LâArt de la dĂ©cotation â Downgrading as an Art form
Deux propositions de dĂ©cotation de voies dures en falaise ont rĂ©cemment Ă©tĂ© annoncĂ©es, par Seb Bouin et Malik Schirawski, ce qui nous a conduit Ă nous poser des questions sur le âpourquoi faut-il dĂ©coterâ quand une voie est jugĂ©e facile pour le niveau. Tentative dâĂ©claircissement sur comment le grimpeur doit prendre des pincettes avec la gestion de la cotation quand il mĂ©diatise ou rend publiques ses performances.
Tout aurĂ©olĂ© aprĂšs lâouverture de âDNAâ dans le Verdon ce printemps â quâil a annoncĂ© Ă 9c -, Seb Bouin est de retour Ă Flatanger sans rĂ©el objectif particulier. Le grimpeur pro français vient tout de mĂȘme de rĂ©aliser la premiĂšre rĂ©pĂ©tition de âIron Curtainâ, une ligne courte ouverte en 2013 par Adam Ondra que le tchĂšque avait proposĂ©e Ă 9b. Pour lâhistoire, lâassureur dâOndra sur lâessai victorieux nâĂ©tait autre que Seb, qui depuis avait gardĂ© la voie dans un coin de sa tĂȘte. En 14 montĂ©es et 5 jours, la croix est faite et le Français propose de dĂ©coter Ă 9a+ Ă©tant donnĂ© son recours, au contraire dâAdam, Ă une genouillĂšre, laquelle rend Ă ses yeux la voie clairement plus facile.
Comme souvent quand il propose une cotation Ă la baisse, Seb est parfaitement transparent sur la raison de sa dĂ©cote, et cette dĂ©claration fait Ă©cho Ă plusieurs prises de position de forts grimpeurs, dont Megos, concernant lâaugmentation croissante du nombre de dĂ©valuations de voies et blocs en raison de lâutilisation dâinnovations technologiques qui ne sont pas souvent communiquĂ©es.
La prĂ©sence de coincements de genoux faisant baisser le niveau dâune voie semble aussi ĂȘtre la raison du rabotage de âPornographieâ Ă CĂ©ĂŒse, devenue trĂšs Ă la mode et essayĂ©e alors que les autres 9a de CĂ©ĂŒse sont dĂ©laissĂ©s. Le fort grimpeur allemand Malik Schirawski, qui vient de la rĂ©pĂ©ter en 5 sĂ©ances, nous a contactĂ© rĂ©cemment pour partager un message qui lui semblait primordial :
âLâannĂ©e derniĂšre Ă CĂ©ĂŒse la voie Ă©tait Ă la mode, du coup jâai pensĂ© lâessayer mais je nâavais pas assez de temps. Cette annĂ©e jâespĂ©rais donc mây atteler et la faire en quelques jours. Pour moi la voie ne vaut clairement pas 9a (Alex Megos, le premier ascensionniste, lâa dâailleurs dĂ©cotĂ©e aprĂšs lâavoir refaite avec une genouillĂšre). Elle les vaut complĂštement sans genouillĂšre, mais aujourdâhui presque tout le monde en utilise ; il y a un endroit oĂč je peux lĂącher les deux mains, et pourtant mĂȘme sans la genouillĂšre le repos est bon. Or la difficultĂ© de la voie vient de lâendurance requise, parce quâaucun des mouvements nâest dur, ils sont tous de la mĂȘme difficultĂ©, et donc le repos au milieu aide Ă©normĂ©ment.
