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Katherine Choong répète la grande voie « Hattori Hanzo », 8b+ max

Le 17 juillet dernier, Katherine Choong venait une nouvelle fois à bout d’une grande voie extrême en signant la première féminine de « Hattori Hanzo » dans la face nord du Titlis (Engelberg, Suisse). Au total,  pas moins de 7 longueurs, dont la 5ème longueur clé en 8b+, qu’elle a enchaîné à la journée avec son partenaire Jim Zimmermann.

Quelques infos à propos de la voie

« Hattori Hanzo » n’est pas seulement une longue voie difficile de par sa difficulté, elle m’a aussi attirée pour le défi global qu’elle représente et la beauté du lieu. Après 6.4 Sekunden, la longue voie que j’ai gravi l’année dernière (qui est juste en face dans la même vallée), c’était la prochaine étape logique, une voie également équipée par Matthias Trottmann. Il lui a fallu 6 ans pour ouvrir cette voie dans l’impressionnante face nord du Titlis et un an de travail avant de la réussir en 2013. Le nom de la voie fait référence à un guerrier ninja et à sa longue lutte pour atteindre son objectif. Je peux imaginer que c’était un énorme travail pour ouvrir une telle voie et faire la première ascension, j’ai beaucoup de respect pour le travail de Matthias et sa performance !

Après une longue marche de 2h30, la voie commence par 4 longueurs en dalle qui, sur le papier, sont cotées « faciles ». Un seul spit dans la première longueur, pas beaucoup plus dans les suivantes, de très petites prises, l’approche est pourtant déjà assez dure mentalement avant d’arriver au début des longueurs clefs difficiles qui suivent dans un long dévers impressionnant. Sa longue marche d’approche, l’espacement entre les points et la difficulté des longueurs font que Hattori Hanzo n’a pas vu beaucoup de répétitions.

Le processus pour en venir à bout

L’idée était de trouver un projet près de chez moi plutôt que de partir à l’autre bout du monde. L’objectif était également de repousser mes limites en termes de difficulté mais aussi par le fait que l’escalade de longues voies est une facette de l’escalade que je ne maîtrise pas encore complètement et qui me met au défi d’une autre manière que les voies d’une longueur. Si pour mes projets en voie d’une longueur je suis toujours seule face à mon objectif, Hattori est un projet que nous partageons avec mon partenaire de cordée (et partenaire dans la vie) Jim Zimmermann. Pour gérer les manip’ de corde, la peur du vide et trouver les méthodes pour atteindre le sommet, nous avions besoin l’un de l’autre et d’une d’une confiance mutuelle complète.

Nous avons essayé pour la première fois cette voie l’année dernière en 2021. J’étais déjà super mal à l’aise dans la première partie en dalle où tu as parfois une dizaine de mètres entre les spits. Et ça ne s’est pas passait beaucoup mieux dans le surplomb… Quand tu es « à vue » dans du 8b+, que les spits sont espacés, parfois sur du rocher péteux, ça devient une bataille mentale de se forcer à surpasser sa peur. Nous avons essayé plusieurs fois, pris de grosses chutes mais nous n’avons pas réussi à atteindre le sommet de cette longueur et sommes finalement redescendus sans pouvoir essayer les deux dernières longueurs ! Mais c’est aussi pour cela que j’étais vraiment motivée d’y revenir et réessayer en 2022.

En 2022, nous sommes retournés fin juin pour la première fois dans la voie. Nous montions en général la veille pour passer la nuit au bivouac. Jim a finalement réussi à grimper au sommet du 8b+ mais épuisés mentalement, nous n’avons pas réussi le 8a+ et donc toujours pas atteint le sommet. Le week-end suivant, déjà plus à l’aise avec l’espacement des spits, j’ai finalement réussi à grimper jusqu’au sommet. Il a fallu un jour de plus pour trouver toutes les méthodes qui nous convenaient. Le lendemain, nous avons essayé d’enchaîner chaque longueur à la journée, mais trop fatigué de la veille, je suis tombée dans le 8b+ et j’ai compris que je ne réussirais pas cette fois. Nous sommes finalement revenus le 17 juillet pour tenter les deux d’enchaîner chaque longueur de la voie à la journée. Nous avions décidé que je grimperais toutes les longueurs en tête et pour les deux longueurs difficiles, je redescendrais pour que Jim puisse les grimper également en tête. Nous sommes partis vers 7h30 dans la voie et les premières longueurs se sont vraiment bien passées. Arrivés au début des longueurs clefs, la pression commence à monter… Je me lance en premier et réussi à enchaîner la 8b+ dans un grand combat d’endurance ! Je redescends pour assurer Jim en tête qui parvient également à l’enchaîner !

La longueur suivante passe également pour moi et j’atteins la chaîne dans un grand moment de bonheur ! Quel soulagement ! Je savais que Jim en été également capable et j’avais vraiment envie de partager avec lui cet enchaînement. Mais je commençais quand même à m’inquiéter pour Jim qui n’était pas du tout à l’aise les dernières fois dans cette longueur. Le silence était lourd, je sentais la pression qu’il avait sur ses épaules. Il commence à grimper et parvient jusqu’au sommet sans tomber ! Nous terminons la voie en grimpant la dernière longueur en 7a.

Quelle aventure incroyable encore une fois ! Merci encore à Matthias Trottmann pour avoir ouvert cette voie, pour ses conseils et son soutien !

Anak Verhoeven s’offre un 9a/+ le jour de son anniversaire !

Le jour de ses 26 ans, la Belge Anak Verhoeven a réalisé la première ascension féminine de « Inferno » 9a/+, sur la falaise de Gimmelwald, en Suisse.

Quelques jours après avoir enchaîné « Jungfraumarathon » 9a, Anak Verhoeven a ajouté une nouvelle voie dure à son carnet de croix, en venant à bout de « Inferno » 9a/+, à Gimmelwald. Il s’agit de la quatrième ascension de cette voie et du premier enchaînement féminin.

Libérée par Alex Rhor en 2020, cette ligne est une connexion entre le 9a « Jungfraumarathon », dont elle emprunte le crux en 7B+/C bloc, et le 8c+ « Gimmel Express ».

La voie demande du gainage, de la précision et de l’endurance. Un style de grimpe qu’Anak Verhoeven affectionne tout particulièrement. Le jour de ses 26 ans, elle a réussi à clipper le relais, précisant avoir réalisé l’ascension sans utiliser de genouillère.

Elle nous livre son commentaire :

Le mouvement le plus dur (pour moi en tout cas) reste le crux de « Jungfraumarathon ». Mais après ce mouv, ce n’est définitivement pas fini ! La voie traverse à droite et rejoint « Gimmel Express ». Cette partie supérieure est dure et intense. Heureusement, j’ai trouvé quelques petites subtilités, comme des petites prises supplémentaires et des lolottes, qui m’ont permis de faire les mouvements.

J’étais excitée d’avoir un nouveau défi cool à essayer ! 
Mais je n’arrivais plus à passer le crux de « Jungfraumarathon ». Je me suis demandée ce que je faisais de mal, jusqu’à ce que je réalise que les conditions jouaient un rôle important. D’habitude, j’essaie de prendre les choses comme elles viennent et d’en tirer le meilleur parti, mais cette fois, il y avait une grande différence entre le vent et l’absence de vent. Avec peu ou pas de vent, le rocher semblait intenable, j’avais zéro adhérence sur les plats.

Après deux jours de travail (+ quelques jours de repos), je suis retournée une troisième fois à la falaise pour essayer de l’enchaîner. C’était mon anniversaire et un enchaînement ce jour là aurait été un beau cadeau, bien qu’un jour de repos aurait pu être une façon plus amusante et détendue de passer mon anniversaire 😅 Je voulais néanmoins essayer et je m’étais dit que je profiterais de ma journée quel que soit le résultat.

