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Gorges du Tarn : dolomie et nature – Gorges du Tarn: dolomite and nature

3 septembre 2021 à 16:52

Nichés dans les contreforts des Cévennes, les méandres du Tarn offrent une escalade dans des murs sculptés magnifiques. Un must indémodable !

Descriptif général : Une base de l’escalade sportive en France, et un must concernant l’escalade sur trous en Europe, à l’instar du Franken ou de Margalef ! Les gorges du Tarn et sa célèbre dolomie, calcaire ocre à feuillets truffés de trous évasés, proposent une escalade très ludique pour tous les niveaux et toutes les orientations avec des marches d’approche dérisoires dans un cadre grandiose ! Des grandes envolées de conti (voire des voies abus de De Que fas Aqui) aux voies très courtes de Güllich, vous trouverez votre bonheur quel que soit votre style de prédilection, à condition d’aimer la grimpe sur trous !

Saisons : On peut grimper à peu près toute l’année dans les gorges au jeu des orientations. L’hiver est généralement très venté et froid, donc préférez les périodes de mars à novembre. On peut y grimper en été en alliant baignade et farniente mais attention à la peau des doigts les journées chaudes et à l’affluence touristiques dans les gorges (flâneurs, canoës, baigneurs, …). Les meilleurs saisons sont résolument les inter saisons à condition de bénéficier de bonnes fenêtres météo, typiquement en automne autour de la Toussaint ou à Pâques puis en mai-juin.

secteur Tennessee – Photo: Mélanie Cannac

Meilleurs secteurs :

  • Tennessee reste un must avec ses grandes envolées dans ce mur impressionnant truffé de prises
  • L’Oasif pour le côté original de sa configuration en forme de combe avec cette mare à son pied, et ses voies déversantes ludiques.
  • Noir désir, beau secteur suspendu pour les 6èmes et 7èmes degrés avec des voies plus techniques mais fort intéressantes.
  • Le Navire, secteur très sympa proposant de belles envolées déversantes dans le 7ème degré
  • Planète Causse, une marche d’approche dérisoire, et un mur assez condensé dans l’escalade en 7ème degré avec de l’escalade typique des lieux.

Voies recommandées :

6a – “Jeux de plage ” au Trésor du zèbre, “En piste les ninis” à De Que Fas Aqui
6b – “Mets de l’huile” au Moulin à huile
6c – “Tarn is business” au Trésor du zèbre, “Souvenir de Bleau” à Tennessee
7a – “Trésor du zèbre” au Trésor du zèbre, “Butinage aliénique” à l’Oasif
7a+ – “Motoneuronnes” à Cancer, “Planète Causse”au secteur du même nom, “L’équipeur désagrégé” au Navire, “Calmez-vous” au secteur du même nom, “La veuve noire” à l’ampithéâtre
7b – “Mon dide” à Planète Causse, “El diablo perverso” au Navire, “Les couilles au cul” à Figues au cul ; “Noir désir” au secteur du même nom, “Mosaïk Man” à l’amphithéâtre
7b+ – « La poule aux œufs d’or » au Navire, « Putain de papiers » à l’Oasif,
7c – “Salvador dali” à l’amphithéâtre, ” Théorème de Thalès” au Trésor du zèbre, “La bohème” à l’amphithéâtre
7c+ – “Pyromania” à Tennessee, “La banda del roulos” à l’Oasif
8a – “Les ailes du désir” à Tennessee, “Hoy me voy” à Planète Causse
8a+ – “Les bons coups sont éternels” à l’amphithéâtre, “Le plaisir qui démonte” à Tennessee
8b – “Tennessee” 8b, “Le spectre de l’ottokar” à Güllich, “Freak Out” alias la voie du Schpounze à l’Oasif
8b+ – “Carry Poulet” à Figues au cul 
8c – “Déssèchement planétaire” à l’Oasif, “3 pattes dans le plâtre” à l’amphithéâtre, le sévère “Adieu Wolfang” à Güllich
9a – “Dieu merci” à Tennessee qui attend toujours une répétition !

Topo : La nouvelle édition du topo (2021) édité par le CAF Causses Cévennes vient de voir le jour. Toutes les infos sur le site dédié

Où dormir : Nombreux gîtes et campings aux Vignes, au Rozier ou à la Malène. Petite préférence pour le camping Terrados, très calme et ombragé, quasi sur place avec un bon rapport qualité-prix. Le village de gîtes municipaux Castel de La Peyre à la sortie des Vignes est aussi top.

Manger et boire : Le bar Le Grillon aux Vignes, ses soirées festives et sa bière de la Jonte. Pour manger avec de bonnes tables du Terroir et fêter les croix , on apprécie le restaurant de l’hotel Doussière au Rozier ou le très bon resto “Le jeu de paume” à Millau où il vaut mieux réserver avant.

A côtés :

  • canoës et baignade dans les gorges
  • proximité de via-ferratas, de grottes pour sortie spéléo, …
  • balades dans les alentours, notamment la montée au point sublime depuis Tennessee
  • visite de villages médiévaux tels que Ste Enimie ou Meyrueis
  • proximité des Gorges de la Jonte pour les grandes voies
La ratatouille humaine, Trésor du Zèbre – Photo: Mélanie Cannac

A éviter :

  • Taper un run après la baignade, pas top pour la peau ! Ici plus qu’ailleurs le capital peau est primordial, bichonnez vos phalanges, poncez vos irrégularités pour prévenir des steaks, mettez de la crème tous les soirs sans attendre d’avoir des trous monstrueux sur les paluches pour agir !
  • Avoir le manque de bol de taper un run quand un mirage de l’armée de l’air frôle le mur du son en passant très proche du sol au milieu de la gorge. Quand on pense que des secteurs entiers sont interdits d’équipement pour cause de nidifications ou d’arrêté Natura 2000 et que les militaires ont tous les droits pour nous éclater les tympans et terroriser la faune pour leur pur plaisir…
  • Mal se garer : respectez bien les parkings, sans dépasser sur la route qui est par endroits assez étroite. Préférez une place de stationnement un peu plus loin mais correcte, ce n’est pas comme si on avait des approches très longues par la suite. Ne gênez pas les sorties de minibus de canoës à remorque qui remontent de la rivière, notamment au Soulio ou au parking du Roc Aiguille. Les loueurs de canoë roulant à tombeau ouvert sans concession, si vous dépassez vous risquez de vous faire arracher la portière ou le rétro à chaque passage ! Respectez l’interdiction de stationner côté fontaine en bas de Figues au cul, la gendarmerie aligne.
  • Dormir en camion ou en camping sauvage dans les gorges. C’est strictement interdit et la gendarmerie passe fréquemment au crépuscule ériger des contraventions.
  • Laisser des traits dans les voies que vous grimpez. Munissez-vous de votre plus belle brosse et effacez toutes les marques à la descente quand vous déséquipez de manière à laisser aux suivants le plaisir de la découverte. Brosser c’est aussi entretenir les itinéraires et éviter l’encrassage des prises. N’hésitez pas à brosser à l’eau des préhensions techniques qui ne voient jamais la pluie, vous verrez elles adhéreront beaucoup mieux le lendemain !

    Les magnifiques clichés qui accompagnent cet article sont signés Mélanie Cannac, merci à elle ! Suivez Mélanie sur ses pages sur Facebook et Instagram !
De que Fas Aqui sector – Photo: Mélanie Cannac

Gorges du Tarn: dolomite and nature

Nestled on the foothills of the Cévennes, the meanders of the Tarn offer climbing in magnificently sculpted walls. A timeless must!


General description: A staple of sport climbing in France, and a must for pocket climbing in Europe, like the Frankenjura or Margalef! The Gorges du Tarn and its famous dolomite, an ocher limestone with flared pockets, offer very playful climbing for all levels and all orientations with short approaches in a grandiose setting. From the great stamina efforts (even the ridiculously long routes of De Que fas Aqui) to the very short and powerful routes of the Güllich sector, you are sure to find whatever your favorite style, as long as you like pulling on pockets!

Best time to visit You can climb all year round in the gorges while playing with orientations. Winter is generally very windy and cold, so prefer the periods from March to November. You can climb there in the summer by combining swimming in the river and chilling but beware of the skin of your fingers on hot days and the tourist crowds. The best seasons are undoubtedly the inter-seasons when you get good weather windows, in autumn around All Saints’ Day or Easter, and the May-June period.

