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Les frères Ladevant, passionnés touche à tout – Ladevant brothers, passionate all rounders

25 juin 2021 à 20:06

Connaissez-vous les frères Ladevant ? Louna et Tristan Ladevant, ces deux jeunes alpinistes et grimpeurs d’une vingtaine d’années, tournés principalement vers des projets relevés en big wall, particulièrement sur les massifs alpins. Mais c’est en falaise qu’ils se sont récemment illustrés, avec la réussite de “Sang Neuf” à Pierrot Beach (Vercors) pour Louna en guise de premier 9a alors que Tristan lui réalisait la même journée son premier 8c avec “Smoke”. Nous sommes allés à la rencontre de Louna.

– Peux-tu vous présenter rapidement ?
Louna Ladevant, j’ai 20 ans, mon frère Tristan 23 ans. On grimpe depuis une dizaine d’années maintenant et depuis quelques années de manièreun peu plus pro entre la falaise, les grandes voies et tout style d’escalade, les compétitions internationales de cascade de glace, l’alpi, le ski, et depuis peu le parapente. Notre rêve c’est de jouer avec la pluridisciplinarité au plus haut niveau possible.

– Pourquoi avoir bossé cette voie, comment s’est passé le processus ?
Il y a presque un an et demi j’essaye “Sang neuf” pour la première fois sous un soleil caniculaire, je demande à un pote en bas si c’est bien cette voie ! Je ne comprends pas comment cela peut être 9a… et je me dis que je peux essayer d’enchainer. Très vite je ne fais plus qu’une pause et je me dis que c’est pour bientôt. Je crois que je me suis retrouvé face au plus gros paradoxe de ma courte vie de grimpeur. Plus les runs passaient plus je tombais haut, plus la pause que je faisais au milieu était courte etc… mais plus en fait je me sentais loin de l’enchaînement. Je me suis rendu compte, notamment en voyant des machines dedans, qu’il fallait être complètement “rando” dans le début de la voie pour pouvoir ne serait-ce qu’avoir une chance dans les derniers mouvements dans l’effort de l’enchaînement. Puis l’été dernier j’ai été capable de mettre des gros runs en tombant tout en haut. Je me sentais finalement me rapprocher d’un éventuel enchaînement. Puis Jonathan m’appelle et m’annonce que l’épaule du dernier crux à cassé.

J’étais persuadé que c’était une blague mais il s’avère que non ! Romaric me dit que ça passe toujours avec un genou obligatoire et que pour lui ça ne changerait pas la cotation. L’hiver passe, avec lui les compétitions de cascade de glace et j’ai peur d’y retourner, d’éventuellement ne pas du tout arriver à la nouvelle méthode après déjà autant de travail. Les premières séances sont dures et je mets du temps à comprendre la nouvelle méthode puis j’ai un déclic, je trouve les calages parfaits qui me permettent une bonne décontraction avant le dernier pas de bloc devenu pour moi plus dur. Je suis sûr que je vais enchaîner juste après… et non ! Faux espoirs encore et encore, décidément elle ne se laissera donc pas faire comme ça. Encore des runs des runs des runs et des runs avant d’arriver enfin au dernier plat final vaché pour une fois ! Et je sais que cette fois c’est la bonne… un petit rire nerveux et le bruit du mousqueton du relais que je clippe masqué par les cris de joie et de folie partagé avec Damien qui était pendu au relai pour faire des images et Tristan qui m’assurait et qui venait de réaliser son premier 8c avec “Smoke” juste avant mon run c’est pas beau ça ?!? Plus de 2 ans après son accident en montagne il est de retour plus fort que jamais !

Je ne sais pas comment c’est possible d’avoir réalisé nos deux meilleures performances comme ça le même jour, un run après l’autre, incroyable destin…! Et puisque c’est bien le sujet du moment, je vais m’exprimer sur la cotation. Faire 9a était un rêve de gosse qui me paraissait encore inaccessible il y a quelques années, dire que je n’y suis pas allé pour la cotation serait mentir. Je pense même que c’est ce qui m’a poussé à y mettre autant d’investissement, à traverser les pleurs, la colère, la joie etc au moins jusqu’à ce que mon ego prenne le relai et en fasse une “affaire personnelle”. Mais au final, 9a ou pas, la réalité c’est que ce condensé d’émotions fortes et incroyables vient bien d’un combat avec soi-même et ce foutu caillou… et pour moi c’est le plus beau bon combat que j’ai gagné !