Au moment où je me suis lancée dans mon premier essai de la journée, un petit vent était là (juste assez pour faire une énorme différence). Le crux m’a semblé beaucoup plus facile que lors des essais précédents et j’ai réussi à passer le mouvement ! Je savais que j’étais capable d’enchaîner la suite, mais en escalade tout peut arriver. Tant que tu n’as pas clippé le relais, rien n’est gagné ! Je devais rester calme et concentré jusqu’au bout, être précise, me battre quand il le fallait. Et j’ai réussi à le faire. J’ai clippé le relais. Cela a rendu cette journée déjà magnifique encore plus spéciale. »

Anak Verhoeven, l’une des meilleures falaisistes du monde

À seulement 26 ans, la Belge est l’une des meilleures grimpeuses de la planète. Elle rentrait dans le neuvième degré en 2015, en enchaînant « Era Vella ». Deux ans plus tard, elle clippait le relais de « Sweet Neuf », dans le Vercors, et devenait la deuxième femme au monde à enchaîner un 9a+.

Après avoir été sacrée Championne du Monde jeune en 2014 et remportée par la suite de nombreuses médailles en Coupe du Monde, Anak Verhoeven décidait de se retirer du monde des compétitions l’été dernier, afin de se consacrer à la falaise.

Aujourd’hui, elle compte plus d’une dizaine de voies dans le neuvième degré, dont « City of God » 9a/+, « Joe Mama » 9a+, « Patxixulo » 9a/+, ou encore « Joe-cita » 9a.


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Seb Bouin enchaîne la première partie de « Change » à Flatanger

Toujours à Flatanger, en Norvège, Seb Bouin continue d’enchaîner les croix. Il est venu à bout de la première partie de « Change » (9a+/b), célèbre voie connue pour être le premier 9b+ du monde.

Seb Bouin fait parler la poudre à Flatanger ! Après avoir réalisé la première répétition de « Iron Curtain » 9a+ et enchaîné la deuxième longueur de « Thor’s Hammer » 9a+ également, il est venu à bout de la première partie de « Change », le premier 9b+ de l’Histoire.

« Change », une voie iconique !

Les cris stridents d’Adam Ondra se démembrant dans le premier crux de « Change » sont gravés à jamais dans nos tympans !

Équipée et libérée par le Tchèque il y a dix ans, « Change » se décompose en deux parties : la première moitié de la voie est un 9a+/b, avec pour crux un pas de bloc de six mouvements valant 8B+ bloc à lui seul. Viens ensuite un repos, qui permet d’enchaîner sur la seconde moitié de la voie, plus résistante, qui vaut 9a.

Seb Bouin est venu à bout de cette première partie, en 9a+/b :

« Change » m’a toujours fait peur. Voir Adam crier et se tordre le dos et les épaules dans la première longueur était impressionnant. J’ai toujours pensé que cette voie ne serait pas pour moi, trop intense au départ et trop bizarre.
Je savais que la deuxième longueur serait plus adaptée à mon style d’escalade, de grands mouvements de compression et de l’endurance. Mais j’avais tort.

Quand j’ai vu Alex Rohr essayer la première longueur, je me suis dit que c’était une bonne occasion pour regarder les méthodes, afin de l’essayer (Merci Alex pour la méthode parfaite 🙏). »

Adam Ondra dans l’impressionnant crux en 8B+ de la première partie de « Change »

Péripéties dans la voie…

À sa grande surprise, il parvient à flasher quasiment tous les mouvements dès son premier essai. Il ajustera sa méthode lors de ses deux essais suivants, avant de se lancer dans un vrai run d’enchaînement depuis le bas.

J’ai passé le crux lors de mon quatrième essai, mais il était littéralement impossible de clipper le prochain point (j’avais déjà sauté une dégaine). J’avoue ne pas m’être intéressé aux clippages pendant mes sessions de travail. J’ai essayé pendant 30 secondes de clipper la dégaine : main droite, non, main gauche, non plus…

J’avais alors deux options : faire deux mouvements en solo (pas les plus difficiles, mais si je tombais, je finissais au sol), ou m’arrêter. J’ai pris la décision de m’arrêter, en pensant que j’avais de bonnes chances de l’enchaîner prochainement, après avoir vérifié comment clipper la dégaine. »

Après une analyse au sol, Seb Bouin comprend qu’il est plus facile de clipper la dégaine précédente et de sauter celle qu’il tentait de clipper en vain. Finalement, quatre autres essais plus tard, il parvenait à passer le crux de nouveau et à atteindre le relais de la première moitié de « Change ».

J’ai continué dans la deuxième partie pour essayer la voie entière (9b+), mais je n’étais pas au point dans la deuxième longueur. J’ai besoin de plus de séances de travail pour trouver la méthode qui me convient le mieux. »

Cotation : encore une histoire de genouillère ?

Concernant la cotation, Seb Bouin a utilisé des genouillères, tout comme l’avait fait Stefano Ghisolfi, premier répétiteur de la voie, en 2020. En revanche, lors de sa première ascension en 2012, Adam Ondra n’en avait pas utilisé.

Je pense que la première longueur est un peu plus facile avec des genouillères. À mon avis, elle pourrait valoir 9a+/b sans genouillères, et 9a+ avec genouillères.

Je ne pense pas que cela changera la cotation de l’ensemble de la voie (9b+), en raison du bon repos entre les deux longueurs. »

En route vers le projet en 9c de traversée de la grotte !

Lors de son enchaînement de « Thor’s Hammer L2 », Seb Bouin nous confiait avoir un projet d’envergure : tenter d’enchaîner l’intégralité de la grotte de Flatanger, en passant par « Move » 9b/+, puis en enchaînant par « Thor’s Hammer L2 », avant de sortir tout au sommet de la falaise. Cela signifierait 130 mètres d’escalade à enchaîner d’une traite, pour la modique cotation de 9c.

Maintenant, je vais continuer à chercher ma méthode dans la deuxième longueur de « Change », pendant que je travaille sur le grand projet de traversée de la grotte, avec cette ligne de 130 mètres. »

Voici la vidéo d’Adam Ondra dans « Change » :


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Adam Ondra et Seb Bouin proposent un projet inédit en 9c à Flatanger !

Adam Ondra et Seb Bouin proposent un projet inédit en 9c à Flatanger !

Seb Bouin a réalisé une nouvelle voie dure dans la grotte de Flatanger, ce qui l’a motivé à se lancer dans un projet d’envergure, imaginé par Adam Ondra, qui pourrait valoir 9c.

Depuis quelques jours, Seb Bouin est à Flatanger, en Norvège, dans la Mecque de l’escalade extrême. Souvenez-vous, à peine arrivé, il signait déjà la première répétition d’un 9b d’Adam Ondra tombé dans l’oubli, « Iron Curtain ».

Alors qu’il nous confiait ne pas avoir de réels plans pour la suite, il semblerait que les choses se soient très vite accélérées pour lui. En effet, il a réalisé une nouvelle performance, qui lui a donné des idées encore plus folles.

La première répétition de « Thor’s Hammer L2 » 9a+

Le Français de 29 ans est venu à bout de la deuxième longueur de « Thor’s Hammer », cotée 9a+. « Thor’s Hammer » est un long projet, équipé par le local Magnus Midtboe. La voie se décompose en deux longueurs : une première, qui vaut 9a/+, libérée par Adam Ondra en 2012 et répétée par une quinzaine de grimpeurs, suivie d’une deuxième longueur, plus dure, et seulement vaincue par Adam Ondra. L’enchaînement de l’ensemble depuis le sol est toujours à l’état de projet, et vaudrait 9b+.

Après avoir déjà fait la première longueur en 2016, Seb Bouin a réalisé cette semaine la deuxième longueur. Elle consiste à atteindre le relais de la première longueur en remontant sur corde, puis à se lancer dans cette ligne de 30 mètres. La voie compte trois pas de blocs successifs, dont le plus dur est le dernier, qui permet d’atteindre la lèvre du toit. Adam Ondra avait libéré cette longueur en septembre 2017, lors du même trip où il avait enchaîné « Silence », le premier 9c de l’Histoire. Depuis, personne n’avait encore réussi à répéter cette voie, jusqu’à ce que Seb Bouin y parvienne cette semaine, en moins de dix essais.

Il y a quasiment six ans jour pour jour, Seb Bouin réalisait la première longueur de « Thor’s Hammer ».