Ă mon sens, cela Ă©corche un peu CeĂŒse parce que par le passĂ©, si tu faisais une voie dure Ă CeĂŒse cela voulait dire que tu avais rĂ©alisĂ© une voie rĂ©fĂ©rence dans cette cotation (par exemple âDures Limitesâ, âLe cadre nouvelle versionâ). Pour moi, laisser ici une voie qui est facile pour sa cotation (et surtout le neuviĂšme degrĂ©, si spĂ©cial) porte atteinte aux autres voies en 9a de la falaise (âLe cadreâ, âLĂŒlĂŒâ) parce quâelles sont beaucoup plus difficiles et les gens doivent vraiment sâinvestir pour les cocher.â
![Symon Welfringer Pornographie 9a](../themes/icons/grey.gif)
Symon Welfringer, dernier rĂ©pĂ©titeur de la voie avant Malik, fier dâannoncer son premier 9a, se sent le premier concernĂ© par ce crime de lĂšse-majestĂ© et tient Ă tempĂ©rer :
âCertains jugent âPornographieâ plus dure que âle Cadreâ et la voie me semble plus difficile que les 8c+ de la falaise. âPornographieâ est pour moi un 9a, je me base sur ce que jâai pu voir dans les autres voies dans le neuviĂšme degrĂ© que jâai essayĂ©es, et surtout je prends en compte quâau sein dâune seule et mĂȘme cotation il y a forcĂ©ment certaines voies plus dures que dâautres, suivant le style quâon affectionne et le type dâeffort que la voie propose. Ainsi, au sein de la case 9a, je pense que âPornographieâ a bien sa place, elle est pour moi lĂ©gĂšrement plus facile que âLe Cadreâ mais aussi plus dure que dâautres 9a que jâai essayĂ©s. Jâai Ă©galement discutĂ© de cette difficultĂ© avec beaucoup dâautres grimpeurs et ce chiffre me semble juste. Actuellement dĂšs quâon a le sentiment que câest soft on pense dĂ©cote alors quâon pourrait juste accepter que les cotations sont des intervalles. AprĂšs, ce dĂ©bat vaut pour toutes les voies de la planĂšte, notamment certains 9a espagnols qui mĂ©riteraient une plus ample enquĂȘte (ndlr : ou dâautres faciles pour le niveau : âSang Neufâ, âLa Cabane au Canadaâ, âEra VellaââŠ).
Parfois aussi, les dĂ©cotations sont proposĂ©es car de nouvelles sĂ©quences ou prises ont Ă©tĂ© utilisĂ©es, ou car le rĂ©pĂ©titeur juge lâeffort moins ultime que les prĂ©cĂ©dents ascensionnistes, rĂ©pĂ©tant la voie trĂšs vite par rapport Ă dâautres itinĂ©raires du mĂȘme niveau, ce qui a poussĂ© par exemple Stefano Ghisolfi Ă dĂ©coter âBibliographieâ lâĂ©tĂ© dernier, sâĂ©tant investi pour la faire Ă Ă©gale proportion que pour dâautres 9b+ comme âChangeâ ou âPerfecto Mundoâ. On retiendra aussi les premiĂšres rĂ©pĂ©titions de âAkiraâ, qui ont remis en question le premier 9b mondial, Martinez, Bouin et Fourteau sâaccordant sur le 9a. Câest le jeu quand on essaie seul une voie lors dâune premiĂšre ascension : on nâest pas Ă lâabri de passer Ă cĂŽtĂ© de mĂ©thodes plus faciles. Et puis bien Ă©videmment rentrent aussi en compte les conditions de rĂ©alisation, lâĂ©tat de forme, le cĂŽtĂ© morpho de certains passages, le style proposĂ©, autant de paramĂštres Ă apprĂ©hender afin de se poser la question du niveau objectif de ce quâon a grimpĂ©. Art difficile quand les cotations sont basĂ©es sur un consensus de ressentis subjectifs⊠et que lâon est grimpeur pro soumis Ă la pression de rĂ©sultat par les sponsors, avec un intĂ©rĂȘt Ă faire parler de soi rĂ©guliĂšrement en matiĂšre de haute-difficultĂ©, quitte Ă esquiver toute dĂ©marche intellectuelle logique sur le niveau rĂ©el des performances rĂ©alisĂ©es (mĂȘme si, nous le reconnaissons sans mal, toutes les analyses du monde ne rendront pas totalement âobjectiveâ une proposition par nature individuelle).
![Seb Bouin dans Akira dans la grotte de Vilhonneur](../themes/icons/grey.gif)
Câest justement le cheval de bataille de Lucien Martinez, rĂ©dacteur en chef chez Grimper, grimpeur passionnĂ© et grand amateur de dĂ©bats concernant la haute-difficultĂ© et les cotations.
