Dix-sept grimpeurs se sont affrontés hier soir en finale de la Coupe du Monde de Chamonix, sous le célèbre Mont Blanc, et devant plus de 20 000 spectateurs. Chez les femmes, la Slovène Janja Garnbret, championne olympique, a décroché sa troisième médaille d’or consécutive de la saison. Chez les hommes, Adam Ondra a réalisé un retour fracassant en remportant la victoire, tandis que le Français Sam Avezou disputait sa première finale.
Résumé complet de ces finales.
Une finale féminine très serrée !
Quelques minutes avant le début des finales, Vincent De Girolamo, ouvreur sur cette Coupe du Monde à Chamonix, se laissait aller à quelques prédictions, en déclarant que toutes les grimpeuses allaient monter haut dans ce tracé de finale. Et il ne s’était pas trompé. En effet, toutes les finalistes arriveront dans la dernière partie de cette voie.
Mia Krampl, première compétitrice de la soirée à s’élancer, atteint la sortie du dévers, zippant de la main gauche sur une arquée fuyante, alors que ses coudes se levaient. Toutes les finalistes après elles allaient dépasser cette marque, c’est dire si le classement s’est joué au sommet du mur !
Dès la grimpeuse suivante, le ton allait monter. Jessica Pilz, en retrait depuis le début de la saison, allait enflammer les milliers de spectateurs présents sur la Place du Mont Blanc, en réalisant le premier top de la soirée. Après quelques hésitations dans le début de la voie, l’Autrichienne se reprend et rentre dans le rythme. Elle atteindra le sommet alors qu’il ne lui restait plus que 18 secondes au compteur.
Le top de Jessica Pilz était le début d’une longue série. Quelques minutes seulement après son passage, la Coréenne Chaeyhun Seo clippait à son tour le relais de la voie, sans grande difficulté. Laura Rogora fera de même, après avoir hésité longuement dans les derniers mouvements avant de s’engager sur la prise finale. Il ne lui restait que 7 secondes au compteur au moment où elle clippait la voie.
Laura Rogora a une nouvelle fois prouvé qu’elle était l’une des meilleures grimpeuses du monde © Planetgrimpe
La jeune Japonaise Natsuki Tanii semblait bien partie pour vaincre la voie à son tour. Malheureusement, elle se fait emporter dans les airs dans le dernier mouvement, chutant sans parvenir à tenir la prise finale.
Les deux Américaines Natalia Grossman et Brooke Raboutou, très attendues sur cette compétition, commettent toutes les deux des erreurs à la fin du tracé. Ayant compris que la voie avait été sortie, elles grimpent rapidement dès le début. Ainsi, elles arrivent avec plus de 30 secondes d’avance dans la dernière partie, mais chutent, à deux mouvements du top, fatiguées d’être allées si vite.
Je pense que c’est l’une des voies de finale les plus faciles que l’on ait eue. J’ai donc dû grimper vite, car je savais que ça allait se jouer au temps. Au final, ça m’a fatigué et j’ai commis une erreur au sommet, nous confie Natalia Grossman.
Mais c’est la première fois que je grimpe devant autant de monde, la place était pleine, c’était tellement stimulant, ajoute-t-elle.
Tous les regards étaient tournés vers Janja Garnbret. Elle aussi savait que la voie avait été enchaînée à plusieurs reprises avant elle. Mais la Slovène, qui remportait sa 50ème médaille en Coupe du Monde il y a quelques jours, ne montre aucun signe de faiblesse et grimpe avec son aisance et sa fluidité habituelle. Elle se permet de délayer sur la prise ayant fait chuter les deux Américaines avant elle, puis atteint le top à son tour, avec encore 47 secondes au compteur.
C’est vrai que je me suis sentie fluide dans ma grimpe. D’habitude, je suis plus nerveuse quand je sais que beaucoup de filles avant moi ont déjà atteint le sommet, mais cette fois, j’étais super calme et détendue. J’ai juste grimpé avec un peu de prudence, parce que je savais que je devais enchaîner la voie, mais c’était facile ! a déclaré Garnbret.
Pour l’instant, j’ai hâte de rentrer à la maison pour retrouver un peu ma routine, puis je suis impatiente d’aller à Briançon, a-t-elle ajouté.
Janja Garnbret brandit fièrement son poing au sommet de la voie, face aux milliers de spectateurs présents à Chamonix © Planetgrimpe
Au total, elles sont donc quatre à atteindre le top de la voie. Elles seront départagées suite aux résultats des demi-finales. Chaehyun Seo ayant enchaîné la voie hier matin, à l’inverse de l’Autrichienne, remporte la médaille de bronze, montant pour la neuvième fois sur un podium mondial depuis son arrivée sur la scène internationale en 2019.
Pour départagée Laura Rogora et Janja Garnbret, et savoir laquelle des deux remporte cette Coupe du Monde, il faut remonter encore plus loin dans la compétition. En effet, en plus d’être ex-aequo en finale, l’Italienne et la Slovène étaient déjà ex-aequo en demi-finale en ayant toutes les deux enchaîné le tracé. Mais suite aux résultats des qualifications, c’est Janja Garnbret qui s’impose, remportant sa 35ème victoire mondiale. Pour la petite anecdote, elle ne sera pas tombée une seule fois du week-end ! Elle est la seule compétitrice à avoir enchaîné toutes les voies de la compétition, des qualifications jusqu’aux finales.
Les résultats complets de la finale femme
Le retour du roi Ondra !
Chez les hommes, la compétition a démarré très fort. Vainqueur de la Coupe du Monde de Villars le week-end dernier, le Japonais Taisei Homma a signé une impressionnante performance dans la voie de finale, touchant du bout des doigts la dernière prise. La verticale limite était donnée : pour remporter cette compétition, il allait falloir atteindre la dernière prise.