Un nouveau projet en 9c imaginé par Ondra

Connu pour ses enchaînements extrêmes en falaise, Seb Bouin ne reste jamais longtemps sans un projet fou en tête. En début de semaine, il déclarait ne pas savoir s’il était déjà prêt à se lancer dans une nouvelle voie d’envergure : « Je pense que j’ai besoin d’un peu de temps avant de me mettre dans un autre grand projet. Voyons où mon cœur me porte et ce qui se présente », confiait-il.

Il semblerait que le temps se soit écoulé plus vite que prévu dans la tête de notre Français. En effet, sitôt après avoir enchaîné la deuxième longueur de « Thor’s Hammer », Seb Bouin est motivé par un projet fou, imaginé par Adam Ondra :

L’idée d’Adam Ondra est de traverser la grotte de bas en haut sur la partie la plus surplombante (c’est essentiellement un toit), et de finir par cette longueur (« Thor’s Hammer L2″). C’est vraiment quelque chose qui m’excite ! »

Seb Bouin

Pour relier la grotte de bas en haut, trois départs sont possibles :

  • Depuis la première longueur de « Thor’s Hammer » : c’est l’ensemble que nous vous parlions précédemment dans cet article, qui consiste à empiler la première longueur et la deuxième longueur, ce qui vaudrait 9b+.
  • Depuis le 8c « Nordic Plumber », ce qui consisterait à enchaîner ce 8c, suivi de « Thor’s Hammer L2 » 9a+. Le total ferait 9b/+.
  • Enfin, depuis la célèbre voie « Move », ce qui signifierait enchaîner les 55 mètres en 9b/+ de cette voie, suivis des 30 mètres en 9a+ de « Thor’s Hammer L2 ». Cet ensemble ultra résistant vaudrait… 9c !

Je vous laisse imaginer quel est le départ qui motive le plus notre Français :

Mon projet de rêve serait de le faire à partir de « Move ». Adam et moi pensons que cette voie pourrait valoir 9c. La partie la plus difficile de ce projet est l’endurance nécessaire. Comment garder suffisamment de jus pour la dernière longueur ? Cette voie, ça sera environ 80 mètres d’une escalade dure et physique, et dont le crux se situera dans les derniers mètres.

Cerise sur le gâteau, au-dessus de la lèvre de la grotte, il y a encore 50 mètres de mur vertical à équiper pour atteindre le sommet. La ligne totale pourrait donc faire 130 mètres, et l’idée serait de l’enchaîner d’une traite, en changeant de corde au fur et à mesure de l’ascension. Nous devons encore équiper la dernière partie « facile » pour atteindre le sommet de la grotte. »

Seb Bouin

Dans un premier temps, Seb Bouin prévoit d’essayer ce projet depuis « Nordic Plumber » ou « Thor’s Hammer » dès maintenant, afin de s’entraîner à l’effort de résistance que demande ce projet. Ceci dans le but d’essayer le projet principal, qu’il nomme « Move Integral », lors de son prochain voyage, probablement la saison prochaine.

Notons que Seb Bouin connaît très bien « Move », la première partie de son méga projet. Il s’était investi corps et âme dans ce 9b/+ en passant quatre ans à le travailler. Marqué par un crux qui consiste en un violent mouvement d’épaule, notre Français s’était même blessé à force d’essayer ce mouvement, avant de faire la croix en juin 2019.

La vidéo de son ascension dans « Move » :


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Alex Honnold réalise un solo intégral à vue dans le Yosemite !

« C’était une sortie très amusante ». C’est comme cela qu’Alex Honnold a qualifié son enchaînement à vue et en solo intégral d’une grande voie de 13 longueurs dans le Yosemite !

Alex Honnold est sans doute l’un des grimpeurs les plus célèbres du monde. Après avoir grimpé El Capitan en solo intégral par la voie « Freerider », il est devenu la vedette d’un film de réalité virtuelle époustouflant et continue de repousser les limites de l’escalade.

Il y a quelques jours, il enchaînait « Center of the Universe », une grande voie de 13 longueurs, cotée 6c. Cette ligne de 300 mètres se situe sur Fifi Buttress, une falaise imposante dans le Yosemite, non loin d’El Cap.

La saison de grimpe au Yosemite s’est achevée pour moi sur cet enchaînement. J’ai réalisé en solo et à vue « Center of the Universe (13 longueurs, 6c) sur Fifi Buttress.

Belle escalade et vue incroyable sur la vallée ! Je m’arrête rarement pour prendre des photos au milieu de mes solos, mais j’étais tellement excité au sommet de cette cheminée dans la dixième longueur que j’ai pris quelques photos. C’était très amusant ! Bon, la descente est peut-être la pire descente du Yosemite, mais c’est difficile de faire du rappel sans corde… En bref, c’était une sortie très amusante. »

Alex Honnold

Et hop, un petit selfie au milieu de son solo intégral !

La fin d’un mois de juin prolifique pour Honnold

Avec cette ascension, Alex Honnold clôture un mois de juin particulièrement intense. L’Américain vit maintenant à Las Vegas, mais est retourné dans la vallée de Yosemite il y a quelques semaines, après que lui et sa femme Sanni McCandless Honnold aient eu leur premier enfant.

Honnold n’a pas perdu de temps et s’est élancé tout de suite sur le rocher, avec Maury Birdwell. Ensemble, ils ont grimpé la première moitié de « Zodiac », l’une des grandes voies les plus mythiques d’El Cap. Mais Honnold avait déclaré : « Nous avons fini par abandonner parce que c’était un peu plus extrême que ce à quoi je m’attendais – cela faisait huit ans que je n’avais pas grimpé « Zodiac » et il semble qu’il y ait beaucoup moins de matériel fixe et de magnésie qu’auparavant. C’était assez brutal. Nous n’avions pas de marteau ou de pitons, et c’était assez humide… En gros nous n’avions pas ce qu’il fallait. Mais c’est génial d’être de retour sur El Cap, et ce n’est que le premier jour de la saison ».

Quelques jours plus tard, il répétait « Mr. Midwest », une grande voie de 14 longueurs en 8a sur le côté ouest d’El Cap. « C’était une journée assez longue et difficile… mais l’escalade était incroyable, vraiment variée et caractéristique, ce qui est assez inhabituel pour El Cap », déclarait Honnold.

Moins d’une semaine plus tard, Honnold s’élançait pour l’arête nord du Half Dome et ses 14 longueurs. En 2008, il faisait la une des journaux après avoir enchaîné en solo la face nord-ouest du Half Dome, une ascension présentée dans le film Alone on the Wall. À propos de l’arête nord, il a déclaré : « C’est une grande voie old-school que je n’avais jamais fait auparavant et je dois dire que j’ai été agréablement surpris. C’est incroyable de se situer de ce côté-là du Half Dome. Ça engage, sans être trop fou. 14 longueurs jusqu’à 6b, mais c’est du 6b plutôt corsé. »

Quelques semaines plus tard, Honnold réalisait la première ascension en libre de « Prime Directive », une grande voie de 11 longueurs en 7a+ sur le Fifi Buttress. « Il y a quelques longueurs incroyables et quelques longueurs moyennes pour passer d’une section à l’autre du mur, mais dans l’ensemble, c’est une voie qui vaut le déplacement au Fifi Buttress. »

L’Américain a ensuite mis sa peau en repos et a enfilé ses baskets pour parcours les sentiers du Yosemite. Il a marché et couru de la vallée du Yosemite jusqu’à Red Peak, puis est revenu. « Ça a fait quelque chose comme 77 kilomètres et environ 2750m de dénivelé. C’est vraiment pittoresque. L’arrière-pays était très beau, j’ai vraiment apprécié de voir une nouvelle partie du parc. Je n’étais encore jamais allé aussi loin au sud du Yosemite ».


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Seb Bouin répète une voie extrême d’Adam Ondra à Flatanger !

Le grimpeur français Seb Bouin a enchaîné une voie d’Adam Ondra, qui n’avait encore jamais été répétée. Située à Flatanger, en Norvège, il s’agit de « Iron Curtain », qu’Ondra avait libérée en 2013, alors assuré par Seb Bouin.

