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Katherine Choong répète la grande voie « Hattori Hanzo », 8b+ max

Le 17 juillet dernier, Katherine Choong venait une nouvelle fois à bout d’une grande voie extrême en signant la première féminine de « Hattori Hanzo » dans la face nord du Titlis (Engelberg, Suisse). Au total,  pas moins de 7 longueurs, dont la 5ème longueur clé en 8b+, qu’elle a enchaîné à la journée avec son partenaire Jim Zimmermann.

Quelques infos à propos de la voie

« Hattori Hanzo » n’est pas seulement une longue voie difficile de par sa difficulté, elle m’a aussi attirée pour le défi global qu’elle représente et la beauté du lieu. Après 6.4 Sekunden, la longue voie que j’ai gravi l’année dernière (qui est juste en face dans la même vallée), c’était la prochaine étape logique, une voie également équipée par Matthias Trottmann. Il lui a fallu 6 ans pour ouvrir cette voie dans l’impressionnante face nord du Titlis et un an de travail avant de la réussir en 2013. Le nom de la voie fait référence à un guerrier ninja et à sa longue lutte pour atteindre son objectif. Je peux imaginer que c’était un énorme travail pour ouvrir une telle voie et faire la première ascension, j’ai beaucoup de respect pour le travail de Matthias et sa performance !

Après une longue marche de 2h30, la voie commence par 4 longueurs en dalle qui, sur le papier, sont cotées « faciles ». Un seul spit dans la première longueur, pas beaucoup plus dans les suivantes, de très petites prises, l’approche est pourtant déjà assez dure mentalement avant d’arriver au début des longueurs clefs difficiles qui suivent dans un long dévers impressionnant. Sa longue marche d’approche, l’espacement entre les points et la difficulté des longueurs font que Hattori Hanzo n’a pas vu beaucoup de répétitions.

Le processus pour en venir à bout

L’idée était de trouver un projet près de chez moi plutôt que de partir à l’autre bout du monde. L’objectif était également de repousser mes limites en termes de difficulté mais aussi par le fait que l’escalade de longues voies est une facette de l’escalade que je ne maîtrise pas encore complètement et qui me met au défi d’une autre manière que les voies d’une longueur. Si pour mes projets en voie d’une longueur je suis toujours seule face à mon objectif, Hattori est un projet que nous partageons avec mon partenaire de cordée (et partenaire dans la vie) Jim Zimmermann. Pour gérer les manip’ de corde, la peur du vide et trouver les méthodes pour atteindre le sommet, nous avions besoin l’un de l’autre et d’une d’une confiance mutuelle complète.

Nous avons essayé pour la première fois cette voie l’année dernière en 2021. J’étais déjà super mal à l’aise dans la première partie en dalle où tu as parfois une dizaine de mètres entre les spits. Et ça ne s’est pas passait beaucoup mieux dans le surplomb… Quand tu es « à vue » dans du 8b+, que les spits sont espacés, parfois sur du rocher péteux, ça devient une bataille mentale de se forcer à surpasser sa peur. Nous avons essayé plusieurs fois, pris de grosses chutes mais nous n’avons pas réussi à atteindre le sommet de cette longueur et sommes finalement redescendus sans pouvoir essayer les deux dernières longueurs ! Mais c’est aussi pour cela que j’étais vraiment motivée d’y revenir et réessayer en 2022.

En 2022, nous sommes retournés fin juin pour la première fois dans la voie. Nous montions en général la veille pour passer la nuit au bivouac. Jim a finalement réussi à grimper au sommet du 8b+ mais épuisés mentalement, nous n’avons pas réussi le 8a+ et donc toujours pas atteint le sommet. Le week-end suivant, déjà plus à l’aise avec l’espacement des spits, j’ai finalement réussi à grimper jusqu’au sommet. Il a fallu un jour de plus pour trouver toutes les méthodes qui nous convenaient. Le lendemain, nous avons essayé d’enchaîner chaque longueur à la journée, mais trop fatigué de la veille, je suis tombée dans le 8b+ et j’ai compris que je ne réussirais pas cette fois. Nous sommes finalement revenus le 17 juillet pour tenter les deux d’enchaîner chaque longueur de la voie à la journée. Nous avions décidé que je grimperais toutes les longueurs en tête et pour les deux longueurs difficiles, je redescendrais pour que Jim puisse les grimper également en tête. Nous sommes partis vers 7h30 dans la voie et les premières longueurs se sont vraiment bien passées. Arrivés au début des longueurs clefs, la pression commence à monter… Je me lance en premier et réussi à enchaîner la 8b+ dans un grand combat d’endurance ! Je redescends pour assurer Jim en tête qui parvient également à l’enchaîner !

