Début avril, Pierre You tirera sa révérence. Président de la FFME depuis 15 ans, il ne se représentera pas pour un nouveau mandat. Pour l’occasion, 2 listes se présentent, l’une emmenée par Claude Chemelle (Cap 24 FFME), l’autre par Alain Carrière (Ensemble fédérons notre diversité). Afin d’en savoir un peu plus sur ces nouvelles équipes qui pourraient arriver à la tête de la FFME, nous sommes allés à leur rencontre.
Pour être très transparent sur la démarche, nous avons envoyé à chaque liste la même série de questions, voici leurs réponses (petite précision, aucune des deux listes n’a eu accès aux réponses de la liste adverse avant la publication de cet article):
Commençons par le commencement, une petite présentation s’impose ! Qui êtes-vous, et quel est votre parcours ?
Claude Chemelle: Passionné de sports de montagne et d’escalade, retraité et ancien cadre à la SNCF, père de 5 enfants, ma vie est aujourd’hui centrée sur la FFME. Président de club, puis président du comité territorial du Rhône, président de la ligue Auvergne-Rhône-Alpes, membre du conseil d’administration, je pense avoir acquis une très bonne connaissance de la Fédération. Cette expérience me permet également d’être parfaitement en phase avec le slogan de Cap24FFME : Tous ensemble avec nos territoires. Le CT 69 et la ligue AURA sont un peu des laboratoires expérimentaux qui ont conduit à des innovations mais ce n’est pas transposable partout car la réalité des territoires est très différente et je suis très attaché à la solidarité entre ceux-ci.
Sans doute plus assagi que par le passé (j’ai quand même 63 ans) je n’hésite pas à exprimer mes désaccords, mais surtout je suis un homme aimant apporter des solutions innovantes et ceux qui me côtoient reconnaissent ma capacité d’écoute.
Alain Carrière: Je suis Alain Carrière, j’ai 66 ans et je suis retraité. J’ai passé ma vie professionnelle en région parisienne où j’ai été directeur en école d’ingénieur.
En 2002, j’ai participé à la création d’un club, « Imagine » en Seine et Marne. J’ai été président du Comité territorial de Seine et Marne et membre du comité directeur du comité régional Ile de France. Ma première participation aux instances nationales de la fédération a été une contribution aux travaux du comité sportif escalade en 2007.
Je pratique la montagne et l’escalade – que j’ai découvert en stage UCPA– depuis mon adolescence. Je me suis licencié en 1996 pour la première fois afin de pratiquer l’escalade en club avec mes enfants. Depuis ma retraite, je vis en Savoie où je suis licencié au club de Neige et Montagne près de Chambéry. Je pratique l’escalade en salle et en extérieur, le ski de randonnée aussi souvent que possible en hiver, le raid en montagne en été. J’aime autant les sorties à la journée que les itinérances au long cours.
Concernant ma personnalité, je suis quelqu’un de calme et bienveillant. Je crois profondément à la force du collectif dans notre société et encore plus dans notre fédération. Je ne suis pas quelqu’un de clivant. Ceux qui me connaissent disent de moi que je suis ouvert et tolérant mais ferme dans mes convictions. Je suis convaincu que c’est un atout pour la fédération.
Pourquoi se lancer dans ce projet de la présidence de la FFME ?
CC: Essentiellement pour proposer, animer, piloter un projet, une vision, des orientations traduites dans des actions concrètes, voilà ce qui m’anime. C’est le pouvoir de changer les choses dans une période où cette réflexion traverse les organisations sportives et la société toute entière.
Ce n’est pas un projet solitaire, je peux m’appuyer sur la force, l’intelligence collective, l’expérience, les compétences, les différences de toute l’équipe Cap24FFME. Et c’est sur ces qualités que s’est construite l’équipe et que le programme a été bâti, avec la volonté de remettre les bénévoles au cœur de la fédération. C’est une aventure exaltante !
