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Symon Welfringer répète Le Voyage – Symon Welfringer repeats Le Voyage

Décidément, la voie de trad la plus dure de France est à l’honneur cette semaine, puisqu’après avoir apprécié la belle vidéo de Barbara Zangerl, c’est le polyvalent guide Symon Welfringer (28 ans) qui vient tout juste de réussir une répétition de la voie. Météorologiste de profession, cet alpiniste passionné n’hésite pas à jouer sur tous les tableaux : Piolet d’Or, expéditions au Népal, au Pakistan, cascade de glace, face Nord de l’Eiger, big wall dans les Dolomites ou au Yosemite, 8c+ à Céüse, fissures à Indian Creek ou Joshua Tree et maintenant une belle coche en trad.
Voici son commentaire laissé sur les réseaux sociaux
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“La tension est palpable, à chaque mouvement, j’ai peur. Pas forcément de la chute, mais cette sensation si particulière aux voies en trad, on lève la tête et rien ne dépasse, pas de dégaines, pas de spits, seulement une fissure évasée, des petits trous pofés, on se sent bien seul.”

C’était un de mes rêves que de gravir une telle voie, la définition pour moi de la beauté de l’escalade : une ligne pure suivant les aspérités naturelles sur 45m, un mur vierge de tout artifice et la nécessité de placer soi-même toutes les protections, plus ou moins solides. Le tout sur un rocher d’une qualité exceptionnelle avec des mouvements incroyables. Que de superlatifs pour un bout de caillou mais c’était une grande émotion de réussir à grimper ce “Voyage”.

Cela fait un bout de temps que j’entends parler de cette voie, d’abord comme un projet extrême dans un endroit glauque—une telle description donnait peu envie et sous-estimait complètement la splendeur de la ligne. En 2017, le maestro du grit James Pearson s’attelle à ce projet et finit par enchaîner ce qu’il appellera “Le voyage”, qui n’est autre que la voie en escalade traditionnelle la plus dure de France. Après son ascension, la ligne reste assez méconnue et n’est que très peu répétée.

Symon Welfringer Le Voyage
Photo : Marc Daviet

Personnellement j’ai attendu un petit temps avant d’essayer ce morceau d’escalade, d’abord par peur de la difficulté mais aussi de l’engagement, la cotation E10 correspond à un engagement conséquent sur des protections parfois mauvaises. En cette fin d’hiver je me sens plutôt en forme et prêt à briser le mythe, d’abord en moulinette.
Après 4 montées de calage je réussis la voie en moul, ce qui paraît être un 8b+ très technique avec une section dure assez courte mais tellement exigeante, en particulier sur la pose des pieds qui sont microscopiques et sablonneux. J’ai pris beaucoup de temps à caler mes méthodes durant les premières montées avec des zippettes incessantes mais au bout de ces premières séances je suis assez confiant, j’ai identifié les différents emplacements de protection et les coinçeurs à utiliser main droite, main gauche, je mets en place ma petite stratégie…

Symon Welfringer Le Voyage
Photo : Marc Daviet

Je tape mon essai, dans la première longueur en 7a, j’ai des sensations horribles, je manque de tomber plusieurs fois. Et étrangement, plus je monte dans la voie, plus je me déleste des quelques coinceurs de mon baudrier, mieux je me sens, plus je me sens libéré. Dans la section crux, tout se déroule comme prévu, gainé et précis, je me rue sur le bac avec un cri victorieux. Mais la voie n’est pas finie, 10m de remontée sur une écaille vibrante où il est particulièrement déconseillé de poser une protection sous peine d’arracher un frigo de grès. Je mets tout de même un friend “mental”, mon dernier point solide et plus de 15m sous moi, les mouvements ne sont plus extrêmes mais il faut rester concentré.
Pour finir, une fissure à verrous de mains/doigts, je donne toute mon énergie dans chaque verrou, sans gants, j’ai la peau en sang, j’appuie encore plus fort.
Et ça y est, le relais me tend les bras, une joie immense s’empare de moi, je lâche mon stress, ma peur.
Je suis heureux.
Me voilà en haut de la voie trad la plus dure de France, et premier Français !
Ce n’est pas la plus dure, mais sûrement la plus belle voie que j’ai eu l’occasion de grimper !
Merci Manon Bérend, assurer dans ce genre de voie est presque aussi stressant que de la grimper !
Et bravo à James Pearson pour avoir ouvert une des plus belles lignes d’escalade que je connaisse.
Merci pour les infos et l’inspiration Ben Guigonnet, à toi de jouer !
Merci à Marc Daviet (photos) d’avoir capturé ces instants magiques.”