Les voies abus de De Que Fas Aqui – Photo: Mélanie Cannac

Best crags

  • Tennessee remains a must with great lines on this impressive wall full of pockets
  • The Oasif for the originality of its cave-shaped configuration with a pond at its foot, and its playful overhanging routes.
  • Noir Désir, beautiful suspended sector in the 6th and 7th degrees with more technical and interesting routes.
  • Le Navire, a very nice area offering beautiful overhanging routes in the 7th degree.
  • Planète Causse, a ridiculous approach walk, and a wall with a lot of good lines in 7th degree: classic gorges climbing.
Dieu Merci 9a – Photo: Mélanie Cannac

Must-do routes
6a “Jeux de plage” at Trésor du zèbre, “En piste les ninis” at De Que Fas Aqui
6b “Mets de l’huile” at Moulin à huile
6c “Tarn is business” at Trésor du zèbre, “Souvenir de Bleau” at Tennessee
7a “Trésor du zèbre” in the same sector , “Butinage aliénique” at l’Oasif
7a+ “Motoneuronnes” at Cancer, “Planète Causse” at the same sector, “L’équipeur désagrégé” at Navire, “Calmez-vous” at the same sector, “La veuve noire” at l’Amphithéâtre
7b “Mon dide” at Planète Causse, “El diablo perverso” at Navire, “Les couilles au cul” at Figues au cul ; “Noir désir” at the same sector, “Mosaïk Man” at l’Amphithéâtre

7b+ “La poule aux œufs d’or” at Navire, “Putain de papiers” at l’Oasif,
7c “Salvador dali” at l’amphithéâtre, “Théorème de Thalès” at Trésor du zèbre, “La bohème” at l’amphithéâtre
7c+ “Pyromania” at Tennessee, “La banda del roulos” at l’Oasif
8a “Les ailes du désir” at Tennessee, “Hoy me voy” at Planète Causse
8a+ “Les bons coups sont éternels” at l’amphithéâtre, “Le plaisir qui démonte” at Tennessee
8b “Tennessee” 8b, “Le spectre de l’ottokar” at Güllich, “Freak Out” at l’Oasif
8b+ “Carry Poulet” at Figues au cul 
8c “Déssèchement planétaire” at l’Oasif, “3 pattes dans le plâtre” at l’amphithéâtre, the hard one “Adieu Wolfang” at Güllich
9a “Dieu merci ” at Tennessee, still awaiting a 2nd ascent…

Le plaisir qui démonte 8a+ – Photo: Mélanie Cannac

Guidebook: The 2021 edition of the topo published by local association CAF Causses Cévennes is now available. Information on the dedicated website

Sleeping: Numerous gites and campsites around at Les Vignes, Le Rozier, La Malène,… Our favourite place to stay is Camping Terrados at Les Vignes, quiet with shade, fairly cheap. For the gites, you have a good one at Castel de La Peyre (Les Vignes) .

Eating, drinking: Le Grillon at Le Vignes is a good bar for evenings after the crag with a nice local beer, “Bière de la Jonte”. In terms of restaurants, there are good tables with typical meals like hôtel Doussière in Le Rozier or the famous “Le jeu de paume” in Millau, where it’s better to book.

Rest days:

  • canoeing and swimming in the gorges
  • via ferrata and caving possibilities nearby…
  • walks in the surrounding country, including to the sublime point of view from Tennessee
  • medieval villages: Ste Enimie, Meyrueis
  • proximity to the Gorges de la Jonte for multi-pitch routes
Déssèchement planétaire 8c – Photo: Mélanie Cannac

Avoid:

  • Try a route after swimming, not great for the skin! Here more than elsewhere a good skin is essential, so be careful with your phalanxes, sand your fingers irregularities to prevent flappers, use cream every night from the beginning without waiting for big damages to act!
  • Give a serious attempt while an Air Force mirage is crossing the sound barrier as it flies very close to the ground in the middle of the gorge. Give a thought to the notion that in entire sectors bolting is prohibited due to nesting or the Natura 2000 decree, while the military can burst our eardrums and terrorize the local fauna as they please…
  • Poor parking: respect the parking lots and keep off the roads as they are quite narrow in some places. Prefer a parking space a little further, it’s not as if you have very long approaches to do. Don’t obstruct the exit of minibuses with trailers full of canoes, in particular at Soulio house or at the Roc Aiguille carpark. The canoe rental companies drive as they please, and if you’re not careful you risk having a scraped door or one side mirror less! Respect the parking ban on the fountain side at the bottom of Figues au cul, fines await. Don’t ask how we know.
  • Sleep in your van or wild camping in the gorges. This is strictly forbidden and the police is ‘on the money’.
  • Leave tick marks behind. Take your best brush and erase any marks when you’re done, think of the pleasure of discovery for the coming climbers. Brushing also means maintaining the routes and preventing build-up of dirt, and the subsequent polish. Don’t hesitate to brush with water technical holds that never see the rain, you’ll see, they will grip much better the next day!

All pics courtesy of Mélanie Cannac, a very talented local photographer, follow Mélanie on her Instagram account.


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Escalade outdoor, quelles priorités dans nos valeurs ? -Outdoor climbing, which priorities in our values?

26 mai 2021 à 09:16

(English below)

L’été dernier, l’Access Fund publiait un article exposant 4 signaux d’alerte, signes de dégradation de l‘environnement autour des secteurs de grimpe. Un sujet important est ici abordé, souvent éludé : l’impact du grimpeur et de la fréquentation sur son environnement et, de manière plus générale, comment s’inscrit ce dernier dans son espace d’évolution. Notez qu’au Yosemite depuis ce vendredi, il faudra des permis d’accès au site pour les ascensions de plusieurs jours afin de restreindre l’affluence grandissante suite à la notoriété des lieux et ainsi de tenter de limiter la prolifération des déchets. Au-delà de la cause environnementale, la curiosité de la communauté envers l’histoire des sites naturels et des itinéraires, les acteurs et topos locaux ou autres éléments culturels représentent le ciment inhérent à la pratique de l’escalade en milieu naturel : on pourrait l’appeler « la culture falaise ».

Rabâchées depuis des années à travers différents organismes et actions, la préservation de l’environnement et la prise en compte du contexte lié à la pratique en milieu naturel ne devraient pas être une priorité de tout grimpeur porté sur l’outdoor, quelque chose inscrit dans son éducation, ses valeurs, son ADN ?
Nous constatons que les années passant, ce sujet primordial devient de plus en plus insignifiant alors qu’il devrait être une préoccupation majeure et centrale, un pré-requis à nos actions et à notre pratique. Sans nous exclure du lot, nous partageons un constat porteur d’inquiétudes.

L’escalade outdoor devenu produit de consommation, mais une consommation axée exclusivement sur du plaisir personnel.
Une publication et une image d’escalade en milieu naturel nous amènent à rêver. Les marques l’ont particulièrement bien intégré et l’utilisent abondamment dans leur communication, y compris dans des publicités de mass media. Dans le milieu de l’escalade, les pratiquants les plus doués sont endorsés et les exploits des grimpeurs pros soutenus. Le grand public dont nous faisons partie vit au rythme des réalisations de ses idoles du rocher. À notre tour de nous rendre en milieu naturel le week-end et de pratiquer, cherchant à imiter les démarches de nos champions, à rentabiliser une journée par une croix, une sortie, une course… à profiter un max à travers l’escalade, bref à consommer de la pratique souvent dans une vision très individualiste et égocentrée où seuls nos plaisirs singuliers et la satisfaction afférente priment. Il est désormais assez courant de croiser des cordées qui ne saluent pas les autres grimpeurs présents en arrivant à la falaise, qui n’ont pour connaissance des lieux que les passages qu’ils cherchent à gravir, voire qui grimpent uniquement sur les dégaines en place laissées dans les voies dures surplombantes. Quant aux problématiques inhérentes à l’espace de pratique comme l’état de l’équipement, la question de son subventionnement, la saleté ou le caractère bruyant du pied de voies, l’existence d’acteurs locaux qui ont œuvré pour notre bien-être, l’histoire et la construction de la renommée du site… On n’en a que faire! Est-ce un problème d’éducation ? Pas forcément… C’est aussi une question de mentalité : il s’agit de consommer coûte que coûte et de prendre du plaisir en pleine nature dans une logique hédoniste et assez individualiste. À chaque bonne fenêtre météo, nous sortons en horde sur les secteurs à la mode souvent mis sous le feu des projecteurs par des réalisations extrêmes et nous consommons du caillou sans nous poser de questions, comme certains poussent leur caddie dans les galeries des centres commerciaux le samedi après-midi. L’esprit de cordée et la fraternité au pied des sites tend à se perdre au profit d’une massification et d’une logique de consommation très insouciante autour de sa pratique. La notion de partage des années 80 s’est progressivement estompée. Alors soit, il est plus facile de voyager loin et nous sommes bien plus nombreux à grimper qu’avant, et aussi surement plus nombreux à vivre en zone urbaine où les codes du vivre ensemble en pleine nature sont moins intégrés, mais le côté grégaire de notre activité autour de valeurs communes et du respect de notre espace de pratique tend à s’effriter, même si le tableau n’est jamais si noir qu’on le pense.

