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The Other Way Around, un tour du monde grimpe à vélo – The Other Way Around, a climbing world tour by bike

Il y a quelques temps nous étions allés à la rencontre de Pablo Recourt, grimpeur belge effectuant un tour des 8a français en vélo, une aventure originale. Un couple de grimpeurs suisses, Arline Bernegger et Bertrand Gaudard, a lui décidé de voir plus grand et de réaliser un tour du monde des falaises à vélo débuté il y a presque un an. Vous pouvez les suivre via leur site internet The Other Way Around. Focus sur leurs motivations au milieu de leur périple.

– Pouvez décrire le concept de votre tour du monde The Other Way Around ?
Le concept est assez simple : découvrir les falaises autour du monde et les relier à vélo. Nous voulions vivre une aventure qui commence en fermant la porte de la maison et qui se termine en l’ouvrant à nouveau. Le but est bien évidemment de passer un maximum de temps en falaise, mais aussi de voir ce qui se trouve entre les destinations, de s’imprégner des paysages et des différentes cultures. Au total, nous avons prévu de relier une quarantaine de destinations sur un peu plus de 2 ans, pour un total d’environ 20’000 km à vélo.

The Other Way Around

– Comment avez-vous dessiné la boucle et choisi les sites ? Une idée directrice ?
Nous avons pris une grande carte du monde et noté tous les secteurs où nous voulons aller. Ensuite, nous avons regardé pour faire un itinéraire logique, tournant autour du monde et passant par le plus de secteurs possibles. Cela nécessite de faire attention aux saisons, au temps de déplacement nécessaire et au nombre de jours que nous voulons rester par endroit, tout en laissant suffisamment de marge pour la mauvaise météo ou tout imprévu ! Nous ne voulons pas nous retrouver en Turquie en été ou en Asie pendant la saison des pluies… Caler tout cela sur 2 ans n’a pas été facile, mais nous avons trouvé une solution, ou plutôt “avions” : avec la situation sanitaire et politique (en particulier l’impossibilité d’aller en Chine ou en Russie), nous devons beaucoup adapter notre itinéraire et faire des concessions. Pour donner un exemple, nous étions censés passer le premier hiver en Chine, avant de traverser en voilier aux Etats-Unis, et nous avons fini par tout inverser deux jours avant le départ, pour commencer par les Alpes, l’Europe de l’Est et passer le premier hiver en Grèce et en Turquie. N’ayant réussi à obtenir un entretien pour les visas USA que début avril 2022, nous devons également retarder notre arrivée en Amérique du Nord et ne pourrons pas traverser en voilier. Mais au final, nous finissons toujours par trouver des solutions, et même si la boucle devient de moins en moins logique, le plaisir est tout aussi grand !

– Comment vous est venue l’idée ? Pourquoi ? Depuis quand êtes-vous partis ?
On ne peut pas dire que l’idée est venue par passion pour le vélo (Bertrand n’ayant presque jamais pédalé auparavant). Mais en réfléchissant un peu, il nous est rapidement venu à l’esprit que le meilleur moyen de se déplacer pour un projet pareil… c’est bien le vélo. En été 2020, on a donc pris 2 semaines pour tester cette idée et on est parti de Genève grimper autour de Briançon. On avait déjà fait ce trajet à plusieurs reprises en voiture, mais il nous a paru tellement différent à vélo. On a découvert des paysages incroyables et surtout, pour une fois, on a eu le temps de s’en imprégner. Et oui, on en a beaucoup chié, mais on a vu que ça fonctionnait, et surtout que ce type de voyage nous plaisait. Du coup, on est parti pour TheOtherWayAround début avril 2021 et on a parcouru 5’500 km jusqu’à maintenant.

The Other Way Around

– Vous faites tous les trajets à vélo ? Pourquoi le vélo plutôt que le van, le train ou le stop ? Où dormez-vous ?
Si possible, tous les déplacements sur terre sont faits à vélo. La seule exception sont les paysages plats de plus de 1’000km (nous avons le vertige du plat), et nous devons quand même suivre les saisons. Le vélo nous permet d’avancer suffisamment vite (moyenne de 80 km / jour), tout en découvrant les paysages et en étant au plus proche de la nature et de l’environnement. Cette approche “slow travel” ne peut pas se faire en van ou en train, car tu te déplaces trop vite. S’il fait froid, tu vas plus au sud, s’il pleut, tu changes de spot… en fait, tu peux trop facilement fuir l’aventure dès qu’elle devient plus rude au profit de la meilleure option, et ce n’est pas ce que nous recherchions. Nous voulions vivre une aventure au rythme de la nature, et cela signifie sortir de son confort et vivre par toute météo, toute condition. Cela nous rend plus vivant.