AC: Il y a un peu plus d’un an, nous étions un petit groupe à nous interroger sur l’avenir de notre fédération. Certains étaient membres de l’équipe actuelle, d’autres n’en faisaient pas partie. Nous nous sommes réunis pour débattre de nos visions pour la fédération de demain. L’envie, le besoin de changement nous a rassemblé. Nous avons réfléchi autour des évolutions à engager pour la prochaine olympiade. Nous avons beaucoup débattu pour définir les valeurs qui nous rassemblaient autour d’un prochain mode de gouvernance et d’un projet de développement pour l’ensemble de notre fédération.
Dès le printemps 2020, l’équipe s’est élargie et fédérée une équipe autour de nos envies, de nos ambitions. De nombreuses réunions ont permis d’affiner notre projet.
En septembre notre équipe était complète. Les groupes de travail par thématiques rassemblant à la fois des colistiers et des acteurs de terrain engagés dans les clubs nous ont permis de bâtir ce programme.
La dynamique de l’équipe, l’enthousiasme de ses membres, leurs réussites de terrain dans leurs clubs, comités territoriaux ou ligues, la pertinence du projet pour donner un nouvel élan à la fédération m’ont donné l’envie de me proposer à la présidence. J’aime particulièrement le travail d’équipe et je n’envisageais pas de porter seul un projet pour notre fédération. L’implication et la compétence de chacun des colisitiers m’a permis de me projeter comme animateur d’une dynamique de travail collaborative et participative. C’est ce qui m’a motivé.
Un programme général plutôt dans la lignée de Pierre You, ou une direction complètement différente ?
CC: Il y a 8 ans j’ai conduit une liste alternative aux orientations défendues par Pierre You et nous avons obtenu 45% des voix à l’époque.
Oui aujourd’hui c’est encore une direction différente basée sur des valeurs résumées dans l’expression de 4 équilibres : la pleine nature et la salle, le loisir et la compétition, les territoires et le national, les élus et les salariés.
L’enjeu de ces élections c’est le choix : entre une liste conduite par Alain Carrière, actuel trésorier de la fédération, qui de fait assume la politique suivie par le passé, tient un discours sur le changement sans propositions concrètes et qui est identifié comme le successeur de Pierre You. Et le projet de Cap24FFME, réorientant la FFME sur une vision plus équilibrée, avec des propositions novatrices et concrètes et avec une équipe nouvelle. Thierry Boué un des colistiers m’en voudrait de ne pas citer cet exemple : sur la gouvernance nous proposons que le conseil d’administration soit élu directement par les clubs (aujourd’hui c’est un système de grands électeurs) et nous voulons créer un collège des présidents de comités territoriaux au sein du CA.
AC: La direction que nous proposons aux clubs est vraiment différente.
Sous la présidence de Pierre You, l’accent a été mis sur l’accompagnement de l’accès de l’escalade aux Jeux Olympiques. C’est chose faite, et c’est une bonne chose.
Au cours de l’olympiade qui s’achève, l’accent a aussi été mis sur l’accompagnement des ligues qui sortaient presque toutes d’une fusion imposée par l’état. C’était nécessaire et logique.
En revanche, dès le début de nos réflexions, nous étions déterminés à orienter la prochaine olympiade selon trois axes fondateurs : renforcer les aides et soutiens aux clubs et territoires, soutenir et valoriser la diversité de nos activités, rénover la gouvernance en profondeur.
La priorité donnée à l’escalade compétitive aux cours des dernières olympiades a permis des avancées, en particulier dans le domaine des circuits de compétition nationaux comme internationaux. Sur ces sujets, il y a encore des améliorations à apporter. Mais il y a surtout beaucoup à faire pour que les autres activités se développent à hauteur des attentes de nos clubs et de leurs adhérents.
Une nouvelle ère commence. Les attentes sont fortes que ce soit en termes de développement d’activités, d’écoute des territoires et de modernisation de la gouvernance. Nous avons l’énergie, l’enthousiasme collectif et l’expérience qui seront des atouts pour relever ces défis.