âCâest tout Ă fait logique quâil y ait plus souvent des dĂ©cotes que des recotes parce quâen gĂ©nĂ©ral câest liĂ© Ă des mĂ©thodes plus faciles qui sont trouvĂ©es. Dans lâautre sens ça ne marche pas : si tu fais une mĂ©thode plus dure que la mĂ©thode dâouverture, câest tant pis pour toi, ça va pas changer la cote. En gros, le seul moyen pour quâil y ait une recotation Ă la hausse câest que le premier ascensionniste ait sous-estimĂ© le niveau (ou alors une prise qui casse mais câest plus vraiment la mĂȘme voie). Alors que pour une dĂ©cote il peut suffire dâune nouvelle mĂ©thode ou dâun repos genou. Donc câest logique et normal quâil y ait beaucoup plus de dĂ©cotes. Mais attention, une nouvelle mĂ©thode nâest pas synonyme de dĂ©cote du tout, parfois cela rend le truc un poil plus facile mais ça change pas le niveau. Il faut jauger Ă chaque fois.
Il me semble important de signaler que dĂšs lors quâon communique sur nos performances ou que nos performances intĂ©ressent les gens, je pense quâil y a un devoir Ă©thique de sâimposer une petite rĂ©flexion sur la cotation. Par honnĂȘtetĂ© envers tous ceux qui sây intĂ©ressent de prĂšs ou de loin. Jâai remarquĂ© aussi que mĂȘme si on essaie de rĂ©flĂ©chir lĂ -dessus, le cerveau humain est tellement fort pour lâauto-persuasion quâĂ de trĂšs trĂšs rares exceptions prĂšs, quand il y a des doutes, on trouve toujours le moyen de prendre la cotation qui nous arrange. Moi je me suis dĂ©jĂ surpris en train dâĂ©chafauder un raisonnement en sachant dĂ©jĂ Ă quelle cotation cet argumentaire devait me mener⊠Les cotations, câest trĂšs imparfait comme systĂšme, il y a des dĂ©rives, ça dĂ©tourne la puretĂ© de la pratique et ça a plein de dĂ©fauts. Mais Ă mon avis tout ça nâest pas trĂšs grave. En fait ça fait partie de notre culture et mĂȘme ça contribue Ă sa richesse. Je pense quâil ne faut pas renier les cotations, au contraire, mais il faut rester lucide sur leurs imperfections, relativiser et avoir du recul sur leur importance pour ne pas se faire manger le cerveau.
Les cotations dâantan, plus solides ?
NĂ©anmoins, lâancienne garde estime Ă©galement que les cotations dâantan Ă©taient plus serrĂ©es que celles proposĂ©es par la jeune gĂ©nĂ©ration, qui tourne peut-ĂȘtre moins rĂ©guliĂšrement sur caillou en raison de lâomniprĂ©sence de salles et a du coup nettement moins dâexpĂ©rience en milieu naturel, et de rĂ©fĂ©rences pour proposer une cotation lĂ©gitime. Câest par exemple ce que soulevait Alex Huber dans ce laĂŻus consacrĂ© Ă âAction Directeâ :