Symon Welfringer Le Voyage
Photo : Marc Daviet

Definitely the hardest trad route in France is in the spotlight this week, since after enjoying the beautiful video of Barbara Zangerl, it is the turn of all-rounder guide Symon Welfringer (28 years old) to repeat the line. A meteorologist by profession, this passionate mountaineer isn’t worried about ‘dabbling’ in all disciplines: Piolet d’Or, expeditions in Nepal and Pakistan, ice climbing, North face of the Eiger, big wall in the Dolomites or Yosemite, 8c+ in Céüse, cracks in Indian Creek or Joshua Tree and now a nice trad tick.
Here is his comment left on social media:

The tension is palpable at each movement, I ‘m afraid. Not necessarily a fall, but this feeling so particular to trad routes, you look up and nothing sticks out, no quickdraws, no bolts, only a large crack, small chalked holes, you feel very alone.

It was one of my dreams to climb such a route, the definition for me of the beauty of climbing: a pure line following the natural asperities over 45m, a wall free of all artifice and the need to place oneself all the protections, more or less solid. All on a rock of exceptional quality with incredible movements. So many superlatives for a piece of rock but it was a great emotion to successfully climb this “Voyage”.

Symon Welfringer Le Voyage
Photo : Marc Daviet

I’ve heard about this route for a while, first as an extreme project in a murky place, such a description gave little desire and completely underestimated the beauty of the line. In 2017, Grit maestro James Pearson went down to this project and ended up doing what he would call “Le voyage” which is none other than the hardest traditional climbing route in France. After his ascent, the line remains relatively unknown with few repeats.
Personally, I waited a while before trying this piece of climbing, first for fear of the difficulty but also of the commitment, the E10 rating corresponds to a substantial commitment on sometimes bad protections. At the end of winter I feel pretty fit and ready to break the myth, first top-rope.

After 4 tries I manage the route in top-rope, which seems to be a very technical 8b+ with a quite short hard section but so demanding, especially on the feet which are microscopic and sandy. I took a lot of time to precise my betas during the first climbs with incessant slip but at the end of these first sessions I was quite confident, I have identified the different gear locations and the friends to use right hand, left hand , I put in place my little strategy…

I did my try on lead, in the first pitch in 7a, I had horrible sensations, I almost fell several times. And strangely, the more I went up in the route, the more I relieved myself of the few piece of gear of my harness, the more I felt good and liberated. In the crux section, everything is going as planned, sheathed and precise, I rush to the ferry with a victorious scream. But the route is not over, 10m of ascent on an unsecure loose flake where it is particularly not recommended to put a gear under penalty of bringing done a sandstone fridge. I still put a “mental” friend, my last solid point and more than 15m under me, the movements are no longer extreme but you have to stay focused.
To finish, a crack with hand/finger locks, I give all my energy to each lock, without gloves, my skin is bleeding, I press even harder.
And that’s it, the anchor reaches out to me, an immense joy is arriving, I let go of my stress, my fear.
I’m happy.

Here I am at the top of the hardest trad route in France, and the first French climber to climb it!
It’s not the hardest, but surely the most beautiful route I’ve had the opportunity to climb!
Thank you Manon Bérend, belaying on this kind of route is almost as stressful as climbing it!
And congratulations to James Pearson for opening one of the nicest climbing lines I’ve been on.
Thanks for the info and the inspiration Ben Guigonnet, it’s up to you!
Thanks to Marc Daviet (photos) for capturing these magical moments.