Seynes au crépuscule

Une consommation escalade outdoor toujours tournée vers la culture du moins cher.
Pourquoi dormir à l’arrache et faire risquer une interdiction quand nous avons les moyens de prendre un hébergement ou d’aller au camping à côté de nos spots préférés ? Pourquoi gratter des infos parcellaires sur la falaise squattée sans en acheter le topo ? Pourquoi rarement donner un coup de pouce financier ou bénévole à des organismes qui s’impliquent dans la gestion de nos sites naturels préférés, nous permettant ainsi de pérenniser notre pratique dans le futur ? Pourquoi ne pas passer une journée de repos à ramasser des déchets et entretenir nos sites de pratique qu’on fréquente assidument tous les week-ends? La consommation escalade est résolument spéciale. D’un côté la plupart d’entre nous sommes capables de débourser des centaines d’euros pour des vêtements de grimpe dernier cri, le nec plus ultra du matos, des aliments bio, un abonnement en salle privée, le burger et la bière qui va avec, des outils d’entrainement parmi les plus pointus… D’un autre côté nous ne faisons pas réellement tourner l’économie locale lors de notre présence dans les milieux naturels, et de manière générale nous donnons très peu de nos pouvoir d’achat, temps libre et énergie pour protéger notre environnement et les endroits où nous aimons régulièrement nous rendre. Un paradoxe et un pied de nez aux acteurs locaux qui évoluent dans l’anonymat le plus complet, que ce soit collectivités ou grimpeurs locaux. Souvent livrés à eux-mêmes, ces acteurs se battent au quotidien pour faire perdurer notre activité, parfois menacée par les comportements irresponsables et égoïstes d’une frange de notre communauté. Difficile d’être fédéré et pris au sérieux ensuite : le grimpeur est souvent perçu comme un nuisible ou un fantôme, et non comme un touriste qui peut apporter une plus-value au niveau local. Partant de ce postulat, nous avons du mal à voir un avenir radieux pour le tourisme vertical.

dégaine Seynes

La culture de la performance et l’exploit personnel souvent au cœur des préoccupations. Est-ce une des limites de l’escalade sportive ?
L’escalade est un sport individuel avec une prestation destinée à être vue. Chaque pratiquant évolue avec un but bien précis, une voie ou un bloc à tenter, un projet à continuer ou à finir, un relais à clipper, un passage à franchir… Il est prêt à tout pour réussir dans son entreprise et tenter de repousser ses limites, viser plus haut. Il se fixe des objectifs personnels à atteindre. Outre quelques artifices déjà abordés dans le passé, nous voyons que la culture de la performance est désormais souvent primordiale dans notre milieu et que cela est en train de s’accentuer à travers l’apparition des réseaux sociaux et de la médiatisation immédiate et facile qui leur est propre. En tant que média qui relaye les performances en milieu naturel, il est indéniable que nous avons notre part de responsabilité dans cette tendance.
La pratique indoor, à travers l’explosion du bloc en salle et de la compétition, accentue aussi cette culture du champion et de l’exploit personnel à tout prix. Les trépieds et smartphones remplacent les pareurs derrière les crashpads, le ventilateur et la grimpe nocturne se substituent aux conditions à l’heure du réchauffement climatique, des live Instagram commentés sont établis pour réaliser des performances, chaque mouvement est photographié, filmé, diffusé : la recherche de reconnaissance suite à nos réalisations atteint son paroxysme… L’ère de la performance est de plus en plus marquée, estompant souvent complètement le contexte autour : la culture et l’histoire de notre activité, les informations sur le passage, les différentes méthodes ou variantes, les infos concernant la falaise fréquentée et toute l’éducation et les précautions à prendre autour des aspects environnementaux. Idem dans la pratique loisir où le pratiquant, sans forcément chercher la performance, recherche son bonheur personnel à travers un maximum de pratique dehors et de sorties, où avec insouciance il ne se pose pas réellement de questions autour de sa pratique et de comment apporter sa pierre à l’édifice. Et quid de notre bilan carbone ? Nous semblons avoir le doigt pris dans un engrenage, et même si certaines marques, associations ou grimpeurs célèbres s’investissent ça et là dans des projets environnementaux ou culturels particulièrement pertinents et novateurs autour de la préservation et de la promotion des espaces naturels, ces aspects nous semblent marginalisés de nos préoccupations actuelles.

Des valeurs à réaffirmer ?
Les traits de magnésie fleurissent, les bouts de Strappal et les bouteilles s’accumulent, les chemins se creusent, les prises se patinent, la végétation s’estompe, les pieds de secteurs deviennent régulièrement bruyants et bondés, les ancrages vieillissent et sont parfois dangereux, tout cela dans la quasi-indifférence de notre communauté. Les équipeurs sont souvent critiqués pour un point mal placé mais jamais remerciés et reconnus pour leurs chefs d’œuvre, les topos locaux—source de financement local—ne font plus recette et sont épuisés ou désuets, les acteurs locaux sont rarement mis en avant, les histoires des sites et les enjeux autour des terrains de jeux sont méconnus ou ignorés, l’éthique autour des performances et les manières de réaliser un passage passent à la trappe au profit de la réussite à tout prix et de la médiatisation de la croix, quitte à gravir une séquence qui n’a rien à voir avec l’esprit et la difficulté originels. Un sentiment d’impuissance se dégage. A ce rythme là, quel avenir et patrimoine allons-nous léguer aux prochaines générations ?
Notre sport, qui à l’origine était très largement communautaire, où chacun était respectueux du terrain, curieux de comment évoluait l’autre, tend de plus en plus à se massifier et s’individualiser. L’esprit de cordée se traduit parfois juste par trouver un assureur pour aller pratiquer là où on en a envie, un partage d’intérêt communs. On peut certes replacer cette évolution dans le contexte plus général d’individualisme contemporain ou de conception de l’individu comme auto-entrepreneur de lui-même, dont l’unique but serait la maximisation de ses performances et non sa participation à la construction d’une histoire collective. Cet aspect communautaire de l’escalade outdoor qui tend doucement à disparaître est pourtant sans doute l’unique force qui pourrait nous permettre d’aborder sérieusement les problématiques environnementales mais aussi juridiques, avec le déconventionnement des falaises en France et le flou juridique actuel en cas d’accident, mais aussi de continuer à construire l’histoire de notre activité à travers des valeurs communes.
Nous devons également tous repenser à l’importance de notre impact environnemental à travers notre pratique et placer ce facteur au centre de nos préoccupations, en parallèle de notre plaisir personnel. Une implication de tous dans ce domaine est nécessaire, d’autant plus avec la massification des pratiquants et l’arrivée prochaine des Jeux Olympiques. On pourrait envisager des actions de sensibilisation aux bonnes pratiques, une journée nationale de nettoyage des sites naturels comme le Yosemite Facelift, des actions de rééquipement et d’entretien des sites, des actions de promotion d’une éthique et d’une culture commune autour de festival des grimpe. On vous invite d’ailleurs à y réagir et à nous insuffler des idées d’initiative si vous en voyez ! L’importance de la préservation et de la gestion des sites naturels nous semble impérative en cette période de popularisation de l’activité, et si le tableau dressé dans cet article peut paraître relativement sombre et pessimiste ou sans réelle alternative et force de proposition nous espérons qu’il incitera a minima à la réflexion et à la prise de conscience.

Photo de couverture : Hadrien Perrot

Last summer, Access Fund published an article outlining 4 warning signs of environmental degradation of and around climbing areas. An important subject is at stake here, often overlooked: the impact of the climber on and attendance to his environment. Note that since Friday this week, access permits to the Yosemite national park will be needed for climbs lasting several days, in order to limit the growing affluence following the area’s fame, and thus limit – among other things – the proliferation of waste. Beyond the environmental cause, the community’s curiosity for the history of crags and routes, local actors and guidebooks as well as other cultural elements are quintessential aspects of outdoor climbing: we may even call it “the rock climbing culture”.

Rehashed for years by different organizations and actions, the preservation of the environment and the taking into account of the context linked to the practice of climbing in natural environments, should these not be a priority of any climber focused on the outdoor, something about their values, even DNA?
It is easy to see that as the years go by, this crucial subject loses its significance in the eyes of many when it should be a major concern, a prerequisite to our actions and practices. Without excluding ourselves from the lot, we hereby share a few observations and worries.