La longueur suivante passe également pour moi et j’atteins la chaîne dans un grand moment de bonheur ! Quel soulagement ! Je savais que Jim en été également capable et j’avais vraiment envie de partager avec lui cet enchaînement. Mais je commençais quand même à m’inquiéter pour Jim qui n’était pas du tout à l’aise les dernières fois dans cette longueur. Le silence était lourd, je sentais la pression qu’il avait sur ses épaules. Il commence à grimper et parvient jusqu’au sommet sans tomber ! Nous terminons la voie en grimpant la dernière longueur en 7a.

Quelle aventure incroyable encore une fois ! Merci encore à Matthias Trottmann pour avoir ouvert cette voie, pour ses conseils et son soutien !

Katherine Choong enchaîne « La Ramirole » 8b / 150m, à la journée !

Katherine Choong est venue à bout de « La Ramirole », une grande voie de cinq longueurs qu’elle a enchaînée à la journée.

8a+, 8a, 8b, 8a et 6c+. Voici les cinq longueurs qui composent « La Ramirole », une grande voie située dans le secteur du même nom, dans les Gorges du Verdon.

Après être tombée amoureuse de cet endroit il y a deux ans, la Suissesse Katherine Choong était de retour dans ce lieu mythique de l’escalade. Son objectif ? Enchaîner les 150 mètres de « La Ramirole » et ses cinq longueurs très déversantes.

La semaine dernière, Katherine réalisait un essai très prometteur : elle parvenait à enchaîner les deux premières longueurs, mais tombait à deux reprises dans la longueur crux en 8b, tout proche du relais. Quelques jours de repos plus tard, la Suissesse repartait pour un ultime essai depuis le bas. Cette fois, elle enchaînera toutes les longueurs sans chuter une seule fois, parvenant donc à réaliser les cinq longueurs à la journée.

Une ascension parfaite, sans chute ! Mais ce n’était pas du gâteau 😅 Chaque longueur était un long combat de résistance. Je rêvais de faire cette grande voie depuis que j’avais vu une photo de Nina Caprez il y a longtemps. Mais il m’a fallu du temps avant de me sentir prête à affronter cet impressionnant mur déversant.

Jim, mon partenaire, était également proche de l’enchaînement, tombant en haut du 8b! Partager cette aventure avec lui, partager avec lui la pression, la fatigue, les difficultés, la déception quand il est tombé mais également l’excitation, le soutien mutuel, les rires et les moments de joie après chaque longueur réussie ont fait de cette ascension une expérience incroyable ! »

Katherine Choong

Katherine Choong répète l’une des grandes voies les plus dures de Suisse !

La suissesse Katherine Choong vient de répéter l’une des grandes voies les plus difficiles de son pays : « 6.4 Sekunden », une ligne de 170 mètres, cotée 8b/+. Elle parvient à réaliser cette croix quelques jours seulement après enchaîné son gros projet dans le sud de la France « Hélix au pays des Merveilles » 8c+.

Décomposée en sept longueurs (6c, 8b/+, 8a+, 8a, 8a, 7c+ et 7b), cette grande voie ouverte et libérée par Matthias Trottmann en 2006 aura dû patienter treize ans avant que David Firnenburg signe la première répétition. Katherine Choong réalise donc la seconde répétition et devient la première femme à atteindre le relais de cette ligne.

Comme à son habitude, la jeune suissesse a tenu à nous livrer son commentaire sur la voie.

Après avoir réalisé des voies de haute difficulté ces dernières années, j’avais envie de découvrir et d’apprendre quelque chose de nouveau. Depuis environ 2 ans, j’ai commencé à faire plus de grandes voies. Le challenge est pour moi beaucoup plus complexe. J’ai dû apprendre à gérer l’effort et le mental sur toutes les longueurs des voies qui font souvent plusieurs centaines de mètres, les manip’ de cordes ainsi que la peur du vide bien sûr, qui use beaucoup d’énergie.

