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Nolwen Berthier: « C’est une de ces voies qui te laissent miroiter au premier abord que c’est jouable »

Suite à sa grosse performance en début de semaine avec l’enchaînement de « Supercrackinette », 9a+ à Saint Leger, nous avons posé quelques questions à Nolwen Berthier pour en savoir un peu plus…


Quand, et pourquoi avoir choisi de te mettre dans ce projet de supercrackinette?

J’ai essayé Supercrackinette pour la première fois il y a 2 ans. Pour me lancer dans un ultime projet, je voulais trouver une voie pas trop morpho, si possible dans mon style, pas trop loin de la maison … et avant tout qui me motive ! Et bien vous le croirez ou non, mais malgré les nombreuses falaises et belles voies du Sud de la France, ce n’est en réalité pas si facile de tout combiner ! “Supercrack” rassemble un peu de tout cela, et même si je n’ai jamais fait de 9a, pourquoi pas me lancer dans cette aventure ? Dès les premières montées, j’avais bien compris que c’était une de ces voies qui te laissent miroiter au premier abord que c’est jouable, mais que quand venait l’heure d’empiler tous les mouvs, ce n’était pas le même game… Peu importe, l’aventure était lancée !

Quelles ont été les principales difficultés pour toi dans cette voie?

Physiquement, c’est sans aucun doute, d’avoir le niveau de force requis pour le premier crux ! Rien que pour faire ce mouvement intrinsèquement, il m’a fallu quelques séances. Après, comme dans tout projet dur, il y a également un challenge mental. A partir du moment où tu comprends que tu peux enchainer, tout bascule. L’enjeu peut vite prendre le dessus et il faut arriver à conserver un équilibre entre l’envie de grimper et celle de clipper le relais. Combiner ceci avec la gestion de la météo, de l’entrainement, du repos, des contraintes d’emploi du temps, …

Comment es-tu restée motivée et engagée tout ce temps pour ce projet?

Dès le commencement, j’ai pris soin de cette motivation. Je savais que ce serait un projet qui ne se ferait pas en quelques semaines alors j’ai alterné périodes de travail de la voie et temps d’entraînement, pour ne pas tomber dans la monotonie et attiser cette envie profonde de mettre des runs gagnants. Je me suis aussi fixé de nombreux objectifs intermédiaires : faire le mouvement du crux, puis faire le mouvement en partant 5 mouvs en dessous, puis partir du même endroit et empiler les 2 crux, faire le crux lestée à 3 kg, puis toute la section, … Toutes ces étapes m’ont permis de matérialiser un réel avancement et de conserver une forme de complicité avec la voie, où chaque séance reste un jeu qui ne laisse pas s’instaurer la frustration de tomber toujours au même mouvement.

© Antonin Rhodes

Raconte nous comment s’est passé l’enchaînement (le détail de la journée et du run)…

Lundi de Pâques. Météo annoncée: nuageux toute la journée, 18°C, 15 km/h de vent, 24% d’humidité. Bref, les condi idéales. 9h30, petit déjeuner, il fait en fait grand soleil. Génial… Peut être que ça va se couvrir dans l’aprem ? Essayons de ne pas trop trainer quand même … on sait jamais ! 11h, c’est parti pour le classique 7b d’échauffement. J’ai jamais autant forcé. On va dire que c’était à cause du soleil. Message des copains : « Au fait, ça te dit un resto ce soir ? » Pourquoi pas, on verra ce soir … 11h45, la deuxième classique, 8a+. J’ai quand même pris des bonnes bouteilles aujourd’hui … Bon, il était en plein soleil aussi. La forme ne s’annonce pas incroyable … D’un autre côté, tout le monde grimpe à l’ombre, c’est ptet un signe ? Bon au moins j’aurais pas l’onglée … 12h30, la voie est encore à l’ombre. Le fameux petit vent du pilier de Praniania souffle, les dégaines bougent. C’est peut être pas si mal ? Quelques tractions, je ne me sens pas très échauffée. Tirons un peu sur l’élastique. 13h, le crux commence à passer au soleil. Là faut y aller. Quelques suspensions sur la poutre, La chasse au neuf de pâques est ouverte ! Noeud de 8, chausson gauche, chausson droit, sac à pof, magnésie liquide. A nous deux Supercrack !

Les mouvs s’enchainent, je me laisse grimper, les prises sont fraiches sous mes doigts. J’arrive dans l’approche du premier crux, première relance, je me sens plutôt solide physiquement. Deuxième relance, j’attrape parfaitement l’arquée du crux. Je prends l’inter, je bouge les pieds, je ferme le bras. Et … j’attrape le mono !!!!! Wow, le mouv’ m’a presque semblé facile, c’est ouf. Bon, restons concentrée. Me voilà sur la tempo. Ce n’est pas très confortable mais je délaie bien. J’ai quand même pris une petite pétée et mes doigts sont un peu froids. Il faut que le sang revienne si je veux avoir des bonnes sensations dans le crux qui m’attend au dessus. Mais pourquoi mes jambes se mettent à trembler ? Si ça continue je vais pas réussir à charger les pieds… ! Respire, ça va se calmer. Je reste plus longtemps que prévu sur le repos pour gérer tout ça. Je me remémore tous les petits détails à avoir en tête, je souffle deux grands coups, Tchii, Tchii, c’est reparti ! L’approche se passe bien, je place bien mes doigts sur la prise de mise en place, je monte les pieds, je pourfends la prise du crux et … Waaa ! je donne tout ce que j’ai pour aller dans la boite aux lettres… Je l’ai. Incroyable. Je ne suis pas tombée. Il me reste quelques mètres avant la sortie, j’assure les quelques mouvements restants et je clippe le relais !!! Whouhooooooo !! 13h15, mes pieds retouche le sol. Je tombe dans les bras de mon assureur. Je ne réalise pas encore tout à fait … vraiment, c’est fait ? 13h30, Les copains arrivent juste à la falaise. On peut réserver le resto pour ce soir !