EL cap
Photo: Marie Pebble

Outdoor climbing has become a consumer product, an activity focused exclusively on personal pleasure.
An image of climbing in a natural setting makes us all dream. Brands have realised it and use those extensively in their communication, including in mass media advertisements. In the climbing world, the most talented athletes are endorsed and the exploits of professional climbers supported. The general public, to which we belong, lives to the rhythm of the achievements of its rock idols. When it’s our turn to go into the natural environment at weekends, we try to imitate our champions, to make the most of the day with a tick or two… In short, to practice often in a very individualistic and egocentric way, where only our own pleasures and the related satisfaction prevail. It is now quite common to find that some climbers do not greet others when arriving at a cliff, who only have informations about the lines they want to climb, or who even climb only on the quickdraws left in place in the overhanging hard lines, forgetting about anything else.

As for the problems inherent to our practice such as the state of bolts, the question of maintenance funding, the dirt or the music at the foot of the crags, the local actors who have worked their socks off for our delight, the history of the cliff and so on: we don’t care! Is it an educational problem? Not necessarily… It’s also a question of mentality: a question of consuming for consuming’s sake and taking pleasure in nature through an hedonistic and quite individualistic prism. At every good weather window we go in troves to fashionable sectors often put in the spotlight by extreme achievements, and we consume the rock without asking anything, as others push their trollies in serpentine shopping centers on Saturday afternoons. The spirit of the rope team and the fraternity at the crags tend to be lost in favor of massification and a logic of very carefree consumption. The notion of sharing prevalent not so long ago has gradually faded from the climbing community. Sure, it is easier to travel far and wide, and there are many more climbers than before. Besides, climbers are more likely to live in urban areas where the codes of living together in nature are less present and less known, therefore the gregarious aspect of our activity around common values ​​and respect for our crags tends to crumble, even if the picture may not be as dark as ones thinks.

Antoine Le Menestrel - Buoux
Photo: Benoit Regord – AIR libre

Outdoor climbing consumption often angled towards the culture of the “less expensive”.
Why sleep everywhere and risk a ban when we can afford to find accommodation or go camping next to our favorite spots? Why try to find free information about the crags without buying the topo? Why rarely give a financial boost or helping hand to organisations that are involved in the management of our favorite places, and who allow us to perpetuate climbing for the future? Why not spend a day-off picking litter up and cleaning the climbing areas where we go every weekend? Climbing consumption is something particular. On the one hand most of us are able to shell out hundreds of dollars for the latest climbing clothes, the ultimate gear, organic food, a private gym subscription, the burger and beer that go with a session, even some of the most advanced training tools… While on the other, we easily forget to ‘invest’ in the local economy around our chosen crags, and in general give very little of our purchasing power, free time and energy to protect our environment and the places we regularly like to go to. A paradox and a snub to local actors who operate in complete anonymity, whether communities or local climbers. Often left to their own devices, these actors fight every day to help our activity continue on, sometimes threatened by the irresponsible and selfish behavior of a part of our community. Difficult, then, to be federated and taken seriously: the climber is often perceived as a pest or a ghost, not as a tourist who can bring real added value at the local level. Based on this premise, we find it difficult to see a bright future for climbing tourism.

Dave Graham 9b Ali baba cave Rodellar

The culture of performance and personal achievement often at the heart of concerns. Is this the one limit of sport climbing?
Climbing is oftentimes conceived of as an individual sport with performance meant to be seen. Each climber has a specific goal, route or boulder in mind, a project to keep working on or finish, an anchor to clip… They are ready to do anything to succeed in their endeavour and try to push their limits, aim higher. They set personal goals. In addition to some of the tricks already discussed in the past, we notice that the culture of performance is now often essential in our community and that this is becoming more pronounced with the appearance of social networks and the immediate and easy media coverage now available to them. As a website that mostly covers performance in natural areas, it is undeniable that we have our part of responsibility in this trend.
Indoor climbing, through the explosion of indoor gyms and competitions, also promotes this ‘champion’ culture and personal achievement whatever the cost. Tripods and smartphones replace the spotters behind the crashpads, the fan and night climbs compensating for weather systems at a time of global warming, Instagram lives are set up to broadcast the performances of a growing number… Each movement is photographed, filmed, shared: the search for recognition is forever reaching its highpoint… The era of performance is more and more marked, often completely skipping the surrounding context: the culture and history of our activity, information about the climb, the different existing betas or variants, infos about the cliff and all the education about and precautions to be taken surrounding the environment. It’s actually the same way when the climber doesn’t care about his/her performance, when s/he seeks personal happiness through a maximum of outdoor practice and days out. And what about our carbon footprint? We seem to be moving forward heedlessly, and even if certain brands, associations or famous climbers are investing here and there in particularly relevant and innovative environmental or cultural projects around the preservation of natural areas, these aspects seem far away from our concerns.

Saussois Vintage

Values ​​to be reaffirmed?
The tickmarks are legion, pieces of strap, paper and bottles accumulate, the paths widen, the holds are more and more damaged, vegetation disappear, the foot of sectors regularly become noisy and crowded, bolts get old and sometimes prove dangerous, and our community seems not to care. The bolters are often criticised for a misplaced a bolt, but never thanked and recognized for their test pieces; local topos — a source of local funding — no longer make money and become obsolete; local actors are rarely put forward; the history of the crags and the issues surrounding our playgrounds are little known or ignored; the ethics around performance and the ways of achieving a line get lost in the background compared to ethos of ‘success at all costs’ and the media coverage of the send, even if it means climbing a sequence which has nothing to do with the original spirit and/or difficulty. A feeling of helplessness takes hold. At this rate, what kind of future will we leave to the next generations?
Our sport, which originally was very largely community-based, where everyone was respectful of the terrain, curious about how others were doing, tends to become more individualistic. The spirit of the ‘team climb’ sometimes just translates into finding a belayer, any belayer, in order to climb where you want. We can certainly place this evolution in the general context of contemporary individualism and the conception of the individual as a self-made individual, whose own goal consists in the optimisation of his performances and not his participation in the construction of a collective story. This community aspect of outdoor climbing, which is slowly disappearing, is however the only force that could allow us to seriously tackle environmental but also legal issues, with the debacle of the ‘crag question’ in France for example, but also to continue to build the history of our activity through common values.
We must also all think again about the importance of our environmental impact through our practice, and put this aspect at the forefront of our concerns, at least on a par with our personal enjoyment. The involvement of all in this area is necessary, all the more so with the massification of climbing and the imminent arrival of the Olympic Games. We could consider actions to raise awareness of good practices, a national day for cleaning up climbing areas like Yosemite Facelift, actions to re-bolt and maintain crags, to promote ethics and a common culture with climbing festival, so on and so forth. We invite you to let us know about your ideas, and to inspire us with your own initiatives! The importance of the preservation and management of natural areas seem imperative in this time of intense popularisation of the activity, and if the picture depicted in this article may seem relatively gloomy and pessimistic, or without real alternative and force of proposal, we hope that it will at least encourage you to reflect on your practice and impact, and raise your awareness.

Cover pic: Hardien Perrot

El cap by night
Photo: Marie Peeble

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Films Review: Banff Festival 2021

15 avril 2021 à 10:30
Par : admin

Cette année, le Banff Festival est au format 100% VOD, pandémie oblige. Le côté positif de cette formule est que l’organisation nous a concocté un programme 100% escalade (“le programme vert”) avec 4 films de grimpe pour encore plus d’aventures verticales !

Ten thousand bolts

Ce documentaire de 20 minutes réalisé par les américains Duncan Sullivan, Alex Levin & Ashley Benzwie est consacré à Toni Arbones, principal équipeur et local emblématique de Siurana, une des Mecques de l’escalade en Catalogne. En parallèle de son portrait, Tony dresse l’historique des lieux avec les premières voies sportives dans les années 90, une quarantaine de lignes, et cette piste cabossée atroce qui menait au village en raison de la présence d’un ex-dignitaire nazi tenant le village. Le potentiel des lieux est immense, un terrain de jeu incroyable pour Toni qui équipe par an entre 25 et 100 voies et possède un millier de voies à son actif. Ce boulimique d’ouverture est à l’origine de la renommée du village, qui compte désormais 1700 couennes. Un véritable passionné, limite hyper actif et un brin excentrique qui semble avoir le développement de l’escalade dans la peau. Bien que le film soit assez réussi, on aurait aimé davantage de contenu culturel et personnel sur les techniques d’équipement de Toni, ses positions éthiques comme sur la taille des prises, ou encore ses coups de cœur, son ressenti sur les voies mythiques. « Ten thousand bolts » demeure un sympathique tour du proprio.

