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Seb Berthe réalise une nouvelle performance exceptionnelle sur El Cap !

Sébastien Berthe s’est attaqué à une nouvelle voie du Yosemite, assurée par Soline Kentzel : « El Niño » et ses 30 longueurs. En moins de 17 heures, le Belge arrivait au sommet d’El Cap, après avoir enchaîné quasiment toutes les longueurs à vue ou flash !

Le grimpeur belge Sébastien Berthe, qui a récemment tenté le « Dawn Wall » et enchaîné « Golden Gate », a réalisé une impressionnante ascension quasiment à vue et flash d' »El Niño », via Pineapple Express, 8a/+, en moins de 24 heures.

Seb Berthe a grimpé « El Niño » assuré par la Française Soline Kentzel, avec qui il avait fait l’ascension de « Golden Gate » quelques jours auparavant. Il a soit flashé, soit enchaîné à vue chaque longueur d' »El Niño », réalisant une impressionnante ascension sans chute jusqu’au 8a final.

Située sur la face sud-est, cette grande voie de 30 longueurs s’attaque à la section la plus raide d’El Capitan. À l’époque de son ouverture par les frères Hubert en 1998, un rappel dans la 13ème longueur était nécessaire pour échapper à un morceau de granit entièrement lisse de huit mètres. Mais en 2017, le Canadien Sonnie Trotter et l’Américain Alex Honnold découvraient une variante de trois longueurs, permettant de contourner ce rappel. Baptisée Pineapple Express, cette variation entièrement libre d' »El Niño » a été réalisée pour la première fois un an plus tard après sa découverte, par Sonnie Trotter et Tommy Caldwell.

Seb Berthe et Soline Kentzel sont partis à 6 heures du matin et ont atteint le sommet d’El Cap à 22 h 50, après environ 17 heures d’escalade non-stop. L’objectif du Belge de 28 ans était d’enchaîner à vue ou de flasher l’intégralité de cette grande voie. Il a failli réussir, notamment après avoir enchaîné les cinq premières longueurs en 8a, avant de chuter dans la dernière longueur dure.

Tenter d’enchaîner à vue ou de flasher une ascension libre en moins d’une journée sur El Cap était l’un de mes rêves depuis un moment. Je n’osais même pas appeler ça un objectif. Pourtant, j’ai décidé de me suis donner une chance, j’ai grimpé « a muerte » et j’ai été très près de réaliser « El Niño » par sa variation en libre Pineapple Express à vue ou flash (j’avais vu quelques photos et de courtes séquences vidéos, et j’avais quelques informations sur les crux).

J’ai enchaîné en tête toutes les longueurs, pendant que Soline me soutenait et me suivait rapidement, grimpant autant qu’elle le pouvait et remontant sur corde les longueurs les plus dures. Une fois de plus, elle a été une partenaire en or !  »

Seb Berthe

Ce n’est pas la première fois que l’on tente l’ascension de « El Niño » à vue. En 2007, l’Australien Lee Cossey a enchaîné toutes les longueurs sauf trois en six jours. L’Autrichien Hansjörg Auer a réalisé toutes les longueurs sauf quatre en quatre jours en 2008, tandis que le Japonais Yuji Hirayama a frôlé la perfection en ne tombant que deux fois en quatre jours. Mais c’est la première fois qu’un grimpeur passe si près de l’enchaînement de « El Niño » à vue/flash en moins d’une journée !

La Française Soline Kentzel devient la plus jeune grimpeuse à enchaîner El Cap en libre par « Golden Gate » !

À 21 ans, Soline Kentzel devient la plus jeune grimpeuse à atteindre le sommet d’El Cap, en libre par la célèbre voie « Golden Gate ». Pour réaliser cet exploit, elle était accompagnée de Seb Berthe, qui redescend tout juste du « Dawn Wall ».

Il leur aura fallu neuf jours. Neuf jours extrêmement intenses et éprouvants, remplis de hauts et de bas, pour atteindre le sommet d’El Cap. Après s’être avoué vaincu dans le « Dawn Wall » suite à plus de 23 jours de siège, Seb Berthe a décidé d’unir ses forces avec Soline Kentzel, pour s’attaquer à « Golden Gate » et ses 36 longueurs, allant jusqu’au 8a.