Comment se sent-on après la réalisation d’un tel projet ?

J’aimerai dire que ça m’a fait grandir … mais je ne crois pas Blague à part, ces périodes de transition sont toujours un peu particulières. Clipper le relais d’un projet à long terme c’est souvent une immense satisfaction mais passée l’euphorie de l’instant, il y a aussi toujours un peu de vide qui s’installe. Après avoir passé des mois à tout mettre en oeuvre pour un objectif, on est un peu comme déboussolé. Il faut se projeter vers le futur !

Et maintenant, quels sont les futures lignes que tu as en tête ?

J’ai plein de projets en tête, mais après cette période à rester focalisée sur une seule voie, j’ai surtout envie d’explorer plein de falaises différentes, me faire plaisir en variant les voies, brasser des mouvs ! On verra où le vent me portera !

Un dernier mot à ajouter?

Un immense MERCI à toutes celles et ceux qui ont pris part à ce projet ! Vous avez cru en moi, vous m’avez encouragée de près ou de loin, vous vous êtes bien caillés, on a bien rigolé. Bref, vous avez été incroyables !

Nolwen Berthier enchaîne son gros projet: « SuperCrackinette » !

La falaisiste française vient de frapper très fort… Nolwen Berthier vient d’enchaîner son gros projet du moment, la ligne mythique de « SuperCrackinette » à Saint Leger, 9a+.

Pour rappel, la première féminine revient à Julia Chanourdie en mars 2020, qui devenait à l’époque la seule française à atteindre ce niveau de difficulté. Nolwen Berthier la rejoint donc, et elles sont désormais 2 françaises à avoir atteint le mythique niveau de 9a+. Pour la petite histoire, en plus d’entrer dans le 9a+, elle entre également pour la première fois dans le 9ème degré… Reste à savoir quels seront ses futurs projets? Nous en saurons un peu plus lors d’une interview que nous sommes en train de réaliser, mais en attendant, voici son commentaire à chaud:

Ces derniers mois, j’ai consacré beaucoup d’énergie à essayer d’aligner tous les paramètres nécessaires à l’enchaînement (la forme, les condi météo, l’envie, etc …). Ce week-end, les étoiles se sont alignées. Pour la première fois, j’ai réussi ce premier crux qui me posait tant de problèmes … et je ne suis pas tombée dans celui du haut !!! Ce scénario idéal, j’en ai rêvé, mais la probabilité de le concrétiser était tout de même très limitée. J’ai encore un peu du mal à réaliser …

Nolwen Berthier enchaîne « La théorie des cordes » 8c à St-Léger

Nolwen Berthier vient de réaliser « La théorie des cordes » 8c sur la falaise de St-Léger.

Décidément, la falaise de St-Léger est à la mode en ce moment ! Après Cédric Lachat, puis Alex Megos, c’est maintenant au tour de la jeune française Nolwen Berthier de nous rapporter sa toute nouvelle croix réalisée sur la falaise: « La théorie des cordes » 8c.

Cette voie se décompose en trois parties bien distinctes: un début bien physique sur des colonnettes, suivi d’une longue partie tout en résistance sur de petites prises, avant de terminer par une dalle de fin qui peut réserver quelques surprises.

Nous sommes allés à la rencontre de Nolwen pour en savoir plus sur cette performance.


Salut Nolwen ! Pour commencer, peux-tu nous décrire la voie ?

« La théorie des cordes » est un des classiques du secteur Praniania à St Léger du Ventoux. Le début est physique sur des colos puis on attaque une longue rési sur de belles arquées dans un mur gris, qui est ponctuée d’un pas un peu plus soutenu au milieu de la section. Puis, la fin s’envole dans une dalle… qu’il est conseillé d’aller repérer !!

Depuis combien de temps travaillais-tu la voie ?

Je me suis mis le challenge de faire cette voie en parallèle d’un autre projet plus dur, du coup je n’ai pas trop comptabilisé le nombre de runs ou de séances qu’il m’a fallu pour enchaîner. Le process aurait pu être beaucoup plus rapide en me focalisant uniquement sur cette voie, mais sûrement moins pertinent sur le long terme.

Pourquoi avoir choisi de travailler ce 8c ?

Déjà, on m’avait dit que c’était plutôt 8a+, et en plus, quand je suis arrivée, il y avait déjà les dégaines en place !! Non, plus sérieusement, la ligne est majeure, mais je crois que ce qui m’a le plus motivée, c’est de me faire secouer dedans. Aux premiers repérages, la section du début était vraiment une énigme pour moi… Je savais que c’était un bon moyen de travailler mes points faibles et de progresser.

Comment s’est passé le run de l’enchaînement ?

Au final dans l’enchaînement, le pas qui m’a vraiment le plus inquiétée c’est un mouvement en dalle qui doit valoir 6a intrinsèquement, mais qui n’est pas commode pour les petits. Au repérage, j’avais mis plusieurs montées pour trouver une méthode alternative… Là, il a bien failli me faire tomber ! Haha

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