Retour en 2013…

En 2013, Seb Bouin, qui ne connaissait pas encore Adam Ondra, se paye le culot de lui adresser un mail. Le Français était à la recherche d’un partenaire pour aller grimper à Flatanger durant l’été.

Je ne m’attendais pas à ce qu’il me réponde, nous ne nous connaissions pas encore. Mais le lendemain, j’ai reçu un mail : Adam me proposait une date pour venir me chercher à l’aéroport de Trondheim. J’ai réservé mes billets et je l’ai donc rejoint avec Erick Grandelius pour un mois entier dans cette magnifique région. C’était tellement excitant ! »

Sitôt arrivé sur place, Adam se lançait dans un projet équipé un an plus tôt par le grimpeur local Lars Audun Nornes, nommé « Iron Curtain » : une pure ligne aussi belle que difficile, avec un mouvement d’épaule particulièrement violent en guise de crux.

Ça a été la première voie qu’il a enchaînée pendant ce voyage. J’ai eu la chance de l’assurer pendant son enchaînement, et c’était impressionnant. Il réalisait un mouvement en épaule complètement dingue dans le crux. C’était si sauvage ! »

Une première répétition neuf ans plus tard

Il aura fallu attendre près d’une décennie pour que cette voie soit enfin répétée. Arrivé il y a quelques jours à Flatanger, c’est la première voie sur laquelle Seb Bouin s’est concentré.

Le rocher est si parfait, et la ligne si belle que j’ai directement commencé par « Iron Curtain ».

Il lui aura fallu 14 essais, répartis sur cinq jours de travail, pour réussir à compiler tous les mouvements, et clipper le relais de cette voie.

En 2019, Seb Bouin avait réalisé la première répétition de « Move », le 9b/+ enchaîné par Adam Ondra en 2013, quelques jours après « Iron Curtain »

Une question se pose sur la cotation : 9a+ avec genouillères, 9b sans ?

Lorsqu’Adam Ondra libérait cette voie en août 2013, il l’avait enchaînée sans genouillère. Il faut dire qu’à l’époque, cet équipement était encore peu répandu dans le milieu de l’escalade. Le tchèque avait proposé la cotation de 9b, ce qui en faisait la deuxième voie la plus dure de Norvège après « Change » 9b+.

Mais lors de son ascension, Seb Bouin a utilisé une genouillère sur chaque jambe, lui permettant de se relâcher à plusieurs endroits de la voie. D’après lui, la voie est plus facile si l’on utilise cet équipement :

Avec des genouillères, tu peux passer le crux un peu différemment. C’est toujours assez dur, mais moins exigeant pour les épaules, et ça devient un pas de bloc plus conventionnel.

Adam avait proposé une cotation de 9b sans genouillère. Je suis tout à fait sûr de cette cotation si vous n’utilisez pas de genouillères. Par rapport au temps et à l’investissement que cela m’a pris, cela pourrait être plus 9a+ avec des genouillères. »

Seb Bouin a été interrogé sur Instagram, afin de savoir s’il devient pertinent d’attribuer une cotation avec genouillère et une cotation sans genouillère à une même voie. Une question qui fait sens, et qui avait déjà été soulevée par Alex Megos il y a quelques mois. L’Allemand avait proposé d’utiliser deux cotations en fonction de l’utilisation d’une genouillère ou non. Seb a donné son opinion :

L’effort que j’ai fourni est effectivement plus facile que celui d’Adam Ondra. Il faut donc bien souligner que ce n’est pas la même chose. Cependant, pour moi, une voie doit passer au plus facile. Pour les méthodes par exemple, il arrive souvent que l’on trouve des séquences plus faciles après les premières ascensions. Il faut donc réajuster. Il en est de même avec le matériel et les avantages qu’il offre. Malheureusement, l’évolution du matériel fait partie de notre sport, et je pense qu’il faut évoluer avec. Je penche davantage pour garder la cotation la plus basse. C’est un peu la même histoire avec les voies morphos. L’un va ressentir la voie plus dure que l’autre. Je pense qu’une ligne passe au plus logique, et que l’on doit prendre la cotation du ressenti le plus facile. »

Ses prochains projets à Flatanger

Maintenant qu’il a réalisé « Iron Curtain », Seb Bouin va pouvoir s’atteler à d’autres voies extrêmes de Flatanger. Il faut dire que le choix est grand dans cette grotte qui mesure 400 mètres de large et plus de 100 mètres de haut. En effet, elle abrite une vingtaine de voies dans le neuvième degré, dont cinq dans le 9b et plus.

Toutefois, le falaisiste français avoue ne pas avoir de réel plan. Après s’être investi pendant longtemps dans « DNA », le 9c qu’il enchaînait en avril dernier, Seb avoue vouloir se laisser guider par son feeling :

Cette année, j’ai décidé de retourner à Flatanger, sans réels objectifs. Je me laisse libre d’essayer ce qui m’inspire. Mais je vais commencer à chercher des défis plus importants. Je ne sais pas si je suis déjà prêt à me lancer dans un autre grand projet qui demande un investissement à long terme. « DNA » m’a demandé beaucoup d’efforts. Je pense que j’ai besoin d’un peu de temps avant de me mettre dans un autre grand projet. Voyons où mon cœur me porte et ce qui se présente 🙂 »


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Anak Verhoeven enchaîne un nouveau 9a: « Jungfrau Marathon »

Cette semaine Anak Verhoeven est devenue la deuxième femme à enchaîner “Jungfrau Marathon”, un 9a situé à Gimmelwald en Suisse et libéré en 2007 par Simon Wandeler. 

Cette ligne a été enchaînée par 12 autres grimpeurs, dont Adam Ondra, Cédric Lachat et, seule autre femme, Katherine Choong. A l’occasion de l’enchaînement par cette dernière en 2019, Mammut avait sorti une magnifique vidéo qui présentait la falaise, la ligne et la croix de Katherine.

Cette voie, d’une beauté remarquable, a de quoi vous faire souffrir : déversante, courte et très bloc avec un mouvement dynamique… elle ne figure pas parmi les voies du neuvième degré pour rien. Vous l’aurez compris, depuis sa retraite des compétitions en 2021, la grimpeuse Belge ne cesse de manger du caillou, et tente sans cesse de repousser ses limites. À quand une nouvelle perf au dessus de son niveau max?

William Bosi libère la voie la plus dure d’Écosse !

William Bosi a libéré un projet de longue date à Dumbarton Rock qui, selon lui, vaudrait 9a+. Il s’agirait de la voie la plus dure d’Écosse.

William Bosi, 23 ans, a réalisé la première ascension de « Free at Last » 9a+, longtemps restée à l’état de projet et connue sous le nom du « Dumby-Dumby Project ». Bien qu’elle ait été équipée il y a de nombreuses années, cette voie n’avait jamais attiré de forts grimpeurs jusqu’en 2014, lorsque Dave Macleod et Alan Cassidy ont décidé de passer du temps à comprendre toutes les séquences de mouvements, en vain.

Bosi avait déjà essayé cette voie à plusieurs reprises par le passé, mais ce n’est que cette année qu’il s’est sérieusement concentré sur celle-ci. Après sept séances de travail, il a enfin réussi à la libérer, non sans joie.

Dumby est l’une de mes falaises préférées et après y avoir beaucoup grimpé étant plus jeune, ça me fait vraiment plaisir d’ajouter ma pierre à l’édifice en proposant une voie sur cette falaise. Elle a une place si particulière dans l’histoire de l’escalade écossaise.

Bien qu’il semble y avoir beaucoup de prises quand on regarde la voie depuis le sol, presque toutes sont des inversés ou des verticales. Cela rend l’escalade très technique car les pieds sont minuscules. Et cette ligne est également très intense et puissante car on ne peut pas se reposer.