Toni Arbones en action


Free as can be

Mark Hudon 63 ans, est un des pionniers du Yosemite. Mark y a participé à la naissance de l’escalade libre dans les années 70. Près de 40 ans après ses exploits dans la vallée, Mark se lie avec le jeune Jordan Cannon, 25 ans, pratiquant féru d’escalade historique, pour tenter un incroyable défi en duo : réaliser « Free Rider » en libre ! De l’année de préparation nécessaire aux tentatives d’ascensions naît une complicité de cordée intergénérationnelle assez forte. D’un côté, Mark se familiarise avec les nouvelles techniques de travail en big wall comme le repérage par le haut, et se remet en forme physiquement, admirablement coaché par Jordan. D’un autre côté le jeune passionné accède à un doux rêve de gamin : partager des moments de grimpe avec ses idoles. On appréciera les images en paroi qui mettent particulièrement en exergue la haute technicité de l’entreprise, notamment dans la longueur clé « Teflon Corner » qui semble proposer une escalade en dièdre des plus pénibles. Happy end : Jordan réussira l’ascension dans la journée et Mark réalisera l’intégralité de la voie à 2 mouvements près. Mais au-delà des performances le film met en avant l’amitié entre les deux hommes et la singularité d’une expérience incroyable sur le big wall le plus célèbre du monde. 

Pretty Strong – Fernanda

« Pretty Strong » est un documentaire dédiée à l’escalade féminine, dirigé par l’américaine Colette McInerney. On nous présente ici le chapitre du long-métrage dédié à la grimpeuse mexicaine Fernanda Rodriguez. En plus de voir un moment de grimpe partagé entre filles avec notamment Daila Ojeda, on en profite pour faire du repérage en se délectant des superbes ambiances des spots de grimpe autour de Monterrey (nord-est du Mexique) notamment El Salto. Animée par une incroyable ténacité et une combativité impressionnante, Fernanda finit par clipper le relais de son projet du moment « Andrada’s project » 8b+. A muerte spirit !

Climbing Blind

Climbing Blind nous embarque pour 45 minutes dans la vie de Jesse Dufton, grimpeur anglais. Mal-voyant de naissance, Jesse pratique l’escalade depuis son enfance et malgré un déclin quasi totale de sa vue, on découvre comment Jesse continue de pratiquer sa passion et pas à moitié : en bon grimpeur anglais, il pratique l’escalade en terrain d’aventure. Il envoie le roast-beef en trad et en tête le bonhomme ! Au fur et à mesure du film, on découvre comme cela est possible et en particulier la force de la relation de confiance que Jesse et sa femme ont développée au cours d’années d’aventures communes. Le point d’orge du film est l’ascension de l’éperon rocheux Old Man of Hoy sur la côte écossaise. Les prises de vue sont magnifiques et viennent sublimer cette très belle histoire. Spoiler, on a presque plus peur en regardant la marche d’approche que l’ascension elle-même !

Les films sont disponibles jusqu’à la fin du confinement en version originale sous-titrée sur la plateforme bonne-projection.com.

Crédit photos : Banff Mountain Film Festival France

Jesse Dufton en action

Films Review: Banff Festival 2021

Due to the pandemic, the Banff Festival is in 100% VOD format in 2021. The positive side of it is that the organization has created a 100% climbing program (“The green program”) with 4 climbing movies for even more vertical adventures!

Ten thousand bolts

This 20-minute documentary directed by the Americans Duncan Sullivan, Alex Levin & Ashley Benzwie is devoted to Toni Arbones, main bolter and emblematic local of Siurana, one of the famous climbing place in Catalonia, Spain. In parallel with his portrait, Tony explains the history of the place with the first sports route in the 90s and the horrible track which use to go to the village due to the presence of a former Nazi dignitary in the village. The potential of the Siurana‘s cliffs is huge and it is an incredible playground for Toni who is bolting between 25 and 100 routes per year and has a thousand routes to his credit. This open-minded bolting bulimic is at the origin of the fame of the village, which now has 1,700 routes. He is a true enthusiast, almost hyper active and a bit eccentric guy who seems to have the development of climbing in his blood. Although the film is quite nice, we would have enjoyed more cultural and personal content on Toni’s equipment techniques, his favorite routes, his ethical positions as on the hold chipping. “Ten thousand bolts” remains a nice look around of the place.

Free as can be

Mark Hudon 63 years old, is one of the pioneers of Yosemite and took part of the development of the free climbing in the 1970s. Almost 40 years after his feats in the valley, Mark and the young Jordan Cannon decide to climb together in order to try an incredible challenge: free climbing “Free Rider” ! From the year of preparation to the several attempts, the roped party built a fairly strong intergenerational affinity. On the one hand, Mark was familiarizing himself with new big wall techniques such as spotting the route from above, and was getting back in shape , admirably coached by Jordan. On the other hand, the young enthusiast was living a sweet childhood dream: sharing moments of climbing with his idols. We appreciate the images on the wall which particularly highlight the high technicality of the route, especially in the dihedral of “Teflon Corner”. Happy end: Jordan will sent the route in one day and Mark will complete the entire route expected from 2 moves. But beyond the performances, the film highlights the friendship between the two men and the singularity of an incredible experience on the most famous big wall in the world.

Pretty Strong – Fernanda

“Pretty Strong” is a serie of documentary movied dedicated to female climbing and directed by American Colette McInerney. The present episode focuses on tje Mexican climber Fernanda Rodriguez. In addition to capturing a moment of climbing shared between female climber as Daila Ojeda, the movie gives us the opportunity to enjoy the superb atmospheres of the climbing spots around Monterrey including El Salto. Driven by incredible tenacity and impressive combativeness, Fernanda manage to send her current project “Andrada’s project” 8b +. A muerte spirit!

Climbing Blind

Climbing Blind takes us during 45 minutes into the life of Jesse Dufton, an English climber. Visually impaired from birth, Jesse has been climbing since his childhood and despite an almost total decline in his eyesight, we discover how Jesse continues to practice his passion and not by halves: as a good English climber, he likes to lead rock trad climbing ! As the film progresses, we discover how this is possible and in particular the strength of the relationship of trust that Jesse and his wife have developed during the year of joint adventure. The point of the film is the ascent of the Old Man of Hoy rocky outcrop on the Scottish coast. The shots are magnificent and come to sublimate this very beautiful story. Spoiler, we were almost more scared watching the approach step than the climb itself.

Second pitch of the Old Man of Hoy

The films are available until the end of the French confinement in the English version with subtitles on the bonne-projection.com platform.

credit photo: Banff Mountain Film Festival France

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Kuba Novotny : Apprendre à marcher pour mieux grimper ? – Kuba Novotny: Learn to walk to optimize your climbing?

11 avril 2021 à 16:57

Vous vous rappelez la vidéo de Reelrock où Adam Ondra écoute un vieil homme en blouse blanche lui expliquer comment marcher ? Bien sûr, les passages de visualisation “explosants” ont davantage marqué les esprits, mais la visualisation n’a rien de nouveau. Ce qui est novateur, par contre, est de découvrir que le meilleur grimpeur du monde a dû réapprendre à marcher pour enchainer le premier 9c de l’histoire. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?! Pour en savoir plus, un des nos rédacteurs, Denis Lejeune a approché Kuba Novotny.

“Kuba est très sympa et entraine un de mes amis mais, plus important pour nous ici, il a étudié avec Dr Čumpelík – l’homme à la blouse blanche de ReelRock – et travaille avec des sportifs professionnels dans différents sports. Et oui, il a aussi collaboré avec Adam Ondra.”

– Ahoj Kuba, merci de prendre le temps de me répondre.
Avec plaisir.

– Avant toute chose, tu peux donner un nom à l’espèce de magie que tu pratiques ?
Cela s’appelle “kinésiologie développementale’.

– Joli nom… De quoi s’agit-il au juste?
C’est étroitement lié aux neurosciences parce que, quand tout est dit, le cerveau est l’outil qui gère nos mouvements, et joue donc un rôle crucial pour nous rendre plus fort, ou rendre nos entrainements plus efficaces. La différence principale entre notre vision de l’entrainement et l’idée classique est que l’objectif de cette dernière est de rendre les muscles plus forts. Cela dit, la force dans le mouvement de grimpe n’est pas la somme de la force de tous nos muscles. C’est le cerveau qui gère chaque mouvement, qui dit quel muscle doit être activé, avec quelle intensité et dans quelle direction, et on l’oublie trop souvent. Dans le mouvement “conscientisé”, le muscle travaille pour la chaine de soutien. Par exemple, certains grimpeurs “élite” renforcent les abdos qui travaillent quand on tire vers le haut. Malin, puisque c’est la direction générale en escalade. En voyant ça, d’autres grimpeurs pourraient se dire : “c’est bien ça, je vais aussi renforcer mes abdos.” Mais leur coordination n’est pas aussi bonne à cause d’une sollicitation moins efficace de l’ensemble de leurs soutiens, et ils finissent par renforcer les abdos qui tirent vers le bas, ce qui nuit justement au mouvement qu’ils veulent améliorer. Au final ils vont affaiblir leurs bras, ce qui signifie qu’ils ont plus de chances de blesser leurs épaules, leurs coudes et leurs doigts. Ainsi que l’a dit Alex Huber dans un entretien avec un magazine tchèque il y a quelque temps : “J’ai l’impression d’être fort après de la poutre, ce qui est cool, mais l’escalade ce n’est pas être suspendu. En gros, c’est une évolution sur des murs déversants, soutenue par les pieds et les orteils. Ce qui veut dire une coordination totalement différente. Aujourd’hui je constate que mon avis est le bon. Quand je me compare sur poutre aux grimpeurs actuels du Frankenjura, je n’ai aucun espoir. Mais je suis plus fort sur le rocher. Donc je continue à penser que la suspension ne veut rien dire. Il faut acquérir une coordination spécifique du corps. L’influence de la poutre s’arrête à la poitrine, alors que les system boards descendent jusqu’en bas.” À mon avis, on peut faire de la poutre ou des suspensions et engager le corps dans son ensemble, mais c’est très difficile. À part ça, tout à fait d’accord avec Huber.