Mais ce qui est particulièrement intéressant dans cette forme d’escalade c’est l’esprit de cordée, le partage des émotions avec le partenaire que je trouve beaucoup plus fort qu’en falaise. La confiance en son partenaire doit être complète afin de parvenir ensemble au sommet de la voie. L’objectif était pour moi à nouveau de repousser mes limites au niveau de la difficulté mais également par rapport au fait que la grimpe en longue voie est une facette de l’escalade que je ne contrôle pas encore totalement et qui me challenge ainsi d’une autre manière.

Les restrictions liées au COVID-19 nous restreignant quant aux voyages et dans une volonté de découvrir et de profiter des falaises suisses, il me paraissait évident de chercher un projet proche de la maison.

Il m’aura fallu beaucoup de temps pour enchaîner cette voie, au total 16 jours et ce n’est qu’autour du 14ème jour que j’ai commencé à me sentir à l’aise et que j’ai enchaîné une des 7 longueurs… Autant dire que c’était un sacré chantier !

Le premier jour où nous nous sommes lancés avec mon copain Jim Zimmermann, les mouv de la 2ème longueur, la plus difficile, nous semblaient faisable. Mais on s’était réjoui un peu trop vite : dans la 3ème longueur (8a+) on se prend un but, impossible de passer le crux ! Rien à faire, on ne verra pas la suite de la voie, on a dû redescendre en rappel puis rejoindre la via ferrata pour atteindre la vallée. Hyper déçue et frustrée, j’abandonne le projet. Finalement, remotivée par Matthias Trottman l’ouvreur qui me dit que c’est certainement le mouv le plus difficile de la voie, nous retentons notre chance en descendant dans la voie directement à l’aide de corde statique et découvrons le reste de la voie. Les longueurs sont verticales, techniques, les mouvements me semblent trop longs et je n’arrive pas à aligner plus que quelques mouvements à la suite sans faire de repos. Sans compter les longs espaces entre les points dans un rocher par endroit péteux qui me paralysent de peur ! Puis au fil des jours, je parviens à chaque fois à débloquer une section ou deux, bien que certains mouvements me résistent encore et encore, notamment un jump dans un toit où je perds totalement les pieds et une section verticale où mon allonge me semble trop courte. Je trouve finalement une bonne méthode à cette section verticale qui me redonne espoir. Jusqu’au jour où je casse cette fameuse prise. Après avoir essayé plus de 20 minutes à trouver une autre solution sans succès pour ce passage, je suis à nouveau prête à abandonner ce projet. J’y retourne tout de même, soutenue par Jim, malgré les journées de pluie et de brouillard qui semble se coincer spécialement entre le Titlis et le Fürenwand et après une pause de quelques semaines, j’ai plutôt l’impression d’avoir régressé dans la voie. Le doute s’installe de nouveau. Tout le rocher est extrêmement humide et certains passages sont complètement mouillés, ce qui n’aide pas à travailler les sections qui me résistent encore. Et puis le soleil revient. Au bout du 14ème jour de travail, j’enchaîne finalement une des longueurs, la 7c+, et je trouve à nouveau une nouvelle méthode dans la 8a+ ! Tout semble à nouveau possible …

Jeudi 9 septembre, 5h30, je me lève pour partir direction Engelberg avec mon ami Andy Winterleitner. Rien ne prédisait un jour d’enchaînement. La pluie sur la marche d’approche nous détrempe complètement, et le rocher semble humide. Je me lance dans la 6c, continue directement dans la 8b/+ avec beaucoup de peine, me fixant pour objectif d’atteindre au moins le crux, un mouvement dynamique aléatoire après un long dévers bien fatiguant. Et là surprise, ça passe ! La machine d’enchaînement est lancée, le stress et la pression s’insinuent dans ma tête. Je clippe le relais de la 8b/+ ! Quelle joie ! Mais je sais qu’il me reste une 8a+, deux 8a, une 7c+ et une 7b à faire, sachant que je n’ai encore jamais réussi à enchaîner la plupart de ces longueurs. Mais vu le combat que j’ai fait dans la 8b/+, je ne serai peut-être pas capable de le refaire de si tôt. Je redescends toutefois au pied de la 8b/+ pour assurer mon ami Andy qui aimerait faire un essai en tête et remonte donc les 40 mètres ensuite au jumar pour tenter d’enchaîner le reste. Chaque longueur est un combat acharné, je sens que je perds de la force à chaque mouvement. Ma tête prend le relais sur mes bras qui me crient de lâcher. Je sais que si je veux avoir une chance, je dois tout enchaîner du premier coup. La pluie continue de tomber et la peur que les dernières longueurs deviennent trempées et ingrimpable m’obsède. Les longueurs se succèdent et s’enchaînent, le but se rapproche mètres par mètres péniblement. J’aimerais me reposer plus entre chaque voie mais le temps est également compté, le dernier téléphérique partant à 18h00 et l’envie de rentrer à pied sous la pluie ne me motive que moyennement.