âJusquâen 1995, âAction directeâ Ă©tait considĂ©rĂ© comme Ă©tant du 8c+ (ndlr : 11 UIAA, soit 8c+/9a) . Depuis, la cotation est devenue confuse, et cela a principalement Ă©tĂ© dĂ» Ă la proposition de cotation 9b [i.e. pour Akira]. Ben Moon a essayĂ© de convaincre la communautĂ© que la proposition de cotation 9b Ă©tait nĂ©faste du fait quâil nâexistait pas alors de 9a confirmĂ© dans le monde. Mais la rigueur sâest perdue de façon durable. Ă partir de 1995, la cotation est devenue de plus en plus facile⊠Cela a commencĂ© doucement avec le changement de cotation de âAction directeâ de 8c+ Ă 9a. Aujourdâhui, âAction directeâ est la plus cĂ©lĂšbre des voies en 9a, ce qui en fait la rĂ©fĂ©rence pour ce niveau. Le plus amusant est quâaujourdâhui, âAction directeâ, qui Ă©tait initialement 8c+, est lâune des voies en 9a les plus dures du monde ! Cela montre juste Ă quel point la surcotation sâest dĂ©veloppĂ©e au cours des annĂ©es â je pense que 90 % des voies modernes de haut niveau sont largement surcotĂ©es si on les compare Ă la rĂ©fĂ©rence quâest âAction directeâ. En ce qui concerne mes rĂ©alisations personnelles, la surcotation a eu quelques effets : la plupart de mes ouvertures de ces annĂ©es-lĂ ont Ă©tĂ© recotĂ©es Ă la hausse, notamment âWeisse Roseâ, de 8c+ Ă 9a/9a+, et âOpen Airâ de 9a Ă 9a+. GrĂące Ă cela, âOpen Airâ (et peut-ĂȘtre mĂȘme âWeisse Roseâ) est devenue la premiĂšre voie confirmĂ©e en 9a+. â
En effet, les standards actuels dâune cotation sont souvent les voies historiques, souvent dĂ©laissĂ©es par les jeunes pour leur style old-school et souvent retors comme les voies de Huber, âHubbleâ (maintenant davantage refait aprĂšs lâapparition dâun genou Ă lâentrĂ©e du crux), âOpen Airâ, âWeisse Roseâ, âOMâ⊠Mais cependant difficile de confirmer ou dâinfirmer, car les voies old school Ă©taient gĂ©nĂ©ralement plus Ă doigts et techniques mais moins exigeantes physiquement et longues. Il est cependant possible que de premiĂšres propositions extrĂȘmes comme celles dâAlex Huber soient plus difficiles pour le niveau, car Ă lâĂ©poque annoncer une lettre ou un plus au-dessus des musts de lâĂ©poque ne se faisait pas, Ă en juger les polĂ©miques qui ont entourĂ© les rĂ©alisations d'âAkiraâ ou de âChilam Balamâ par exemple.
Il reste cependant aussi les voies iconiques comme les King Lines de Chris Sharma par exemple, rarement soumises Ă la dĂ©cotation pour la plupart (peut-ĂȘtre hormis âEra Vellaâ et âEl Bon combatâ), auxquelles des cadors comme Seb Bouin font souvent rĂ©fĂ©rence comme Ă©talon dâun niveau : âBiographieâ, âJumbo Loveâ, âEs Pontasâ, âFRFMâ, âStoking the fireâ⊠Des difficultĂ©s Ă prendre en compte quand on essaie dây comparer des voies du mĂȘme style.
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LâintĂ©rĂȘt du slash ?
Si on considĂšre les cotations comme des intervalles, sur lâexemple de Symon Welfringer, le slash pour dĂ©finir une borne infĂ©rieure et supĂ©rieure peut avoir son intĂ©rĂȘt afin de se prononcer sur une difficultĂ© en utilisant une Ă©chelle plus prĂ©cise. Mais tous les acteurs ne sont pas dâaccord, certains sâaccordant Ă dire que le slash a Ă©tĂ© uniquement introduit historiquement pour dĂ©signer les passages morpho, comme par exemple 6c/7a pour une voie avec un grand mouvement, ce qui voulait dire plus proche du 6c pour les grands et du 7a pour les petits.