Il y a trois mois, elle pouvait à peine atteindre le relais de certains 5c, et hier, elle est devenue la sixième femme à gravir cette voie »

Seb Berthe

Soline Kentzel est une grimpeuse française de 21 ans, originaire d’Auch dans le Gers. Elle a découvert l’escalade il n’y a que très peu de temps, et est tombée amoureuse de cette pratique. Aujourd’hui, elle sillonne le monde, mêlant découverte culturelle et grimpe aux quatre coins de la planète. En septembre, elle se lançait dans l’aventure Cap sur El Cap, consistant à traverser océan et continent pour grimper la mythique paroi d’El Cap, en réduisant au maximum l’impact environnemental. Un projet dont elle prenait part aux côtés de Seb Berthe et quatre autres grimpeurs.

Après avoir passé des semaines à travailler le « Dawn Wall », le Belge Seb Berthe redescendait, épuisé, désirant essayer d’autres voies avant de regagner l’Europe. Il fit donc équipe avec Soline Kentzel, et ensemble, ils se lancèrent dans « Golden Gate », l’une des grandes voies les plus mythiques du Yosemite.

Ils ont grimpé en réversible sur les longueurs les plus faciles et enchaîné les longueurs les plus dures (7a+ et plus) en tête tous les deux. La cordée aura mis deux jours pour atteindre la longueur 17. Puis, la neige et le froid se sont invités à cette aventure, contraignant les deux grimpeurs à prendre des jours de repos forcés, complètement frigorifiés dans leur portaledge.

Nous avons traversé une tempête de neige épique et des averses de pluie qui ont fait de la vie sur ce mur un véritable défi. ❄☔🌧 Nous avons dû nous serrer dans le tout petit portaledge que nous avions apporté en essayant constamment d’éviter d’être mouillés et gelés… Il faisait si froid, qu’un de nos sacs de couchage est devenu totalement rigide et glacé.

Mais nous avons pu garder un haut degré de motivation et nous sommes retournés grimper dès que le mur était sec ! Pendant les jours de grimpe plus ensoleillés, la glace fondait du haut du mur, projetant sur nous des morceaux de glace impressionnants🧊. Toutes les cinq minutes, les dés étaient lancés : il fallait arrêter de grimper et se coller contre le mur en attendant que ces morceaux de glace tombent tout autour de nous. »

Seb Berthe

Alternant entre jours de repos et jours de grimpe, la cordée avancera et atteindra finalement le sommet de « Golden Gate » lors de leur neuvième jour.

Mon cœur est léger, je suis soulagée, mais, surtout, terriblement fière : de ce que mon corps est capable de faire, de ce que ma tête peut encaisser, et, par-dessus tout, de la grimpeuse que je suis devenue. »

Soline Kentzel

Quelques images de leur aventure :


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Sébastien Berthe nous livre les détails de ses 23 derniers jours passés sur le Dawn Wall

Après sa tentative ratée sur le « Dawn Wall », Seb Berthe nous livre sur son Instagram les détails de ses 23 derniers jours passés sur la paroi d’El Cap sans regagner le sol.

En janvier 2022, le grimpeur belge Seb Berthe posait ses valises dans le Yosemite, au pied de l’immense face d’El Cap. Son objectif ? Enchaîner coûte que coûte toutes les longueurs du « Dawn Wall », la grande voie la plus dure et la plus technique de la planète.

Après des semaines et des semaines passées à tenter de déchiffrer chaque mouvement des 32 longueurs, il se lançait le 17 mars dans un essai ultime. Après quelques péripéties les premiers jours, dont la casse d’une prise dans la troisième longueur, il atteignait le passage le plus difficile du « Dawn Wall », la longueur 14, cotée 9a, qui consiste en une traversée ultra technique, sur des prises infâmes. Cette longueur est un énorme défi technique où chaque détail joue un rôle crucial. Atteignant cette longueur 14 après sept jours de grimpe, il passera plus de deux semaines à tenter d’en venir à bout, en vain.

Durant 23 jours, le grimpeur belge était sur la paroi et des amis se relayaient pour lui monter de l’eau et des vivres, et pour l’assurer dans ses essais. Seb Berthe nous livre les détails de ses 23 jours passés sur le rocher d’El Cap :