Et finalement j’atteins le sommet, complètement épuisée mais remplie de bonheur d’avoir réussi à relever ce grand challenge. Cette voie, dont chaque longueur me paraissait impossible à réussir, qui m’a fait douter et que j’ai failli abandonner de nombreuses fois, restera dans ma mémoire à jamais comme l’une de mes meilleures performances qui m’a fait repousser mes barrières mentales et sortir de ma zone de confort à nouveau. »

Kathy Choong répète 6.4 Sekunden, 170 m, 8b/+ – Kathy Choong repeats 6.4 Sekunden, 170m, 8b/+

C’est fait ! Quelques jours après ses exploits dans le Sud de la France, la machine Suisse Kathy Choong frappe de nouveau un grand coup avec son projet estival en grande-voie, “6.4 Sekunden” (170 mètres, 8b/+ max.) situé à Engelberg en Suisse. Ouverte et libérée par Matthias Trottmann en 2006, “6.4 Sekunden propose 7 longueurs très soutenues. C’est la 3ème ascension de la voie ! Voici le récit complet de Kathy, qui revient sur la voie, le processus et l’enchainement.

“6.4 Sekunden”, est une des grandes voies parmi les plus difficiles de Suisse par rapport au niveau de difficulté. Elle se situe vers Engelberg sur le Fürenwand et se compose de 7 longueurs déversantes allant jusqu’à 8b/+, pour une longueur totale de 170 mètres (6c, 8b/8b+, 8a+, 8a, 8a, 7c+, 7b). Le Fürenwand fait environ 700 mètres mais la voie 6.4 Sekunden se situe sur les 170 derniers mètres de cette face. On y accède par un téléphérique qui nous mène au sommet avant de redescendre en rappel jusqu’au début de la voie. Le type d’escalade est plutôt varié en passant de réglettes à des plats, du dévers mais surtout des longueurs verticales et en dalle qui m’ont donné beaucoup de fil à retordre. Au début, les longs run-outs (longs espacements entre les spits) sur du rocher parfois péteux étaient également très difficile à gérer mentalement. La voie, équipée et enchaînée par Matthias Trottmann, n’a été répétée qu’une fois par David Firnenburg en 2019. Il s’agit ainsi de la 3ème ascension et de la première féminine.

En raison de la situation liée au COVID-19, toutes les coupes du monde de l’été 2020 ont été annulées. Je me suis donc retrouvée complètement libre de me concentrer uniquement sur la falaise, pour la première fois depuis 15 ans que je suis en équipe suisse. Après avoir réalisé des voies de haute difficulté ces dernières années, j’avais envie de découvrir et d’apprendre quelque chose de nouveau. Depuis environ 2 ans, j’ai commencé à faire plus de longues voies. Le challenge est pour moi beaucoup plus complexe. J’ai dû apprendre à gérer l’effort et le mental sur toute les longueurs des voies qui font souvent plusieurs centaines de mètres, les manip’ de cordes ainsi que la peur du vide bien sûr qui use beaucoup d’énergie.

Mais ce qui est particulièrement intéressant dans cette forme d’escalade c’est l’esprit de cordée, le partage des émotions avec le partenaire que je trouve beaucoup plus fort qu’en falaise. La confiance en son partenaire doit être complète afin de parvenir ensemble au sommet de la voie. L’objectif était pour moi à nouveau de repousser mes limites au niveau de la difficulté mais également par rapport au fait que la grimpe en longue voie est une facette de l’escalade que je ne contrôle pas encore totalement et qui me challenge ainsi d’une autre manière.