– Je croyais que les neurosciences aidaient les sportifs à améliorer leurs prises de décision dans des situations rapidement changeantes, ou raccourcir leurs temps de réaction. Quel est le rapport, tu peux m’éclairer ?
Bien sûr. Disons que tu veux devenir plus fort sur réglettes : tu vas commencer par te suspendre pendant 3-7 secondes sur des réglettes aussi petites que possible. Ça va envoyer des signaux à ton cerveau, qui vont le forcer à renvoyer des signaux encore plus forts à tes doigts. C’est le principe de base de l’entrainement classique. Mais on oublie les signaux que les doigts renvoient au cerveau, et si tes doigts, tes coudes, tes épaules ou omoplates ne sont pas bien placés (si mes omoplates sont dans la mauvaise position, ou si je suis voûté) cette information sera celle-ci : ne me renvoie jamais plus ces signaux, ou tu détruira tes articulations ou autres tendons. Par conséquent, les résultats de l’entrainement dépendent fortement d’une bonne posture de tout le corps. Par exemple, un kayakiste tchèque a amélioré son coup de pagaie de 100-110 watts à 130-140 après deux semaines de pratique au sol en position statique et un travail de rotation des côtes.

– Les côtes ?!?
Tu n’as pas idée.

On dirait de la bio-mécanique du futur…
D’un point de vue évolutionniste, notre corps est fait pour courir, marcher et les génuflexions. Du coup, si on fait ça bien et qu’on ne tombe pas d’une falaise ou autre chose du genre, notre système musculo-squelettique (os, articulations, muscles, tendons connectés aux muscles) devrait s’en tirer sans gros problème jusqu’à nos 100 ans. On peut aussi faire bien d’autres mouvements de la bonne façon, mais pour ça il faut obéir aux “lois physiologiques”, qui sont communes à tous nos mouvements sains. La clef pour bien comprendre ce point est que le corps fonctionne à partir d’une paire contralatérale de membres de station debout et de marche, ainsi que la rotation de la colonne thoracique – qui est là pour basculer le centre de gravité sur la jambe en appui. Donc, au plus basique, la locomotion humaine (la marche en avant) est simple : se tenir debout sur une jambe. Mais plus la posture est bonne, moins on a besoin d’énergie pour faire basculer notre poids sur la jambe en appui. Et voilà, tu as la définition de l’efficacité du mouvement. Quand Adam Ondra a amélioré la rotation de ses côtes, ça a eu un énorme impact sur ses performances en poutre. C’est ça qu’il travaillait avec le Dr Čumpelík dans la vidéo que tu mentionnes : apprendre à connecter les mains, les pieds et les côtes dans la marche, pour qu’il puisse l’appliquer en escalade.

– Ok, donc si je comprends ce que tu dis c’est qu’on ne devient pas plus fort en faisant des tractions à un bras, mais en améliorant la technique de la traction ?
Tu peux t’améliorer des deux façons. Tout dépend du niveau de ta technique sur tel ou tel exercice. Écoute, la plupart de ce qu’on sait de la technique en escalade vient des grimpeurs et de coaches “classiques”, donc sans une intelligence profonde du mouvement au niveau physiologique, ou des stratégies que le cerveau met en place pour gérer le mouvement. Par conséquent cette connaissance pratique marche plus ou moins. Parfois ça peut donner un gain de performance rapide, mais sur le long terme ça mène aussi souvent à des blessures, voire à des plateaux dans ta progression, qui t’empêchent d’atteindre le niveau que tu pourrais viser si tu te servais plus justement de ton corps.

– Si je te saisis, tu dis qu’en respectant la façon optimale d’utiliser son corps, en termes physiologiques, on peut améliorer sa conti, sa rési et sa force ?
Complètement. Parce que le résultat de ton entraînement de toutes ces choses dépend de l’efficacité de tes mouvements.

– Est-ce qu’on parle au moins un peu de gainage ici ?
Il y a souvent beaucoup de muscles faibles dans le gainage des sportifs, et ils doivent les travailler. Donc dans ce sens de “gainage”, je suis d’accord. Mais dans notre façon de voir les choses, un gainage déficient correspond à l’output. Si les muscles de ton gainage sont faibles, c’est parce que tu ne les utilises pas dans ton mouvement. Si tu changes ton mouvement dans le bon sens, ces muscles vont commencer à travailler et donc se renforcer. Traditionnellement, on pense que si on renforce ces muscles (séparément du mouvement) le cerveau commencera à les utiliser. Mais ça n’est pas comme ça que fonctionne le cerveau. Le cerveau, voici comme il fonctionne : il rassemble des informations sur la tenue du corps dans son entier, et à partir de là créé un “patron de mouvement” qui correspond à la situation actuelle, après quoi il envoie des instructions aux muscles pour exécuter les mouvements. Par conséquent, si tu veux ajouter des muscles à ce “patron de mouvement”, il te faut changer l’input de l’information sensorielle, c’est-à-dire changer l’idée-même du mouvement. La majorité de l’input de cette information sensorielle vient des paumes et des pieds, du coup la façon dont tu les utilises est cruciale pour le mouvement. Si tu essaies de changer la façon dont les muscles de ton gainage travaillent en les renforçant isolément, du point de vue neurologique tu es en retard, parce que le patron que suivent tes mouvements est déjà gravé dans ton cerveau. Pour être plus précis : si tu te concentres sur le bout de tes petits doigts, dans un monde parfait tes épaules devraient enclencher un mouvement de rotation externe et ta respiration monter dans ta poitrine, ce qui signifie que le travail des muscles de ton gainage a changé. Si par contre tu te concentres sur le bout de tes pouces, tes épaules devraient enclencher un mouvement de rotation interne et ta respiration se déplacer vers ton ventre. Bien sûr tu peux obtenir des gains en renforçant ton gainage pour lui-même, mais ce n’est pas le plus efficace. Je sais parfaitement que ce n’est pas facile à comprendre avec des mots, mais dès que les mesures de confinement changent je te montrerai tout ça sur ton corps en une minute. J’aime montrer aux gens comment atteindre leurs objectifs de performance, tout en leur évitant des années de douleur au niveau musculo-squelettique.

– À ce sujet, j’ai remarqué que ton site, KubaNovotny.cz insiste beaucoup sur la notion de prévention de blessure.
Oui, pour la simple raison que la performance et la prévention de blessure vont main dans la main en kinésiologie développementale. Ce ne sont pas deux choses distinctes, mais bien la même. Par exemple, le kayakiste tchèque avec lequel je travaille : lors du premier mois de notre collaboration, sa performance s’est améliorée de 20%, mais sa douleur au dos a aussi disparu. Ceci étant, ça va encore plus loin : ce n’est pas juste que tu deviens meilleur et que tu évites de te blesser ; si tu améliores ton “patron de mouvement”, tu vas aussi améliorer ta récupération, puisque de nouvelles hormones sont envoyées à ton cerveau et permettent à ton corps de récupérer plus vite après tes entrainements.

À ce moment de notre entretien, je suis abasourdi. À une époque où tout le monde semble obnubilé par les plus minuscules marges de progression, je me gratte la tête en me demandant pourquoi la kinésiologie développementale n’est pas encore un sujet de discussion chez tous les entraineurs. Si on peut améliorer 1) notre performance, 2) notre récup et 3) le temps qu’on passe sans blessure, comment se fait-ce qu’elle ne fait pas partie intégrante des recettes de base de chaque entrainement possible et imaginable ?! Est-ce le futur de l’entrainement, du coaching ? Est-ce que le Dr. Čumpelík et ses étudiants, dont Kuba, sont simplement trop en avance sur leur temps ? Tout ça me rappelle un autre athlète tchèque, qui révolutionna l’entrainement à son époque : Emil Zatopek, le coureur de fond et demi-fond, a en effet mis les intervalles en vogue.