Au moment de mon enchaînement, tout s’est très bien passé, je n’ai presque commis aucune erreur, je me suis juste donné à fond ! Les conditions n’étaient pas très bonnes, mais alors que j’étais assis sur la corniche au-dessus de la dalle, le vent s’est levé et les conditions ont été en ma faveur ! J’ai eu une sensation incroyable en clippant le relais de cette voie, elle représente énormément moi. »

William Bosi

À 17 ans, William Bosi est devenu le plus jeune Britannique à enchaîner un 9a, avec « Rainshadow » à Malham Cove. Depuis lors, il est devenu l’un des grimpeurs les plus actifs de la planète. En 2018, il a atteint la finale de la Coupe du Monde de Chamonix, (c’était la première fois qu’un Britanique atteignait une finale en difficulté depuis 1998 !). En 2020, William est devenu le premier Britannique à grimper un 9b à l’étranger avec son ascension de « La Capella ». Un an plus tard, il a fait la première ascension de « King Capella » et l’a proposée à 9b+, mais elle a ensuite été décotée à 9b par Alex Megos et Jakob Schubert. Plus tôt cette année, il a flashé un 8B bloc et enchaîné de nombreux 8C, notamment en République Tchèque.

Interview: Anatole Bosio nous parle de ses gros projets…

Blessé cet automne, le Niçois Anatole Bosio ne compte pas pour autant renoncer à ses projets… Et autant vous dire que ce sont des projets d’envergure, n’ayons pas peur des mots! Si je vous dis « La rage d’Adam » ou « Le bombé bleu », ça vous parle? Faisons le point avec lui.


Salut Anatole comment vas-tu?

Ça va plutôt bien même si je finis l’année scolaire particulièrement fatigué. J’ai hâte d’être en vacances et de me consacrer pleinement à mes projets en falaise.

Comment s’est passée la saison hivernale pour toi? 

J’ai été blessé tout l’automne aux doigts donc cet hiver a été une saison de reprise. L’idée c’était de me remettre en forme pour cet été, c’est le cas en force, j’ai encore un peu de boulot en rési mais ça suit son cours.

Quels objectifs t’es-tu fixé cette année? 

Mes objectifs de l’année sont d’enchainer La rage d’Adam (Verdon) cet été et le Bombé bleu (Buoux) cet hiver. J’avais aussi prévu de participer aux compétitions nationales et internationales mais en travaillant à temps plein j’ai été contraint en cours d’année de faire un choix, c’est devenu compliqué de jouer sur les deux tableaux et c’est la falaise qui a primé. L’an prochain je travaillerai à temps partiel, ce sera plus simple de tout combiner.

L’un de tes gros projet du moment c’est « La rage d’Adam », pourquoi cette ligne en particulier?

J’ai d’abord eu envie d’enchainer une voie extrême, quand j’ai fait une cotation j’ai toujours voulu faire la suivante. Surfer avec la limite, ne pas être sûr d’y arriver et tenter l’exploit, c’est ça qui anime!  Avec mes contraintes, métier, vie de famille, il ne fallait pas qu’elle soit trop loin de chez moi. Des voies en 9b et plus à moins de 3h de route de la maison il n’y en a vraiment pas beaucoup, mais il y en a, et c’est déjà une chance immense! La ramirole ça me correspond, le gros dévers et les petites prises sont mon domaine de prédilection.

© Lena Drapella

Peux-tu nous décrire la voie?

La rage d’Adam est une voie de 50m mais seuls les 20 premiers font la cotation. Les 15 premiers mètres constituent un 8c de rési bien physique dans du 50° avec des mouvements éloignés et des prises très abrasives. S’en suit un 8b bloc dans du 60°. Les prises de main sont petites et éloignées, certains pieds sont très durs à gainer. C’est déjà très dur d’enchainer le crux, mais avec la pré-fatigue du 8c d’approche ça devient extrême. Les 30 derniers mètres rejoignent la fin de Spanish Caravane, cette partie doit valoir 8a+. Arrivé là, normalement c’est gagné, d’autant qu’il y a des genoux partout.

Où en es-tu sur ton processus de travail?

J’ai enchaîné la première partie en 8c plusieurs fois. J’ai fait tous les mouvements du crux et l’ai quasiment enchainé en entier. Cette année j’ai décidé de faire d’autres voies à côté pour m’entrainer dans le style. Je veux être rando dans la première partie donc je vais m’entrainer pour ça. J’ai reproduit le crux sur mon pan, j’espère que ce nouvel outil m’apportera une aide significative pour faire la croix.

Quelles difficultés rencontres-tu principalement?

Au premier mouvement du crux il faut faire un coincement de genou et le pied est tellement loin pour moi que la première année j’essayais, avec Hugo Parmentier, une autre méthode avec un talon encore plus extrême. Finalement j’ai choisi de mettre une cale sous ma genouillère. J’ai hésité à le faire et finalement comme le premier ascensionniste y a eu recours il me semble que ce n’est pas choquant.

En dehors de ce projet, as-tu le temps pour autre chose? 

Pas vraiment, c’est un peu la course là! Quand je ne travaille pas je m’occupe de mes petites, et dès que j’ai un moment je m’entraine. J’arrive à tout faire mais au prix d’une grande fatigue nerveuse, ce sera plus facile l’an prochain!

Le mot de la fin?

Avec Movment Production on est lancés dans plusieurs projets vidéos qui vont montrer mon processus de travail dans mes différents projets, je suis très heureux de ce partenariat qui me stimule encore plus et suis content de partager mes aventures avec le public. A suivre …

À ce sujet, voici la dernière vidéo qui vient de sortir avec de superbes images dans la mythique voie de « Tom et je ris » (Verdon)…

Un grimpeur a décidé de s’attaquer à « Silence » 9c !

Un nouveau grimpeur a décidé de faire de « Silence » son projet à long terme. Son nom ? Stefano Ghisolfi, l’un des meilleurs falaisistes de la planète.

« Silence » n’est autre que la voie la plus difficile du monde. Libérée par Adam Ondra le 3 septembre 2017, cette ligne unique au monde attend toujours sa première répétition. Il faut dire que son style particulier et sa localisation n’attire pas foule. D’une part, cette voie est très gymnique, avec de nombreux mouvements singuliers, comprenant des coincements de genoux, des mouvements la tête en bas, des coincements de pied en fissure… D’autre part, elle est située dans la grotte de Flatanger en Norvège, qui n’est pas la destination la plus connue des grimpeurs.

Mais l’un des meilleurs falaisistes au monde a fait de « Silence » son objectif à long terme : Stefano Ghisolfi. Il déclare :

Avec ma copine Sara, nous allons parcourir plusieurs milliers de kilomètres en van pour aller directement de Munich (après les Championnats d’Europe) à Flatanger, dans la grotte qui abrite la voie la plus difficile du monde : « Silence ».

Le but est évidemment de commencer à essayer cette belle et légendaire ligne en 9c, libérée par Adam Ondra en 2017, qu’aucun grimpeur n’a encore répétée. Je ne m’attends pas à l’enchaîner au cours de ce voyage mais en attendant, je veux commencer à m’investir dedans. Adam avait mis trois ans, moi je ne vais rester qu’un mois en Norvège, mais c’est le début d’un projet à long terme. Il est clair que je dois voir comment se déroule cette première expérience et ensuite j’espère revenir rapidement. »

Stefano Ghisolfi dans la grotte de Flatanger.

Stefano Ghisolfi va donc affronter les 45 mètres de « Silence ». Le tracé peut se décomposer en quatre parties. Il y a tout d’abord une première section de « mise en jambes », qui fait une vingtaine de mètres 20m et cote 8b. Ensuite, vient ce fameux passage de 10 mouvements, qui a donné tant de mal à Adam. Cette section vaudrait à elle seule 8C bloc. Viennent ensuite quatre mouvements très intenses pieds à plat, en 8B bloc. Un dernier passage difficile en 7C+ bloc conduit jusqu’au sommet. Ces quatre crux sont fort heureusement séparés par des repos qui nécessitent des coincements de genoux. Sans ses repos, Adam estime que la voie serait dans le dixième degré.

Stefano Ghisolfi s’est déjà rendu dans la grotte de Flatanger. En septembre 2020, il avait signé la seule et unique répétition de « Change », un 9b+ libéré par Adam Ondra huit ans plus tôt.