Quelles sont vos envies pour cet été ?
On part dans une semaine au Kirghizistan pour faire du big wall en altitude et essayer de faire la première répétition d’un des murs les plus durs dans ce style du Kirghizistan apparemment… (8a à plus de 5000m, 900m de long) et puis ensuite au Brésil pour essayer de libérer un autre big wall présumé extrême ! (8b/+, 850m) . Du coup si au moins un des deux projets est concrétisé ça sera une année de dingue avec ce qu’on a réussi à faire avant : le double podium en glace, le trip à vélo grimpe-parapente, l’eurotest en ski et de belles réalisations en ski de pente raide !

Photos : Damien Largeron – DamienLargeronPhotography.com

Do you know the Ladevant brothers, Louna and Tristan? These two young mountaineers in their twenties and climbing all-rounders mainly focused on big wall projects, are mainly active on the alpine mountains. But it is in rock climbing that they have recently struck, with the ascent of the power resistance testpiece “Sang neuf” at Pierrot beach for Louna, his first 9a, while Tristan made his first 8c the same day with “Smoke”. We went to meet Louna.

Can you introduce yourself quickly?
Louna Ladevant, I’m 20-years old, Tristan 23. We have been climbing for ten years now and for the last few years in a slightly more professional way between rock climbing, multi-pitch routes and all other styles of climbing, ice climbing international competitions, alpinism, skiing, and more recently paragliding. Our dream is to play with multidisciplinarity at the highest possible level.


Why did you work “Sang Neuf”, what was the process like?
Almost a year and a half ago I tried “Sang neuf” for the first time in the blazing sun, and had to ask a friend below if I was trying the right route! I didn’t understand how it could be 9a… But then I thought I could actually try it for real. Very quickly I managed it with just the one rest, and told myself that it’d come soon. I think I found myself facing the biggest paradox of my short life as a climber: The more goes the higher I fell, the shorter the rest too… but the more also the send seemed to recede in the distance.
I realized, especially watching some mutants in it, that you had to cruise the start to be able to even have a chance in the last moves of the route. Then last summer I was able to give it some great attempts, falling all the way up. I finally felt myself getting closer to a possible send. Then Jonathan calls me and tells me that the gaston of the last crux broke. I’m sure it’s a joke but it turns out it isn’t! Romaric tells me that it always works with a forced kneebar rest and that for him that would not change the grade. Winter, and the ice climbing competitions come and go. I’m afraid to go back on the route, to not gel with the new beta after so much work. The first sessions are tough and it takes me a while to understand the new plan, then it clicked: I found perfect betas that gave me a good rest before the last bouldering section, which has become harder for me. I’m sure I’ll send soon after… but no! False hopes again and again, this route will definitely not go down easily.

More tries again and again, before I finally get to the last final sloper! And I know that this time it’s the right one… A nervous little laugh and the sound of the biner of the anchor which I clip, masked by the cries of joy and madness shared with the photographer Damien who hung to take pictures and my brother Tristan who belayed me and who just finished his first 8c with “Smoke” just before my go, isn’t that beautiful?!? More than 2 years after his accident in the mountains, he’s back stronger than ever! I don’t know how it’s possible to have our two best performances on the same day, one run after the other, incredible fate… And since it is topical at the moment, I will comment on the grade. Doing 9a was a childhood dream that still seemed impossible to me a few years ago, so to say that I didn’t go for the grade would be a lie. I even think that’s what pushed me to put in so much work in it, to go through the tears, the anger, the joy and so on, at least until my ego took over and made it a “personal big deal”. But ultimately, 9a or not, the reality is that this mix of strong and incredible emotions comes from a fight with yourself and this damn rock… And for me it’s the best fight that I won!

– Your plans for this summer?
We are going to Kyrgyzstan in a week to do some big wall at altitude trying to do the first repeat of one of the hardest walls in this style (8a at more than 5000m high, 900m long), and then to Brazil to try and free another extreme big wall (8b/+, 850m)! So if these two projects become reality it will be a crazy year if you add what we managed to do before: the double podium in ice, the climbing-paragliding bike trip, the Eurotest in skiing and some other great achievements on steep slopes.

Photos : Damien Largeron – DamienLargeronPhotography.com

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