La question se pose donc : la kinésiologie développementale est-elle l’avenir ?
Je n’ai pas de boule de cristal. Mais je peux confirmer que ça ne fait pas partie du mainstream, et ça ne sera d’ailleurs probablement jamais le cas. J’ai passé 500 heures à étudier cette discipline avec Dr. Čumpelík, et quatre fois plus à m’y intéresser par moi-même, et je suis encore loin de tout comprendre. Le mouvement complexe est… très compliqué! Le problème principal tient au fait que, comme on le voit dans cet entretien, il s’agit d’une connaissance qui passe mal en texte et même en vidéo. Tant que ton corps ne fait pas concrètement pour lui-même l’expérience d’un nouveau niveau de qualité dans le mouvement, tu ne peux pas réaliser ce que ça change, et combien c’est utile. Cela dit, 41 coachs, docteurs et physiothérapeutes prennent part à mon programme annuel (2 heures hebdomadaires), donc il y a de l’intérêt pour la discipline.

– Je peux voir un léger problème pour les grimpeurs (et autres sportifs), c’est que ta discipline ne ressemble pas à ce qu’ils ont l’habitude de considérer comme un “entrainement”. Plutôt comme du yoga ou de la physio, mais la physio est rarement prise pour de l’entrainement. C’est aussi la raison pour laquelle la technique est souvent délaissée, parce que ça ne fait pas suer et souffrir. Et pourtant, on sait aussi que ça apporte son lot de récompenses plus tard…
Oui, c’est en effet un point faible. Mais de notre point de vue, soit tu veux t’améliorer et faire ce qu’il faut, soit tu veux juste t’exploser et être courbaturé le lendemain. Ce qui est tout aussi valide, certains veulent juste s’amuser et se changer les idées après une journée de bureau. Mais si tu veux continuer à progresser et que tu es prêt à y mettre ce qu’il faut, je me ferai un plaisir de te montrer comment hisser ta grimpe au niveau supérieur. Et au fait, je ne l’ai pas mentionné mais une fois que tu améliores ton mouvement, tu peux travailler encore plus dur. Exemple : après 2h d’entrainement, mon kayakiste n’en pouvait plus, la pagaie lui tombait des mains, il était détruit. Après notre travail sur la rotation de ses côtes il pouvait en faire 40 minutes de plus, et donc fatiguer son corps en entier, pas simplement ses avant-bras.

– Hallucinant !
Encore une chose. Il y a deux zones d’apprentissage : celle d’apprentissage justement, et celle de la performance. Avec les jeunes, il est important de développer la première, pour qu’ils puissent plus tard en bénéficier dans leurs performances. Pour les athlètes à leur pic, il faut trouver le bon équilibre entre apprentissage et performance dans leur entrainement. Ce qui est unique dans cette approche est qu’on peut ajouter davantage de qualité dans la zone d’apprentissage, pour que ça soit encore plus bénéfique.

– Pfiou, tellement de choses à intégrer… Ça m’en met plein la vue. Mais bref. Tu n’entraines pas que les athlètes pro cela dit, donc quelles sont les différences principales entre eux et nous ?
Comme je le disais plus tôt, les sportifs de haut niveau sont capables d’intégrer la nouveauté beaucoup plus rapidement que nous, donc le temps nécessaire à l’absorption de l’information est une de ces différences. Ils n’ont souvent besoin que de quelques répétitions pour les faire leurs, alors que nous on a plutôt besoin de plusieurs semaines voire mois.

– Et pour ce qui est des blessures, il en va de même pour eux et nous ?
Bien sûr, les blessures sont individuelles, mais en même temps on peut dire qu’il existe à peu près 90% de blessures communes chez les gens qui viennent me voir.

La conclusion de Denis
Ah ah, tout ceci me rappelle Dave McLeod et son livre “9 grimpeurs sur 10 font les mêmes erreurs”. Les grands esprits etc…
Ainsi que le dit Kuba, il est difficile de saisir combien la kinésiologie développementale peut apporter à la performance. Pourquoi ? Parce que, en partie, elle nous force à sortir de nos habitudes de faire et de penser. J’allais dire “nous, en Occident”… Et c’est vrai que de par la façon dont cette discipline considère le corps comme un vrai tout et pas juste des membres collés ensemble par accident, elle se rapproche d’une perspective plus orientale, plus totalisante. C’est pourquoi je n’ai pas été surpris d’apprendre que le Dr. Čumpelík fait du yoga depuis plus de 40 ans.

Le meilleur moyen d’aider le lecteur à visualiser ce qu’est la kinésiologie développementale est peut-être de revenir à une de mes premières rencontres avec lui. Il assurait un ami et, sachant qu’il avait plusieurs autres séances de coaching après, je lui ai demandé pourquoi il ne portait pas de lunettes d’assurage. Il m’a répondu qu’il n’en avait pas besoin, à quoi je rétorquai en rigolant “c’est parce que tu es encore jeune”. Non. Il m’expliqua ensuite que lever la tête n’est pas nécessairement synonyme de mal de cervicales, mais pour ça il faut comprendre comment engager la chaine musculaire qui soutient la tête. Et pour ça, la meilleure solution consiste à écarter les coudes du tronc. De cette façon vous engagerez les muscles du dos, qui à leur tour contracteront les muscles à l’arrière de votre cou. Maintenant, quand vous levez la tête vous ne vous appuyez pas seulement sur les vertèbres de votre cou – ce qui met tout le stress d’une position tout sauf naturelle sur une petite partie fragile de votre corps – vous utilisez votre haut du corps dans son entier pour soutenir votre position. Résultat: moins de traumatismes du cou, pas de douleur, et renforcement musculaire.

Ça peut sembler trivial, il s’agit “juste” d’assurage. Mais imaginez ce que cette façon de penser/comprendre/faire peut apporter à la grimpe elle-même! Si vous arrivez à relier tous les points physiologiques et squelettiques ensemble de la plus façon le efficace, donc cohérente, donc naturelle possible ? À mes yeux, c’est de l’or en barre !

Photo de couverture : Bernardo Gimenez

Adam Ondra se tord dans Silence 9c
Cover Pic: Bernardo Gimenez

Do you remember the ReelRock short where Adam Ondra is listening to an old white-coated man telling him how to walk? Sure, the ‘very pumpy’ visualisation episodes grabbed the limelight, but to be fair visualisation is nothing new. What is fairly new is that the best climber in the world should relearn to walk in order to send the first 9c in history. What was that about? To find out more, one redactor of our editorial team, Denis Lejeune got in touch with one Kuba Novotny.

“Kuba is a nice chap who coaches a friend of mine, but more importantly he is a student of Dr. Čumpelík, of ReelRock fame, and works with top athletes in various sports and has collaborated with Ondra too.”

– Ahoj Kuba, thanks for taking the time.
With pleasure.

– First, what is the name of the kind of magic you do with climbers?
It’s called ‘developmental kinesiology’.

– Sounds… poetic. What is it?
It is closely related to neuroscience because, after all, the brain is the tool that manages our movements, and it plays a key role in getting us stronger, or making our training more efficient. The basic difference between this understanding of sport training and the classic ‘fitness’ one is that the objective of fitness is to make muscles stronger. But power in the climbing movement is not the sum of the power in our muscles. It is the brain that manages every movement, saying which muscle will join, how much it will pull and in which direction, and that is often forgotten. In the conscious movement, muscle works towards the support. For instance, some elite climbers are strengthening the abs which work upwards. That is convenient, as it is direction we move while climbing (up). Some other climbers may see that and think : ‘That is cool, I will strengthen my abs as well’. But their coordination is worse due to a less efficient use of their set of supports and they end up strengthening abs downwards, in opposition to the movement we want to be good at. Which in the end will weaken their arms, meaning they are more likely to injure their shoulders, elbows or fingers. As Alex Huber said in an interview with a Czech climbing magazine a while ago: “I have the impression that I am strong after campusing, which is good, but climbing is not hanging. It is mainly a movement in overhanging terrain, fixed by feet and toes. That means a different kind of coordination. Today I see that my opinion was correct. When I want to compare myself to the current Frankenjura climbers on campusboard, I have no chance at all. But I’m stronger on the rocks. So I don’t think hanging alone means anything. You have to get that specific coordination into your body. The influence of the campus ends at the chest, while the systemboard system goes all the way down.” In my opinion you can campus or deadhang and engage your whole body, but it is super hard. Otherwise I have to agree with everything he said.