  • Jour 1 : j’enchaîne les 4 premières longueurs, journée difficile où j’espérais faire plus, mais j’ai cassé une prise dans le crux de la longueur 3 en 8a+. À trois reprises je suis tombé, puis je l’ai finalement enchaînée. La longueur vaut probablement 8b maintenant…
  • Jour 2 : repos en raison de la pluie
  • Jour 3 : je grimpe la longueur 5 (7c) et 6 (8a+) facilement, puis je mets 5 essais dans la longueur 7, zippant après le crux.
  • Jour 4 : repos à cause de la pluie
  • Jour 5 : j’enchaîne la longueur 7 (8b+), la longueur 8 (8b) et la longueur 9 (8a+). C’est une très bonne journée !
  • Jour 6 : il pleut, repos
  • Jour 7 : je réalise rapidement la 10ème longueur (8b+/c), puis la 11ème (8a+) et la 12ème (8c) dans l’obscurité. C’était ma meilleure journée passée sur le mur.
  • Jour 8 : repos
  • Jour 9 : je mets des essais dans la longueur 14, tombant au dernier crux. J’essaie alors de déchiffrer les méthodes dans ce crux, mais ne trouve pas la solution.
  • Jour 10 : repos
  • Jour 11 : je trouve la bonne séquence de pieds dans le crux de la longueur 14 ! Je mets 2 essais mais chutes à la fin, puis 4 autres essais où je zippe dans le premier crux.
  • Jour 12 et 13 : repos
  • Jour 14 : un premier essai dans la longueur 14 où je zippe dans le premier pas de bloc, puis je réalise mon meilleur run, où je tombe avec la prise finale en main. Puis, 5 nouveaux essais où je zippe au premier crux. Déçu des conditions qui étaient censées être incroyables. Mal de tête et fatigue car insomnie due à l’excitation.
  • Jour 15 : repos
  • Jour 16 : Je m’ouvre méchamment l’annulaire dans le premier crux de la longueur 14, je mets quelques essais avec du strass pour tenter de passer ce premier pas de bloc, puis un essai jusqu’à la dernière section où je zippe…
  • Jour 17 : repos
  • Jour 18 : j’ai de bonnes sensations, mais je n’arrête pas de zipper. Plusieurs essais où je tombe dans le premier pas de bloc où je m’ouvre l’index gauche, puis je passe in extremis et je tombe dans le deuxième crux, mes chaussons ne sont plus assez rigides et en bon état. J’ai une plaie qui saigne à l’index.
  • Jour 19, 20 et 21 : trois jours de repos, je tente tout pour réparer la peau de mon index.
  • Jour 22 : je considère cette séance comme ma dernière chance, je me sens bien mais je ne cesse de zipper encore et encore. Je ressens beaucoup de déceptions dans le premier crux, où je suis très proche de passer plusieurs fois. Mentalement c’est dur, je n’ai plus envie d’être là, je reste pour être sûr d’avoir tout essayé et ne pas avoir de regrets.
  • Jour 23 : je réalise deux essais le matin, le soleil arrive trop vite et j’ai mal aux doigts, et deux essais l’après-midi. Je me sens bien et fort mais je tombe en me cassant l’ongle et ne peux plus utiliser mon index. Encore un essai raté. Je suis redescendu le soir même.

Tommy Caldwell, qui a libéré cette grande voie en 2015, a commenté :

Mec, quel effort ! Plus que n’importe quelle autre voie que j’ai faite, le « Dawn Wall » se résume à de petits détails… comme la peau et les chaussons. Tu as déjà fait tant de travail pour en arriver à ce point. J’ai moi-même été arrêté par cette longueur 14 lors de deux tentatives. Mais je n’ai jamais réussi à tenir sur le mur pendant 23 jours comme toi. C’est un tel effort ! C’était vraiment génial de te voir là-bas. »

Adam Ondra, qui signait la deuxième ascension du « Dawn Wall » en 2016, avait appelé Seb Berthe avant son essai, pour lui donner quelques conseils et l’encourager. Maintenant, il a lui tenu à exprimer sa gratitude à Seb Berthe :

Oh non Seb, tu l’aurais tellement mérité. Quelle déception de tomber sur le dernier mouvement. Je suis sûr que la prochaine fois, tu le feras ! »


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Après plusieurs mois d’effort, le grimpeur belge Seb Berthe a officiellement abdiqué face à la difficulté du « Dawn Wall », la grande voie la plus dure du monde !

Janvier 2022. Une nouvelle cordée décidait de s’attaquer au « Dawn Wall ». Située dans le Yosemite, cette grande voie est considérée comme la plus dure du monde, possédant notamment deux longueurs en 9a, parmi les 32 qui permettent d’atteindre le sommet des 1000 mètres d’El Cap. Cette cordée n’était autre que le duo belge Siebe Vanhee et Seb Berthe. Tous deux sont des grimpeurs ayant une grande expérience du Yosemite et des grandes voies extrêmes.

