La troisième Coupe du Monde de difficulté de la saison s’est achevée mardi soir à Chamonix. Alors que la pluie n’a cessé de tomber au fil de la journée, une accalmie a laissé place aux finales. Huit femmes et huit hommes se sont donc affrontés dans des voies particulièrement exigeantes, notamment chez les hommes.
Voici le résumé complet de ces finales, qui ont réservé leur lot de surprises.
Une finale féminine pleine de suspense !
Les finales de cette Coupe du Monde de Chamonix ont commencé par les femmes. Après une demi-finale trop facile, où neuf grimpeuses atteignaient le top, les ouvreurs avaient largement corsé la voie de finale féminine.
Ashima Shiraishi était la première grimpeuse à affronter cette voie. L’américaine, qui n’avait plus participé à de compétitions depuis 2019, progresse bien dans le bas de la voie, et ne rencontre aucune difficulté jusqu’à ce qu’elle atteigne le crux central. Elle chute quelques mouvements plus loin, fatiguée par cette longue voie résistante. Rappelons que le mur de Chamonix est connu pour sa longueur, et son profil très déversant.
La japonaise de 17 ans Natsuki Tanii, qui avait fait un carton en 2019 en rentrant en finale de tous les Coupes du Monde auxquelles elle participait, était la deuxième grimpeuse à faire face à la voie. Au terme d’une belle grimpe, elle parviendra à établir une nouvelle marque en grimpant trois mouvements au-dessus d’Ashima.
La finale a ensuite pris une autre tournure avec l’arrivée de Laura Rogora. La jeune italienne faisait partie des grandes favorites à la victoire sur cette compétition. Très vite, elle comprend qu’il va falloir mettre du rythme dans cette finale, et s’élance dans la voie avec rapidité. Elle dépasse le crux et atteint la sortie du toit. Une dégaine à cette hauteur aurait pu la déstabiliser, mais Laura se place intelligemment pour pouvoir la clipper efficacement. Mouvement après mouvement, l’italienne progresse, jusqu’à réussir à atteindre le top, pour le plus grand bonheur des spectateurs.
Il s’agit de la deuxième voie de finale que Laura Rogora enchaîne cette saison. En effet, quelques jours plus tôt à Villars, elle parvenait également à toper le tracé de finale, mais terminait seulement deuxième de la compétition, après que Janja Garnbret ait enchaîné la voie à son tour.
Comme Rogora s’était qualifiée en sixième position pour les finales, plusieurs grimpeuses devaient encore passer après elle. Beaucoup se demandaient alors si son top serait égalé, après une demi-finale qui avait vu tant d’athlètes arriver au sommet.
Toutefois, il semblait qu’atteindre le relais de cette voie de finale n’était pas une tâche facile. Laura avait grimpé avec beaucoup de précision et de fluidité, et n’avait atteint le sommet qu’à 40 secondes de la fin. Les finalistes suivantes devaient donc grimper encore plus vite qu’elle si elles voulaient gagner.
Mais les compétitrices qui suivront grimperont bien, sans parvenir à franchir le dernier pas de bloc. La slovène Vita Lukan et la bulgare Aleksandra Totkova sont chacune montées haut dans la voie, prenant respectivement la quatrième et la troisième place. Aleksandra Totkova monte ainsi sur son premier podium en Coupe du Monde. Seule grimpeuse de son pays à avoir fait le déplacement à Chamonix, la bulgare est en constante progression depuis le début de la saison: après une 18ème place à Innsbruck (sa première Coupe du Monde), elle prenait la 6ème place à Villars, avant de terminer 3ème à Chamonix mardi soir.
Julia Chanourdie, seule grimpeuse française présente en finale, ne parvient pas à dompter cette voie. Après un bon début, elle commet une erreur au même endroit qu’Ashima Shiraishi, et prendra la 6ème place des finales.