Parlons caillou… l’année dernière, la FFME a annoncé la fin progressive des falaises conventionnées. Quel est votre avis là-dessus ? Plus globalement, quels sont vos projets pour l’escalade outdoor ? Peut-on espérer l’équipement de nouveaux spots malgré la fin des conventions ?
CC: Je préfère laisser la parole à Jean Claude Grand pour répondre à cette question. Ces dernières années, la course à l’olympisme, tout aussi honorable soit elle, a conduit nos dirigeants nationaux à délaisser notre patrimoine naturel d’escalade, l’affaire Vingrau n’étant finalement que le détonateur d’un « désastre annoncé ».
En effet si pendant 30 ans, les conventions d’usage ont permis l’accès à de nombreux sites d’escalade, ces dernières, en transférant la garde du site et son entretien à la FFME, réunissaient toutes les conditions pour que la fédération en tant que sachant soit jugée entièrement responsable, et pendant des décennies personne ne s’en est soucié.
Du fait que ces conventions ne peuvent plus exister en l’état, les collectivités territoriales restent des interlocuteurs privilégiés dans la gestion des SNE, mais ne sont pas non plus la solution miracle. Il nous appartient, en attendant une avancée législative significative, de travailler aussi à la sensibilisation des grimpeurs sur les risques et l’analyse de ces derniers.
Cap24FFME assume donc son attachement à notre patrimoine naturel d’escalade et sera toujours auprès des Comités Territoriaux et des Clubs pour défendre la pratique de l’escalade en sites naturels et leur libre accès. Nous souhaitons donc que la FFME reste un interlocuteur privilégié des institutions et nous voulons développer le travail en commun avec la communauté des Escalade et en particulier le collectif Grimpe Outdoor. La solution à ce problème complexe ne concerne pas que la seule FFME. La présence de Ludovic Mauconduit au sein de l’équipe étant une garantie sur ce plan.
Afin de soutenir le développement de la pratique, au-delà du fait que la bourse SNE sera revalorisée dans un premier temps de +233% (150 000€) avec un objectif de 300 000€ à terme, les critères d’attributions de la bourse seront très largement assouplis. Et les petits sites de proximité, en tant que création ou entretien, seront une priorité car ils permettent le développement des clubs au même titre qu’une SAE.
En conclusion, au-delà de la responsabilité civile, les fédérations ont une responsabilité morale vis-à-vis des licenciés et des grimpeurs. Afin que nos jeunes et moins jeunes puissent évoluer sur un terrain en connaissance de cause, nous avons donc une obligation de former et d’informer. Il convient donc de ne pas laisser grimper n’importe qui sur n’importe quoi.
AC: Le modèle du conventionnement des falaises était une idée fabuleuse des années 1980 ! Il a permis de rassurer les propriétaires de falaises qui paniquaient devant l’arrivée de grimpeurs passionnés par une pratique encore confidentielle. Ce modèle a été un outil précieux pour les comités territoriaux afin de structurer notre pratique en milieu naturel en pleine croissance.
Mais ces conventions se révèlent inadaptées à la période actuelle au regard de l’évolution de la jurisprudence et des risques financiers qu’elles font courir à la fédération. L’accident de Vingrau l’a démontré en engageant la viabilité même de la fédération. On peut le regretter, mais il est de notre responsabilité de tenir compte de l’évolution de notre environnement juridique.
Les sites naturels d’escalade font partie de notre patrimoine, ils sont dans notre ADN. Notre engagement est de préserver et défendre un accès libre pour tous à ces espaces de pratique en milieu naturel. En ce sens, nous continuerons avec détermination à œuvrer pour l’évolution législative concernant la responsabilité des propriétaires des sites de pratique. La question à traiter aujourd’hui, c’est la modernisation du modèle antérieur en s’appuyant sur les collectivités locales, en particulier les départements qui par la loi ont compétence pour l’accès du public aux espaces, sites et itinéraires. C’est à notre sens la garantie d’un accès durable pour tous aux falaises, en sécurité.