Ils ont passé leurs premières semaines à découvrir les subtilités de cette grande voie, puis ont commencé à mettre des essais depuis le bas. Face à l’extrême difficulté de la voie, Siebe Vanhee est retourné en Europe, mais Seb Berthe a décidé de rester.

Des amis de Seb se sont alors relayés pour l’assurer, lui qui ne voulait rien lâcher du projet. Il a alors décidé de se lancer dans un impressionnant essai depuis le sol, qui aura duré 23 jours. 23 jours consécutifs passés sur le mur, sans regagner le sol une seule fois. Après neuf jours, il avait atteint la 14ème longueur, qui n’est autre que le crux de cette grande voie : une traversée sur de micro prises, cotée 9a. Pendant deux semaines, il tentera d’en venir à bout, en vain. Pourtant, un jour, il parviendra à compléter tous les mouvements de cette atroce longueur, avant de tomber avec la prise finale dans les mains, sous le relais. Il ne réussira plus ensuite à réitérer cette performance.

© Alexandre Eggermont

J’ai dû accepter l’échec et retourner sur terre.

Au cours des deux dernières semaines, j’ai réalisé six essais chutant dans le tout dernier crux de la longueur 14, dont un essai (que l’on voit sur la vidéo ci-dessous) où je suis tombé sur le tout dernier mouvement. J’ai donné tout ce que j’avais, j’ai été très patient (j’ai pris beaucoup de jours de repos là-haut, tout seul, pour tenter de guérir ma peau), mais ça n’a pas marché.

Je n’ai pas pu continuer car la nourriture et l’eau que j’avais emmenées avec moi étaient finies. J’aurais pu continuer à demander à mes amis de me monter des vivres, mais cela ne me convenait plus. Enchaîner cette grande voie de cette façon n’avait plus vraiment de sens pour moi. Je pense aussi que mes chances d’atteindre le sommet diminuaient de plus en plus, ma confiance en moi était de plus en plus faible et la gomme de mes chaussons de plus en plus molle. Durant les derniers jours passés là-haut, j’ai eu du mal à apprécier l’aventure et je voulais redescendre. Je commençais à être fatigué mentalement et je voulais grimper d’autres choses dans la vallée avant de repartir du Yosemite le mois prochain.

C’était une grande et dure aventure, et je suis fière de tout le travail que j’ai fait (avec Siebe 😘) sur ce tracé incroyable. J’ai appris beaucoup sur moi-même et sur plein d’autres choses. Enchaîner le « Dawn Wall » en une saison était un objectif très ambitieux, j’ai été très proche de le faire, mais je n’ai pas pu saisir le moment. Voyons voir si le vent me ramènera ici dans les prochaines années, pour un autre round… »

Seb Berthe

 

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Le « Dawn Wall » a été enchaîné pour la première fois par Tommy Caldwell et Kevin Jorgeson en 2015 et répété par Adam Ondra l’année suivante. Le Tchèque a réduit de plus de 10 jours les 19 jours nécessaires de la première ascension de Caldwell et Jorgeson.

Cette grande voie est composé de 32 longueurs, dont deux 9a : 7b, 7c+, 8a+, 7b, 7c, 8a+, 8b+, 8b, 8a+, 8b+, 8a+, 8c, 8a, 9a, 9a, 8b+, 8c+, 8b+, 8a+, 8a, 8b, 8b, 6a, 6b+, 6b+, 7a, 6c+, 7b+, 7b, 7b, 7c+, 7b.


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Les Belges Seb Berthe et Siebe Vanhee enchaînent un projet extrême en grande voie !

Les grimpeurs Belges Seb Berthe et Siebe Vanhee ont réalisé la première ascension en libre d’un projet extrême : « Histoire sans Fin », une grande voie cotée 8b+, qu’ils décrivent comme « la plus belle grande voie granitique de ce niveau en Europe »

« Histoire sans Fin » porte bien son nom. Cette grande voie, située sur Les Clochers du Portalet, un sommet suisse culminant à 2 985 mètres d’altitude, a commencé à être ouverte il y a plus d’une vingtaine d’années. Elle vient tout juste d’être libérée pour la première fois par les grimpeurs Belges Seb Berthe et Siebe Vanhee.

Cette grande voie de 200 mètres, décomposée en 11 longueurs, aura d’abord été libérée par Seb, qui enchaînera la voie de façon presque imprévue, sortant au sommet à la tombée de la nuit.