Les restrictions liées au Corona nous restreignant quant aux voyages, et dans une volonté de découvrir et de profiter des falaises suisses, il me paraissait évident de chercher un projet proche de la maison.

Il m’aura fallu beaucoup de temps pour enchaîner cette voie, au total 16 jours et ce n’est qu’autour du 14ème jour que j’ai commencé à me sentir à l’aise et que j’ai enchaîné une des 7 longueurs… Autant dire que c’était un sacré chantier. Le premier jour où nous nous sommes lancées avec mon copain Jim Zimmermann, les mouvements de la 2ème longueur, la plus difficile, nous semblaient faisables. Mais on s’était réjoui un peu trop vite : dans la 3ème longueur (8a+) on se prend un but, impossible de passer le crux ! Rien à faire, on ne verra pas la suite de la voie, on a dû redescendre en rappel puis rejoindre la via ferrata pour atteindre la vallée. Hyper déçue et frustrée, j’abandonne le projet. Finalement, remotivée par Matthias Trottman l’ouvreur qui me dit que c’est certainement le mouv’ le plus difficile de la voie, nous retentons notre chance en descendant dans la voie directement à l’aide de corde statique et découvrons le reste du puzzle. Les longueurs sont verticales, techniques, les mouvements me semblent trop longs et je n’arrive pas à aligner plus que quelques mouvements à la suite sans faire de repos. Sans compter les longs run-outs dans un rocher par endroit péteux qui me paralysent de peur ! Puis au fil des jours, je parviens à chaque fois à débloquer une section ou deux, bien que certains mouvements me résistent encore et encore, notamment un jump dans un toit où je perds totalement les pieds et une section verticale où mon allonge me semble trop courte. Je trouve finalement une bonne méthode à cette section verticale qui me redonne espoir. Jusqu’au jour où je casse cette fameuse prise. Après avoir essayé plus de 20 minutes à trouver une autre solution sans succès pour ce passage, je suis à nouveau prête à abandonner ce projet. J’y retourne tout de même, soutenue par Jim, malgré les journées de pluie et de brouillard qui semble se coincer spécialement entre le Titlis et le Fürenwand, et après une pause de quelques semaines, j’ai plutôt l’impression d’avoir régressé dans la voie. Le doute s’installe de nouveau. Tout le rocher est extrêmement humide et certains passages sont complètement mouillés, ce qui n’aide pas à travailler les sections qui me résistent encore. Et puis le soleil revient. Au bout du 14ème jour de travail, j’enchaîne finalement une des longueurs, la 7c+, et je trouve à nouveau une nouvelle méthode dans la 8a+ ! Tout semble à nouveau possible…

Jeudi 09 septembre, 5h30, je me lève pour partir direction Engelberg avec mon ami Andy Winterleitner. Rien ne prédisait un jour d’enchaînement. La pluie sur la marche d’approche nous détrempe complètement, et le rocher semble humide. Je me lance dans la 6c, continue directement dans la 8b/+ avec beaucoup de peine, me fixant pour objectif d’atteindre au moins le crux, un mouvement dynamique aléatoire après un long dévers bien fatiguant. Et là surprise, ça passe ! La machine d’enchaînement est lancée, le stress et la pression s’insinuent dans ma tête. Je clippe le relais de la 8b/+ ! Quelle joie ! Mais je sais qu’il me reste une 8a+, deux 8a, une 7c+ et une 7b à faire, sachant que je n’ai encore jamais réussi à enchaîner la plupart de ces longueurs. Mais vu le combat que j’ai fait dans la 8b/+, je ne serai peut-être pas capable de le refaire de si tôt. Je redescends toutefois au pied de la 8b/+ pour assurer mon ami Andy qui aimerait faire un essai en tête et remonte donc les 40 mètres ensuite au Jumar pour tenter d’enchaîner le reste. Chaque longueur est un combat acharné, je sens que je perds de la force à chaque mouvement. Ma tête prend le relais sur mes bras qui me crient de lâcher. Je sais que si je veux avoir une chance, je dois tout enchaîner du premier coup. La pluie continue de tomber et la peur que les dernières longueurs deviennent trempées et ingrimpables m’obsède. Les longueurs se succèdent et s’enchaînent, le but se rapproche mètre par mètre péniblement. J’aimerais me reposer plus entre chaque voie mais le temps est également compté, le dernier téléphérique partant à 18h00 et l’envie de rentrer à pied sous la pluie ne me motivent que moyennement.

