Alors que de nombreuses marques se lancent dans le textile « éco-responsable », nous avons voulu en savoir plus sur cette démarche. C’est dans cette optique que nous avons envoyé quelques questions à Gregoire De Belmont, directeur général de Arkose&Co qui a racheté SNAP en 2017, et qui oriente la marque et notamment sa gamme textile vers une production éco-responsable.
Peux-tu nous faire un petit rappel historique de la marque SNAP ?
Née dans les années 90 à Chamonix, SNAP est une marque française d’équipements et de vêtements d’escalade qui s’est faite remarquer pour sa vision indépendante et innovante. SNAP est à l’origine de nombreuses inventions : dégaines à doigt fils, crash pads pliables en quatre, système d’amorti Air Technology, etc. Aujourd’hui la marque a migré à Annecy et crée les codes d’une néogrimpe spontanée, un mode de vie décomplexé entre ville et nature.
Quand a-t-elle été reprise par Arkose, et pourquoi ?
En 2017, Patrick Delozanne, le fondateur de SNAP décide de revendre les 2/3 de SNAP au groupe arkose&co, tout en restant Directeur Général et responsable des produits d’escalade. Cette alliance permet à la marque de grimper plus haut : développer son offre commerciale sur le textile et la bagagerie, créer une gamme de prises avec SNAP HOLDS et surtout prendre un tournant écologique. Ces nouvelles ressources ont également permis d’agrandir le réseau de distribution, à l’étranger et en France notamment au sein des blocpark Arkose, où la marque se positionne aux côtés des noms les plus établis dans l’industrie.
Quelle est la ligne directrice de SNAP aujourd’hui ?
Intégrer l’éco-conception de plus en plus tôt dans le développement de nos produits tout en répondant aux besoins d’une nouvelle génération de grimpeurs qui cherchent à concilier style et technicité.
On parle pas mal d’éco-responsabilité dans le textile, mais ce n’est pas toujours simple de transformer les mots en actes, qu’en est-il pour SNAP ?
Depuis 2017, 100% des matériaux qu’on utilise sont plus respectueux de l’environnement que des matériaux standards. Nous privilégions un sourcing naturel: coton bio, chanvre, tencel (cellulose de bois), laine mérinos… Pour l’élasticité des pantalons, indispensable à la grimpe, personne n’a encore inventé de matière 100% écologique, donc nous avons fait développer des tissus qui allient l’élasthanne à des matières naturelles ou recyclées. C’est un casse-tête et un frein au développement de certains produits mais c’est un travail passionnant de recherches et un fondamental pour la marque.
Notre effort de recherche ne se limite pas aux vêtements et englobe bien la totalité des produits. Les moyens supplémentaires que nous apporte le groupe arkose&co nous permettent d’aller encore plus loin: réalisation d’un bilan carbone en 2020 qui nous a permis d’identifier les principales sources de pollution de nos produits, ainsi que l’investissement dans un outil d’analyse du cycle de vie dont le but est d’optimiser l’impact environnemental de chacun de nos produits.
Le marché de l’occasion est en plein boum ces dernières années, et notamment pour le textile. Lorsqu’on est une entreprise comme SNAP qui produit des fringues (et que la rentabilité passe forcément par le taux de vente), mais qu’on a en même temps une vision éco responsable et qu’on doit donc soutenir le « seconde main », comment ne pas se faire des noeuds au cerveau ?
C’est difficile de se proclamer écolo et d’être drivé par les ventes évidemment, mais notre mission est surtout de chercher à fabriquer les produits les plus durables possible afin de favoriser leur seconde vie. Pour éviter la surconsommation on insiste aussi sur la réparation textile/bagagerie/crash pad. SNAP étant basé à Annecy, on travaille avec un atelier de réparation du coin qui répare les produits abimés au lieu d’en renvoyer un neuf lorsqu’ils sont trop usés et nous comptons bien étendre ce service à de plus en plus de pays.
L’un des problèmes du textile aujourd’hui, et notamment chez certains grand groupes, ce sont les multi-collections annuelles qui poussent à consommer toujours plus. Ton avis la dessus ?
Bien sûr chez SNAP nous sommes totalement contre la fast fashion. C’est clairement l’idée de notre positionnement : miser sur des gammes intemporelles en réfléchissant soigneusement au choix des couleurs et aux formes pour créer des pièces faciles à garder d’année en année.
On commence à voir quelques forts grimpeurs sponsorisés par SNAP, sont-ils tous sélectionnés en fonction de leurs idées éco citoyennes ?
Oui, l’ambassadeur SNAP doit se déplacer à vélo et ne jamais mettre un pied au Mc Do ! Je caricature légèrement mais c’est presque ça : être passionné de grimpe ou d’un autre sport outdoor, être en phase avec les valeurs écologiques de SNAP, représenter la dualité d’un mode de vie équilibré entre ville et nature.
Un dernier mot à ajouter ?
SNAP reste une toute petite boîte de 7 personnes, ce qui est très peu si on se compare ne serait-ce qu’à des marques comme Picture, mais c’est beaucoup quand on sait qu’en 2017 Patrick était encore tout seul! Forcément on a un travail immense à réaliser mais on a hâte de développer tous les projets qu’on a en tête !