Lucien Martinez : âOn a lâillusion que le slash va nous sauver dans lâindĂ©cision dâune zone de flou entre deux cotations, mais en fait, le seul truc que la gĂ©nĂ©ralisation du slash va faire, câest introduire deux fois plus de zones de flou parce quâil y aura alors deux fois plus de plages de cotations.â
Conclusion
Les cotations font partie intĂ©grante de notre activitĂ©, le nier ou ne pas y accorder dâimportance quand on sâintĂ©resse Ă la haute-difficultĂ© serait mentir, donc le fait de proposer des dĂ©cotations (ou parfois des recotations), bien quâimpopulaire, nâest pas forcĂ©ment un acte mesquin et malveillant. Lâescalade extrĂȘme propose de belles voies et de grandes expĂ©riences, de belles leçons de vie et câest peut-ĂȘtre la chose la plus importante Ă retenir, au-delĂ des polĂ©miques et batailles dâĂ©go autour dâun niveau de difficultĂ© donnĂ©. Sonnie Trotter lâavait bien rĂ©sumĂ©, en parlant des cotations anglaises :
âPersonnellement, jâai dĂ©jĂ assez de mal Ă comprendre les vagues diffĂ©rences entre 5.12d et 5.13a ou entre R et X, sans parler de ce que âlâestimation globaleâ peut ĂȘtre pour quelquâun que je ne connais pas enchainant telle voie Ă vue. Je commence Ă me dire que notre esprit dâanalyse exacerbĂ© Ă©touffe la belle simplicitĂ© de lâescalade.â
Nous devons nous rappeler que la collecte dâexpĂ©riences est plus importante que la collecte de chiffres, car en fin de compte, presque tout ce qui concerne lâescalade est de toute façon subjectif : la taille, le poids, la taille du pied, la taille des doigts, la capacitĂ© mentale, le niveau de force, lâallonge, la dĂ©termination, la condition physique, lâĂąge, la combativitĂ©, la tĂ©nacitĂ© et si vous avez ou non un emploi Ă temps plein ou une famille. Toutes ces choses jouent un rĂŽle Ă©norme dans notre vie quotidienne en escalade et il est facile de devenir obsĂ©dĂ©.
La rĂ©alisation dâune ligne unique est ce qui compte, pas la façon dont vous combinez les lettres et les chiffres Ă la fin de celle-ci et certainement pas lorsque vous essayez de comparer les uns aux autres. Nâoublions pas de cĂ©lĂ©brer la nature unique de chaque ascension.â
Photo de couverture : Seb Bouin Ă Flatanger dans âIron Curtain â crĂ©dit: Marco MĂŒller
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Recently, the downgrading of two hard lines has been suggested, by Seb Bouin and Malik Schirawski, and it got us wondering about the spicy question: âwhy downgrade?â when a route is adjudged to be easy for a given grade. Here is an attempt to highlight how careful a climber should be when doing so, especially when s/he spreads the news on social media and publicises their performance.
After sending his big project âDNAâ in the Verdon in the spring-which he proposed at 9c- Seb Bouin is back in Flatanger without proper objective, it seems. Nonetheless, the French climber made quick work of two Adam Ondra until-then unrepeated lines, inlcuding that of âIron Curtainâ, a short route opened in 2013 by the Czech, for which he proposed 9b. Funnily enough, the belayer on Ondraâs successful try was none other then Bouin himself, and the line stayed with him all these years. In 14 tries and 5 days of work, the Frenchman sent it and suggests a downgrade to 9a+ due to his use-contrary to Ondra-of a kneepad, which for him renders the route a fair bit easier.
As is always the case when he puts forward a downgrade, Seb is very clear about the reason behind it, and his latest announcement echoes a number of calls by some strong climbers, including Alex Megos, to be explicit about the technological advances used when a devaluation of routes or boulders is concerned. The possibility of milking a kneebar seems for instance to be behind the recent downgrade of âPornographieâ in CeĂŒse, which has since gained in popularity even as the other 9aâs of the cliff are rather collecting dust. The German climber Malik Schirawski has just repeated it in 5 sessions, and contacted us to share a message that he feels is essential:
âFor me the route is definitely not 9a (also Alex Megos, the first ascensionist, downgraded it with the use of a pad), it for sure is 9a when you do it without a pad but these days most of the people have a pad and with one I could release both hands (also taped to my leg) but even without that the rest is still really good. And the whole difficulty of the route comes from its endurancey nature because none of the moves are hard but they are all roughly the same difficulty, and clearly a rest in the middle helps a lot.