Et finalement j’atteins le sommet, complètement épuisée mais remplie de bonheur d’avoir réussi à relever ce grand challenge. Cette voie dont chaque longueur me paraissait impossible à réussir, qui m’a fait douter et que j’ai failli abandonner de nombreuses fois, restera dans ma mémoire à jamais comme l’une de mes meilleurs performances, qui m’a fait repousser mes barrières mentales et sortir à nouveau de ma zone de confort.”

Photo : Hugo Vincent

Kathy Choong, 6.4 Sekunden
Photo : Hugo Vincent

It’s done and dusted! A few days after sending in the South of France, the Swiss machine Kathy Choong strikes again, completing her summer multi-pitch project “6.4 Sekunden” (170 meters, 8b/+) located in Engelberg, Switzerland. Opened and freed by Mathias Trottmann in 2006, “6.4 Sekunden” offers 7 sustained pitches. It’s the 3rd free ascent of the route. Here is Kathy’s complete story.

“6.4 Sekunden is one of the hardest multipitch routes of Switzerland. The route is located in Fürenwand, Engelberg with 7 overhanging pitches until 8b/+, 170 meters long (6c, 8b/8b+, 8a+, 8a, 8a, 7c+, 7b). The Fürenwand is about 700 meters long, but the 6.4 Sekunden route is located on the last 170 meters of this face. It is accessed by a cable car that takes us to the top before abseiling down to the start of the route. The type of climbing is quite varied, going from crimps to flat, overhanging but above all vertical pitches and slabs which gave me a lot of troubles. The long run-outs (long spaces between the bolts) on sometimes loose rock was also very difficult to manage at the beginning mentally. The route, bolted and freed by Matthias Trottmann, was only repeated once by David Firnenburg in 2019. This is the third ascent and the first female.

Due to the COVID-19 situation, all of the Summer 2020 World Cups have been canceled. So I found myself completely free to focus only on the cliff for the first time in 15 years, since I have been with the Swiss team. After doing some high difficulty routes over the past few years, I wanted to discover and learn something new. About 2 years ago I started doing more long routes. The challenge for me is much more complex. I had to learn to manage the effort and the mind on all the pitches of the routes which are often several hundred meters long, the ropes management as well as the fear of heights of course which costs a lot of energy.

But what is particularly interesting in this form of climbing is the rope spirit, the sharing of emotions with the partner which I find much stronger than on a crag. Confidence in one’s partner must be complete in order to reach the top of the route together. The goal was for me once again to push my limits in terms of difficulty but also in relation to the fact that climbing on long routes is a facet of climbing that I do not yet fully control and which thus challenges me to another way.

Covid restrictions letting us not free in terms of travel and in a desire to discover and enjoy the Swiss crags, it seemed obvious to me to look for a project close to home.

It took me a long time to do this route, a total of 16 days and it was only around the 14th day that I started to feel comfortable and that I did one of the 7 pitches.… Suffice to say that it was a hell of a job! The first day we started with my boyfriend Jim Zimmermann, the movements of the 2nd length, the most difficult, seemed to be doable. But we were psyched a little too quickly: in the 3rd pitch (8a+) we hit a crux move, impossible to do! Nothing to do, we will not see the rest of the route, we had to abseil down then join the via ferrata to reach the valley. Hyper disappointed and frustrated, I abandoned the project. Finally, re-motivated by Matthias Trottman the bolter who tells me that it is certainly the most difficult movement of the route, we took our luck again by abseiling the route from the top directly using static rope and discovering the rest of the puzzle. . The lengths are vertical, technical, the moves seem too long for me, and I can’t seem to link more than a few moves in a row without resting. Not to mention the long run-outs in loose sections place that scared me! Then over the days, each time I managed to unlock a section or two, although certain movements resist me again and again, in particular a jump in a roof where I completely lose my feet and a vertical section where my ape seems too much to me. short. I finally find a good beta in this vertical section which gives me hope. Until the day I break that famous hold… After trying for more than 20 minutes to find another solution without success for this section, I was again ready to quit this project. I go back anyway, supported by Jim, despite the days of rain and fog that seems to get stuck especially between the Titlis and the Fürenwand and after a break of a few weeks, I rather have the impression of feeling regression in the route. Doubt sets in again. The whole rock was extremely wet and some sections were completely wet, which didn’t help working the sections that still resist me. And then the sun came back. After the 14th day of work, I finally did one of the pitches, the 7c+, and I again find a new beta in the 8a+! Everything seemed possible again …