Toutefois, ce n’était pas la voie qui était trop facile, mais bien la prestation du Japonais qui était magnifique. Car après lui, les chutes se succéderont au beau milieu du dévers. Le Britannique Hamish McArthur tombe dans le passage le plus physique, tandis que l’on perd le Suisse Sascha Lehmann, pris dans un 360° qu’il ne parviendra pas à contrôler, dans l’un des mouvements clés de cette voie de finale.
Premier finaliste à s’élancer, Taisei Homma a donné le ton en atteignant la dernière prise de la voie © Planetgrimpe
L’Allemand Yannick Flohé, véritable révélation de cette saison 2022 après ses nombreuses finales en bloc et en difficulté, semblait bien parti pour décrocher une nouvelle médaille. Tirant profit de ses qualités physiques, il se paye le luxe de shunter des prises dans le début de la voie, préférant dynamiser au maximum. Il ne fait qu’une bouchée du passage en compression, mais chute à la sortie du dévers, ne parvenant pas à tenir un plat main gauche.
Un endroit où se feront également piéger le Slovène Luka Potocar et l’Américain Sean Bailey. Tous les deux semblaient un peu courts pour réussir à effectuer la relance main gauche.
La dernière marche du podium se jouera entre ces trois grimpeurs. Comme chez les femmes, il faudra se tourner vers les résultats de la demi-finale pour désigner le médaillé de bronze de la soirée. À ce jeu, c’est Sean Bailey qui remporte la cinquième médaille de sa carrière. Après être monté trois fois sur le podium en 2021, c’est la première fois que l’Américain monte sur le podium cette saison, montant peu à peu en puissance au fil des compétitions.
Au fil de la saison, Sean Bailey semble monter en puissance © Planetgrimpe
Une finale à domicile, devant plus de 20 000 spectateurs. Quoi rêver de mieux pour Sam Avezou, qui disputait la première finale de sa carrière. Après sa magnifique prestation réalisée en demi-finale, Sam était le seul tricolore à se qualifier pour les finales. Et d’entrée de jeu, notre jeune Français de 21 ans met du rythme dans ses mouvements, et sera d’ailleurs l’un des plus rapides dans cette voie. Malheureusement, il se fait avoir dans la section la plus physique, à bout de souffle.
Être à Chamonix pour ma première finale, c’était super. Il n’y a pas d’autres mots. En grimpant, je n’y pensais pas trop, mais j’avoue que quand je suis arrivé au pied du mur, tu te rends vraiment compte qu’il y a du monde. À la lecture, la voie m’avait paru vachement plus dure que la demi-finale et les qualifications, notamment la première partie. Ça avait l’air un peu bizarre, il y avait beaucoup de pieds, je n’étais pas vraiment sûr des méthodes. Mais finalement, en grimpant dedans, c’était assez logique.
N’ayant pas beaucoup de rési, j’ai été obligé d’avancer vite dans la voie, sinon j’aurais explosé. D’où mon rythme soutenu », nous explique Sam.
Sam Avezou aura fièrement défendu les couleurs de la France lors de sa première finale en Coupe du Monde © Planetgrimpe
Adam Ondra, qui participait à sa première compétition mondiale depuis les Jeux Olympiques de Tokyo, avait à coeur de briller sur cette Place du Mont Blanc qu’il connaît tant.
Si Sam Avezou était allé vite dans le début de la voie, Adam Ondra ira encore plus vite : il ne mettra qu’une minute pour atteindre la moitié du tracé ! Ses gestes sont si précis, qu’il semble connaître la voie par coeur. C’est comme s’il l’avait déjà grimpée à de nombreuses reprises. Difficile de le savoir à vue dans cette voie, tant ses gestes sont sûrs et rapides. Très vite, il atteint le passage physique ayant été fatal à Sam, mais ne flanche pas. Il se sort du dévers facilement et poursuit son ascension jusque dans les dernières prises. Arrivé dans le dernier mouvement, il prend le temps d’analyser la distance qui le sépare de la prise finale, puis se jette à deux mains. Malheureusement, il est emporté dans son élan et ne réussit pas à tenir ce cratère.
Il obtient donc le même score que Taisei Homma. Or, contrairement au Tchèque, le Japonais n’avait pas enchaîné la voie de demi-finale plus tôt dans la journée. La victoire revient donc à Adam Ondra, qui signe un magnifique retour sur la scène internationale. Il s’adjuge sa 22ème médaille d’or en Coupe du Monde et monte sur son 37ème podium mondial.
De retour après les J.O, Adam Ondra renoue avec la victoire © Planetgrimpe
J’avais clairement besoin d’une pause après les J.O, mais maintenant je sens que c’est le moment de revenir sur le devant de la scène. J’ai eu soif de compétition ces derniers temps. Et je pense avoir choisi la meilleure Coupe du monde du circuit pour revenir, à savoir l’étape de Chamonix. C’était une excellente décision, j’ai tellement aimé être ici. J’aime grimper quand il fait nuit, c’est à ce moment-là que tu sens toute la foule dans ton dos, c’est incroyable a déclaré Ondra après sa victoire.
Je pense que plus la voie est complexe, mieux c’est pour moi. J’ai particulièrement aimé la section sur pinces au sommet du dévers. Ensuite, j’ai été un peu déçu que ce ne soit qu’un pur festival d’arquées, mais j’étais plutôt content de pouvoir récupérer un peu avant les derniers mouvements. À la lecture, j’étais presque sûr de pouvoir atteindre la dernière prise sans jeter, mais ça s’est avéré être impossible, a-t-il ajouté à propos de la voie de finale.
Les résultats complets de la finale homme
Prochain rendez-vous à Briançon, du 22 au 23 juillet.
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