Symon Welfringer Le Voyage
Photo : Marc Daviet


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Video: Babsi Zangerl, Le Voyage, Annot

Babsi Zangerl revient en vidéo sur son ascension du “Voyage” (E10 7a), l’une des voies de trad les plus difficiles de France. Cette longue fissure technique de 38 mètres a été libérée pour la première fois en 2017 par James Pearson. Accompagnée de son compagnon Jacopo Larcher et du belge Siebe Vanhee, Babsi a répété la voie en mai dernier, signant la première féminine. Une belle coche de plus dans son carnet de croix où figuraient déjà trois des voies les plus mythiques d’El Cap : “Zodiac” 8b, 545m, “Magic Mushroom” 8b+, 879m, et “El Nino” 8a+, 950m. Babsi a également entre autres réalisé la première féminine de la Trilogie Alpine, composée de trois grandes voies en 8b+ dans les Alpes ainsi que des voies dures en escalade sportive comme deux voies en 9a, “Speed integrale” et “Sprengstoff”, sans oublier le premier 8B bloc féminin de l’histoire dans sa jeunesse (“Pura Vida” en 2008). Retour en images et en interview sur “Le Voyage”.

“Quand nous avons entendu parler d’un soi-disant paradis de l’escalade sur grès dans le sud de la France, nous étions curieux. À l’époque, outre quelques grandes voies granitiques à Chamonix, je n’avais connaissance d’aucun endroit pour grimper du grès en trad en France. Apparemment un tel endroit existait, et il était juste au-dessus du village d’Annot. Annot possède en réalité quatre secteurs différents en un : il y a une zone d’escalade traditionnelle, une zone d’escalade sportive, une zone d’escalade sportive avec des prises taillées, et une — célèbre — zone de bloc. On rêvait d’utiliser notre équipement de trad pour grimper de pures voies en grès… et on l’a fait. Après seulement quelques jours, on s’est renduc compte combien cet endroit avait à offrir. En avril, il faisait déjà assez chaud, mais nous avons trouvé des conditions parfaites dans certains canyons où la brise soufflait pour, tant qu’à faire, tenter aussi des voies plus dures.

Nous avons eu l’impression de passer de vraies vacances. Par le passé, nous avions généralement cherché de bonnes conditions de froid durant nos trips grimpe, mais cette fois-ci nous avons apprécié la chaleur du soleil tandis qu’en même temps nous pouvions grimper dur dans les canyons froids et ventés. Une belle combinaison pour profiter du soleil français et d’un mode de vie sur le thème détente. Le camping était ultra confortable, et la cerise sur le gâteau était la livraison de baguettes et croissants frais de la boulangerie locale directement à notre van tous les matins !

Au bout de quelques jours, nous avons jeté un œil sur cette méga ligne appelée Le Voyage. Le Voyage (E10, 7a) est une voie de 38 mètres dans le secteur de La chambre du roi, qui a été gravie pour la première fois par James Person en 2017. Cette voie récente est sans aucun doute l’une des plus belles voies de trad de France. Cette nouvelle voie à tenter inclut un mur vertical, des gouttes d’eau, des fissures, des arquées et des placements de points délicats.

E10 7a, cela ressemble à une suite de lettres et de chiffres incompréhensibles. D’une certaine manière, c’est le cas, même pour les Britanniques qui ont inventé ce système de notation complexe qui combine la dangerosité d’une voie avec ses difficultés purement techniques. Je décrirais cette ligne comme étant difficile mais relativement sûre, au moins pour la section du crux et pour les sections suivantes : plus tu grimpes haut, meilleurs sont les placements de protections. Mais jusqu’à la partie centrale de la voie est vraiment risquée. Réaliser la traversée à 1/3 de la voie est un défi mental. J’étais assez nerveuse de placer du matériel là, parce que ces mêmes gouttes d’eau devaient également servir de prises pour les mains. C’est difficile de trouver la bonne façon de protéger ce passage avant d’entrer dans le véritable crux de la voie.

Le crux exige un maximum de puissance et de gainage. Il m’a toujours fait peur. Même en l’essayant du haut, je ne faisais que tomber. J’ai donc décidé de faire quelques essais en tête pour garder la motivation et aussi au cas où j’aurais la chance d’attraper le bac final après cette section technique délicate.

