je peux grimper un 9c, mais une voie de ce niveau doit être significativement plus dure que les 9b+ existant, et pour moi “Bibliographie” ne l’est pas. Cela ne veut pas dire que je veux discréditer la performance de quiconque en particulier celle d’Alex, cela reste un incroyable exploit, notamment la première ascension qui requiert d’avantage de facultés mentales et physiques) but je voudrai rester honnête sur ce que j’ai ressenti pendant le processus complet dans “Bibliographie”. et ce n’est juste que mon opinion, j’espère que nous en écouteront d’autres bientôt. J’aurai aimé être la 3ème personne à gravir du 9c mais au fond de mon coeur, je sais que je ne le suis pas encore.”

Photo de couverture : Enrico Veronese

Photo : Adri Martinez

We suspected a little after a short summer only to work the route before clipping the anchor, the Italian Stefano Ghisolfi took a few hours of reflection and delivered his verdict concerning the grade of “Bibliographie”. He downgrades and suggests 9b+. Here are his words:

“Yesterday and the day before I wanted to focus more on my journey, the climb and the people around the story of Bibliographie, I avoided on purpose talking about grades, but seems inevitable to do so. I took a day to think about it to find the right words. When I started trying Bibliographie I couldn’t imagine I could climb it in one season, watching Alexander Megos video the route seemed impossible and if it took him 60 days, I start projecting it thinking to come back over the years. In the end, I felt good on it from the beginning, found new beta for the crux (switching left and right hand compare to Alex), and new beta for the second crux. I climbed it in a total of 25 climbing days during this 3 months, and I tried to compared it to “Change” and “Perfecto Mundo”, changing my mind every other day. “Change” took me around the same time and Perfecto Mundo a bit more, but I feel all the 3 routes could fit all in the same grade range. I know I can climb a 9c, but for a route to be that grade it needs to be much harder than the existing 9b+s, and Bibliographie for me isn’t. This doesn’t mean I want to belittle the performance of anyone, neither Alex’s or mine, it is still an incredible achievement (especially the first ascent that includes many more hard mental and physical aspects) but I just wanted to be honest about what I felt during the whole process on Bibliographie, and this is just my opinion, hopefully we will listen other soon. I would have been happy to be the third person to have climbed 9c, but I’m my heart I know I’m not (yet)”

Cover pic: Enrico Veronese

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Video: Verdon the show must go on

25 août 2021 à 12:54

“Verdon the show must go on” : voici un documentaire sur l’escalade dans les célèbres gorges du Sud-Est de la France ! De Bernard Vaucher à Catherine Destivelle, de Bernard Gorgeon à Lionel Catsoyannis en passant par Enzo Oddo, revivez l’évolution de l’escalade au Verdon à travers des témoignages et des anecdotes de grimpeurs issus de différentes générations. Un bien beau court métrage de 20 minutes qui met en valeur cette Mecque de la grimpe en France. Bon visionnage !

“Verdon The show must go on”, a movie about the evolution of a climbing mecca in the words of climbers from different generations (from Bernard Vaucher, Bernard Gorgeon and Catherine Destivelle to Lionel Catsoyannis and Enzo oddo). History, anecdotes and emotions from the beginning in the ‘60s up to modern times, with a look at the future. Can you define yourself as a climber without visiting Verdon? Sit back and Enjoy!

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Bibliographie 9c en poche pour Stefano Ghisolfi ! – Bibliographie 9c by Stefano Ghisolfi

24 août 2021 à 20:01

Après plusieurs mois de travail et pour son dernier jour sur place (!), voici une bien jolie croix de plus au compteur de Stefano Ghisolfi qui s’offre pour cet fin d’été la belle ligne de “Bibliographie” (9c) sur la mythique falaise de Ceüse, équipée par Ethan Pringle en 2009, et libérée l’année dernière par Alex Megos (lui aussi lors de son dernier jour de trip…) !

“Bibliographie” est, pour rappel, la seconde proposition en 9c au monde, après “Silence” à Flatanger (Norvège).

Si Stefano Ghisolfi confirme la cotation, il s’agira du premier 9c à être répété…. Le grimpeur italien avait déjà à son palmarès de voies extrêmes deux 9b+, “Perfecto mundo” à Margalef (Catalogne) et “Change” à Flatanger (Norvège) . Stefano franchit donc ici un nouveau pallier. Affaire à suivre !

Stefano Ghisolfi serre les dents dans “Bibliographie” / Crédit photo Adri Martinez


On his last day in the magical cliff in Ceüse, Stefano Ghisolfi just sent “Bibliographie” (9c), a king line bolted by Ethan Pringle in 2009, and freed by Alex Megos last year (on his last day in Ceüse too) !

As a reminder, “Bibliographie” is the second 9c route suggestion in the world, after “Silence” in Flatanger (Norway).