Thursday 09 September, 5:30 am, I get up to leave for Engelberg with my friend Andy Winterleitner. Nothing predicted a send day. The rain on the approach walk completely soaks us, and the rock looks wet. I start in the 6c, continue directly in the 8b /+ with a lot of difficulty, setting myself the goal of reaching at least the crux, a random dynamic movement after a long and very tiring overhang. And there surprise, it works! The machine is launched, stress and pressure creep into my head. I clip the anchor of the 8b/+! What joy ! But I know I have an 8a+, two 8a, a 7c+ and a 7b to go, knowing that I have never managed to do most of these pitches yet. But according the fight I did in 8b/+, I might not be able to do it again anytime soon. However, I go back down at the foot of the 8b/+ to belay my friend Andy who would like to do a lead attempt and therefore go up the 40 meters then with the jumar to try the rest of the route. Each pitch is a hard fight, I feel that I am losing strength on each movement. My head takes over on my arms, which cry out to me to let go. I know if I want to have a chance, I have to do it all the first time. The rain continues to fall and the fear that the last pitches will become soaked and unclimbable haunts me. The pitch follow one another and are linked, the send painfully approaching by meters. I would like to rest more between each pitch but time is also running out, the last cable car leaving at 6:00 pm and the desire to walk back in the rain motivates me only moderately.

And I finally reach the top, completely exhausted but filled with the happiness of having succeeded in freeing this great challenge. This route, which each pitch seemed impossible to me to succeed, which made me doubt and which I almost gave up many times, will remain in my memory forever as one of my best performances which made me push back my mental limits and get out of my comfort zone again.”

Photo : Hugo Vincent

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Katherine Choong enchaîne « Hélix au pays des Merveilles » 8c+ au Pic Saint Loup !

La suissesse Katherine Choong vient d’enchaîner son gros projet du moment « Hélix au pays des Merveilles » 8c+ au Pic Saint Loup. Il s’agit de la deuxième ascension féminine de cette longue voie, après que Nina Caprez ait clippé le relais de cette voie en 2014.

  • Voici son commentaire :

N’ayant pas vu un rayon de soleil depuis ce printemps en Suisse et un peu marre de me les geler en Suisse en plein mois de juillet, l’idée de profiter des belles falaises du sud de la France m’a tout de suite motivée. Après les deux premières coupes du monde de diff’ qui ne se sont pas bien passées, j’ai appris ma non-sélection pour la suite de la saison. Un mal pour un  bien, le lendemain j’étais sur la route direction Le Pic St-Loup pour rejoindre quelques amis. Cédric Lachat m’avait recommandé ce site qui n’est pas très fréquenté mais qui présente des voies majeures, exigeantes physiquement dans une baume impressionnante parsemée de colonnettes !

Hélix se trouve au cœur de cette grotte gargantuesque. Une voie longue très déversante, avec un mouv difficile dans le bas, suivi d’une partie résistante avec un deuxième crux au 3/4 de la voie avant de finir sur d’incroyables colonnettes (où tu peux encore bien te la coller 😉 ).

J’ai tout de suite beaucoup aimé la voie, bien qu’au début je n’avais pas du tout le volume nécessaire pour aligner les mouv dans cette voie qui semble ne jamais finir. J’ai mis pas mal de temps à comprendre le premier crux. Heureusement j’avais Nina Caprez sous la main pour m’aider à caler la méthode et Pierre Délas pour me servir toutes les méthodes aux petits oignons 😉 La section difficile du haut m’a également posé problème dans l’enchainement, n’arrivant pas à utiliser la méthode normale avec ma taille de naine aux bras de T-Rex.