Jacopo a été le premier de notre groupe à répéter le Voyage ; Siebe a été le suivant sur la liste. Nous avions des méthodes différentes pour cette voie, ce qui était très cool. Tout le monde a trouvé sa propre méthode après avoir essayé toutes les différentes solutions. Il ne nous restait plus que trois jours avant de rentrer à la maison. La pression était forte au moment de s’équiper. Je voulais vraiment enchaîner cette voie parfaite. J’ai foiré mon premier essai de la journée, j’ai passé trop de temps à placer mes points et à tétaniser avant même d’atteindre le crux. J’avais besoin d’ajuster chaque détail pour économiser de l’énergie et placer l’équipement dont j’avais besoin. L’ascension a été une véritable bataille. Mais j’ai finalement pu grimper ces 38 mètres de pur grès.

Nous avons tous adoré l’expérience, et le mental de l’équipe est resté au beau fixe, ce qui était motivant pour chacun et chacune. Cette voie naturelle est un vrai cadeau, sans aucune prise taillée, et avec juste assez de prises pour permettre une progression en trad. Pour moi, il n’y a pas plus parfait. Des voies comme celles-ci sont rares.”

Photos: Andrea Cossu

Babsi Zangerl shares a video about her ascent of “Le Voyage” (E10 7a), one of the French hardest trad lines. This long and technical 38 meters long crack has been freed by James Pearson in 2017. Joined by her partner Jacopo Larcher and Belgian Siebe Vanhee, Babsi repeated the line in May 2021. A nice tick on her logbook, where you can also find 3 must form EL Capitan (“Zodiac”, “Magic Mushroom”, “El Nino”) or the first female ascent of the Alpine Trilogy (3 hard 8b+ multipitch in the Alps) or several hard sportclimbing routes like “Speed integrale” and “Sprengstoff” both 9a and the first female 8B in her childhood with “Pura Vida” (2008). Here is her comment about “Le Voyage”.

“When we heard about a so-called sandstone climbing paradise in the south of France, we were curious. At the time, apart from some great granite routes in Chamonix, I did not know of any place to climb sandstone trad in France. Apparently such a place existed, and it was just above the village of Annot in the southeast.

Annot actually has four different areas in one: there is a traditional climbing area, a sport climbing area, a sport climbing area with chipped holds, and a -famous- bouldering area. We dreamed of using our trad gear to climb pure sandstone routes… and we did.

After a few first days it was amazing how much this place had to offer. In April, it was already quite warm, but we found perfect conditions in some canyons where the breeze was blowing so that we could also try harder routes.

We felt like we were on a real vacation. In the past we have usually looked for good cold conditions during our climbing trips, but this time we enjoyed the warmth of the sun while at the same time we could climb hard in the cold and windy canyons. A great combination to enjoy the French sun and a relaxation-themed lifestyle. The campsite was ultra comfortable, and the cherry on the cake was the delivery of fresh baguettes and croissants from the local bakery directly to our van every morning!

After the first few days, we took a look at this mega line called The Journey. “Le Voyage” (E10, 7a) is a 38m route in the area of ​​La chambre du roi, which was climbed for the first time by James Person in 2017. This recent route is undoubtedly one of the most beautiful routes from France. This new path to try includes a vertical wall, water drops, cracks, crimps and delicate balancy moves.

E10 7a, it looks like a series of incomprehensible letters and numbers. In a way, this is the case, even for the Brits who invented this complex grading system that combines the dangerousness of a route with its purely technical difficulties. I would describe this line as difficult but fairly safe, at least for the crux section and for the following sections: the higher you climb, the better the placements. But the central part of the route is really risky.

It’s a mental challenge to complete the traverse at 1/3 of the route. I was quite nervous to place material there, because these same water drops were also to be used as hand holds. It’s difficult to find the right way to protect this passage before entering the real crux of the route.

The crux requires maximum power and body tension. It always scared me. Even trying it from the top I just kept falling off. So I decided to do a few goes in lead to keep up the motivation and also in case I had the chance to grab the final jug after this tricky technical section.