L’enjeu à venir est que notre fédération soit reconnue, au travers de ses comités territoriaux, comme la référence incontournable dans la gestion et l’entretien de ce patrimoine, en partenariat avec les collectivités locales. Ce sont nos comités territoriaux qui en ont la responsabilité et l’expérience. Notre devoir est de les accompagner dans ce chemin.
En concertation avec les comités territoriaux, nous poursuivrons la dénonciation des conventions intégrant un transfert de la garde des falaises, et ce sans précipitation. Nous sommes déterminés à ce que l’échéance envisagée du 31 décembre 2021 soit repoussée.
Nos projets pour l’équipement et l’entretien des falaises est important. Nous visons à augmenter de façon extrêmement importante les moyens financiers destinés aux falaises. La fédération a créé un fonds de dotation RockClimber. Grace à lui, La bourse SNE mise en place il y a quelques années sur le budget fédéral sera complétée. On estime le nombre de grimpeurs fréquentant les falaises françaises à plus de 1 million. Seule une partie d’entre eux sont licenciés. L’objet de ce fonds de dotation est de recueillir des fonds aussi bien auprès des grimpeurs de falaise non licenciés à notre fédération, que de l’ensemble des organismes et entreprises intervenant dans le domaine de l’escalade, comme les fabricants, les autres fédérations et organisations professionnelles.
Eu égard aux incertitudes budgétaires actuelles de la fédération et de l’ensemble des partenaires potentiels, annoncer des chiffres précis aujourd’hui ne serait pas sérieux. Mais que chacune et chacun se rassure, nous nous donnerons les moyens de réussir cette transition et cela dans une démarche collective et constructive.
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Que répondez-vous à ceux qui accusent la FFME de développer uniquement l’aspect indoor et le pôle haut niveau au détriment des falaises ?
CC: Qu’ils ont raison et que c’est bon motif pour voter pour la liste Cap24FFME !
AC: Je les invite à lire notre programme sans a priori et à regarder sur notre page Facebook les projets menés par les membres de notre équipe. Les réalisations sont impressionnantes ; elles l’ont été dans tous les domaines.
Pourquoi chercher à opposer l’escalade indoor à l’escalade sur les rochers, pourquoi opposer compétition et escalade « loisir » ? Ce sport se pratique à tous les niveaux et à tous les âges, de la pratique occasionnelle à l’escalade passion en passant ou pas par la compétition. Il en va de même pour les autres sports proposés par la fédération. Ce sont toutes nos pratiques que nous soutiendrons et pour lesquelles nous accompagnerons concrètement les clubs pour qu’ils puissent les proposer à leurs adhérents.
Aujourd’hui, on estime à près d’un million le nombre de pratiquants, pour seulement un peu plus de 100 000 licenciés. Comment analysez-vous ces chiffres ? L’idée est-elle de diminuer cet écart ? Si oui, comment ?
CC: Le développement du nombre de licenciés FFME n’est pas un fin en soi. La réalité des pratiquants est complexe aujourd’hui : il y a 3 fédérations (FFME et FFCAM avec environ 100 000 licenciés et FSGT avec 15 000), des pratiquants qui fréquentent les salles privées, des pratiquants libres parfois avec des assurances d’un magasin célèbre, des scolaires, des clients de professionnels…
L’augmentation du nombre de licenciés FFME passe essentiellement par la qualité de l’accueil des clubs qui doivent d’abord disposer de structures adaptées pour faire face à la demande. Un potentiel important existe dans les salles privées mais la licence doit apporter des services, une utilité avec un prix en relation. Il est illusoire de croire que ces pratiquants vont adhérer en masse pour soutenir les falaises juste après le message de désengagement envoyé par la Fédération. Nous mettons sur la table une réforme des licences fédérales qui prendra beaucoup mieux en compte la diversité des attentes des pratiquants et des bénévoles.