Nous attendions avec impatience l’arrivée de Natalia Grossman, dernière finaliste à s’élancer dans la voie. L’américaine, qui ne cesse de nous épater depuis le début de la saison, avale les premiers mouvements de la voie avec une facilité déconcertante. Mais bien qu’elle semblait avoir la force nécessaire pour atteindre le sommet, le clippage de la dernière dégaine s’est avéré délicat pour elle. Alors que Laura Rogora l’avait bien anticipé, Natalia Grossman a semblé ne pas avoir confiance en sa position de clippage. Elle décidera alors de redescendre un peu et mettra près de 30 secondes à clipper cette dernière dégaine. Ce passage lui aura coûté cher physiquement. Car bien qu’elle réussisse encore à avancer quelques mouvements plus loin, ses coudes se lèvent et elle ne parviendra pas à réaliser les deux derniers mouvements de la voie. Elle terminera tout de même sur la deuxième marche du podium, après avoir décroché le bronze à Villars.
La voie de finale la plus physique jamais tracée chez les hommes ?
La voie de finale masculine était dure, très dure ! Dès les premiers mouvements, le ton était donné: il allait falloir se battre très fort pour réussir à progresser dans ce tracé. Peu de gens auraient pensé que tous les grimpeurs tomberaient si bas dans cette voie… Il faut dire que jamais une voie n’avait semblé aussi dure physiquement en finale d’une Coupe du Monde.
L’italien Marcello Bombardi a ouvert le bal. En le voyant évoluer, nous avions l’impression que chaque mouvement de cette voie était un mouvement de bloc. Chutant relativement tôt, il semblait déçu de sa performance. Pourtant, ses efforts lui vaudront tout de même la sixième place.
Victor Baudrand était le prochain à s’élancer. En tant que premier grimpeur canadien à atteindre une finale de Coupe du Monde de difficulté depuis Sean McColl, son pays ressentait déjà une grande fierté à l’égard de ce jeune athlète de 18 ans. Malheureusement, lui aussi subira l’extrême intensité de la voie et chutera deux mouvements après l’italien.
Martin Stranik suivait Baudrand. Avec l’absence d’Adam Ondra sur cette compétition, le tchèque était le seul espoir de médaille pour son pays. Il parvient à tenir l’inversée qui avait fait chuter le canadien, avant de continuer encore trois mouvements plus loin, puis d’être rattrapé à son tour par la gravité, sans réussir lui non plus à dépasser la moitié de la voie. Il prend tout de même la troisième place de cette Coupe du Monde.
C’était ensuite au tour de Sean Bailey de monter sur scène. Après sa médaille d’or à Villars il y a deux semaines, l’américain était devenu l’un des favoris pour la victoire à Chamonix. Et son expérience en bloc allait considérablement l’aider dans cette voie de finale si physique. Sean parvient à négocier efficacement les premiers mouvements et profite d’un coincement de genou astucieux pour réussir à devancer Martin Stranik de deux mouvements. Il tombe, l’air déçu. Après tout, il n’était monté que la moitié du mur. Mais à ce moment là, il ne savait pas encore qu’il allait remporter la deuxième Coupe du Monde de difficulté de sa carrière.
Comme Sean Bailey s’était qualifié pour les finales qu’en cinquième position, il restait la possibilité pour d’autres grimpeurs de dépasser son point culminant.
Notre français Paul Jenft, qui participait à sa deuxième finale consécutive, avait à coeur de donner le maximum dans cette voie. Malheureusement, alors qu’il avait plutôt bien négocié le début du tracé, il zippe du pied et n’aura donc pas la chance d’aller affronter les grosses difficultés de la voie. Il termine 8ème de ces finales.
Deux autres grimpeurs pouvaient encore tenter de nous faire découvrir la fin de la voie: l’italien Stefano Ghisolfi, connu pour être l’un des meilleurs grimpeurs du monde et le suisse Sascha Lehmann, à la puissance redoutable, capable de se surpasser en finale. Mais aucun de ces deux finalistes ne parviendra à dépasser la verticale limite établie par Sean Bailey. Stefano Ghisolfi prend finalement la deuxième place, chutant au même endroit que le tchèque Martin Stranik. Quant à Sascha Lehmann, il terminera au pied du podium, laissant Sean Bailey remporter sa deuxième médaille d’or consécutive.
Prochain rendez-vous international dans deux jours, à Briançon, pour une nouvelle manche de Coupe du Monde de difficulté.
Les résultats complets
Femmes
Hommes