Jacopo was the first of our group to repeat “Le Voyage”; Siebe was next on the list. We had different plans for this route, which was very cool. Everyone has found their own method after trying all the different solutions.

We only had three days left before we went home. The pressure was high when it came time to try. I really wanted to do this perfect route. I messed up my first try of the day, spent too much time placing my points and failing before I even reached the crux. I needed to adjust every detail to save energy and place the gear I needed. The ascent was a real battle. But I was finally able to climb these 38 meters of pure sandstone.

We all loved the experience, and the team spirit remained strong, which was motivating for everyone. This natural route is a real gift, without any chipped holds, and with just enough holds to allow progression in trad. For me, there is no more perfect. Routes like these are rare.”

Photos: Andrea Cossu

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Hugo Parmentier en forme à Bleau: « Gecko » assis, 8B+ dans la poche

Depuis plusieurs mois, Hugo Parmentier s’est rapproché de la forêt avec un emménagement sur Fontainebleau. En plus de s’entraîner aux côtés de Nico Januel pour le côté compétition, il profite de sa nouvelle localisation pour aller régulièrement tâter le grès de Fontainebleau… Et cette fois, c’est l’un de ses gros projets qui tombe, « Gecko » en départ assis, coté 8B+.

Voici le retour d’Hugo suite à cette performance:

C’est un bloc qui était sur ma liste des blocs que je voulais faire dans ma vie, ça me tenait vraiment à coeur. J’en avais fait mon projet de l’hiver, et avant même de faire le debout j’avais déjà essayé les mouvs de la version assise au printemps dernier. Depuis j’y suis allé quelques fois, et cet automne j’ai fini par enchaîner la version debout, et tout est alors devenu possible… Mais au final, j’ai eu beaucoup du mal à tenir la pince en tri tendu dans la transition entre le départ assis et le départ debout. Je suis revenu quelques temps après, avec de meilleures conditions, et je suis tombé tout en haut. Ensuite, j’ai chopé le covid, j’étais KO pendant une semaine, et quand j’ai remis les pieds dedans après 2 sessions de reprise, je pensais être à la ramasse, et en fait je bougeais plutôt bien au calage, et ça a fait dans la journée, c’était dément comme sensation!

Je suis vraiment content que l’entraînement avec Nico Januel paye, et j’ai dans l’idée d’aller essayer d’autres blocs plus durs, pourquoi pas « Big Island » où j’ai déjà mis quelques essais, ou encore « la révolutionnaire », et peut-être aussi essayer de flasher quelques blocs en 8A ou 8A+, j’ai quelques idées en tête…

Triple répétition du Voyage à Annot – Triple send of Le Voyage in Annot

Trois ascensions en deux jours de la voie de trad réputée être la plus difficile de France, “Le Voyage”, voici ce qui vient de se passer la semaine dernière à Annot ! Ouverte par James Pearson en 2017 dans le mur de la chambre du Roi, “Le Voyage” remonte un mur fissuré et déversant en grès des plus esthétiques sur près de 40 mètres (proposé en cotation anglaise E10 7a). Les protections sont plutôt bonnes (on appréciera tout de même l’engagement final dans le crux) mais la difficulté soutenue, autour du 8b+. Cette semaine ce sont 2 des meilleurs spécialistes mondiaux de la discipline Babsi Zangerl et Jacopo Larcher, accompagnés du belge Siebe Vanhee, qui ont réussi à répéter l’affaire. Jacopo répond à quelques questions.

– Comment as-tu eu l’idée d’essayer “Le voyage” ?
Honnêtement, dès que j’ai vu les photos de l’ascension de James et que j’ai lu ses commentaires sur l’itinéraire. Cela avait l’air si beau et il a dit que c’était probablement sa plus belle première ascension ; connaissant le nombre d’itinéraires qu’il a établi et tous les endroits où il est allé, j’étais sûr que l’itinéraire était un bijou !
Les dernières années ont été en quelque sorte trop chargées et nous n’avions pas trouvé le temps de faire un voyage à Annot jusqu’à la semaine dernière. Le plan était de s’y rendre en avril, mais en raison des différents confinements, nous ne pouvions pas y arriver. De plus, ce voyage était assez spontané, car je devais aller en Norvège avec Siebe, mais nous avons dû annuler le voyage à la dernière minute à cause des restrictions sanitaires. Nous ne pouvons pas nous plaindre du changement de plan!
J’avais entendu parler d’Annot et de ses grès, mais nous avons été positivement surpris et émerveillés par la beauté de l’endroit et de son rocher quand nous nous y sommes finalement rendus. Je suis sûr que ce ne sera pas notre dernier voyage là-bas ! Je pense qu’il y a encore un gros potentiel pour de nouvelles ascensions et que l’endroit est tout simplement incroyable.