Plus que sur le développement nous souhaitons travailler sur la consolidation, la fidélisation, le soutien aux bénévoles, la structuration.
AC: L’escalade, comme tous les sports de nature, se pratique sur des terrains de jeux accessibles à toutes et à tous et c’est très bien comme ça. Nous n’avons pas l’intention d’œuvrer pour instituer un permis de grimper obligatoire pour accéder aux falaises.
De nombreux pratiquants ne ressentent pas le besoin de passer par un club pour aller grimper en falaise, même si pour un débutant c’est un excellent moyen de se former à la pratique et à la sécurité. Nous croyons beaucoup à la plus-value des clubs. La formation, la sécurité, la solidarité et la convivialité sont autant de valeurs qui attirent les « individuels ». Le travail réalisé par nos associations est remarquable et pas assez connu ni mis en valeur. Nous travaillerons avec ceux qui le souhaite pour mettre en évidence leurs qualités
Le revers de cette liberté d’accès aux falaises est que tous les pratiquants ne contribuent pas au développement de nos activités. Nous entendons aujourd’hui deux demandes fortes des clubs : le besoin de SAE supplémentaires pour accueillir et former plus de pratiquants et la nécessité de protéger nos espaces naturels de pratiques pour proposer à leurs adhérents des sorties en falaises et en montagne.
En ce sens, il nous apparaît important de répondre à ces deux attentes. D’un côté soutenir le développement des SAE pour accompagner la croissance naturelle de l’escalade, de l’autre sensibiliser chaque pratiquant, licencié ou non, sur sa responsabilité à l’égard de la protection à l’accès de nos falaises en contribuant entre autres à leur développement et à leur entretien via Rockclimber.
Le développement des SAE est en plein boum ces dernières années, avec des salles privées toujours plus nombreuses. Souhaitez-vous collaborer avec ces structures ? Si oui, comment ?
CC: Oui, et la donne a un peu changé avec la création de l’UDSE (Union Des Salles d’Escalade) qui regroupe la plupart des réseaux. Nous avons d’ailleurs déjà pris contact avec eux pour que représentant de l’Union soit candidat au conseil d’administration sur le poste qui leur est réservé et qui est pour l’instant vacant ! Une des premières formes de collaboration est sans doute pour la FFME de ne pas se positionner en voulant développer un réseau supplémentaire de salles, ce qui nous différencie de la position portée par A.Carrière.
Cap24FFME revendique une FFME plus ouverte sur l’extérieur c’est donc logique que nous développions des accords avec les salles privées et pas seulement sur les tarifs d’accès, l’organisation de compétitions, ou la vente de licences.
AC: Le développement extrêmement important des salles d’escalade privées en France témoigne de l’attrait de notre sport. Il répond à un besoin croissant de nombreux citadins de pratiquer à proximité de chez eux un sport convivial, ouverts à tous, accessible.
Dans le même temps, les collectivités locales intègrent maintenant généralement l’escalade dans leurs projets d’équipements sportifs. Le besoin de nouveaux espaces de pratiques en salle est important, aussi bien à destination des clubs que dans des salles privées.
Dans certains territoires, les salles privées facilitent la découverte de notre activité. Les pratiquants s’y initient puis souvent s’orientent ensuite vers les clubs, séduits par la dimension du projet associatif et la démarche de formation ou de progression que nous proposons. Les compétiteurs y trouvent un moyen d’enrichir leur terrain de jeu. Nous pensons que ces offres de pratique indoor sont complémentaires.