If Stefano confirms the grade, it would be the first 9c ever repeated… The italian machine has ever completed 2 9b+ before, “Change” in Flatanger cave and “Perfecto Mundo” in Margalef (Catalunya). This ascent is a new rockclimbing highlight for him. More informations soon !

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Martina Demmel empoche San Ku Kai 8c+ – Martina Demmel climbs San Ku Kai 8c+

19 août 2021 à 10:44

Martina Demmel fait partie des grimpeuses actuellement les plus prolifiques en matière d’escalade sportive en falaise. Après un hiver en Espagne avec un grand nombre de coches dont “Joe-cita”, son premier 9a à Oliana, Martina vient de réaliser “San Ku Kai” 8c+ à Entraygues (Briançonnais). Il s’agit de la seconde féminine de la voie après Anak Verhoeven en 2017.

“Cet endroit a toujours été spécial pour moi, principalement à cause du paysage magnifique qui l’entoure, de la rivière à proximité, mais aussi du toit ombragé en gneiss, ce qui me rendait encore plus heureuse d’y revenir chaque été ! J’ai spontanément décidé de donner quelques essais à cette kingline après la coupe du monde avec Yannick Flohe, mais comme il manquait encore un mouvement difficile avec un talon, je l’ai laissée de côté comme futur projet pour les prochaines semaines… Étonnamment, j’ai fait le mouvement manquant lors de mon essai suivant début août, directement en venant du sol avec un juste un court stop par la suite ! À partir de là, j’ai réalisé que cela pouvait vraiment être possible mais je me suis trompée car j’en attendais trop et je n’ai plus jamais atteint l’inversée sur les sessions suivantes… Heureusement j’ai trouvé une méthode beaucoup plus sûre en sautant même 2 mouvements pour atteindre la hauteur de mon meilleur essai à nouveau, mais tombant toujours un peu au-dessus. J’ai alors cherché des petits détails utiles, je me suis visualisée en train de réaliser les derniers mouvements pour ne pas devenir trop nerveuse pendant l’enchainement… Disons que je suis devenue vraiment nerveuse, j’avais peur de faire une erreur mais des conditions venteuses parfaites m’ont permis de clipper la chaîne de mon plus long projet jusqu’à présent lundi dernier (presque seulement mentalement car il y a uniquement 20 mouvements de résistance avec un risque élevé de faire des erreurs, en particulier en mettant les talons sur 75% des mouvements) !
La réalisation de ce bijou permet enfin de comprendre un peu le monde de la projection et ce que cela signifie de devenir fou obsédé par le fait que vos pensées ne font que tourner en rond autour d’un morceau de caillou !”

Photos : Malik Schirawski

Martina Demmel is one of the most prolific climbers in the rock climbing community. After a winter in Spain with a large number of ticks including “Joe-cita”, her first 9a in Oliana, Martina has just completed “San Ku Kai” 8c + in Entraygues (Briançonnais). This is the second female on the route after Anak Verhoeven in 2017.

“This place always had been special for me mostly because of the stunning landscape around, the river nearby but also the shady ‘Gneiss’ roof for sure what made me even happier to come back there every summer! Spontaneously decided to give this kingline a few tries after the Worldcup with Yannick Flohe but as a tricky heelhook-move was still missing I left it beside as a future project for the next weeks…surprisingly did the missing move during the next attempt at the beginning of August directly while coming from the ground by only having a short hang afterwards! From then on, I realised that it really could be possible but this was the fault as I expected too much and never reached the undercling again the next sessions… luckily I found a much safer beta by even skipping 2 moves to reach the old highpoint again but still falling above, searching for more little helpful details, always visualising myself sticking the last moves to not get too nervous during the send. Let’s say, I got fricking nervous, scared to make a mistake but perfect windy conditions let me clipp the chains of my longest project so far last Monday (almost only mentally as there are 20 resistency moves with a high risk of doing mistakes especially while putting the heels on 75% of the moves)!
This gem finally let me understand the world of projecting a bit and what it means to get crazy obsessed that your thoughts are only turning circles around a piece of rock!


Photos : Malik Schirawski

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Video: Stefano Ghisolfi, Bibliographie part 3

12 août 2021 à 12:49

Chapitre 3 des vidéos séries consacrées au travail de “Bibliographie“, seconde proposition en 9c au Monde par le top grimpeur italien Stefano Ghisolfi. “J’ai fait des progrès mais cette fois j’ai eu fort à faire avec des températures élevées.”

Chapter 3 of the video series dedicated to the work of “Bibliographie”, Céüse, second 9c of the World by Italian top climber Stefano Ghisolfi. “Making some progression, but this time I had to deal with hot temperatures.”