J’ai hâte de retourner à Flatanger, où il y a deux ans j’ai pu répéter « Change », qui se trouve dans la même grotte que « Silence » et qui en 2012 avait été proposé par Adam comme le premier 9b+ au monde.

Je vous tiendrai au courant de mon avancée dans les prochains posts…. »

La vidéo de Stefano Ghisolfi dans « Change » 9b+ :


Lire aussi

« Silence », l’histoire du premier 9c au monde, raconté par Adam Ondra !

Où pratiquer le psychobloc en France cet été ?

Alors que l’été est bel et bien là en France, le psychobloc semble être la discipline idéale du moment pour se rafraichir. La question étant la suivante : où la pratiquer ? Pour vous aider à trouver le coin idéal, voici une liste (non exhaustive) des différents spots que l’on peut trouver en France.

Pour rappel, n’oubliez pas que cette discipline reste dangereuse malgré les apparences, et qu’un minimum de connaissance du milieu et de la pratique sont nécessaires (savoir chuter dans l’eau, vérifier la profondeur avant la pratique, s’informer des arrêtés pour d’éventuelles interdictions, …)

Marseille et la Ciotat

© lokayakcassis.com

Entre Marseille et la Ciotat, les calanques vous offre de nombreux sites d’escalade vous permettant de grimper dans un cadre idyllique. Parmi les sites de psychobloc, on trouve la grotte des Tablettes, le Trou du diable, port Miou, Malmousque et la calanque du Mauvais Pas.

Toulon

© thecrag.com

Situé près de Toulon, le site de la Piade a été rendu célèbre par Patrick Edlinger et propose des voies de psychobloc allant du 3c au 8a.

Monaco, Cannes, Nice, & Saint-Raphaël

© Stéphane Silvestri

Entre Monaco et Saint-Raphaël, vous trouverez les sites du Cap d’Ail (plage de la Mala), de Coco Beach, du Cap d’Antibes, de la pointe de l’Aiguille et du Dramont. Ainsi, vous pourrez profiter de cette partie de la côte d’Azur à votre manière.

Lac de Sainte-Croix

© moustiers.fr

Ce lac artificiel, conséquence de la construction d’un barrage sur le cours du Verdon, vous permettra de grimper sur les falaises surplombant l’eau turquoise de la célèbre rivière.

Pont du Diable

© ardechedessourcesetvolcans.com

Connu pour le cliff diving, le pont du diable est également un magnifique spot de psychobloc. En effet, l’Hérault y est assez profond pour vous pussiez profiter des voies surplombant ses rives.

Cascades du Sautadet

© horizon-provence.com

Au fil du temps, la Cèze a creusé la roche pour former de magnifiques cascades, ainsi qu’un spot de cliff jump et de psychobloc.

Vallon-Pont-d’Arc

© rivesdarc.com

Le pont d’Arc est une arche naturelle située dans les gorges de l’Ardèche et qui vous offrira une expérience de grimpe unique. Vous y trouverez des voies à votre niveau, les cotations allants de 5a au 8b+ de 30 mètres libéré par Chris Sharma.

Peyroche

© camping2be.com

Situé à quelques mouvements de brasse d’une magnifique plage de galets, ce site de psychobloc vous permettra de profiter de la Baume de la plus belle manière qui soit. Vous pouvez y grimper, sauter, vous baigner, …

Gorges du Tarn

© en.lozere-tourisme.com

Surplombées par de magnifiques falaises, ces gorges proposent des spots de psychobloc au cadre idyllique que vous pourrez longer en canoë.

Cingle de Montfort

© briveescaladeclub.blogspot.com

Situé sur les rives de la Dordogne, non-loin du magnifique château de Montfort, ce site de psychobloc saura répondre à vos attente en vous proposant une grimpe plaisante et varié en niveaux.

Lac d’Annecy

© experience-outdoor.com

Le site de Roc de Chère a tout pour lui. Situé sur le lac d’Annecy, il vous permettra de grimper de la dalle, du dévers et des traversées de tous niveaux, dans un magnifique cadre pré-alpin.

Pour des informations plus détaillés, vous pouvez acheter un topo, tel que : Escalade au dessus de l’eau. Ce topo répertorie les sites de Nice, Antibes, Toulon, La Ciotat, Marseille, Gorges du Verdon, Gorges de l’Hérault, Gorges du Tarn, Annecy et Biarritz, et vous donnera toutes les informations essentielles pour s’amuser et passer un bel été.

Une team française à l’assaut de grandes voies alpines dans le 8ème degré cet été

Cet été, une team française fera le tour des Alpes à vélo pour grimper des grandes voies alpines dans le 8ème degré avec du matériel d’occasion.

Dans un mois, les frères Ladevant, Symon Velfringer et Damien Largeron partiront à vélo depuis Chambéry. Le projet : grimper des grandes voies alpines dans le 8ème degré en utilisant exclusivement du matériel d’occasion (sauf EPI).

L’itinéraire prend d’abord la direction des Dolomites, où la fine équipe grimpera en face nord des Tre Cime di Lavaredo. Dans un second temps, ils pédaleront jusqu’à Innsbruck, où Symon passera le flambeau à Thomas Joannes. Puis direction le Feuerhorn dans les Alpes de Berchtesgaden avant de rentrer à la maison.

Au total, environ 700 km de vélo, 5000m de dénivelé et un budget de moins de 1000€, tout compris.

Les 4 kits vélo et matériel, ainsi qu’une bourse financière, seront ensuite donnés à une équipe motivée, sélectionnée suite à un appel à projet qui sera lancé à l’occasion du film qui retracera ce voyage.

Cédric Lachat enchaîne « Le Goût du Sang » 9a

Cédric Lachat vient d’ajouter un nouveau 9a à son carnet de croix : « Le Goût du Sang », au Précipice de Corbière.

Équipée par l’ex-sélectionneur de l’équipe de France, Corentin LeGoff, cette voie était peu à peu tombée dans l’oubli… Jusqu’à ce que Seb Bouin décide de s’attaquer à ce projet, dont il signera la première ascension.

Située au Précipice de Corbière, cette ligne remonte une rampe sur 30 mètres et comporte de nombreux coincements de genoux. Fuyant la chaleur estivale, le Suisse Cédric Lachat, qui a élu domicile non loin de cette falaise, a décidé de s’essayer à cette voie. Bien lui en a pris puisqu’il signe la première répétition de ce tracé, qu’il considère comme technique.

Avec cette canicule extrême, je suis allé faire un petit tour au Précipice de Corbière, accompagné de Seb Richard. On s’est mis une bonne mission pour nettoyer et caler « le Goût du Sang » 9a. Je viens tout juste de réaliser la deuxième ascension après Seb Bouin.

La première difficulté de cette voie : le brossage ! Pour la rendre grimpable, car elle n’est jamais parcourue et devient extrêmement sale après l’hiver. La voie est vraiment magnifique à grimper et quand même bien technique. Dommage que les points soient si mal placés !

En ce moment, avec ma copine, on passe nos journées à rénover notre maison, j’essaie donc de maintenir mon niveau pour cet hiver en faisant les projets à deux pas de chez nous. J’ai deux 9a et deux 9a+ qui m’attendent dès que les températures veulent bien redescendre. J’avoue que c’est le paradis d’habiter dans le Royans avec toutes ces falaises à côté… »

Objectif : 50 voies dans le 9 avant ses 40 ans

Après avoir clippé le relais de cette voie, Cédric Lachat s’est fixé un nouvel objectif : atteindre les 50 voies dans le neuvième degré avant ses 40 ans. Aujourd’hui âgé de 37 ans, il lui reste donc trois ans pour enchaîner les sept voies qui manque au compte.

L’Américain Matt Fultz libère un nouveau 8C+ !

Il est l’un des plus forts grimpeurs des États-Unis et le confirme en enchaînant ce nouveau 8C+ !

Le grimpeur américain Matt Fultz a réalisé la première ascension de « Brace for the Cure » 8C+. Ce bloc commence dans « Jade » 8B+ et se poursuit sur une série d’arquées, qui deviennent très dures à tenir avec la fatigue.