Nous avons la chance d’avoir du bon matériel et de pouvoir dormir par tout temps sous tente, du coup, lorsqu’on se déplace, on bivouaque un peu partout. Parfois nous avons la chance d’être invité dans des jardins et lorsque nous n’avons pas le choix, nous prenons des campings. En revanche, lorsque nous arrivons à une destination de grimpe, nous restons la plupart du temps dans un camping ou, comme ce fut le cas dans les pays de l’est, dans de petits appartements qui s’avèrent presque plus avantageux que le camping… Cela nous permet de laisser notre matériel en sécurité pendant la journée.

– Côté escalade, quels sont vos objectifs ? Combien de temps vous vous arrêtez sur un site en moyenne ? Comment s’organise un séjour type sur un site ?
Quand nous arrivons à un spot, nous savons que nous n’aurons pas forcément la possibilité d’y revenir rapidement, donc nous voulons profiter de grimper un maximum de voies. Cela s’avère principalement dans le 7ème degré (7a – 7c+). L’objectif est d’être le plus polyvalent possible et surtout d’augmenter notre niveau à vue, du coup on ne peut pas dire qu’on se met des projets spécifiques (nous n’avons jamais passé plus de deux jours dans une voie).

Un séjour type dure en moyenne entre 1 et 3 semaines. Si nous faisons plus court, nous trouvons que nous n’avons pas assez de temps pour profiter de l’endroit par rapport à la durée de déplacement que nous avons dû faire à vélo. Et au bout d’un moment, il faut avancer si nous ne voulons pas nous retrouver à grimper sous 40° C en Turquie ! L’organisation sur place dépend de la facilité / rapidité d’accès aux secteurs ainsi que des possibilités de ravitaillement. Comme dit plus haut, le plus important est d’avoir un endroit où laisser nos affaires en sécurité, sans devoir démonter la tente chaque jour et cacher le matériel dans la forêt. Dans les endroits connus, comme à Leonidio, Kalymnos ou au Verdon, cela s’avère très facile car tout est adapté pour les grimpeurs et tout se trouve à proximité des falaises. En revanche, dans des endroits plus petits, plus isolés, le ravitaillement en nourriture et surtout en eau peut s’avérer plus difficile. A vélo, nous arrivons facilement à porter pour une semaine de nourriture, et nous avons deux bâches à eau de 10 litres chacune ainsi qu’un filtre, ce qui nous laisse une certaine autonomie. Nous avons aussi souvent trouvé des opportunités de faire du covoiturage pour le ravitaillement. En termes de nourriture, nous essayons d’éviter les supermarchés et d’acheter des produits locaux, si possible directement chez les paysans (il est important de faire vivre la communauté locale).

The Other Way Around

– Combien de sites visités ? Vos coups de cœur/recommandations ?
Si nous ne comptons pas certains petits secteurs où nous nous sommes arrêtés au passage, nous avons fait une vingtaine de sites. Des coups de cœur ? Il y en a plein, et à y réfléchir, toutes les destinations ont leur charme et nous ont fait vibrer. Inutile de vous parler du Verdon, de Kalymnos ou de Geyikbayiri (on sait que c’est de la balle !), donc on va plutôt vous parler des endroits moins connus ! Nous avons adoré le Repswand dans le massif du Karwendel, en Autriche. C’est un magnifique mur face nord avec une approche quasi-obligatoire à vélo (voiture interdites) dans une vallée sauvage. Les longues voies y sont superbes et l’ambiance assurée ! Dans les Balkans, nous avons découvert le paradis de la Bosnie- Herzégovine. La grimpe nécessite une approche différente que les secteurs bien équipés en Grèce (Balkan’s Style), mais l’ambiance avec les locaux est unique, et certaines falaises sont des petits bijoux loin de la foule : Pecka et sa grimpe sur pockets comme à Margalef, Amfiteatar dans le Canyon Tijesno où nous avons eu l’occasion d’équiper une longue voie ou encore Blagaj, proche de Mostar. La falaise de Brar en Albanie est peut-être la falaise la plus mutante que nous avons vue ! Pour finir, nous avons adoré la grotte de Can Baba à Datça ou le mur de Cennet à Olympos en Turquie. Ce sont des petits spots comparés à Geyikbayiri, mais avec une grimpe et une ambiance assez magique et où nous comprenons que la nature est l’artiste la plus talentueuse que le monde ait pu nous donner.