Après être tombée au dernier mouvement difficile le dernier jour de mon premier séjour, j’ai donc du revenir en août quelques jours pour terminer la voie. Des températures toujours aux alentours des 30 degrés, j’ai bien sûr attendu le dernier jour de mon second séjour pour finalement passer ce deuxième crux, me battre à chaque mouvement et finalement réussir la voie grâce à un petit vent salvateur. Comme à chaque fois, la pression de la dernière chance m’a permis de tout donner !

À propos de la cotation, j’ai entendu que certains grimpeurs la décoteraient. Je dirais que c’est une voie de mon style (endurance) et pourtant j’ai quand même mis pas mal d’essais. Peut-être que mon jugement est un peu faussé par la chaleur qu’il faisait ou parce que je ne suis juste pas si forte 😉 Vraiment difficile à dire mais je dirais que la cotation me semble assez juste. A noter que je n’ai pas utilisé de genouillère, n’étant pas indispensable avec mes méthodes. Bref, comme d’habitude une discussion qui n’est pas si importante pour moi au vu de la beauté de la ligne, du plaisir d’avoir fait un grand combat physique et mental et des super moments passés à la falaise avec une belle équipe ! Merci à eux pour les encouragements et les bons moments, ça aide tellement dans un projet difficile d’avoir la chance d’être entourée d’une belle équipe. »

La suissesse Katherine Choong enchaîne « La Ligne Claire » 8c+

La suissesse Katherine Choong, adepte des performances sur le rocher, vient de clipper le relais de son projet du moment: « La Ligne Claire » 8c+ à St-Léger.

Après une contre-performance sur les Championnats d’Europe cet automne, Katherine Choong avait besoin de se ressourcer en falaise. Elle tombe alors sur la vidéo de Nolwenn Berthier, enchaînant « La Ligne Claire » 8c+ à St-Léger, et se met en tête de venir en France pour travailler cette ligne.

La forme et le moral étaient au plus bas, je me sentais complètement épuisée physiquement et mentalement. Sans aucune attente, je me suis donc lancée dans ce projet, pensant que je n’avais aucune chance et que les voies difficiles ce n’était pas avant un bon moment. Mais au fil des jours, la forme et surtout la motivation sont gentiment revenues, avec des progrès dans la voie.

La voie débute avec un passage bien coriace au début (aucune idée de la cotation comme je ne fais jamais de bloc dehors), dans lequel j’ai saucissonné pendant un bon bout de temps avant de trouver mes méthodes, avec en cadeau un sale clippage un peu flippant au 3ème point. S’en suit un repos, suivi d’une traversée très physique où j’y perdais pas mal de plumes… Mon rythme d’escargot n’étant pas optimal dans ce genre de section. Un repos permet ensuite de reprendre un peu ses esprits et de stresser pour le dernier crux aux 3/4 de la voie sur petites prises, avant un dernier combat de résistance où tu peux te la coller le nez devant le relais.

Mais au fil des jours, la forme et la motivation reviennent. Katherine Choong prend de plus en plus de plaisir à travailler cette voie, qui devient une obsession pour elle. À trois reprises, elle tombe avec le relais sous les yeux. Après plus de 28 jours de travail, l’enchaînement était tout proche.

J’ai fait beaucoup (trop) d’essais vu ma forme du début et la météo pas toujours clémente ou les journées de février trop chaudes (on aime bien se chercher des excuses comme d’habitude 😉).

Mais j’ai tellement aimé être ici à St-Leger, sentir les sensations qui reviennent, reprendre confiance en mes capacités et retrouver le « fight mode », que j’ai pris du plaisir du début à la fin. Même quand je me la suis collée tout en haut à trois reprises 😉 Et spécialement grâce aux personnes géniales avec qui j’ai partagé de bons moments là-bas.

Finalement, ce week-end, la suissesse parvenait à mettre le run parfait, celui qui le conduira à clipper le relais de « La Ligne Claire », signant ainsi la quatrième ascension féminine de ce 8c+ après Florence Pinet, Nolwenn Berthier et Julia Chanourdie.

Maintenant, je suis très motivée pour essayer d’autres voies difficiles, peut-être à St-Léger ou Mollans et aussi m’atteler à quelques grandes voies dures dans les Gorges du Verdon et chez moi en Suisse 🙂 je suis encore débutante en grande voie mais hyper motivée de trouver de nouveaux challenges dans ce domaine. »

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