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Nouveauté topo : Verdon Inté Graal

24 juillet 2021 à 16:10

“Verdon Inté Graal” : voici la dernière production de Bruno Clément alias Graou, célèbre grimpeur et équipeur habitant dans le Verdon. Ce livre propose un recueil de l’intégralité des voies d’escalade du Verdon, fruit de l’expérience d’un des plus actifs et passionnés grimpeurs locaux ! Ce topo est assurément un futur must concernant l’escalade dans les mythiques gorges du Sud de la France ! Cet ouvrage qui vient tout juste de sortir recense pas moins de 215 secteurs d’escalade dans tout le canyon. Rive gauche et rive droite, de Moustiers à Aiguines, couennes, grandes-voies, des ultra-classiques aux nouveautés, retrouvez chaque itinéraire d’escalade des gorges dans un seul et même livre ! Une Bible de 500 pages incontournable pour tous les aficionados des lieux !

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Verdon Intégraal

“Verdon Inté Graal”: Bruno Clément, aka Graou, famous climber and bolter in the Verdon gorges, releases a climbing guidebook about the mythical gorge! Just out, this book is a complete listing of no less than 215 climbing sectors in the canyon! Left bank and right bank, from Moustiers to Aiguines, single pitch and multi-pitch routes, from ultra-classics to new additions, any and all climbing routes in one and the same book! An essential 500-page bible for all the fans of the gorge!
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Belles réalisations dans le Briançonnais – Nice ticks in Briançonnais valley

19 juillet 2021 à 14:06

*** Retour aux affaires pour Anak Verhoeven :
Un an jour pour jour après s’être blessée au doigt à la Ramirole, la belge Anak Verhoeven est de retour dans l’extrême avec une nouvelle voie en 9ème degré, “La prophétie des grenouilles”, 9a au Fournel. C’est la seconde ascension féminine de cette voie très bloc en toit, après Laura Rogora l’été dernier, ainsi que la 11ème voie en 9ème degré d’Anak, qui a décidé il y a quelques semaines de mettre un terme à sa carrière de compétitrice pour se consacrer uniquement au milieu naturel. Plus d’infos sur son compte Instagram

*** Premier 9a+ pour Tanguy Mérard :
A Entraygues le jeune grimpeur gardois (17 ans) réussit la 5ème ascension du très bloc “La Moustache qui fâche”. C’est le premier 9a+ de Tanguy. La falaise lui correspond bien car il avait déjà réalisé l’an dernier “Condé de choc” 9a et “Deltaplane man direct” 8c+. Ci-dessous la réaction de l’intéressé !
“J’ai commencé à bosser “La moustache” cet automne après ma réalisation de “Condé de choc”. J’ai essayé 6 séances avec Yannis Gautier et Diego Fourbet, j’étais assez proche mais Yannis a cassé une partie de la prise clé dans le crux, ce qui me posait des problèmes. En début d’été, je me suis ré-attelé à “Biographie” mais j’ai dû faire une pause de 3 semaines en raison d’un mal au dos. Je suis ensuite retourné dans “La moustache” et la forme est revenue progressivement, à la 3ème séance je suis retombé au dernier mouvement dur. La 4ème séance a été la bonne ce dimanche, après une semaine de travail (actuellement saisonnier au bar d’Ailefroide avec uniquement le dimanche de libre). Au premier run de la journée, c’est passé !”

Photo : TLC Prod

Tanguy l’an dernier dans “Condé de choc” 9a – Photo : TLC Prod

*** Anak Verhoeven back in business:
One year exactly after injuring her finger at La Ramirole (Verdon), Belgian climber Anak Verhoeven is back in the hardcore climbing game with a new 9th degree route under her belt, “La prophétie des grenouilles” 9a at Fournel. This is the second female ascent of this very bouldery roof after Laura Rogora last summer. It’s Anak’s 11th route in 9th grade, who decided a few weeks ago to stop her competition career to devote herself to the rock.
More info on her Instagram account

*** First 9a+ by Tanguy Mérard:
The young French rockclimber Tanguy Mérard (17 years old) just did the 5th repeat of the bouldery testpiece “La Moustache qui fâche” 9a+ in Entraygues. It’s Tanguy’s first 9a+. The crag suits him well as he previously repeated “Condé de choc” 9a and “Deltaplane man direct” 8c+ in the same place. Here is his comment.


“I started to work “La moustache” last Fall after my send of “Condé de choc”. I worked it over 6 sessions with Yannis Gautier and Diego Fourbet; I was close but Yannis broke the key hold in the crux section. It caused me problems. In the beginning of this summer, I tried again my super-project “Biographie” but needed a 3-week break due to a back injury. After that I returned on “La moustache” and felt stronger and stronger. On my 3rd session I fell at the last move. One week later, after a week’s rest (I’m currently working as a barman in Ailefroide) the next Sunday was the right one. On my first go of the day, I climbed the route.”

Photo : TLC Prod

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