– Quel message voulez-vous apporter à la communauté grimpante à travers ce tour du monde ?
Le temps que l’on passe à se déplacer pour se rendre en falaise est souvent sous-estimé, voir oublié. On veut vite aller faire cela, vite faire ceci… Mais si on compare toutes ses heures de trajet par rapport au temps passé sur le rocher ou à rigoler avec ses amis, on se rend vite compte qu’il est énorme… donc pourquoi pas le transformer ? Si on décide de partir moins loin, nous aurons plus de temps pour grimper, mettre un essai supplémentaire dans notre projet et se retrouver pendu dans la corde après avoir lâché une fois de plus cette foutue arquée, ou alors simplement passer une soirée entre amis autour d’un feu… Et si on veut quand même partir plus loin, découvrir un nouvel endroit, pourquoi ne pas convertir ce temps de trajet en aventure, rajouter une dose de fun (et quelques galères, qui s’avèrent souvent aussi être fun après coup) et ainsi découvrir ce qui se trouve entre notre maison et la destination ? Croyez-nous, vous serez surpris des merveilles que vous allez rencontrer !

P.S. Il ne faut pas croire à l’idée que c’est trop lourd ou trop volumineux de transporter le matériel de grimpe tout en voyageant à vélo… De toute façon vous avancez lentement, donc 10 kg de plus ou de moins, ça ne fait pas une si grande différence… sauf si vous arrêtez de pédaler.

The Other Way Around

Some time ago we met Pablo Recourt, a Belgian climber doing a tour of the French 8a’s by bike, an interesting adventure. A pair of Swiss climbers, Arline Bernegger and Bertrand Gaudard, decided to think bigger and go on a world tour of climbing crags by bike-began a year ago. You can follow them via their website, The Other Way Around. Focus on their motivations in the middle of their trip.

– Can you describe the concept of “The Other Way Around”?
The concept is quite simple: discover the world’s crags and connect them by bike. We wanted to experience an adventure that begins by closing the door of the house and ends by opening it again. The goal is obviously to spend as much time as possible on the crags, but also to see what lies between the destinations, to soak up the landscapes and different cultures. In total, we have planned to connect around forty destinations in a little over 2 years, for a total of around 20,000 km by bike.

– How did you plan the trip and choose the areas?
We took a large map of the world and wrote down all the crags we want to go to. Then we tried to find a logical route, going around the world and through as many sectors as possible. This requires paying attention to the seasons, the travel time needed and the number of days we want to stay in each place, while leaving enough margin for bad weather or unforeseen events! We don’t want to find ourselves in Turkey in the summer or in Asia during the rainy season… Planning all of this over 2 years was not easy, but we found a solution, or rather “planned”: with the health and political situations (in particular the impossibility of going to China or Russia), we had to adapt our itinerary a lot and make concessions. To give an example, we were supposed to spend the first winter in China, before sailing across to the United States, and ended up reversing everything two days before departure, starting with the Alps, Eastern Europe and spend the first winter in Greece and Turkey. Having managed to obtain an interview for US visas only at the beginning of April 2022, we have also delayed our arrival in North America and will not be able to cross by sailboat. But in the end, we always end up finding solutions, and even if the loop becomes less and less logical, the pleasure is just as great!

The Other Way Around

– How did you come up with the idea? Why? When did you start the trip?
We cannot say that the idea came from a passion for cycling (Bertrand having hardly never pedalled before). But thinking a little, it quickly became clear that the best way to get around for such a project is… by bike. In the summer of 2020, we therefore took 2 weeks to test out our idea and left Geneva to climb around Briançon. We had already done this trip several times by car, but it seemed so different to us on a bike. We discovered incredible landscapes and above all, for once, we had time to immerse ourselves in them. And yes, we sucked, but we saw that it worked, and above all that we liked this type of trip. So we left for “The Other Way Around” in early April 2021 and we’ve covered 5,500 km so far.