Nous avons déjà établi des partenariats avec des réseaux de salles privées, et aujourd’hui 43 salles sont établissements affiliés de notre fédération. Notre approche sera de poursuivre la recherche de partenariats avec les salles privées, en particulier celles organisées en réseau. Les partenariats offrent de notre point de vue plusieurs intérêts, en termes de communication, en termes d’organisation de compétitions qui permettent d’élargir l’offre de compétitions prises en compte pour établir le classement national. Ces salles proposent aussi à leurs adhérents des licences. En retour, les licenciés en clubs bénéficient de tarifs préférentiels. Notre équipe continuera d’œuvrer dans ce domaine. Nous sommes convaincus de l’intérêt à rechercher les pistes de collaboration dans lesquelles chaque partenaire y trouve son compte.
Arkose Massy
Comment comptez-vous articuler l’escalade indoor et outdoor ?
CC: Le développement de l’escalade repose sur le fait que c’est d’un sport individuel qui se pratique à plusieurs, qui bénéficie d’une image assez jeune, qui renvoie à l’idée du risque maîtrisé, avec, et c’est le plus important, une très forte référence à la pratique outdoor. Aujourd’hui la pratique très majoritaire c’est en salle qu’elle se déroule. Si on veut garder la référence outdoor, car c’est elle qui porte l’essence de la discipline, il faut promouvoir, développer la pratique en pleine nature et nous avons beaucoup de propositions qui vont dans ce sens dans notre programme. Sinon on prend le risque avec toute la communauté de voir se développer une pratique autonome de gymnastique verticale. Elle peut être respectable, mais ce qui nous anime aujourd’hui, c’est de voir arriver un enfant ou un adulte débutant sur nos murs d’escalade et de lui faire découvrir une falaise, un canyon, un bout de montagne. Dès les premiers pas de la marche d’approche notre objectif est déjà atteint.
Et je vais citer Fred Juarez : “actuellement la seule grande porte d’entrée pour un futur licencié est la SAE, il faut que l’on ouvre les autres portes (Escalade Outdoor, Alpinisme, Canyon, Ski de rando), pour l’intéresser à rester à la FFME de « 7 à 77 ans ».
AC: Ces deux pratiques s’articulent naturellement parmi nos licenciés et dans le projet des clubs de notre fédération. Les plus jeunes découvrent l’escalade très majoritairement en salle, que ce soit en club ou en établissement scolaire. Par la suite, beaucoup découvrent à l’occasion d’une sortie club, d’une sortie scolaire ou d’un séjour de vacances que l’escalade se pratique aussi sur du rocher. Certains prendront gout à la compétition, d’autres préféreront se dépasser en falaise, et beaucoup prendront plaisir dans ces différentes pratiques.
Les clubs de la FFME sont animés par des équipes de passionnés qui ont à cœur de transmettre leurs activités autour de la montagne et de l’escalade. Nous sommes déterminés à mieux accompagner les clubs dans la mise en place de passerelles entre l’escalade indoor et outdoor. Nous allons les accompagner pour parfaire la démarche de formation des grimpeurs visant à une autonomie dans tous les espaces de pratique. Nous allons aussi œuvrer pour étoffer l’offre d’évènement loisirs sur les territoires pour permettre la découverte des pratiques en sites naturels.
Chercher à opposer l’escalade indoor à l’escalade outdoor est une impasse. Cela ne correspond pas à la majorité des pratiques ni au désir des clubs de notre fédération, même si parfois, certains ne fréquentent que les salles et d’autres que les sites naturels.
Concernant le haut niveau, que pensez-vous des équipes de France escalade actuellement ? (Niveau, organisation, articulation jeunes-seniors). Et quels sont vos projets / axes de travail sur le sujet ? –
CC: La France n’est plus une nation qui joue les tous premiers rôles sur le plan mondial en senior même si du côté des jeunes nous sommes plus performants. Les enjeux sont très importants avec les jeux olympiques de 2024 qui se dérouleront à Paris. Nous souhaitons repenser le haut niveau et cela passe tout d’abord par un changement de DTN (directeur technique national) qui ne cumulera plus comme aujourd’hui les fonctions de DTN et de directeur général pour se consacrer essentiellement au haut niveau et qui ne sera pas issu du sérail. Il faut tout d’abord faire un état des lieux en prenant du recul et fonder la nouvelle organisation. aussi bien pour les valides que les handi. Corinne Soudan sera la référente élue et Roxane Heili est bien placée pour parler de la dimension Handi en tant que candidate. La place des clubs sera plus importante qu’aujourd’hui, les pôles espoirs régionaux seront soutenus et il faudra travailler sur l’articulation jeunes – seniors. L’optimisation des moyens sera également recherchée.