En 2020, Matt était tombé dans le dernier mouvement dur. En 2021, il n’avait pu mettre qu’une session de travail avant de se blesser. Cette année, l’Américain s’est entraîné spécifiquement pour ce bloc, ce qui lui a permis de faire la croix.

J’ai bossé dur pour l’enchaîner celui-là ! C’est ma première ascension la plus difficile et probablement le deuxième bloc le plus dur que j’ai jamais fait. J’ai toujours eu du mal à aligner toutes les bonnes conditions entre la météo, la peau, l’énergie et la précision.

C’est une ligne assez unique. Chaque mouvement pris individuellement n’est pas trop mauvais si on arrive sur les prises parfaitement. Mais les arquées sont fines et tranchantes. Il m’arrivait souvent de ne pas arriver pile-poil sur la préhension d’une prise, puis d’être complètement crucifié pour le mouvement suivant.

Au moment de l’enchaînement, c’était tellement satisfaisant d’arriver sur chaque prise parfaitement pour une fois ! »

Matt Fulz

En 2021, Matt Fultz a coché pas moins de trois 8C+, enchaînant « Sleepwalker », « Grand Illusion » et « Creature from the Black Lagoon ». Entre ces répétitions, il a également établi « Blood Eagle », 8A+ à Red Rocks, « Lil Jon » 8B et « Sound of Violence » 8C à Joe’s Valley. Ce sont deux des passages les plus difficiles de la région.

Fultz est l’un des rares grimpeurs à avoir la capacité de grimper « Return of the Sleepwalker » 9A, surtout si l’on considère qu’il a enchaîné « Sleepwalker » 8C+ « Squoze » 8B et « Trieste » 8B dans la même journée !

La vidéo de son ascension dans « Brace for the Cure » :

 

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Le Français Symon Welfringer enchaîne son premier 9a à Céüse !

Le Français Symon Welfringer, plutôt connu pour ses exploits en alpinisme, a réussi à clipper le relais de «Pornographie» cochant son premier 9a, sur sa falaise de cœur, Ceüse.

Ouverte par Mickaël Duc et libérée par Alex Megos en 2020, elle n’avait été répétée qu’une poignée de fois depuis son ouverture.

Ingénieur météo de profession, Symon Welfringer a obtenu en 2021 la plus haute distinction en alpinisme, le Piolet d’Or, pour son ouverture en mixte de la face sud vierge du Sani Pakush aux côtés de Pierrick Fine. Il s’était ensuite illustré le 28 mars 2022 en réussissant la première répétition française de la voie mythique de trad climbing réputée la plus dure de France, « Le Voyage » (E10 7a / 8b+). Le natif de Metz de 28 ans, qui incarne depuis quelques années le plus haut niveau de l’alpinisme français actuel, continue de montrer toute sa polyvalence avec cette répétition majeure de « Pornographie ».

Cette voie bien résistante se scinde en deux sections bien distinctes, séparées par un bon repos sur coincement de genou. La voie se termine en beauté par un beau jeté.

Au-délà du rêve qui se réalise, cette journée marque la fin d’un processus de trois années durant lesquelles j’ai tenté de progresser en escalade : m’atteler à un projet à ma limite, garder une motivation intacte malgré les séances qui s’accumulent et la frustration qui s’installe.

En clippant le relais de cette voie, la joie a rempli mon corps et fait scintiller mes yeux. Je ne peux décrire les multiples émotions qui ont traversé mon esprit durant ces années. »

Céüse est pour moi le lieu qui représente le mieux ma façon de vivre, une barre rocheuse d’une beauté unique perchée en altitude, j’ai toujours choisi mes projets là-bas depuis ma découverte du lieu. L’ambiance qui y règne m’anime un peu plus à chaque journée passé là-haut.

En 2019, je réussissais mon premier projet d’envergure avec « Mr. Hyde» , c’est donc tout naturellement que je suis allé rendre visite à sa voisine de gauche, « Le Cadre Nouvelle», 9a. Durant deux saisons, j’ai tenté de m’entraîner et progresser au mieux pour faire cette voie, mais elle me résistait. Cette frustration je la connaissais déjà, l’éloge de l’échec comme dirait mon copain Lucien, chaque séance supplémentaire passée à travailler la voie n’est en fait qu’une dose de bonheur supplémentaire au moment de l’enchaînement.

Avec « Le Cadre », je découvris mes limites physiques mais surtout mentales. J’avais énormément de mal à gérer la pression et l’envie de réussir venait souvent entacher ma grimpe. L’année dernière, je n’avais plus l’envie nécessaire pour continuer à essayer « Le Cadre », je décidais alors de travailler également « Pornographie », une ligne récemment équipée par Micka Duc qui bien qu’assez courte par rapport à ses voisines, propose une grimpe très ludique et extrêmement intense.

Cette année, je ne savais quel choix faire entre ces deux voies et j’ai continué à travailler les deux, ce qui m’a permis de garder une grande motivation tout au long de la saison. Finalement, après presque trente séances dans « Le Cadre » et une vingtaine dans « Porno », je réussis ce jour de juin à grimper ma première voie dans le neuvième degré !

Car oui, le niveau de cette voie avait pour moi une certaine importance, je ne suis pas obsédé par les cotations mais selon moi, elles jouent un rôle important dans notre sport.

Après avoir fait du 8c et du 8c+, dont certains à Céüse, j’arrivais assez facilement à quantifier la difficulté des voies que j’essayais. Ainsi, au sein de la case 9a, je pense que « Porno » a bien sa place, elle est pour moi légèrement plus facile que « Le Cadre » mais aussi plus dur que d’autres 9a que j’ai essayé. J’ai également discuté de cette difficulté avec beaucoup d’autres grimpeurs et ce chiffre me semble juste.

Toutes ces émotions qui ont rempli mon esprit pendant ces multiples séances laissent place à une sorte de vide que j’ai hâte de combler en me consacrant aux autres projets qui m’animent vers des montagnes plus enneigées et du rocher de moins bonne qualité. »

Symon Welfringer

Un nouveau record pour Adam Ondra !

La semaine dernière, Adam Ondra a établi un nouveau record : enchaîner quatre 8b+ à vue, au cours de la même journée !

En une journée, Adam Ondra a réussi ce qui n’avait encore jamais été réalisé : clipper le relais de quatre 8b+ à vue. C’est sur la falaise de Harmanec Krpcovo, en Slovaquie, qu’il a accompli cette performance.

Après s’être échauffé dans un 7a, puis un 8a, il manquait de peu l’ascension à vue du 8c « Insomnia ». Il s’est alors rabattu sur quatre autres 8b+ (dont « Tanec s Vlkmi », que beaucoup considèrent comme un 8c), qu’il a enchaîné à vue !

Ce nouveau secteur à la mode en Slovaquie offre une belle sélection de voies dures et c’était l’occasion pour moi de m’amuser, tout en essayant d’enchaîner le plus de voies possibles à vue. Je ne pense pas que ces quatre 8b+ soient les plus dures de leur niveau, mais elles étaient assez exigeantes à cause du pollen qu’il y avait sur les prises.

Et plus haut et à droite de cette falaise, il y a un potentiel évident pour des projets futuristes ! Je reviendrai certainement dans le futur. »

Au total, le Tchèque de 29 ans a enchaîné à vue plus de 190 voies dans le 8b+ et plus. Aucun autre grimpeur n’a fait plus de 40 voies dans ce niveau à vue.

La vidéo de son ascension dans « Tanec s Vlkmi » 8b+ :

Sur place, Svana Bjarnason nous en dit plus sur le terrible incendie à Oliana

Hier, nous vous annoncions le terrible incendie qui faisait rage à Oliana. Aujourd’hui, Svana Bjarnason qui est sur place, nous raconte comment elle a vécu ces quelques jours et nous en dit plus sur ce sinistre et l’avenir de la falaise…

ll y a moins d’une semaine je mettais un essai dans mon projet à Oliana. A ce moment-là les températures étaient extrêmes, 41 degrés à l’ombre. Je tombais à 4 mouvements du relais et me disais que j’allais attendre la semaine suivante pour y regrimper, les températures étant censées se calmer. A ce moment-là, je ne savais pas que je serai la dernière personne à grimper sur la falaise que l’on a connue.