– Peux-tu décrire la voie ?
L’itinéraire est très long, je pense environ 40 mètres. La ligne est évidente et c’est probablement la seule option pour gravir cette impressionnante face, ce qui rend l’itinéraire encore plus spécial pour moi. Cela commence par une fissure en 7a qui se termine dans une petite grotte, où il y a un repos sans les mains (on peut même s’allonger !). Quelques mouvements de plus amènent à cette grosse rampe fissurée, qu’il faut gravir en engageant un peu pour atteindre quelques bonnes prises dans la partie la plus blanche du mur (je pense à chaque fois en y arrivant que c’est un miracle qu’elles soient là, merci Mère Nature !). Les mouvements jusqu’à cet endroit ne sont pas trop durs, mais l’escalade est un peu bizarre.
À cet endroit il faut placer des petites protections, avant de partir à gauche là où la fissure recommence. Certains mouvements athlétiques sur des meilleurs prises amènent à un petit repos ou on peut placer une bonne protection. Le crux commence là et après quelques mouvements d’épaule durs / étranges, on arrive en haut de la fissure. L’équipement est très bon, mais on n’a pas vraiment envie de placer trop de protections car cela coûterait trop d’énergie. Cette section est un peu engagée, mais le mur est raide et le matériel est bon.
Après un bon repos, on grimpe une section plus facile sur des écailles fragiles, jusqu’à atteindre la fissure évasée finale. Cette dernière section n’est pas si difficile, mais il est facile de faire des erreurs et c’est assez sollicitant dans la conti ! Vous ne voulez vraiment pas y tomber !

Le Voyage
Photo: Coll. Vanhee

Dans l’ensemble, l’itinéraire est assez sûr, même on peut se prendre prendre de très gros plombs à certains endroits ! Personnellement, je pense que c’est un cadeau de Dame Nature, car il n’est pas si facile de trouver une ascension difficile qu’on peut également protéger en toute sécurité.
Ce qui ressort donc vraiment pour moi, c’est la beauté de la ligne ! Je suis totalement d’accord avec ce que James a écrit à ce sujet après sa première ascension : c’est l’une des meilleures !

– Comment avez-vous travaillé l’itinéraire et comment se sont passé vos réussites avec Babsi et Siebe ?
Nous l’avons travaillé en moulinette puis en tête. Le premier après-midi, Babsi et moi sommes descendus en rappel, on a brossé, on a checké les endroits où placer les protections et on a commencé à travailler les mouvements. Siebe est arrivé le lendemain matin et nous a rejoints.
J’ai réussi à gravir la voie à mon premier essai en moulinette, j’ai donc passé la deuxième journée à essayer de tout régler et finaliser le matériel ; même après avoir grimpé la voie en moul’ plusieurs fois, je ne me sentais pas en sécurité pour un essai en tête !
C’était très agréable de travailler la voie tous ensemble, on a pu partager les méthodes, la motivation et des doutes. Le parcours est très long, le seul inconvénient est que ça laisse moins de temps pour l’essayer, mais dans l’ensemble, nous avons passé un très bon moment !
Après une journée de repos, Siebe et moi avons réussi à gravir la voie lors de notre premier essai en tête. Malheureusement, Babsi s’est embrouillée en posant les protections et est tombée à la fin du crux, mais elle l’a réalisée direct lors de son deuxième essai en tête le lendemain !
C’était la fin parfaite pour notre court voyage. C’est toujours plus agréable quand tout le monde réussit après avoir partagé tous ces moments ensemble.