Siebe, qui n’avait pas réussi à enchaîner la voie en même temps que Seb, reviendra trois jours plus tard avec lui et réalisera à son tour la voie, signant la seconde ascension en libre.

Voici le commentaire de Siebe :

La semaine dernière, Seb Berthe et moi avons eu une chance incroyable de réaliser les deux premières ascensions en libre de ce que nous considérons comme la plus belle grande voie granitique de ce niveau en Europe. C’est peut-être même la seule dans ce niveau. Cela fait un an que j’ai entendu des rumeurs sur une nouvelle ligne, incroyablement propre et dure, sur le Petit Clocher du Portalet en Suisse près de Martigny.

En 2001, Didier Berthod et François Mathey ont ouvert la célèbre deuxième longueur, une fissure de 45 mètres en 7c+, entièrement en trad: l’une des plus belles longueurs ! Cette fissure se termine sur un beau pilier, au milieu de nulle part. Le granite lisse situé au-dessus a dû attendre près de 20 ans avant que Fabien Borter et Bertrand Martenet imaginent une incroyable suite (celle-ci est équipée), qui suit des dalles et des arêtes jusqu’au sommet. Malgré leur lecture visionnaire, c’est en 2020 que cette grande voie a pu être finie d’être équipée avec l’aide de Didier Berthod pour trouver la longueur manquante, une belle arête orange cotée 8b.

À la fin du mois de juin, avec Jean-Elie Lugon, nous avons trouvé un petit créneau pour aller essayer « Histoire sans Fin ». Je me suis fait botter le cul et j’étais dans un état physique lamentable ! Malgré ça, je me suis dit que c’était une des plus belles lignes que je n’avais jamais essayées. La semaine dernière, je suis revenu avec Seb, physiquement en meilleure forme mais toujours intimidé par la ligne. J’y suis plutôt allé en mode repérage pour voir ce que ça allait donner. Mais avec les encouragements de Seb sur la paroi, j’ai rapidement changé d’état d’esprit. Nous avons tous les deux travaillé la longueur clé jusqu’à ce que Seb l’enchaîne. Je sentais que j’avais besoin de quelques essais supplémentaires pour l’enchaîner aussi, mais Seb n’avait plus de temps. On a donc continué l’ascension, ça a été un gros combat physique et mental pour lui, nous avons terminé à la nuit ! Ce jour-là, Seb a ainsi fait la première ascension en libre. Comme toujours, il a été super fort et a essayé chaque longueur jusqu’à les réussir. »

Trois jours plus tard, c’était à mon tour, je suis revenu avec le soutien de Seb et Soline. Cette fois-ci, j’étais convaincu que je pouvais enchaîner cette ligne. Je me suis lancé dans la fissure en 7c+, puis dans la traversée en 7c jusqu’à arriver au crux. Je me suis alors soudainement retrouvé au milieu de la longueur en 8b+, au niveau du crux, qui est un pas de bloc super technique. Il faut appuyer avec la bonne pression sur des prises de pied microscopique, qui permettent de rendre des mouvements qui semblent impossibles, possibles. Tout est dans la tête, il faut oser et pousser sur les pieds. J’ai réussi à enchaîner cette longueur au premier essai ce jour-là.

Il y a également une longueur en 8b, une arête en dalle difficile, qui a été un bon combat mental. C’était effrayant mais magique ! Ça m’a semblé tellement impossible au premier essai, mais quand tu doses bien la pression sur les pieds et que tu gères correctement l’équilibre, la magie opère. Encore une fois, j’ai enchaîné du premier coup ! La dernière longueur dure est une dalle corsée en 8a+. J’ai réussi à bien grimper mais j’étais nerveux d’imaginer tomber dans cette dernière section difficile… et c’est ce qui s’est passé, je suis tombé. Merci grâce à Seb et Soline, j’ai relativisé ma chute, j’y suis retourné et j’ai atteint le haut de la voie !

C’est un honneur, vraiment ! Un honneur de pouvoir grimper sur un mur aussi beau, une voie aussi magique, avec le soutien et l’enthousiasme de Jean-Eli, Seb et Soline. Nous sommes tous impressionnés par l’ouverture d’esprit et la gentillesse des locaux. Nous avons eu le plaisir de rencontrer Didier Berthod et François Mathey, ainsi que beaucoup d’autres, dans l’accueillante Cabane d’Orny, hébergée par Yanik et son équipe. C’est génial de voir comment la communauté des grimpeurs vit dans cette cabane de montagne. Merci à vous tous pour les bonnes ondes. »

© Fred Moix

Et le commentaire de Seb :

La différence entre l’ascension en libre de Siebe et la mienne est assez amusante à noter : en enchaînant toutes les longueurs les unes après les autres, Siebe était vraiment sur un rythme de croisière impressionnant, il ne laissait aucune chances à la voie et gérait tous les paramètres.