AC: Les équipes de France sont une vraie fierté pour notre fédération. Aujourd’hui, nos athlètes olympiques se préparent de manière remarquable pour Tokyo. Ils ont de sérieux atouts à faire valoir : polyvalence pour Julia Chanourdie et Mickael Masem, et spécialisation pour Anouk Jaubert et Bassa Mawem.
Nos équipes de France:
En difficulté, chez les Séniors, Julia Chanourdie est notre chef de file. D’autres Seniors sont aux aguets et montent en puissance. En bloc notre chef de file Fanny Gibert, est déterminée dans son double projet Bloc et Paris 2024. Chez les hommes certains devraient exceller d’ici peu.
En vitesse, le numéro 1 mondial est français. Bassa Mawem est un athlète hors norme, qui a positionné la France comme une nation experte en Vitesse, accompagné dans cette quête par Anouk Jaubert qui a rapporté à la France tant de médailles et tant de titres internationaux !!
Parler du niveau de nos équipes de France implique également une comparaison de nos athlètes avec les meilleurs des autres nations. Aujourd’hui plusieurs des meilleurs athlètes mondiaux ont un statut de professionnel et peuvent se donner à 100% sur leur projet. Le système français n’est pas optimal à ce niveau mais la fédération propose depuis quelques années des dispositifs d’aide notamment dans le domaine professionnel avec la Gendarmerie nationale. Tout président ou présidente d’une fédération aimerait bien évidemment subvenir totalement aux besoins de ses athlètes pour qu’ils puissent se consacrer uniquement à l’entrainement.
Passons à nos projets sur le haut niveau:
Il est aujourd’hui incdispensable d’accentuer l’accompagnement des athlètes des catégories jeunes vers le circuit international senior. Nous avons actuellement des équipes de France Jeunes très performantes sur le plan international. Nous travaillerons sur ce vivier de jeunes motivés et engagés afin de mettre « le pool d’athlètes PARIS 2024 » dans les meilleures conditions.
Cette articulation Jeunes-Séniors est une clé de la réussite. Travailler sur le projet sportif de chacun des jeunes athlètes sur 1 voire 2 olympiades et les accompagner par un plan de soutien identifié est un axe fort.
En parallèle, nous travaillerons en concertation avec les Ligues. Actuellement, 3 ligues ont mis en place un dispositif « Pôle espoir ». Ces structures sont déterminantes pour créer ce vivier d’athlètes. Nous souhaitons renforcer ce travail collectif afin de consolider les passerelles entre les structures d’accès au haut niveau. C’est un axe essentiel.
Notre programme positionne « l’équipe au cœur d’une dynamique de performance » ; Nous souhaitons revaloriser les équipes régionales, les rencontres inter-équipes régionales, inter-pôles afin de créer de l’émulation et donner « une envie de s’entrainer ensemble ».
Et nous souhaitons, sur cette olympiade, préparer aussi Los Angeles, tant le vivier de jeunes athlètes talentueux est présent dans notre fédération.
© FFME
Avez-vous une idée globale de la manière dont vous souhaiteriez répartir le budget de la FFME au niveau de l’escalade ? (falaise, SAE, haut niveau).