– I thought neuroscience helped sportspeople improve decision-making in fast-paced environments for instance, or shorten reaction times. How does it relate here, can you develop a bit more?
Sure. So say I want to get stronger on a crimp: I start to hang for 3-7 seconds on as small a crimp as I can. It will send signals to my brain that will force it to send stronger signals back to my fingers. That is the basic principle of sport training. But there is also feedback coming from the fingers and if my fingers, elbows, shoulders, scapulas and back are not set well (if my scapula is in the wrong position, or I am hunched) the feedback to my brain will be: don’t send those strong signals ever again, or you will destroy your joints or soft tissues. Therefore, the outcome of the training will depend on the right setting of our whole body. For instance, a top Czech speed kayaker improved his paddling power from 100-110 watts on Monday to 130-140 watts on Saturday after a couple weeks of practicing static positions on the ground and trying to rotate his ribs. Positions that are very close to actual kayak paddling. 

– The ribs!?
You’d be surprised.

– It sounds like next level bio-mechanics to me…
From an evolutionary point of view, our body is designed for running, walking and squats. So if we do that right and do not injure ourselves falling off a cliff or whatsoever, our musculoskeletal system (bones, joints, muscles, soft tissues connected with muscles) will probably be alright till we die a hundred years-old. We can also do lots of other movements right but for that we have to obey the ‘physiological rules’, which are common to all our healthy movements. The main key to understand this is that the body works around a contralateral pair of standing and walking limbs, as well as rotation of the thoracic spine – which is there to shift the body center on the standing leg. So, basically, human locomotion (forward motion) is simple: stand on one leg. But the better your posture, the less power you need to shift weight on the standing leg. And that basically describes movement efficiency. When Adam Ondra improved rotation of his ribs, it had a huge impact on his campusing. And that is actually what Adam was doing with Dr. Čumpelík in the ReelRock video you mentioned: learning to connect hands, feet and ribs in the walking so he can do the same in climbing. 

– So in effect, what you’re saying is: you don’t get stronger by doing more one-armers, but by improving, basically, one-arm pull-up technique?
You can improve both ways. It always depends on the level of your technique in a given exercise. Look, a lot of the knowledge we have about climbing technique was accrued by climbers and coaches without a proper understanding of physiological movements or of the strategies the brain uses to manage movement. As a result, this practical knowledge works more or less. Sometimes it will give you fast performance improvement, but in the long term it often leads to injuries, or may even get your performance development to plateau at a level that is (way) lower than where you could get to otherwise.

– If I understand correctly, you’re saying that by respecting the best, most optimal way our body works, physiologically, we can improve our endurance/power endurance/power performance?
Exactly. the outcome of power/endurance training depends on your movement efficiency.

– Has it got to do with core as well?
There is often a lot of weak muscles in the trunk of sportsmen, and that needs to be changed. So up to that point I agree with the ‘core’ you mention. But from our point of view the weak trunk muscles are ‘output’. If your core muscles are weak it is because you don’t use them in your movement pattern. If you change your movement pattern right, they will start working and therefore get stronger. Usually, we think that if we strengthen those muscles the brain will start to use them. But this is not the way the brain works. The brain works like this: collect input information about the setting of whole body, then create an idea of movement that fits the current situation, and then send information to the muscles so they execute the movement. So if you want to add more muscles to your movement pattern, you have to change the sensory information input, i-e change the idea of movement. Most sensory information is coming from the palms and feet, so the way you work with those areas is crucial for your movement. If you are trying to change the way your trunk muscles work by strengthening those muscles, you are neurologically late, because the image according to which the movement is done has already been made in your brain. To be more specific: if you focus on the tip of your pinky, your shoulder should set into external rotation and your breath move upwards in the chest, which means the work of your core muscles has been changed. If you on the other hand focus on the tip of your thumb, your shoulder should go into internal rotation and your breath move more towards your belly. Obviously you can get some results even just by strengthening your core muscles, but it is not so efficient. All of that is hard to grasp in words, I know full well, but when the public health regulations allow I could show you on your body in a minute. I am happy to show people how they can help themselves achieve their performance goals, all the while avoiding years of lasting pain in their musculoskeletal system.

– On that, I have noticed that your website, KubaNovotny.cz puts a lot of emphasis on injury prevention.
Yes, for the simple reason that performance and injury prevention go hand in hand in developmental kinesiology. It’s not two discrete things, it’s one and the same. For instance, the Czech kayaker I work with: in our first month together his performance improved by 20%, while his back pain disappeared. Having said that, it’s even more complex: Not only do you get better and avoid injury, but the better your movement, the better also your ability to recover, insofar as different hormones will get to your brain and allow your body to start recovering sooner after training (than if your movement is not optimal).

At this point I am utterly stunned. In an era that is so keen on making the most of the marginalest gains, I wonder why on earth developmental kinesiology has not become the talk of the town in coaching circles the world over. If you can improve 1) your performance, 2) your recovery and 3) the length of your injury-freeness, just why isn’t it a staple of training?!? Is it the future of training, of coaching? Are Dr. Čumpelík and his student Kuba ahead of their time? I cannot help but recall how another Czech sportsman revolutionised training in his own era: indeed Emil Zatopek, the famous long-distance runner, put interval training on the map.

So, is developmental kinesiology the next big thing?
I don’t have a crystal ball. But I can safely say it is definitely not mainstream and may never be. I spent around 500 hours studying and four times more practicing for myself, and I am nowhere near the end. Complex movement is… really complicated! The issue I see is that this knowledge can’t be passed on by text or by video. Until you actually experience, for yourself, a new level of quality in your movement, you just cannot get an idea of how good this thing is and how useful. Having said that, there are now 41 coaches, doctors and physiotherapists attending my yearly program (weekly 2-hour classes) so there is some interest.

– One thing I could see being a slight issue with climbers (and other sporty people) is that it may not look or feel like ‘training’. More like yoga or physio, but physio is not seen as training by many. That’s also why climbing technique is sometimes overlooked, because it doesn’t make you sweat and hurt. Yet it brings massive rewards down the line…
Yes, that is another weak spot obviously. But from my point of view, you either want to get better and then do whatever it takes, or you just want to get tired and soar to feel good. Which is alright, some people just want to have fun and clean their heads after a day at work. But if you want to keep improving and are willing to focus, I will be happy to show you how to get your climbing to the next level. And by the way, after you improve your movement you can work even harder. For example, that kayaker I was talking about, after 2 hours of training his paddle would usually fall off his hands: he was pumped. Yet after we worked on the rotation of his ribs he could train 40 minutes more, hence get his whole body tired, not just his forearms.

– Pretty mind-boggling.
And there is one more thing. There are two zones for learning: the learning and performance zones. With young athletes it is important to work hard on their learning zone, so they can later benefit in their performance. For athletes at their peak you have to find the right balance between the learning and performance zones in their training. What is unique in this attitude is that we can add more quality in the learning zone training, so it is even more beneficial.

– Phew, that is so much to take in… But anyway. You don’t just coach top athletes, so what are the differences between us normal people and them?
Well, I mentioned earlier how fast top athletes are able to make something new their own, so the time required to master new skills is one massive difference. Top athletes often need only a couple of repetitions to ‘get’ something, whereas we usually need a couple of weeks or months.

– And on the injury side of things, is it the same for all of us?
Obviously it is very individual, but at the same time there are some usual issues 90% of climbers who seek my help are suffering from.

Conclusion by Denis :
Ah ah, that reminds of Dave McLeod’s 9 out of 10 Climbers Make the Same Mistakes. Great minds etc… 

As Kuba says, it is pretty difficult to realise just how helpful to a sportsperson developmental kinesiology really is. Why? Because it forces us to think in a way we are not used to. I was going to say ‘we, in the West’… Indeed, in the way it regards the body as a whole, and not just parts put together by dint of necessity, it bears a resemblance to a more Eastern perspective on things. Which is why I was not surprised to learn that Dr. Čumpelík has been a yoga devotee for 40-odd years. 

Maybe the best way to help the reader visualise it harks back to one of my first encounters with Kuba. He was belaying my friend Dave and, knowing he had quite a few coaching sessions that day, I asked him why he wasn’t wearing belay glasses. He replied he didn’t need any. ‘That’s because you’re young’ I joked. Then he explained that lifting your head up doesn’t need to hurt your neck, but for that you need to understand how to engage the whole muscle chain that supports the head. For that, the best way is, when you belay, to try and push your elbows away from your trunk. This will activate muscles in your back, which in turn will tense up the muscles in the back on your neck. Now when you lift your head up you are not relying solely on your neck vertebrae, i-e putting all the stress of the un-natural position on one small and fragile part of your body, you are relying on its whole upper half to support your position. So: less stress on the neck, no pains, and muscle reinforcement.

It may sound trivial for belaying. But imagine what this way of thinking/understanding can do for climbing itself? If you connect the physiological and skeletal dots together in the most efficient way? In my eyes, it is pure gold.

Cover Pic: Bernardo Gimenez

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