For me it ruins CeĂŒse a bit because in the past if you did one of the harder routes in CeĂŒse it meant that you truly climbed the grade (for example: âDures Limitesâ, âLe Cadre Nouvelleâ). And now having a route which is really soft for the grade (and also the special 9th grade) damages the other 9a routes (like: âLe cadreâ, âLuluâ) because they are way harder and people have to invest more time into them.â
Symon Welfringer, the last repeater of the route before Malik, and proud to have ticked his first 9a, is one of the first to feel raw about this proposition, and brings in some nuance:
âSome think that âPornographieâ is harder than âLe Cadreâ and the route itself feels harder to me than the 8c+s of the crag. âPornographieâ is a 9a for me, and for this I draw on the other 9th grade lines Iâve tried, but I also especially take into consideration that within the same grade some routes are harder than others, depending on the style we like and the effort needed. That is why I think that âPornographieâ holds its place among 9a lines, for me itâs a bit easier than âLe Cadreâ but harder than some other 9as. Iâve also spoken about this with a lot of other climbers and the grade feels right. These days, as soon as we believe itâs a bit soft we think to downgrade, whereas we could as easily understand grades as spectrums. But in the end, this debate is valid for all the routes in the world, most notably certain Spanish 9as that would merit further questioning (note: as well as other easy 9as such as âSang Neufâ, âLa Cabane au Canadaâ, âEra Vellaâ and so on).
![Symon Welfringer Pornographie 9a](../themes/icons/grey.gif)
Sometimes, dowgrades are proposed because the next repeaters found an easier beta or found the effort easier than proposed, climbing it quickly compared to other routes of the same difficulty. For example, last summer Stefano Ghisolfi proposed a downgrade of âBibiographieâ, thinking his time investment on it was equal to the ones he put into the working of âChangeâ and âPerfecto Mundoâ. The first repeats of âAkiraâ and the controversy about the worldâs first 9b also come to mind, with Martinez, Bouin and Fourteau claiming they climbed a 9a instead. Itâs the game when youâre trying a first ascent alone, you may climb in a sub-optimal way. And of course the conditions for the send are important, as well as the shape of the climber, the possible size-dependency of the line compared to the ape of the climber, a lot of elements to consider when the question of giving an objective grade arises. A difficult art when grades are based on subjective feelings⊠And when youâre a pro climber living with a lot of pressure from the expectation of your sponsors, with an interest in creating a buzz around yourself with extreme ascents even if it means skipping a methodical reasoning around the real level of the routes climbed (even if, we recognise it without difficulty, all the analyses in the world wonât render an individual proposition completely objective).
Itâs precisely one of the hobbies of Lucien Martinez, editor-in-chief at Grimper Magazine, passionate top climber and adept of debates concerning high difficulty and grading.
âItâs quite logical that there are more downgrades than upgrades because in general itâs related to easier betas found. The other way around is not true: if you do a harder beta compared to the opening one, itâs on you, it wonât change the grade. The only way to get an upgrade is if the first climber underestimated the level (or a broken hold but itâs not really the same route anymore). Whereas for a downgrade, a new beta or kneebar rest may be enough. So itâs logical and normal that there are a lot more downgrades. But be careful, a new beta is not synonymous with a downgrade at all, sometimes it makes the thing a little easier but it doesnât change the grade. You have to juggle with these every time.
It seems important to me to point out that when we communicate about our performance or when our performance is made public, we have an ethical duty to do some serious thinking about the grade. Out of honesty towards all those who are interested in it from near or afar. Iâve also noticed that even when we try to think about it, the human brain is so good at self-deceit that with very, very rare exceptions, when there are doubts we always find a way to âchooseâ the grade that suits us. I have already caught myself constructing a line of thinking, already knowing which grade this argument should lead me to⊠Gradings are very imperfect as a system, they distort the purity of the climbing and have a lot of flaws. But in my opinion these drawbacks do not matter that much. In fact, itâs part of our culture and even contributes to its richness. I think we shouldnât deny the grades, but we have to remain lucid about their imperfections, put things in perspective and keep their importance in mind so as not to lose our brains.â
![Seb Bouin de l'autre cÎté du ciel 9a](../themes/icons/grey.gif)
The grades of yesterday, more solid?