CC: La FFME ce n’est pas que l’escalade donc la question est plus globale. Nous allons changer la présentation budgétaire et elle correspondra aux principales activités de la fédération et de ses licenciés, elle sera aussi en cohérence avec notre organisation. 5 départements seront créés :
Loisir
Compétition/haut niveau
Formation
Falaise et pleine nature
Développement des territoires
Ce qui permettra de mieux mesurer les moyens mis en place pour chaque activité. Et pour donner un exemple concret nous proposons que le budget pour le plan national SAE et la bourse pour les falaises soient portés à 300 000 €chacun.(en 2020 PNSAE 107 000€ et bourse falaise 35 000 €)
Avec Jean Benoit Pinot comme pilote nous travaillons sur ces questions.
AC: Pour notre équipe l’escalade c’est un tout il n’y aura pas de laissés pour compte. La fédération a su investir dans le haut niveau, elle a su maintenir l’aide et l’accompagnement à la création de SAE. Nous saurons mettre les moyens nécessaires à la sauvegarde et au développement de nos falaises. Personne ne restera au bord du chemin.
Finalement, quels seront vos axes de travail prioritaires si vous arrivez à la tête de la FFME ?
CC: S’appuyer sur des valeurs fortes : réformer la gouvernance pour travailler en synergie avec les territoires, l’ouverture sur l’extérieur pour se réconcilier et construire avec l’ensemble de la communauté des escalades, de la montagne, la transparence pour sortir du culte du secret actuel et être utile pour les clubs et les licenciés.
AC: Ce qui a été à l’origine de nos réflexions sur le programme :
Renforcer les aides et soutiens aux clubs et territoires, Soutenir et valoriser la diversité de nos activités, Rénover la gouvernance en profondeur.
Ces priorités se retrouvent dans chacune des 4 ambitions qui structurent nos propositions : Accueillir, Former, Accompagner : Les clubs sont à la base de la vitalité de notre fédération Préserver Diversifier : Favoriser et valoriser la richesse et la diversité de nos activités.
Viser l’excellence Performer : Réaffirmer notre ambition sportive en escalade et en ski alpinisme.
Rénover Fédérer : Construire ensemble la fédération de demain.
Un mot sur l’escalade aux JO ?
CC: C’est un formidable tremplin pour notre discipline et le ski alpinisme sera bientôt aussi concerné. C’est sans doute le déclic nécessaire pour permettre à nos activités d’accéder à une plus grande notoriété. Nous serons attentifs aux risques de dénaturation de la fédération, qui a la particularité d’être une fédération sportive, compétitive dont la majorité des pratiquants sont dans le loisir. Et espérons que ces grands évènements sportifs sachent se renouveler, évoluer dans une plus grande responsabilité sociale et environnementale.
AC: Des millions de téléspectateurs vont découvrir cette activité. Il est toujours difficile de quantifier les retombées mais on peut facilement imaginer qu’en termes de développement de l’activité au sens large nous ne sommes qu’au début de l’histoire.
Notre projet est bien d’être prêt pour gagner à PARIS. A ce jour, nous savons que 2 médailles seront possibles. Le format du combiné diff/bloc sera très bientôt déterminé par la fédération internationale.
Main dans la main avec l’IFSC et en relation avec le CIO, notre ambition est de faire en sorte qu’à terme 4 médailles soient un jour au programme des Jeux Olympiques : Bloc, Difficulté, Vitesse, et Combiné. Pourquoi pas ?
Le mot de la fin ?
CC: N’hésitez pas à consulter notre site internet à nous suivre sur les réseaux sociaux , à nous contacter par téléphone, on ne peut malheureusement pas beaucoup se rencontrer aujourd’hui. Vous trouverez plein de précisions sur nos projets, tous ensemble avec nos territoires.
Et beaucoup d’empathie, de solidarité pour tous les grimpeurs qui ne peuvent toujours pas pratiquer !
AC: Un nouveau chapitre va s’ouvrir dans l’histoire de la FFME.
Nous avons l’enthousiasme, l’énergie et surtout les compétences pour mener à bien notre projet qui est à la fois ambitieux et réaliste.
Une nouvelle équipe, pour un nouvel élan pour la FFME : voilà ce que nous proposons pour la FFME de demain.