– Do you link every crag by bike? Why bikes rather than a van, train or hitchhiking? Where do you sleep?
If possible, all travel is done by bicycle. The only exceptions are flat landscapes over 1,000km long (we have vertigo from the flat!) and we still have to follow the seasons. The bike allows us to move fast enough (on average 80 km per day) while discovering the landscapes and being closer to nature and the environment. This “slow travel” approach cannot be done by van or train, because you are moving too fast. If it’s cold, you go further south, if it rains, you change spot… In fact, it’s too easy to run away from the adventure as soon as the going gets tough in favor of the best option, and that’s not what we were looking for. We wanted to live an adventure in tune with nature, and that means getting out of your comfort zone and living in any weather, any condition. It makes us feel more alive.

We are lucky to have good quality equipment and be able to sleep in tents in all weather, so when we move, we bivouac everywhere. Sometimes we are lucky enough to be invited to gardens and when we have no option, we take campsites. On the other hand, when we get to a climbing destination, most of the time we stay in a campsite or, as was the case in the eastern countries, in small apartments which turn out to be almost more advantageous than camping… This allows us to keep our gear safe during the day.

– What about your climbing goals? How long do you stay in an area? What does a typical stay at a crag look like?
When we get somewhere, we know we won’t necessarily be able to get back there soon so we try to climb as many routes as possible. This happens mainly in the 7th degree (7a – 7c+). The objective is to be as versatile as possible and above all to increase our onsight level, so we can’t say that we are going into any projects (we have never spent more than two days on a route).

A typical stay lasts on average between 1 and 3 weeks. If we make it shorter, we find that we don’t have enough time to enjoy the place compared to the travel time we had to do by bike. And after a while, we have to move on if we don’t want to find ourselves climbing above 40°C in Turkey! The way we function depends on the ease/speed of access to the sectors as well as the possibilities of replenishing supplies. As said above, the most important thing is to have a safe place to leave our belongings, without having to take down the tent every day and hide the equipment in the forest. In popular places, such as Leonidio, Kalymnos or Verdon, it is very easy because everything is suited for climbers and everything is close to the cliffs. On the other hand in smaller, more isolated places, getting food and especially water can be more difficult. By bike, we can easily carry enough food for a week, and we have two water tanks of 10 litres each as well as a filter, which gives us a bit of autonomy. We also often found opportunities to carshare for refuelling. In terms of food, we try to avoid supermarkets and buy local products, if possible directly from farmers (it’s important to support local communities).

The Other Way Around

How many areas you visited? Your favorites/recommendations?
If we do not count the tiny sectors where we stopped on the way, we ticked about twenty crags. Favorites? There are plenty of them, and come to think of it, each destination has its own charm and delighted us. No need to tell you about the Verdon, Kalymnos or Geyikbayiri (we know they’re awesome!), so we’ll tell you about lesser-known places instead! We loved the Repswand in the Karwendel massif, Austria. It is a magnificent wall facing north with an almost obligatory approach by bike (cars are banned) in a wild valley. The long routes are superb and the atmosphere guaranteed! In the Balkans, we discovered the paradise of Bosnia and Herzegovina. Climbing requires a different approach to the well-equipped sectors of Greece (Balkan’s Style), but the atmosphere with the locals is unique, and some cliffs are little gems far from the crowd: Pecka and his pocket-climbing like in Margalef, Amfiteatar in the Tijesno Canyon where we had the opportunity to bolt a multipitch route or Blagaj, near Mostar. The Brar cliff in Albania is perhaps the most amazing crag we have seen! Finally, we loved the Can Baba cave in Datça or the Cennet wall in Olympos, Turkey. They are small areas compared to Geyikbayiri, but with quite a magical climbing and atmosphere and where we understand that nature is the most talented form of Art the world has given us.

– A message you want to bring to the climbing community through this world tour?
The time we spend traveling to get to the crags is often underestimated, even forgotten. We want to quickly go do this, quickly do that… But if we compare all our hours of travel with the time spent on the rock or laughing with our friends, we quickly realise that it is huge… So why not change? If we decide to go less far, we will have more time to climb, put an extra try on our project and find ourselves hanging in the rope after letting go of this damn crimp once again, or simply spending an evening with friends around a campfire… And if you still want to go further afield, discover a new place, why not convert this travel time into an adventure, add a dose of fun (and a few hassles, which often turn out to be fun afterwards) and thus find out what lies between our home and the destination? Believe us, you will be surprised at the wonders you will come across!

PS: Do not believe in the idea that it is too heavy or bulky to carry climbing equipment while traveling by bike… Anyway you are going slowly, so 10 kg more or less does not matter much… Unless you stop pedalling…

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