2 jours plus tard des incendies commençaient à se déclarer dans la région, les hélicoptères tournaient en permanence devant chez moi à Coll de Nargo ( à 10 min d’Oliana) pour puiser de l’eau dans le lac. Il a vite été interdit de se balader sur les pistes et de pratiquer toute activité outdoor à Coll de Nargo, Oliana, Abella de la Conca et Organya, grimpe y comprise.

Dimanche 19 juin, vers 14h30, un incendie s’est déclaré dans un champ au pied de la falaise d’Oliana, suite à l’utilisation d’une machine pour couper du foin. Ce jour-là les températures étaient encore très (trop) élevées et il y avait 50 km/h de vent. Cela fait plus d’un mois que l’on a des températures critiques dans la région, tout était très sec et le feu s’est donc propagé très rapidement dans la forêt, puis sur et au-dessus de la falaise. Pendant plusieurs heures la falaise s’est retrouvée sous les flammes et la fumée. Avec le vent l’incendie est ensuite passé de l’autre côté de la falaise, et n’a été contrôlé que bien plus tard dans la nuit / lendemain matin. Lundi soir, il y avait encore des arbres qui brûlaient sous la falaise.

Aujourd’hui, 2 jours après le début de l’incendie, nous avons pu monter au secteur de grimpe pour voir l’étendue des dégâts, avec Dan Forgeng (grimpeur américain vivant également à Coll de Nargo) et Paxti Usobiaga (vivant à Oliana). Nous passons notre temps à grimper ici, c’est un peu notre deuxième maison. Donc en arrivant à la falaise nous avions les larmes aux yeux, c’était une vision apocalyptique toute cette forêt brûlée. Heureusement il n’y a eu aucune victime et les pompiers de la région ont été extraordinaires. Un énorme merci à eux pour leur courage et travail acharné.

Concernant l’état de la falaise, c’est difficile à dire. Pour résumer : le mur de gauche est très très abimé à partir de la voie « Michi », les dégaines en place ont cramé et le rocher se délite de partout. La première couche de rocher se casse dès qu’on la touche, le sol est recouvert de prises. Il faudrait un énorme nettoyage et tout rééquiper. Mais, quoi qu’il arrive, les voies ne seront plus jamais celles qu’on a connues.

Le mur central et le mur de droite ne PARAISSENT pas si mal mais certaines prises ont cassé (parfois de gros morceaux) et sont au sol, et le rocher a forcément été endommagé à d’autres endroits avec la chaleur des flammes. Il est impossible de savoir ce qui est maintenant solide ou non. Il y a certainement des micro-fissures à plein d’endroits et ce qui n’est pas tombé aujourd’hui pourra tomber plus tard. Nous n’avons également aucune idée de la résistance des dégaines et des points. Visuellement ça a l’air d’aller, sur cette partie les dégaines n’ont pas brûlé, mais nous n’avons pas les connaissances techniques pour savoir si la résistance des équipements a été altérée ou non par la chaleur mais il paraît évident que oui. Il paraît plus prudent de tout remplacer. Si quelqu’un a des infos là-dessus merci de me contacter!

Dans tous les cas, il serait bien trop dangereux de grimper là-bas avant que l’on ait bien tout checké. Il faut attendre que les grosses chaleurs passent, les pluies également car elles risquent de faire tomber d’autres prises et tout ce qui a cramé au-dessus de la falaise. Il faut bien être conscient que pour le moment, même simplement se balader au pied des voies n’est pas safe.

A partir de Septembre nous prévoyons donc un gros effort de nettoyage et rééquipement. Si des personnes et marques sont prêtes à aider, vous êtes les bienvenus, il y aura beaucoup de travail. La première étape, et la plus importante, sera la sécurisation et nettoyage du site : chemin d’accès, pied des voies et voies. Le problème de reforestation se posera aussi. Ensuite nous pourrons passer à la partie escalade. Nous mettrons en place un crowdfunding pour ceux qui souhaiteraient contribuer. Tous ceux qui sont prêts à aider en septembre / octobre peuvent me contacter sur les réseaux sociaux ou via Planetgrimpe.

Il faut rappeler que ce qu’il s’est passé ces derniers jours à Oliana résulte d’un problème bien plus important que la simple destruction de nos terrains de jeu. Le réchauffement climatique détruit la planète et si nos gouvernements n’agissent pas, nous le pouvons à notre échelle. Il y a plein de petites actions à faire, tant dans notre pratique sportive que dans notre mode de vie. A commencer par éviter de laisser des traces de votre passage à la falaise, nous avons retrouvé des bouteilles en plastique carbonisées dans les buissons. Ne pas faire de feu quand il fait 40 degrés… Respecter l’environnement n’est plus une option. Dans le monde de la grimpe je vous invite vivement à suivre les actions des personnes telles que Eline Le Menestrel et Nolwen Berthier qui sont très impliquées à ce sujet, ou des associations comme Greenspits.

Une cagnotte a été mise en place pur aider les locaux à réhabiliter la falaise d’Oliana. 

Quelques photos pour vous rendre compte de l’ampleur du désastre…

 

 

 

En direct : énorme incendie sur la falaise d’Oliana en Espagne

Confrontée à une intense vague de chaleur depuis plusieurs jours, l’Espagne étouffe. Si bien que plusieurs incendies se sont déclarés dans le pays, dont trois importants en Catalogne. La falaise d’Oliana, l’un des spots de grimpe les plus mythiques du monde, a été prise sous les flammes.

Hier, dimanche 19 juin, à 14h30, les secours ont reçu une alerte concernant un feu de végétation à Oliana. Un incendie est parti d’un champ situé en dessous de la falaise. Alors que le thermomètre affichait 43°C, les flammes se sont très vite propagées et ont gagné le rocher.

Plus de trente-cinq équipes au sol et sept équipes aériennes ont été déployées sur place, pour tenter de maîtriser l’incendie. Malheureusement, la falaise d’Oliana a été prise durant de longues heures au coeur de l’incendie, et les flammes ont ravagé le rocher. Emmené par les vents, l’incendie a poursuivi sa course de l’autre côté de la montagne et semble être sur le point d’être maîtrisé par les secours.

 

En raison des températures élevées et du faible taux d’humidité dans l’air, le niveau 3 du plan Alfa, c’est-à-dire le niveau maximal, impliquant la suspension de toutes les activités présentant un risque d’incendie de forêt, a été déployé. Pour l’heure, la falaise est inaccessible et nous ne sommes pas encore en mesure de constater l’ampleur des dégâts dans les voies d’escalade.

Oliana est l’un des spots de grimpe les plus connus dans le monde. La plupart des voies sont situées dans le 8ème et 9ème degré et des grimpeurs du monde entier viennent passer l’hiver dans cet endroit de la Catalogne. Parmi la trentaine de voies présentes, Chris Sharma y a équipé les plus dures. On retrouve notamment trois 9b, « Fight or Flight » « Mamichula » et « Shaxi Raxi » ainsi que le célèbre 9b+ « La Dura Dura ».

La falaise d’Oliana avant l’incendie VS après l’incendie © Svana Bjarnason

Un nouveau 8B bloc pour Brooke Raboutou

Brooke Raboutou a signé une ascension éclair d' »Evil Backwards » 8B. Ce bloc ne lui aura demandé que très peu de temps, puisqu’elle l’enchaînera lors de son deuxième essai depuis le bas.

Voici son commentaire :

La seule fois où je suis venue ici, c’était il y a 5 ans, quand j’ai regardé Alex Puccio enchaîner ce bloc. Je pensais que les mouvements étaient trop loins pour moi, mais il s’est avéré que je n’étais tout simplement pas assez forte lol. Je suis contente de l’avoir enchaîné lors de mon deuxième essai depuis le bas cette fois 🙂 »

La vidéo de l’ascension

 

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