Au contraire, moi, j’étais en mode freestyle total, tombant dans chaque longueur et tapant essais après essais jusqu’à ce que ça finisse par marcher, ne sachant rien de la longueur suivante, mais croyant fermement que j’avais la capacité de la faire. C’était une vraie journée de montagnes russes ! J’aime ce style car il m’apporte les meilleures sensations jamais ressenties en escalade ! »

« Histoire sans Fin » c’est :

– Deux longueurs « d’approche » en 6b+
– L1 d’État de Choc – 6b+
– L2 en dièdre, puis en fissure – 7c+
– L3 jusqu’à l’arête – 7c
– L4, le crux en 8b+
– L5 – 7b+
– L6 « magique » – 8b
– L7 en dalle – 8a+
– L8 pour rejoindre État de choc – 6b+
– Une sortie facile jusqu’au sommet

© Didier Berthod

Seb Berthe s’offre une grande voie d’ampleur: « Arco Iris », 8c+ max

Rappelez-vous, en octobre 2020, Edu Marin libérait une nouvelle grande voie extrême au doux nom de « Arco Iris »: une grande voie de 200 mètres, composée de six longueurs, avec un crux en 8c+, dans la face Nord du Montserrat en Espagne.

L’Espagnol déclarait alors « Ce n’est pas seulement une grande voie, c’est un véritable morceau d’histoire de l’escalade en Catalogne. »

Dimanche dernier, c’est au tour du grimpeur Belge Seb Berthe d’en venir à bout.

« Arci Iris » est certainement ma plus grosse performance en grande voie. La voie a été ré-équipée par Edu Marin qui a gardé l’esprit à l’ancienne, notamment dans la longueur clé où les points sont très espacés… J’ai d’ailleurs pris le plus gros plomb de ma vie, 25m!! Cet engagement rend les choses difficiles mentalement parlant, mais cette ligne est tellement géniale! Lors de l’enchaînement du 8c+ j’étais vraiment à ma limite, j’ai tout donné, c’était un des plus gros combat de ma vie! Ensuite, j’ai réussi à réaliser les 2 longueurs suivantes malgré la fatigue pour atteindre le sommet!

Pour rappel, les 200 mètres de « Arco Iris » se décomposent en six longueurs:

  • L1: 6a+
  • L2: 6c+
  • L3: 8b+
  • L4: 8c+
  • L5: 8b
  • L6: 8a+

Photo by Julia Cassou

Seb Berthe flashe « Mind Control » 8c !

Le grimpeur belge Seb Berthe s’est offert le flash de « Mind Control » célèbre 8c situé à Oliana en Espagne.

Cela faisait quelque temps qu’enchaîner un 8c flash trottait dans la tête de Seb Berthe… Alors, entre deux essais dans le 9b « Fight of flight », son projet du moment, le grimpeur belge a décidé de passer à l’action. Il passera plusieurs heures à apprendre les méthodes de « Mind Control » par coeur, avant de se lancer, pour un unique essai. Et au terme d’un gros combat, il parvient à clipper le relais de cette voie mythique d’Oliana, lors de son essai flash.

Notons qu’il y a dix ans, Adam Ondra avait réussi à enchaîner cette voie à vue.

Seb Berthe est notamment connu pour ses ascensions extrêmes, tant en falaise qu’en grande voie. L’année dernière, il avait complété avec Nico Favresse la « Trilogie Alpine » en seulement deux semaines. Cette trilogie est composée de trois grandes voies en 8b+: « End of Silence » en Allemagne, « Kaisers neue Kleider » en Autriche et « Silbergeier » en Suisse. La cordée a été la première à enchaîner ces trois lignes mythiques dans la même saison.

En novembre 2019, Seb Berthe devenait le septième grimpeur seulement à enchaîner en libre « The Nose », l’une des grandes voies les plus célèbres du monde. Plus récemment, en novembre 2020, le grimpeur belge signait l’ascension de son premier 9a+ avec « Super Crackinette » à St-Léger.

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