Nevertheless, the old guard also believes that the old grades were tighter than those offered by the younger generation, who may be playing less regularly on rock due to the omnipresence of gyms, and therefore have significantly less experience in actual rock climbing, therefore less references to propose a legitimate grade. This is, for example, what Alex Huber meant in this text, devoted to âAction Directeâ:
âAnd it was up to 1995 that âAction Directeâ was considered to be 8c+. Since then grading became confuse and predominantly it had been created by the proposal of the grade 9b. Ben Moon still was there and he tried to convince the community that the proposal of the grade 9b is destructive as there hasnÂŽt been even a confirmed 9a in the world. But the discipline was lost with a lasting effect. Beginning with 1995, the grading became softer, and softer, and softer⊠It slowly began with the change of the grade of âAction Directeâ from 8c+ to 9a. Today, âAction Directeâ is the most famous of all the 9a-routes and therefore it is the reference for that grade. The funny thing is that today âAction Directeâ, which had been 8c+ originally, is one of the hardest 9a-routes in the world!!! It just shows, how far the overgrading went over the years â I guess that 90% of the modern high-end-routes are heavily overgraded if you compare these routes with the benchmark-route âAction Directeâ. Regarding my personal climbing track record, the softening of the grading had some effects: most of my first ascents of the years got upgraded and amongst all the others âWeiĂe Roseâ from 8c+ to 9a/9a+ and âOpen Airâ from 9a to 9a+. Thanks to todayÂŽs softer grading, âOpen Airâ or maybe even âWeiĂe Roseâ became the first confirmed route of the grade 9a+.â
Indeed, the current standards for a given grade are often historical routes, often skipped by young people due to their old-school and often awkward style, like the routes of Huber or âHubbleâ (now more often repeated after the discovery of a kneebar at the entrance to the crux), âOpen Airâ, âWeisse Roseâ, âOMâ⊠However it is difficult to confirm or deny, because old school routes were generally more fingery and technical but less demanding physically and long. It is however possible that the first extreme proposals like those of Alex Huber are more difficult for the level, because at the time announcing a letter or a plus above the last was not done, judging from the controversies that surrounded the first ascents of âAkiraâ or âChilam balamâ for example.
However, there are also iconic routes such as Chris Sharmaâs king lines for example, which are for the most part rarely subjected to downgrading (maybe except âEra Vellaâ and âEl Bon combatâ), and to which top climbers like Seb Bouin often refer to as gold standards for a given level: âBiographieâ, âJumbo Loveâ , âEs Pontasâ, âFRFMâ, âStoking the fireâ⊠Issues to take into account when trying to compare routes of the same style.
The interest of slash grades?
If we consider the grades as intervals like Symon Welfringer, the use of slash grades to define a lower and upper limit can be interesting to decide on a difficulty via a more precise scale. But some climbers disagree, thinking that the slash was only introduced historically to cover morphological passages, such as 6c/7a for a route with a reachy move, which meant closer to 6c for tall climbers and 7a for small ones.
Lucien Martinez: âWe have the illusion that the slash will save us from the indecision of a gray area between two grades, but in fact, the only thing that the generalization of the slash will do is introduce twice as many gray areas because then there will be twice as many dimension ranges.â
Conclusion
Grades are an integral part of climbing, to deny it or not to keep importance to it when one is interested in high level would be to lie, therefore to offer downgrades (or sometimes upgrades), although unpopular, is not not necessarily a malicious act. Extreme climbing offers beautiful routes and great experiences, beautiful life lessons and this is perhaps the most important thing to remember, beyond the controversies and ego battles around a level of difficulty given. Sonnie Trotter resumed this, speaking about E-grades:
Personally, I have a hard enough time trying to decipher the vague differences between 5.12d and 5.13a or R and X, let alone what the âcombined effortâ might be for someone I donât know to get up the thing, onsight. Iâm starting to feel that our over-analytical minds are whatâs strangling the beautiful simplicity of climbing.
We need to remember that collecting experience is more important than collecting numbers, because at the end of the day, nearly everything about climbing is subjective anyway; height, weight, foot size, finger size, brain capacity, strength ratio, ape index, determination, fitness, age, survival skills, tenacity and whether or not you have a full time job or a family. All of these things play an enormous roll in our day-to-day climbing life and itâs easy to get obsessed.
The achievement of a unique line is what counts, not the way you combine the letters and numbers at the end of it and certainly not when you try to compare one to the other. Let us remember to celebrate each climbâs unique nature.
Cover pic: Seb Bouin â Flatanger climbing âIron Curtain â credit: Marco MĂŒller
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