– La voie en trad la plus difficile de France ?
C’était notre première ascension trad en France… donc c’est difficile à dire… La seule chose que je puisse annoncer, c’est que « Le Voyage » est l’une des voies trad les plus cool que j’ai jamais faites. Un vrai bijou !

3 ascents of the trad line that is reckoned to be the hardest in France in 2 days, that’s what’s happened in Annot this week! Opened in 2017 by James Pearson on the chambre du Roi wall, “Le Voyage” goes up a beautiful overhanging and cracked sandstone rock face over close to 40 metres (British grading of E10 7a). Pro is rather good (still, the commitment in the final crux is not for the faint hearted) but difficulty is sustained, around 8b+. This week two of the world’s best in that field, Babsi Zangerl and Jacopo Larcher, sided by Belgian Siebe Vanhee, have managed to repeat it. Here’s Jacopo’s comment on the ascent.

-How did you get the idea to try le voyage?
Honestly, as soon as I saw the pictures of James climbing it and I read his comments about the route. It looked so good and he said it was probably his most beautiful FA; knowing the amount of routes he had climbed and all the places he had been to, I was sure the route was a gem!
The last years were somehow too busy tho and we hadn’t found the time to make a trip to Annot until last week. The plan was to go there in April, but due to the different confinements we couldn’t make it there. Also this trip was quite spontaneous, as I was supposed to go to Norway with Siebe, but we had to cancel the trip last minute because of the travel restrictions. We can’t complain about the plan change tho! 😉

I heard about Annot and its Gres, but we were positively surprised and amazed by the beauty of the place and its rock when we finally got there. I’m sure it won’t be our last trip there! I think there is still a big potential for new climbs and the place is simply amazing.

– Can you describe the style of the route?
The route is very long, I think about 40 meters. The line is very obvious and it’s probably the only option for climbing that impressive face, which makes the route even more special to me. It starts with a 7a splitter crack, which ends in a small cave, where you have a no hand rest (you can even lay down!). A few more moves get you to a big thread, form which you have to climb a fairly big run out to reach some good pockets in the blankest part of the wall (I still think it’s a miracle they are there; thanks Mother Nature!); the moves up to there aren’t too hard, but at the climbing is a little it weird.
You can place some smaller gear, before to move out left where the crack starts again. Some athletic moves on better hold lead you to a small rest and some good gear. The crux section starts there and after some hard/weird shoulder moves you reach the break at the end of the crack. The gear is very good, but you don’t want to place to much pieces as it would cost too much energy. This section gets a bit runout, but the wall is steep and the gear is good.

After a good thread you climb an easier section on a loose flake, until you reach the final flared crack. This last bit isn’t that hard, but it’s easy to make some mistakes and it’s quite pumpy! You really don’t want to fall there!

All in all the route is quite safe, even if you can take some really big whippers if you fall in certain spots! I personally think it’s a gift of Mother Nature, as isn’t that easy to find a hard trad climb, which you can also protect quite safely.

What it really stands out for me is the beauty of the line tho! I totally agree with what James wrote about it after he made the first ascent: it’s one of the very bests!

– How did you work the route and how was the send with Siebe and Babsi?
We worked in on top rope and then tried it on lead. On the first afternoon Babsi and I rapped down the route, brushed it, checked the gear and started to work the moves. Siebe arrived the next morning and joined us.
I managed to climb it first go on top rope, so I spent the second day trying to get everything dialed and finalizing the gear; even after having climbed the route on tr a couple of times, it still felt insecure tho!
It was very nice to work the route all together, as you can share betas, motivation and doubts. The route is very long, so the only down side is that you also get less time for trying it, but all in all we had a really good time!
After a rest day Siebe and I managed to climb the route on our first lead try; unluckily Babsi messed it up with the gear and fell once at the end of the crux, but she climbed it straight on her second lead try on the following day!
It was the perfect end for our short trip. It’s always nicer when everyone succeed after having shared all those moments together.

– The hardest trad route in France?
It was our first (and last) trad climb in France… so it’s hard to tell…The only thing I can say, is that “Le Voyage” is one of the coolest trad routes I’ve ever done. A real gem!

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