Alors que le Championnat de France de difficulté 2022 débute demain à Laval, nous sommes allés à la rencontre de Nolwenn Arc, l’une des prétendantes sérieuses à la couronne.
Le titre ? Nolwenn l’a déjà remporté, en 2017, alors qu’elle n’avait que 17 ans. « Je crois que je n’ai jamais autant pleuré en montant sur un podium que lors de cette victoire », nous avoue-t-elle. Cinq ans plus tard, et après deux années passées sans Championnat de France pour cause de pandémie, la jeune grimpeuse originaire de Cholet est prête à aller récupérer ce trophée.
À 24 heures du lancement de la compétition française la plus prestigieuse, rencontre avec Nolwenn Arc, stressée mais impatiente de revivre cet événement qui lui a tant manqué.
Salut Nolwenn ! Tout d’abord, comment te sens-tu à quelques jours seulement du Championnat de France 2022 ?
Sincèrement ? Stressée, c’est certain. Nous n’avons pas eu de Championnat de France depuis 2019, et j’attends et me prépare pour cette compétition depuis plusieurs mois. Elle fait partie de mes objectifs de cette saison, même si les Coupes du Monde restent prioritaires évidemment !
Mais j’ai surtout hâte… Je fais confiance à l’organisation de la Mayenne pour nous faire vivre un évènement incroyable, et je rêve de vibrer de nouveau sur ce mur ! On se prépare toute l’année pour quelques jours seulement, mais c’est justement tout ce parcours, avec cet accomplissement au bout, qui est si beau !
Je ne peux promettre de résultats, mais je me sens prête. J’ai tout mis en place, je me suis énormément entraînée. Et surtout, j’ai envie de jouer, de me faire plaisir, de grimper libérée ! Et ça, ce n’est que de mon ressort !
Tu as remporté le classement général des Coupes de France, en montant sur tous les podiums de la saison et en terminant par une belle médaille d’or à Troyes. Peux-tu revenir sur ces quelques compétitions que tu as faites ?
Venir un maximum sur les Coupes de France est important pour moi. Elles me permettent de me mettre en condition de compétition, avec toute sa gestion. Mais au-delà de ça, j’aime venir jouer sur ces évènements qui permettent de découvrir de nouveaux murs, avec des belles ouvertures, variées, ainsi que d’explorer de nouvelles villes, de partager des moments avec les autres grimpeurs, bénévoles, spectateurs… ! D’ailleurs, je tenais à remercier les organisateurs et les ouvreurs sur ces Coupes, qui ont eu à coeur de nous faire de belles compétitions, avec des voies exigeantes. Venir sur ces compétitions était donc une part importante dans ma préparation.
Les compétitions préparatoires se sont très bien déroulées pour Nolwenn Arc, qui termine première du classement des Coupes de France © Guillaume Bouju
Ces résultats te mettent-ils en confiance avant ce week-end ?
Je suis parfaitement consciente que tout le monde ne participe pas aux Coupes de France, et que le niveau ne sera pas le même sur le Championnat de France, puis bien sûr, à l’international ! Sur chaque Coupe, j’ai pu constater de petits axes d’amélioration à peaufiner, et c’est ça que je recherchais. Je suis une bosseuse, une perfectionniste. J’ai donc essayé de mettre des choses en place pour régler ces points !
Parallèlement, j’ai vu aussi des points positifs évidemment, et ces résultats me montrent que je suis capable. Et oui, ça met en confiance.
Ce dont je rêve, c’est de parvenir à grimper avec 100 % de mes capacités, de pouvoir tout donner, et sans regret. Je suis une passionnée ! Que la meilleure gagne ! »
Tu as un bon souvenir de Laval, puisque c’est là-bas, lors de ta dernière compétition internationale en date, que tu remportais la médaille de bronze sur la Coupe d’Europe de difficulté en octobre 2021. Qu’est-ce que ça te fait de retourner sur ce mur ?
Le mur de Laval est vraiment très beau, et j’ai vécu une compétition riche en émotions. Surtout en demi-finale, où j’ai réussi à totalement libérer mon escalade, en étant complètement dans l’instant présent, lucide dans ma grimpe, mais déconnectée du monde extérieur. C’est cette sensation que je cherche en difficulté, ce moment où j’ai les antennes dans tous les sens, où je me sens libre, en train de danser avec la voie. Des souvenirs comme ça, on en a peu. Donc oui, retourner sur ce mur me fait rêver, et j’attends ce moment !
Il y a quelques mois, Nolwenn Arc montait sur le podium de la Coupe d’Europe de difficulté organisée à Laval © Guillaume Bouju
Tu as déjà été sacrée championne de France en 2017. Que représenterait un nouveau titre de Championne de France de difficulté ?
Je crois que je n’ai jamais autant pleuré en montant sur un podium que lors de cette victoire à 17 ans. C’était une compétition extraordinaire, c’était inattendu, c’était si beau. Être championne de France à nouveau, j’en rêve. C’est un titre, un très beau titre, et un honneur !
Ce dont je rêve, c’est de parvenir à grimper avec 100 % de mes capacités, de pouvoir tout donner, et sans regret. Je suis une passionnée ! Que la meilleure gagne !
J’ai peur, je suis stressée, c’est un fait. Pourquoi ? Parce que ça me tient à coeur tout simplement ! »
Comment se sont déroulés tes entraînements ces derniers temps ? Te sens-tu bien en forme ?
Cette année, je me suis vraiment beaucoup entraînée. J’ai mis en place de nouvelles choses, afin de diversifier ma pratique et résoudre mes problématiques, notamment avec le parkour grâce à Thomas Dudoué, que je remercie grandement, car c’est un coach en or ! J’ai également fait un peu de préparation mentale. Et ce évidemment, en plus de ma pratique quotidienne, qui alterne sur différentes salles avec comme QG principaux Vertical’Art Nantes, Innsbruck chez mon frère… et mon garage !
Dernièrement, je suis montée sur Paris pour un gros week-end d’entraînements dans différentes salles, et ce, entre amis, dont Guillaume Bouju, photographe professionnel et ami de longue date… La forme est là, je me sens prête. Après ce seront les voies, mes décisions au moment T, mon état de forme et d’esprit sur chaque tour qui feront la différence !
Nolwenn Arc s’est entraînée de longs mois pour arriver en forme ce week-end © Guillaume Bouju
Justement, dans quel état d’esprit vas-tu aborder ce Championnat de France ?
Plaisir… et bataille ! Je rêve de vibrer, de vivre un moment riche en émotions, d’avoir des étoiles plein les yeux.
J’aime grimper, j’aime les compétitions, même si la pression est fortement présente. Je suis super motivée, j’ai envie, j’ai les crocs. Je suis prête à me battre. Prise après prise.
Un jour, on m’a dit : « à chacun son parcours pour son propre sommet ». Je ne sais pas jusqu’où j’irai, je ne me fixe ni limites, ni objectifs. »
Tu disais avoir une pression « surdimensionnée » lors du dernier sélectif équipe de France à Voiron. Mentalement, as-tu mis des choses en place pour gérer cette pression en compétition ?
Je suis de nature stressée, mais ce stress est aussi un grand moteur ! Je ne cherche pas à le canaliser ou à le gérer. Je l’accepte. J’ai peur, je suis stressée, c’est un fait. Pourquoi ? Parce que ça me tient à coeur tout simplement ! J’ai envie de bien faire, pour moi, mais aussi pour tous les gens qui me soutiennent. Je sais qu’ils ne seraient pas déçus de moi, mais j’ai envie de les faire rêver avec moi. Ils m’aident à aller au bout de mes projets, de mes rêves. Et du fond du coeur, je leur dis merci. Alors je vais jouer aussi avec ce stress !
Le fait de venir sur les Coupes de France me permet justement d’apprendre à le gérer, à le transformer en quelque chose de positif. Venez un moment en isolement/transit avec moi, vous verrez, je suis inarrêtable en paroles ! Extérioriser me fait du bien.
Gérer le stress fait partie du quotidien des sportifs de haut niveau © Guillaume Bouju
Quels sont tes objectifs cette saison ?
Cette saison, j’ai plusieurs objectifs. Le plus important est d’intégrer une finale en Coupe du Monde, puis d’aller y jouer ! Évidemment, j’aimerais également en faire une aux Championnats d’Europe ! Le Championnat de France en est également un. Il me tient d’autant plus à coeur qu’il offre une sélection pour les Coupes du Monde d’Innsbruck et de Villars. Mon grand frère habitant à Innsbruck, cette sélection m’importe beaucoup. Je vais régulièrement chez lui m’entraîner, nous avons partagé des moments forts ensemble, et je ne dirais pas non d’en vivre un à nouveau ! Chaque Coupe du Monde est une incroyable nouvelle aventure ! Et ça vaut le coup de s’investir pleinement pour ça. Je ne suis pas prête à arrêter de me battre pour ! Vous pouvez encore compter sur moi un moment… !
Un jour, on m’a dit : « à chacun son parcours pour son propre sommet ». Je ne sais pas jusqu’où j’irai, je ne me fixe ni limites, ni objectifs. Je suis passionnée, je sais ce que je veux, et je me battrai pour. Allons voir où la route me mènera !
Les Jeux Olympiques sont dans le viseur de Nolwenn Arc © Guillaume Bouju
Et à plus long terme, les J.O. de Paris 2024 sont-ils dans ta ligne de mire ?
Paris 2024 ? Los Angeles 2028 ? J’aime le bloc, j’aime la difficulté, j’aime grimper. Alors pourquoi pas ? Je suis bien allée à aux Jeux Olympiques de la jeunesse à Buenos Aires en faisant 18 secondes en vitesse !
Je m’entraîne beaucoup en bloc, j’adore ça. J’ai le parkour pour progresser en dynamique, j’ai des amis et une famille au top pour me soutenir, dont mon frère Kevin Arc, ouvreur et coach à Vertical’Art Nantes. J’ai une situation stable qui me permet de tout concilier, et je fais partie d’équipes au top, notamment Michelin, Vertical’Art et Gautier Supper avec Supperclimbing. Alors en avant !
Le mot de la fin ?
Je suis une passionnée, de la grimpe, de la course à pied, de l’entraînement… mais aussi de mes boulots, au sein de la diététique et d’un collège où je fais du soutien scolaire. C’est important pour moi de m’investir à 100% au sein de chaque domaine qui me tient à coeur. Alors j’ai juste envie de me faire plaisir, de profiter de chaque instant, et de me battre jusqu’au bout.
Et un grand merci, à tous mes amis, ma famille, mes équipes : Michelin, Vertical’art, Supperclimbing, tous ceux qui me suivent et soutiennent… Vous êtes au top !